Optimiste
et inquiet à la fois, Foucquet, malgré sa victoire sur Colbert, ne se
dissimulait pas la gravité du péril couru. De toute part, de Paris surtout,
des avertissements étaient venus, un entre autres, le plus significatif de
%fig. Ses commis ne trouvaient plus d'argent. Son crédit périclitait, et le
crédit, c'était tout l'homme. Les
épreuves abattent les uns, surexcitent les autres. Foucquet s'irrita. C'est,
en effet, vers ce temps-là que, conférant avec Gour ville, dans son petit
cabinet de Saint-Mandé, de l'autre côté de la route, et pour prouver à son
confident qu'il n'était pas homme à se laisser si facilement renverser, il
montra son plan de défense en cas
d'oppression. Il se
mit à le lire ; mais, à mesure qu'il lisait, toutes ses combinaisons
semblaient se transformer en chimères. C'était comme un grand jour dissipant
les vapeurs de la nuit. Le sceptique Gourville ne dissimula pas son sentiment
ni le peu de secours que e le patron e pouvait tirer de lui. Tel gouverneur
d'Amiens, sur qui l'on faisait fonds, arrêterait l'agent du surintendant. Le fait
est que Foucquet n'avait guère suivi son idée. Madame d'Asserac avait vendu
l'île Dieu. Deslandes n'occupait plus Concarneau. Belle-Isle n'était pas en
état. Lamoignon, réputé jadis une des colonnes de la défense, affectait
l'indifférence, La Rochefoucauld également. Restaient quelques clients de
second ordre, les uns plus, les autres moins sûrs, tous sans valeur. Gourville
n'eut pas de peine à démontrer l'inanité du projet. Foucquet, d'ailleurs, en
convint. Homme de bon sens et de décision, il résolut de brûler immédiatement
cette élucubration malencontreuse. Déjà une bougie était allumée. Une visite
survient, la bougie est éteinte et le papier fatal hâtivement caché derrière
une glace[1]. Aussi
bien, esprit vif et ingénieux, le surintendant avait déjà imaginé un meilleur
moyen de conserver sa puissance. Tout
d'abord, par un procédé qui lui était ordinaire, plus on le discuta, plus il
se montra impérieux. Ne pouvant toucher à Colbert, il s'en prit à Herwarth,
qu'il savait bien qu'on ne défendrait pas[2]. Il l'écarta des affaires ; il
voulut même rembourser ce préteur sur gages, retirer des diamants consignés
au Francfortois par la Reine et par son ministre. Plutôt que de solliciter
les traitants, il usa ses dernières ressources personnelles. Tant d'assurance
étonna, et la confiance fut encore une fois reconquise. Alors, comme s'il eût
eut de l'argent plein ses caisses, Foucquet tenta un
coup de partie. Une clause du contrat des grosses fermes, aides et gabelles
en permettait la résiliation dès que la paix serait faite. Les baux sont
résiliés et de nouvelles adjudications annoncées pour janvier 1660. Les
traitants, vieux routiers, se tinrent sur la réserve. Foucquet, aussi fin
qu'eux, avait pris des mesures contre cette grève. Aujourd'hui, les ministres
des finances soutiennent les cours de la rente. Le surintendant se munit
d'avocats qui soumissionnèrent en leur nom et servirent d'hommes de paille au
ministre. En ce temps-là, on n'agissait guère que par personnes interposées.
Les financiers, peu confiants les uns dans les autres, ne savaient plus que
penser. Garder l'argent dans les coffres ? Laisser arriver de nouveaux venus
qui apprendraient le métier ? Mieux valait faire un sacrifice. Les fermes
trouvèrent donc preneurs à bonne condition[3]. Le
ministre avait le droit d'accepter des surenchères entre l'adjudication et
l'approbation du contrat. Maissat et consorts surenchérirent dans le délai
voulu sur Girardin, ami de Gourville, adjudicataire provisoire de la ferme
des aides. Foucquet, par égard pour d'anciennes relations, fit offrir la
préférence à Girardin et, sur son refus, déclare les Maissat adjudicataires
définitifs[4]. De là certains bruits,
certaines rancunes qui se retrouveront plus tard. En
somme, l'opération produisit une augmentation de plus de six millions, en un
temps où le budget ne dépassait pas soixante millions effectifs. Dans le
Conseil, à la Cour, ce fut un concert d'éloges ; à la Cour surtout, où
Foucquet, suivant l'usage, fit voiturer le pot-de-vin du Roi et de la Reine,
cent mille écus. Cette somme était à vrai dire un supplément de prix, qu'on
ne peut comparer aux modernes concussions dissimulées sous la forme de
cadeaux, de marchés, d'actions vendues à option, ou bien, comble de l'art,
d'argent remis de la main à la main, en usage aujourd'hui. Quant
au surintendant, il n'avait voulu accepter ni donner de pensions et, sauf les
cent mille écus du Roi et cent mille livres destinées à la récompense de
certains services connus, rien n'avait été prélevé sur les adjudicataires. Mazarin,
moins réservé, chargea Colbert d'insinuer à Foucquet qu'il devrait bien
accorder une part dans les fermes aux Cantarini, de Lyon, pour rétablir leurs
affaires. Les Cantarini, les Cenami avaient jadis servi d'hommes de paille au
Cardinal. Foucquet refusa. Le nom de ces banqueroutiers discréditerait les
fermes ; mieux vaudrait leur donner une pension de vingt mille livres par an.
Mazarin accepta[5]. C'est
par cette administration habile, indiscutable, que le surintendant répondait
à la première partie du factum de Colbert. Restait l'attaque plus personnelle
contre le luxe de table et les grandes dépenses de bâtiments. Foucquet ne
pouvait laisser Vaux inachevé ; mais il réduisit son train de maison de plus
d'un tiers[6]. Le plan
de son ennemi consistait encore à tirer parti de son amour-propre, à
l'engager dans de grandes dettes personnelles. Pour le déjouer, il écrivit à
Mazarin, lui demandant l'autorisation de reprendre sur le produit des fermes
une partie de ce qui lui était dû par le Roi. Mazarin, n'osant refuser, le
pria de ne prélever que quinze à dix-huit cent mille francs[7]. Évidemment,
Foucquet s'efforçait de rectifier sa situation politique et financière. Idée
sage, résolution excellente ; mais, hélas ! dans les batailles de la vie
comme dans celles de la guerre, on ne se résigne à ces rectifications qu'en
présence d'un ennemi qui vous guette pour profiter des fausses manœuvres. A peine
cette opération du bail des fermes était-elle menée à bonne fin, qu'il fallut
parer à un danger assez sérieux. Le
régime financier de ce temps apparaît comme un chaos, parce qu'on ne le voit
guère qu'à travers des accusations et des défenses. Les formes étaient
compliquées, mais rien n'était sans forme. Plusieurs impôts n'avaient été
vérifiés que pour un temps, pour la durée de la guerre. La paix faite, on ne
pouvait plus les lever sans concussion. Les villes, très au courant de leurs
droits, préparaient des requêtes au Parlement et aux autres compagnies
souveraines. Dans un ordre d'idées tout contraire, les fonctionnaires
réclamaient le rétablissement de gages, de pensions, d'allocations supprimés
ou diminués, mais seulement tant que la guerre durerait. Foucquet,
pour couper court à ces réclamations qui eussent détruit l'équilibre très
instable des finances, rédigea aussitôt une déclaration ordonnant le maintien
provisoire de tous les droits, et l'envoya en hâte à Mazarin. Il y signalait ces tribuns du peuple qui promettent leur assistance et
protection à tout ce qui va contre les droits du Rov. Il ajoutait : V. E. jugera facilement l'importance de cette affaire et
où l'État se trouveroit réduit si, tout d'un coup,
on levoit, on supprimoit
la levée de cinq ou six millions qui sont de cette qualité dans les revenus
du Roy, et si on augmentoit (la dépense) de
beaucoup d'advantage en pensions qui ont esté retranchées sous le même prétexte de la guerre.
Cependant, on en parle avec chaleur, et à la fin quelque chose éclatera[8]. Ses
précautions prises, le surintendant continua les réformes. L'opération des
fermes avant réussi, une semblable fut immédiatement entreprise, qu'on
appellerait aujourd'hui conversion de la rente et qu'on nommait alors tout
crûment réduction ou retranchement. Les
rentes, non pas les anciennes, mais celles qui avaient été émises pendant la
guerre, les augmentations de gages accordées à prix d'argent, enfin toutes
les aliénations faites pendant la même période devaient être l'objet d'une
réduction. Foucquet et Mazarin étaient convenus de garder le secret sur cette
opération délicate. Dès la fin de février, tout le monde en discourait à
Paris. Les magistrats surtout, frappés dans leurs revenus, protestaient. Il ne faut pas faire un pas en
arrière, écrivait encore Foucquet, et la résolution en ayant esté prise et estant fort
juste, il la faut exécuter comme une affaire ordinaire de finances, à
laquelle on ne puisse espérer changement ou modération, ny
faire exception de personne. Ce n'est pas, ajoutait-il, que j'estime qu'en même
temps que la chose éclattera, il ne faille faire
quelque grâce aux principaux, afin d'adoucir le mal et leur laisser
l'espérance d'un bon traitement à l'advenir. Si V. E. l'approuve, il faudroit donner une Ordonnance d'appointement à chacun de
Messieurs de la Grand'Chambre du Parlement et à deux ou trois des plus
considérables des autres Chambres, et à proportion dans la Cour des aydes et Chambre des comptes. On signifiera l'arrêt sous
huitaine, afin que l'intervalle de la semaine
sainte et des festes donne lieu d'appaiser les premiers mouvemens[9]. Si Foucquet corrompait,
c'était pour le bon motif, au vu et su du premier ministre. Mazarin
laissa le surintendant conduire l'opération comme il l'entendrait, se
contentant de lui rappeler ses paroles d'autrefois, qu'il serait facile de
remédier à ces aliénations onéreuses. Foucquet en convenait. Il est aysé, disait-il, de rembourser les acquéreurs sur le mesme
pied, et encore aujourd'huv, si je trouvois du fond, je le ferois,
et personne n'auroit rien à dire. Mais le fonds manquait[10]. Le
procédé restait correct. C'était le remboursement imposé à qui ne voulait pas
accepter une réduction du taux des rentes. Tout au contraire, Mazarin et
Colbert en revenaient toujours à la banqueroute à peine déguisée. Continuant
d'appliquer sa politique modérée, le surintendant ne fit porter l'arrêt que
sur les nouvelles rentes[11], laissant de côté les contrats
d'augmentation de gages qui, en réalité, n'étaient pas purement financiers[12]. Il
avait voulu agir avant le retour du Roi, pour éviter des importunités au
Cardinal. En revanche, il suppliait le ministre de faire en sorte qu'on
parlât peu de la mesure à la Cour, qu'on n'en écrivît pas à Paris, qu'après
avoir dit : La chose est juste, le Roy le
veut, tout soit finy[13]. Le prévôt des marchands (qui
d'ailleurs se conduisait bien) irait trouver le Roi avec une députation. Le
Roi répondrait qu'il ne pouvait rien changer, qu'eux-mêmes au fond sont
persuadés de la justice de cette solution, et qu'ils ne réclament que par un devoir
de position. L'événement
fut conforme à ces prévisions. Trois ou quatre cents personnes s'assemblèrent
à l'hôtel de ville, essayant d'attirer à elles les porteurs d'anciennes
rentes ; mais le coup avait été prévu, et des déclarations du ministre rassuraient
ces derniers. De plus, on avait en sous-main préparé un chef à ces émeutiers
trop riches pour être dangereux. Un ancien maitre des requêtes, M. de Pinon,
se mit à leur tête et fit tourner le tout en députation au chancelier, au
premier président, au surintendant. Foucquet reçut le prévôt des marchands et
les échevins. Ils parlèrent, il leur répondit ; ils se retirèrent à
l'ordinaire. A peine
débarrassé comme surintendant, Foucquet, comme procureur général, défendit au
Parlement de s'immiscer dans l'affaire. A toutes fins, il avait demandé
quelques lettres de cachet, dont il fournissait le modèle : Le Roy avant pris une résolution juste sur le faict des rentes nouvelles aliénées à vil prix, sans
intéresser en aucune façon les anciennes... des
particuliers font des assemblées, ce qui est contre l'ordre. S. M. ne voulant
pas que la tranquillité de sa bonne ville de Paris soit altérée par l'intérêt
de quelques particuliers...
etc., etc., défense de s'assembler, à peine de suppression complète du
payement des nouvelles rentes[14]. Malgré
les efforts de Pinon, deux ou trois rentiers avant excité du désordre,
Foucquet leur envoya dire que le Roy les feroit chastier. Il ne leur donnait pour
réfléchir que le temps nécessaire au retour d'un courrier envoyé à la Cour.
Aussitôt les mutins, leurs parents, leurs amis, accoururent, expliquant leurs
discours mal compris, sollicitant leur pardon. Le Parlement, les autres
Compagnies voyant que personne ne s'y adressoit, restent dans le silence. Pinon réunit à nouveau ses réduits,
leur rend compte des députations. Il faut se soumettre ; une seule voie de
recours leur reste : la supplication au Roi. On ira donc au Roi, mais sans le
concours compromettant de conseillers d'aucune compagnie. En attendant, plus
d'assemblées. Les réduits acceptent tout[15]. L'affaire
amenée à ce point, le dénouement était trouvé. Foucquet l'indiquait à
Mazarin, aussi fertile que lui en ces sortes d'expédients. Recevoir sans
délai les députés, ne pas précipiter la réponse ; leur demander un mémoire
par écrit de leurs représentations verbales, les adresser à un de messieurs
du Conseil[16]. C'est ce que Foucquet appelait
agir en douceur. L'heureuse
issue de cette opération conservait au Trésor deux millions enlevés aux
rentiers. Il n'a pas tenu à certaines gens,
que je ne nommeray pas, ajoutait Foucquet, qu'il ne
soit arrivé bien des incidents ; mais ayant l'assurance de la protection de
V. E., j'ay eu assez de vigueur pour leur faire connoistre
qu'ils ne viendroient pas à bout de leurs desseins.
Jamais le Parlement n'a esté si tranquille[17]. Quand
il s'agit du châtiment à infliger à la ville de Marseille, ce fut autre
chose, Foucquet se prononça pour la suppression ou du moins pour la
restriction du droit de port franc. Sans nier les excès commis par les
traitants des cinq grosses fermes, il prend à partie ceux qui ne sont pas chargez des affaires de finance et
qui parlent continuellement de la liberté du commerce et de la descharge des droits qui sont imposez sur les denrées et
marchandises. Ils paroissent avoir raison -et
disent des choses fort spécieuses en apparence, mais fort ruineuses en effect.
Il faut avoir des vues d'ensemble, dans les finances. Tout le secret aboutit à rendre les impositions égales, c'est-à-dire également
réparties. Autrement, si on décharge tout, on
perd les plus beaux et assurés revenus du royaume ; si on n'en descharge que d'un costé, on
enrichit à la vérité ce costé-là, mais on ruine
tout le reste et l'on ouvre des portes que l'on ne peut plus fermer. Chacun de ceulx
qui parlent le font selon l'intérest ou la cognoissance qu'ilz ont d'une
ville ou d'une province, ou (qui) sont des lieux mesmes
; mais ceux qui regardent tout ensemble auront un
autre sentiment. Il faut descharger
le peuple des tailles le plus qu'on pourra et augmenter aussi les fermes par
tous moyens, et ne perdre jamais, s'il se peut, ce qui est une fois acquis.
Les engagements sont bien moins préjudiciables, car on y revient, et le
peuple paye toujours ; mais les exemptions une fois accordées, on n'y revient
plus qu'avec des peines infinies. Pour
faire passer sa leçon financière, Foucquet demandoit pardon à
Son Éminence de tant insister sur des matières qu'elle cognoissoit
mieux que lui. Mais
il doit prémunir le ministre. Quand il traverse une province, chacun vient
alléguer à sa mode ce qui lui est avantageux, couvrant le tout de l'intérêt
du Roi, du bien de l'État ; on se laisse persuader, et ce n'est qu'à
grand'peine qu'on sort ensuite de ces erreurs. Instruit par sa propre
expérience, le surintendant ne doute pas qu'on n'importune le Roi, la Reine,
le Cardinal par de semblables chimères. Il prie le ministre de résister ou
tout au moins d'ajourner ses résolutions au retour à Paris[18]. Comment,
en effet, parler de dégrèvement, quand Mazarin exigeait vingt-cinq millions
par an pour les dépenses qu'il réglait directement ? On n'avait pas encore
désarmé ; les gouverneurs de places étaient loin de se résigner à la
réduction de leurs prélèvements[19]. Il en était de douteux qu'il
fallait racheter. A Donna, gouverneur d'Orange, on pava deux cent mille
livres[20]. On finit par s'arranger avec
le gouverneur de Hesdin[21]. L'argent pourtant rentrait
difficilement. Foucquet, en véritable ministre des finances, ayant vu, dans
le traité de paix, que les Espagnols verseraient pour l'infante Marie-Thérèse
une dot de cinq cent mille écus d'or, voulut les faire figurer au budget[22]. Illusion : cette dot ne devait
jamais être payée. On prétendit même plus tard qu'on l'eût encaissée à regret
; que ce non-paiement était prévu, voulu, et constituait la plus belle
conception diplomatique de Mazarin. Le croira qui voudra. Par contre, il
fallait envoyer un million -en Alsace et tirer ce million du Trésor français,
qui depuis longtemps n'avait pas vu une si grosse somme. Le surintendant ne
trouvait nulle part un concours assuré, et ne pouvait déjà plus compter sur
Lamoignon qui qualifiait de -despotiques et d'injustes ses sollicitations en
matière de finances[23]. C'était abuser des droits du
bienfaiteur, si bienfaiteur il y avait. Une prudente réserve s'était
transformée en résistance. Le premier président s'éloignait du procureur
général, en parlant toujours avec éloge, mais ne l'aimant plus et disant avec
le Psalmiste : Dirupisti vincula mea, sacrificabo titi hostiam landis. En bon français, Tu m'as dégagé de ma reconnaissance, je te payerai en compliments. Encore est-ce Lamoignon qui
parle de compliments. Dans son petit cénacle, on ne ménageait pas les
partisans ni les surintendants. Le patron ne disait rien, mais si Guy
Patin attaquait les financiers ou les Jésuites, il souriait bonnement[24]. L'austère
magistrat ne négligeait pourtant pas ses intérêts. Il savait bien trouver son
pseudo-protecteur Foucquet pour solliciter le payement de trente mille livres
sur le prix de sa charge, somme promise par Mazarin, plus vingt mille livres
comme dédommagement de la perte sur son
office de maître des requestes, plus dix-huit mille déboursez pour son bâtiment, c'est-à-dire pour l'hôtel de la première
présidence. Comme on avait autrefois pillé le manant et le bourgeois, on
s'apprenait à piller l'État. Foucquet se défendait : ce n'était pas à lui à
disposer ainsi du bien du Roi : ces sortes de grâces devaient être demandées
à Son Éminence[25]. Il interrogeait Mazarin sur la
conduite à tenir envers M. le premier président, qui possédait des augmentations -de gages pour une somme considérable, et que retranchement sans doute fâcherait. Mazarin répondit à l'italienne, par des
questions sur la situation de Lamoignon[26]. Malgré
tout, Foucquet, dans son optimisme, ne se défiait pas encore du premier
président ; mais avec l'avocat général, Denis Talon, la guerre était
déclarée, et le surintendant n'avait pas été surpris de le voir figurer dans
le factum de Colbert, comme procureur général de la Chambre de justice à
créer contre lui. Talon
apparaissait d'ailleurs comme l'antithèse de Foucquet. De tenue médiocre,
même sale, il vivait d'une vie étroite, à côté d'une femme nulle, sous la
surveillance d'une mère hautaine et acariâtre[27], veuve vertueuse de l'austère Omer
Talon, l'ami du peuple. Très savant, bien plus savant que le procureur
général, tandis que ce dernier s'expliquait dans un langage rude, mais clair
et précis, Denis Talon construisait ses phrases suivant la pompeuse
ordonnance de Balzac. A peine prenait-il la parole qu'on le perdait de vue,
enlevé dans les nuées, d'où il déclamait tout
ce que Sacrobosco, Tycho-Brahé, Copernic et autres astronomes ont dit du
mouvement des astres, etc., uniquement pour
faire comprendre ce que c'est que le temps, comme on le doibt
employer, et aussi,
disaient les auditeurs, comment on peut le perdre[28]. Au fond, magistrat habile,
laborieux, intègre, chaste. Comme
on l'a déjà remarqué, entre le procureur général et l'avocat général au
Parlement, il n'existait pas de hiérarchie bien réglée. L'un requérait,
l'autre soutenait la requête ; mais, naturellement, l'orateur prenait le pas
sur le consultant, l'avocat sur l'avoué ; d'autant plus que les prédécesseurs
de Foucquet, les Méliand et autres, n'avaient guère brillé. Homme d'État, en
même temps que jurisconsulte pratique, Foucquet avait voulu reprendre son
rang de préséance et l'avait repris. De là venait la jalousie de Talon et son
alliance avec Colbert. Entre
ce dernier et l'avocat général on remarquait autant de causes d'attraction
que de répulsion. L'un, docteur, parlait latin comme Cicéron, l'autre,
praticien non gradué, balbutiait le rudiment ; l'un, de vieille souche
parlementaire, soutenait le peuple, l'autre, fils de bourgeois en
déconfiture, était ennemi du Parlement ; toutefois, un même instinct les
réunissait dans une haine commune contre ce procureur-général, si méprisant
pour les éloquentes remontrances, contre le surintendant si fastueux et si
clairvoyant des profits plus légalement qu'honnêtement amassés par ces deux
finauds. Colbert, selon l'humeur de Mazarin, avouait ou désavouait Talon, dont on peut avoir besoin[29]. Mais ses défaillances
n'étaient qu'apparentes. En réalité, le praticien ne se séparait pas de cet
ami précieux, sa lumière juridique et son éloquence. De plus, Talon avait un
beau-frère, moins orateur que lui, mais procédurier fini, le sieur Voisin, fils
d'un greffier criminel de la Cour, assez noté dans le procès du maréchal de
Biron[30]. Voisin,
conseiller au Parlement, aspirait à devenir prévôt des marchands de Paris,
position mi-royale, mi-municipale, comme nous avons vu celle de préfet de la
Seine. Foucquet de son côté patronnait la candidature de son parent, le
président de Maupeou, de cette famille des Maupeou qui venait de perdre deux
de ses enfants tués à l'ennemi[31]. Mazarin, suivant son habitude,
équivoque, répondant à Foucquet qu'il ne nommerait pas Voisin, à Colbert que
Voisin serait nommé avant deux ans[32]. Cela se passait au
commencement de 1660, à Saint-Jean-de-Luz. A
Paris, la querelle s'accentua. Le fils de M. Ladvocat, maitre des comptes,
parent de Nicolas, se présentant pour être reçu maitre des requêtes, Talon,
alors que personne ne réclamait, prétendit que le père était engagé dans
les-affaires de finance. Tout vérifié, il se trouva qu'en 1627, Ladvocat,
alors commis du surintendant d'Effiat, avait promis de fournir des quittances
aux trésoriers des parties-casuelles. Mais, tous
les jours, écrivit
Foucquet à Mazarin, M. Colbert et son commis,
et moy et les miens, et ceux de M. de Villacerf,
par les ordres de Votre Éminence, pour accélérer les affaires et lever les
formalités, en usent (sic) de mesmes[33]. Sur une
requête présentée par un particulier et tendant à la cessation d'une levée
d'impôt, Talon fit dire au procureur général que s'il ne donnait des
conclusions, il se plaindrait dans la Grand'Chambre. Or, Foucquet n'en
voulait pas-donner, pour empêcher toute mise en délibération de l'affaire.
Aussi répliqua-t-il très vertement qu'il se plaindrait, lui, au Roi, dont il
exécutait les ordres, qu'il demanderait justice de son autorité méprisée et
de cette entreprise sur sa charge. Je ne dois
compte de ma conduite, ajoutait-il, qu'au Roi et aux prêtres. M. Talon n'est ni mon supérieur ni prêtre et
ne doit pas se mêler de ce que je fais, quand j'excipe d'un ordre du Roi[34]. Le
gouvernement avait concédé à une compagnie le monopole de la pêche des
baleines. Certains particuliers en, appelèrent au Parlement ; deux d'entre
eux tentèrent même de s'opposer par force à l'exécution du traité. Mazarin,
avisé par Basile, envoya à Colbert, qui partageait avec l'abbé Foucquet les
fonctions d'intendant de la police, deux lettres de cachet pour arrêter les
récalcitrants. Talon malgré tout prêta à ces derniers son appui dans le
Parlement[35]. On
avait saisi à Abbeville, sur des Hollandais, certaines huiles entrées en
fraude. Un huissier du Parlement s'y rendit, requit la force armée pour faire
lever, en vertu d'arrêts de la Cour, une saisie pratiquée au nom du Roi. Le
commandant d'Abbeville déclina discrètement la réquisition de cet huissier,
qui revint à Paris sans avoir rien fait. Aussitôt, Talon entra dans la
Grand'Chambre, fit décréter contre le commandant d'Abbeville. Il en écrira au
Roi, au Cardinal ; il prend sur lui de faire autoriser ce que le Parlement
résoudra. Sur sa parole, sur cette garantie donnée par un homme parlant au
nom du Roi, la Cour rend un arrêt conforme aux réquisitions de Talon[36]. Autre
conflit. Des officiers des eaux et forêts de Paris ayant pris des bois de
chauffage au-delà de leur titre, un arrêt du Conseil d'État les condamne.
Plusieurs s'exécutent. Quelques-uns trouvent accès auprès de Talon, qui
reçoit leur requête, et, sans la communiquer au procureur général, surprend
un arrêt du Parlement défendant d'exécuter celui du Conseil. Votre Éminence, écrit Foucquet, void par-là que
tout homme connu de M. Talon ne paye plus que ce qu'il veut, et que les
arrêts du Conseil ny les ordres du Roy ne le
retiennent pas. On ne les oze plus exécuter que soubz son bon plaisir. Les advocats
(généraux) qui l'ont précédé n'ont jamais entrepris d'escrire au Roy à mon préjudice. C'est à moy seul à le faire quand il y a chose qui le mérite ou
qui est ordonnée ; mais luy, il s'offre et se
charge d'obtenir des révocations d'affaires bien establies.
Si cela estoit reçu et avoit
son effect, son authorité
seroit grande pour destruire
les finances, et la mienne foible pour les soutenir. Foucquet espère donc que le
Cardinal mettra des bornes aux entreprises
téméraires d'un jeune homme qui veut acquérir de la réputation aux despens de l'authorité royale[37]. Dans une lettre adressée à Le
Tellier, dont il recherchait l'alliance, il ajoutait que derrière les
opposants se trouvaient des étrangers[38]. Il disait vrai. Les
Hollandais, jugeant la mesure propre à favoriser la marine française, la
traversaient tant qu'ils pouvaient[39]. Mazarin,
au fond, se défiait de cet avocat général, trop zélé : Si la bonne volonté de M. Talon, disait-il, doit s'acheter au prix de mon silence dans les entreprises
qu'il fait au préjudice du service du Roy, dans le Parlement, je m'y oppose[40]. La lettre de Talon fut
renvoyée non ouverte, ce qui en était la plus sévère
condamnation. Foucquet prétendit même qu'il fut question de destitution. Mais
Mazarin n'aimait pas les mesures aussi radicales. Au
reste, le procureur général ne négligeait rien pour prouver son zèle et son
dévouement. La police surprenait-elle quelque exalté se répandant en paroles
exécrables contre la Reine et le ministre, on logeait sans bruit le quidam à
la Bastille. Le substitut de Langres avant consulté son chef sur certaine
affaire qu'on n'explique pas. Foucquet consulta à son tour Mazarin, mais en
donnant son avis. Il ne convenait pas de laisser
juger cet homme ;
en appel, son procès viendrait au Parlement, où ces sortes de fous disent des sottises qui sont désagréables. Selon le châtiment ordonné par
les juges et les différents avis, on peut
avoir du chagrin. —
Il faudroit tirer
par ordre du Roy le prisonnier du lieu où il est et l'enfermer dans quelque
autre chasteau, où on luy
fera expier son crime par une prison perpétuelle. On attend les ordres de Son
Éminence[41]. On ne
sait pas ce que répondit Mazarin ; mais, si le Cardinal le voulut, on
emprisonna l'homme sans jugement, à perpétuité dans un château. Vincennes en
ce sens était un château, comme Pignerol. Le procureur n'ignorait pourtant
pas la loi. Un peu plus tard, Mazarin ayant demandé un traitement de faveur
pour un autre accusé à qui s'intéressait don Luis, le ministre espagnol,
Foucquet répondit que si l'on faisait grâce de la vie au coupable, on le
bannirait, car la peine de la prison
perpétuelle n'existe pas dans nos lois[42]. On peut
dire toutefois que, depuis sa vive alerte à Bordeaux, le surintendant n'avait
ni commis une faute, ni négligé une précaution. Peut-être, au contraire,
exagéra-t-il la prudence. Il avait vu le Cardinal souffrant, goutteux,
luttant courageusement contre la maladie, niais au fond ne concluant la paix
que par un sentiment secret de sa décrépitude et par un besoin absolu de
repos. Plus que jamais Mazarin appartenait à ses familiers. Le mémoire de
Colbert, si profondément marqué au coin d'une entente complète entre le
domestique et le maitre, l'attitude froide du dénonciateur, celle non moins
équivoque du Cardinal, en outre, Herwarth dans les finances, Talon au
Parlement, ne laissaient pas de troubler Foucquet. Dans
les premiers jours d'avril, il s'avise d'écrire à la Reine, médite son thème
; puis, avec l'aide peut-être de Pellisson, rédige une fort longue lettre. Puisque je trouve une occasion
seure pour rendre compte de mes actions à la personne de qui je veux bien qu'elles
dépendent tant que vivray, à la bonté de laquelle
je ne puis jamais tesmoigner toute la reconnoissance que j'ay dans le cœur, et de qui j'attends
les moindres commande-mens comme les plus grands sujets de joye que je puisse recevoir, je diray... Et
Foucquet de décrire les embarras où il s'est trouvé à son retour à Faris,
sans argent, sans crédit, jalousé par Séguier, attaqué par Herwarth, et,
malgré ces obstacles, son succès dans l'affaire des Fermes. Rien ne pouvoit mieux réussir et
tout le conseil a esté contraint d'admirer ma
conduite. Je sçais bien que peu à peu l'on pourra
perfectionner les choses et que par les ouvertures que j'ay données, avec du
temps, on peut former d'autres desseins ; mais enfin, j'ose dire que ma
grande application à la connoissance des finances
m'y a rendu si sçavant et si expérimenté, que
toutes les fois que je seray assuré d'estre appuyé de l'autorité du Roy, sans crainte d'estre désavoué, abandonné et exposé aux discours de tous
ceux qui voudront parler contre moy, le Roy ne peut
rien désirer en cette matière dont il ne vienne à bout. En peu
de temps on équilibrera les recettes et les dépenses, on sera prêt aux
actions extraordinaires, si l'on en veut entreprendre ; on soulagera le
peuple. Cependant, tous ceux qui
demandent et sont refusés, tous ceux qui espèrent et n'obtiennent pas, tous
ceux dont les abus sont réprimés, conservent la haine. Les plus proches se
plaignent quand on ne les comble pas de biens, sans compter les gens à qui on
en oste. Les envieux sont encore pires que les
ennemis ; de sorte qu'il faut occuper tout son temps, donner toute son
application et faire beaucoup de dépenses pour empescher
les mauvais offices de ces gens-là. Dès qu'ils parlent, ils sont écoutés. On n'a
pas pu tenir secrète l'affaire du retranchement des rentes aliénées à vil
prix. Quoyque M. le Cardinal ne parle pas publiquement contre moy, néanmoins il craint que l'envie ne retombe sur lui.
Il dit tant de choses que bien tost tout est
publié, au lieu qu'en disant en peu de mots : Le Roy le veut et se fera
obéir, tout seroit fait. Si je choque bien du
monde, on se plaint, et Son Éminence me blasme de luy attirer des affaires ; si j'évite le bruit, Son
Éminence dit que je veux tout ménager. Partant, moins de vigueur dans l'action, parce
qu'on a moins d'assurance dans la protection. Je fais ce que je puis pour
ramener Colbert à moy, je lui ay rendu des services
en son particulier très importants... il m'a confié des grands
secrets... mais après tout, s'il a dessein sur mon employ et que son but soit de me déposséder pour faire
les finances de son chef ou sous les ordres de Son Éminence, je ne puis le
regagner ou le radoucir.
Le Tellier préfère Foucquet à Colbert. Lionne voudrait peut-être la place du
surintendant, mais n'oserait la prendre. Il reculerait par timidité. Mon frère l'Abbé est un des plus dangereux que j'aye, secondé par Delorme à la
ville, par Varengeville à la Cour, attaquant
d'Andilly et de Grave comme amis du surintendant. Je veux faire ma confession tout
entière, et, après avoir dit cy-dessus à mon
avantage plusieurs choses, il faut que je dise mes défauts. Foucquet reconnaît que son
esprit est porté aux choses grandes, au-dessus de sa condition ; il aime à
faire plaisir, à s'acquérir des amis, et il réussit parce qu'il fait de bonne
grâce ce qu'il veut faire. Ses dépenses sont excessives ; il les diminue. Les
bâtiments et les jardins de Vaux ont trop coûté, il le regrette. Il a offert
ce domaine en présent au Cardinal, et son acceptation l'eût comblé de joie, parce que donner une chose de cette nature est une action
plus grande et plus extraordinaire que de l'avoir faite. En bon et en mauvais, tout
Foucquet se révèle dans ces deux lignes. Puis, il explique l'acquisition de
Belle-Isle, terre qui est aussy
une place forte. Il
l'a payée un million en vendant trois cent mille livres d'autres biens et en
s'endettant du surplus. Vaux et Belle-Isle sont de trop grand éclat pour lui,
mais, dans sa position, quand on doit de cinq à six millions, il faut pouvoir un peu se distinguer des autres hommes.
Mettre de l'argent à profit, entasser inutilement des sommes dans des
coffres, ce seroit pour moy
une condition assez misérable. Ce qui
suit, écrit en 1660, est absolument digne de remarque. J'ay eu du bien de mon chef, j'en ay eu davantage de ma
femme. Les revenus ont produit de quoy faire de la
dépense, avec ce que la surintendance fournit, outre que le grand maniement
de l'argent fait que l'on n'est pas si réservé. Il est donc vrai que dans la
position incertaine où je suis, et qui peut m'estre
ostée d'heure à autre, pour m'y estre
fait des ennemis, j'ay esté bien ayse de me voir une retraite, avec espérance, si je me
trouve hors d'employ, d'y aller finir mes jours en
assurance et y servir Dieu, éloigné de tout le monde, avec d'autant plus de
satisfaction que c'est dans le gouvernement de la Reyne,
à laquelle on pourroit rendre par égards quelques
petits services et en recevoir une agréable et puissante protection[43]. Bien
que Foucquet ne confessât guère que les fautes dont il tirait vanité, la
sincérité de ses explications est incontestable. Comme on n'en possède que la
minute, on ne saurait dire s'il envoya ce mémoire à la Reine. Quoi qu'il en
soit, cet examen de conscience révèle exactement l'état d'esprit de cet homme
dont chacun enviait la prospérité et qui, dans son inquiétude, se voyait déjà
relégué dans une île de Bretagne, comme si la fortune ne pouvait pas lui
réserver de plus tristes perspectives. Ces
sombres pressentiments traversent la pensée comme un éclair et disparaissent
au premier retour de fortune. A peu près vers ce même temps, Foucquet éprouva
une grande satisfaction d'amour-propre. Après avoir pris l'agrément de
Mazarin[44], il maria son dernier frère,
Gilles, qu'il avait fait écuyer de la grande écurie du Roi[45], à la fille de M. d'Aumont,
gouverneur de Touraine. La Gazette célébra cet hyménée d'un jouvenceau de belle espérance, avec une fille d'illustre lignée s[46], et par-dessus tout, elle vanta
Messieurs les Foucquet. Un ministre d'État, un archevêque, un évêque, un abbé, chancelier des Ordres du Roi, un premier écuyer de la grande écurie, charge qui permettait d'approcher du Roi, voilà qui étaient ces Messieurs alliés aux ducs et pairs, aux Charost, aux d'Aumont. On ne parlait pas des cinq filles, dispersées dans les couvents de la Visitation, tout à la prière et aux bonnes œuvres, les plus heureuses déjà dans le présent, les plus sûres de l'avenir. |
[1]
GOURVILLE, Mémoires,
p. 530 ; Défenses, t. XVI, p. 158.
[2]
Défenses, t. V, p. 32.
[3]
Foucquet à Mazarin, 6-25 janvier 1660. Affaires étrangères, France, vol.
910, f° 1, 14, 25.
[4]
Lettres et Instructions de Colbert, t. II, préf.,
p. X.
[5]
Lettres et Instructions, t. I, p. 440. Voici ce que Foucquet écrivit au
Cardinal : MM. Cénami tesmoignent vouloir estre interessés dans la ferme et qu'on prenne en paiement pour
les advances, frais et paiements à faire au Roy, des
quittances de ce qui leur est deub. Personne
assurément ne peut s'accomoder de cette condition, et
les fermiers seroicnt ruinez de crédit s'ils avoient
un associé de cette qualité... Il vaut mieux en donant
une belle comité.- sion y adjouster tels appointemens, et pention qu'il plaira à Votre Éminence d'arbitrer ; et je la
suplie de mander au plus tost ce qu'il luy plaist qu'ils saignent par an. 19 janvier 1660.
Affaires étrangères, France, vol. 910, f°19.
[6]
Cela résulte du dire même de Talon. V. Défenses, t. VI, p. 152 et suiv.
[7]
Défenses, t. VI, p. 152 et suiv.
[8]
Foucquet à Mazarin, 11 mars 1660. Affaires étrangères, France, 910, f°
91.
[9]
Foucquet à Mazarin, 11 mars 1660. Affaires étrangères, France, 910, f°
91.
[10]
Foucquet à Mazarin, 26 mars 1660. Affaires étrangères, France, 910, f° 134.
[11]
M. Vuhrer, Histoire de la dette, t. I, p. 76,
cite un arrêt du Conseil du 30 mars, décidant que les traitants ou autres
propriétaires de rentes dont les titres seraient postérieurs à l'avènement du
Roi, seraient remboursés. Il cite un registre manuscrit de l'hôtel de ville de
Paris, coté 38, f° 208, déposé aux Archives nationales.
[12]
Outre qu'on se sert du nom de gages qui n'est qu'un
prétexte ; car les mesmes gens ont des rentes, qu'ils
auront autant de regret de veoir perdre soubz ce nom là comme soubz celuy de gages. Foucquet à Mazarin, 26 mars 1660.
[13]
Foucquet à Mazarin, 9 avril 1660. Affaires étrangères, France, 910, f°
173.
[14]
Lettre du 13 avril 1660. Affaires étrangères, France, vol. 910, f° 177.
[15]
Foucquet à Mazarin, 22 avril 1660. Affaires étrangères, France, vol.
910, f° 192.
[16]
Foucquet à Mazarin, 8 mai 1660. Affaires étrangères, France, vol. 910,
f° 207.
[17]
Lettre du 22 avril 1660, déjà citée.
[18]
Lettre du 2 avril 1660. Affaires étrangères, France, vol. 910, f° 151.
[19]
Foucquet explique cette situation tout au long dans sa correspondance du 11
mars 1660, ci-dessus citée.
[20]
Défenses, t. IV, p. 131.
[21]
LORET, La Muze historique, t. III, p. 179 (mars 1660).
[22]
Lettre du 26 mars 1660, déjà citée.
[23]
Arrêtés de Lamoignon, loc. cit.
[24]
GUY PATIN, Lettres,
t. II, p. 184.
[25]
Lettre du 11 mars 1660. Affaires étrangères, France, 910, f° 91.
[26]
Lettre du 26 mars 1660, déjà citée.
[27]
FLÉCHIER, Les
grands jours d'Auvergne, p. 93.
[28]
Lettre de Ballesdeus à Séguier, Bulletin du Comité
historique, 1849, p. 80.
[29]
CLÉMENT, Lettres
et Instructions, t. I, p. 390 et suiv.
[30]
GUY PATIN, Lettres,
t. II, p. 29, 30.
[31]
V. État de la Fiance, 1661, p. 561.
[32]
CLÉMENT, Lettres
et Instructions, t. I, p. 418. 13 janvier 1660, Défenses, t. XV, p.
109.
[33]
Foucquet à Mazarin, 14, janvier 1660. Affaires étrangères, France, vol.
910, f° 13. V. déjà deux lettres du même au même, des 12 juillet et 8 septembre
1659. Affaires étrangères, France, 907, f°' 195 et 908, f° 46.
[34]
Lettre du 11 mars 1660. Affaires étrangères, déjà citée. VIII, p. 196.
[35]
Foucquet, en recevant ces lettres, déclare qu'il fera le possible pour n'en pas
user et ménager l'autorité du Roi. Lettre du 26 mars 1660.
[36]
Foucquet à Mazarin, 22 août 1660.
[37]
Foucquet à Mazarin, 29 août 1660. Cf. lettre du 8 mars 1660 de Foucquet à
Mazarin. Affaires étrangères, France, 910, f° 267.
[38]
Lettre de Foucquet à Le Tellier, 8 mai 1666. Bibliothèque nationale, ms. fr., 6898, f° 197.
[39]
V. la correspondance entre de Witz et Van Brening. Correspondance
de de Witz, t. II, p. 29, 31.
[40]
Réponse de Mazarin à une lettre de Colbert du 8 mars 1660. Lettres et
Instructions, t. I, p. 132.
[41]
Foucquet à Mazarin, 2 avril 1660, ci-dessus citée.
[42]
Foucquet à Le Tellier, 2 septembre 1659. Bibliothèque nationale, ms. fr., 6896, f° 14.
[43]
Lettres et Instructions de Colbert, t. II, préface, p. VIII à XII, d'après un ms. de
la Bibliothèque nationale, fonds de l'Oratoire, 98, pièce 36. Foucquet avait
rédigé une sorte de thème de cette pièce, conservé dans les 'Armoires de Baluze
et publié par Feuillet de Conches, Causeries d'un curieux, t. Il, p.
551, comme s'il s'agissait d'une note pour Mlle de Bel-Air. M. Chéruel, Mémoire
sur Foucquet, t. II, p. 25, a rectifié cette erreur.
[44]
Foucquet à Mazarin, lettre sans date [mars 1660]. Affaires étrangères, France,
vol. 916, f° 98.
[45]
Le 7 octobre 1658, F. de Bullion avait donné, au profit de Gilles Foucquet,
frère de Messieurs, demeurant rue du Temple (chez son frère), paroisse
Saint-Nicolas, sa démission de premier écuyer de la Petite-Écurie, moyennant
270.000 livres. Haut et puissant seigneur
N. Foucquet intervient au contrat. Acte reçu par Bruneau et Simonet, notaires.
Bibliothèque nationale, Cabinet des titres, dossier Foucquet.
[46]
LORET, La Muze historique, t. III, p. 200.