Le jour
même de la mort de son prisonnier, Saint-Mars, le vigilant, fit une
découverte pénible pour son amour-propre, inquiétante pour son avenir. Il
trouva le trou qui mettait en communication l'appartement de Foucquet et
celui de Lauzun. Trop honnête pour rien cacher, il apprit à Louvois par la
même lettre le décès presque subit du surintendant et les relations secrètes
qu'entretenaient depuis des années ces deux hommes si bien surveillés. À vrai
dire, c'était la troisième fois qu'il était pris en flagrant délit, sinon
d'incapacité, au moins d'infériorité sur ses prisonniers. Louvois était trop
pénétrant pour ne pas reconnaître cette vérité évidente ; c'était aussi un
homme pratique. Foucquet mort, Lauzun à la veille d'être libéré, la capacité
de Saint-Mars importait peu. Il convenait, au contraire, de ménager le beau-frère
de sa maîtresse, presque un parent, un homme très fidèle en somme, très
dévoué et qui possédait le secret du Roi. Louvois fut donc au plus pressé. Il
n'avait jamais perdu de vue Eustache Danger. Tout récemment encore, en
septembre 1679, il demandait des nouvelles de sa santé[1]. Or,
Saint-Mars déclarait qu'à son sentiment, Lauzun savait la pluspart des choses importantes dont M. Foucquet avoit
cognoissance. Le
valet La Rivière ne les ignorait pas non plus. Louvois immédiatement étendit
ce jugement à Eustache Danger, camarade de La Rivière. Son parti fut vite
pris. On ne pouvait songer à garder en prison Lauzun sans faire avorter la
riche combinaison financière dont la Grande Mademoiselle devait payer les
frais. On verrait plus tard comment on lierait la langue du turbulent Petit
Homme. En attendant, il y avait lieu de s'assurer des deux valets. Il faut,
écrit-il à Saint-Mars, que vous persuadiez à
M. de Lauzun que les nommés Eustache Dauger et ledit La Rivière ont été mis en liberté et que vous en parliez de mesme à
tous ceux qui pourroyent vous en demander des nouvelles ; que, cependant,
vous les renfermiez tous deux dans une chambre où vous puissiez respondre à
Sa Majesté qu'ils n'auront communication avec qui que ce soit, de vive voix,
ny par escrit, et que M. de Lauzun ne pourra point s'appercevoir qu'ils y
sont renfermés. Et à la
fin de la lettre : J'adjoute ce mot pour vous
dire que vous ne debvez entrer en aucun discours ny confidence avec M. de
Lauzun sur ce qu'il peult avoir appris de M. Foucquet[2]. Saint-Mars
n'était point méchant par nature ; mais la faute par lui commise le portait à
l'exagération. La Rivière et Dauger furent séquestrés, jetés dans un des
cachots de la Tour d'en bas, traités comme valets, à raison de 50 francs par
mois[3]. C'était peu pour des gens
habitués aux reliefs de la cuisine de Foucquet et de Lauzun. On était tout
aussi parcimonieux pour leur nourriture spirituelle. Il suffira de faire confesser une fois l'an les habitants
de la Tour d'en base[4]. En
somme, l'aventure changeait peu de chose au sort d'Eustache Dauger, condamné
depuis longtemps par la volonté du prince à une prison perpétuelle. Il semble
toutefois que le caractère de ce garçon, autrefois si résigné, s'était
modifié au contact des hommes qu'il avait servis. Saint-Mars le surprit dans
un travail qu'il fit connaître à Louvois. Mandez-moi, répondit aussitôt le ministre
étonné, comment il est possible que le nommé
Eustache ayt fait ce que vous m'avez envoyé et où il a pris les drogues nécessaires
pour le faire, ne pouvant croire que vous les luv ayez fournies[5]. Dauger avait-il appris de
Foucquet à distiller ? Agissait-il de lui-même ? C'est un mystère de plus
dans la vie déjà si mystérieuse de cet obscur personnage. Deux
mois plus tard, la Tour d'en bas reçut un nouvel hôte, Mattioli, ce ministre
du duc de Mantoue que Louis XIV avait fait enlever par ruse, qu'on y enferma
un peu sans façon avec un Jacobin complètement fou[6]. L'hiver
de 1680 à 1681 se passa sans incident, à cela près que le gouverneur de Milan
reçut le plan de Pignerol d'un Italien nommé Quadro, ex-professeur de
fortification d'un des neveux de Saint-Mars. L'inépuisable charité de Louvois
jeta encore un voile sur cette mauvaise chance ; et même Saint-Mars, sur son
refus d'être nommé commandant de la citadelle, fut pourvu du gouvernement
d'Exiles. On lui donnait 500 livres par mois, appointements
aussi forts que ceux des gouverneurs des grandes places de Flandre[7]. Qu'allait-on
faire des prisonniers du donjon ? Ils
étaient cinq, par compte, savoir : Mattioli, le Jacobin fou, un nommé
Dubreuil et les deux inséparables, La Rivière et Dauger[8]. Trois
restèrent : Mattioli[9], Dubreuil[10] et le Jacobin[11]. Deux furent emmenés à Exiles.
Saint-Mars les désigne suffisamment dans ce passage d'une de ses lettres : J'aurai en garde deux merles que j'ay icy, lesquels n'ont
point d'autre nom que Messieurs de la Tour d'en bas[12]. Cette périphrase, on l'a vu
plus haut, désignait La Rivière et Danger. On fit
voyager les merles en litière. À Exiles, deux soldats en sentinelles
veillaient jour et nuit, sans qu'eux et les
autres prisonniers se puissent voir, ni parler, ni pas mesme entendre[13]. Louvois n'en exigeait pas
moins. Il faut garder sévèrement les prisonniers de la Tour d'en
bas (2
mars 1682). Défense
de laisser personne leur parler, si ce n'est le même lieutenant (31 mars 1682). Ils ne doivent être confessés
qu'en péril de mort (3 juin 1683). En
avril 1684, Louvois s'avise qu'il y a longtemps qu'on ne lui a parlé des deux
valets. Il demande à Saint-Mars des renseignements sur le nommé La Rivière et
sur l'aventure par suite de laquelle il fut mis au service de M. Foucquet[14] (16 avril 1684). En juin
1685, Saint-Mars écrit qu'un des prisonniers manifeste l'intention de faire
son testament. Seul La Rivière, prisonnier plus ou moins volontaire, pouvait
avoir un petit pécule dont il désirait disposer. Cela intrigue Louvois, qui
demande des explications[15]. Ces explications nous
manquent. Les deux détenus étaient malades, et malgré tout a dans une grande
quiétude u, au moins à ce que disait Saint-Mars[16]. Cette quiétude n'empêche pas
un des deux Messieurs de devenir hydropique (3 janvier 1686), à ce point que Louvois permit
de le faire confesser, lorsque vous verrez
apparence d'une prochaine mort. Jusque-là, il ne faut pas que luy ou son
camarade aient aucune communication[17]. (3 novembre 1686.) Le 4
janvier 1687, l'hydropique était mort. On sait que La Rivière souffrait
depuis longtemps d'une maladie semblable. Saint-Mars
n'avait plus qu'un prisonnier à sa garde, Eustache Danger. La
fortune, en la personne de Louvois, continuait de sourire au geôlier de
Foucquet et de Lauzun. Le Roi le nomma gouverneur des îles Sainte-Marguerite,
le faisant passer du climat rude des hautes vallées et des neiges des Alpes à
la douceur de la Provence et à l'azur de la Méditerranée. Son
prisonnier en profita. Saint-Mars
l'emmena en litière, si bien fermée que le misérable faillit périr faute
d'air[18]. On ne peut pas dire qu'on ménageait ni qu'on soignait sa personne. Son
mobilier à Exiles était si vieux et si cassé, qu'on n'en tira que treize écus
(3
mai 1687). On ne
le réinstalla pas plus somptueusement. Louvois n'autorisa l'achat que des
choses absolument nécessaires (22 mai 1687). Il n'avait pas plus de valet
aux Îles qu'à Pignerol ou à Exiles. C'est luy
qui remet honnêtement les plats et les assiettes qu'il u mis les uns sur les
autres[19]. Tout le luxe était réservé
pour la garde, assurée par trois portes. Cette
rigoureuse surveillance, les précautions prises pendant le voyage avaient
piqué la curiosité du public local. Les contes jaunes recommençaient. C'était
M. de Beaufort, c'était le fils de feu Cromwell. Saint-Mars laissait dire, ne
rendait même pas ses comptes en détail, pour que personne par qui ils passent puisse pénétrer autre chose
que ce qu'ils croyent[20]. En
1691, Louvois mourut. L'extraordinaire attention donnée au compagnon de
captivité de Foucquet et de Lauzun survécut au ministre. Son successeur
Barbesieux s'informa auprès de Saint-Mars du prisonnier placé sous sa garde depuis vingt ans (13 août 1691). À prendre ces mots à la lettre, cela reportait la
détention du Monsieur de la Tour à août 1671, date qui ne cadre pas avec
l'arrivée de La Rivière venu à Pignerol en 1666[21], mais qui concorde sensiblement
avec celle de Danger emprisonné en 1669, et se trouvant dans sa vingt et
unième année de détention. Les
Iles se peuplèrent rapidement de détenus politiques, de pasteurs protestants.
On y envoya même trois prisonniers de Pignerol, gens de plus de conséquence, au moins un, que ceux qui sont présentement aux Iles[22]. Cet un
était vraisemblablement Mattioli. Deux mois plus tard, le même ministre
commandait de mettre dans la prison voûtée le
valet du prisonnier qui est mort (10 mai 1694).
Or, aux îles, on ne voit de valet qu'à Mattioli[23]. Les
dépêches deviennent plus rares. Trois ans plus tard, Barbesieux recommande
encore à Saint-Mars de ne s'expliquer à qui
que ce soit de ce qu'a fait son ancien prisonnier[24]. Ce sont des termes semblables,
ou à peu près, à ceux qu'employait Louvois parlant d'Eustache Danger.
Barbesieux, en effet, prescrivait à son subordonné de se servir des mots
couverts, convenus avec son prédécesseur. Sur ces
entrefaites, Besmaux, le gouverneur de la Bastille, vint à mourir. C'était
une belle place à prendre. Barbesieux l'offrit à Saint-Mars. 15.168 livres
sur les états du Roi ; 2.000 à tirer des boutiques et des bateaux de passage
; 17.000 livres au moins. Il est vrai qu'on devait payer un certain nombre de
sergents et de soldats ; mais il fallait aussi mettre en ligne de compte le profit qui se fait ordinairement sur ce que le Roy
donne pour l'entretien des prisonniers, lequel profit peut devenir considérable.
Il y a encore le plaisir d'estre à Paris avec sa famille et ses amis, au lieu
d'estre confiné au bout du royaume[25]. Saint-Mars était veuf, assez
riche, mais il avait deux fils à établir, et puis ce gouvernement de la
Bastille, c'était le bâton de maréchal pour un geôlier d'État. Il finit par
accepter. Alors,
on lui recommanda d'amener avec lui en toute
sûreté son ancien prisonnier[26] ; de prendre ses précautions pour empescher qu'il ne soit veu ni conneu de
personne. — Vous pouvez écrire par avance au lieutenant de S. M. de ce
chasteau (de
la Bastille) de tenir une chambre preste pour
pouvoir mettre ce prisonnier à vostre arrivée[27]. Le
valet de Foucquet, le Monsieur de la Tour d'en bas, ou par abréviation, La
Tour, après être descendu au midi remonta vers le nord. À partir de Lyon, il
traversa des pays qu'il n'avait pas vus depuis bientôt trente ans. Ils
étaient presque aussi nouveaux pour son gardien, qui n'avait pas été à Paris
depuis quatorze ans[28]. Saint-Mars
était cependant seigneur de Palteau,
Dix-monts, etc., bailly, capitaine et gouverneur hérédital de Sens et de
Villeneuve-le-Boy.
Il ne résista pas au désir bien légitime de voir son domaine, son château,
ses vassaux. Son ancien prisonnier fut de la partie. Le
château de Palteau, situé sur la hauteur, entre des bois et des vignes,
présentait en ce temps-là, comme encore aujourd'hui, l'aspect d'une grande
demeure seigneuriale, dans le style du temps de Henri IV et de Louis XIII.
D'abord une vaste cour d'honneur ; puis deux ailes, au fond le bâtiment
principal et la chapelle. Des arcades cintrées supportent un premier étage,
dont les hautes fenêtres traversent le toit et éclairent jusqu'au grenier. La
pièce de gauche, au rez-de-chaussée, est celle qui reçut le pauvre diable de la Tour d'en bas[29], peu habitué à de si bons
logements. Il
fallut quitter ces honneurs. Les deux compagnons de chaîne reprirent leur
chemin. Le jeudi 18 de septembre 1698, à
trois heures après midy,, Monsieur de Saint-Mars,
gouverneur du château de la Bastille, est arrivé pour sa première entrée,
venant de son gouvernement des îles Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, ait
mené (et
menait) avecque lui, dans sa litière 2[30], un ancien prisonnié qu'il avet à Pignerol, dont le nom
ne se dit pas, lequel il fait tenir toujours masqué. Ainsi
le constata le sieur du Jonca, ce lieutenant du Roi que Barbesieux avait
recommandé à Saint-Mars. Du Jonca continue : Et
l'aient fait mettre, en descendant de sa litière, dans la première chambre de
la tour de la Basinière, en attendant la nuit, pour le mettre et mener
moy-même, à neuf heures du soir avec M. de Rosarge, un des sergens que M. le
gouverneur a mené, dans la troisième chambre seul de la tour de la
Bertaudière, que j'avez faite meubler de toutes choses quelques jours avant
son arivée, en ayant reseu l'hordre de Monsieur de Saint-Mars ; et lequel
prisonnier sera servy et sounié par M. de Rosarge que M. le gouverneur a
amené avec luy. Tour
pour tour, le troisième étage de la Bertaudière était préférable à la Tour d'en
bas de Pignerol. Quant à être nourri par le gouverneur, ce n'était ni un
honneur ni un avantage. Si médiocre que fût l'alimentation, le gouverneur
devait y faire quelque profit. On fut plus libéral sur la nourriture
spirituelle. Le Roy trouve bon, écrit Pontchartrain à
Saint-Mars, que vostre prisonnier de Provence se confesse et communie toutes
les fois que vous le jugerez à propos[31]. Au
reste, même garde qu'à Pignerol, qu'à Exiles, qu'aux fies Sainte-Marguerite,
confiée au vieux Rosarges, l'homme de Saint-Mars. Ce
dernier avait amené ou fait venir presque tout son personnel ; son neveu
Formanoir, dit Corbé, l'aumônier Giraut, le chirurgien Reilh, le porte-clefs
Ru ou Duru. L'arrivée
de Saint-Mars, très célèbre pour avoir gardé Foucquet et Lauzun, fit quelque
bruit ; chacun était curieux de connaltre le gouverneur d'une maison où l'on
pouvait être appelé à loger un jour ou l'autre. On parla moins de son
compagnon de route. Seule, une gazette étrangère, celle d'Amsterdam, en fit
mention[32]. C'était encore trop. Pourquoi,
en 1681, avait-on séquestré Dauger et La Rivière ? Pour les soustraire aux
recherches du terrible Lauzun. Or, en 1698, Lauzun vivait toujours, jouissant
sinon de la faveur, du moins de la considération du Roi, craint plutôt qu'aimé. Mme Foucquet et ses enfants vivaient également et
avaient aussi vu ce serviteur d'occasion du surintendant, qui savait les choses importantes dont M. Foucquet avoit connaissance. Par-dessus ces choses, dont
l'intérêt s'affaiblissait chaque jour avec le temps, restait le principal
mystère, ce qu'avoit fait Dauger, ce à quoi
il avoit esté employé en 1669. Jusqu'à
la fin, la rigoureuse surveillance de Saint-Mars ne se relâcha pas. Il ne
trouvait pas la Bastille bien aménagée. Il fallut que le Roi l'autorisât à
arranger des chambres à sa mode[33]. Une
d'elles fut naturellement étrennée par l'ancien
prisonnier, qui
descendit d'un étage[34] ; son dernier déménagement sans
doute. Le 20
novembre 1703, un des détenus de la Bastille, décédé la veille, était enterré
dans le cimetière Saint-Paul, et, sur les registres de la paroisse, on
dressait comme suit son acte de décès : L'an 1703, le 19 novembre,
Marchialy, âgé de quarante-cinq ans ou environ, est décédé dans la Bastille,
duquel le corps a été inhumé dans le cimetière de Saint-Paul sa paroisse, le
20 dudit mars, en présence de M. Rosarge, major de la Bastille, et de M. Reilh,
chirurgien de la Bastille, qui ont signé[35]. On
n'aurait jamais su qui était ce Marchialy, sans l'intervention de du Jonca. Ce
lieutenant, honnête et soigneux, n'avait jamais été l'homme de confiance de
Besmaux ; mais plus le gouverneur affectait de tout lui cacher[36], plus il s'appliquait à prendre
note et à garder mémoire de tout. Soit par attention, soit par habitude, il
consigna sur son registre le décès survenu le 19 septembre 1703. Le
prisonnier inconnu, toujours masqué d'un masque de velours noir, que Monsieur
de Saint-Mars, gouverneur, avoit mené avecque luy en venant des îles
Sainte-Marguerite, qu'il gardoit depuis lontamps, lequel s'est trouvé hier un
peu mal en sortant de la messe ; il est mort ce jourd'huy, sur les dix heures
du soir, sans avoir eu une grande maladie, il ne se peut pas moins. M.
Giraut, notre homonier, le confessa hier ; surpris de sa mort, il n'a point reseu
les sacrements, et notre homonier l'a exorté un moment avant que de mourir.
Et se prisonnier inconeu, gardé depuis si lontamps, a esté entéré le mardv, à
quatre heures de la près-midy, 20 novembre, dans le cimetière Saint-Paul,
nottre paroisse. Sur le registre mortuer, on a cloné un nom aussy inconeu ;
que M. de Rosarges, major, et M. Reil, sieurgien, qui hont signé sur le
registre. Jé
apris du depuis qu'on l'avet nomé sur le registre M. de Marchiel ; que l'on a
païé 40 livres d'entèrement[37]. De
Marchiel ou Marchialy, peu importe. C'était l'usage à la Bastille et presque
une manie du vieux Saint-Mars de substituer dans les actes de décès des noms
de fantaisie aux noms véritables[38]. L'identité du mort n'est pas
douteuse. C'est bien l'homme qui venait des îles Sainte-Marguerite, de
Pignerol, que Saint-Mars gardoit depuis
lontamps. C'est
bien un des deux Messieurs de la Tour d'en
bas, un des valets
de Foucquet, l'homme employé en 1669 à une besogne qui devait rester à jamais
secrète. Ce malheureux sortait mort de la Bastille, cinq ans presque jour
pour jour après son arrivée dans cette prison, où il devait achever
trente-quatre années de dure captivité. L'individu, sans confusion possible, est bien reconnu sous le masque de velours noir, que la postérité, par un singulier concours de polémique, a transformé en un masque de fer, plus mystérieux, plus durable et presque indestructible. |
[1]
DELORT, Détention
des philosophes, l. c.
[2]
8 avril 1080. Arch. net. K, 120, 302. DELORT, Détention, t. I, p. 317.
[3]
10 juillet 1680. DELORT,
L'homme au masque de fer, p. 261. Arch. nat. K. 129.
[4]
Louvois à Saint-Mars, 10 juillet 1680. DELORT, L'homme au masque de fer, p.
262.
[5]
Louvois à Saint-Mars, 10 juillet 1680.
[6]
Saint-Mars à Louvois, 7 septembre 1680. DELORT, L'homme au masque de fer, p.
263.
[7]
Louvois à Saint-Mars, 11 novembre 1680, 12 mai 1681. L'Homme au masque de
fer, p. 267, 268.
[8]
La dépêche de Louvois du 9 juin 1681 est très claire. Dans ce premier
paragraphe, il commande d'emmener les deux prisonniers
de la Tour d'en bas. Dans le second, il ajoute : Le reste (les prisonniers qui estoient à vostre garde, lesquels doivent
lester dans la citadelle de Pignerol. Voilà le reste bien nettement
indiqué ; la suite en précise le nombre : Le sieur du
Chamoy a ordre de faire payer deux escus par jour pour la nourriture de ces
trois prisonniers. DELORT, L'homme au masque de fer, p. 270.
[9]
Saint-Mars à l'abbé d'Estrades, 25 juin 1681. Matthioli
restera ici avec deux autres prisonniers.... Voilà les trois déjà cités.
Ms. d'Estrades, Bibl. nat., dépêche citée par M. TOPIN, l'Homme au masque, p. 330. Archives
de la Bastille, t. III, p. 214.
[10]
Dubreuil, resté à Pignerol (v. dépêche de Villebois à Louvois, 24 mai 1682),
fut transféré aux Des Sainte-Marguerite en 1694.
[11]
TOPIN, l'Homme
au masque, p. 350.
[12]
Lettre du 25 juin 1681. Deux et trois font cinq, chiffre conforme à celui que
donne la lettre de Louvois.
[13]
Saint-Mars à Louvois, 12 juillet 1681, 11 mars 1682. DELORT, L'homme au masque de fer,
p. 273, 279.
[14]
Archives de la Bastille, t. III, p. 218.
[15]
Archives de la Bastille, t. III, p. 218. V. ci-dessus la lettre de
Foucquet à sa femme.
[16]
Saint-Mars à Louvois, 23 décembre 1683. DELORT, L'homme au masque de fer, p.
281.
[17]
Saint-Mars à Louvois, 4 janvier. — Louvois à Saint-Mars, 13 janvier.
[18]
3 mai l867. Saint-Mars à Louvois. DELORT, L'homme au masque de fer, p. 284.
[19]
8 janvier 1688. Texte publié par M. Loiseleur, qui les tenait de M. Mangé du
Bois des Entes.
Ce dernier les tenait lui-même d'une demoiselle
Mathilde de Thury. Ces pièces ont dit appartenir primitivement aux archives de
Saint-Mars ou à celles de Louvois.
[20]
Texte publié par M. Loiseleur.
[21]
La Rivière est nommé dans une dépêche du 17 septembre
1669 comme étant au service de Foucquet depuis un certain temps,
vraisemblablement depuis 1666. V. dépêche du 23 septembre 1666.
[22]
Barbesieux à Saint-Mars, 26 février 1694.
[23]
Dépêche du 1er mai 1684, de Louvois à Villebois. Cf. TOPIN, l'Homme au masque, p. 345.
Bien entendu, nous ne citons ce livre qu'à raison du texte qu'il publie, et non
en nous appuyant sur l'opinion de l'auteur, opinion toute différente de la
nôtre.
[24]
17 novembre 1697. TOPIN,
loc. cit., p. 352, d'après les Archives de la guerre. Cf. IUNG, La vérité sur
le Masque de fer, p. 419.
[25]
Barbesieux à Saint-Mars, 1er mars 1698, publiée par TOPIN, l'Homme au masque, p. 354.
[26]
Barbesieux à Saint-Mars, 15 juin 1698.
[27]
Barbesieux à Saint-Mars, 19 juillet 1698.
[28]
En 1684, La Gazette d'Amsterdam (3 octobre 1698) parle d'un prisonnier
laissé à Lyon, à Pierrelise. C'est une
assertion isolée et qui, en aucun cas, ne peut avoir trait à l'ancien
prisonnier, celui qui vint à la Bastille.
[29]
Le château a subi quelques modifications. En cette partie, l'arcade a été
supprimée. La pièce sert actuellement de cuisine. Grâce à mon ami M. Richard
Brunet, Mme de Sébeville et son fils M. le comte Cadot de Sébeville ont mis à
ma disposition, avec la plus grande et la plus aimable libéralité, leurs
anciennes vues, portraits de famille, archives particulières, et je suis
heureux d'en témoigner ici ma vive reconnaissance.
Si cet ouvrage intéresse le public, je publierai sur le
même sujet un volume de documents inédits.
[30]
Dans sa diligence, selon Delort. Cf. IUNG, La vérité sur le Masque de fer, p. 421.
[31]
3 novembre 1698. Cf. TOPIN,
l'Homme au masque, p. 356 ; IUNG, La vérité sur le Masque de fer, p. 421.
[32]
V. Annales de la Cour et de la ville, t. II, p. 225.
[33]
Saint-Mars à Pontchartrain, juin 1700. Archives de la Bastille, t. X.
Une des chambres que le Roy m'a permis de faire à ma mode l'année passée
(1699).
[34]
Le 26 avril 1701, Saint-Mars parlant d'un prisonnier, dit qu'il est dans la
tour Bertaudière, avec l'ancien prisonnier, tous les
deux bien renfermés. Archives de la Bastille, t. X, p. 369.
[35]
Le P. GRIFFET, Des
divers moyens de preuves, ch. XIII.
[36]
Du Jonca prétend que Besmaux lui cachait tout ; qu'il avait commandé à ses
officiers de ne l'avertir de rien. V. Archives de la Bastille, t. X, p.
67, 88, 151.
[37]
IUNG, La
vérité sur le Masque de fer, p. 424.
[38]
En voici quelques exemples. Le Prémontré Dubois est appelé Élie. Archives de
la Bastille, t. X, p. 2U. Dupressoir-Lourast est enterré à Saint-Paul sous
le nom de Pierre Masserque. Ibid., t. X, p. 8. Hardy devient George.
Poilait (1707). Ibid., t. XI, p. 198. François Esliard est inhumé sous
le nom de Pierre Maret, 24 octobre 1701. Ibid., t. X, p. 16.