LA CHOUANNERIE NORMANDE AU TEMPS DE L'EMPIRE

 

APPENDICE.

 

 

I

A la suite de la première édition de cette étude, M. le Comte Paul Leschevin de Prévoisin, petit-fils de madame Acquet, a bien voulu nous communiquer l'acte dont le texte suit. Ce document établit que, si mademoiselle de Combray et son futur n'étaient point unis régulièrement au point de vue des lois révolutionnaires, fidèles aux traditions de leur famille et aux obligations religieuses, ils avaient secrètement contracté mariage, le 3 janvier 1796, suivant l'ancienne coutume, en vertu des dispenses régulières accordées par le chef du diocèse. Cet acte est trop précieux pour que nous nous abstenions de le publier dans son intégrité :

 

Ce jourd'hui troisième de Janvier mil sept cent quatre-vingt-seize, en vertu des dispenses accordées dans les circonstances par Monseigneur le cardinal de la Rochefoucaud, archevêque de Rouen, pour la publication des bans du futur mariage entre Messire Louis Acquet, dit le chevalier de Férolle, capitaine au régiment de Brie, infanterie, fils majeur de messire Jacques-René Acquet d'Hauteporte, seigneur de Férolle, Maché et autres lieux, paroisse de Saint-Cyr-la-Lande, diocèse de Poitiers, et de feu dame Jeanne-Paule Cordier, son épouse, et mademoiselle Louise-Magdelaine-Charlotte-Geneviève Hélie, fille mineure de feu Messire Jean-Louis-Armand-Emmanuel Hélie, seigneur de Donay, Combray, Bonnœil, les Essarts et autres lieux, et de dame Geneviève Gouin, Veuve Hélie dame de Champevoye, de Baspilière, Aubevoie, Tournebu et autres lieux, domiciliée en cette ville de Rouen, paroisse Saint-Godart, boulevard Beauvoisine, n° 4. Je soussigné, prêtre de l'église catholique, apostolique et romaine, revêtu de tous les pouvoirs accordés pour les circonstances, ai reçu à Rouen, après les fiançailles célébrées ce jourd'hui troisième de janvier, immédiatement avant le mariage en une chapelle de cette ville, leur mutuel consentement et leur ai donné la bénédiction nuptiale avec les cérémonies prescrites par la sainte Eglise, en présence de messire Jacques Alexandre Le Forestier, comte de Vendœuvre et autres lieux, messire Paul-Etienne Dubosc de Vitemont, chevalier de l'ordre de Saint-Louis, ancien capitaine de carabiniers, messire Pierre-Gabriel-Samuel-Louis-Signart, Jean-Gervais Gondé, négociant de cette ville, lesquels ont signé avec l'époux et l'épouse l'an et jour que dessus.

CHARLOTTE HÉLIE. LOUIS AQUET, Cher de Férolle. LE FORESTIER. HELYE DE COMBRAY. P. SIGNARD. HÉLIE D'HOUËL. GONDÉ. DUBOSC DE VITEMONT. LE MERCIER, prêtre.

 

II

Le 10 du mois dernier, Sa Majesté a signé des lettres d'abolition en faveur de Madame de Brunelle, veuve Hélie de Combray.

Condamnée, à l'âge de 68 ans, à vingt-deux ans de réclusion, par jugement de la Cour spéciale de Rouen, rendu le 30 décembre 1808, cette dame respectable par son âge, sa naissance et ses vertus, fut enveloppée dans une procédure dont les faits lui étaient étrangers, et ne fut condamnée que pour son dévouement connu à la maison de Bourbon.

Jetée dans un cachot, torturée par les agents de la police, tenue au secret le plus rigoureux pendant une détention de dix-sept mois qui précéda sa condamnation, elle en subissait les rigueurs pendant près de sept ans, et descendait douloureusement vers la tombe, seul refuge que son grand âge ouvrait à ses malheurs.

La justice du Roi, en les terminant par le triomphe de son innocence, ajoute un trait de plus au tableau des bienfaits qui signalent un règne dont chaque jour répare parmi nous une injustice, fait naître une espérance et récompense une vertu.

Madame la Marquise de Combray a eu l'honneur d'être présentée au Roi, le 5 de ce mois, avec plusieurs Dames qui s'étaient, comme elle, rendues otages de Louis XVI.

 

Journal des Débats, 21 septembre 1814.