HISTOIRE DE LA RÉGENCE PENDANT LA MINORITÉ DE LOUIS XV

TOME DEUXIÈME

 

CHAPITRE XXXVII. — La colonisation de la Louisiane (1717-1721).

 

 

Ressources modiques et réclames de la Compagnie d’Occident. — Misère de la Louisiane et nouvelle administration. — Échec de la réclame. — Les engagés se dérobent. — Emploi de la contrainte. — Recrutement. — La Compagnie des Indes. — Intervention de Law. — Regain de vogue. — Les enlèvements. — La « chaîne » du Mississipi. — Les mariages. — Fin des méthodes arbitraires. — Situation pitoyable de la colonie. — Prise et perte du port de Pensacola. — Reprise de Pensacola. — Mesures administratives. — Misère croissante.

 

Ressources modiques et réclames de la Compagnie d’Occident

Pendant que « l’inconcevable prodigalité du duc d’Orléans, qui, sans bornes, et plus s’il se peut, sans choix, donnait à toutes mains », entraînait le Système vers l’inévitable catastrophe, l’infatigable activité de Law s’emparait comme d’une proie du commerce colonial. La Compagnie d’Occident et la Compagnie des Indes devaient servir d’instruments à l’œuvre gigantesque entreprise par le financier ; comblées d’avantages et de privilèges leur réussite paraissait certaine. La Compagnie d’Occident disposait de cent millions ; on n’ajoutait pas ou bien on ajoutait tout bas que les deux cent mille actions de cinq cents livres qui composaient cette somme seraient payés en billets d’États réduits au quart de leur valeur, soit vingt-cinq millions, et le gouvernement désireux de récupérer ces billets discrédités, obligerait la Compagnie à les lui remettre pour les annuler aussitôt et convertir ce papier en rentes à quatre pour cent. Les cent millions se trouvèrent réduits à quatre millions[1].

Afin de compenser, dans la mesure du possible, cette insuffisance de ressources les administrateurs de la Compagnie d’Occident se jetèrent dans les plus fantastiques exagérations de ce qu’on a appelé de nos jours la « réclame ». La Louisiane devint une terre magique dont la description épuisait toutes les magnificences du langage. Le sol recelait en quantité or, argent, cuivre, plomb, tandis qu’il portait des récoltes d’une abondance inouïe, des forêts immenses remplies de bois de construction et de bois de teinture, des prairies couvertes de bœufs sauvages a la chair exquise, des moutons innombrables à la toison plus fine que celle des moutons d’Europe[2]. Des estampes répandues parmi le peuple firent envier le bonheur de colons, qu’un burin lascif représentait partout jouissant de plaisirs sans obstacle et de richesse sans travail, au milieu des nudités de l’âge d’or, des présents d’une terre vierge et des licences de la vie sauvage. On calculait avec bonhomie la quantité de soie que devait mettre dans le commerce l’industrie de dix mille femmes de la nation des Natchez, et la Compagnie, sur la foi d’un visionnaire, dépensait de fortes sommes à la recherche d’un rocher d’émeraude dans la rivière des Arkansas[3]. L’ancien gouverneur, La Mothe Cadillac, et son fils n’ayant rien aperçu de semblable pendant leur séjour eurent la naïveté de le dire ; on les envoya à la Bastille sous l’accusation « d’avoir tenu des discours peu convenables contre le gouvernement de l’État et des colonies[4]. »

 

Misère de la Louisiane et nouvelle administration

La situation de la Louisiane était très différente et assez digne de pitié. La famine y régnait. Deux vaisseaux partis de Rochefort y avaient apporté quatre compagnies d’infanterie, de nombreux colons et des vivres dont une bonne partie étaient avariés, par conséquent un surcroît de misère au moment où une mauvaise récolte de maïs rendait la vie d’une cherté extraordinaire[5]. Les soldats à peine vêtus, mal nourris et point payés parlaient « avec beaucoup d’insolence et en termes séditieux[6] », enfin le gouverneur Lespinay avait excité, un tel mécontentement qu’on était fondé à craindre que les peuplades sauvages maltraitées et pressurées ne fissent appel aux Anglais. Il n’y avait plus une seule faute à commettre. Lespinay fut rappelé et remplacé par Bienville[7] auquel on donna pour collaborateurs des hommes intelligents et capables, Boisbriant et Chateaugué. On ne se borna pas à changer le personnel, on remania l’administration qui fut confiée à un conseil de régie[8] auquel la Compagnie déléguait en réalité tous ses pouvoirs ; à lui appartenait la distribution des concessions, la fixation des prix des marchandises, la réglementation des présents à faire aux sauvages, la conclusion des traités et alliances, la nomination, révocation ou cassation d’un commis[9]. C’était une grande maladresse de remettre l’exercice d’un pouvoir absolu à une assemblée trop nombreuse pour que l’unité de vues et l’unité d’action y existassent.

 

Echec de la réclame

L’aberration qui n’a cessé de guider tous ceux qui, à des époques différentes, dirigèrent la France vers les entreprises coloniales se fit jour dès lors. Habitant un climat tempéré, exploitant un sol fertile, jouissant de récoltes variées et abondantes, le Français considère l’expatriation comme un exil et la promesse de grands avantages ne parvient que rarement à l’entraîner vers des terres lointaines et une prospérité imaginaire. A l’exception d’un très petit nombre sur lesquels a soufflé l’esprit d’aventure, le contingent colonisateur se compose d’individus que rien n’a préparé à cette carrière que les malheurs, les déboires et les fautes qui ont rendu leur séjour impossible dans la métropole. C’est à un pareil recrutement que la Compagnie devait recourir afin de peupler la colonie. D’abord elle se rejeta sur les faux sauniers dont le Conseil de Régence avait décidé naguère l’envoi à la Louisiane[10], mais le nombre de ces colons improvisés ne pouvait suffire. La réclame redoubla et, pendant toute l’année 1718, multiplia les promesses alléchantes. Les émigrants étaient promus au rôle d’enfants gâtés, à peine avaient-ils à prendre soin d’eux-mêmes depuis le lieu de leur résidence jusqu’à celui de leur établissement[11] ; gentilshommes et gens de qualité seraient priés de consentir à accepter une concession ; gens de labeur, ouvriers agricoles, recevraient trente arpents de terre au moins, des chevaux, des bœufs et trente livres de farine par personne et par mois jusqu’à la première récolte. Les artisans avaient droit, dès leur arrivée, à une vache, des cochons, des brebis, des poules, sans parler des meubles et ustensiles de cuisine. Tous recevraient à bas prix les marchandises de France et auraient toutes facilités pour le payement de leurs nègres[12]. Des estampes répandues parmi le public représentaient l’arrivée de colons imaginaires à la rencontre desquels accouraient les sauvages respectueux et empressés, avides de troquer des lingots d’or et d’argent contre la pacotille d’Europe ; couteaux, marmites, broches, un petit miroir ou même un peu d’eau-de-vie. L’empressement que mettaient ces Indiens d’opérette à solliciter le baptême n’avait d’égal que celui que leurs petits enfants mettaient à se rendre à l’école.

 

Les engagés se dérobent

Ces perspectives trop séduisantes loin d’attirer inquiétèrent et mirent en défiance. À la fin de 1717, Pâris-Duverney décida quelques hommes à tenter le voyage[13], au mois de mai suivant on parvint à réunir trois cents concessionnaires et engagés qu’on embarqua à La Rochelle[14], au mois de novembre une centaine d’autres suivaient[15]. Mais ces chiffres dérisoires ne faisaient que souligner l’échec de l’entreprise. La séduction entraînait beaucoup d’engagés à qui la réflexion montrait leur imprudence. Après avoir donné leurs noms ils restaient chez eux ou se sauvaient au dernier moment pour ne pas s’embarquer ; il fallut qu’un arrêt du Conseil les obligeât à se rendre dans les termes fixés au port indiqué et à monter sur les vaisseaux en partance, sous peine d’être arrêtés et conduits d’office à la Louisiane, pour y travailler sans aucun salaire toute la durée de leur engagement[16].

 

Emploi de la contrainte

Puisque la séduction demeurait inutile, le gouvernement allait user de la contrainte. Un abus de pouvoir si odieux ne présentait alors rien qui pût faire hésiter. Un arrêt du Conseil de Marine, en date du 23 mai 1717 envoie à Rochefort des vagabonds arrêtés aux alentours de Paris pour être expédiés en Amérique comme engagés ou soldats[17]. A une époque où la désertion en temps de paix entraînait la peine de mort, les déserteurs n’avaient qu’à se louer d’une déportation qui leur sauvait la vie, et c’est avec de pareils rebuts qu’on recrutait les troupes coloniales. Du moment qu’on trouvait avantageux de transformer des déserteurs en représentants de la discipline, on ne pouvait manquer d’enrôler des vagabonds, des repris de justice pour en faire des colons. Dès le courant de 1718, nous rencontrons la mise en vigueur de ce système. En février, le lieutenant de la maréchaussée de Perpignan amène à Rochefort dix-neuf déserteurs pour la Louisiane, rejoints par sept autres venus de Guyenne et quinze autres venus de Châtellerault et de Paris[18]. En octobre, deux états de prisonniers destinés aux « isles de Mississipi » ou propres à y être envoyés, comprennent, l’un : cent un détenus par lettres de cachet, vingt-six par sentence de police, neuf par ordres, trois par sentences criminelles, trente-trois comme mendiants vagabonds ; un second : trente-cinq par ordre du Roi, huit par correction, sept par sentences de police et dix-huit comme mendiants vagabonds[19]. Dans la France appauvrie par une longue guerre, ruinée par les dilapidations d’une noblesse plus avide qu’un vampire, la misère avait si bien fait son œuvre qu’on signalait des bandes de mendiants parcourant les provinces, le Nord et l’Est en particulier, commettant tous les excès[20]. Pour y porter remède, une ordonnance royale du 10 novembre prescrivait « une perquisition exacte » et arrestation de ces misérables dont les noms seraient transmis au secrétaire d’État de la guerre avec un rapport détaillé sur leur caractère, leur âge, leur taille leurs forces ou leurs infirmités, » afin que, sur le compte qui en sera rendu à Sa Majesté, elle puisse donner ses ordres pour faire passer aux colonies ceux qui seront en état d’y servir, et pourvoir à la punition des autres[21]. »

 

Recrutement

« La nécessité d’envoyer des hommes dans les colonies[22] » conduit à l’adoption d’une série de mesures qui vont se renforçant l’une l’autre. Le 8 janvier 1719, un édit autorise les cours de justice à prononcer contre les anciens condamnés aux galères, ayant violé leur ban, et contre les vagabonds et gens sans aveu, la peine de la relégation dans nos territoires d’outre-mer[23] ; le 10 mars, on invite les magistrats à infliger cette peine dans tous les cas où les ordonnances antérieures prescrivaient les galères[24]. On croit rêver quand on lit les notes qui accompagnent les noms de ceux qu’on exile pour représenter la France au loin, travailler, fonder des foyers, un peuple et un état. Petit à petit l’Hôpital Général déverse son trop plein[25], Bicêtre se débarrasse de ses « voleurs de profession » et l’économe de la prison estime qu’on ne peut mieux faire pour « en purger Paris et même le royaume qu’en les faisant passer aux colonies[26]. » En avril, le mouvement est donné et Bicêtre dresse l’état des « proposés pour être envoyés aux îles de Mississipi » ; voici les notes qu’on lit en regard de leurs noms : « libertin, filou, emprisonné plusieurs fois pour vol » ; « vagabond, filou » ; « libertin, voleur » ; « vagabond des plus dangereux » ; « libertin, vagabond, adonné à toutes sortes de débauches » ; « gueux ordinaire des plus dangereux » ; « ayant fait une grande sédition ». D’autres sont d’une qualité plus éminente encore : assassin, incendiaire, faussaire, voleurs de profession, insigne voleur, chef de voleurs, libertin qui menace de tuer sa mère, sodomite des plus déclarés[27] parmi lesquels cent cinquante-six faux sauniers et contrebandiers représentent quelque chose comme les honnêtes gens[28].

 

La Compagnie des Indes

John Law suivait d’assez près l’affaire qu’il avait lancée pour comprendre qu’elle courait à sa ruine. Au mois de juillet 1718 des Indes seulement, la Compagnie d’Occident avait pu disposer des quatre millions affectés à son commerce ; sur cette somme l’achat de la Compagnie du Sénégal fit une première brèche de un million six cent mille livres[29]. A tout prix il fallait découvrir de nouvelles ressources. Au début du mois de mai 1719, la Compagnie se fit accorder un subside annuel de trois cent mille livres et l’élévation de son fonds de commerce de quatre à sept millions[30]. Le 26 mai, un autre édit réunissait les compagnies des Indes Orientales et de la Chine à la Compagnie d’Occident qui prit le nom de « Compagnie des Indes[31] ». Substituée peu après aux droits de la compagnie d’Afrique[32] et plus tard à celui de la Compagnie de Saint-Domingue[33], elle se trouverait en possession de la maîtrise absolue des mers. Le privilège de la fabrication des monnaies, la concession des fermes et recettes générales lui ouvraient bientôt une source encore plus certaine de gains. Disposant ainsi de capitaux considérables, gratifiée du port de Lorient que le Roi venait de lui abandonner en toute propriété, ayant dans ses conseils des hommes d’une compétence éprouvée, la Compagnie des Indes semblait n’avoir plus qu’à agir, pour mettre en pleine valeur toutes les richesses de son domaine américain[34].

 

Intervention de Law

La réclame ayant échoué[35], elle avait même parfois provoqué des rumeurs sinistres[36] — Law intervint en personne. A la date du 12 mai, on lit dans le Journal de Buvat que « le sieur Law obtint du Roi la permission de faire à Mississipi un enclos de huit lieues de circonférence pour en former une ville, et pour cet effet on y devait envoyer toutes sortes d’ouvriers ; il devait avoir la vice-royauté de ce pays après le sieur Crozat, à qui le feu Roi l’avait donnée pour l’espace de quatorze années qui devaient bientôt expirer[37]. » Law, en effet, avait pris une concession sur l’Arkansas et fait recruter en Allemagne quelques milliers de laboureurs et d’artisans. Cet exemple fut imité et on vit se fonder des sociétés où grands seigneurs et riches bourgeois se proposaient d’exploiter les trésors du Mississipi[38]. On vit ainsi rapprochés dans une opération commune le directeur d’Artaguiette, le ministre Le Blanc, le duc de Guiche, les marquis d’Asfeld, d’Ancenis et de Mézières, les comtes d’Artagnan et de Belle-Isle[39]. Le prestige que ces grands noms exerçaient sur l’esprit public fut décisif et le nombre des émigrants devint tel que « les vaisseaux de la Compagnie suffisaient à peine à les transporter[40]. » Et voici aussitôt les calculateurs à l’ouvrage, estimant les capitaux nécessaires, le nombre et la nature des ouvriers à embaucher, le salaire et la nourriture à leur donner, le rendement des cultures.

 

Regain de vogue

A l’incurie qui avait signalé l’échec succède le désordre qui compromet le succès. A Lorient, à Port-Louis des concessions voient leur départ indéfiniment ajourné[41], les Allemands y croupissent dans la saleté et la misère en attendant l’embarquement dont beaucoup ne verront pas le moment[42]. A part celle de Law, les concessions les plus importantes ne comptaient pas plus de deux cents à deux cent soixante-quinze personnes[43], et sur ce nombre combien périssaient avant rembarquement ou au cours de la navigation ? Aussi continue-t-on de recourir à tous les rebuts de la société. La vogue est au Mississipi[44] :

Aujourd'hui il n'est plus question

De parler de la Constitution,

Ni de la guerre avec l'Espagne ;

Un nouveau pays de cocagne,

Roule à présent sur le tapis.

Que l’on nomme Mississipi,

Cet Eldorado devient un pénitencier. Les Bretons chantent sous les fenêtres du maréchal de Montesquieu :

Envoyons notre Maréchal

Qui ne sait faire que du mal

La Lan de ri rette

Commander à Michepipy

La Landeriry

Tous les jeunes gens dont les dépenses, l’inconduite alarment les familles iront se refaire une virginité au Mississipi. Les pétitions abondent et ce ne sont pas seulement des parents excédés par les fredaines d’un fils, mais ce sont encore des veuves[45], des ouvriers[46], des domestiques[47] ; qui prient le Roi de les débarrasser d’un fils, d’un frère, d’un mari. Le lieutenant de police Machault n’a que l’embarras du choix. Aussi veut-il n’accorder cette faveur qu’aux pires scélérats. Un simple escroc peut sans doute être « très propre à envoyer à la Louisiane[48] », mais le magistrat lui préfère un « furieux » menant « une vie scandaleuse » et « pour débarrasser le public d’un bandit et d’un scélérat de cette espèce, il serait a propos de l’envoyer à la Louisiane[49] » ; ou bien encore un « abominable » vivant « dans la débauche la plus outrée, qu’on ne peut trop cacher aux yeux du public... et qui serait beaucoup mieux à la Louisiane que dans le royaume[50]. » La Compagnie des Indes accepte tout et le gouvernement se charge de ne pas la laisser manquer.

 

Les enlèvements

Une ordonnance rendue le 10 mars 1720 prescrivait à tous les mendiants et vagabonds venus chercher des moyens d’existence à Paris, de se rendre dans les huit jours au lieu habituel de leur résidence sous peine d’être déportés[51]. Afin d’assurer l’exécution de cet ordre, on « forma des brigades d’archers (composées de porteurs d’eau, de crocheteurs et autres gens souvent plus coquins que ceux qu’ils arrêtaient) en bandouliers, habits bleus uniformes, avec un exempt à leur tête pour que personne ne fut arrêté qu’au cas de l’ordonnance du 10 mars. Sous prétexte d’enlever les vagabonds, les maris mécontents de leurs femmes, les femmes mécontentes de leurs maris s’accusaient de part et d’autre d’être vagabonds et parmi les petites gens ceux qui avaient des inimitiés et des vengeances, trouvaient moyen en donnant quelque argent à un malheureux de leur faire prendre [leurs] ennemis[52]. » La Compagnie trempait dans ces excès en allouant aux « bandouliers du Mississipi »[53] une prime d’une pistole par tête. Ceux-ci arrêtaient à tort et à travers, ainsi nous les voyons se saisir d’un ouvrier arrivé la veille à Paris pour y travailler de son métier ; d’un aubergiste de Bagnolet venu en ville vaquer à ses affaires ; d’un porteur d’eau ; d’un balayeur de rues[54], et d’un palefrenier sans livrée[55], et même de bons bourgeois ayant toujours vécu « commodément » et « dans des emplois fort considérables »[56]. Ceux qui étaient pris criaient inutilement[57] ou bien, comme ce palefrenier de M. de Caumartin faisaient tant qu’on les laissait aller après leur avoir pris leur bourse et les avoir roués de coups[58]. Ces violences soulevèrent contre eux la haine populaire, qui leur imputait l’enlèvement de cinq mille personnes en moins de huit jours. On allait jusqu’à dire que dans les villages des environs de Paris chaque famille s’était vu arracher par les bandouliers un garçon ou deux filles sur trois[59] ; il en résulta de graves désordres, des émeutes et beaucoup de ces ravisseurs furent tués ou blessés[60].

En ce sinistre mois de mai 1720, dit un document, l’on prenait toutes sortes de personnes indifféremment... pour envoyer aux isles[61], aussi l’indignation était-elle générale et bruyante. L’enlèvement du rôtisseur Quoniam que sa très jolie femme, maîtresse d’un personnage en grand crédit, fit enlever et déporter à la Louisiane causa une sorte de scandale dans Paris[62].

 

La « chaîne » du Mississipi

Une ordonnance du 3 mai imposait aux bandouliers l’obligation d’opérer en brigades, sous la direction d’exempts responsables qui livraient leurs prises aux commissaires dont le rapport adressé au lieutenant de police décidait du sort des individus. Garanties illusoires, les arrestations se multiplièrent et d'arbitraire fut sans bornes. « Le Roi, lit-on dans le Journal de Buvat, accorda à la Compagnie la permission de prendre des jeunes gens des deux sexes qui s’élèvent dans les hôpitaux de Bicêtre, de la Pitié, de l’Hôpital-Général et des Enfants trouvés et les autres jeunes gens qu’on y avait renfermés ; la Compagnie ayant représenté que les filles débauchées qu’on avait transportées à Mississipi et dans les autres colonies françaises y avaient causé beaucoup de désordre par leur libertinage et par des maladies qu’elles y avaient communiqué, ce[ci] avait causé beaucoup de préjudice au commerce et à la Compagnie[63]. » On avait compté sur un recrutement de quatre mille individus et c’est encore Buvat qui nous fait assister au départ de ces sinistres convois : un jour cinq cents jeunes gens des deux sexes partent de Bicêtre et de la Salpêtrière à destination de La Rochelle. « Les filles étaient dans des charrettes et les garçons allaient à. pied avec une escorte de trente-deux archers[64]. » A La Rochelle « les cent cinquante filles envoyées de Paris se jetèrent comme des furies sur les archers, leur arrachant les cheveux, les mordant et leur donnant des coups de poing », ceux-ci pour se défendre abattirent à coups de fusils six de ces malheureuses, en blessèrent douze et les autres terrifiées, se laissèrent embarquer[65]. Un autre jour on voit « partir trente charrettes remplies de demoiselles de moyenne vertu, ayant toutes la tête ornée de fontanges de rubans de couleur jonquille, et un pareil nombre de garçons ayant des cocardes de pareille couleur à leurs chapeaux et allant à pied. Les donzelles en traversant Paris chantaient comme des gens sans souci, et appelaient par leur nom ceux qu’elles [reconnaissaient] sans épargner les petits-collets, en les invitant au voyage à Mississipi[66] » ; un autre jour, une chaîne de trois cents filles et autant de jeunes garçons[67] s’ébranle au cœur de l’hiver pour ce hideux voyage qui soulève le dégoût de ceux-là même qui, par orgueil, ignorent les souffrances des humbles et des petits. Saint-Simon ne peut se retenir d’avouer qu’« on s’y prit à Paris et partout ailleurs avec tant de violence et tant de friponnerie que cela excita de grands murmures. On n’avait pas eu le moindre soin de pourvoir à la subsistance de tant de malheureux sur les chemins, ni même dans les lieux destinés à leur embarquement ; on les enfermait les nuits dans des granges sans leur donner à manger, et dans les fossés des lieux où il s'en trouvait, d’où ils ne pussent sortir. Ils faisaient des cris qui excitaient la pitié et l’indignation, mais les aumônes n’y pouvant suffire, moins encore le peu que les conducteurs leur donnaient, en fit mourir partout un nombre effroyable. Cette inhumanité, jointe à la barbarie des conducteurs, à une violence d’espèce jusqu’alors inconnue, et à la friponnerie d’enlèvement de gens qui n’étaient point de la qualité prescrite, mais dont on se voulait défaire, en disant le mot à l’oreille et en mettant de l’argent dans la main des préposés, les bruits s’en élevèrent avec tant de fracas, et avec des termes et des tons si imposants qu’on trouva que la chose ne se pouvait plus soutenir. Il s’en était embarqué quelques troupes qui ne furent guère mieux traitées dans la traversée[68]. »

 

Les mariages

A ce ramassis sans nom, pourri de vices et de maladies, Law eut la pensée diabolique de mélanger des. vierges élevées parmi les douces et modestes occupations de la vie religieuse. On le vit se rendre à la Salpêtrière et demander aux sœurs un certain nombre de jeunes filles élevées dans cette maison, un nombre égal de jeunes gens qu’il marierait en leur donnant une dot. l’hôpital recevrait un million en dédommagement du profit que lui valait le travail de ces jeunes victimes[69] ; on ne sait si le marché monstrueux fut conclu, mais quelques jours plus tard, de bon matin « on maria dans l’église du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, à Paris, cent quatre-vingts filles avec autant de garçons, qu’on avait tirés de la prison de ce prieuré et d’autres prisons de la ville, ayant laissé la liberté à ces pauvres filles de choisir leurs époux dans un plus grand nombre de garçons. Après laquelle cérémonie on les fit partir liés d’une petite chaîne deux à deux, le mari avec sa femme, suivis de trois charrettes chargées de leurs hardes[70]. »

 

Fin des méthodes arbitraires

Enfin, au mois de mai 1720, un arrêt du Conseil supprima l’envoi à la Louisiane des vagabonds et gens sans aveu, révoquant tous ordres contraires donnés à cet égard, et affectant ceux qu’ils concernaient aux autres colonies françaises[71]. En conséquence, quantité de « Mississipiens » arrivés déjà à Hennebont, Port-Louis ou Belle-Isle, furent dirigés sur Nantes et Bordeaux pour être embarqués sur les navires à destination des Antilles[72]. Misérables débris dont la Louisiane n’avait pas à regretter la perte, la plupart n’était que des « polissons ramassés aux coins des rues », propres seulement « à mettre la peste » dans le pays auquel on les envoyait[73]. Les envois de déportes allaient donc, cesser à partir de l’été de 1720. Un instant, il est vrai, on songea dans les conseils à reléguer à la Louisiane les protestants du Midi, mais l’intervention de l’ambassadeur d’Angleterre fit bientôt renoncer à ce projet[74]. « Pour le peuplement de la colonie, il n’y avait donc plus que l’émigration volontaire, et aux nouvelles de là-bas celle-ci n’allait pas tarder à s’arrêter tout à fait[75]. »

 

Situation pitoyable de la colonie

La Compagnie avait cherché à justifier les espérances fondées sur la Louisiane. Son principal effort avait été dirigé sur la vallée du Mississipi, et le choix de la future capitale avait été fixé sur les bords du grand fleuve ; on lui donnait le nom de Nouvelle-Orléans, dès 1717. L’année suivante, bon nombre de concessionnaires étaient dirigés vers ce centre. Tous étaient invités à s’attacher de préférence à la culture du tabac et à celle du riz, l’élevage des vers à soie était vivement recommandé. A cette date, printemps de 1718, le retour du gouverneur Bienville permettait d’entrevoir une ère de prospérité, si on parvenait à découvrir un port commode et stable. Mais ce port restait, à trouver comme beaucoup d’autres choses. Le 25 août 1718 trois bâtiments apportaient trois cents passagers[76] et Bienville se réjouissait de « ce grand envoi d’habitants, sans contredit le plus beau du monde et le plus avantageux pour la colonie[77] » ; mais faute de bateaux on ne pouvait les conduire sur leurs concessions et faute d’ouvriers on ne pouvait construire les bateaux. Pendant que les concessionnaires se morfondaient et consommaient leurs vivres dans l’oisiveté, sept ou huit mauvais charpentiers construisirent tant bien que mal quelques bateaux[78] et les concessionnaires partent vers la fin d’octobre[79] dénués de tout, même des médicaments indispensables et vont chercher la mort qui ne les épargne pas.

L’hiver 1718-1719 s’écoule sans voir arriver un navire et la colonie s’achemine vers une ruine complète ; les habitants et la troupe vivent de blé gâté[80]. Ce n’est que le 17 mars 1719 que le Comte de Toulouse vient mouiller devant l’île Dauphiné[81], amenant des soldats, des ouvriers en tabacs et quelques petites concessions, en tout cent cinquante-deux personnes[82], peu de vivres et de marchandises. En avril 1719, on ne comptait pas plus de quatre maisons à Nouvelle-Orléans[83] ; au lieu de se mettre à la culture, les habitants se livraient uniquement à la traite avec les sauvages[84] et leur indigence était telle, qu’au rapport de Bienville, il n’y en avait pas dix capables d’acheter les nègres dont l’envoi était annoncé[85]. Sur ces entrefaites, éclatait la guerre entre la France et l’Espagne qui allait aggraver une situation difficile, à l’heure même où les premiers convois de déportés quittaient, la Rochelle amenant « quantité de gens inutiles, qui n’avaient jamais travaillé la terre[86] ». Ce chétif établissement du Mississipi dont l’Europe entendait des merveilles était jalousé par les Espagnols et Philippe V n’y songeait que pour en procurer la ruine[87]. Sa destruction fut le but assigné aux uns comme la prise de la Havane et de Lima furent les projets conçus par les autres[88]. Puisque les Compagnies n’avaient pu découvrir un port, il lui devenait facile de s’emparer de celui de Pensacola réputé « le plus beau, le plus grand et le meilleur de toute l’Amérique[89] ». Ce n’était qu’un fort de pieux, défendu par une garnison misérable.

 

Prise et perte du port de Pensacola

Le 20 avril 1719, Bienville eut connaissance de la déclaration de guerre faite par la France à l’Espagne et reçut en même temps l’ordre d’enlever Pensacola[90]. Le 12 mai suivant une petite escadre française composée de trois frégates et un brigantin appareilla de l’île Dauphiné emportant cent soixante-six officiers et soldats et quarante-cinq volontaires commandés par Sérigny, frère de Bienville. Celui-ci suivait avec quatre chaloupes montées par quatre-vingts soldats ou habitants. Enfin, le long de la côte s’avançait Châteaugué conduisant soixante hommes et quelques centaines de sauvages[91]. Le 13, l’escadre était en vue à Pensacola ; le 14 à la pointe du jour, Bienville enlevait sans coup férir une batterie qui commandait l’entrée de la rade et le Philippe, le Maréchal de Villars et le Comte de Toulouse y pénétrant ensemble dirigeaient sur le fort un feu si vif que le commandant entrait aussitôt en négociations et remettait la place le lendemain[92]. La capitulation était à peine signée que cinquante-six hommes désertèrent à la fois, onze autres se sauvaient en pirogue et presque tout le reste de la garnison complotait de gagner la Vera-Cruz sur un brigantin. Pendant ce temps deux de nos frégates emportaient les Espagnols prisonniers à la Havane ; à peine arrivés, ils virent arriver sur eux toute une flotte, l’escadre destinée à la Caroline. La loyauté traditionnelle du peuple espagnol se révélait une fois de plus dans cet épisode. Nos frégates furent envahies, pillées, les équipages maltraités, la capitulation violée[93] et bientôt les deux bâtiments et leurs équipages espagnols renforcés de quelques autres, portant la garnison de la Havane et de nombreux volontaires[94] mirent 5 la voile pour Pensacola concertant sa marche avec celle de l’amiral Cornejo. Le 6 août, l’escadre de la Havane arrivait devant Pensacola qui succomba le lendemain. Cinquante des nôtres désertèrent, les autres refusaient de se battre, Châteaugué capitula. Ses officiers et lui furent envoyés en Espagne, les soldats souillés par une trahison s’engagèrent parmi les troupes d’Espagne[95].

 

Reprise de Pensacola

Maîtres de Pensacola, les Espagnols projetaient une attaque prochaine et décisive des autres postes français[96]. Tout se passa en bravades, en essais de débarquements tout de suite abandonnés et après dix jours l’escadre espagnole regagna Pensacola. La situation de la colonie, toutefois, n’était pas améliorée. Le gouverneur était contraint de renvoyer les contingents sauvages qu’il appelait « les seules forces » de la colonie[97] et de remettre le sort de la Louisiane à un ramassis de gredins dont on ne savait que trop de quoi ils étaient capables. Sur ces entrefaites, le 1er septembre, une escadre composée de l’Hercule, le Mars, le Triton, la frégate l’Union et la flûte Marie, sous le commandement de M. de Champmeslin, parut devant l’île Dauphine[98]. Le 5, un conseil de guerre décida de tenter immédiatement la reprise de Pensacola. Le 13, on appareilla, le 16 la petite escadre française mouilla devant Pensacola, le 17 elle franchit la barre et se mit en ordre de bataille dans la rade. La flotte espagnole se composait du Maréchal de Villars et du Comte de Toulouse pris en violation de la parole donnée, du Saint-Louis frégate trouvée à Pensacola, d’une autre frégate et de sept bélandres. Après une vive canonnade qui dura deux heures et demie, les marins espagnols, naturellement, amenèrent leurs pavillons. Un détachement débarqua pour attaquer le fort de l’île Saint-Rose, dont le gouverneur vint à sa rencontre tenant les clefs ; le fort principal se rendit à discrétion. Quelques braves avaient payé de leur vie cette victoire qui coûtait aux Espagnols beaucoup de tués, de blessés, et plus de douze cents prisonniers[99]. Pensacola eut été trop coûteux à occuper en force, on rasa le fort de l’île Saint-Rose, on ne garda que deux bastions du fort principal surveillés par un officier et quelques soldats.

 

Mesures administratives

On s’attendait à un retour offensif des Espagnols, mais l’amiral de cette nation tenait la prudence en haute estime, il se tint coi et, même, se retira à la Havane[100]. Cependant l’escadre de Champmeslin était durement éprouvée par la peste ; elle dut repartir pour la France le 9 novembre, suivie des bateaux de la Compagnie des Indes. La Colonie semblait avoir reçu, le coup de grâce et n’attendre plus que l’instant de sa ruine définitive. « Tout est dans le désordre et la misère » écrivaient les directeurs en octobre 1719[101]. L’insécurité résultant de l’état de guerre avec l’Espagne, ne permettait pas de transporter les colons sur leurs concessions et l’encombrement imposait aux soldats et aux commis un service et travail plus assidus, sans qu’il fût possible de faire droit à leurs exigences, aussi vivait-on sous la menace du pillage des magasins[102]. Et c’était le moment choisi pour opérer le transfert du principal comptoir de la colonie de l’île Dauphine à l’île aux Vaisseaux, plage sablonneuse et aride, entourée de marécages aux exhalaisons pestilentielles et dont les navires ne pouvaient approcher «à plus de cinq grandes lieues[103]. Pour y parvenir, force était de changer plusieurs fois de bateaux, dans des passes encombrées de bancs de sable où les pilotes les plus expérimentés s’échouaient à chaque instant, et enfin de se mettre à l’eau à quelque cent pas du rivage[104].

 

Misère croissante

Au début de l’année 1720 l’abandon de l’île Dauphine était un fait accompli et dès le mois de février les débarquements de malfaiteurs, d’engagés, de soldats amenaient des renforts qu’on n’avait pas de quoi nourrir[105]. De France, on envoyait des bouches à nourrir, mais on se gardait bien d’envoyer vivres et marchandises qu’on ne parvenait à acquérir qu’à des prix exorbitants. Un membre du conseil s’embarqua afin de venir exposer aux directeurs dans quels embarras on jetait la colonie acculée à la perspective de la famine générale[106]. Pour combler la mesure des maux, un incendie détruisait le 1er octobre, avec la plupart des baraques où végétaient concessionnaires et nouveaux arrivés, tous les entrepôts[107]. Soldats et ouvriers de la Compagnie allèrent chercher chez les sauvages quelques moyens d’existence ; quant aux concessionnaires ils se trouvaient réduits à vivre de quelques herbes et de coquillages[108]. En quelques jours une seule concession, celle de Sainte-Catherine, vit périr quatre-vingt-dix engagés[109]. Nourris de manière insuffisante, réduits à boire des eaux puantes et bourbeuses[110], respirant tous les miasmes d’un climat malsain et brûlant, les concessionnaires, pour comble de maux, voyaient arriver parmi eux tous les forbans, tous les coquins que la France repoussait loin d’elle.

Ces déportés qu’on a vu s’acheminer par « chaînes » vers la Rochelle ne s’embarquaient que pour trouver un traitement plus intolérable encore, à peine nourris, roués de coups de cordes quand ils embarrassaient sur le pont où se trompaient dans quelque manœuvre[111], ces misérables débarquaient presque tous malades et languissants. À peine débarqués, ils échappaient à cette discipline, vivaient dans la fainéantise, et devenaient si menaçants que, pour les apaiser, les directeurs leur abandonnaient les magasins destinés aux concessions. Chaque jour la situation s’aggravait.

La Compagnie redoublait ses soins afin de cacher au public cet affreux gâchis, elle interceptait avec grand soin les lettres à destination de la France où, néanmoins, la vérité commençait à se faire jour[112]. A Paris, le rêve de la Louisiane et le prestige du Mississipi commençait à n’apparaître plus que comme un cauchemar, et l’opinion se vengeait de son engouement insensé par une injustice non moins folle. Pendant qu’elle s’en prenait à Law de l’échec de cette entreprise le Régent imputait l’insuccès à Bienville, lui supprimait les récompenses promises et songeait à le révoquer si la Compagnie n’avait pris sa défense[113]. En septembre 1720, la colonie reçut un intendant, Duvergier, sous le titre de commissaire-ordonnateur[114], ayant autorité sur les directeurs, obligeant le gouverneur même à compter avec lui. La Compagnie traçait à son représentant tout un programme, mais à cette date le Système succombait et la colonie allait être entraînée dans sa chute[115].

 

 

 



[1] Dernis, Recueil ou collection des titres, édits, déclarations, arrêts, règlements et autres pièces concernant la Compagnie des Indes orientales, in-4°, Paris, t. III, p. 129-138.

[2] Nouveau Mercure, n° de septembre 1717 ; De Bonrepos, Description du Mississipi, écrite de Mississipi en France à Mlle D***, in-18, Paris, 1720.

[3] P.-E. Lémontey, Histoire de la Régence, 1832, t. I, p. 305-306.

[4] Bibl. de l’Arsenal, Arch. de la Bastille, 10,631 : dossier La Mothe Cadillac.

[5] Arch. des Colonies, C13, Louisiane : Correspondance générale, reg. V. 46-48 : Hubert au Conseil de Marine, 26 octobre 1717.

[6] Ibid., fol. 48-49 et 51-52 ; voir un mémoire au même Conseil reçu le 21 juin 1718, ibid., fol. 129-180.

[7] Arch. des Colonies, B, Ordres du Roi et dépêches concernant les Colonies, reg. XLII, bis, 83-85 ; reg. XXXIX, 450.

[8] Arch. des Colonies, B, reg. XLII, bis, 233 ; règlement de le Compagnie d’Occident, du 23 avril 1718 ; sur la régie de la Colonie de la Louisiane.

[9] Arch. des Colonies, B, reg. XLII, bis, 235-236.

[10] Arch. des Colonies, C13, reg. V, 105 : Mémoire de « la Compagnie de la Louisiane » au Conseil de la Marine, 5 juillet 1717.

[11] Arch. des Colonies, C13, reg. V, 13-14 : Mémoire réclame sur la Louisiane, lancé après rétablissement de la Compagnie d’Occident.

[12] Arch. des Colonies, B, reg. XLII, bis, 236-237 : ordonnance de la Compagnie du 14 avril 1718.

[13] Arch. des Aff. Etrang., Amérique, Mémoires et documents, t. I, fol. 82-83 : Journal du directeur Le Gac ; Margry, Mémoires et documents pour servir à l’histoire des origines françaises des pays d’Outre-Mer, Paris, 1879-1888, t. V, p. 255 : relation de Perricaut. Dès 1710 on signale des départs de « beaucoup d’ouvriers aux appointements du Roi pour la Louisiane et le Mississipi ». Ce mouvement ne se soutint pas. Gazette de la Régence, p. 119 ; 2 octobre 1716.

[14] Arch. des Colonies, B, reg. XLII, bis, 252.

[15] Arch. des Colonies, G, État civil, G1, 464 : Recensements, passagers.

[16] Relations de la Louisiane et du fleuve Mississipi, in-12, Amsterdam, 1720, t. II, p. 77-79.

[17] Arch. de la Marine (aujourd’hui aux Arch. nat.), B2, Dépêches de la marine de Ponant, reg. CCXLII, fol. 211.

[18] Arch. de la Marine (d°) B1. Délibération du Conseil de Marine, reg. XXIX, fol. 219, 231, 317.

[19] Bibl. de l’Arsenal, Arch. de la Bastille, carton 12683, octobre 1718, Etats ; carton 12700 : Départ de la chaîne pour la Louisiane et Cayenne.

[20] Nouveau Mercure, n° de décembre 1718, p. 90, préambule de l’ordonnance royale du 10 novembre 1718 contre les vagabonds et gens sans aveu.

[21] Ibid., p. 91.

[22] Relations de la Louisiane et de fleuve Mississipi, t. II, p. 106 : préambule de la déclaration du 8 janvier 1719.

[23] Ibid., t. II, p. 106-112.

[24] Ibid., t. II, p. 112-115.

[25] Nouveau Mercure, n° de février 1719, p. 140.

[26] Bibl. de l’Arsenal, Arch. de la Bastille, 12.708 : départ de la chaîne pour la Louisiane et Cayenne.

[27] Ibid.

[28] Ibid.

[29] Arch. des Colonies, B, reg. XLI, 2-4.

[30] Dernis, Recueil, t. III, p.216-218 : arrêt du Conseil, du 9 mai 1719.

[31] Dernis, Recueil, t. III, p. 220-228 ; le 26 mai 1719.

[32] Arch. des Colonies, B, reg. XLI, fol. 95-96 : arrêt du Conseil du 4 juin 1719.

[33] Arch. des Colonies, B, reg. XLII, fol. 394 ; le 10 septembre 1720.

[34] P. Heinrich, La Louisiane sous la Compagnie des Indes, 1717-1731, in-8°, Paris, s. d. [1908], p. 28.

[35] Law, Mémoire justificatif au duc de Bourbon (1724), dans Daire, Collection des principaux économistes, t. I, p. 643.

[36] J. Buvat, Journal, t. I, p. 363, parle d’un massacre de quinze cents Français par les Sauvages au Mississipi.

[37] Buvat, Journal, t. I, p. 386.

[38] Law, Mémoire justificatif, dans Daire, op. cit., t. I, p. 643 ; Nouveau Mercure, n° de septembre 1719, p. 203.

[39] Arch. des Colonies, C2, Compagnie des Indes orientales. Administration en France, reg. XV, fol. 36 ; G1, 464. Recensements, passagers, pièces nos 21, 37, 44, 46, 47 ; et G1, 465. Dossiers relatifs aux concessions, n° 4.

[40] Law, Mémoires justificatif, dans Daire, op. cit., t. I, p. 643.

[41] Arch. des Colonies, G1, 465 : Mémoires relatifs aux concessionnaires de Sainte-Catherine et de Sainte-Reyne.

[42] Arch. des Colonies, C2 reg. XV, fol. 155 : lettre du directeur de la Compagnie à Lorient, 24 mars 1721.

[43] Arch. des Colonies, G1, 464 : n° 21, 44 à 47.

[44] Maurepas, Chansonnier historique du XVIIe siècle, édit. Raunié, t. III, p. 132-135.

[45] Bibl. de l’Arsenal, Arch. de.la Bastille, cart., 10.656, doss. Bidault et Deschamp ; cart. 10.670, doss. Morin ; cart. 10.671, doss. Petit ; cart 10.674, doss. de Soutemoutier.

[46] Bibl. de l'Arsenal, Arch. de la Bastille, cart. 10.660, doss. Girard ; cart. 10.666, doss. Levesque.

[47] Bibl. de l’Arsenal, Arch. de la Bastille, cart. 10.672, doss. Platé.

[48] Bibl. de l'Arsenal, Arch. de la Bastille, cart. 10.640, doss. Clermont, Goix.

[49] Bibl.de l'Arsenal, Arch. de la Bastille, cart. 10.666, doss. Letellier.

[50] Bibl.de l'Arsenal, Arch.de la Bastille, cart. 10.652, doss. Baron.

[51] Nouveau Mercure, n° de mars 1720. p. 82-83.

[52] E. Le Vasseur, Law et son système jugés par un contemporain [Pichon], dans Compte-rendu de l'Acad. des sc. mor. et polit., 1909, t. CLXXI, p. 492, note 1.

[53] J. Buvat, Journal, t. II, p. 87 ; Duhautchamp, Histoire du système des finances, in-12, La Haye, 1739, t. III, p. 136-137.

[54] Bibl. de l’Arsenal, Arch. de la Bastille, cart. 10.701, doss. Dukry ; cart. 10.713, doss. Chameau, Gio, Pariset.

[55] M. Caumartin de Boissy à Mme de Balleroy, 13 mai 1720, dans Les correspondants de la marquise de Balleroy, t. II, p. 160.

[56] Bibl. de l’Arsenal. Arch. de la Bastille, cart. 10.713, doss. Delaunay ; voir J. Buvat, Journal, t. II, p. 77-78.

[57] E. Le Vasseur, op. cit., p. 492, note 1.

[58] M. Caumartin de Boissy, op. cit., p. 160 ; Duhautchamp, op. cit., t. III, p. 136-137.

[59] J. Buvat, Journal, t. II, p. 87-93, 96-97.

[60] J. Buvat, Journal, t. II, p. 77-78 ; Duhautchamp, op. cit., t. III, p. 136-137.

[61] Bibl. de l’Arsenal, Arch. de la Bastille, cart. 10.709, doss. Guillard.

[62] M. de Balleroy à sa femme, 27 octobre 1717, dans Les Correspondants, t. I, p. 217. P. Narbonne, Journal des règnes de Louis XIV, Louis XV, édit. J.-A. Le Roi, in-8°, Versailles, 1866, p. 409-411.

[63] J. Buvat, Journal, t. I, p. 386-387 ; mai 1719.

[64] J. Buvat, Journal, t. I, p. 422 ; août 1719.

[65] J. Buvat, Journal, t. I, p. 426 ; septembre 1719.

[66] J. Buvat, Journal, t. I, p. 441 ; octobre 1719.

[67] J. Buvat, Journal, t. I, p. 465 ; novembre 1719.

[68] Saint-Simon, Mémoires, édit. Chéruel et Régnier, t. XVII, p. 61.

[69] J. Buvat, Journal, t. I, p. 434.

[70] J. Buvat, Journal, t. I, p.438 ; 18 septembre 1719.

[71] Nouveau Mercure, n° de mai 1720, p. 81.

[72] Voir les ordres du Roi des 25 juin et 15 juillet 1720, et les lettres du commissaire ordonnateur de Nantes au Conseil de Marine des 2 juillet et 12 octobre suivant. Arch. des Colonies, B, reg. XLII, 537-538 et 548-549 ; Arch. de la Marine, B3 : Lettres reçues. Ponant, reg. CCLXIV, fol. 307-308 et 408-409.

[73] Arch. de la Marine, B9, reg. CCLXIV, fol. 208-209 : De Ricouart, commissaire à Nantes, au Conseil de Marine, 12 octobre 1720.

[74] Arch. des Colonies, B, reg. XLII, 525 : Le Conseil de Marine au Commissaire de la Rochelle, 25 juin 1720.

[75] P. Heinrich, La Louisiane sous la Compagnie des Indes, p. 36-37.

[76] Arch. des Aff. Etrang., Amérique, Mémoires et Documents, I, fol. 84 ; Journal de Le Gac ; voir P. Heinrich, op. cit., p. 18, note 2.

[77] Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 163-164 : Bienville au Conseil de Marine, 25 septembre 1718.

[78] Arch. des Colonies, C13, reg. p. 164 : Bienville au Conseil de la Marine, 25 septembre 1718.

[79] Arch. des Aff. Etrang., Amérique, Mémoires et Documents, I, fol. 84. Journal de Le Gac.

[80] Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 331 ; Arch. des Aff. Etrang., Amérique, Mémoires et Documents, I, fol. 85, Journal de Le Gac.

[81] Arch. des Aff. Etrang., Amérique, loc. cit.

[82] Arch. des Colonies, G1, 464, n° 6.

[83] Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 203 : Bienville et de Larcebault à la Compagnie, 15 avril 1719.

[84] Arch. des Colonies, C13, reg. V ; p. 208 : Bienville et de Larcebault aux directeurs de la Compagnie, avril 1719.

[85] Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 2.1 : Les mêmes aux mêmes, 18 juin1719.

[86] Arch. des Aff. Etrang., Amérique, Mémoires et Documents, I, fol. 87-93. Journal de Le Gac.

[87] Arch. de la Marine, B1, reg. L. fol. 198-199.

[88] Arch. des Aff. Etrang., Amérique, Mémoires et documents, t. VII, 203-206, 225-327.

[89] Arch. des Colonies, Amérique du Nord, Postes de la Louisiane, 1699-1724, fol. 117 : lettre du missionnaire Le Maire, janvier 1714.

[90] Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 274.

[91] Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 211, 274 ; F3, collect. Moreau de Saint-Méry, reg. XXIV, fol. 109.

[92] Arch. des Colonies, F3, reg. XXIV, fol. 109-110 ; Nouveau Mercure, n° d’octobre 1719, p. 163-164 ; Relation de la prise de Pensacola par les Français.

[93] Arch. des Colonies, F3, reg. XXIV, fol.115 : Rapport de Sérigny, 26 octobre 1719 ; Arch. de la Marine, B1, reg. LII. fol.75 ; B1, reg. CCLVIII, fol.19-20.

[94] Rapport de Sérigny et le P. de Charlevoix, Histoire et description générale de la Nouvelle-France, in-12, Paris, 1744, t. IV, p.204-205.

[95] Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 273-275 : Rapport de Bienville, 20octobre 1719 ; Châteaugué à Bienville, 9 août 1719 ; Charlevoix. op. cit., t. IV, p. 206-207.

[96] Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 312-313.

[97] Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 277 et F3 reg. XXIV, fol.119-120 ; rapports de Bienville et de Sérigny, 20 et 26 octobre 1719.

[98] Arch. des Colonies, C13 reg. V, p. 278 et F3, reg. XXIV, fol. 120.

[99] Ibid., p. 279 et fol. 122, 123 ; Arch. de la Marine, B1, reg. L, p. 169, 176 : Arch. des Aff. Etrang., Amérique, Mémoires et Documents, t. I, fol. 95.

[100] Arch. des Colonies, C13, reg. VI, p. 6 : Bienville au Conseil de Marine, 28 avril 1720.

[101] Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 212.

[102] Ibid., p. 345-348 : Délibération du Conseil assemblé à l’île Dauphine en 1719.

[103] Le Page du Pratz, Histoire de la Louisiane, 1758, t. I, p. 196.

[104] P. Heinrich, op.cit., p. 38.

[105] Arch. des Aff. Etrang., Amérique, Mémoires et Documents, t. I, fol. 96. Journal de Le Gac.

[106] Ibid., fol. 96-101 ; Arch. des Colonies, C13, reg. V, p. 359-360 ; reg. VI, p. 143 : Délibérations du Conseil de Régie, 14 avril et 20 novembre 1720.

[107] Ibid., fol. 102, Journal de Le Gac.

[108] Le Page de Pratz, op. cit., t. I, p. 170 ; Mémoires historiques sur la Louisiane, t. I, p. 41-42.

[109] Archives des Colonies, G1 465 : Mémoire du directeur Dumanoir, 1731.

[110] Archives hydrographiques de la Marine, carton LXVII2, cahier 5, pièce n° 2.

[111] Arch. des Colonies, C13, reg. VI, fol. 121, 126 : Le Blond de la Tour aux directeurs, 8 janvier et 9 décembre 1721.

[112] Le Page de Pratz, op. cit., t. I, p. 166.

[113] Arch. des Colonies, C13, reg. VI, fol. 167-168, 173 : Bienville au Conseil de Marine et au duc d’Orléans, 20 juillet, 8 août, 1721.

[114] Arch. des Colonies, B, reg. XLII, bis, 355-357.

[115] Rendue responsable de la gestion, la Compagnie des Indes vit, le 7 avril 1721, ses privilèges annulés, ses pouvoirs suspendus et quatre commissaires nommés pour dresser procès-verbal de ses registres, papiers, effets et prendre en main la conduite de ses affaires. Le 15, les quatre commissaires entraient en fonctions ; la Compagnie était dépossédée.