I. — AVANT L'OFFENSIVE FRANCO-BRITANNIQUE. L'OFFENSIVE franco-britannique était arrêtée dans ses grandes lignes. et la préparation immédiate allait commencer, quand les Allemands lancèrent le kronprinz contre Verdun. Arrêtés devant Verdun, ils continuèrent la bataille, dans le dessein évident d'épuiser d'avance notre offensive d'été. La violence de leurs attaques décroîtrait seulement quand notre propre offensive sur la Somme les contraindrait à parer les coups au lieu de les porter. Pour le commandement français, le problème était donc de préparer la Somme tout en alimentant Verdun. Une clause de la conférence de Chantilly lui donnait le droit de faire appel à ses alliés ; il n'en usa pas. Il demanda seulement le 22 février au commandement britannique de relever la 10e armée française. Cette relève avait déjà été admise en principe par sir Douglas Haig. Dès le 23, il répondait qu'il avait donné des ordres pour relever immédiatement la 18e division française, puis le 17e corps ; qu'il comptait en outre aller de sa personne à Londres pour obtenir des renforts d'Égypte. A son retour, il téléphona au général Joffre : J'ai pris mes dispositions pour la relève complète de votre 10e armée ; j'irai demain à Chantilly vous serrer la main et me mettre à votre entière disposition. Le 17e corps fut relevé le 4 mars, et le reste de la 10e armée le 14. Dès que le front allemand fut fixé à Verdun (26 février), le général Joffre reprit la préparation de la Somme. Le 3 mars, il écrit au général Haig : Étant donné l'importance, capitale de l'effort ennemi, il est indispensable que nous fassions mieux que repousser ses attaques. Le 27 mars, au moment où les Allemands attaquent la cote 304 et le Mort-Homme, le général Joffre écrit encore : L'offensive violente que les armées allemandes ont entreprise dans la région de Verdun ne doit pas avoir pour effet de nous détourner de l'exécution du plan d'action que nous avons fureté d'un commun accord.... Notre intention doit toujours être de battre l'ennemi en cherchant à rompre son front d'Hébutergne à Lassigny. Le général Foch a préparé, sur les bases du 18 février, un projet qui est approuvé le 16 mars. Pour que l'attaque puisse s'étendre jusqu'au Haine le général en chef renonce aux opérations secondaires qu'il avait d'abord prescrites aux autres groupes d'armées. Cependant, malgré toute l'économie possible, il a déjà fallu é la fin d'avril envoyer 45 divisions à l'armée de Verdun. Le général en chef écrit le 26 avril au général Foch : Mes intentions restent les mêmes. Mais la puissance des moyens de toute nature que je pourrai mettre à votre disposition se trouve réduite par la consommation qui est faite autour de Verdun. Cette réduction de moyens vous impose d'envisager un front d'action plus réduit que celui de votre projet primitif, mais restant toujours jointif au front des attaques anglaises : ce nouveau front devra être considéré comme un minimum qu'il faudra s'efforcer de dépasser au fur et à mesure que s'apaiseront les actions autour de Verdun, et que s'accroitront, par suite, nos disponibilités actuelles. Les travaux devront être poursuivis sur l'entier développement du front primitif, d'après un ordre d'urgence que vous fixerez, mais l'effort maximum devra s'appliquer au nouveau front. Au début de mai, l'ennemi attaque si violemment tout le front de Verdun, les relèves de la 2e armée deviennent si multipliées, que le général Pétain ne peut plus les assurer avec ses seules ressources ; il faut laisser à sa disposition les unités en réserve dans la zone fin groupe d'armées du centre. Le 20 mai, le général Foch est averti qu'il n'aura définitivement à sa disposition que 26 divisions et 700 pièces environ d'artillerie lourde. Le 22, le général en chef écrit au général Haig pour l'avertir qu'il est obligé de réduire la participation française à l'offensive commune. La réduction des moyens mis à la disposition du général Foch l'amèneront certainement à modifier son plan d'action. Mais il apparait dures et déjà que les modifications qu'apportera le général Foch à son plan initial n'affecteront pas la coopération directe des armées françaises à l'action des forces britanniques au nord de la Somme. Le général Foch est amené à remanier complètement son plan initial et à le remplacer par une attaque de la seule 6e armée, à cheval sur la Somme, en liaison avec l'armée anglaise vers Maricourt, et limitée au sud à la route Amiens-Péronne : cette attaque devra être conduite par 3 corps d'armée en première ligne, un agissant au nord de la Somme, et deux au sud. C'est ce projet qui a été définitivement approuvé et exécuté. Le 8 mai, le général Haig avait demandé un ajournement de l'attaque, tout délai devant augmenter ses moyens : il attendait 200 canons lourds le 15 août. Au contraire, le 7 mai, le général Pétain avait tenté de faire avancer la date de l'offensive, afin que Verdun fût dégagé. Il fera une nouvelle démarche dans ce sens le 11 juin. Le 23 juin, c'est le général Foch qui demandera une remise. Mais, le 24, après la prise de Fleury et de l'ouvrage de Thiaumont par les Allemands, le ministère insiste à son tour sur les conséquences qu'aurait, en cas d'accident à Verdun, le retard de l'attaque anglaise. D'autres événements concouraient à fixer la date de la bataille. L'armée italienne, attaquée dans le Trentin, avait le 19 mai demandé l'appui de l'armée russe ; celle-ci avait en conséquence avancé la date de son offensive, et l'avait fixée au 4 juin. Or, d'après les conventions de Chantilly, l'attaque franco-anglaise devait suivre celle des Russes à quinze jours environ d'intervalle. Le 26 mai, dans une conférence qui eut lieu à Bauquesne, le général Joffre exposa au général Haig les intentions du général Alexeieff. Le général Haig répondit que la question devait être envisagée comme s'il n'y avait actuellement qu'une seule armée sur le front franco-anglais, et qu'il fallait attaquer ensemble. Il accepta la date du 1re juillet. Le 20 juin, dans une nouvelle entrevue à Beaurepaire, l'attaque d'infanterie fut avancée au 29 juin, la préparation d'artillerie devant commencer le 24 ; mais le temps fut si mauvais, en particulier le 28, que l'attaque fut une seconde fois remise au 1er. Le front allemand menacé était celui de la IIe armée. Dès février 1916, écrit le général von Below, nos aviateurs signalèrent la construction de nouveaux baraquements de chaque côté de l'Ancre, devant l'aile droite de l'armée. Peu après se produisit une augmentation des divisions sur le front anglais au nord de la Somme ; au bout de quelques semaines, des opérations de patrouilles bien réussies firent connaître que ces divisions avaient été relevées pour la plupart. A la fin d'avril, le nombre des divisions anglaises au nord de la Somme s'était déjà élevé à 12 : en face d'elles se trouvaient seulement 4 divisions allemandes. L'état-major allemand pensa prévenir l'attaque prévue par nue contre-offensive, mais il y renonça, faute de moyens. En avril, il renforça la IIe armée d'une division, qui fut dirigée au nord de l'Ancre, point où la supériorité numérique des Anglais était particulièrement marquée. De ce fait, à l'aile droite de l'armée, le front moyen de division ne fut plus que de 6 kilomètres ; dans le reste de l'armée, il était de 7 kilomètres. Mais cette amélioration ne dura point. En mai, le commandement allemand préleva sur l'armée deux divisions el les remplaça par une division encore fatiguée de Verdun. Il préleva également des batteries lourdes qui lurent remplacées par des pièces prises aux Français. On ne savait pas encore si les Français prendraient part à la bataille. Mais, en juin, en même temps que les indices précurseurs de l'attaque se multipliaient, deux divisions françaises apparaissaient immédiatement au nord de la Somme, dans un secteur tenu jusque-là par les Anglais. On eut d'abord un moment l'impression, écrit von Below, que cette mesure était de nature défensive et avait pour but de permettre un plus grand échelonnement en profondeur des forces anglaises destinées à donner l'assaut plus au nord ; mais cette opinion changea dès que des opérations de patrouilles curent établi la présence au nord de la Somme du 20e corps français, réputé comme particulièrement solide et corps d'attaque. Au sud de la Somme, on reconnut également des préparatifs d'attaque augmentant constamment, de sorte qu'à la fin de juin, il apparaissait clairement que la zone probable de l'attaque s'étendait depuis la région de Gommécourt (aile nord) jusqu'à la voie romaine, environ 8 kilomètres au sud de la Somme (aile sud). Le commandement allemand prit de nouvelles mesures. La Ife armée reçut en juin une division d'infanterie, l'artillerie de campagne d'une autre division, et, vers la fin du mois, 17 batteries d'obusiers légers de campagne. Un groupement l'ut créé au nord de la Somme, réunissant sous un état-major de corps d'armée les cinq divisions de ce secteur ; les 4 divisions au sud de la Somme formèrent un autre groupement. Celui du nord avait un front de 36 kilomètres, celui du sud un front de 33. Le terrain où allait se produire l'attaque franco-britannique se décompose naturellement en trois secteurs : au nord de l'Ancre, — entre l'Ancre et la Somme, — au sud de la Somme. Au nord de l'Ancre, ce sont de lents mouvements de terrain, où les villages, tantôt couronnent des glacis nus, comme Gommécourt, et tantôt sont cachés comme des pièges dans des entonnoirs, ce qui est le cas de Beaumont-Hamel. Dans le premier cas, le défenseur a d'admirables champs de tir ; dans le second, il est invulnérable et invisible dans son trou, d'où il abat tout ce qui paraît sur les crêtes. Entre l'Ancre et la Somme, s'élève un promontoire d'où les vues sont magnifiques et que les Allemands avaient saisi en 4914 : c'est le plateau de Thiepval. Au sud de ce plateau, le front allemand se recourbait à l'est d'Albert, dans un pays ondulé, et passait la Somme à Frise. Au sud de la Somme, c'est le vaste plateau nu et horizontal du Santerre. Les Allemands y occupaient Dompierre ; les Français, à l'ouest, sur la pente qui monte vers le plateau, occupaient la sucrerie. Les tranchées adverses s'affrontaient sur la crête. Puis le front continuait vers le sud, laissant aux Allemands Soyecourt et Chaulnes. Des assises de craie blanche recouvertes d'un épais limon ; de vastes étendues agricoles, avec çà et là des boqueteaux, le plus souvent sur les hauteurs ; des chemins creux favorables à la défense ; de gros villages distants de 3 à 4 kilomètres, dans une ceinture de vergers qui les fait ressembler de loin à des bois ; ni ruisseaux, ni sources, ni étangs ; deux rivières seulement, l'Antre et la Somme, coulant au fond de très larges vallées, profondes et touffues, qui contrastent avec la nudité du plateau agricole : tel est le pays. La méthode employée sur la Somme fut fondée sur l'expérience de Champagne et sur celle de Verdun. Le problème était d'empêcher l'ennemi d'aveugler avec des divisions fraîches la brèche faite dans ses lignes. Après la bataille de Champagne, le 1er novembre 1915, dans un rapport célèbre, le général Pétain avait conseillé de procéder, avant la bataille proprement dite, à une usure générale de l'ennemi sur tout le front des armées. Dans ce premier acte offensif, ce que l'on veut, c'est faire subir à l'ennemi des pertes telles qu'il sera possible plus tard de l'attaquer à fond, en quelques points choisis, du fort au faible. Et ces pertes seront le fait, non de l'assaut poussé à la limite extrême des forces de l'assaillant, mais d'attaques exécutées par de faibles effectifs et préparées par un bombardement formidable et l'emploi de tous les engins de destruction connus (obus explosifs, asphyxiants, incendiaires, émissions de gaz, de flammes ou d'ondes électriques, etc.). Quand ce combat d'usure, mené principalement par une artillerie supérieure à celle de l'adversaire, aura suffisamment épuisé les réserves ennemies, on pourra passer à l'attaque décisive sur un point choisi. C'est toujours l'ancienne méthode de l'école française, la préparation précédant la décision. Cette bataille elle-même, le général Pétain la voyait sous la forme d'assauts successifs, chacun ayant un objectif précis et limité. C'est la conclusion à laquelle les Allemands étaient arrivés de leur côté, et on a vu, qu'ils employèrent cette tactique à Verdun. Nous disons : sous la forme d'assauts successifs. C'est qu'en effet, après un assaut, les pertes subies par la troupe d'infanterie et surtout par les cadres sont telles que celle-ci est impuissante à produire un deuxième effort analogue au premier. Elle peut faire les quelques travaux indispensables à l'occupation du terrain conquis, rien de plus. L'artillerie, après avoir fait un bond en avant, doit reprendre une préparation minutieuse de son tir. Il faut donc relever l'infanterie et donner le temps à l'artillerie d'exécuter son nouveau travail de préparation. Il en résulte des temps d'arrêt obligés entre les attaques successives. Les circonstances de 1916 ne permirent pas d'exécuter le programme d'usure générale que recommandait le général Pétain ; ou plutôt, ce programme fut réalisé, sous une autre l'orme, par la bataille de Verdun. En revanche, on adopta le système des attaques successives à objectif limité. Un terrain défini était écrasé par l'artillerie, puis occupé par l'infanterie. Le travail destructeur de l'artillerie arriva à une perfection telle, que certains marmitages, par exemple devant Dompierre, créaient, sur l'emplacement des tranchées allemandes, un labour d'une régularité parfaite. lien ne survivait, et l'infanterie entra dans Dompierre l'arme à la bretelle. On combinait ainsi la conquête du terrain et l'usure des réserves ennemies. A chaque fois que l'ennemi reconstruisait le mur, on l'abattait. Il devait arriver un moment où la brèche ne pourrait plus être aveuglée. A ce moment seulement se produirait la décision. C'est ce que marque bien la directive que le général Joffre adressa le 20 juin au général Foch et à sir Douglas Haig. La rupture ne sera opérée que le jour on la brèche sera suffisamment large et profonde pour ne plus pouvoir être aveuglée par l'ennemi, faute de forces encore aptes à combattre. Nous 'levons donc nous attendre à livrer dans la somme une dure et longue bataille, dont le dénouement sera marqué par l'usure des moyens que l'ennemi aura pu mettre en couvre sur ce théâtre de lutte.... Le but de l'opération est ainsi défini : Le but essentiel des opérations qui vont être entreprises sur la Somme est de porter une masse de manœuvres sur le faisceau de lignes de communication de l'ennemi qui jalonnent Cambrai-le-Cateau-Maubeuge, etc. Je compte obliger ainsi l'ennemi. soit à abandonner ses positions sur une partie importante du front actuel, soit à accepter la bataille hors du système fortifié sur lequel il est établi. La route Bapaume-Cambrai devra donc être l'axe de notre progression initiale. Le front initial à atteindre est jalonné par Miraumont, le Sars, Ginchy, Guillemont, Maurepas, Hem, le plateau de Flaucourt ; en partant de cette base, les opérations devront s'orienter dans la direction de Bapaume-Cambrai. On se rappelle que le front d'attaque, primitivement fixé à 30 kilomètres, avait été réduit à 12. Cependant les travaux avaient été continués sur l'ensemble du front primitif, ce qui permettait une extension éventuelle de l'action vers le sud. Conformément à cette hypothèse, le front du groupe d'armées du nord fut réparti le 24 juin entre trois armées : la 6e armée Fayolle, qui fut limitée au secteur d'attaque ; quartier général à Boves ; la 10e armée, sur la partie du front où l'attaque pourrait éventuellement s'étendre ; quartier général à Breteuil ; la 3e armée, rappelée d'Argonne, sur la partie du front destinée à rester passive, de Lassigny à Soissons ; quartier général à Verberie. Tandis que l'armée britannique attaquerait de Gommécourt à Maricourt, sur un front de 25 kilomètres, avec 26 divisions, la 6e armée attaquerait de Maricourt à Foucaucourt, avec le 20e corps au nord de la Somme, 1er corps colonial et 35e corps au sud. Le général Foch mettrait en œuvre dès le début 14 divisions. Il disposait en outre de 4 divisions de cavalerie et de 4 divisions d'infanterie, déjà rassemblées en arrière du front d'attaque. Trois autres divisions d'infanterie devaient lui être envoyées aussitôt que les opérations seraient engagées. L'artillerie de l'attaque comprenait, outre l'artillerie de 75 des corps d'armée engagés, 216 pièces de 90 à 105, 516 pièces de 120 à 180, 122 pièces d'artillerie à grande puissance et 1.100 pièces d'artillerie de tranchée. L'approvisionnement prévu était, pour un mois de bataille : 6 millions de coups de 75 ; 3.100 coups par pièce de 90 à 105 ; 2.630 coups par pièce de 120 ou de 155 ; 1.700 coups par pièce de 220 ; 400.000 coups d'artillerie de tranchée. Devant le front français, la première position allemande, profonde de 500 à 1.000 mètres, et généralement composée de trois lignes de tranchées avec abris intermédiaires et de points d'appui formés par les villages, partait de la croupe au sud de la briqueterie de Montauban, et passait aux lisières ouest de Curlu, de Frise, de Dompierre, de Fay et de Soyecourt. La deuxième position, une tranchée simple avec réseaux et abris pour mitrailleurs, à une distance de 3 à 5 kilomètres de la première, passait à Maurepas, Herbecourt, Assevillers, Belloy-en-Santerre, Ablaincourt et Puzeaux. Dans certaines régions, par exemple à Estrées et à Deniecourt, il existait une ligne intermédiaire. Enfin, sur la Somme, entre Maurepas et Herbecourt, la deuxième position se dédoublait en deux lignes. A la date du 25 juin, l'ennemi avait en ligne, au nord de la Somme, dans le secteur d'attaque du 20e corps français, le 53e régiment (12e division) ; en arrière, la 10e division bavaroise était au repos dans la région Fresnoy-le-Grand-Bohain. Au sud de la Somme, le front était tenu jusqu'à Soyecourt par les 3 régiments de la 121e division ; en arrière du front, la 11e division était au repos dans la région de Misery. Pendant la préparation, les Allemands tentèrent une relève ; mais elle se fit sous le bombardement, avec tant de retard et de désordre que le jour de l'attaque les Français trouvèrent la première position occupée par des unités mêlées de la 12e division et de la 10e bavaroise au nord de la Somme, de la 121e et de la 11e au sud. II. — LA BATAILLE DE LA SOMME. Le 22 juin, écrit von Below, le feu de l'artillerie ennemie commença déjà à devenir très violent. A partir du 24 juin se déclencha un feu roulant presque ininterrompu : l'ennemi employa beaucoup de pièces du plus gros calibre et des canons lourds à très grande portée et à tir de plein fouet. Le 1er juillet, vers huit heures du matin, se produisit entre Gommécourt et la région à l'ouest de Vermandovilliers, sur un front de 40 kilomètres, la grande attaque d'infanterie franco-anglaise, pendant que l'artillerie ennemie canonnait également de larges espaces de chaque côté de la zone d'attaque. L'ennemi pénétra dans de très nombreux points de notre ligne de défense, qui avait été fortement endommagée par le tir de notre artillerie au nord de l'Ancre ; des contre-attaques menées jusqu'au 2 juillet nous permirent de reprendre toutes nos positions en infligeant aux Anglais de très lourdes pertes en morts et en prisonniers. Au sud de l'Ancre également, lions parvînmes, le soir du 3 juillet. à les rejeter de nos positions jusques et y compris le plateau de Thiepval. Mais, de chaque côté de la Somme, les Anglais et les Français avaient produit un grand enfoncement dans notre ligne de défense. Nos pertes sur co point-là étaient tellement élevées, qu'il n'y avait littéralement plus de forces pour exécuter les contre-attaques voulues. En un mot, les Allemands tinrent bon ou rétablirent leur position à leur droite, dans le secteur de l'Ancre, tandis qu'ils furent enfoncés à leur gauche sur les deux rives de la Somme. Devant ce résultat, sir Douglas Haig renonça à poursuivre la bataille sur l'Ancre. Il confia les deux corps engagés de part et d'autre de cette rivière au général Gough, avec mission de maintenir seulement la pression sur l'ennemi, sans exécuter d'attaque de grand style. Au contraire, les corps engagés sur la Somme, depuis Contalmaison jusqu'au contact avec les Français, restèrent confiés an général Rawlinson, et reçurent mission de continuer la bataille face au nord. Du I" au 5 juillet, l'armée britannique avait refoulé les Allemands sur une profondeur de 2 kilomètres, entre la Boisselle et l'est de Montauban, c'est-à-dire sur un front de 10 kilomètres. Elle avait pris 4 villages (Montauban, Mametz, Fricourt et la Boisselle) et fait prisonniers 5.724 hommes et 94 officiers. La première position allemande était entièrement conquise. La pression continua les jours suivants. Du 7 au 11, à la gauche de l'armée, le bois de Mametz et le village de Contalmaison furent occupés. A la droite, le bois des Trônes fut atteint le 8, et disputé les jours suivants. L'occupation du bois de Mametz et du bois des Trônes permettait à Rawlinson de passer à l'attaque de la seconde position allemande. L'attaque fut décidée pour le 14. La préparation d'artillerie commença le 11. Dans la nuit du 13 au 14, les troupes se portèrent à distance d'assaut, avançant de 1.000 à 1.500 mètres dans l'obscurité, sous le couvert de fortes patrouilles, sans que l'ennemi s'aperçût de leur mouvement. A trois heures vingt-cinq du matin, quand il y eut assez de jour pour reconnaitre l'ami de l'ennemi, l'assaut fut donné. Précédées d'un barrage d'artillerie bien exécuté, les troupes britanniques entrèrent partout dans la position allemande. L'ennemi fut surpris, et son barrage tardif tomba derrière les assaillants. En deux jours, la seconde position allemande était enlevée sur un front de 5 kilomètres, et les avant-postes britanniques étaient au contact de la troisième. Sur le front français, l'attaque avait été exécutée au nord de la Somme, le ler juillet à sept heures trente, par le Die corps sur un front de 5 kilomètres. Une relation officieuse s'exprime ainsi : Il avait à conquérir les premières positions allemandes, faites de 3 et 4 lignes de tranchées, reliées par des boyaux nombreux, avec des bois organisés et avec le village fortifié de Curlu.... D'un bond les ouvrages allemands furent emportés. En escaladant à l'est du village de Curlu les pentes d'une falaise crayeuse baptisée le Chapeau de gendarme, les soldats de la classe 16, qui voyaient le feu pour la première fois, agitaient leurs mouchoirs et criaient Vive la France ! On arriva aux premières maisons de Curlu et, comme on pénétrait dans le village, des mitrailleuses installées aux abords de l'église se dévoilèrent. Selon les ordres du commandement, on stoppa aussitôt pour reprendre la préparation. Une demi-heure durant, de dix-huit heures à dix-huit heures trente, l'artillerie de destruction fut mise sur le village. A la nuit, l'infanterie française était complètement maîtresse de la place, et y repoussait 3 contre-attaques, parties de la direction de Hardecourt et fauchées par nos tirs de barrage. Les trois jours suivants furent employés à organiser la position conquise ; puis, le 5, l'attaque commença contre la seconde position, établie sur la ligne Hem-Hardecourt. Elle se fit d'abord à la droite contre Hem, qui fut enlevé le 5 ; le 8, la division de gauche al laqua à son tour et enleva Hardecourt. Au sud de la Somme, l'assaut avait été donné deux heures après l'assaut de la rive droite, par le 1er corps colonial prolongé à droite par la 61e division du 35e corps. Le soir du 1er juillet, la première position était enlevée ; le 2 au soir, la seconde position était enlevée dans sa partie nord, de la Sommé au sud d'Herbécourt, tandis que les Français étaient seulement, au contact de sa partie sud. Le 3, le progrès continua, toujours la gauche en avant. Flaucourt, en pleine troisième position, fut enlevé par un coup de main hardi. Au centre, Assevillers, dans la deuxième position, fut emporté. Le 4, à la droite, Belloy et Estrées étaient conquis. Le 9, le mouvement en avant était repris par la gauche, qui enlevait Biaches. L'important observatoire de la Maisonnette était conquis le 10. On était maintenant devant Péronne. Les soldats descendaient jusque dans les jardins de Sainte-Radegonde. Le succès était magnifique. Les troupes françaises avaient pénétré dans les ligues ennemies à une profondeur qui allait jusqu'à 10 kilomètres ; elles avaient enlevé aux Allemands 80 kilomètres carres d'organisations fortifiées de tout genre : tranchées, villages, carrières changées en forteresses, bois transformés en réduits, 85 canons, 235 officiers et 12.000 hommes. Dans le rapport qu'il lit sur la bataille de la Somme, le général von Below attribue les échecs allemands du début à l'action en masse de l'ennemi, surtout dans le domaine de l'aviation et de l'artillerie, action à laquelle nous ne pouvions répondre immédiatement dans la même mesure. Les Alliés avaient la milan lise absolue de l'air avec une proportion d'avions de 10 contre 1. Le 22 juin, les Allemands n'avaient que 3 escadrilles d'artillerie, 5 escadrilles de campagne, i3 escadrilles de combat et 2 escadrilles de chasse. Quant aux ballons, ils en avaient 5, contre 25 ou 30 chez l'adversaire. Le début et les premières semaines de la bataille de la Somme, écrit encore von Below, ont été caractérisés par une infériorité absolue de nos forces combattantes aériennes. Des quatre divisions que nous avons vues sur le front allemand en face des Français, trois (12e, 121e et 11e) furent relevées le 5 par des divisions de réserve immédiatement appelées. Une de ces divisions, la 185e, accourue de Champagne et engagée le 2, dut elle-même être en partie relevée dès le 4. Sur 13 divisions qu'ils avaient en réserve générale, les Allemands, du 1er au 9 juillet, en avaient dépensé 11. — Le commandement fut également réorganisé. Aux deux groupements créés avant la bataille, vint s'en ajouter un troisième, de telle sorte que le champ de bataille l'ut divisé en trois secteurs : à la droite allemande, le groupement von Stein, avec l'état-major du XIVe corps de réserve ; au centre, jusqu'à la Somme, le groupement von Gossler, avec le VIe corps de réserve (arrivé le 3 juillet de Cambrai) ; au sud, de la Somme à Soyecourt, le groupement von Quast avec l'état-major du XIIe corps de réserve. — La IIe armée, pour qui la charge de soutenir la bataille était trop lourde, l'ut dédoublée le 19 juillet, en ne armée au sud de la Somme, et Ire armée au nord, celle-ci commandée par le général F. von Below. Le même jour. les deux armées furent réunies en un groupe d'armées sous les ordres du général von Gallwitz, qui venait de Verdun, et qui en outre commanda personnellement la ne armée. Ce groupe dura jusqu'au 28 août. L'artillerie allemande fut renforcée et réorganisée. L'aviation fut employée tout entière et conte que coûte à assurer l'observation de l'artillerie et les reconnaissances photographiques. On sacrifia à ce but, écrit von Below, toutes les autres missions des aviateurs de combat. Ainsi l'artillerie cessa de travailler les yeux bandés. D'autre part, l'aviation se renforça progressivement. En particulier. de puissants appareils de chasse sortirent. La tactique employée fut de procéder par gros rassemblements d'avions sur les points essentiels. En concentrant sur les parties les plus exposées du front tous les éléments dont nous disposions, en exécutant ainsi des contre-attaques contre les aviateurs ennemis, nous parvînmes à reconquérir la maîtrise de l'air sur ces points, au moins dans les moments décisifs. Les avions allemands devinrent enfin assez nombreux pour être rendus à leurs diverses missions : escadrilles d'artillerie, escadrilles de protection, escadrilles d'infanterie. Au lieu de se borner à un barrage défensif, les avions reçurent l'ordre d'attaquer et de surveiller au delà des lignes ennemies. Les avions allemands n'exécutaient pas comme les chasseurs français des raids isolés. Ils volaient toujours en escadrilles, le chef, qui volait sur le plan supérieur, engageant et finissant le combat. Les autres procédés de reconnaissance et de liaison furent également perfectionnés. La coopération de l'artillerie et de l'infanterie devint meilleure. Enfin l'infanterie elle-même reçut une tactique nouvelle. Au lieu de garnir fortement les premières lignes, elle augmenta son échelonnement en profondeur, préludant au système de défense élastique de 1917. Tandis qu'à Verdun les Allemands usaient les divisions à la limite de leurs forces, ici les relèves furent multipliées, selon la méthode dont les Français s'étaient servis sur la Meuse. Les divisions en position d'attente derrière le front furent employées à creuser de nouvelles positions, que les Alliés trouvaient devant, eux après chaque avance. Ainsi, peu à peu, Allemands rétablirent l'équilibre des forces, rompu au début de l'action. La seconde attaque d'ensemble des Français eut lieu le 20 juillet, de Hardecourt à gauche jusqu'à Vermandovillers à droite. Ils engageaient 14 divisions, dont 8 en première ligne, sur un front de 19 kilomètres. Mais l'attaque était attendue, et elle échoua, sauf à la gauche française, où une division allemande céda sur un front de 3 kilomètres et une profondeur de 800 mètres. L'extrême droite française s'empara aussi, entre Soyecourt et Lihons, du bois Étoilé. Après l'affaire du 20, une attaque malheureuse de l'armée Rawlinson le 23, les Allemands crurent les Alliés à bout, de souffle. Cependant, le 25, à gauche de l'armée Rawlinson, l'armée Gough enlevait Pozières. Du 1er au 10 juillet, les Allemands avaient engagé sur la Somme 18 divisions ; du 10 à la fin du mois, ils en amenèrent 12 nouvelles, et, ramenèrent une seconde fois 3 de celles qui avaient déjà combattu. Une usure si rapide ne permettait plus de bouclier les trous avec les seuls moyens de la réserve générale. L'habitude s'établit alors de considérer les secteurs calmes du front comme lieu de repos, et de tirer les divisions de soutien, non seulement de la réserve, mais de ces secteurs, où d'autre part les divisions fatiguées allèrent se refaire. La bataille elle-même changea de caractère. Devant les lignes allemandes reconstituées, les Alliés commencèrent une bataille d'usure, visant moins à des conquêtes de terrain qu'à l'épuisement des forces allemandes. C'est avec ce caractère que la lutte continua pendant le mois d'août. Le 12 août, au nord de la Somme, le 1er corps français attaqua Maurepas, qui fut définitivement conquis le 17. Le 3 septembre, les armées françaises et britanniques exécutèrent pour la troisième fois une grande attaque d'ensemble. Le front est de 2 kilomètres, dont 15 aux Britanniques, qui engagent 10 divisions, et 7 aux Français, qui engagent 8 divisions. Les troupes britanniques enlevèrent par leur droite Guillemont, village tapi dans un creux, balayé par le feu des positions suivantes, et qui avait résisté jusque-là. Les Français emportèrent le Forest et Cléry. Le lendemain, la 10 armée française, entrant dans la bataille, attaquait au sud de la Somme. à gauche de la 6e, avec 11 divisions, sur plus de 18 kilomètres. Elle enlevait une partie de Vermandovilliers, Chilly et la lisière du bois qui couvre Chaulnes. Le 5, elle arrivait aux lisières du parc de Deniecourt : le 6, elle emportait une partie de Berny. La 6e armée, de son tété, continuait à progresser le 5. L'armée britannique enlevait le bois de Leuze le 6 et Ginchy le 9. La 6e armée française était maintenant au contact d'une grande ligne de défense naturelle qui allait de Morval au nord jusqu'à la Somme au sud, et qu'on appelait la tranchée des Berlingots. Cette position était longue de S kilomètres, 2 devant les Anglais, 6 devant les Français. Ceux-ci attaquèrent le 12 avec 5 divisions, surprirent les Allemands en pleine relève, enlevèrent la tranchée des Berlingots en une demi-heure, poussèrent jusqu'à la seconde position située à 2 kilomètres de là, et en fin de journée enlevèrent dans cette position Bouchavesnes, qui n'était pas dans les objectifs. Il n'y avait plus devant le 7e corps victorieux qu'une seule tranchée. On décida de reprendre l'attaque le lendemain. Mais les Allemands s'étaient ressaisis, et la journée du 13 ne donna pas de résultats décisifs. Trois jours après les Français, les Britanniques attaquaient à leur tour, le 15. Les tanks, qui apparaissaient pour la première fois, contribuèrent fortement à la victoire, qui fut éclatante. Nos alliés avancèrent de 2 kilomètres sur 10 de front, enlevèrent trois villages (Flers, Courcelette et Martinpuich), le bois des Foureaux, et prirent 4.000 prisonniers, dont 127 officiers. — La 10e armée française attaqua à son tour le 17, avec 6 divisions sur 11 kilomètres, et enleva Vermandovillers et Berne. Une forte contre-attaque allemande échoua le 20. Le 25, la ligne alliée s'ébranla de nouveau, sur un front de 18 kilomètres, de Martinpuich à la Somme. Les Français mettaient en ligne 7 divisions. La limite commune de l'armée française et de l'armée britannique était le ravin qui mène à Combles, gros bourg invisible au fond d'un entonnoir. Les Britanniques avaient devant eux une ligne de défense Gueudecourt-Morval ; les Français, une ligne Rancourt-Frégicourt. L'une et l'autre furent emportées. Combles se trouva ainsi débordé, et les Alliés y entrèrent le lendemain 26, les Britanniques par le nord, les Français par le sud. Sir Douglas Haig profita de la victoire de sa droite pour porter sa gauche en avant, et le 26 il jeta l'armée Gough sur le plateau de Thiepval, qui fut en grande partie conquis. Il avança ensuite au centre sur le Sacs, qui fut emporté le 7 octobre. Le même jour, la droite britannique prenait pied sur le dernier éperon qui masque le Transloy ; la 6e armée française, avec 4 divisions, atteignait la route transversale de Bapaume à Péronne près de Saille et bordait, le bois de Saint-Pierre-Vaast ; la 10e armée attaquait sur l'angle Boves-Vermandovillers-Chaulnes. L'affaire reprit le 9, au nord de la Somme, sur le front Courcelette-bois de Saint-Pierre-Vaast ; au sud de la Somme sur le front Fresnes-Chaulnes. Ces combats furent couronnés, du 13 au 18, par la prise de Sailly par la 6e armée. Au sud de la Somme, la première position allemande fut enlevée le 14 sur un front de 2 kilomètres à l'est de Belloy. Plus an sud, le hameau de Genermont et la sucrerie furent conquis. Ce sont les dernières convulsions de la bataille de la Somme, qui est réellement finie an milieu d'octobre. L'épuisement de l'armée allemande après la Somme n'est pas douteux. Du 1er juillet au 17 septembre seulement, les Allemands avaient engagé sur la Somme 67 divisions différentes et 17 bataillons, à raison de 310 bataillons contre les Anglais et 312 contre les Français. Dans un rapport du mois de décembre, sir Douglas Haig ne peut douter que les pertes de l'ennemi en hommes el, en matériel aient été beaucoup plus considérables que celles des Alliés, tandis que la balance de l'avantage moral penche encore plus de notre côté. Les quatre cinquièmes des divisions allemandes du front occidental ont été engagées sur la Somme, plusieurs deux fois, quelques-unes trois fois. Beaucoup ont très bien combattu, munie dans les dernières affaires, mais la résistance d'un nombre plus grand encore est devenue à la fin décidément phis faible qu'elle n'était dans les premières phases le la bataille. Il y a donc détérioration certaine de la force de résistance de l'ennemi. De leur côté, les Alliés avaient fourni un effort considérable. Les Britanniques, lui avaient alors 57 divisions en France, avaient eu 60 passages de divisions au feu. Les Français avaient engagé 44 divisions, avec 81 passages. Et 30 d'entre elles avaient déjà pris part à la bataille de Verdun. L'armée française, avec divisions, a, dans l'année 1916, à Verdun et sur la Somme, fourni 165 engagements de divisions. La bataille de la Somme avait dégagé Verdun. Ce dégagement permit aux Français de passer à leur tour à la contre-offensive sur la Meuse. Le 17 septembre, le général Mangin exposait, dans un rapport au général Nivelle, le projet d'une opération d'ensemble. Elle eut lieu le 22, et fut exécutée par trois divisions suivant une tactique nouvelle. Après une préparation d'une violence extrême, un barrage d'artillerie s'avançait suivant un horaire fixé, précédant la première vague d'infanterie, qui collait à ses éclats. Jusque-là le barrage avait ressemblé à un écran qu'on lève et qu'on pose plus loin. Maintenant il progressait d'une manière continue, au pas du fantassin, avec des insistances sur les points difficiles, et des pauses pour permettre la réorganisation des troupes sur les objectifs conquis. De son côté, l'infanterie a répété son rôle sur un terrain analogue à celui de l'attaque, et elle le sait par cœur. L'assaut est réglé comme le mouvement, d'une machine. L'effet fut foudroyant. La brume favorisa encore l'assaillant. Les barrages allemands ne se déclenchèrent que douze minutes après le départ de la première vague d'assaut. Le soir, le fort de Douaumont était pris, avec 3.500 prisonniers. Vaux, évacué dans la nuit du 1er au 2 novembre, fut occupé le 2. Une seconde opération eut lieu le 15 décembre, préparée avec la même minutie, et exécutée celte fois par quatre divisions en première ligne et quatre en seconde ligne. Pour ne pas donner l'éveil à l'ennemi, la cadence du tir ne fut pas accélérée avant l'assaut. Pendant que le barrage roulant précédait les vagues d'assaut, des tirs d'encagement par pièces à tir courbe plaçaient derrière l'ennemi un second barrage qui lui interdisait la retraite. C'est ainsi que, les troupes allemandes étant clouées dans leurs abris par des tirs d'interdiction posés à l'issue, le nombre des prisonniers put être calculé d'avance. Des tirs de peignage, barrage roulant en sens inverse, ramenaient dans la zone de mort tout ce qui tentait d'échapper. Le résultat dépassa encore celui du 24 octobre. En quelques heures 11.000 prisonniers furent ramassés. Le front fut reporté à la ligne côte du Poivre-Louvemont-ferme des Chambrettes-Bezonvaux. |