LA CHOUANNERIE NORMANDE AU TEMPS DE L'EMPIRE

PREMIÈRE PARTIE

 

CHAPITRE PREMIER. — JEAN-PIERRE QUERELLE.

 

 

Dans la nuit du 25 janvier 1801, le Premier Consul s'étant levé pour travailler jusqu'au petit jour[1], ainsi qu'il le faisait fréquemment, parcourut les derniers rapports de police déposés sur son bureau.

Il n'y était question que de sa mort : on l'annonçait déjà, comme chose certaine, à Londres, en Allemagne, en Hollande ; assassiner Bonaparte était une sorte de sport auquel on s'exerçait de tous côtés en Europe et dont les Anglais surtout se montraient fervents ; c'est de chez eux que partaient, largement munis d'argent et bien équipés, les amateurs désireux de gagner l'enjeu, anciens chouans impénitents pour la plupart, royalistes fanatiques considérant comme un acte pieux le crime qui devait débarrasser la France de l'usurpateur.

Ce qui, dans ces rapports de police, peu dignes-de foi à l'ordinaire, était de nature à camer quelque souci, c'est que tous s'accordaient sur un point : Georges Cadoudal avait disparu. Depuis que cet homme, formidable de courage et de ténacité, avait déclaré au Premier Consul une guerre sans merci, les agents de la police ne l'avaient jamais perdu de vue ; on savait qu'il séjournait en Angleterre et on l'y faisait espionner ; mais, s'il était vrai qu'il eût échappé à celte surveillance, le danger était imminent et le tremblement de terre[2] prédit était proche.

Bonaparte, plus irrité qu'inquiet de ces racontars menaçants, voulut en avoir le cœur net. Il redoutait Fouché dont il suspectait, non sans raisons, le dévouement et qui, d'ailleurs, à cette époque, n'avait pas — officiellement du moins — la direction de la police, et il avait attaché à ses flancs un espion dangereux, le belge iléal. C'était à celui-ci que, pour certaines besognes, Bonaparte préférait s'adresser. Réal était le policier type : ami de Danton, il avait organisé jadis les grandes manifestations populaires destinées à intimider la Convention ; il avait pénétré les terribles dessous du Tribunal révolutionnaire et du Comité de Sûreté générale ; il connaissait et savait utiliser les débris des anciens comités de sections : septembriseurs sans occupations, laquais, parfumeurs, dentistes, maîtres de danse sans clientèle, tous les rebuts de la révolution, toutes les filles du Palais-Royal, telle était l'armée qu'il commandait, ayant pour lieutenants Desmarets, curé défroqué, et Veyrat, ancien forçat genevois, marqué et fouetté par le bourreau[3]. Réal et ces deux subalternes seront les protagonistes occultes du drame que nous allons raconter.

Cette nuit-là, Bonaparte manda Réal en toute hâte. Procédant, comme à l'ordinaire, par brèves questions, il s'informa du nombre de royalistes renfermés à la tour du Temple ou à Bicêtre, de leurs noms, des soupçons qui avaient motivé leur arrestation. Vite satisfait sur tous ces points, il ordonna que, avant le jour, on choisît quatre des détenus parmi ceux qui paraîtraient les plus compromis et qu'on les livrât à une commission militaire : s'ils ne faisaient des révélations, ils seraient fusillés dans les vingt-quatre heures.

Desmarets, réveillé à cinq heures du matin, fut chargé de dresser la liste, et les deux premiers noms désignés à son attention furent ceux de Picot et de Lebourgeois. Picot était un ancien officier de Frotté et .avait commandé en chef, pendant les guerres de la Chouannerie, la division du pays d'Auge ; il y avait mérité le surnom d'Egorge-Bleus ; il était chevalier de Saint-Louis. Lebourgeois, cafetier à Rouen, accusé, vers 1800, d'avoir pris part à l'attaque d'une diligence et renvoyé absous, avait, comme Picot son ami, émigré en Angleterre ; tous deux, dénoncés par un agent provocateur comme ayant laissé entendre qu'ils venaient attenter à la vie du Premier Consul, et arrêtés à Pont-Audemer au moment où ils rentraient en France, étaient au Temple depuis près d'un an.

A ces deux victimes Desmarets joignit un autre chouan. Piogé, dit Sans-Pitié ou Tape-à-Mort[4], et Desol de Grisolles, ancien compagnon de Georges, royaliste très dangereux[5]. Enfin, pour montrer du zèle, il ajouta à sa liste un cinquième nom, celui de Querelle, ex-chirurgien de marine, arrêté depuis quatre mois[6] sous un vague soupçon d'espionnage, mais que le dossier signalait comme un homme pusillanime dont on pouvait attendre quelque chose[7].

— Celui-ci, dit Bonaparte en lisant le nom de Querelle et la note qui l'accompagnait, est plutôt un intrigant qu'un fanatique ; il parlera[8].

Le jour même, les cinq prévenus d'embauchage et de correspondance avec les ennemis de la République étaient traduits devant une commission militaire que présidait le général Duplessis[9] : Desol et Piogé, acquittés, furent remis à la disposition du gouvernement et réincarcérés aussitôt. Picot, Lebourgeois et Querelle, condamnés à mort, étaient transférés à l'Abbaye en attendant l'exécution qui devait avoir lieu le lendemain.

— Pas de sursis, entendez-vous, je n'en veux pas, avait dit Bonaparte[10].

Mais il fallait néanmoins laisser au courage des condamnés le temps de s'amollir et aux policiers celui de cuisiner les malheureux.

Il n'y avait évidemment aucune révélation à attendre de Picot ni de Lebourgeois : ils ignoraient tout de la conspiration et étaient résignés à leur sort ; mais on pouvait tirer parti de leur mort pour frapper l'esprit de Querelle qui paraissait beaucoup moins ferme et l'on n'y manqua pas.

On eut soin de le faire assister aux apprêts du supplice : il vit arriver devant la prison le peloton qui allait fusiller ses compagnons, il fut témoin de leur départ et, tout aussitôt, on lui annonça que c'était son tour. Puis, pour lui distiller son agonie, on le laissa seul dans cette chambre basse de l'Abbaye où, jadis, avait siégé le tribunal de Maillard ; ce lieu tragique était éclairé par une petite fenêtre donnant sur la place et garnie de fortes grilles. De là le condamné voyait, dans l'étroit carrefour, se ranger les soldats qui devaient le conduire à la plaine de Grenelle et percevait les gouailleries des curieux massés dans l'attente de sa sortie ; même un des gendarmes, ayant mis pied à terre, avait attaché la bride de son cheval à l'un des barreaux de la fenêtre[11] et l'on entendait, dans l'intérieur de la prison, le bruit des pas hâtifs, des portes ouvertes et lourdement retombées, indiquant les derniers préparatifs...

Querelle resta longtemps silencieux, tapi dans un angle et, tout à coup, comme si la peur l'eût rendu subitement fou, il se mit à appeler désespérément, criant qu'il ne voulait pas mourir, qu'il dirait tout ce qu'il savait, suppliant les geôliers de courir chez le Premier Consul afin d'obtenir pour lui grâce de la vie ; en même temps, il réclamait avec de grands sanglots le général Murat, gouverneur de Paris, jurant qu'il lui ferait des aveux complets s'il voulait seulement donner l'ordre aux soldats du peloton d'exécution de rentrer à leur quartier[12].

Bien que Mural, prévenu aussitôt, ne vît, clans cet incident, qu'un prétexte imaginé par un condamné pour gagner quelques minutes d'existence, il crut devoir en référer au Consul qui fit aussitôt prévenir Réal. Ces allées et venues avaient pris du temps : le malheureux Querelle, voyant toujours sous sa fenêtre les hommes prêts à l'emmener et la foule impatiente qui le réclamait avec de grandes clameurs, était au paroxysme du désespoir. Quand Réal ouvrit la porte du cachot, il aperçut, accroupi sur les dalles et râlant de peur, un petit homme au visage grêlé, aux cheveux noirs, au nez mince et pointu, aux yeux gris qu'un tic nerveux contractait continuellement[13].

— Vous avez, dit Réal, annoncé l'intention de faire des révélations. Je viens pour vous entendre[14].

Mais le moribond pouvait à peine articuler une parole : Réal dut le rassurer, ordonna de le porter dans une autre chambre et lui fit espérer sa grâce, si ses révélations étaient importantes[15].

Encore tout tremblant, à mots entrecoupés, le condamné, faisant effort, raconta qu'il était à Paris depuis plus de six mois, venu de Londres avec Georges Cadoudal et six de ses plus fidèles officiers ; ils y avaient été rejoints par un grand nombre d'autres, arrivés de Bretagne ou débarqués d'Angleterre ; ils étaient en ce moment plus de cent cachés dans Paris, attendant l'occasion d'enlever Bonaparte ou de l'assassiner. A mesure que sa frayeur se calmait il ajoutait des détails : un bâtiment de la marine anglaise les avait débarqués sur les côtes de France, au pied de la falaise de Biville, près de Dieppe ; là, un homme d'Eu ou du Tréport était venu les prendre et les avait conduits à quelque distance de la côte, dans une ferme dont lui, Querelle, ne savait pas le nom. Ils en étaient repartis à la nuit et avaient ainsi poursuivi leur route de ferme en ferme jusqu'à Paris, où ils ne se voyaient que lorsque Georges les faisait appeler ; ils recevaient leur solde d'une manière convenue et, quant à lui, c'était sous une pierre des Champs-Elysées où on la déposait chaque semaine et où il allait la chercher[16] ; un monsieur[17] était venu au-devant d'eux jusqu'à la dernière étape, près du village de Saint-Leu-Taverny, pour préparer leur entrée à Paris et les aider à passer la barrière.

De ces révélations faites sans ordre, dans la fièvre, un point primait tous les autres : Georges était à Paris ! Réal, dont nous suivons textuellement le récit, laissa Querelle et se fit conduire aux Tuileries ; le Premier Consul était aux mains de Constant, son valet de chambre, quand on annonça le policier. Voyant sa pâleur, Bonaparte pensa qu'il venait d'assister à l'exécution des trois condamnés.

— C'est fini, n'est-ce pas ? dit-il.

— Non pas, général, répondit Réal.

Et, comme il hésitait, le Consul reprit :

— Vous pouvez parler devant Constant.

— Eh bien... Georges et sa bande sont à Paris.

En entendant le nom du seul homme qu'il redoutait, Bonaparte, se tournant à demi, fit rapidement un signe de croix et, tirant Réal par la manche, il l'entraîna dans le salon voisin[18].

Ainsi cette police du Premier Consul, si nombreuse, si soupçonneuse et si active, cette police qui avait l'œil partout, à ce qu'assurait le Moniteur, se trouvait depuis six mois en défaut : cent rapports s'amoncelaient chaque jour sur la table de Réal et pas un n'avait signalé les allées et venues de Georges qui se promenait avec ses chouans de Dieppe à Paris, entretenait une petite armée et combinait ses opérations avec autant de liberté que s'il eût été à Londres. Ces révélations étaient si alarmantes qu'on préférait n'y point ajouter foi. Querelle devait avoir menti et inventé de toutes pièces cette fable absurde comme un suprême moyen de prolonger sa rie. Encore fallait-il, pour calmer toute inquiétude, le convaincre d'imposture : s'il était vrai qu'il eût accompagné les brigands depuis la mer jusqu'à Paris, il pourrait, en recommençant le voyage, indiquer leurs différentes étapes ; c'est à ce prix qu'on lui laisserait la vie.

Depuis le 27 janvier, date de ses premières déclarations, Querelle subissait chaque nuit la visite de Réal ou de Desmarets qui l'interrogeaient longuement. La secousse morale avait été telle que le malheureux, tout en maintenant ses aveux, tombait dans des accès de démence, se déchirait la poitrine, s'agenouillait en évoquant, pour implorer leur pardon, ceux dont la crainte de la mort lui arrachait les noms[19]. Quand il apprit ce qu'on attendait de lui, il parut atterré ; non point que sa lâcheté hésitât devant le nombre énorme de victimes qu'il allait désigner ; mais il s'effarait, au contraire, à l'idée de ne point guider sûrement les policiers sur une route qu'il n'avait parcourue que de nuit et qu'il craignait de ne pouvoir reconnaître.

L'expédition commença le 3 février. Réal avait pris la précaution de mobiliser un fort détachement de gendarmerie pour escorter le prisonnier dont Georges et ses hommes pouvaient tenter la délivrance ; il en avait remis le commandement au lieutenant Manginot, officier intelligent et zélé, qu'assistait le citoyen Pasque, — un colosse, inspecteur général près le grand juge, agent plein d'astuce et renommé pour la sûreté de son coup de main[20]. On sortit de Paris à l'aube par la barrière Saint-Denis et l'on prit la route de l'Isle-Adam.

La première journée d'exploration ne donna aucun résultat. Querelle croyait bien se souvenir qu'une maison du village de Taverny avait servi de retraite aux chouans la veille de leur entrée dans Paris ; mais il n'avait prêté alors nulle attention à la disposition des localités et, malgré ses efforts de mémoire, il ne put fournir aucun indice.

Le lendemain on parcourut, sans plus de succès, la route de Pontoise depuis Pierrelaye jusqu'à Franconville ; on revint vers Taverny par Ermont, le Plessis-Bouchard et le château de Boissy. Querelle, qui savait sa vie en jeu, montrait une ardeur fiévreuse que ne partageaient ni Pasque, ni Manginot, bien persuadés maintenant que le condamné n'avait voulu que gagner du temps ou se ménager quelque chance d'évasion. Ils étaient d'avis d'abandonner ces recherches illusoires et de rentrer à Paris ; mais Querelle implora avec tant d'instances vingt-quatre heures de répit que Manginot se laissa fléchir. Le troisième jour, on explora donc les environs de Taverny et la lisière de la forêt jusqu'à Bessancourt. Querelle conduisait son escorte au hasard, croyant se rappeler un groupe d'arbres, un tournant de chemin, s'imaginant même retrouver une ferme à la nature particulière de l'aboiement d'un chien[21]. Enfin, harassée, la petite troupe reprenait le chemin de Paris, lorsqu'en traversant le village de Saint-Leu, le condamné poussa une exclamation de triomphe : il venait de reconnaître la maison tant cherchée, et il donna de l'intérieur et des habitants une description qui se trouva être si minutieusement exacte que Pasque n'hésita pas, après vérification, à interroger le propriétaire.

C'était un vigneron, nommé Denis Lamotte ; il fit d'abord valoir qu'il avait un fils au service d'un officier de la garde des consuls ; son autre fils, Vincent Lamotte, habitait avec lui[22]. Le bonhomme se montrait, au reste, fort surpris de l'envahissement de sa maison ; mais sa finesse paysanne ne put tenir longtemps contre la professionnelle habileté du policier ; au bout de quelques minutes il perdit pied et s'abandonna. Il convint avoir reçu, au commencement du dernier mois de juillet, un particulier qui se faisait appeler Houvel ou Saint-Vincent et qui, prenant prétexte d'un achat de vin, lui proposa de loger pendant une nuit sept à huit personnes. Lamotte avait accepté. Le 30 août, au soir, Houvel reparut et annonça que les hommes arriveraient dans la nuit ; il allait les chercher aux environs de l'Isle-Adam, et Vincent Lamotte, le fils, l'accompagna pour servir de guide aux voyageurs qu'ils rencontrèrent à la lisière du bois de la Muette. Ils étaient au nombre de sept, dont un très gros qui, couvert de sueur, s'arrêta dans le bois pour changer de chemise. Tous paraissaient très fatigués ; d'eux d'entre eux seulement étaient à cheval.

Ils arrivèrent, sur les deux heures du matin, à Saint-Leu, chez Lamotte ; on mit les chevaux à l'écurie, les hommes s'étendirent sur-la paille dans une chambre de la maison. Lamotte remarqua que chacun d'eux portait deux pistolets ; ils dormirent longtemps et se firent servir à dîner vers midi. Deux particuliers, venus de Paris en cabriolet et qui avaient laissé leurs voitures dans le village, l'un à la Croix-Blanche et l'autre à l'Ecu, causèrent avec les voyageurs qui, vers sept heures du soir, poursuivirent leur route sur Paris ; chacun des particuliers en prit un dans son cabriolet ; deux partirent à cheval ; les autres attendirent le passage de la guinguette qui fait le service de Taverny.

Ce récit complétait si bien les déclarations de Querelle qu'il n'était plus permis de conserver un doute : la bande des sept voyageurs se composait de Georges et de son état-major : le gros était Georges lui-même et Querelle dit le nom des autres[23], tous chouans émérites et redoutés ; Lamotte, de son côté, ne cacha point celui de l'homme qui avait amené les brigands jusqu'au bois de la Muette : il s'appelait Nicolas Massignon et était fermier à Jouy-le-Comte. Pasque se mit en route ave ses gendarmes et Massignon avoua qu'il était allé chercher les voyageurs de l'autre côté de l'Oise, jusqu'à l'avenue de Nesles ; c'était son frère, Jean-Baptiste Massignon, fermier à Saint-Lubin, qui les lui avait remis en cet endroit. Pasque prit, sans désemparer, le chemin de Saint-Lubin et marcha toute la nuit. A quatre heures du matin, il arrivait chez Jean-Baptiste qui, surpris au saut du lit, reconnut avoir logé des gens que lui avait amenés son beau-frère, Quantin-Rigaud, cultivateur à Auteuil, près de Beauvais[24]. Pasque tenait ainsi quatre anneaux de la chaine, et Manginot se mit en campagne pour relever jusqu'à la mer la ligne suivie par les conjurés. Savary l'y avait précédé pour surprendre un nouveau débarquement annoncé par Querelle : en arrivant à la côte, il aperçut, à quelque distance, un brick anglais qui louvoyait ; mais malgré les précautions prises et la surveillance minutieuse, le navire n'aborda pas : on le vit s'éloigner sur un signal donné du rivage par un jeune homme venu à cheval de l'intérieur des terres et que les gendarmes de Savary poursuivirent jusqu'à la forêt d'Eu où il s'enfonça. En douze jours, d'étape en étape, toujours traînant Querelle, Manginot avait terminé son enquête et remis aux mains de Réal une telle masse d'interrogatoires et de dépositions qu'il fut possible de reconstituer, comme il suit, le voyage de Georges et de ses compagnons.

 

C'est dans la nuit du 23 août 1803 que le cutter anglais Vincejo, commandé par le capitaine Wright avait débarqué les conjurés au pied des falaises de Biville, mur abrupt de roches et de craie, haut de trois cent vingt pieds. Là existait, de temps immémorial, au lieu dit le creux de Parfonval, une estamperche[25], longue corde fixée à des pieux, qui servait aux gens du pays pour descendre à la plage. Il fallut se hisser le long de ce câble, à force de bras, exercice que la corpulence de Georges rendait pour lui particulièrement pénible. Enfin, les sept chouans se trouvèrent réunis au haut de la falaise et, sous la conduite de Troche, fils de l'ancien procureur de la commune d'En, l'un des plus fidèles affidés du parti, ils gagnèrent, à travers champs, la ferme de la Poterie, écart du hameau d'Heudelimont, distant de deux lieues de la côte. Tandis que le fermier Detrimont servait à boire aux débarqués, un personnage mystérieux, qui se faisait appeler M. Beaumont, vint conférer longuement avec eux ; c'était un homme de haute stature, taillé en hercule, au teint basané, au front élevé, aux sourcils et aux cheveux noirs : il disparut au petit jour.

Georges et ses compagnons passèrent à la Poterie toute la journée du 24. Ils quittèrent la ferme pendant la nuit et marchèrent jusqu'à Preuseville — cinq lieues — où un sieur Loisel les hébergea. L'itinéraire, habilement combiné, ne s'écartait pas de la vaste forêt d'Eu, qui offrait des chemins toujours couverts et, en cas d'alerte, des refuges presque impénétrables. Dans la nuit du 26, cinq lieues encore à travers la basse forêt d'Eu, jusqu'à Aumale ; Georges et sa bande y arrivèrent à deux heures du matin[26] et logèrent chez un maître de pension, nommé Monnier, qui occupait l'ancien couvent des religieuses dominicaines. Le gros était monté sur un cheval noir que Monnier, à défaut d'écurie, cacha dans un corridor de la maison, le licol noué à la clef de la porte[27]. Quant aux hommes, ils se couchèrent pêle-mêle sur la paille et ne sortirent pas de la journée. A Aumale avait reparu M. Beaumont[28] ; il était arrivé à cheval et, après une heure passée avec les conjurés, il s'était éloigné dans la direction de Quincampoix. On l'avait revu encore chez Boniface Colliaux, dit Boni, à Feuquières, l'étape suivante — quatre lieues — que les voyageurs avaient gagnée dans la nuit du 27. Ils passèrent la journée du 28, cinq lieues plus avant, chez Leclerc[29], à la ferme des Monceaux, appartenant au comte d'Hardivilliers et sise sur la commune de Saint-Omer-en-Chaussée. C'est de là que, dans la nuit, le fils Leclerc les avait guidés, en évitant Beauvais, jusqu'à Auteuil, chez Quentin-Rigaud, qui, le 29, les conduisit à Massignon, le fermier de Saint-Lubin, lequel les repassa, le 30, à son frère Nicolas, chargé, comme on l'a vu, de leur faciliter la traversée de l'Oise et de les diriger vers le bois de la Muette, où Denis Lamotte, le vigneron de Saint-Leu, était venu les chercher.

Tel était, très sommairement exposé, le résultat de l'enquête du lieutenant Manginot. Il avait relevé l'itinéraire de Georges avec une perspicacité véritablement remarquable et cette reconstitution prenait d'autant plus d'importance que l'établissement des stations, échelonnées depuis la mer jusqu'à Paris, avait certainement nécessité une longue et coûteuse organisation et que les conjurés utilisaient cette route couramment. Ainsi deux des hommes signalés dans le débarquement du 23 août avaient repris, vers la mi-septembre, le chemin de Biville ; le 2 octobre, Georges et trois de ses officiers, venant de Paris, s'étaient de nouveau présentés chez Lamotte qui les avait conduits au bois de la Muette, où Massignon les attendait. Quinze jours plus tard. Lamotte les voyait reparaître avec quatre nouveaux compagnons. On constatait, à l'aller et au retour, leur séjour chez tous les affiliés et les voyages s'effectuaient avec une régularité parfaite : mêmes guides, mêmes marches de nuit, mêmes abris pendant le jour[30]. La maison de Boniface Colliaux, à Feuquières, celle de Monnier, à Aumale, et la ferme de la Poterie semblaient être les principaux lieux de conciliabules. Autre passage dans la seconde quinzaine de novembre ; autre passage encore en décembre, concordant avec, un nouveau débarquement[31]. En janvier 1801, Georges fait une quatrième fois la route pour aller attendre à Biville la corvette anglaise amenant Pichegru, le marquis de Rivière et quatre autres conjurés[32]. Un pêcheur de la côte, Etienne Horné, donna sur ce débarquement de précieux détails ; il avait bien remarqué celui qui semblait être le chef un homme gros, une figure pleine, assez dure, voûté et les bras un peu embarrassés.

— Ces messieurs, ajouta-t-il, arrivaient à la nuit et repartaient ordinairement vers minuit ; ils se contentaient de notre pauvre ordinaire et restaient toujours entre eux, dans un coin, pour causer.

Quand venait l'heure de la marée, Horné descendait à la plage pour guetter l'arrivée de la chaloupe : le mot d'ordre était Jacques, auquel les gens du bateau répondaient : Thomas[33].

Manginot, comme bien on pense, mettait en arrestation tous ceux qui avaient prêté aux conjurés leur concours et les expédiait à Paris. La tour du Temple se remplissait de paysans, de bonnes femmes à bonnets normands, de pêcheurs dieppois[34], ahuris de se voir dans ce lieu fameux où la monarchie avait agonisé. Mais ce n'était là que les subalternes, le menu fretin du complot, et le Premier Consul, à qui ne déplaisait pas de se poser en victime grandiose exposée aux coups de tout un parti, ne pouvait décemment traduire ces villageois inoffensifs devant une haute cour de justice. En attendant qu'un hasard ou une nouvelle trahison révélassent à la policé l'asile de Georges Cadoudal, il étaie urgent de découvrir les organisateurs du complot et ceux-ci semblaient devoir à tout jamais rester inconnus, bien que Manginot eût quelques raisons de penser que le centre de la conjuration se trouvait aux environs d'Aumale ou de Feuquières.

Son attention avait été attirée, en effet, par une déposition mentionnant ce cheval noir qui avait porté Georges de Preuseville à Aumale et que l'instituteur Monnier avait caché dans l'allée de sa maison. C'est sur ce faible indice qu'il se mit en campagne. Il apprit, qu'un manœuvre, nommé Saint-Aubin[35], domicilié au hameau de Coppegueule, avait été chargé de reconduire un cheval à l'adresse d'une lettre que Monnier lui avait remise. Cet homme, appelé à comparaître, reconnut avoir mené le cheval à une belle maison bourgeoise des environs de Gournay : lorsqu'il y était arrivé, un domestique avait conduit la bête à l'écurie et une dame s'était présentée pour recevoir la lettre ; mais il se défendit de connaître le nom de la dame et la situation de la maison.

Manginot résolut de battre le pays en compagnie de Saint-Aubin, et celui-ci, qui n'avait pas l'esprit délié ou qui jouait la bêtise, s'obstinait à ne pouvoir fournir aucun renseignement. Il promena les gendarmes jusqu'à six lieues d'Aumale, et crut d'abord reconnaître le château de Mercatel-sur-Villers ; pourtant, en examinant les avenues et la disposition des bâtiments, il déclara qu'il n'était jamais venu là. Même déconvenue à Beaulevrier et à Mothois ; mais, en approchant de Gournay, ses souvenirs se précisèrent et il mena Manginot à une maison du hameau de Saint-Clair qu'il désigna comme étant celle où Monnier l'avait adressé ; même, en entrant dans la cour, il reconnut le domestique auquel, six mois auparavant, il avait remis le cheval : c'était un garçon d'écurie, nommé Joseph Planchon, que Manginot fit immédiatement arrêter. Puis il commenta son enquête.

La maison appartenait à un ancien officier de marine, François-Robert d'Aché[36], qui l'habitait rarement, étant grand chasseur et préférant le séjour de ses terres, plus giboyeuses, des environs de Neufchâtel-en-Bray. Saint-Clair n'était donc occupé que par Mme d'Aché, toujours souffrante, sortant à peine de sa chambre, et ses deux filles, Louise et Alexandrine. La mère de d'Aché, presque octogénaire et impotente, y vivait également depuis quelques années, ainsi qu'un jeune homme, nommé Caqueray[37], qu'on appelait aussi le chevalier de Lorme, et qui, par affection, s'occupait à faire valoir les terres de M. et de Mme d'Aché, dont un jugement récent avait prononcé la séparation de biens. Caqueray se considérait comme faisant partie de la famille ; l'aînée des filles, Louise, lui était fiancée.

Rien n'était moins suspect que cette patriarcale demeure ; on y paraissait ignorer la politique, et les révolutions semblaient n'avoir jamais sévi sur ces gens tranquilles et peu fortunés. L'absence seule du chef de cette famille très unie pouvait étonner ; mais Mme d'Aché et ses filles expliquèrent que, s'ennuyant à Saint-Clair, il habitait ordinairement Rouen, qu'il chassait beaucoup et qu'il partageait son temps entre des parents fixés aux environs de Gaillon[38] et des amis qui habitaient Saint-Germain-en-Laye. Elles ignoraient où il se trouvait pour le moment, n'en ayant pas reçu de nouvelles depuis près de deux mois. Mais, en interrogeant les domestiques, Manginot recueillit certains renseignements qui changeaient l'aspect des choses : Lambert, le jardinier, avait été fusillé récemment à Evreux, convaincu d'avoir pris part, avec une bande de chouans, à l'attaque d'une diligence ; le frère de Caqueray venait d'être exécuté à Rouen pour la même cause ; Constant Prévot, le garçon de ferme, accusé d'avoir tué un gendarme, avait été acquitté ; mais le pauvre homme était mort peu de temps après son retour à Saint-Clair... Manginot avait mis la main sur un nid de chouans, et quand il apprit que le signalement de d'Aché ressemblait singulièrement à celui du mystérieux Beaumont qu'on avait vu avec Georges à la Poterie, à Aumale et à Feuquières, il comprit seulement l'importance. de sa découverte ; après une rapide perquisition, il prit sur lui de mettre en arrestation tous les habitants de Saint-Clair et expédia à Réal un exprès pour L'aviser de l'incident et demander des instructions complémentaires.

Depuis plusieurs années, chaque fois qu'un individu était signalé à la police comme étant un ennemi du gouvernement ou même un simple mécontent, on dressait à son nom, dans les bureaux de Desmarets, une fiche sur laquelle s'ajoutaient, au fur et à mesure des dénonciations, tous les renseignements de nature à compléter la physionomie du personnage. Bien des gens auxquels on ne pensait pas se trouvaient ainsi posséder un assez important dossier. On consulta celui de d'Ache. Il s'y trouvait des annotations dans le genre de celles-ci : Il est par son audace un des hommes les plus importants du parti royaliste ; ou bien : Au mois de décembre dernier, il prit, à Rouen, un passeport pour Saint-Germain-en-Laye où l'appelaient quelques affaires ; et encore : Son hôte de Saint-Germain, Brandin de Saint-Laurent, a déclaré qu'il ne couchait pas régulièrement chez lui, quelquefois deux jours, quelquefois trois jours de suite. Enfin on avait intercepté une lettre adressée à Mme d'Aché et qui contenait cette phrase, où l'on croyait bien reconnaître la manière de Georges : Prévenir M. Durand que les affaires prennent une bonne tournure... sa présence est nécessaire... il aura de mes nouvelles à l'hôtel de Bordeaux, rue de Grenelle-Saint-Honoré, où il demandera Houvel[39]. Or, Houvel était cet inconnu, qui, le premier, s'était présenté chez le vigneron de Saint-Leu pour le décider à prêter son concours aux brigands. On relevait ainsi la trace de d'Aché sur tous les points du parcours de Biville à Paris et on en concluait judicieusement que connaissant admirablement, en sa qualité de grand chasseur, tout le pays de Bray où il possédait, d'ailleurs, des propriétés, il avait été chargé de tracer l'itinéraire des conjurés et d'organiser leurs voyages : il les avait accompagnés de la Poterie à Feuquières, tantôt les précédant en éclaireur, tantôt séjournant avec eux dans les fermes où il leur avait ménagé un asile.

C'était donc de d'Aché qu'à défaut de Georges il fallait s'emparer et le Premier Consul le comprit si bien qu'il mobilisa pour cette recherche deux brigades de la gendarmerie d'élite et cinquante dragons[40]. Tout ce renfort ne servit qu'à escorter la pauvre Mme d'Aché, malade, sa fille Louise et leur ami Caqueray qui furent mis au secret, celui-ci à la Tour du Temple, les femmes à la prison des Madelonnettes ; la vieille grand'mère impotente restait seule à Saint-Clair ; quant à Alexandrine, elle voulut suivre sa mère et sa sœur et on lui en laissa toute liberté.

D'Aché, d'ailleurs, restait introuvable ; l'armée que dirigeait Manginot avait battu sans succès tout le pays, de Beauvais au Tréport ; on l'avait cherché à Saint-Germain-en-Laye, où certains rapports le disaient caché[41] ; on le cherchait à Saint-Denis-des-Monts, à Saint-Romain, à Rouen. Les préfets de l'Eure et de la Seine-Inférieure avaient reçu l'ordre de lancer à ses trousses tous leurs agents ; le résultat de cette campagne fut piteux : on ne parvint à arrêter[42] que le frère cadet de d'Aché, brave homme inoffensif et extrêmement borné[43] qui portait le prénom justifié de Placide, et qu'on appelait familièrement Tourlour, à cause de sa lourdeur d'esprit et de sa rotondité[44]. Sa plus grande crainte était d'être confondu avec son frère, ce qui lui était advenu fréquemment ; d'Aché l'aîné étant insaisissable, c'était sur Placide, qui aimait la tranquillité et ne bougeait guère de chez soi, que dévoyaient invariablement toutes les enquêtes. Cette fois encore la chose ne manqua pas et Manginot mit la main sur lui, croyant faire merveille ; le premier interrogatoire le détrompa. Pourtant il rendit compte de sa prise à Réal qui, dans son ardent désir de satisfaire aux ordres du Premier Consul, essaya de donner le change et prit sur lui d'assurer que Placide d'Aché était un brigand royaliste tout aussi redoutable que son frère ; il expédia l'ordre de traîner sous forte escorte le prisonnier à Paris, se réservant de l'interroger lui-même ; mais, dès qu'il eût vu Tourlour, dès qu'il lui eût posé quelques questions, entre autres sur sa conduite pendant la Terreur, l'autre ayant répondu : — Je me suis caché chez maman, Réal comprit que ce n'était pas là un homme digne d'être posé devant un tribunal, en rival de Bonaparte. Il le garda cependant en prison pour que le nom d'Aché figurât tout au moins sur le livre d'écrou du Temple.

Du reste, à l'heure où, le 9 mars 1804, Placide d'Aché subissait son interrogatoire, un événement se produisit qui transformait le drame et en hâtait le tragique dénouement.

 

 

 



[1] Recherches historiques sur le procès et la condamnation du duc d'Enghien, par A. Nougarède de Fayet.

[2] Une lettre de Vienne, relative à des affaires de finances et saisie par la police portait : — Ici, comme chez vous, l'hiver a été très doux ; mais on craint pour la fin de février : des personnes bien instruites pensent que vous aurez un tremblement de terre ; si donc vous avez des opérations à faire, tenez cet avis pour certain ; je ne puis m'expliquer davantage. Recherches historiques, etc.

[3] Archives nationales, F7 6471.

[4] Archives nationales, AFIV 116, n° 651.

[5] Archives nationales, AFIV 116, n° 651.

[6] Il avait été arrêté le 19 vendémiaire, an XII (octobre 1803). Archives de la préfecture de police.

[7] En fouillant le passé de Querelle, on avait trouvé, à la date du 22 février 1800, un rapport écrit de Belle-Isle-en-Mer par le général Quantin établissant que le prisonnier avait déjà trahi son parti et servait d'espion au général. Voir Une conspiration en l'an XI et en l'an XII, par Huon de Pénanster.

[8] Dans le Journal du général baron Gourgaud à Sainte-Hélène, publié par MM. le vicomte de Grouchy et Antoine Guillois, on lit à la date du 29 mai 1816 : L'empereur nous raconte qu'étant consul il se réveilla une nuit, tout inquiet. Il trouva sur sa table un rapport de police annonçant qu'un nommé Traisnel (sic), chirurgien, venait de débarquer et avait été arrêté comme chouan. Sa Majesté, qui le connaissait, donna ordre de le juger sur-le-champ. Il est condamné à mort. On suspend l'exécution et on essaye de le faire parler en lui promettant sa grâce : la crainte du supplice lui fait tout dire ; il avoue que Georges et Pichegru sont à Paris... etc.

[9] Archives nationales, AFIV 116.

[10] Indiscrétions, 1798-1830. Souvenirs anecdotiques et politiques tirés du portefeuille d'un fonctionnaire de l'Empire, mis en ordre par Musnier-Desclozeaux.

[11] Indiscrétions. Op. cit. Ces souvenirs passent pour avoir été dictés par Réal lui-même.

[12] Querelle dut même écrire une supplique au général Murat, car il est fait allusion à cette lettre dans un procès-verbal que nous citerons plus loin ; mais cette pièce intéressante a disparu du dossier.

[13] Le signalement de Querelle se trouve sur le registre d'écrou du Temple. Archives de la préfecture de police.

[14] Indiscrétions, 1798-1830. Op. cit.

[15] Le procès-verbal de la première déclaration de Querelle est aux Archives de la Préfecture de police : en voici quelques extraits :

Aujourd'hui, 7 pluviôse an XII, nous, conseiller d'Etat, corn-mis spécialement à cet effet par le Premier Consul, nous sommes transportés à la prison dite de l'Abbaye où nous avoue fait comparaitre le nommé Jean-Pierre Querelle, natif de Vannes, département du Morbihan, jugé et condamné par la Commission militaire, auquel nous avons exhibé la lettre écrite par lui et adressée au général Murai et que nous avons annexée à la présente [Cette pièce a disparu du dossier]. Nous lui avons demandé ce qu'il avait à révéler, il nous a répondu ainsi qu'il suit : Nous sommes partis de Londres sur la fin d'août, au nombre de sept... nous avons embarqué à Hasting sur un bâtiment de l'État armé de vingt canons : nous débarquâmes entre Dieppe et le Tréport, de là nous rimes à Paris tout droit. Nous avions des [ici un blanc dans le texte] de distance en distance où nous passions le jour... chaque fermier chez qui nous arrivions nous conduisait ensuite à la ferme où nous devions coucher le jour d'après... etc.

[16] Depuis qu'il était en prison, Querelle n'en recevait pas moins régulièrement sa solde : c'est une surveillante de la lingerie de Saint-Lazare, nommée Louise Michel, qui la lui faisait passer au Temple. Archives de la préfecture de police.

[17] Ce monsieur était, comme on le verra plus loin, le marquis d'Hozier : Querelle, soit qu'il ait mal entendu le nom, soit que d'Hozier ait cru utile de le dissimuler, l'appelle Charles Daunay.

[18] Indiscrétions, 1798-1830. Op. cit.

[19] Notice sur les généraux Pichegru et Moreau, par Fauche-Borel.

[20] C'est Pasque qui, quelques jours plus tard, fut chargé d'arrêter Pichegru, au domicile de Leblanc, rue de Chabanais.

[21] Indiscrétions, 1798-1830. Op. cit.

[22] Dossiers de Georges-Vincent Lamotte et de Denis Lamotte. Archives nationales, F7 6400.

[23] Villeneuve, dit d'Assas ; la Haye Saint-Hilaire, dit d'Oison ; Labrèche, dit la Bonté ; Jean-Marie, dit Lemaire ; Picot, dit le Petit, domestique de Georges. Le septième était Querelle lui-même.

[24] Interrogations de Denis et de Vincent Lamotte, de Jean-Baptiste Massignon, de Catherine Rigaut, femme Massignon, de Nicolas Massignon, etc. Archives nationales, F7 4600-4602.

[25] Voir Sous dix rois, par Boucher de Perthes, t. I, p. 149.

[26] Archives nationales, F7 4602.

[27] Archives nationales, F7 4602.

[28] Archives nationales, F7 3697.

[29] Pierre-Charles Leclerc, charretier, dix-neuf ans, dépose : Vers la fin du mois d'août, sur les trois heures du matin, sept individus dont un ayant un cheval noir, homme extrêmement puissant et qui paraissait être leur chef, vinrent loger chez mon père et ils partirent au déclin du jour. Archives nationales, F7 6400.

[30] Pour entrer dans le détail, il convient de noter que les Polignac logèrent cependant chez M. de Bertengles, au château de Saint-Crépin. On utilisa aussi une route passant par Gaillefontaine et Gournay. Forges et Étrépagny étaient aussi des lieux d'étapes pour les royalistes.

[31] Ce débarquement eut lieu le 10 décembre 1803. Il comprenait Armand de Polignac ; Coster, dit Saint-Victor ; Jean-Louis Lemercier ; Deville, dit Tamerlan et Pierre-Jean.

[32] Lajolais, dit Frédéric, dit Deville ; Rusillion, dit le gros Major ; Jules de Polignac, dit Jules, et Armand Gaillard. Ce débarquement est du 16 janvier 1804.

[33] Archives nationales, F7 6397.

[34] Ainsi on avait expédié à Paris le pêcheur Horné, père de neuf enfants, et mis sous les verrous tous ses parents, cousins, cousines et belles-sœurs. On les expédia sous la surveillance de la haute police à Auxerre ; puis, comme ils y mouraient de faim, à Bruxelles où ils avaient du moins la ressource de coucher à l'hospice. Ils ne furent autorisés à rentrer chez eux qu'en 1810.

[35] Procès-verbal des perquisitions opérées par Manginot, en compagnie de Saint-Aubin, aux environs d'Aumale et de Gournay. Archives nationales, F7 6397.

[36] Mairie de Marbeuf, Eure. L'acte de baptême de François-Robert d'Aché, né à Marbeuf, fils de François Placide d'Aché, profession de chevalier (sic) et de Louise-Marguerite Duchesne, a été reçu et enregistré à la paroisse de cette commune le 24 décembre 1758. Archives de la mairie de Marbeuf.

[37] Commune de Beauvoir-en-Lions du 2 mai 1779, acte de naissance de Jean-Baptiste de Caqueray, fils de Honoré-Charles de Caqueray, maitre et propriétaire de la verrerie des Routieux et de Louise-Angélique-Marie Godart, son épouse.

Archives nationales, F7 6397.

[38] La famille du Hazey, au château du Hazey.

[39] Archives nationales, F7 6391.

[40] Archives nationales, F7 6397.

[41] On dénonçait particulièrement la maison de Mme de Senneville, rue de Paris, 78. Archives nationales, F7 6397.

[42] Le 1er mars 1804, à Rouen.

[43] Lettre de Savoye-Rollin, préfet de la Seine-Inférieure, à Réal. Archives nationales, F7 8170.

[44] Il s'appelait Louis-Placide d'Aché, il était ancien officier du régiment de Bassigny-infanterie.