Olivier
d'Ormesson était un magistrat instruit, laborieux, honnête, respectueux du
pouvoir, plus respectueux encore de la justice. Au premier abord, assez
hostile à l'accusé, c'est contrairement à son avis qu'on avait donné des
avocats à Foucquet et adopté cette forme de l'appointement qui, à cette
heure, causait tant d'embarras au procureur général Talon. Ormesson avait
prévu le parti que tirerait le surintendant de cette procédure inusitée en
matière criminelle. Mais le principe une fois admis, il exigea qu'on en
acceptât toutes les conséquences. Au premier abord, Talon, Séguier, leurs
acolytes, avaient trouvé peu intelligent cet homme qui ne comprenait pas
toute la finesse de leur conduite, de ces concessions apparentes qu'on
retirerait aussitôt données. Quand le rapporteur voulut marcher jusqu'au bout
dans la voie ouverte par eux, ce fut une autre critique. Avec sa méthode, on
n'en finirait jamais. L'honnête commissaire ne vit pas tout d'abord où
voulaient le mener le président, le procureur général et leurs amis ; mais
ayant enfin pénétré leurs desseins, il accepta le reproche de formaliste
qu'on lui adressait et, résolu à ne pas sortir des formes, il fit tout pour
qu'on n'en sortit pas. Cette
fois, la forme devait sauver le fond. Ce
récit paraîtra bien long aux lecteurs les plus persévérants ; il ne donne
pourtant qu'une faible idée de ce vaste procès, entrepris avec tant de
passion, poursuivi avec une haine si persistante et dont les incidents
tenaient l'Europe entière attentive. Le 10
avril 1663, Ormesson avait commencé son rapport, et le 7 juillet seulement il
en eut fini avec la première production de Talon. Quarante-deux séances
avaient été prises par cette fastidieuse besogne. Deux jours après, il
abordait la production de Foucquet et la lecture de ses défenses imprimées,
qualifiées, un peu pour le besoin de la cause, de défenses par atténuation[1]. Or, le
18 juin, les avocats du prisonnier n'avaient pas encore reçu communication de
toutes les pièces réclamées. Foucquet avait dû remettre la première partie de
sa production sans la relire, sans pouvoir y corriger les fautes de copiste[2]. De plus, à dessein de
l'accabler, Talon, pour qui travaillait tout un bureau d'avocats, lui
signifiait, le 25 juin, une réplique à ses trois imprimés. Cette
réplique attaquait vigoureusement Foucquet. Le
tems et le péril ont affermy son esprit et endurcv sa conscience. Dans le
commencement, il n'avoit pas d'autre voix que celle de la déprécation ;
depuis, il s'est résolu de prendre une contenance plus assurée[3]. Pour
le péculat, tout ce qu'il veut persuader est qu'on a beau l'accuser, on ne le
sçauroit convaincre, parce que l'ordre des finances a esté dans son tems un
désordre, une nuit dans laquelle il estoit impossible de pénétrer. Pour le crime
de lèse-majesté, convaincu par son écrit, il prétend qu'il n'a péché que dans
la pensée, qu'on luy a même de l'obligation de n'avoir point fait le mal
qu'il pouvoit faire[4]. A l'en
croire, on lui doit les succès des armes du Roi, les avantages de la paix.
Personne ne lui enviait son poste dans les temps périlleux. Il a tout
sacrifié, son bien, le crédit de ses amis ; il doit quatorze millions. Son
accusation, sa prison, persécution injuste ! oppression sans exemple ! Pouvait-on
attendre autre chose d'un homme qui ne méditait rien moins qu'une guerre civile, et tout cela pour le salut d'un
particulier, d'un officier de la robe, et pour empêcher qu'on ne luy fit son
procès[5] ? Il se
plaint d'oppression, bien que jamais accusé
n'ait esté traité avec tant de faveur et d'indulgence, pour satisfaire la
justice et la conscience du meilleur prince du monde, qui, dans cette
occasion, n'a pas fait paroistre la moindre marque de colère et de sévérité. Foucquet ose publier que tout
ce qui se fait par les ordres du Roi est la suite d'un complot formé depuis
longtemps par ses ennemis, quoy qu'en vérité
il n'ait point eu d'autre ennemv que luy-même, et que rien n'ait contribué à
sa cliente et à sa disgrâce que sa mauvaise conduite, son ambition, son luxe,
ses profusions, les bâtimens et les dépenses de Vaux, de Saint-Mandé et de
Belle-Isle, et, en un mot, tout ce qui fait aujourd'huy la matière de son
procès. On peut juger par-là de ce qu'il
eût esté capable d'entreprendre s'il en eût eu l'occasion et la liberté. Que
dire de son allégation que des documents ont été soustraits, qu'on en a
glissé d'autres dans les dossiers ? Il commet ainsi la dernière et la plus hardie de toutes les impostures ?
C'est une offense nouvelle et un manque de respect par lequel son crime est
notablement augmenté[6]. Il est accusé capitalement ; il prévoit sa condamnation,
inévitable selon la loy ; ainsi il ne croit plus avoir de mesure à garder,
non pas même du côté de la conscience et de la vérité[7]. Il
estoit en quelque façon nécessaire de représenter toutes les choses, en
général, pour faire connoistre l'esprit et la conduite de M. Foucquet (sic), l'art et la manière, les
principes et le dessein de ses écrits, par lesquels il semble vouloir forcer
tout le monde à se déclarer pour son innocence et à souscrire à ses éloges. Si
les étrangers, entre les mains desquels on n'a pas manqué de distribuer ses
écrits, voyoient ses clameurs (sic) tant de fois répétées, ils croiroient avec
justice que l'on auroit exercé sur luy des rigueurs qu'il n'oseroit exprimer,
de crainte d'en appesantir le joug et la dureté. Personne n'a esté traité
plus bénignement, plus civilement. Le
quatrième grief de Foucquet (on voit que, même pour le ministère public,
Foucquet est devenu l'accusateur) consiste dans l'infidélité des inventaires. La vérité, qui est encore assez
publique, est que les commissaires, qui ont séelé, ont esté prévenus par la
diligence de ceux qui ont couru pour ledit sieur Foucquet. Les paroles que
l'on dit avoir été tenues par luy, quand il fut arrêté : Mme du Plessis-Bellière,
à Saint-Mandé ! les propositions que l'on dit avoir esté faites de mettre le
feu dans Saint-Mandé ; la fuite de Bruant, sont des preuves que l'on appréhendoit
que la preuve (sic) se trouvât dans ses
papiers. Bruant a
détourné les siens ; pareillement Mme du Plessis-Bellière ; pareillement
Foucquet, qui s'est trahi en citant ses provisions de procureur général dans
ses défenses. Comment les auroit-il, si les
siens ne les avoient détournées ! D'ailleurs, la réputation des magistrats instructeurs est
au-dessus de tout soupçon, de toute atteinte. Si
Foucquet avait eu des lettres du Cardinal servant à sa justification, il les
eût mises en lieu sûr[8]. Au surplus, il a déclaré que
jamais Mazarin ne lui donnait d'ordres. Que
désigne-t-il comme pièces détournées ou supposées ? Les comptes de Bernard
pour 1657 et 1658 ; l'acte de pension des gabelles. Rien de plus. Mais la
pension des gabelles a été touchée par lui ; on en trouve la preuve dans les
comptes de Bernard pour 1656. L'ex-surintendant
se croit sauvé parce qu'il a travaillé les comptes de finances avec
l'habileté d'un jongleur, l'adresse de
l'esprit et la subtilité des mains. Il se trompe. Quoy que les
personnes qui ont pillé l'Estat pendant plusieurs années ayent un jargon
particulier... on trouvera une issue dans ce labyrinte. Talon
essaye un contre-exposé du système financier ; mais il revient aussitôt aux
invectives. Foucquet, par l'effet de sa mauvaise conscience, prenait ombrage
de tout. Les maisons royales demeuroient
abandonnées,
pendant qu'il faisait en toutes les siennes une
dépense plus que royale,
avec l'argent du Roi. Depuis l'établissement
de la monarchie, il ne s'est jamais trouvé un péculat et une déprédation si
monstrueuse. Il y a eu plus de soixante millions de dissipation en trois ans. La preuve du vol de cette horrible somme se trouve très claire par les
registres de l'Épargne, et par les procès-verbaux qu'on a dressés[9]. Talon
résume les divers chefs d'accusation, en insistant sur les fameux six
millions détournés d'un seul coup. Les
dettes de Foucquet sont fictives, préparées pour sa justification éventuelle.
Il cache ses biens. A-t-il tout dépensé ? Alors c'est la principale et la plus honteuse conviction des
domestiques, quand ils perdent dans la dissolution ce qu'ils volent à leurs
maistres[10]. Quand
on verra qu'une personne, qui n'avoit eu que peu de bien de patrimoine, qui,
dans la réputation commune, estoit ruiné quand il est venu dans les finances
et ne possédoit que le bien de sa femme, et sa charge, dont il devoit plus
que le prix, ayant aquitté d'abord toutes ses dettes, s'est ensuite porté
dans une si grande profusion que la dépense de sa table montoit à près de
400,000 livres par an, le reste de sa dépense à proportion, et qu'il a
dépensé à Vaux, Saint-Mandé et Belle-Isle et autres dépenses inutiles plus de
vingt millions ; quand on considérera que cette opulence si mal employée a
fait la ruïne d'un million de pôvres familles, ou plutôt la ruine de l'Estat
tout entier : qui est-ce qui oseroit proposer qu'il eût pû s'absoudre d'un
crime par un autre, et rendre, par le plus vicieux et le plus malheureux de
tous les usages, des déprédations innocentes ?[11] Par ce
qui précède, on peut juger de quel ton le procureur général parlera du crime
de lèse-majesté. Le crime et la révolte sont
tous entiers, dès l'heure qu'on en a conceu la pensée ![12] L'accusé a voulu se cantonner
dans une province, s'y fortifier. On a travaillé à Belle-Isle depuis la mort
du Cardinal. Tout prouve que Foucquet a conservé jusqu'à la fin ses pensées
de révolte. Qui en peut douter après les
termes de sa défense, que l'on peut dire estre le comble de ses crimes ?[13] Restait
un point assez délicat. Le Roi a-t-il pardonné à Foucquet ? Non, car Foucquet
n'a pas confessé au Roi ses détournements. Cette requête
emphatique, œuvre d'un des avocats au service du procureur général, était
vide de faits et d'arguments. Talon lui-même avoua qu'elle n'était pas très
intelligible et ne pouvait impressionner les esprits[14]. On ne la présentait que pour
ne pas laisser le dernier mot à l'accusé, qui, dans son ardeur infatigable,
composa aussitôt une réponse, en reproduisant le texte entier de son
adversaire[15]. Foucquet
commence par reconnaître que l'on emploie des
termes plus choisis qu'à l'ordinaire, des paroles mieux arrangées, des
périodes mieux composées, des artifices plus délicats, et un renfort
d'invectives et de déclamations plus poly, plus éloquent et plus étudié[16] ; seulement, le nouvel écrivain n'a pas eu connaissance de tout, et a
travaillé sur de mauvais mémoires. Cette réponse est d'un bout à l'autre un chef-d'œuvre d'ironie.
On n'en citera toutefois que ce qui peut servir d'éclaircissement à
l'histoire. M.
Talon dit que, lorsque je fus arrété, je prononçay le nom de Saint-Mandé et
celuy de Mme du Plessis-Bellière. Donc, il n'a pas fallu parapher, cotter ni
nombrer les papiers en faisant les inventaires ; donc, il n'a pas fallu
appeler de contradicteur légitime. M. Talon dit que je prononçay ces deux
noms. Qui le lui a dit ? où sont les témoins ? où est la preuve ? Il
m'apprend que l'on avoit fait des propositions de mettre le feu dans
Saint-Mandé. Si cela estoit arrivé et que les papiers eussent esté brûlez,
c'estoit une raison sans réplique pour ne pas les parapher... Mon accusateur
n'explique point par qui avoient esté faites ses propositions. Si elles sont
vraves, il faudroit qu'elles eussent esté faites par des gens de ma part, ou
par des personnes du complot du sieur Colbert. Si c'estoit par ceux de ma
famille, M. Colbert ne l'auroit pas sçeu. Ma famille ne s'en seroit pas
expliquée. Il n'y a guère d'apparance qu'elle eût appelé M. Talon ni M.
Colbert à ce conseil, ou qu'elle leur en eût fait confidence après[17]. Foucquet,
après avoir réduit à néant cette insinuation perfide, exagère à son tour, en
insinuant que Colbert a bien pu concevoir un pareil dessein. Ce qui
suit est plus sérieux. M.
Talon fait tort au Roy, s'il croit que le Roy n'eût pas pu faire les mêmes
choses, quand je n'eusse pas esté en prison, lesquelles se sont faites
depuis. C'est insensiblement en vouloir donner le mérite à d'autres qu'au
Roy. Sa
Majesté sçait bien que les mêmes fonds ont esté faits depuis la mort de M. le
Cardinal, pour les bâtimens de ses maisons, quand elle l'a commandé. Elle
sçait que j'avais promis de fournir à point nommé quatre millions, pour une
dépense très glorieuse et très importante, et que je m'estois chargé
d'envoyer moy-même cette somme, dans les vaisseaux que je tenois de
Belle-Isle. Je
diray encore que tout prisonnier que je suis, je n'ay pas laissé de voir, par
mes fenêtres grillées, tirer du donjon de Vincennes un million que j'avois
donné à Sa Majesté, lequel a esté employé à une partie du payement de cette
forte place (de Dunkerque). Toutes les choses que Sa Majesté eût voulu
commander eussent donc esté exécutées en la même manière, et le Roy seroit
également rentré dans ses revenus l'année suivante, sans faire tort à
personne[18]. Ce sans faire tort à personne en disait long. Mon
accusateur prétend que la pensée d'un crime est un crime ; qu'une tentation
est un péché, et qu'un homme qui, dans le déplaisir legitime qu'il conçoit
d'une injuste oppression dont il est menacé, examine les moyens que la
douleur luy suggère pour s'en garantir, est criminel, encore qu'il ne les
exécute pas, encore qu'il ne les tente pas, encore qu'il n'y consente pas, et
méme qu'il les rejette et qu'il se précautionne contre ses propres pensées.
Cela ne s'est jamais imaginé par personne jusques à présent. Les
grandes charges ne mettent pas l'esprit à couvert contre les pensées ; la
sainteté même n'exempte pas des tentations ; les plus grands hommes en ont
esté tourmentez et ne les ont jamais estimées volontaires ; ainsi c'est mal
parler que d'appeller un dessein ce qui n'est qu'une pensée, et c'est estre
injuste que de confondre la pensée avec la résolution, et cette résolution
avec une exécution, et cette exécution avec une consommation ; ce sont toutes
choses distinctes et tellement séparées, que les unes rendent un homme
criminel, et les autres ne donnent pas la moindre atteinte à son innocence[19]. La
péroraison est très noble et très fière. Des
deux parties de la justice, comme dit mon accusateur, les Roys se sont
conservé la clémence, qui est la partie la plus noble et la plus digne de
leur majesté. Ils ne l'ont pas commise à M. Talon ; ce n'est pas à luy à s'en
mesler ; il passe au-de-là de ses limites ; il ne connoit point du tout la
clémence, il ignore son étendue quand il veut la mettre en prison, la
resserrer dans des bornes trop étroites, luy prescrire des règles austères,
et l'assujettir à des conditions. Qu'il
fasse son devoir, qu'il se contienne dans sa jurisdiction, et qu'il laisse la
clémence au Roy, toute pure, toute libre, toute généreuse et toute royale
qu'elle est ; on ne luy en demande pas son avis : qu'il se contente de faire
bien sa charge, qu'il exerce la justice sans passion, et qu'il en observe les
formalitez, qu'il ne se dispense point de suivre l'usage et les règlemens ;
qu'il rapporte la teneur des pièces avec sincérité, qu'il ne dise point
d'injures à ceux qu'il accuse, qu'il employe moins d'éloquence et plus de
vérité ; qu'il ne suppose point de faits calomnieux ; qu'il ne fasse ni loix,
ni ordonnances nouvelles s'il n'est chargé d'y travailler, et que dans la
punition des crimes expliquez par nos anciennes ordonnances, il soit exact,
sévère et rigoureux tant qu'il lui plaira ; mais qu'il ne réduise pas un
innocent à crier toujours à Dieu : Domine,
libera animam meam a labiis iniquis, et a lingua dolosa[20]. Cette
réponse n'avait pas encore été publiée, quand Ormesson exposa (13 août 1663) que, pour bien entendre si les
défenses de l'accusé étaient bonnes ou mauvaises, il était nécessaire de
reprendre sommairement chaque chef d'accusation, d'en examiner les preuves,
ensuite de lire les défenses[21]. Son collègue, Sainte-Hélène,
prétendit, au contraire, qu'il suffisait de lire la production de Foucquet.
Pussort ajouta qu'agir autrement, c'estoit
prendre plaisir à allonger l'affaire, et qu'il valoit mieux tout d'un coup
l'abandonner. Pussort,
conseiller au grand Conseil, corps plutôt gouvernemental que judiciaire,
était l'oncle de Colbert et son agent accrédité dans la Chambre, agent
d'ailleurs plus dur et plus bourru que le ministre lui-même. Ormesson ne
répliqua rien, quoique très piqué, et l'avis de Pussort l'emporta. On
commença donc la lecture des défenses de Foucquet, sur le fait de la pension
des gabelles, sans les rapprocher de l'accusation. Pussort se chargeait
d'expliquer les difficultés. À la sortie de l'audience, Ormesson demanda aux
commissaires s'ils avaient bien compris ce qu'on avait lu. Ils convinrent du
contraire, et que, dans deux jours, il faudrait en revenir à son avis. L'après-dîner,
le greffier Foucault se rendit chez le rapporteur. Il n'avait pas entendu le
propos tenu par Pussort. C'est M. Ferriol qui lui en avait parlé, ajoutant
que ces emportements produisaient un mauvais effet. Qu'avait donc dit Pussort
? Ormesson répète ses paroles, et Foucault de répondre que cela était
fâcheux, qu'Ormesson devait se rendre maître de l'affaire, conduire le
rapport. Si l'on voulait, il en parlerait, lui, Foucault, à M. le chancelier,
et M. Colbert dirait un mot à M. Pussort. Ormesson décline ces offres
suspectes. Il ne cherche que la vérité, il connaît l'affaire et l'expliquera
le jour venu. Foucault,
alors, prend un détour. M. Pussort a toute l'estime du monde pour M.
d'Ormesson ; ses propos sont chaleur et brusquerie, rien de plus. Ormesson
arrête l'explication. Que M. Pussort l'estime ou le méprise, cela le laisse
fort indifférent ; il ne répliquera plus à ses sottises. Puis, l'honnête
homme touche un mot d'une affaire plus délicate. Le
sieur Chatelain, ce partisan dont il a été déjà tant parlé, avait dit à de
Laune, un des substituts officieux de Talon, que l'acte de pension des
gabelles était coté de la main de Foucquet, que c'était lui, Chatelain, qui
avait effacé la cote. Appelé devant Talon, Chatelain dénia ce propos. De
Laune le reprend alors en sous-œuvre, lui fait entendre qu'il désoblige M.
Colbert, et Chatelain offre de déposer comme on voudra. Talon était d'avis de
l'entendre. Ormesson prévient Foucault qu'il s'opposera à cette instruction
plus qu'étrange. Ce serait détruire toute la preuve et rendre suspecte la
première déposition de Chatelain. On voit
par là ce que pouvait valoir même la première parole d'un homme affirmant et
niant tour à tour, prêt à parler comme on voudra pour ne pas désobliger M. Colbert. C'est un commissaire suspect, avait déjà dit Foucquet, un greffier suspect, un témoin suspect qui paroissent une seconde
fois sur le théâtre en 1663, pour soutenir une pièce de 1662, après que le
procès est entre les mains de MM. les rapporteurs, prest à mettre sur le
bureau[22]. Assurément,
la défiance de l'accusé était éveillée, et Ormesson donnait un bon conseil à
Talon en l'invitant à ne pas abuser de la facilité de Chatelain à déposer
autant et comme on voudrait. C'est
tout ce que Foucault put obtenir d'Ormesson. Le
lendemain, il y eut encore à la Chambre un échange assez vif d'explications
au sujet des inventaires de Saint-Mandé[23]. Le
germe destructeur de la procédure se faisait sentir. Cependant,
le Roi allait partir à la conquête de la Lorraine. On profita de l'occasion
pour lui faire adresser à la Chambre quelques paroles destinées à rétablir
l'harmonie parmi les commissaires, et à leur faire bien connaître sa pensée. Il ne
voulait que la justice, mais il la voulait rapide ; si Foucquet récusait le chancelier, il entendait qu'on lui envoyât la
requête où il serait. Quant à Ormesson, Louis le prit à part, dans son
cabinet. Il tenait à lui témoigner sa satisfaction, à lui recommander, non la
justice, connaissant bien qu'il n'avait pas d'autre sentiment, mais la
diligence. Ormesson répondant que ce dernier point ne dépendait pas de lui : Je le sçais bien, répliqua le Roi en le congédiant ; j'ai donné des ordres en ce sens à ceux qui doivent la
faire ; ce que je souhaite est que vous l'apportiez en ce qu'elle dépendra de
vous. Pussort
et Gisaucourt furent particulièrement complimentés sur leur zèle, leur
assiduité qui engagaient les autres à bien faire. Pourquoi Pussort ne
venait-il pas voir le Roi ? Il serait toujours bien venu. On remarqua cette
faveur[24]. Talon fut aussi très bien
traité[25]. Mais
Louis une fois parti, tout retomba dans le marasme de la procédure. A
l'audience du 27 août, Séguier, plus maussade encore qu'à l'ordinaire,
commenta les paroles du Roi, se répandit en doléances ; de la manière que cette affaire alloit, il y en avoit
encore pour deux ans.
Bref, le Roi n'est pas satisfait de ces longueurs. Il faut redoubler
d'application, et terminer au plustôt que la
justice le pourra permettre. Berryer, brouillé avec Talon, enragé contre lui, surexcitait la
mauvaise humeur du chancelier[26]. Pour n'en pas perdre
l'habitude, la chambre déclara l'accusé forclos du droit de contredire la
nouvelle production du procureur général. Ces forclusions ne signifiaient
plus rien. Voici
ce que Colbert écrivait au Roi ce même jour : La
Chambre de justice va toujours de même, avec beaucoup de lenteur de la part
de M. Talon, nonobstant les visites que je rends à la dame. Le bonhomme
chancelier s'est mis dans la tête que ses lenteurs estoient affectées, qu'il
était gagné par la dame depuis le départ de Votre Majesté. Il en a paru tout
dégouté. Il me faut avoir l'esprit tendu pour remédier à tout[27]. La dame dont parlait Colbert
n'était pas Mme Talon, mais bien cette maréchale de l'Hôpital, dont il a été
déjà parlé, cette Dauphinoise si habile et que Colbert avait su prendre par
des arguments de poids. Je reviendrai pour
tout presser,
répondit le Roi. Et le même paquet qui contenait la lettre annotée en
renfermait d'autres, sans adresse, celles sur
lesquelles il n'y a rien
et que Colbert, homme de toutes besognes, devait remettre à qui il savoit, à Louise de La Vallière, alors enceinte de cinq mois. Le Roi
revint, fut pris par d'autres soucis. Le procès continua de suivre son cours,
lent, à peine incidenté par quelques discussions entre Pussort, de plus en
plus incivil, et Olivier d'Ormesson, de plus en plus aise
de conserver ainsi sa liberté. Le 31 août 1663, Pussort ayant, à son
habitude, avancé un fait inexact, Ormesson, sans répliquer, lui fit lire une
pièce constatant tout le contraire. Grande mortification, d'autant plus que
les amis du rapporteur lui surent bon gré de cette leçon infligée à l'oncle
de Colbert[28]. Tout
conspirait au retardement. Poncet et Sainte-Hélène tombèrent malades, tous
les deux juges nécessaires, l'un pour avoir fait l'instruction[29], l'autre comme rapporteur. Du
10 au 26 septembre, la chambre ne siégea pas. Louis
se fâcha de nouveau, fit dire qu'il ne voulait pas qu'on attendit aucun
commissaire, sauf le chancelier et les deux rapporteurs[30]. Le Roi, ajouta Séguier, a dit
encore que M. Foucquet se plaignait de ce que lui, Séguier, interrompait M.
d'Ormesson. Il tenait à se justifier. Ses interruptions n'avaient d'autre
objet que d'éclairer le débat en faveur de l'accusé[31]. Ormesson
ne se méprit pas sur la portée du petit discours qui le désignait déjà comme
l'homme de Foucquet. La vérité, c'est que Louis s'était plaint du retard
occasionné par ces interruptions séniles du chancelier qui, n'ayant pas senti
ce reproche, continua de discourir plus qu'il
n'avoit encore fait[32]. Colbert,
de son côté, travaillait la maréchale de l'Hôpital, qui s'efforçait de
prouver son bon vouloir pour mener à bien la grande
affaire. Voici
un petit rapport de cette entremetteuse, pire que lu fameuse La Loy. Depuis
un mois, Berryer promet un travail sur l'avoir de Foucquet, sur ses dettes,
vraies ou simulées. M. Talon le presse aussi souvent qu'il le voit. Elle va
suggérer à M. l'avocat général de prendre un secrétaire, chargé uniquement de
l'exécution de ses ordres. Il va lui donner aussi un plan de ses affaires
qu'elle portera aussitôt à Colbert. Ce caquetage continue. La plus grande
Gloire de la dame est de montrer son zèle pour le service du Roi. Elle a
découvert un gentilhomme qui a servi Foucquet et l'a entendu dire que Delorme
a volé plus de neuf millions. Delorme, de son côté, lui a déclaré que son
patron en a volé plus de quatre-vingts. Quant aux factums rédigés par Gomont,
ils sont imprimés ; mais M. Talon ne veut les publier qu'alors que M. Foucquet sera sur la sellette. C'est le plus sûr moyen
d'éviter qu'il y réponde. Un peu de patience. La fin couronnera l'œuvre[33]. Les
assurances de cette intrigante satisfaisaient très médiocrement Colbert. Il
estimait que le plus sûr était d'entraver la défense de son ennemi. La
Bastille regorgeait d'imprimeurs convaincus ou soupçonnés d'avoir travaillé
pour Mme Foucquet. On surveillait les ouvriers à. Paris, les libraires à
Lyon, à Rouen, à Caen. Quant aux faiseurs de gazettes à la main, on les
envoyait aux galères. C'était plus simple que de les faire juger par les
jeunes conseillers du Parlement, toujours disposés à créer des ennuis au
pouvoir[34]. À cela près, la défense était
libre. C'est
seulement le 19 octobre 1663 que l'on acheva la lecture de la première
production de Foucquet. Talon, s'enfonçant de plus en plus dans sa procédure,
présenta une requête à fin de contredits, uniquement pour obliger l'accusé à
donner sa seconde production avant les fêtes de la Toussaint. Mais Foucquet,
infatigable, non seulement tenait sa production préparée, de plus, ce même
jour, 19 octobre, il demandait communication des registres de l'Épargne,
copie des déclarations des traitants, avec un compulsoire général des
registres du Conseil du Roi et de la Chambre des comptes, des monitoires dans
les églises[35], etc. Talon,
exaspéré, conclut à débouter Foucquet de sa prétention. Il parla presque
naïvement. Une délibération dans le sens de la demande porterait un grand
coup à l'affaire. Ce serait recevoir Foucquet en
ses faits justificatifs,
et préjuger son absolution. L'accusé était certainement le principal but de la Chambre de justice ; donc il était tacitement compris dans les procédures antérieures. Donc les procès-verbaux
faits par les commissaires lui étaient opposables. On a poursuivi les
traitants pour recouvrer 120 millions dissipés en dix ans. Mais ils se sont
sauvés grâce aux formes, rapportant des quittances des trésoriers de
l'Épargne. Alors, on s'en est pris à Foucquet, l'ordonnateur ; mais le
surintendant, au lieu de satisfaire à la
justice et de luy rendre compte de son administration, il n'y a point de
feinte qu'il n'ait pratiquée[36]. Quant aux monitoires, c'est un
usage dont on n'aurait jamais de permettre l'introduction en France. On en
avait cependant publié dans toutes les chaires, quand il s'était agi de
trouver des témoins contre Foucquet. On en publiera bien encore, quand il
s'agira de découvrir ses biens soi-disant cachés. En
résumé, tout ce qu'accordait Talon, c'est que les procès-verbaux fussent
vérifiés sur les registres de l'Épargne. La
troisième grande bataille du procès est engagée. On
délibéra. Chacun sentait l'importance de la résolution à prendre. Ormesson,
obligé d'opiner le premier et assez embarrassé, déclara que Foucquet n'avait
pas besoin d'un compulsoire général, mais d'expéditions de certains arrêts,
de certaines pièces qu'il demanderait ; la vérification des procès-verbaux,
très nécessaire, ne pouvait être faite en présence de Foucquet. Son conseil
le remplacerait, car il ne falloit luy oster
aucun moyen pour sa deffense. Gisaucourt,
Sainte-Hélène, en tout quatorze commissaires se rangèrent à l'opinion
limitative d'Ormesson. Pussort, en veine d'indulgence, ajouta que Foucquet
pourrait se faire représenter par un homme de finance. Le
procureur et Rocquesante voulaient de plus que la vérification se fît en
présence de l'accusé ; La Baulme, du Verdier, Masnau, le Bossu, Moussv,
Fayet, Renard, Besnard, appuyèrent cette demande, Rocquesante insista même
pour qu'on rendit à Foucquet les pièces du dépôt du Louvre, c'est-à-dire les
papiers saisis en 1661[37]. Masnau, désirant satisfaire sa
conscience, demanda pour l'accusé latissimum
campum s n[38]. C'était une minorité de dix
contre douze. L'arrêt ne parla même pas de la faculté pour Foucquet de
s'aider d'un financier. On laissa la clause in retentum. Bien entendu, on
devait procéder à la vérification sans
retardation de l'instruction et jugement du procès. Quoi
qu'il en fût, on vérifiait. Immense succès pour Foucquet. Toute l'accusation
de péculat et de malversations s'écroulait. Le fruit de deux ans de procédure
était perdu. Cela ne suffit pas à l'accusé. Ses avocats discutèrent l'arrêt,
et, le 29, Foucquet s'inscrivait en faux, donnait ses moyens dans une grande
requête, nécessitant de nouvelles délibérations[39]. De
plus, Séguier, de nouveau envahi par son érysipèle chronique, fut en danger
pendant plusieurs jours. Le 14 novembre, Foucault, cheville ouvrière du
procès, vint annoncer à Ormesson que l'on tiendrait les séances de la Chambre
chez le chancelier, à cause de sa santé. Les exemples abondaient, entre
autres celui du procès de Marillac, jugé et condamné à Rueil, chez Richelieu.
Le lieu était égal au rapporteur. La requête de Foucquet le préoccupait
beaucoup plus. Il était difficile de la repousser ; mieux valait, selon lui,
aborder cette question de faux. Foucault feignit de partager cet avis, mais à
cette heure, cela serait fâcheux. Toutefois, il en parlera à M. Colbert.
Colbert, consulté, estima aussi que cela serait regrettable ; il en parlera
au Roi. Foucault
revient, s'ouvre un peu plus. La principale difficulté de la vérification,
c'est que M. Talon serait obligé d'entrer en contestation personnelle avec M.
Foucquet. Quant au bonhomme Séguier, c'était une pitié de voir les
incertitudes de son esprit. Il n'avait qu'une pensée en tête, être
définitivement duc de Villemor ; mais le Roi ne lui donnerait pas ce titre.
Tout au plus consentirait-il à créer duc le marquis de Coislin, petit-fils
par alliance du chancelier. Ici, autre anicroche, Mme Séguier ne voulant pas
que la marquise de Coislin prît le pas sur son autre petite-fille, la
comtesse de Guiche. Que d'affaires ! Foucault
à peine retiré, Ormesson reçoit une autre visite, celle de Pelletier, qui
vient lui donner quelques renseignements. Colbert parlait au Roi contre les
gens, soi-disant bien intentionnés, qui voulaient admettre Foucquet à la
vérification des procès-verbaux. Colbert perdait tout le monde de réputation
auprès du Roi ; il répétait qu'au sentiment de son oncle Pussort, l'instruction
du procès ne pouvait s'achever, estant gastée
par l'appointement,
par cette procédure paperassière dans laquelle s'était engagé Talon. Si l'on
montrait à l'accusé les registres de l'Épargne, au moins ne le faire que sur
des points particuliers. Mais la dernière nouvelle, la plus importante, c'est
qu'on avait résolu de remplacer le procureur général Talon par Chamillart,
maitre des requêtes. Rien de
plus vrai. Cet homme si dur pour les autres et pour lui-même, si austère dans
ses principes, si rude dans ses mercuriales, s'était tout d'un coup laissé
prendre par une enjôleuse. Mal préparé à la galanterie, à peine propre, il se
donnait une mine d'amoureux, négligeant les devoirs de sa charge, jusqu'à
oublier sa haine pour Foucquet, jusqu'à s'exposer à la pitié de sa victime. J'ay eu honte pour luy de descouvrir ce que je sçavois sur
cette matière,
écrivait le prisonnier, et sans l'estat où
sont présentement ses affaires, je ne l'épargnerois plus[40]. Cette histoire, surchargée de détails, est longue, pénible à raconter, plus pénible à entendre, mais aussi, comme elle abonde en contrastes ! Qui se serait attendu à voir l'ex-surintendant chéri des dames, naguère souriant à la jeune Trécesson, recherchant les faveurs de la belle Menneville, le soi-disant séducteur de la maîtresse du Roi, à voir Nicolas Foucquet ruiné, emprisonné, courant risque de la vie, ménager par charité chrétienne l'incorruptible Talon, son accusateur, à voir Talon, éperdu d'amour, en oubliant même son accusation et tombant, galantin ridicule, aux pieds d'une coquette, d'une espionne à la solde de Colbert ? Le surintendant, qui avait besoin de pardon, pardonna. Le Roi lui-même se montra clément ; mais la mère du procureur général, femme d’une vertu terrible, se chargea du châtiment, et reprit sous sa férule impitoyable son fils repentant, qui n'avait d'ailleurs péché que par intention[41]. |
[1]
ORMESSON, Journal,
t. II, p.38.
[2]
Bibl. nat., ms., f° 7622. Partie inédite des Défenses de Foucquet, f° 402.
[3]
Défenses, t. VII, p. 3. Réplique de Talon.
[4]
Défenses, t. VII, p. 7.
[5]
Défenses, t. VII, p. 16 et 17.
[6]
Défenses, t. VII, p. 24.
[7]
Défenses, t. VII, p. 37.
[8]
Défenses, t. VII, p. 130.
[9]
Défenses, t. VII, p. 271.
[10]
Défenses, t. VII, p. 297.
[11]
Défenses, t. VII, p. 298.
[12]
Défenses, t. VII, p. 329.
[13]
Défenses, t. VII, p. 371.
[14]
Lettre à Colbert, d'août 1663. Archives de la Bastille. t. II, p. 146.
[15]
C'est la Réponse à la Réplique de M. Talon. Défenses, t. VII.
[16]
Défenses, t. VII, p. 2.
[17]
Défenses, t. VII, p. 93, 94, 95.
[18]
Défenses, t VII, p. 244, 245.
[19]
Défenses, t. VII, p. 319.
[20]
Défenses, t. V II, p. 394, 395, 396.
[21]
Ormesson, dans son Journal, donne la date du 9 août par erreur.
[22]
Défenses, t. V, p. 19.
[23]
Bibi. nat., Extraits sommaires, Ms. Ve de Colbert, n° 229, f° 155.
[24]
ORMESSON, Journal,
t. II, p. 43, 45, 48.
[25]
Bibl. nat., ms. Ve de Colbert, Extraits sommaires, n° 229, f° 283, 284, 285.
[26]
ORMESSON, Journal,
t. Il, p. 46. Extraits sommaires de FOUCAULT, n° 229, f° 285.
[27]
CLÉMENT, Instructions
de Colbert, t. II, p. 14. M. Clément suppose à tort que la dame est Mme
Talon, fille de Favier, intendant d'Alençon.
[28]
ORMESSON, Journal,
t. II, p. 48.
[29]
Extraits sommaires, ms. Ve de Colbert, n° 229.
[30]
Extraits sommaires, ms. Ve de Colbert, n° 230, f° 294.
[31]
Extraits sommaires, ms. Ve de Colbert, n° 236, f° 150 v°.
[32]
ORMESSON, Journal,
t. II, p. 48.
[33]
La maréchale de l'Hôpital à Colbert, octobre 1663. Archives de la Bastille,
t. II, p. 153.
[34]
De Ryantz, procureur du Roi au Châtelet, à Colbert, 21 octobre 1663. Archives
de la Bastille, t. II, p. 149.
[35]
Extraits sommaires de FOUCAULT, t. IX (Coll. Ve, 236), f° 162. ORMESSON, Journal, t. II, p. 48.
[36]
Extraits sommaires de FOUCAULT, t. IX, f° 164 v°.
[37]
Extraits sommaires de FOUCAULT, t. IX, f° 164 v°. ORMESSON, Journal, t. II, p. 40.
[38]
Extraits sommaires de FOUCAULT, t. IX, f° 172, ms. Ve de Colbert, n° 236.
[39]
ORMESSON, Journal,
t. II, p. 50, 51.
[40]
ORMESSON, Journal,
t. II, p. 60-61.
[41]
Défense inédite de Foucquet. Bibl. nat., ms. n° 7625, f° 289 v°.