Au contact des armées françaises, toute l'Italie prit feu. Son territoire se couvrit instantanément de républiques faites à l'image de la constitution directoriale qui régissait alors la France. Elle eut la république cisalpine, ligurienne, transpadane, toscane, romaine, parthénopéenne. Mais cette transformation, opérée au nom de passions et d'idées qu'elle n'avait connues que par une initiation imparfaite et hâtive, réalisée sous des formes politiques absolument étrangères aux traditions nationales, fut tout artificielle, resta à la surface du sol au lieu de s'y enraciner, et ne sut nulle part s'emparer fortement de l'esprit des populations. Cette révolution se trouvait d'ailleurs associée dès sa naissance à un mouvement prodigieusement vieilli et épuisé. Elle se vit promptement à la merci des protecteurs qui l'exploitaient, et condamnée à suivre en satellite fidèle toutes les métamorphoses si rapides et si imprévues de la constitution française. Elle reçut le contre-coup de toutes les atteintes qui lui étaient portées. Enfin, elle exigea, pour se maintenir, une tutelle et une occupation permanente dont les humiliations trop peu déguisées blessèrent profondément les âmes en qui respirait encore l'orgueil patriotique. Deux grands poètes, Alfieri et Foscolo, furent surtout les interprètes de cette déception, qui faillit faire perdre à la France tout le bénéfice de la popularité que sa propagande intellectuelle lui avait donnée en Italie vers la fin du dix-huitième siècle. Au premier échec des armes françaises, tout l'édifice croula, pour faire place à la restauration des anciens gouvernements. Ils s'effacèrent eux-mêmes presque aussitôt devant un homme qui semblait apporter de nouvelles destinées à l'Italie comme à la France. Bonaparte, de retour d'Égypte, venait de frapper deux grands coups, celui du 18 brumaire et celui de Marengo. Vers la même époque, celui qui s'intitulait alors le citoyen cardinal Chiaramonti, évêque d'Imola, était élu pape sous le nom de Pie VII, par le conclave assemblé à Venise. C'était un esprit simple, modéré, conciliant, mais un caractère faible et versatile, aussi peu fait que son prédécesseur pour des circonstances aussi difficiles, et entièrement dominé dès le début de son règne par le cardinal Consalvi, un représentant fidèle des vieilles traditions de la cour de Rome. Dans l'état précaire où se trouvait l'Église, le Saint-Siège ne pouvait se passer d'un protecteur. Le seul État dans lequel il eût pu s'attendre à le rencontrer, l'Autriche, se montrait froid et même hostile ; elle venait d'occuper Rome sans se soucier le moins du monde d'y rétablir les papes. Cette protection que l'Autriche lui refusait, le premier consul la lui offrit. Encore mal affermi sur la ruine des institutions républicaines, en butte aux conspirations de tous les partis qu'il avait renversés, possédé d'une ambition qui ne s'était pas encore assigné son dernier terme, Bonaparte s'efforçait de lui donner pour complices tous les intérêts, toutes les passions, tous les instincts qui peuvent sommeiller parfois dans l'âme populaire, mais qui s'y réveillent au premier appel de la force et de la gloire. Il voulait que ion pouvoir réunit tous les prestiges qui à un titre quelconque parlent à l'imagination des hommes. Une tentation puissante dont les suites furent incalculables s'offrit à sa pensée : pourquoi, à l'exemple des anciens conquérants, ne lui donnerait-il pas la consécration de la sanction religieuse ? La grande organisation catholique n'existait plus qu'à l'état de souvenir, pourquoi ne se relèverait-elle pas avec la nouvelle monarchie, et ne se prêteraient-elles pas un mutuel appui ? Il délibéra longtemps. Si, d'une part, c'était gagner le cœur de la minorité encore attachée à l'ancien culte, c'était en même temps aliéner sans retour les partisans de l'idée révolutionnaire qui était une religion aussi. Qui pouvait dire d'ailleurs quel usage l'Église ferait du pouvoir qu'on allait lui rendre ? Se croirait-elle à jamais enchainée à sa politique par un service qu'elle serait peut-être la première à déclarer intéressé, pour se dispenser de la reconnaissance ? Bonaparte écarta ces suppositions comme invraisemblables. Il tendit la main au pontife, lui garantit sa réintégration à Rome par le traité de Lunéville, et Pie VII lui apporta l'alliance de l'Église par le concordat de 1801. Le moment de discuter cet acte célèbre n'est point encore venu, puisqu'il n'a pas cessé de faire partie de la législation existante ; mais, comme il emprunte toute sa signification à la politique qui l'a produit, il se trouve implicitement jugé avec elle. Ce qui est un fait rigoureusement historique, c'est le prompt repentir de ses deux auteurs, l'étonnement qu'il excita, et l'indifférence presque générale avec laquelle il fut reçu au premier moment de son apparition. Le Corps législatif, déjà si fidèle aulx consignes qu'on lui donnait, montra si peu de complaisance à le ratifier quo sa publication en fut retardée de plusieurs mois. Ce n'est donc que par une hypothèse que rien ne justifie qu'on a pu voir dans le concordat de 1801 l'œuvre d'une réaction religieuse émanée de l'initiative populaire : il fut avant tout un acte politique et gouvernemental. Le concordat était loin d'être conforme aux vrais principes de la révolution, puisqu'il tendait à rétablir l'union de l'Église et de l'État ; mais il en sauvegardait du moins les principaux intérêts. Il imposait au pape la reconnaissance de l'aliénation des biens du clergé décrétée par la Constituante, il laissait vivre les cultes dissidents à côté de la religion catholique, il mettait les ecclésiastiques sous la dépendance de l'État en les assimilant aux fonctionnaires salariés, il les assujettissait à un serment de fidélité au gouvernement établi, et enfin attribuait la nomination des, évêques au pouvoir civil, en accordant leur institution canonique au Saint-Siège. Mais, malgré ces tempéraments réclamés par l'esprit du temps, il n'en était pas, moins une complète restauration de l'Église, au double point de vue spirituel et temporel. La papauté rétablie à Rome, le catholicisme relevé en France oui, les populations avaient oublié jusqu'au sens de ses cérémonies religieuses, c'était là la résurrection la plus miraculeuse et la plus inespérée, et celui qui l'eût annoncé à Pie VII au moment de son élection n'eût à coup sûr trouvé en lui qu'un incrédule. L'homme qui avait fait cela méritait quelque reconnaissance, bien qu'il n'eût pas le moins du monde été inspiré par l'héroïsme sentimental que lui prêtait alors M. de Chateaubriand. Dans le premier élan de joie, on laid-témoigna avec ivresse. C'était à lui seul après Dieu que le nouveau pape rapportait cette fortune inouïe. Cependant Bonaparte eut bientôt lieu de s'apercevoir qu'au lieu de conquérir un instrument de règne ou tout au moins une coopération indirecte, il s'était créé un danger. Dès 1803, Pie VII protestait contre tout l'ensemble des libertés gallicanes, que les dispositions organiques du concordat s'étaient bornées à faire revivre, et en même temps il réclamait avec instance le rétablissement de son autorité dans les légations, qui ne lui avaient pas été rendues. Le premier consul fut étonné de tant d'ingratitude et manifesta tout haut son mécontentement. Mais s'il avait pu oublier les leçons de l'histoire au point de supposer qu'une institution si rebelle aux transformations modifierait docilement son esprit et renierait ses maximes séculaires sur une injonction de lui, il aurait pu du moins savoir par son expérience personnelle comment les prétentions croissent avec le succès. Si lui, le parvenu, l'homme nouveau, le fils de la révolution française, il pensait déjà à Charlemagne, comment pouvait-il s'étonner que la cour de Rome citât Grégoire VII et Boniface VIII ? Tel est, en effet, le double et incroyable anachronisme que le monde vit se produire à ce moment. Et, comme s'il y avait dans les situations les plus artificielles je ne sais quelle force ironique qui se fait un jouet des hommes les plus grands par le génie, comme si on ne pouvait toucher à ces magiques formules sans tomber sous leur mystérieuse puissance, il suffit à Napoléon d'avoir évoqué les traditions de Charlemagne pour être condamné à suivre en esclave toutes les péripéties de la longue lutte de l'Église contre l'Empire. Au lieu de rompre avec son alliée sur un premier dissentiment, il résolut d'effacer ces ombres importunes dans l'éclat d'une grandeur nouvelle. Il voulut la rendre à jamais solidaire de son pouvoir par une alliance plus étroite encore. C'est alors que le couronnement de Charlemagne s'offrit à son esprit. Il se dit que le pape, engagé et compromis sans retour par cette solennelle adhésion, n'aurait plus rien à lui refuser. Il y voyait de plus une victoire remportée sur la vieille Europe, son usurpation effacée aux yeux même de la superstition du droit divin, et un échec pour la coalition. C'est ainsi qu'il s'en expliqua lui-même au Conseil d'État, où l'opportunité du sacre était fort discutée : Supposez, leur dit-il, qu'au lieu de délibérer aux Tuileries vous délibériez à Londres, et qu'on vous apprit que le pape passe les Alpes pour sacrer l'empereur des Français, regarderiez-vous cela comme un triomphe pour l'Angleterre ou pour la France ? Combien étaient différentes les secrètes pensées du pontife et de ses conseillers ! Prenant ce rêve encore plus au sérieux que son auteur, ils songeaient déjà à tous les avantages que les papes du moyen âge avaient retirés de leur association à l'Empire des Césars germaniques. Pourquoi l'homme qui venait d'accomplir de tels miracles ne ferait-il pas aussi celui-Ils ? Était-ce donc plus difficile que de les relever, comme il l'avait fait, de l'état d'anéantissement où il avait trouvé l'Église ? On demandait au pape une couronne : n'était-ce pas lui reconnaître de nouveau le droit de donner et de retirer les royaumes ? Cependant trop de faits infligeaient un démenti à ces puériles illusions, pour que la résolution du pape ne fût pas soumise à mille découragements et à mille retours. Il consulta le sacré collège, promit, refusa, et enfin se mit en route après de longues hésitations. Il n'y avait pas eu de conditions stipulées ; mais les négociateurs du couronnement laissèrent espérer à Consalvi tout ce qu'il voulut. Pie VII vint à Paris et consacra Napoléon, au mépris de ses engagements personnels avec Louis XVIII. Cette religion auguste, dit à ce sujet Fontanes, vient consacrer les nouvelles destinées de l'Empire français, et prend le même appareil qu'au siècle des Clovis et des Pépin... Jamais l'univers n'eut un plus imposant spectacle, jamais les peuples n'ont reçu de plus grandes instructions. Ce n'est plus le temps où l'Empire et le sacerdoce étaient rivaux. Tous deux se donnent la main pour repousser les doctrines funestes qui, etc. Prophétie pleine d'à-propos et de sagacité. Ce fut en apparence un renouvellement complet du pacte de Charlemagne. Les cadres du vaste Empire fédéral furent rétablis, et l'Italie y entra en qualité de royaume par le couronnement de Napoléon à Milan. L'Allemagne n'y fut pas dès lors incorporée, mais sa place y était marquée d'avance. Mais, malgré les efforts des deux auteurs de cette exhumation pour croire à leur œuvre, le nouvel empire, dont les grands vassaux étaient représentés en Italie par des sous-préfets français, n'avait pas plus de rapport réel avec celui du moyen âge que cette cérémonie de complaisance avec les stipulations carlovingiennes, où les deux pouvoirs traitaient d'égal à égal, et où chaque détail du couronnement était le symbole d'un engagement réciproque. Un tel pacte d'alliance, où les formes antiques recouvraient des éléments si prodigieusement différents de ceux qui l'avaient inspiré à l'origine, ne pouvait se maintenir sous la Minière de l'esprit moderne, mais il ne s'en imposa pas moins à ses auteurs comme une fatalité. La lutte entre Napoléon et Pie VII suivit une marche aussi logique que celle des empereurs et des papes au moyen âge. Elle s'établit tout d'abord sur la question de suzeraineté, mot quelque peu féodal et suranné. Le pape. ne semblait pas se douter que le droit nouveau qu'il venait de consacrer impliquait une renonciation à la souveraineté sur les États romains. Il avait, au contraire, espéré acheter par sa complaisance sa réintégration dans toutes les provinces que le Saint-Siège avait perdues. Comme ses prédécesseurs, il entendait garder à la fois et les bénéfices de la protection impériale et les avantages du domaine indépendant. Napoléon le rappela aux termes du pacte : Votre Sainteté est le souverain de Rome, lui dit-il, mais moi j'en suis l'empereur. Commun César du moyen âge, il parlait de fief, de suzerain, de vassal, etc. Et telle était la force d'illusion que créait cette fantasmagorie, où ce sublime comédien n'avait vu qu'un moyen de plus de s'emparer de l'imagination des hommes, que Pie VII, pour revendiquer sa souveraineté, n'invoquait nullement les droits de ses prédécesseurs immédiats ; il remontait, lui aussi, jusqu'à Pépin et à Charlemagne. Charlemagne, disait-il, a trouvé Rome dans la main des papes et n'a prétendu à aucun droit de suzeraineté ou de domaine sur ses pontifes ; mais il en a reçu la qualité de défenseur de l'Église romaine arec la couronne impériale. Dix siècles écoulés depuis lors rendent toute investigation inutile. Il est connu, disait-il encore, que les provinces d'Urbin et de Camerino furent données au pape du libre consentement des peuples, lorsqu'ils se virent abandonnés par les empereurs d'Orient. Les Lombards les occupèrent ensuite mais Pépin, l'illustre et pieux père de Charlemagne, les leur reprit et les rendit au Saint-Siège. Ainsi reparaissaient tous les griefs oubliés de l'Église et de l'Empire, semblables à ces armes depuis longtemps abandonnées qu'on retrouve dans les anciens tombeaux. Comme le débat n'était en réalité qu'entre deux hommes, et que rien de ce qui avait fait durer la lutte au moyen âge n'existait plus, elle se trouva bientôt épuisée. Du temps de Charlemagne Napoléon passa bientôt à celui des derniers empereurs gébelins, puis à la réalité toute nue du nouveau principe impérial : Les prêtres ne sont pas faits pour gouverner, écrivit-il, pourquoi le pape ne vent-il pas rendre à César ce qui est à César ? Est-il donc sur la terre plus que Jésus-Christ ? Le temps n'est pas loin où, si l'on veut continuer à troubler nos États, je ne reconnaîtrai le pape que comme évêque de Rome, comme l'égal et au même rang des évêques de mes États. Ce n'était pas beaucoup dire, et la transition était quelque peu brusque. Néanmoins la lutte n'était pas encore terminée ; elle se poursuivit sur un autre terrain. De même qu'il relevait contre la papauté toutes les prétentions de l'ancien Empire, aggravées des procédés expéditifs de sou despotisme, où perçait si bien le mépris intérieur de l'esprit révolutionnaire pour les institutions cléricales, elle ressuscita contre lui les prétentions surannées des papes du moyen âge. Elle refusait de reconnaître des coutumes établies dans l'Église de France au temps d'Hincmar ; elle rejetait le mariage civil comme un honteux concubinage ; elle flétrissait le divorce reconnu par le Code Napoléon ; elle rappelait, à propos de l'attribution de quelques biens ecclésiastiques à des princes allemands de la communion protestante, les saintes maximes d'Innocent III, en vertu desquelles les princes hérétiques étaient déchus de tout droit de souveraineté et même de propriété. A la vérité, disait-elle, nous sommes tombés en des temps si calamiteux, et d'une si grande humiliation pour l'épouse de Jésus-Christ, qu'il ne lui est ni possible de pratiquer, ni expédient de rappeler de si saintes maximes, et qu'elle est forcée d'interrompre le cours de ses justes rigueurs contre les ennemis de la foi. Mais si elle ne peut exercer son droit de disposer de leurs principautés et de déclarer déchus de leurs biens les partisans de l'hérésie, pourrait-elle jamais permettre que pour les enrichir on la dépouillât de ses propres domaines ? Ce n'est pas tout. Lorsque Napoléon donna le royaume de Naples à son frère Joseph, la première protestation qui s'éleva fut celle du pape. Il ne réclamait pas en faveur de la dynastie déchue, mais au nom du Saint-Siège, qui seul, selon lui, avait le droit de disposer de cette couronne qu'il avait donnée à tant d'usurpateurs différents, depuis Robert Guiscard et Charles d'Anjou jusqu'au duc de Guise, et il demandait en conséquence qu'on lui en fit hommage. La querelle des investitures elle-même reparut sous une forme accommodée aux nouvelles relations de l'Empire et de l'Église. Il ne pouvait plus être question de l'investiture des bénéfices, la propriété bénéficiaire n'existant plus. Mais l'institution des évêques donna lieu à un débat tout à fait analogue. Le pape prétendit instituer les évêques, sans faire aucune mention de la nomination civile qu'il avait reconnue par le concordat, et bientôt il refusa absolument d'instituer les évêques nommés par le gouvernement. C'était là beaucoup plus de contrariétés que n'en pouvait supporter Napoléon, qui était loin d'avoir prévu que ses services seraient si mal récompensés. Pie VII ayant ajouté à ces griefs un refus d'adhésion au système continental, Miollis entra à Rome avec une brigade du nouveau Charlemagne, et la fiction s'envola. Peu après (17 mai 1809) parut le décret qui mettait fin à la souveraineté temporelle des papes. Les considérants sont un curieux témoignage de la singulière obsession qui assiégeait encore l'esprit de Napoléon : Considérant que lorsque Charlemagne,
empereur des Français et notre auguste prédécesseur, fit don aux
évêques de Rome de diverses contrées, il les leur céda à titre de fief pour
assurer le repos de ses sujets et sans que Rome ait cessé pour cela d'être
une partie de son empire ; Considérant que depuis ce temps
l'union des deux pouvoirs temporel et spirituel a été, comme elle est encore
aujourd'hui, la source de continuelles discordes ; que les souverains
pontifes ne se sont que trop souvent servis de l'influence de l'un que pour
soutenir les prétentions de l'autre, et que par cette raison les affaires
spirituelles, qui de leur nature sont immuables, se trouvent confondues avec
les affaires temporelles, qui changent suivant les circonstances et la
politique des temps ; Considérant enfin que tout ce que nous avons proposé pour concilier la sûreté de nos armes, la tranquillité et le bien-être de nos peuples, la dignité et l'intégrité de notre empire, a été proposé en vain ; — Décrète, etc. C'était pour en venir là que ce fils de la révolution avait cru devoir remonter jusqu'aux traditions du fils de Pépin. Il est plus que probable qu'il eût été tôt ou tard forcé de redescendre cette pente jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à l'entière séparation de l'Église et de l'État, sans la revanche des nationalités, qui brisa une domination aussi factice que cette résurrection de l'utopie carlovingienne. Un tel dénouement eût été à coup sûr le plus désirable pour la dignité de l'un comme de l'autre adversaire. Il leur eût épargné les représailles et les intimidations peu généreuses d'une part, les concessions et les désaveux peu honorables de l'autre, où les entraînèrent les dernières phases de leur antagonisme. Pie VII enlevé de Rome, transporté à Savone, puis à Fontainebleau, eut avec les principaux dignitaires du clergé de France et l'empereur Napoléon plusieurs entrevues, à la suite desquelles il signa un nouveau concordat, le 25 janvier 1813. Ce traité plus humiliant qu'une abdication n'avait pas de précédents dans les annales de la papauté. Le pontife cédait sur tous les points, renonçait à sa souveraineté temporelle, partageait son droit d'institution avec les métropolitains, consentait à résider en France, et se résignait à n'être plus qu'un fonctionnaire de l'empire français, en acceptant un traitement annuel de deux millions en échange des domaines qu'il avait perdus. Le pape signa cet acte de déchéance, non après avoir été traîné par ses cheveux blancs, n selon la gracieuse supposition des royalistes de 1815, mais après une mûre délibération et de son plein gré. Il ne fit que suivre en cela l'inspiration d'un caractère pusillanime, et céder aux sollicitations dont les prélats français l'accablèrent en l'absence de ses conseillers habituels. Une fois le concordat ratifié, ces conseillers lui furent rendus. Deux mois après, toute l'Europe se levait contre l'Empire, déjà ébranlé par le désastre de la campagne de Russie. Le pape eut des remords. Il écrivit à Napoléon pour les épancher dans son sein. Il n'avait plus, disait-il, de repos ni jour ni nuit, depuis qu'il avait apposé sa signature à ce fatal traité. Il se reprochait, sans ménager les termes, le scandale qu'il avait donné à l'Église, se déclarait décidé à réparer sa faute, et rappelait le pape Pascal II, qui dans une circonstance analogue n'avait pas craint de rétracter les promesses qu'il avait faites à l'empereur Henri V. La conclusion de la lettre était la révocation du concordat de Fontainebleau. Le temps était venu pour Napoléon d'offrir à son tour des concessions, et, pour Pic VII, celui de, es refuser. Après Leipzig, Napoléon lui proposa une nouvelle alliance au prix de la restitution d'une partie de ses anciens États, et le pape refusa. Quand les alliés furent sur le Rhin, il les lui offrit dans leur intégrité, et le pape répondit qu'il ne traiterait que dans sa capitale. Quand tout parut perdu, il le laissa partir sans conditions. Pie VI rentra à Rome au moment même où le canon des alliés tonnait sur les hauteurs de Montmartre. La chute de l'Empire laissa à l'Italie, au lieu de la constitution unitaire que Napoléon conçut, si on l'en croit, le projet de lui donner, une organisation fractionnée entre la vice-royauté d'Eugène, le royaume de Naples de Murat, et les départements annexés au territoire français. Les Italiens, qui avaient espéré de lui la consécration définitive de leur nationalité, se trouvèrent plus que jamais sans défense contre les restaurations imposées par l'étranger. L'année 1815 les vit beaucoup moins libres et surtout beaucoup moins indépendants qu'ils ne l'étaient à la veille de la révolution française, grâce à l'esprit d'aveugle colère, de réaction à outrance, qui rendait le poids des anciennes institutions infiniment plus lourd qu'il n'avait pu l'être précédemment, et grâce à la prépondérance illimitée acquise par l'Autriche. Avec le Milanais, elle possédait maintenant tous les États de la république de Venise, legs du traité de Campo-Formio ; elle avait droit de garnison dans plusieurs places fortes de l'Italie centrale ; elle dominait entièrement tous les nouveaux souverains ; rétablis, consolidés, maintenus par elle. Et ce n'était plus l'âme de Joseph II qui inspirait maintenant l'Autriche ; elle semblait revenue aux néfastes traditions de Ferdinand II, et cumulait l'arbitraire administratif avec l'absolutisme religieux. Mais, malgré ces désastres irrémédiables en apparente, un fait immense, un de ces événements qui déjouent toutes les combinaisons diplomatiques, et dont les politiques ne tiennent d'ordinaire aucun compte jusqu'à ce qu'il les renverse, s'était accompli dans l'ordre intellectuel et moral. Tant de spectacles tragiques et de calamités inouïes pressées dans un si court espace de temps n'avaient pas été sans parler aux âmes généreuses. L'idée de la nationalité italienne, morte depuis Machiavel, avait repris possession des esprits, et, ce qui valait mieux encore, elle prouvait son existence par des œuvres. Effacée du domaine politique, elle reparaissait dans celui de la littérature. La pensée italienne n'était plus, comme au dix-huitième siècle, un écho affaibli des Idées françaises ; elle vivait de sa propre vie, repoussait l'imitation étrangère comme une des formes de la servitude nationale, et s'efforçait de relever les caractères par l'ennoblissement des intelligences. Ce sera l'immortel honneur de la renaissance littéraire qui suivit 1815 en Italie, d'avoir renouvelé la source des patriotiques émotions, d'avoir servi d'asile à la liberté proscrite, d'avoir donné sous de transparentes allégories le mot d'ordre de ces conspirations muettes, d'avoir rallumé dans les cœurs la flamme sainte de l'orgueil viril, du dévouement, du sacrifice, des grandes ambitions. Si opprimé que soit un peuple, rien n'est désespéré pour lui tant qu'il lui reste de telles ressources. Mais quand les lettres désertent les éternels combats de la destinée humaine, quand elles se résignent à n'être plus qu'un reflet des événements extérieurs, au lieu de chercher à les soumettre à leur propre idéal, c'est alors qu'il faut jeter le cri d'alarme, car le temps des lâches littératures est aussi le temps des servitudes sans espoir ! Grâce à cette incessante protestation, la cause nationale ne resta pas un instant sans défenseurs, jusqu'au jour où elle put de nouveau se faire reconnaître par l'Europe. Dès 1821, deux insurrections répondaient à l'appel, l'une dans le royaume de Naples, l'autre dans le Piémont. Toutes deux avaient pour cri de ralliement un mot qui depuis bien longtemps n'avait pas retenti en Italie : l'indépendance Italienne. Elles furent étouffées avant que la papauté eût été mise en demeure, non de se prononcer, car sou choix n'était pas douteux, mais d'y intervenir d'une manière active. C'était toujours Pie VII qui gouvernait à Nome avec son secrétaire d'État Consalvi. Le traité de Vienne lui avait rendu toutes les anciennes provinces du Saint-Siège, en le gratifiant, pour sa sécurité et pour le bon plaisir de l'Autriche, de deux garnisons impériales, l'une à Ferrare, l'autre à Comacchio. Il avait rétabli presque sans modifications la vieille constitution pontificale, si toutefois on peut appeler constitution un régime qui était l'arbitraire organisé ; mais, tant qu'il vécut, il en tempéra les rigueurs par la douceur et l'indulgence de son caractère. C'est avec son successeur Annibal della Genga (1823), pontife d'une piété exemplaire, que, sous l'onction du pasteur des peuples, on vit soudainement reparaître la griffe des vengeances cléricales. Qui n'a entendu parler des sinistres exploits des San-Fédistes ? Ce règne de Léon XII rappela les plus tristes époques de la domination théocratique. L'Inquisition sortit du sépulcre ; les carbonari furent traqués comme des bêtes fauves, les juifs expropriés de leurs immeubles et murés dans leur étroit quartier. On fut obligé de changer de vieux palais en prisons pour suppléer à l'insuffisance des cachots, et le sang des patriotes ne cessa pas un instant de couler sur les échafauds. Cependant il mourut. Les Romagnes voulurent à leur tour payer leur dette à la cause italienne et empêcher que la prescription ne s'établit contre elle. Les conjonctures semblaient favorables. Un pape nouveau, Grégoire XVI, montait sur le trône de saint Pierre avec l'inexpérience des règnes qui commencent. La révolution de 1830 venait d'ébranler l'Europe, et son gouvernement de proclamer le principe de non-intervention comme une profession de foi destinée à servir de règle à ses relations extérieures. Pour donner une preuve non équivoque de son intention de faire respecter ce principe, le ministère français commença par empêcher qu'il ne fût violé en faveur des insurgés. Il arrêta deux expéditions qui avaient pour but de seconder le mouvement en se portant l'une sur le Piémont, l'autre sur Naples. C'était du moins pour eux une garantie qu'on ne souffrirait pas qu'il fût violé à leur préjudice. Dans cette persuasion, ils se tinrent sur la plus grande réserve vis-à-vis de l'Autriche, afin de ne pas même fournir un prétexte à une agression de sa part. De leur côté, les hommes d'État du cabinet français avaient signifié au gouvernement de l'empereur leur principe de non-intervention. L'Autriche y répondit en faisant franchir le Pô à un corps d'armée qui rétablit le duc François à Modène, Marie-Louise à Parme, et le pape à Bologne, après y avoir écrasé l'insurrection. Quand tout fut fini, le ministère français, qui avait protesté par des notes, réclama l'évacuation des provinces occupées par les troupes autrichiennes. Comme il ne leur restait plus rien à y taire, cette satisfaction lui fut octroyée libéralement. Nous avons adopté le principe de la non-intervention, répondit Casimir Périer, interpellé sur le sens qu'il entendait donner à son principe, mais seulement pour notre compte ; et ailleurs nous le soutiendrons par des négociations. Comme si une règle de conduite aussi banale et qui consiste à se défendre quand on est attaqué avait rien de commun avec un principe. Le cabinet français montra en cette occasion qu'il savait mieux pratiquer le principe du pardon des injures que celui de la non-intervention. Il s'unit aux grandes puissances pour demander au, saint père des réformes administratives et judiciaires ; et par qui fit-il contresigner cette requête ? Par M. de Metternich, la personnification de l'absolutisme austro-romain ; par l'homme qui venait d'étouffer l'insurrection romagnole au mépris de ses représentations. Il est inutile d'ajouter que les promesses du pape ne furent jamais tenues. Le mémorandum du 10 mai 1831 n'est qu'une preuve de plus de l'incompatibilité des institutions théocratiques avec les progrès réclamés par la civilisation. Les troupes autrichiennes eurent à peine évacué les légations que la révolte y éclata de nouveau. Elles y rentrèrent aussitôt pour la réprimer. Cette fois le principe de non-intervention produisit un second effet non moins inattendu que le premier. Sous prétexte que les Autrichiens n'avaient pas le droit d'occuper Bologne, les Français investirent Ancône, ce qui maintint jusqu'en 1838 deux corps d'armée étrangers au lieu d'un dans les Romagnes. Loin de se laisser décourager par ces déceptions et par les proscriptions sans nombre qui, dans tous les États de l'Italie, marquèrent chaque année du règne de Grégoire XVI, les amis de l'indépendance italienne formèrent bientôt un parti qui comprenait la nation presque entière, et, soit à l'étranger, soit en Italie même, ils discutèrent activement leurs projets d'affranchissement dans des publications clandestines qui pénétraient partout, grâce à l'universelle complicité. Sur la question d'indépendance et de nationalité, c'est-à-dire sur le but à atteindre, tout le monde était d'accord ; mais sur les formes propres à réaliser ce programme, les divisions étaient profondes. On emprunta une solution à la plupart des institutions qui avaient successivement prévalu en Italie. Les uns crurent pouvoir confier l'œuvre de libération à une confédération de princes italiens ; les autres à la république unitaire ; d'autres, à un chef unique, au royaume tant de fois écrasé tantôt par l'Empire, tantôt par l'Église, et à qui leur double chute laissait enfin le champ libre, au roi soldat qui serait désigné par la victoire. Au milieu de ces débats, une voix s'éleva en faveur du principe guelfe et réclama pour la papauté l'honneur de régénérer l'Italie : c'était celle d'un prêtre. Le livre du Primato, où l'abbé Gioberti émettait une proposition si peu prévue, eut un immense retentissement, mais on l'accueillit d'abord comme un paradoxe éloquent plutôt que comme un programme politique. La faveur extraordinaire avec laquelle il fut reçu par le clergé de la Péninsule lui gagna bientôt un nombre considérable d'adhérents séduits par l'espoir de réconcilier Rome avec la cause nationale. Et il arriva presque au même instant, par une coïncidence qui tenait du prodige, que la mort de Grégoire XVI porta au trône de saint Pierre un homme qui semblait la personnification vivante des idées de Gioberti et de ses aspirations généreuses, le cardinal Mastaï Ferretti. Ce fut un indicible étonnement. C'en était donc fait, la fatalité de l'histoire italienne était conjurée. Il fallait oublier tant de souvenirs et de leçons funestes. Il fallait croire que la douceur d'une âme évangélique allait fléchir le destin, effacer la loi qui pendant tant de siècles avait armé le bras des papes contre la nationalité italienne ! Toute l'Italie le crut et redevint guelfe au cri de Vive Pie IX ! Cependant le système de l'abbé soulevait dès lors beaucoup d'objections, et sa principale disposition témoignait surtout d'une profonde inintelligence du passé politique des papes. Quelle était l'épée, le collaborateur, le Deus ex machina que Gioberti promettait à la papauté pour l'œuvre d'affranchissement ? C'était le roi de Piémont, le candidat désigné du royaume unitaire si abhorré des papes, l'héritier direct des Lombards, des Béranger, de Manfred, de tous ceux qui avaient essayé de constituer l'Italie eu une seule nation, d'y établir cette unité nationalité qui, sous quelque forme qu'elle se réalisât, monarchique ou républicaine, était également incompatible avec l'existence de la papauté temporelle. Il n'y avait là nul piège, mais seulement la crédulité d'une âme trop confiante qui croyait facile de concilier deux principes ennemis parce qu'ils lui étaient également chers tous deux. Le programme fut accepté de bonne foi par la nation tout entière et par le pape lui-même. Une ère nouvelle semblait s'ouvrir. C'était le temps des utopies et des espérances illimitées. L'histoire de l'humanité offre peu d'époques où l'enthousiasme ait embrassé d'aussi vastes horizons que dans les deux premières années de ce pontificat. Cela dura tant qu'il n'y eut à échanger entre le peuple et le souverain d'autres stipulations que des témoignages de clémence et de bonté d'une part, et des sentiments de gratitude de l'autre. Mais bientôt l'heure de l'action sonna. Le tocsin de 1848 donna le signal de cette grande et mémorable expérience. On sait comment les princes italiens, emportés hou gré ou mal gré dans le mouvement national par l'élan de leurs peuples, unirent leurs armées dans une ligue contre l'Autriche. Quelles que fussent ses secrètes impressions, le pape les imita, au moins extérieurement. Le 25 mars, il bénit du haut du Quirinal les bannières des troupes qui partaient pour la guerre sainte. La campagne commença sous les plus heureux auspices. L'ardeur des soldats suppléait à l'insuffisance du capitaine. Le nom du nouvel Alexandre III se mêlait à tous les cris de ralliement. Le lendemain de Goïto, la première victoire de l'indépendance, une rumeur étrange, inquiétante, commença à circuler. Un disait tout bas que le pape désavouait son général. Quelques jours après, le 29 avril, une encyclique pontificale tomba comme la foudre sur le camp des alliés et donna aux princes le signal des défections : le pape rappelait ses troupes ..... Plusieurs demandent, disait-il, que, nous réunissant aux peuples et aux princes italiens, nous déclarions la guerre à l'Autriche. Nous avons cru qu'il était de notre devoir de protester hautement contre une telle résolution entièrement contraire à nos pensées, attendu que, malgré notre indignité, nous tenons sur la terre la place de Celui qui est l'auteur de la paix, l'ami de la charité, et que, fidèle aux obligations de notre suprême apostolat, nous embrassons tons les pays, tous les peuples, toutes les nations dans un égal sentiment de paternel amour. On ne pouvait définir en termes plus frappants les obligations morales qui, interdisaient à la papauté le rôle contre nature qu'on avait voulu lui faire accepter. Mais ces obligations en lui déniant le droit de guerre lui interdisent par cela même toute souveraineté politique, car il n'est pas de souverain pour qui la guerre ne puisse être à un moment donné le plus saint des devoirs. La double incompatibilité qui avait fait des pontifes de Rome les éternels ennemis de la nationalité italienne se révélait dans toute sa force à ce moment suprême. Comme prince spirituel, le pape est tenu de refuser son consentement à toute guerre qui frappe un peuple catholique. Il est le pasteur de l'Autrichien aussi bien que de l'Italien, le père de l'oppresseur comme de l'opprimé : il est, en un mot, l'ami de l'ennemi. Comme prince temporel, il ne peut pas davantage consentir à l'unité nationale qui menace si directement sa souveraineté. Son caractère sacerdotal lui défend d'avoir une patrie, et son caractère politique lui défend d'en laisser constituer une autour de lui. Si la cour de Rome en appelle si facilement à l'intervention étrangère, c'est que pour elle il n'y a pas d'étrangers, il n'y a que des fidèles. Ainsi se troubla devant ce problème terrible l'esprit le plus chrétien qu'il y ait eu parmi les souverains pontifes. Aujourd'hui, comme au moyen âge, l'Italie est encore mise en demeure de choisir entre la papauté temporelle et la nationalité, car elles ne peuvent vivre sur le même sol, et il faut que l'une dévore l'autre. Au moyen âge, elle a choisi la papauté. Mais, à cette époque, les papes lui apportaient, en don de joyeux avènement, tantôt la direction intellectuelle et morale du monde, tantôt un partage de la suprématie impériale qui flattait l'amour-propre national, tantôt enfin la dictature théocratique et l'espoir de la domination universelle, compensations éblouissantes qui fascinaient les imaginations malgré tant de réalités douloureuses. Aujourd'hui ils ne lui en donnent plus même l'ombre, tandis que les avantages que cette illusion obstinée lui a fait négliger deviennent de plus en plus nécessaires aux peuples qui veulent vivre. C'est à elle de décider si elle veut reprendre dans le monde la place éminente que son génie lui assigne, ou retomber dans la triste léthargie pendant laquelle on l'a prise si longtemps pour une nation morte. Ces vœux paraîtront peut-être superflus depuis les récents événements. Cependant la tâche est moins avancée que ne le pensent les observateurs superficiels, puisque les Italiens n'ont pas cessé de compter sur les secours étrangers. Qu'ils relisent leur histoire et qu'ils fassent, s'ils peuvent, le compte de leurs libérateurs : ils verront que c'est exactement celui de leurs maîtres. Condamnée par le monde entier comme pouvoir cosmopolite, la papauté doit l'être aussi comme gouvernement national, car le domaine politique des papes n'a jamais été autre chose que la pierre d'attente de la théocratie universelle. L'édifice n'a pas été bâti, il faut que le fondement lui-même soit arraché ! FIN DE L'OUVRAGE |