LECTURES HISTORIQUES

HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

395-1270

 

PAR CHARLES-VICTOR LANGLOIS

PARIS - HACHETTE ET Cie - 1901.

 

 

PRÉFACE.

 

CHAPITRE PREMIER. — L'EMPIRE ROMAIN À LA FIN DU IVe SIÈCLE.

CHAPITRE II. — LES BARBARES.

CHAPITRE III. — L'EMPIRE ROMAIN D'ORIENT.

CHAPITRE IV. — LES ARABES.

CHAPITRE V. — LA PAPAUTÉ ET LES DUCS AUSTRASIENS.

CHAPITRE VI. — L'EMPIRE FRANC.

CHAPITRE VII. — LA FÉODALITÉ.

CHAPITRE VIII. — L'ALLEMAGNE ET L'ITALIE.

CHAPITRE IX. — LES CROISADES.

CHAPITRE X. — LES VILLES.

CHAPITRE XI. — LA ROYAUTÉ FRANÇAISE.

CHAPITRE XII. — L'ANGLETERRE.

CHAPITRE XIII. — CIVILISATION CHRÉTIENNE ET FÉODALE.

CHAPITRE XIV. — CIVILISATION CHRÉTIENNE ET FÉODALE (suite).

 

PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION

 

Dans la Préface de la première édition de ces Lectures je disais que, pour qu'un pareil recueil fût tenu au courant des progrès de la science, il serait nécessaire de le réviser souvent. J'ai cru devoir, en effet, après cinq ans, le remanier d'un bout à l'autre.

 

I

Ce n'est pas que j'aie renoncé au système qui, en 1890, m'a paru le meilleur. Je pense toujours, pour les mêmes raisons[1], qu'il est impossible à un compilateur de Lectures historiques de rédiger lui-même tous les morceaux qu'il insère, et que, tout au moins quand il s'agit de Lectures sur l'histoire du moyen âge, il faut préférer, comme plus clairs et plus facilement assimilables, les extraits choisis ou les résumés de livres modernes aux documents originaux[2]. Je crois encore qu'il est bon de restreindre le nombre des morceaux qui entrent dans la composition du recueil, pour ne pas avoir à restreindre, au détriment de sa valeur, l'étendue de chacun d'eux : Quarante ou cinquante sujets traités, c'est assez pour donner, comme on dit, des clartés de tout, et Our sinon pour satisfaire entièrement, la curiosité d'un écolier[3].

Loin de changer d'avis, j'ai résolu au contraire de m-conformer, mieux que je ne l'avais fait d'abord, à ma propre manière de voir.

I. Le livre de lectures, disais-je en 1890, complémentaire du précis et du cours oral du professeur, doit contenir peu ou point de documents originaux. En fait, j'avais inséré dans celui-ci, au milieu de morceaux extraits d'œuvres modernes, quelques textes intéressants ; mais bruts, sans commentaires (ch. VI, § 2 ; ch. XI, § 4). Je les ai, cette fois, retranchés, persuadé désormais qu'il faut distinguer très nettement le livre de Lectures historiques de ce que l'on appelle, en allemand, le Quellenbuch, du Recueil de documents originaux à l'usage des classes. Les Quellenbücher[4] sont des instruments d'enseignement nouveaux, très précieux s'ils sont bien faits je citerai, comme des modèles, l'Histoire de la France racontée par les contemporains de M. B. Zeller, l'English history from contemporary writers de M. J. York Powel, la Storia d'Italia narrata da scrittori contemporanci de P. Orsi, le Quellenbuch d'Œchsli pour l'histoire de Suisse, les ouvrages de Richter, de Lehmann, pour l'histoire d'Allemagne, etc. Mais le livre de Lectures historiques est, à mon avis, tout autre chose : c'est une petite bibliothèque choisie d'historiographie moderne.

II. J'ai renoncé, d'autre part, à composer des tableaux d'ensemble avec des renseignements empruntés à plusieurs auteurs. Ce procédé, fort employé, est dangereux. Mais j'ai pris, comme précédemment, la liberté d'élaguer, çà et là, dans les textes reproduits, les preuves, les notes, les phrases surabondantes, pour plus de rapidité ou de clarté.

De ce chef et du précédent, cinq morceaux sur quarante-trois ont été éliminés. J'en ai supprimé six autres qui m'ont paru vieillis ou, pour d'autres raisons, susceptibles d'être avantageusement remplacés. On trouvera, par contre, dans cette édition, vingt-cinq morceaux nouveaux. — La plupart des médiévistes français de premier ordre, dont quelques-uns sont aussi de grands écrivains, sont représentés ici par quelque fragment de leur œuvre[5].

 

II

Mais ce qui différencie surtout cette seconde édition de la première, ce sont les notices bibliographiques, placées au commencement des quatorze chapitres qui correspondent aux articles du programme.

Je disais naguère : Le livre complémentaire, en même temps qu'un choix de morceaux recommandables, doit donner le catalogue d'une bibliothèque idéale. C'était alors une nouveauté d'introduire, dans un livre de classe, des renseignements bibliographiques, précis et abondants. Depuis, la Bibliographie est devenue à la mode ; personne ne la trouve plus ennuyeuse, parce que tout le monde sait qu'elle est utile[6]. Dans l'Histoire générale du IVe siècle à nos jours, en cours de publication depuis 1893, chaque chapitre est suivi d'une Bibliographie assez développée, parfois estimable, des Documents et des Livres. En même temps que se répandait l'habitude des notices bibliographiques, et, tandis que le public apprenait à s'en servir, nous apprenions à les mieux faire. C'est pourquoi l'on ne sera pas surpris que la Bibliographie jointe à ces Lectures ait été entièrement récrite.

Il fallait d'abord la mettre au courant. Or telle est l'activité de la production scientifique internationale que, en cinq ans, la littérature historique est en grande partie renouvelée : des livres, qui étaient classiques, sont remplacés ; des lacunes ont été comblées ; tout, ou presque tout, est changé. En parcourant les notices bibliographiques de ce recueil, on ne manquera pas d'être frappé du très grand nombre des livres cités dont la date est postérieure à 1890. Cependant j'ai à peine besoin de dire que je me suis attaché à indiquer, non pas les ouvrages les plus récents, mais seulement les meilleurs.

En second lieu, j'ai introduit deux modifications dans la plan primitif des notices.

I. Chaque notice se composait, dans la première édition, de deux parties : Documents originaux, Livres de seconde main. Outre que cette dernière expression, si usitée qu'elle soit, est impropre, il m'a semblé raisonnable de simplifier, en réduisant chaque notice à une simple liste d'ouvrages modernes. C'est dans les Quellenbücher que la bibliographie des sources ou des documents originaux a sa place marquée ; je l'ai supprimée ici d'autant plus volontiers qu'elle occupait indûment une notable partie de la place nécessaire pour la bibliographie des livres.

II. Nous n'oublierons point, disais-je il y a cinq ans, que le principal mérite d'une bibliographie historique à l'usage des lycées est d'être pratique. J'avais primitivement l'intention de n'énumérer que les meilleurs livres, les livres les plus dignes d'être lus ou consultés[7]. Mais il faut bien signaler aussi quelques-uns de ceux qui, quoique célèbres, ne doivent plus être lus, ni consultés avec confiance. Il faut aussi prévenir le lecteur que certains bons livres sont des ouvrages de vulgarisation et d'autres des œuvres d'érudition, difficiles, techniques, parfois systématiques. D'où l'utilité de quelques avertissements. J'avais essayé de remplacer ces avertissements par des astérisques, conformément au procédé recommandé par plusieurs bibliographes. J'ai substitué, cette fois, à l'astérisque, décidément insuffisant, quelques remarques explicatives — encore trop sommaires à mon gré — et des classifications raisonnées.

Pratiques et à jour, je l'espère, les Notices bibliographiques de ce recueil ne sont pas copieuses. Tous les renseignements de luxe — livres arriérés et médiocres, utiles aux seuls érudits, etc. — en ont été, en effet, bannis[8]. Mais la plupart des grands Manuels qui y sont indiqués sont pourvus eux-mêmes d'excellentes bibliographies spéciales, critiques, avec lesquelles il serait facile, au besoin, d'amplifier les nôtres. J'indique d'ailleurs, en note[9], les instruments généraux les plus commodes qui permettraient d'établir rapidement, si c'était utile, là bibliographie d'un sujet spécial, c'est-à-dire de se procurer la liste — la liste pure et simple, il est vrai, sans explications — des livres et des articles qui ont été publiés sur n'importe quelle question de l'histoire du moyen âge.

Je n'ai cité nulle part l'Atlas de géographie historique récemment publié à la librairie Hachette, sous la direction de F. Schrader, ni les t. IV à VIII de la Weilgeschichte de L. y. Ranke, parce qu'il aurait fallu les citer partout[10].

 

CH.-V. LANGLOIS.

 

 

 



[1] Préface de la 1re édition, p. LI-XLI.

[2] Sur les méthodes employées pour composer des Lectures historiques à l'usage des classes dans les différents pays d'Europe et d'Amérique, voir l'excellent ouvrage de M. B. Altamira, La enseñanza de la historia, Madrid, 1895, in-16, p. 522 et suiv.

[3] P. XIII-XIV. Je disais : Si les sujets traités seront en petit nombre, ils seront très variés, afin que chacun trouve dans le recueil des choses à sa convenance.... La lecture d'une page colorée de Chateaubriand décida, dit-on, la vocation historique d'Augustin Thierry ; je sais des jeunes gens dont la vocation a été suscitée par la noblesse des belles, froides et élégantes synthèses de M. Guizot. ou de M. Fustel de Coulanges ; d'autres ont été séduits par les vivantes résurrections de Michelet ou de M. Lavisse d'autres encore pourraient l'être par la rigueur et la solidité de certaines démonstrations critiques. C'est affaire de goût et de tempérament. J'en conclus que tous les genres devront être représentés dans le livre complémentaire : il y faudra jeter toutes les espèces de bon grain. Co que l'un ne lira point, l'autre en profitera. et rien ne sera perdu. Des germes seront ainsi déposés dans les cerveaux. qui fructifieront tôt ou tard.

[4] Cf. Quellenlectüre und Quellenbücher im Unterricht dans Festgabe zur Versammlung Deutscher Historiker in München, Ostern 1893, Leipzig, 1895, in-8°, p. 79 et s.

[5] Il va de soi que j'ai choisi arbitrairement et que j'ai plus d'une fois regretté d'être obligé de choisir. Les notices bibliographiques, placées au commencement des chapitres, sont faites pour réparer cela ; elles indiquent les ouvrages où, si j'avais eu de la place, j'aurais puisé volontiers. — Il va également de soi qu'insérer quelques pages d'un auteur n'équivaut point à garantir que toutes les affirmations de cet auteur sont exactes dans le détail. Noterait-on, dans deux morceaux d'auteurs différents qui figurent dans ce recueil, de menues contradictions, il n'y aurait pas lieu d'en être surpris ou offensé.

[6] Il n'est plus nécessaire aujourd'hui de prouver qu'elle est utile. Elle l'est aux étudiants (il n'est pas interdit de penser à eux), aux professeurs et aux gens du monde qui — les spécialistes le constatent tous les jours — recourent souvent, faute d'être bien informés, à des livres détestables, aux premiers livres venus. Elle l'est aussi aux élèves, ne serait-ce qu'en leur donnant la notion de ce que l'activité scientifique de notre époque a de prodigieux. — Dans certains pays, le Guide bibliographique scolaire est un ouvrage distinct du Recueil de documents, du Précis, et du livre de Lectures. Voyez W. F. Allen, The reader's Guide to the English history, etc.

[7] Je n'ai pas hésité à recommander les meilleurs livres, en quelque langue qu'ils soient écrits : français, allemand, anglais ou italien. On a dit que, puisque notre France possède une riche collection d'historiens nationaux, la lecture des historiens étrangers ne s'impose qu'aux érudits ; tel n'est pas notre avis. Il n'y a pas que les érudits qui doivent préférer un bon livre à un livre médiocre, même si le bon livre est en langue étrangère, même si le livre médiocre est en français. Un homme cultivé ne peut pas, de nos jours, se contenter d'être au courant de sa littérature nationale, à quelque nation qu'il appartienne. — Il est d'ailleurs exact que la France a produit, et produit encore, beaucoup de livres d'histoire excellents. Les études relatives au moyen âge, en particulier, sont depuis longtemps très florissantes dans notre pays.

[8] Je me suis attaché à indiquer : 1° les principaux Manuels généraux de haute vulgarisation scientifique, à consulter plutôt qu'à lire : 2° les monographies de premier ordre ; 3° les meilleurs livres ou articles de vulgarisation élémentaire, écrits pour le grand public. — Je ne crois pas que l'on trouve ailleurs un ensemble de renseignements de ce genre.

[9] Le dernier Manuel de Bibliographie historique universelle (où le moyen âge a sa place) est celui de Ch. Kendall Adams (A Manual of historical literature, New-York, 1888. 5e éd.), qui n'est pas sûr.

Les répertoires bibliographiques d'histoire nationale sont, naturellement, bien plus soignés. Consulter, pour l'histoire de France : G. Monod, Bibliographie de l'histoire de France, Paris, 1888, in-8e : — pour l'histoire d'Allemagne : Dahlmann-Waitz-Steindorff, Quellenkunde der deutschen Geschichte, Gottingen, 1894, in-8°, 6e éd. : pour l'histoire de Belgique : H. Pirenne, Bibliographie de l'histoire de Belgique, Gand, 1895, in-8° : — pour l'histoire d'Angleterre : S. R. Gardiner et J. Bass Mullinger, Introduction to the study of English history, London, 1894, in-8°, 5e éd. — M. Menéndez y Pelavo prépare une Bibliographie historique de l'Espagne. — Rien d'analogue, malheureusement, pour l'Italie. L'ouvrage de C. Lozzi (Biblioteca istorica della antica e nuovo Italia, Imola, 1884-1887, 2 vol. in-8°) est insuffisant. Cf. un bon catalogue de libraire : U. Hœpli, Biblioteca historica italica, Milano, 1895, in-8°.

M. U. Chevalier est l'auteur d'une gigantesque entreprise de bibliographie internationale, chronologiquement limitée au moyen âge, le Répertoire des sources historiques du moyen âge. Son ouvrage se compose de deux parties : la première (Biobibliographie, Paris, 1877-1886 ; Supplément en 1888) fournit la réponse à cette question : Quels sont les livres à consulter sur tel personnage historique ayant vécu de 595 à 1500 ? — la seconde (Topobibliographie, dont les deux premiers fascicules [A-E] ont paru en 1894-1895), fournit la réponse à cette question : Quels sont les travaux dont telle localité, tel fait, telle institution du moyen âge, a été l'objet depuis l'invention de l'imprimerie jusqu'à nos jours ?

Quelques-uns des répertoires précités (Monod, Lozzi, etc.) datent déjà d'une dizaine d'années. Pour savoir ce qui s'est fait depuis et pour se tenir au courant de ce qui se fait chaque jour, il faut se servir d'instruments spéciaux, comptes rendus périodiques, pour la plupart annuels (Jahresberichte), où les écrits historiques nouveaux sont classés avec méthode et brièvement appréciés. Les Jahresberichle der Geschichtswissenschaft, publiés chaque année depuis 1880 sous les auspices de la Société d'histoire de Berlin, sont très commodes. Quelques Revues, où la partie bibliographique est soignée, rendent, d'ailleurs, des services analogues ; je citerai au premier rang la Revue historique, l'Historisches Jahrbuch (catholique), la Deutsche Zeitschrift für Geschichtswissenschaft ; mais il y en a beaucoup d'autres, telles que l'Historische Zeitschrift, l'English historical review, la Revue des questions historiques (catholique), etc., etc., qui, recommandables à d'autres égards, ne sont pas à dédaigner, même au point de vue bibliographique.

Une Revue, Le Moyen Âge, se propose depuis 1888 de tenir ses lecteurs au courant de tout ce qui parait dans le domaine de l'histoire du moyen âge. — La Bibliothèque de l'École des chartes est une Revue d'érudition consacrée à l'étude du moyen âge ; elle n'a pas la prétention de fournir des indications bibliographiques complètes. Des Revues spéciales, telles que la Romania, la Byzantinische Zeitschrift, la Revue de l'Orient latin, etc., donnent des renseignements complets sur ce qui se publie dans le domaine de leurs études.

[10] La Weltgeschichte de L. v. Ranke est sans contredit la meilleure des histoires universelles où le moyen âge a sa place ; mais il y en a beaucoup d'autres. — Sous la direction de MM. Lavisse et Rambaud se publie depuis 1895 une Histoire générale du IVe siècle à nos jours, dont les deux premiers volumes (Paris, 1895, in-8°) sont consacrés aux matières comprises dans le programme de Troisième. J'indique ici une fois pour toutes cette publication inégale. Les quatre ou cinq chapitres vraiment intéressants qui s'y trouvent seront signalés à part.

On observera que je n'ai parlé nulle part des grandes Histoires de France de H. Martin, de E. Dareste, de J. Michelet, de MM. Bordier et Charton, etc. C'est que toutes ont vieilli. Les deux dernières conservent du reste une grande valeur, celle de Michelet comme œuvre d'art, celle de Bordier et Charton comme Manuel. Une nouvelle Histoire de France, dont six volumes seront consacrés à la période antérieure au XIVe siècle, est en préparation à la librairie Hachette.