Dubois arrive à la Haye. — Il fait épier l'arrivée de Georges Ier. — Son billet à Stanhope. — Leur première entrevue. — Justification de la politique du Régent. — Stanhope fait le jeu de Dubois. — La discussion commence. —Impressions de Dubois et de Stanhope. — Deuxième entretien. — Impressions de Stanhope. — Conférence le 22. — Lettre du Régent à Stanhope. —Entretiens de Dubois et de Stanhope. — Lettre à lord Townshend. — Conséquences de la politique nouvelle. — Opinion du cabinet anglais. — Opinion, de lord Stanhope. —‘Craintes inspirées par M. de Châteauneuf. — Dubois fait adopter sa politique. — Ses instructions. — Dubois annonce son arrivée à Stanhope. — Départ et voyage. — Arrivée à Hanovre.Dubois arrive à la HayeLe jeudi 2 juillet 1716, l’abbé Dubois déguisé, grimé, son Dubois fin « museau de fouine » pointant à peine hors des boucles d’une à énorme perruque, quitta Paris avec son secrétaire Sourdeval[1]. Des espions, mis en éveil par ses allures, l’avaient filé et suivirent sa chaise de poste ; avant d’arriver à la frontière, il les dépista[2], traversa les Pays-Bas, Bruxelles et Anvers, sans débrider, et le 5, à la tombée du jour[3], entra à la Haye et se jeta dans une auberge « avec des dispositions merveilleuses, raconte-t-il, presque les seules infaillibles pour ne faire aucune sottise dans l’exécution des ordres, c’est-à-dire avec tant de fièvre et une toux si violente qu’il n’y avait aucune apparence qu’il pût de longtemps ni agir, ni parler, ni se présenter nulle part[4]. » Dès le lendemain cependant, l’abbé envoya un billet à M. de Châteauneuf, notre ambassadeur en Hollande, pour lui annoncer sa présence et son désir de le rencontrer. Le 7, de bon matin, Dubois était sur pied. Dans l’auberge remplie d’Allemands, il s’était fait inscrire sous le nom de chevalier de Saint-Albin[5] et personne n’avait soupçonné son incognito, mais il était plus périlleux de s’exposer aux curiosités du personnel de l’ambassade. L’abbé se risqua d’abord à la chapelle française, et fut pris à la gorge par l’atmosphère du lieu. Une quinte de toux à cette saison de l’année attire toujours plus ou moins l’attention, Dubois écourta sa prière et vint au grand air. Tout en flânant, il se dirigea vers les communs de l’ambassade, regarda étriller les chevaux, la conversation avec les palefreniers. L’ambassadeur survient — il venait chaque jour caresser ses chevaux au sortir de la messe — Dubois loue et critique en maquignon, les deux hommes discutent et s’écartent sans provoquer le soupçon[6]. Le lendemain, deuxième entrevue au même lieu ; le 9, nouvelle rencontre, et cette fois dans le cabinet de l’ambassadeur. Entre temps, Dubois n’oublie pas la mise en scène destinée à donner le change sur ses desseins, il achète des livres d’occasion, rassemble des catalogues de vente, s’informe du prix des objets d’art, rachète une précieuse série de tableaux du Poussin, les Sept Sacrements que des marchands juifs avaient fait sortir de France, où il les renvoie aussitôt. Il fait épier l’arrivée de Georges IerTout cela n’était qu’amusettes. L’abbé était venu se mettre sur le chemin du roi d’Angleterre dont nul, pas même l’ambassadeur de France, ne savait la date et le lieu du débarquement ; les ministres anglais assuraient que le voyage ne se ferait pas et les ministres hanovriens le déclaraient indispensable aux affaires et à la santé du Roi[7]. Cependant, le 20 juillet, Georges Ier débarqua à Helvœtsluis, aux bouches de la Meuse, accompagné du seul Stanhope et de quelques valets ; le soir du même jour il couchait à la Haye chez son ambassadeur Horace Walpole. Le secret absolu dont s’entourait ce voyage permit à Georges de se dérober à la visite et aux compliments de l’ambassadeur de France, mais toutes ses précautions avaient été éventées par Dubois. Dès le 15 juillet, celui-ci avait posé deux mouches, — c’est son expression — devant les maisons des ministres anglais « avec ordre de rester jour et nuit et de l’avertir dans le moment que l’un d’eux partirait dans un carrosse à six ou quatre chevaux, ne pouvant pas douter que dans la crise présente ce serait pour aller au débarquement du Roi », car, ajoutait l’abbé, « je compris que, si je manquais ce moment, je n’avais qu'à m’en retourner avec la seule consolation d’avoir eu bonne intention et d’avoir pris beaucoup de peine inutile ». Outre ses mouches, Dubois posta des groupes de deux sentinelles bien montées aux divers endroits où, vraisemblablement, débarquerait le roi d’Angleterre, « avec un billet à chacun de ces courriers pour milord Stanhope[8]. » La rédaction de ces billets, qui devaient tout engager et qui pouvaient tout rompre, tourmenta l’abbé qui essaya sept rédactions différentes[9], pour s’en tenir, finalement, à celle-ci : Son billet à Stanhope« Je n’ai pu résister, Milord, à la tentation de profiter de votre passage par la Hollande pour avoir l'honneur de vous embrasser. Je suis à la Haye à l’insu de tout le monde et entièrement inconnu ; je vous en demande le secret, et je vous supplie de vouloir bien me faire savoir en quel endroit vous jugerez à propos que je me rende, et en quel temps, pour pouvoir vous entretenir librement ; j’espère que vous voudrez bien accorder cette grâce à l’ancienne amitié dont vous m’avez honoré et à l’intérêt sincère que je prends à tout ce qui vous regarde[10]. » Leur première entrevueCe billet parvint à son destinataire qui donna rendez-vous à l’abbé chez Horace Walpole, à la Haye, le lendemain 21 juillet. A huit heures du matin, Dubois attendait’, Stanhope arriva, ils s’embrassèrent et, aussitôt, l’abbé entama un long récit qui des eaux de Valenciennes l’amenait en Hollande à la piste d’une correspondance secrète de Guillaume III et de précieux manuscrits dont la vente était annoncée à Leyde, même il tira de sa poche le catalogue et le fit voir à Stanhope. Tout en furetant il avait retrouvé les Sept Sacrements de Nicolas Poussin et, pour comble de bonheur, son vieil ami survenait comme par hasard. Celui-ci fut-il dupe de cette historiette, peu importe, Dubois allait son chemin, bourrait Stanhope de compliments, s’extasiait de l’honneur qu’il s’était acquis dans le gouvernement d’Angleterre, déplorait le silence qui avait mis fin à la correspondance esquissée par les lettres du 12 mars et du 10 avril. « Je l'ai d’autant plus regretté, glissa-t-il, que j’augure mieux d’une entente cordiale entre les deux nations[11]. » Stanhope espéra encore échapper à une explication : « Vous connaissez, dit-il, mes sentiments à l’égard de Son Altesse Royale et de votre personne, à quoi bon les manifester de nouveau ? » A quoi bon ? Mais à connaître l’affection du Régent qui, instruit d’incidents survenus dans la petite Cour du prince de Galles à Londres, autorisait l’abbé à offrir de sa part à Stanhope s’il s’y trouvait compromis, bons offices, amis, argent, en un mot tout ce qui dépendrait de lui[12]. L’anglais refusa, mais il fut touché. Justification de la politique du RégentDubois reprit de plus belle : « Que je serais heureux, dit-il, de vous voir attacher votre nom à une chose aussi glorieuse qu’un traité entre la France et l’Angleterre. Pour moi, je commencerai à m’estimer quelque chose du jour où il me sera permis de contribuer à la conclusion d’une alliance si désirable pour le bien de l’humanité. « Mais cette alliance, interrompit Stanhope, vous l’avez méprisée lorsqu’on vous l’offrait, vous avez dédaigné la main qui vous était amicalement tendue. Aussi, je le sais, il sera bien difficile de faire revenir Sa Majesté de son irritation contre votre gouvernement, d’autant qu’elle connaît votre conduite lors de nos derniers embarras. —« Notre conduite, mais elle fut toujours correcte ! car, permettez-moi de vous l’affirmer, Son Altesse Royale n’a jamais manqué aux relations de bon voisinage. En croyant le contraire, Sa Majesté Britannique rend bien peu de justice aux véritables intentions de mon maître. Considérez, je vous prie, ce qui s’est passé. Vous savez quels étaient chez nous les sentiments d’un grand nombre, et non des moins considérables ; où allaient leurs sympathies relativement à vos discordes. En de telles conjonctures, n’est-il pas indubitable, qu’en se déclarant avec éclat contre le chevalier de Saint-Georges, le Régent se serait attiré le reproche de manquer de religion et d’humanité, et même pis encore ? Il lui a donc fallu dissimuler pour ne point révolter les nombreux partisans que le Prétendant comptait dans le royaume. Voilà notre seul crime, crime nécessaire et bien pardonnable vous l’avouerez. Mais que nous ayons efficacement favorisé votre ennemi ! non assurément : le dénuement où vous l’avez vu en Écosse le prouve évidemment. Le chevalier de Saint-Georges a traversé la France, il est vrai, mais toujours, on le reconnaîtra dans le plus profond mystère. Il serait donc souverainement injuste d’en conclure que Son Altesse Royale l’ait su et toléré. Daignez, en effet, ne pas oublier, Milord, que les ordres et la surveillance des souverains les plus absolus ne peuvent rien sur certaines choses. Qui fut jamais plus ferme et plus redouté que le feu Roi Louis XIV ? Que de mesures ne prit-il pas pour rendre impossible aux religionnaires la sortie de son royaume ! Et pourtant des milliers de familles franchirent la frontière. Après ce grand exemple, voudrait-on faire un crime à Son Altesse Royale de n’avoir pas empêché l’évasion d’un prince que tous les catholiques plaignaient, que chacun d’eux se croyait tenu de favoriser par principe de conscience ? « Je n’ignore pas que le comte de Stair nous a de mille manières accusés, poursuivis ; mais s’il a vraiment ajouté créance à toutes les rumeurs dont il a rempli ses dépêches, il faut qu’il ait cédé à des préventions bien Etranges. Ne savait-il pas que le Conseil des Affaires Etrangères, dépositaire des plus secrètes résolutions de Son Altesse Royale avait toujours été constant dans le principe que la France ne pouvait se prêter à aucun projet en faveur du Prétendant ? L’échafaudage de ses récriminations calomnieuses tombe donc en poussière dès qu’on le touche du bout des doigts. Milord, mon maître n’a point défavorablement interprété les attaques que vous vous êtes permises contre lui en plein Parlement : il voyait que ce moyen était nécessaire pour tirer des Anglais les secours dont vous aviez besoin. Malgré de telles invectives, Son Altesse Royale a continué de compter sur les nobles sentiments et les bonnes dispositions de lord Stanhope à son endroit ; je ne pense donc pas me montrer trop exigeant en vous demandant d’être aussi équitable envers le Régent de France qu’il a su l’être à votre égard. » Stanhope sentit la pointe et se défendit personnellement, puis revint aux préventions du Roi, qui « après s’être présenté et livré avec une entière confiance, fut frappé au delà de ce que je pourrai vous dire, non seulement de n’avoir pas reçu de Son Altesse Royale, la réciprocité de services qu’il était en droit d’attendre, mais d’avoir vu même la rébellion s’introduire dans ses États par la France, et lever la tête sous les auspices en quelque sorte, du pouvoir qui la gouvernait. Cette sinistre impression n’est pas encore effacée du cœur de Sa Majesté. Aussi, malgré la force réelle de vos réponses, je ne sais comment il me serait possible de les faire agréer des autres membres du cabinet et spécialement de mon maître. Stanhope fait le jeu de Dubois— « Les avances dont vous êtes maintenant le témoin, répliqua Dubois, seraient pourtant de nature à rassurer les plus ombrageux, en les éclairant sur la pureté de nos intentions et la loyauté de nos promesses[13]. » Mais il n’en avait que trop dit sur une affaire que traitaient directement Châteauneuf à la Haye et d’Iberville à Londres. A ce coup, Stanhope ne put se contenir. Il ne le savait que trop, ainsi que ses collègues, le rôle de M. de Châteauneuf qui entravait toute la politique anglaise, l’aheurtait à l’obstination des Hollandais, soustrayait ceux-ci à l’influence de Cadogan et de Walpole. Quel coup de partie s’il pouvait écarter cet obstacle d’un diplomate trop perspicace, et lui substituer le petit abbé si accommodant, l’Anglais vit tout cela dans un éclair et dit vivement : — « Ne savez-vous pas que vous et moi en brasserions plus en une heure qu’il ne s’en croit en six mois dans des conférences officielles ? Le meilleur parti est donc d’étudier ce qui serait le plus avantageux à l’une et à l’autre couronne. — « C’est peut-être vrai, » fit modestement Dubois qui avait joué supérieurement et amené son interlocuteur à offrir ce qu’il était venu lui demander. Ayant en portefeuille un plein pouvoir, il s’empressa de dire : « Je n’ai aucune mission ; je ne suis même qu’imparfaitement instruit de l’état de cette négociation : car il y a longtemps que je suis parti pour les eaux de Saint-Amand. — « Vous en savez assez, riposta Stanhope ; je suis d’ailleurs persuadé que M. le duc d’Orléans ne vous désavouerait pas, si vous trouviez quelque chose de raisonnable[14]. » Mais Dubois tenait à sa trouvaille, se dérobait derrière la situation officielle de Châteauneuf, tout en laissant entrevoir autre chose : « Si la négociation était trop difficile dans des conférences quel autre moyen de mieux faire ? demanda-t-il ». « Prendre et signer le projet que nous avons donné » répliqua Stanhope[15]. « Mais il faut discuter avant de signer » reprit Dubois, et l’entretien recommença : La discussion commence— Une alliance avec vous, dit-il, rien certes de plus désirable pour les deux nations ; mais vraiment l’on peut se demander si elle est possible, tant vos exigences sont excessives, déshonorants pour nous ! Vous nous imposez comme préliminaires de faire passer les Alpes au Prétendant ! Ne voyez-vous pas ce que cette prétention a d’exorbitant ? Naguère, malgré toute l’arrogance de son caractère et l’enivrement que lui causaient les avances de l’Espagne, Cromwell, lorsqu’il traitait avec Louis XIV se montra moins difficile à contenter. Il suffit qu’on lui promit de vive voix l’éloignement de Charles II et du duc d’York. La raison et la justice ne protestent-elles pas d’ailleurs contre l’exécution d’un article de si haute importance, avant même qu’on ait posé les bases du traité futur ; car vous ne pouvez le nier, le renvoi du Prétendant au delà des Alpes est le but principal que vise le roi d’Angleterre en se liant avec nous. Quels cris dans la France entière, si Son Altesse Royale prenait une mesure grave, pénible à la majorité de ses sujets, sans être en état de produire une convention régulière assurant en compensation le maintien du repos public et la paix du royaume ? Pensez-vous encore que l’expulsion d’un vaincu, allié d’aussi près à la maison de France, soit un sacrifice indifférent au cœur de M. le duc d’Orléans ? Lord Stair put en juger lorsqu’il en parla à mon maître et remarqua dans ses yeux et sa contenance combien il en était indigné, votre envoyé crut même devoir aussitôt colorer cette proposition. C’était, dit-il, pure affaire de délicatesse, d’amitié et de sentiment. » Stanhope admit la valeur de ces raisons ; pour sa part, il regardait l’éloignement du Prétendant comme la chose la plus indifférente ; si jamais la France hasardait quelque entreprise contre l’Angleterre, il souhaiterait, pour la faire échouer, que le Prétendant fût à la tête de l’expédition. Mais par le projet que nous avons donné, poursuivit Stanhope, la France sera dans une parfaite sûreté pour la guerre. Pourquoi revenir sur les traités d’Utrecht ? L’abbé n’en convint pas, mais il songeait qu’une alliance où les renonciations ne seraient pas rappelées n’aurait aucune utilité pour le duc d’Orléans. Stanhope le devina et offrit au Régent le concours ultérieur de l’Angleterre à ses projets pour la succession de France, s'il acceptait présentement de conclure[16]. — « Notre jeune Roi, répondit l’abbé, se porte bien, grâce à Dieu, et il nous donnera quelque jour des successeurs. Pourquoi penser à d’autres ? Il ne faut pas faire penser M. le duc d’Orléans à des choses auxquelles il ne pense pas. N’a-t-il pas assez témoigné qu’il ne connaissait d’autre intérêt que celui du Roi et de l’État ? Ne s’est-il pas nettement expliqué avec vous qu’il ne ferait aucun traité qui ne regardât que ses droits particuliers[17] ? » Stanhope dut se sentir embarrassé, il avait rencontré plus rusé que lui-même. Alors il avoua que Georges Ier ne consentirait jamais à garantir la paix d’Utrecht. « La maison d’Autriche, dit-il, a toujours vu la paix d’Utrecht de mauvais œil, et Sa Majesté pense qu’elle ne doit point choquer d’anciens amis pour plaire à des alliés nouveaux et incertains[18]. D’ailleurs, poursuivit-il d’un ton dégagé, le roi d’Angleterre n’a plus rien à craindre tout est soumis et tranquille dans ses royaumes. Mais la France a besoin absolument d’une alliance avec nous pour se garantir d’une guerre civile, et j’ai de bonnes raisons pour assurer que, sans cette précaution, elle est inévitable. — « Vous vous trompez, rétorqua Dubois. S’il pouvait y avoir quelque danger, ce qui n’est pas possible, la douceur et l’équité, de M. le duc d’Orléans suffiraient pour nous mettre à couvert[19]. » Il s’était levé pour prendre congé et dit encore : « Si Son Altesse Royale me fait l’honneur de me demander mon sentiment, je ne pourrai m’empêcher de lui conseiller d’attendre paisiblement que votre maître connaisse mieux les périls de sa position et les avantages qu’il lui serait aisé de tirer d’une étroite concorde avec la France. » Impressions de Dubois et de StanhopeOn annonçait la visite du greffier des États-Généraux, Fagel, l’abbé s'esquiva et courut chez notre ambassadeur. Il récapitula tout ce qu’il venait d’entendre et de dire, pesa les mots, retrouva les intonations et conclut que Stanhope ayant molli sur l'expulsion du Prétendant ne se trouvait donc pas dans un éloignement invincible de traiter avec la France et que son gouvernement n’avait pas d’engagements positifs de ne pas traiter avec nous[20]. L’affaire de Mardyck semblait tenir à cœur au cabinet anglais plus que l’expulsion du Prétendant. De son côté, Stanhope pensait avoir fait merveilles. Ayant promis à Dubois de l’aller voir à son hôtel à neuf heures du soir, il écrivit, avant de s’y rendre, ces quelques lignes au premier ministre lord Townshend :... Le [Grand]-Pensionnaire a fort approuvé la conduite que j’ai tenue... [il] désire vivement que nous entrions en négociations. Il veut espérer que l’intérêt du Régent le rendra sincère. Il m’a prié de revoir l’homme (the man) et de ne pas le renvoyer complètement désespéré (in utter despair). Je lui ai promis d’avoir une nouvelle conversation et même d’entretenir une correspondance avec lui[21]. » Deuxième entretienA neuf heures, Stanhope arriva à l’auberge du Plain, Aux Armes de Nassau, et trouva Dubois entouré de gros livres et bien déterminé à ne parler que d’érudition et de brocantage. Stanhope s’y résigna, mais quand il vit se prolonger la comédie, il sortit du rôle et reprit l’entretien de l’après-midi[22]. Dubois en brûlait d’envie. « Est-ce que l’Angleterre, demanda-t-il, va s’attacher à l’Autriche au point de laisser rompre les traités d’Utrecht ? Que deviendraient alors la garantie de la succession protestante, la renonciation de Philippe V, la barrière des Pays-Bas ? Tout le système politique serait bouleversé. Les Anglais consentiraient-ils à passer pour des incendiaires qui, sans intérêt, auraient de nouveau mis l’Europe en feu[23]. » Dubois, voyant que Stanhope gardait le silence, insista ; il lui demanda s’il avait fait part à son maître des intentions du Régent[24] ? Stanhope se rejeta sur la difficulté de persuader le Roi, mais promit ses bons offices ; critiqua l’initiative française qui avait transféré la négociation en Hollande. Comment y porter remède maintenant que des résolutions avaient été prises en conseil avant rembarquement du Roi, et des ordres donnés en conséquence à la régence d’Angleterre. Pour lui, il ferait tout et ses collègues du ministère aussi, même sans traité : l’Angleterre dépenserait jusqu’à son dernier sol et son dernier homme pour soutenir les droits du Régent à la couronne de France[25]. Quant au Roi, il ne s’aveuglait pas sur ses véritables intérêts. Il était persuadé que rien ne serait plus avantageux à l’Angleterre qu’une alliance étroite avec la France et qu’à sûreté et fidélité égales, elle devrait la préférer à cette de toute autre puissance de l’Europe, puisque la France était la seule qu’elle eût à craindre. Tous les Anglais sages étaient convaincus qu’ils avaient tout à perdre et rien à gagner dans une guerre contre elle. Victorieuse, la nation ne permettrait pas qu’on acceptât rien des conquêtes faites sur la France. Unies ensemble, les deux puissances n’auraient rien à craindre des autres ; elles pourraient maintenir la tranquillité générale et même gouverner l’Europe. Toutes considérations seraient oiseuses, si le gouvernement français s’étudiait à entretenir la défiance dans l'esprit du roi d’Angleterre. Pour détruire les soupçons, il fallait que, sans délai, le duc d’Orléans entamât une correspondance directe et personnelle avec Georges Ier, lui fournît une explication loyale du passé et, surtout, abandonnât formellement la cause du Prétendant. Le succès, à le supposer possible, était à ce prix. Impressions de StanhopeVers onze heures Dubois, voyant que le temps fuyait en vaines paroles, demanda brusquement : « Doit-on renoncer à tout espoir d’alliance[26] ? » Stanhope abattit son jeu. Il voulait que la négociation fut enlevée aux Hollandais ; que l’Angleterre et son Roi en tirassent profit, l’un aux dépens du Prétendant, l’autre dans l’affaire de Mardyck. A minuit, ils se séparèrent[27] et Stanhope reprit sa lettre interrompue[28] : « ... Je l’ai revu ce soir, et après force propos, nous sommes convenus qu’il retournerait immédiatement à Paris ; et, de là, m’écrirait nettement ce que le Régent compte faire à Mardyck. Le seul moyen, lui dis-je, qu’il me fût possible de lui suggérer pour faire quelque bien, c’était une déclaration franche et explicite sur ce point ; ce serait la meilleure chance auprès du Roi, que je lui représentai tout le temps comme absolument maître et directeur de ses conseils, et comme extrêmement piqué de toute la conduite que le Régent avait tenue après les offres pleines de franchise que le Roi lui avait faites de si bonne heure. L’homme, à ce que je crois, est réellement effrayé (the man, I believe, is really frighted). Il m’a promis de travailler de son mieux à obtenir une prompte déclaration au sujet de Mardyck, et à faire donner des ordres à M. de Châteauneuf pour ne pas presser les affaires ici, jusqu’à ce qu’il ait reçu de mes nouvelles ; et si j’ai à lui donner quelque encouragement de Hanovre, il promet ou bien de retourner à la Haye, ou bien de venir à Hanovre, en cas que je lui en donne le conseil. » Conférence le 22Le lendemain, 22 juillet, Dubois pria Stanhope à souper. Avant de se mettre à table, l’abbé récapitula, par écrit, les deux conversations de la veille et avoua que la première l’avait si peu satisfait qu’il avait gardé en réserve deux lettres du Régent adressées à Georges Ier et à lui, Stanhope, lettres qu’il allait lui remettre à l’instant. Stanhope prit de suite connaissance de la sienne, ainsi conçue : Lettre du Régent à StanhopeA Paris, ce 8 juillet 1716 Je mortifierais votre ami l’abbé Dubois qui est en Hollande pour sa curiosité, si je ne lui permettais pas, Monsieur, de vous faire connaître que je suis toujours persuadé que vous désirés plus que personne que je sois uni d’amitié avec le Roy de la Grande-Bretagne, et que vous y contribués en tout ce que vous pouvez. Je n’oublierai rien de ma part de ce qui pourra y servir et je laisse à votre zèle pour nos avantages communs à faire de reste. Je serai ravi d’une liaison qui mette en évidence mes intentions et ma satisfaction sera entière si elle se fait par votre canal et se maintient par vos soins. Je dois ces sentiments à l’ancienne confiance que j’ay en vous et vous me ferez plaisir, Monsieur, de compter toujours également sur mon amitié. PHILIPPE D’ORLÉANS. Entretiens de Dubois et de StanhopeStanhope parut satisfait et dit qu’il ne pouvait faire sa réponse avant d’avoir pris les ordres du Roi[29]. Pendant le repas, Dubois fut éblouissant de verve et de paradoxes qu’il livrait sans compter à l’espionnage des serviteurs. Comme à la plupart de ses contemporains, la dette publique de l’Angleterre lui était chose inexplicable. Quelqu’un, dit-il, lui avait assuré qu’elle s’élevait à 1.300.000 livres tournois. — Elle ne dépasse pas de beaucoup la moitié de cette somme, assura Stanhope. « Au reste, mon cher abbé, j’aime à penser pour l’honneur de vos lumières que vous n’attachez pas d’importance à être aussi ponctuellement instruit de cet objet qu’un premier commis de l’échiquier. Je passe aux politiques des cafés de Paris de faire grand bruit de la dette nationale de l’Angleterre, mais un homme qui, comme vous, commence à être initié aux affaires d’État, doit avoir des idées plus nettes à ce sujet. Quelle que soit notre dette publique, elle augmentera sans doute beaucoup encore, et jamais, croyez-moi, elle ne causera plus d’embarras au gouvernement et plus d’inquiétude à la nation quelle ne leur en cause aujourd’hui. — « J’en suis charmé, reprit Dubois, mais quelque fond que puisse faire votre souverain sur les richesses de son Parlement, vous me permettrez de le croire moins riche que le nôtre puisqu’il jouit de la portion des revenus de tous ses sujets qui lui convient, et qu’en un mot il peut se regarder à bon droit comme le propriétaire du territoire entier de son royaume. — « Comment donc l'abbé, dit Stanhope en sursautant, auriez-vous fait votre cours de droit public en Turquie[30] ? Tous deux se mirent à rire, Stanhope insista : — « Quand un homme cherche à me faire des phrases sur la dette publique d’Angleterre, je me dis : « Voilà un ignorant ou un sot, et je lui tourne le dos. » « Nous nous amusâmes ainsi, ajouta Dubois, à récapituler quelques-unes de ces sentences banales qui font la richesse des petits esprits ; et nous convînmes, par exemple, que lorsque de graves personnages viendraient nous affirmer que nos pères valaient mieux que nous ; que le monde va de mal en pis ; que l’on ne peut plus goûter le Tasse, quand on a lu Euripide et Sophocle, etc., etc. ; nous convînmes, dis-je, que nous saurions à quoi nous en tenir sur le compte de ces pédants[31]. » — Parmi ces pirouettes auxquelles se plaisait son esprit, Dubois s’était senti piqué par le mot de Stanhope et revenait à la charge : —« Ah ! Milord, vous ne connaissez pas la force d’un gouvernement qui fait banqueroute quand il veut. Vous parlez de mécontents ; mais savez-vous qu’il n’en est aucun qui, au premier coup de tambour, ne se crût déshonoré si nous ne lui permettions pas d’aller se faire tuer pour nous. Mazarin était un habile homme quand il disait que le meilleur fonds d’un roi de France est dans la folie des Français[32]. » Ce fut sous une grêle de traits aussi piquants que s’arrangea cette grande affaire. Si des sots, a dit Lémontey[33], ont quelquefois décidé du sort du monde, on ne fera pas ce reproche à cette rencontre dans une taverne hollandaise qui changea pour trente années la face politique de l’Europe. Quand les serviteurs se furent retirés, la discussion politique recommença. Stanhope parla du traité comme « d’une chose faite qui serait du goût de Madame toute hanovrienne[34] ». Il devint loquace, complimenta l’abbé, félicita le Régent de posséder un tel serviteur et ils se séparèrent, enchantés l’un de l’autre. Lettre à lord TownshendStanhope partait le lendemain pour l’Allemagne, il s’empressa d’écrire à lord Townshend « le compte-rendu de la troisième Townshend conversation avec l’abbé[35]. Elle m’a montré que je ne m’étais pas trompé en vous disant qu’il était fort effrayé (thoroughly frighted) et mortifié de ce qui s’était passé dans notre première entrevue. Il me l’avoua franchement hier soir... Je suis convenu avec l’abbé Dubois qu’il devra m’envoyer un courrier de Paris avec une claire et positive résolution quant à Mardyck ; que le Régent voudra bien également envoyer ordre à M. de Châteauneuf de ne pas presser la négociation pendant le temps qu’il faudra pour recevoir ma réponse de Hanovre, de sorte que si je lui donne quelque encouragement, il reviendra lui-même muni d’instructions complètes du Régent, soit à la Haye, soit même à Hanovre, si je le désire... Je congédiai l’abbé fort content de moi, mais très défiant du succès de l’affaire, lui ayant représenté que le Roi y est extrêmement contraire actuellement. Autant que j’en peux juger ils offriront Mardyck ; ils feront tout, même jusqu’à rompre absolument les négociations, plutôt que d’en venir à laisser débattre le grand point dans des conférences[36]. C’est par là que nous les tenons ; et je ne doute pas que nous ne tirions bon parti de cet avantage durant toute la transaction avec eux. » Conséquence de la politique nouvelleLe 24 juillet, Stanhope roulait en chaise de poste vers l’Allemagne et Dubois s’embarquait à Rotterdam sur un yacht qui le porta à Anvers. Le 30, il arrivait à Paris où l’avait précédé un rapport de cent soixante-dix-sept pages. Son voyage s’était ébruité, mais le motif et le résultat demeuraient mystérieux[37] ; les initiés ne disaient rien ou bien s’enveloppaient de réticences. Châteauneuf mandait au maréchal d’Huxelles que l’abbé avait remporte un succès considérable[38]. Dubois triomphait avec ses intimes, leur racontait « que le roi de la Grande-Bretagne entrerait dans l’alliance » et que lord Stanhope « concourrait de tout son crédit pour en avancer l’effet[39]. » Le 31 juillet, Dubois eut une audience du Régent. Il n’avait guère à ajouter à son volumineux rapport que la mimique, dans laquelle il était passé maître. Ce n’était pas un art superflu lorsqu’il s’agissait de convaincre et d’entraîner un prince français dans une voie aussi nouvelle que hasardeuse. Dubois associait son intérêt à celui de l’électeur de Hanovre. Georges Ier ne pouvait avoir les mains libres en Allemagne que s’il était assuré de la tranquille possession de l’Angleterre ; Philippe d’Orléans ne pouvait gouverner et régner, peut-être, que si les renonciations d’Utrecht demeuraient valables. Georges et Philippe dépendaient de l’Angleterre où les whigs au pouvoir soutenaient le prince protestant mais condamnaient la paix d’Utrecht. Pour se les rendre favorables il fallait offrir à leur avidité de fructueux avantages commerciaux et d’humiliantes et onéreuses concessions : sacrifice du port de Mardyck, abandon du parti français reconstitué par Châteauneuf en Hollande. Tels étaient les résultats du voyage de l’abbé. Dubois et la matière des conseils qu’il allait soutenir devant le Régent. C’est plus que l’abandon de la politique de Louis XIV, pis que le démenti donné à toute politique française, c’est la conséquence logique du coup d’état du 2 septembre 1715 qui a mis le Régent à la merci du Parlement auquel il veut se soustraire et de l’Etranger auquel il doit complaire. Force lui étant, comme à tout gouvernement, de s’appuyer sur quelqu’un ou sur quelque chose, le duc d’Orléans n’ayant ni parti à l’intérieur ni amis à l'extérieur s’adressait, en désespoir de cause à des exploiteurs. L’Angleterre ne s’y était pas méprise un seul instant et le voyage de Dubois avait suscité d’âpres espoirs. A peine instruit de ce qui s’était fait à la Haye, le premier ministre lord Townshend écrivait à son collègue Stanhope l’impression produite sur le cabinet. Opinion du cabinet anglais« Son Altesse Royale [le prince de Galles] a été surprise très agréablement à la nouvelle de l’envoi de l’abbé Dubois à votre rencontre en Hollande. Elle regarde cette démarche, comme une preuve que le Régent est arrivé à une plus juste appréciation de l’importance de la garantie de Sa Majesté pour assurer la succession et la tranquillité de la France. S. A. R. approuve entièrement ce que vous avez dit à l’abbé dans vos trois conférences, avec lui sur ce sujet ; et elle pense que vous avez mis cette négociation sur le meilleur pied possible en le consternant tout d’abord (by frightening him thoroughly at first) par l’appréhension qu’on ne puisse jamais gagner sur le Roi d’admettre dans ce traité la garantie des renonciations[40], et en ne le laissant pas finalement sans quelque espoir que si le Régent veut effectivement donner satisfaction sur la demande relative à Mardyck, alors il y aura quelque probabilité d’amener Sa Majesté à le satisfaire sur la garantie. S. A. R. est d’avis que quelque désagréable qu’une telle garantie puisse être aux Cours de Vienne et de Madrid, si néanmoins le Régent consent à l’acheter au prix de la ruine effective du port de Mardyck, il ne serait pas sage de refuser l’insertion de cette garantie dans notre traité, en considérant combien est populaire dans ce pays-ci tout ce qui est susceptible d’empêcher l’union des couronnes de France et d’Espagne, chose que l’intérêt de Sa Majesté l’obligera toujours d’avoir en vue avec ou sans engagements formels pour cet objet, et en considérant aussi à quel degré la sûreté et l’intérêt de la nation, autant que l’honneur et la gloire de Sa Majesté, sont engagés dans l’affaire de Mardyck[41]. » Opinion de lord StanhopeStanhope était moins satisfait, tout au plus quelques-unes de ses préventions s’étaient-elles ébranlées au contact de l’impétueux abbé. Installé, avec son souverain, aux eaux de Pyrmont, il écrivait à lord Stair pour le tenir au courant de la rencontre de la Haye, « démarche qui semble avoir, dit-il, un air de sincérité plus marqué que tout ce qui s’est passé jusqu’ici. Mais comment cette affaire se terminera-t-elle ? C’est ce qui demeure très incertain. Car l’abbé était totalement dépourvu d’instructions relativement à Mardyck, sur quoi vous pouvez être assuré que le Roi insistera péremptoirement, sans admettre aucun changement dans l’article... Je m’aperçois également par le langage de l’abbé qu’il s’oppose à tout l’ensemble du projet du Roi ; et cependant je crois qu’il sera très difficile d’amener le Roi à le modifier. » Quant au Régent il n’inspire plus confiance, mais la confiance pourra renaître[42]. Craintes inspirées par M. de ChâteauneufPar-dessus toute chose, Stanhope s'attachait aux trois points, retardait le plus possible l’alliance défensive franco-hollandaise, subordonnait les démarches de son souverain à celles du Régent : « Le Roi ayant, comme preuve de sa sincérité, fait dresser et délivrer un projet à l’ambassadeur de France, il s’attend que, de même, le Régent lui fera connaître ses sentiments sur cet objet en termes francs et précis, avant d’ouvrir des conférences. C’est, dans sa pensée, le meilleur moyen de parvenir à une heureuse conclusion, attendu que les conférences publiques sont ordinairement sujettes à beaucoup d’inconvénients ; elles donnent occasion de soulever des difficultés nouvelles, des disputes ; elles servent plutôt à traîner en longueur qu’à terminer les affaires à l’amiable[43]. » On ne pouvait laisser entendre plus clairement l’appréhension que donnait M. de Châteauneuf ; pour l’évincer et l’annuler, Stanhope en venait à préférer les entretiens secrets avec un abbé Dubois dont la souplesse se prêtait à tout entendre et à tout faire espérer ; il avait osé pousser l’audace jusqu’à le charger d’obtenir le dessaisissement de ce diplomate actif et habile que l’Angleterre ne savait comment contrecarrer et Dubois se prêta à ce qu’on attendait de lui. Ce fut, sur le terrain diplomatique, sa première complaisance criminelle. M. de Châteauneuf après avoir accueilli l’abbé et étudié la situation créée par ses conférences avec Stanhope avait vu arriver Duywenworden et, le lendemain, Walpole réitérant la condition du renvoi du Prétendant. Châteauneuf sentait que le voyage de Dubois risquait de compromettre les fruits de sa campagne diplomatique et cherchait à la faire aboutir promptement, peut-être même prématurément. A l’en croire, il fallait dresser deux traités identiques, dont l’un serait signé par la France et les États ; immédiatement le Prétendant serait renvoyé en Italie, et le traité définitif entre les trois puissances serait signé aussitôt. Dans cette proposition, le cabinet anglais ne voyait qu’un « expédient en vue d’ouvrir immédiatement les conférences, sans aucun égard à ce qui s’était passé entre l’abbé Dubois et Stanhope[44] ». Ces conférences donnaient le frisson aux Anglais, Walpole, qui s’y sentait battu d’avance, n’y voyait « qu’artifices et chicanes de négociations, où les Français, grâce à une longue expérience, sont passé maîtres[45] ». Poyntz, Methuen, lord Townshend s’évertuaient à découvrir les raisons que pouvait avoir le Régent de tromper et de se dérober à ses promesses, notamment pour Mardyck. L’entourage hanovrien de Georges Ier n’était pas moins hostile à toute négociation avec la France[46] et ces personnages magnifiques daignaient sourire en songeant à l’équipée de Dubois fuyant la Hollande « la puce à l’oreille, la tête perdue de peur, par la réception qu’il y a trouvée[47] ». Dubois fait adopter sa politiqueTout au contraire, Dubois s’était présenté au Régent, satisfait de lui-même, confiant dans l’avenir de sa politique. Il donna lecture, en présence du maréchal d’Huxelles, d’un précis des conférences de la Haye et des exigences de Stanhope, ce qui n’alla pas sans soulever des résistances[48]. Le Régent avait sa leçon faite, il répondit que la paix d’Utrecht devait être maintenue à tout prix, surtout étant donné le désir des whigs de saisir le premier prétexte venu pour la dénoncer. Toute l’affaire se ramenait à la question de Mardyck. L’achèvement de ce port exigeait trente-cinq millions que le Trésor n’avait pas, qu’il emprunterait a grand’peine et à titre fort onéreux afin de réaliser un plan qui semblait un défi jeté aux puissances à l’heure où il nous importait de les calmer afin de désagréger leur union. L’hésitation persistait dans le Conseil, le Régent dicta un projet sacrifiant Mardyck et l’imposa d’autorité[49]. Le maréchal d’Huxelles sentant de quelle main partait ce coup demanda qu’au lieu d’un courrier de cabinet, ce fût l’abbé Dubois qui reçût mission de porter à Hanovre les propositions françaises, sans toutefois recevoir des ordres écrits. Dubois comprit qu’on l’éloignait, craignit un piège[50], se débattit, exigea au moins des instructions écrites. Mais quelles instructions donner à celui qui connaissait toute l’affaire mieux que d’Huxelles lui-même ? L’abbé tint bon. Le Régent s’en mêla, demanda à Dubois ce voyage, comme un témoignage personnel d’attachement, laissa entendre qu’il priait alors qu’il pouvait ordonner[51], en sorte qu’il fallut obéir[52], mais avec des instructions. D’Huxelles s’y résigna de fort méchante humeur : « Vous y retrancherez ce que vous jugerez à propos, vous y ajouterez : après quoi, vous renverrez, s’il vous plaît [l’instruction], pour qu’on la mette au net[53]. » L’abbé partirait donc, mais à son corps défendant, inquiet, anxieux « Je ne réponds de rien en mon absence[54] », écrivait-il à Châteauneuf. En même temps, ce dernier recevait l’ordre de modérer ses instances sur les conférences. Walpole s’en aperçut sans tarder[55]. Les instructions« Je quitte Paris au premier jour » écrivait l’abbé[56]. Malgré leur mutuelle convention d’attendre un avis favorable de Stanhope[57]. Dubois hâtait ses préparatifs de départ comme s’il eût redouté d’être oublié ou contremandé. Tout lui avait réussi dans son début diplomatique, il suivait sa veine au risque d’épuiser sa chance. A la Haye, Stanhope engageait de lui-même l’affaire que Dubois venait de lui suggérer ; à Paris, d’Huxelles avouait officiellement le négociateur qu’il voulait d’abord lancer en aventurier[58]. Les instructions qu’emportait l’abbé faisaient peu d’honneur au maréchal qui désavouait ce qui avait été la portion la plus solide de sa politique Etrangère. Il allait jusqu'à dire que « le parti hollandais reconstitué après cinquante années, n’est pas assez fort pour détourner la Hollande de son alliance traditionnelle avec l’Angleterre ni pour amener la République à accepter les propositions du roi de France. Cette politique n’a servi qu’à mécontenter les Anglais, naturellement vains, qui lui opposent des obstacles insurmontables[59]. » Pour les aplanir, Dubois avait su arracher d’importantes concessions destinées à satisfaire le roi Georges et son cabinet. Au roi on accordait l’expulsion du Prétendant de sa retraite d’Avignon aussitôt après l’échange des ratifications ; au cabinet, des promesses fermes sur Mardyck. « Ce dernier article est le plus important de tous et comme décisif, dirait le Maréchal. Le Conseil aurait pu et peut-être dû le rejeter ; mais les sages conseils du duc d’Orléans, qui veut donner la paix au peuple l’ont convaincu : le gouvernement s’engage à ne jamais faire de port militaire à Mardyck, à n’y conserver qu’un canal d’écoulement pour les eaux du pays et un petit port pour le commerce de cette frontière[60]. » A ce prix, on attendait des whigs une attitude franche et favorable et une garantie formelle des traités d’Utrecht. « Ou le ministère anglais veut la paix, et la mention des traités d’Utrecht est la meilleure preuve qu’il puisse donner de la sincérité de ses intentions pacifiques... Ou.il ne la veut pas, et ses intentions sont coupables et doivent être dénoncées à l’Europe. Cette mention des traités d’Utrecht, il la faut à tout prix : c’est l’objet même de la négociation. » Dubois avait donc arraché l’autorisation de traiter avec l’Angleterre, à l’exclusion des Hollandais, 1° l’affaire du Prétendant ; 2° celle de Mardyck ; 3° celle de la garantie de la paix d’Utrecht. Dubois annonce son arrivée à StanhopeMais il n'avait pas attendu le moment où ces instructions, rédigées à son gré, se trouveraient entre ses mains, pour avertir Stanhope de son prochain départ pour Hanovre. Après avoir écarté cinq ou six brouillons[61], il s’arrêta au texte que voici : « J’ai rendu compte à Monseigneur le duc d’Orléans des entretiens que nous avons eu ensemble à la Haye... Plus je lui ai fait remarquer ce que vous m’avez fait l’honneur de me dire du caractère du roi de la Grande-Bretagne, sensible et délicat sur la bonne foi et sur l’amitié, plus il m’a paru touché des préventions que l’on avait données au Roi contre lui, du désir d’en être mieux connu, et de mériter son estime et son amitié ; et il vous aura une obligation éternelle si vous avez travaillé efficacement à effacer les mauvaises impressions qu’on avait données au Roi et à établir une véritable union entre eux, que la proximité du sang et les intérêts communs semblent demander, et qu’une estime et une attention réciproques achèveront de rendre parfaite. » Ensuite Dubois expliquait comment, sur sa proposition, M. de Châteauneuf avait reçu les ordres que l’on connaît et lui-même était chargé d’explications décisives sur la question de Mardyck. De plus, le Régent voulait que Stanhope et Dubois examinassent ensemble tout ce qui pouvait regarder le traité, afin qu’il ne fût plus douteux qu’il en voulût déférer l’honneur et avoir l’obligation au roi d’Angleterre. L’abbé terminait en annonçant au ministre qu’il se rendrait à Osnabrück et y attendrait ses ordres au logis de la poste, faisant le voyage avec assez de circonspection pour être assuré qu’il ne sera vu ni remarqué de personne[62]. » Départ et voyageDubois comptait partir le 8 août[63] ; la rédaction de ses instructions le retarda d’un jour. Le 9 août il se mit en route avec Sourdeval, et, se donnant toujours pour le chevalier de Saint-Albin[64], emporta ces instructions dont il ferait l’usage qu’il lui conviendrait d’en faire[65], ainsi qu’un « plein pouvoir, commission et mandement spécial pour, au nom de Sa Majesté, convenir, arrêter, conclure et signer tels traité d’alliance, articles et convention qu’il avisera bon être[66]. » La hâte apportée au départ s’explique par cette phrase des instructions : « Le Roi voulait que l’abbé partît incessamment, et que sans laisser au sieur Stanhope le temps de délibérer s’il convenait à ses vues qu’il fît cette démarche, il arrivât à Osnabrück[67]. » L’abbé brûlait la route et trouvait à Osnabrück un billet de Stanhope, daté de Pyrmont, le 13, et disant : « Puisque vous devez, à l’heure qu’il est, avoir fait une grande partie du chemin, vous trouverez bon que je vous prie de venir jusqu’à Hanovre. Je crois qu’il sera bon d’user de la circonspection que vous dites et d’éviter autant que faire se peut, d’être remarqué. Si vous m’envoyez un de vos domestiques quelques heures avant que vous arriviez, j’aurai soin de vous faire trouver un logis où vous pourrez être aussi retiré qu’il vous plaira[68]. » Arrivée à HanovreDubois se rendit à l’invitation. Il était temps que prit fin son voyage, ses préoccupations et les événements l’avaient mis sur les dents. « Tout ce dont vous m’aviez instruit, écrit-il au commis Pecquet a tellement fermenté dans ma tête que j’ai ergoté comme un Hibernais pendant tout le chemin[69] ». En passant à Louvain, il apprenait la nouvelle de la victoire remportée par les Impériaux sur les Turcs à Petenvardein ; il la retrouvait, grossie, enflée, à chaque relais, en sorte qu’« il semble, disait-il, que l’air en Allemagne en soit chargé et, je puis dire, empoisonné[70] ». A son arrivée à Hanovre, le 19 août, Stanhope lui prodigua les marques d’amitié, lui donna « un appartement séparé du sien par un grand salon et la faculté de communiquer avec lui à toute heure[71] » ; en réalité, sous le prétexte de se rencontrer aussi souvent qu’ils le désireraient sans donner l’éveil, Stanhope avait mis Dubois au secret. L’abbé ne pouvait ni sortir ni causer, il se trouvait « réduit au rôle d’acteur muet[72] » et pouvait méditer à l’aise sur la situation. Il n’était pas homme à s’en laisser embarrasser. « Vous voilà dans la machine, lui écrivait Pecquet, je ne suis pas en peine de la manière dont vous remplirez la mission dont vous êtes chargé[73]. » |
[1] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 39-127 : Dubois au Régent, 23 juillet 1716.
[2] Arch. Aff. Etrang., Hollande, t. 297, fol. 226 : M. de Châteauneuf à d'Huxelles, 21 août 1716.
[3] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 39-127 : Dubois au Régent, 23 juillet 1716.
[4] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 39 : Dubois au Régent, 23 juillet 1716.
[5] C’était le nom d’un bâtard du Régent, fils de la Florence.
[6] Dangeau, Journal, t. XVI, p. 423 ; 1er août 1716, dit qu’à Paris on ne sut rien des motifs du voyage de l’abbé.
[7] Arch. de la Marine, B1, 10, fol. 210 : dépêche de M. d’Iberville.
[8] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 43 : Dubois au Régent, 23 juillet 1716.
[9] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol.128, 130, 131, 132 ; voir P. Bliard, Dubois, cardinal et premier ministre, t. I, p. 148-149.
[10] Ch. Aubertin, L’Esprit public au XVIIIe siècle, p. 72.
[11] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 39-127 : Dubois au Régent, 23 juillet 1716.
[12] C. de Sévelinges, Mémoires secrets et correspondance du cardinal Dubois, t. I, p. 190.
[13]
Arch. Aff. Etrang., t. 277, fol. 73 ; Sévelinges, t.
I, p. 197 ; Wiesener, t. I, p. 282 ; Bliard, t. I, p. 152 ; Bourgeois, t. I, p.
105.
[14] Arch. des Aff. Etrang., t. 277, fol. 75-79 ; Bliard, t. I, p. 153 ; Bourgeois, t. I, p.
105.
[15] Arch. Aff. Etrang., t. 277, fol. 80 v° ; Bourgeois, t. I, p. 106.
[16] Arch. Aff. Etrang., t. 277, fol. 87 ; Bliard, t. I, p. 154 ; Wiesener, t. I, p. 282.
[17] Arch. Aff. Etrang., t. 277, fol. 37-38 ; Bourgeois, t. I, p. 107.
[18] Arch. Aff. Etrang., 277, fol. 89-90 ; Sévelinges, t. I, p. 201 ; Wiesener, t. I, p.
282-283 ; Bliard, t. I, p. 155 ; Bourgeois, t. I, p. 107.
[19] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 89 ; Bliard, t. I, p.155.
[20] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 97 ; Sévelinges, t. I, p. 202 ;
Bourgeois, t. I, p. 107.
[21] Public Record Office, Regencies, vol. 8 : lord Stanhope à lord Townshend, la Haye, 21 juillet 1716, L. Wiesener, op. cit., t. I, p. 472 ; cette lettre a été commencée entre la visite du greffier Fagel et la deuxième visite à Dubois, Fagel avait probablement rapporté à Stanhope le point de vue de Heinsius.
[22] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 97 ; Sévelinges, t. I, p. 203 ; Lémontey, Histoire de la Régence, t. I, p. 104.
[23]
Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 98 ;
Bourgeois, t. I, p. 168.
[24] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 98-102 ; Sévelinges, t. I, p. 203-204 ;
Bourgeois, t. I, p. 108.
[25] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 106 ; Bourgeois, t. I, p. 108.
[26] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 105-106 ; Bourgeois, t. I, p. 109.
[27] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 114 ; Sévelinges, t. I, p. 206.
[28] Public Record Office, Regencies, vol. 8 : lord Stanhope à lord Townshend, La
Haye, 21 juillet 1716 ; L. Wiesener, op, cit., t. I, p. 472.
[29] Sévelinges, op. cit., t. I, p. 208.
[30] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, p. 115-118 ; Sévelinges, t. I, p. 207.
[31] Sévelinges, op. cit., t. II,
p. 406.
[32] Lémontey, op. cit., t. I, p.
104-105.
[33] Lémontey, op. cit., t. I, p.
105.
[34] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 126-127 ; E. Bourgeois, t. I, p. 110.
[35] Public Record Office, Regencies, vol. 8 : lord Stanhope à lord Townshend, la
Haye, 23 juillet 1716 ; L. Wiesener, op. cit., t. I, p. 473-474.
[36] Ce « grand point », c’est les renonciations du traité d’Utrecht ; voir plus bas la lettre de lord Townshend.
[37] Dangeau, Journal, t. XVI, p. 423, 1er août 1716.
[38] Arch. Aff. Etrang., Hollande, t. 305, fol. 254 : M. de Châteauneuf au maréchal d'Huxelles, 24 juillet 1716.
[39] Arch. des Aff. Etrang., Angleterre, t. 298, fol. 169 : Instructions adressées à l’abbé Dubois allant en Angleterre, 10 septembre 1717.
[40] Ce sont les renonciations du traité d’Utrecht.
[41] Public Record Office, Regencies, n° 48; lord Townshend à lord Stanhope,
Whitehall, 17 (=28) juillet 1716.
[42] Oxenfoord Castle, Stair Papers, vol. VI : lord Stanhope à lord Stair, Pyrmont, 3 août 1716.
[43] Public Record Office, Holland, vol. 375 : Hor. Walpole à lord Townshend, la Haye,
28 juillet 1716.
[44] Public Record Office, Domestic Various, n° 24 : lord Townshend à lord Stanhope,
Hampton Court, 31 juillet (=11 août) 1716.
[45] Public Record Office, Holland, vol. 375 : Hor. Walpole à lord Townshend, la Haye,
7 août 1716.
[46] W. Coxe, Memoirs of Walpole,
t. II, p. 101 : lord Stanhope à lord Townshend, Hanovre, 9 octobre 1716.
[47] Oxenfoord Castle, Stair Papers, vol. V : Methuen à lord Stair, 26 juillet (=
6 août) 1716.
[48] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 143-144 ; Dubois à lord Stanhope, 4 août 1716 ; Ibid., t. 285, fol. 223 : Dubois à Châteauneuf, 7 avril 1716.
[49] L. Sévelinges, op. cit., t.
I, p. 209.
[50] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 227, fol.151 : Dubois à Châteauneuf, 7 août 1716.
[51] L. Sévelinges, op. cit., t. I, p. 210 : Dubois à Stanhope, 4 août 1716.
[52] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, L 277, fol.151 : Dubois à Châteauneuf, 7 août 1716.
[53] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 153 : D'Huxelles à Dubois, 8 août 1716.
[54] Et il continue à signer « Saint-Albin », Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol.151 : Dubois à Châteauneuf, 7 août 1716.
[55] Public Record office, Angleterre, vol. 375 : Horace Walpole à lord Stanhope, La Haye, 8 août 1716 ; Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 163 : Instructions du Roi à l’abbé Dubois, 9 août 1716.
[56] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 285, fol. 224 : Dubois à Châteauneuf, Paris, 7 août 1716.
[57] Public Record office, Regencies, vol. 8 : Lord Stanhope à lord Townshend, La Haye, 21 juillet 1716.
[58] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 156-174 : Mémoire du Roy pour servir d'instruction au Sr abbé Dubois allant à Hanovre de la part du Roy, 9 août 1716.
[59] Mémoire susdit, fol. 156-159.
[60] Mémoire susdit, fol. 164-165.
[61] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 134-151.
[62] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 143-144 : Dubois à Stanhope, Paris, 4 août 1716 ; Sévelinges, op. cit., t. I, p. 210-211.
[63] Arch. Aff. Etrang., t. 277, fol.151 : Dubois à Châteauneuf, 7 août 1716.
[64] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 249 ; Dubois à d’Huxelles, 22 août 1716 ; d’après Sévelinges, op. cit., t. I, p. 213, il ne partit que le 10 août.
[65] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 290, fol. 24, 25 : Dubois à Pecquet, 6 août 1716.
[66]
Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 285, fol. 239.
[67] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 390, fol. 28 suivants ; t. 277, fol. 156 suivants.
[68] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 285, fol. 239 : lord Stanhope à Dubois, Pyrmont 13 août 1716, Dubois arriva à Osnabrück le 16 août.
[69] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 290, fol. 106 : Dubois à Pecquet, 13 août 1716.
[70] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 250 : Dubois à Pecquet, 22 août 1716.
[71] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 278, fol. 10 : Dubois au Régent, Hanovre, septembre 1716.
[72] Arch. Aff. Etrang., Angleterre, t. 277, fol. 228 : Dubois au Régent, 22 août, ibid., fol. 227 : Dubois à d’Huxelles, 22 août.
[73] Ch. Aubertin, L'esprit public au XVIIIe siècle, p. 73.