NICOLAS FOUCQUET

QUATRIÈME PARTIE

 

CHAPITRE III. — FOUCQUET CHARGÉ DE LA TRÉSORERIE.

AFFAIRE MORIN. PREMIÈRE DIFFICULTÉ AVEC SERVIES. - PÉNURIE FINANCIÈRE. - CRÉATION D'IMPÔTS NOUVEAUX. - RÉSISTANCE DU PARLEMENT. - ADJUDICATION DE LA FERME DES GABELLES. - SERVIEN SUSPECTÉ PAR MAZARIN. - COMPLICATIONS A PÉRONNE - FOUCQUET FOURNIT LES FONDS POUR RACHETER CETTE PLACE ET INDEMNISER HOCQUINCOURT. - FOUCQUET CONCLUT CONTRE ARNAULD ET LES JANSÉNISTES. - GRANDES DÉPENSES POUR LES BALS ET LES FÊTES DE L'HIVER (Janvier 1655-novembre 1656)

 

 

A Foucquet la trésorerie, à Servien l'ordonnancement. Cette division des pouvoirs était très nette en principe, mais en pratique, il en alla tout autrement. Servien, peu accommodant de son naturel, subit cet arrangement plutôt qu'il ne l'accepta, d'autant plus que l'opinion y vit une disgrâce pour lui, une faveur pour son rival[1].

Or, le jour même où ce dernier prit possession de ses fonctions indépendantes, on lui proposa de verser 400.000 livres à l'Épargne contre la rétrocession d'un traité des offices dits quatriennaux et des contrôleurs[2]. Ce traité appartenait à un sieur Morin, qui n'en avait pas accompli les conditions, mais était confident de Servien et tout son conseil pour les finances, passant des journées entières avec lui. Il y avait matière à réflexion. Toutefois, le besoin d'argent était si grand, les Suisses criaient si fort, que Foucquet, du consentement du Cardinal, passa pardessus toutes les considérations et déposséda Morin. On fit même rapporter à ce dernier un billet de 500.000 livres représentant pareille somme des vieilles dettes de 1648, remboursées grâce à la faveur de Servien[3].

Ces remboursements constituaient une sorte de prime, une diminution convenue du prix du traité. Morin, étant dépossédé, devait rendre le nouveau billet et reprendre l'ancien. Il le rendit, mais protecteur et protégé, atteints dans leur amour-propre et dans leur intérêt, vouèrent dès lors à Foucquet une haine implacable.

A peu de temps de là, un sieur Boislève, autrefois simple avocat aux conseils, devenu intendant des finances, ayant acheté d'un sieur Le Bault, moyennant 33.000 livres, un vieux billet du Trésor de 472.000 livres, se mit en état d'en réaliser la pleine valeur dans un traité avec le Roi, ce qu'il fit, sous le nom de ses anciens associés dans les cinq grosses fermes. Le Battit, désespéré d'avoir vendu un effet devenu si bon et à un si petit prix dont il n'était même pas entièrement payé, présenta requête au conseil, demandant la restitution du billet ou, pour le moins, quelque raisonnable supplément à la somme dérisoire qu'il avait reçue.

Grand esclandre. Servien, qui, dit un contemporain, ne prenoit aucune part en tous ces traistez (les contemporains ne savent jamais tout), releva hautement le procédé de Boislève, le qualifia de crime capital en un homme qui avait l'honneur d'être du conseil. Puis, par une concession assez surprenante, il déclara qu'un intendant ne pouvait profiter d'une si notable somme sans que le Roi en prit quelque avantage, dans le besoin où il était. De Le Bault pas un mot. Le Roi partagerait sa dépouille avec Boislève, et tout serait pour le mieux.

Mais Boislève n'entendait pas partager, ni son gendre Barentin, maitre des requêtes. Tous deux dirent en pleine audience tant de choses outrageantes que Servien fut obligé de s'en plaindre à Mazarin[4]. Cela tournait au scandale. Dès le lendemain, un sieur Bernard se présentait au conseil, réclamait le billet, comme en étant le véritable propriétaire. Bernard était un des commis de Foucquet, ami de Boislève, qui, lui-même, était l'agent du Cardinal. Foucquet avait jugé à propos d'intervenir pour mettre à couvert l'homme de Mazarin et le sortir de cette honteuse affaire[5].

Le chancelier cependant et le garde des sceaux manifestaient des velléités d'enquête. Mais, dit le contemporain, toutes choses tomboient en accommodement sous le ministre présent. Pour donner à Servien un semblant de satisfaction, on exila Boislève à Reims jusqu'à nouvel ordre, et ce fut tout.

L'observateur parisien était bon juge[6]. On vivait sous le régime des accommodements. Peu de jours après le fameux partage des pouvoirs, Mazarin, sans plus se soucier de l'ordonnateur Servien, envoyait à Foucquet l'état des sommes qu'il voulait toucher chaque mois pour la guerre, la marine, l'artillerie, les fortifications, les ambassades, les Suisses, sans oublier le jeu, les ballets, l'opéra. De toutes ces dépenses, il se chargeait à forfait, en gros, sans entrer dans leur détail ni rendre compte, même au surintendant. Bien entendu, pas d'assignations, pas de billets ; il exigeait de l'argent comptant[7].

De l'argent comptant ! L'estat des affaires ne permettoit guère d'en espérer. Son Éminence ne l'ignorait pas ; mais elle s'en remettait à Foucquet de la recherche des voies et moyens, le laissant maître absolu d'accorder telles remises, telles gratifications qu'il lui plairait[8].

La première pensée du surintendant, il faut lui rendre cette justice, fut de demander des ressources à des impôts régulièrement établis. Il fit dresser dix-sept édits fiscaux, destinés à produire environ 15 millions. Naturellement, on créait de nouveaux offices, quarante-six charges de secrétaire du Roi à mille francs de gages par an, mais, en dehors de cet emploi de vieux moyens, on remarquait dans ces projets un grand esprit d'invention. Taxes sur les baptêmes, taxes sur les enterrements, etc.[9] On avait même étudié les législations étrangères, emprunté à l'Espagne l'impôt dit du papier timbré[10].

La nécessité où l'on était d'obtenir de l'argent était bien connue. Pour mieux la marquer encore, le jeune Louis XIV, conduit au Parlement, le 20 mars, y tint un lit de justice solennel. L'avocat général Bignon, au nom des gens du Roi, déclara qu'il consentait à ce qu'il fût mis au dos des édits : lus, publiés et registrés. Le chancelier prit les voix des assistants, et, ayant prononcé l'arrêt conformément aux conclusions, la séance fut levée.

Cette déférence, toutefois, n'était qu'apparente. Ces édits ne plaisaient pas au Parlement, et un d'entre eux, celui du parchemin et papier marqués, excitait surtout la colère des greffiers, des procureurs, des praticiens de la salle des Pas perdus. Le président Bellièvre leur en laissa espérer le retrait[11]. Séguier se plaignit de n'avoir connu les édits que le matin même, quand on les lui avait apportés à sceller[12]. Tous les conseillers revendiquaient le droit de revoir les déclarations, même vérifiées, comme n'ayant pas été suffisamment libres d'opiner, le Roi présent[13]. C'était un retour à la Fronde.

Tout à coup le jeune Louis XIV fit annoncer au Parlement pour le mardi, 13 avril, un nouveau lit de justice. On s'attendait bien à des paroles impérieuses, mais quel fut l'étonnement des magistrats en voyant ce jeune prince entrer en costume de chasse, justaucorps rouge, chapeau gris ; toute la suite en même équipage ! La surprise se changea en stupeur lorsque Louis, d'une voix brève et irritée : Chacun sait, dit-il, combien vos assemblées ont excité de troubles dans mon État. J'ai appris que vous prétendiez les continuer ; je suis venu tout exprès pour le défendre. Monsieur le premier président, je vous défends de souffrir aucune assemblée et à pas un de vous de la demander. Ces quatre mots prononcés, il se lève, sans rien vouloir entendre, et retourne à Vincennes, où Mazarin l'attendait[14].

Dans son Siècle de Louis XI V, Voltaire, qui possédait un magasin d'accessoires très complet, a mis dans la main du Roi un fouet à sensation, comme plus tard un masque de fer sur le visage d'un prisonnier[15].

Avec ou sans fouet, le Parlement s'était senti cinglé par les violentes paroles du Prince. Dès le lendemain, Bellièvre courait à Vincennes, et, Louis n'étant pas encore levé, il obtenait audience de Mazarin. Le Cardinal, se déclarant étranger au coup de colère de son pupille, prodigua de belles paroles au président. Le Roi lui-même se montra très doux, témoigna qu'il n'étoit en aucune manière mécontent de la compagnie, sans néanmoins autrement s'expliquer[16]. Bellièvre, de retour au Palais, raconta sa visite en termes si favorables que Colbert, toujours aux aguets, s'empressa d'écrire à Mazarin, de lui signaler ce discours, où il semble que le souverain ait fait amende honorable au Parlement, de dénoncer en même temps la confiance audacieuse des conseillers, gens qu'on doit au contraire terroriser[17]. Colbert exagérait. Bellièvre, assez peu rassuré par sa première visite, en fit une seconde un ou deux jours après. Cette fois, on se borna à promettre une réponse par écrit, que le lundi suivant Le Tellier apporta. Le Roi autorisait la compagnie à s'assembler, mais non au sujet d'édits vérifiés en la présence[18]. La Cour n'en décida pas moins qu'on députeroit vers le Roi, pour le remercier très humblement, qu'on le prierait encore de maintenir les conseillers dans leurs privilèges, en leur permettant de se réunir u pour la lecture des édits[19].

Bien que l'opinion publique se montrât peu favorable au Parlement[20], Foucquet, très prudent, suppliait Mazarin de ne pas pousser à bout ce grand corps, où l'esprit d'indépendance n'était pas entièrement assoupi. Or, ni le procureur général ni Mazarin ne vivaient en très lions termes avec Bellièvre[21]. Turenne fut choisi pour ménager un arrangement, et sut trouver un biais favorable[22].

On commença, comme toujours, par gagner du temps. L'audience fut indiquée seulement pour le jeudi 29 avril, au Louvre. Dès le lendemain, les conseillers des enquêtes et des requêtes s'informaient du résultat. La réception avait été polie, mais froide et terminée par une interdiction formelle de toute assemblée. Très décidé à ne pas entrer en explications avec ces jeunes exaltés, Bellièvre provoqua, au contraire, un entretien avec leur doyen, Nevelet. C'était un bonhomme, parlant toujours de règle et de discipline, au surplus ne faisant nullement sa charge, s'appliquant peu aux affaires du Palais[23] : Bellièvre le prit pour confident. Il n'avait rien négligé pour que la compagnie obtint satisfaction. Sans liberté de s'assembler, le Parlement n'était plus le Parlement. La fortune des particuliers ne pouvait dépendre d'un parchemin contresigné d'un secrétaire d'État et scellé, qui seroit lu au Parlement, en présence du Roi[24]. Il le proclamait partout, partout on était de son avis ; mais nul n'osait porter la réclamation au conseil, où Mazarin tenoit ferme. Toute résistance serait dangereuse. N'était-on pas venu le réveiller, lui Bellièvre, à deux heures du matin, pour l'aviser d'une résolution prise par les ministres de faire tomber le dernier orage sur les conseillers assez audacieux pour entrer à la Grand'Chambre et demander l'assemblée ? A son avis, le mieux était de s'abstenir, de lui laisser le soin de négocier. On le ménagerait plus que les conseillers. Ces recommandations à la cantonade n'empêchèrent pas messieurs des enquêtes de relancer le premier président qui, pour différer encore sa réponse, allégua l'absence des collègues qui l'avaient accompagné au Louvre. A leur retour, il aviserait. Ce fut seulement le 28 mai que Bellièvre fit aux Chambres assemblées le récit de l'audience du 29 avril. On arrêta une fois de plus qu'il serait présenté de très humbles remontrances[25]. Ce ne fut sans doute que par forme, ajoute l'avocat Aubery, qu'on ordonna ces remontrances ; aussi n'eurent-elles aucun effet. Et même on peut soutenir qu'elles ne furent jamais faites, parce qu'il n'y a rien du tout dans les registres.

La vérité, c'est que le Roi et le Parlement transigèrent. Foucquet retira ses édits sur le timbre[26], sur les actes de baptême et de naissance, et bien d'autres. Les conseillers, ne se sentant pas soutenus par le peuple, cessèrent leur opposition. Ace prix, Mazarin laissa passer leur arrêt et la clause des remontrances qui resta nulle et sans effet[27]. Quant à Bellièvre, il reçut une gratification de 100.000 écus.

Plusieurs jours avant qu'on accordât au Parlement la satisfaction platonique d'une assemblée sans conséquence, Mazarin, pour mieux montrer le peu de cas qu'il en faisait, quitta Paris. Toutefois, avant de partir, il voulut terminer certaines affaires de finance, notamment l'adjudication de la ferme des gabelles, en préparation depuis quatre mois. Le Cardinal avait engagé un financier de ce temps-là, Rambouillet, à soumissionner. Rambouillet, après examen, prétendit que son intervention n'était pas agréable à Foucquet ; il ne pouvait donc se présenter qu'avec le concours du Cardinal, concours qu'il était prêt à reconnaître par une pension annuelle de 40.000 écus. Lui et ses associés aimaient mieux gagner moins et être assurés d'un bon appui. La réponse fut digne de l'offre. Mazarin remercia le plus civilement du monde : Quand il avoit besoin d'argent, le Roi lui en donnoit à suffisance ; Rambouillet ferait mieux d'augmenter ses enchères. Surtout qu'il ne s'avisât pas de donner de pot-de-vin à personne[28].

Les Rambouillet poussèrent alors l'enchère à 8.500.000 livres, mais sans succès, car, le 8 mai 1655, la ferme fut adjugée pour 100.000 livres de plus[29] à un sieur Le Noir, prête-nom d'un sieur Girardin et compagnie.

Or, Girardin était le fermier des bénéfices du Cardinal, l'adjudicataire de la ferme des aides, obtenue l'année précédente grâce à un pot-de-vin de 50.000 écus donné à Mazarin. Aussi, le lendemain du 8 mai, Girardin reçut-il sans surprise une demande de participation dans l'affaire. On demandait 4 sous comme on disait alors, soit un cinquième, au profit du banquier Cantarini. Malgré les relations (le cet Italien avec le Cardinal, le souvenir de sa banqueroute était si frais, son insolvabilité si notoire que la proposition fut rejetée ou plutôt transformée. On admit l'intervenant, celuy dont le nom est en blanc, mais à condition qu'il céderait ses 4 sous pour une pension de 120.000 livres, à payer la première année comptant, puis par semestre, tant que durerait le bail[30]. On s'accorda sans trop de difficulté sur le taux du rachat ; mais Girardin, ayant promis un peu légèrement de rapporter la signature de l'inconnu, se déclara hors d'état de tenir sa promesse. Les fermiers comprirent à demi-mot et n'insistèrent pas.

Pendant six mois, Mazarin resta absent de Paris, tenant la campagne à son habitude, s'y trouvant plus en sûreté, plus maître d'un roi majeur en droit, mineur en fait.

Son grand souci était de ne pas manquer d'argent. Chaque jour il écrivait à Foucquet ou à son frère l'abbé, pour leur exposer ses besoins et surexciter leur zèle. Il faut envoyer 300.000 livres à l'armée d'Italie[31]. On a de mauvaises nouvelles de Catalogne. L'infanterie s'est mutinée ; le prince de Conti a dû donner l'argent qu'il avait et promettre le pavement de deux quartiers arriérés. Mazarin, il le dit du moins, a fourni tout ce qu'il a pu trouver pour payer l'armée où le Roi est en personne. Pour donner une dot à sa nièce, il a dû importuner le procureur général, bien qu'étant déjà son débiteur de 100.000 livres. Il supplie Basile de parler à son frère, de lui mander ce qu'il doit espérer. Son inquiétude en est mortelle[32]. Il ne doute pas que le surintendant ne soit embarrassé pour trouver de l'argent en cette saison : mais comme nous avons les dernières nécessités, il faut faire un effort[33].

Le 11 juillet, Mazarin venait à peine de quitter les surintendants appelés à Soissons qu'il écrivait à l'abbé Foucquet : Je vous prie de dire à M. le Procureur Général que, sans exagération, je ne sais plus où donner de la teste, estant accablé de tous costés par des despenses inévitables[34]. Il a envoyé à Toulon des fonds sans lesquels l'armée navale n'aurait pu sortir du port, niais en les prenant sur les besoins les plus pressés de l'armée de Catalogne. Il espère qu'on pourvoira à leur remplacement au plus tôt[35]. Il lui faut le restant des deux millions promis[36].

Au milieu de telles nécessités, il n'était question ni de formes ni de régularité. On avait bien donné à Servien la mission d'ordonnancer l'emploi des fonds réunis par son collègue ; mais dès le mois de juillet, Mazarin se fâchait au sujet des faveurs faites à des particuliers, dont quelques-unes pouvoient être retranchées[37]. Il désignait de nouveau, comme seul chargé d'indiquer les fonds sur lesquels on ordonnançait les payements, le fidèle Herwarth, sentinelle placée aux sources du fleuve de l'Épargne, d'autant plus à surveiller qu'elles tarissaient plus souvent[38]. C'est de Servien qu'on se défiait alors. Foucquet, au contraire, était l'homme indispensable pour les finances et pour la politique. Dites à monsieur le Procureur Général, écrivait Mazarin, que, nonobstant le fardeau des finances, il faut qu'il travaille pour réprimer l'audace de ce cardinal. Le cardinal audacieux était Retz, alors réfugié à Home. Il fallait chasser tous ses partisans, les empêcher d'exercer à Paris la moindre fonction[39].

Le lendemain, autre souci.

La duchesse de Chatillon, non contente de ses équipées amoureuses, continuait de conspirer. Avec son humeur aimable et son beau rire, elle avait subjugué le maréchal d'Hocquincourt, gouverneur de Péronne, Ham et Montdidier. Ces avances d'une femme de trente ans, très belle et qui n'avait jamais été timide, trouvèrent d'autant plus d'accès dans l'esprit du galant sexagénaire qu'il se considérait comme victime de la Cour. Il promit à la duchesse tout ce qu'elle voulut, la mort de Mazarin, et même la remise de Péronne. Avait-il quelque dessein bien arrêté ? On ne sait. Toujours est-il que vers la fin d'octobre 1655, on saisit des lettres envoyées par Mine de Châtillon à Condé[40]. Malgré leur chiffre impénétrable, on en devina le sens en rapprochant leur envoi de certains mouvements des troupes espagnoles. Péronne était alors une des portes de la France. Mazarin effrayé réunit en hâte quelques forces, prit avec lui le jeune Louis XIV relevé de maladie et se rendit à Compiègne. Basile Foucquet l'accompagnait.

Le 4 novembre, le sieur de Franquetot, capitaine des gardes de la Reine, partait pour Péronne, demandait au maréchal s'il était ami ou ennemi du Roi et revenait sans réponse. Le lendemain, Basile, avec son audace habituelle, se présentait à son rival, exigeant la remise de la place, menaçant de reprendre par force ce qu'on ne livrerait pas contre argent. Il ne posa pas longtemps ; arrivé à trois heures de l'après-midi, il repartait dès huit heures du soir[41]. Les négociations n'ayant pas abouti, c'était la guerre.

Le maréchal, dès le jour suivant, rappelait à lui les troupes régulières, convoquait les milices. Trois cents paysans, armés de fusils, entraient en ville. Six pièces d'artillerie étaient placées en batterie sur les remparts. Puis, feignant d'aller à la chasse, Hocquincourt se rendit à Devise, sur la frontière du Cambraisis, et s'y rencontra avec Serizy, gouverneur du Catelet pour les Espagnols.

Mazarin et Foucquet ne perdaient pas non plus leur temps. Pendant que Franquetot retournait à Péronne (8 novembre), pour amuser le maréchal, on arrêtait à Merlou la duchesse de Châtillon et sa femme de chambre, Mme de Ricous, cette Écossaise dont les intrigues inspiraient tant de crainte à l'abbé. Ce dernier, interprétant à sa mode l'ordre d'arrestation, faisait conduire la Ricous à la Bastille et la duchesse chez un homme à lui, un certain Devaux, logeur, rue de Poitou, au Marais. Ce Devaux était presque un personnage, qu'on chargeait souvent de missions confidentielles[42].

Malgré son assurance apparente, Mazarin était inquiet. L'ennemi approchait. L'occupation de Péronne pouvait ramener Condé à quelques lieues de Paris, où les esprits restaient en balance[43]. On a affaire à un fol, écrivait-il à la Reine, qui n'a ni rime ni raison. Il savait au fond que le maréchal n'était pas si fou, connaissant bien que dans la saison où nous sommes, on ne sauroit lui faire grand mal. Comme dans tous les cas difficiles, on manda Turenne, qui conseilla de négocier[44].

Navailles, compagnon d'armes du maréchal, fut chargé de cette mission. Le 9 novembre, passant par Péronne, comme s'il se rendait à son gouvernement de Bapaume, il visita Hocquincourt[45] et lui apprit l'arrestation de la duchesse.

Ce fut une explosion de colère. Au premier moment, l'ex-vert galant menaça d'user de représailles et de garder son hôte[46]. Navailles partit au plus vite.

Alors, Basile Foucquet, mis au courant de la situation par Mazarin, fit écrire à la duchesse deux lettres, dont l'une était destinée au maréchal ; mais le Cardinal ne les trouva pas de son goût, surtout cette dernière[47]. Il les renvoya, non sans se plaindre de ce que la dame ne traduisait pas les lettres chiffrées saisies par sa police. Encore un coup, ce que l'abbé devait obtenir, c'était que la prisonnière écrivit à Condé, en la manière accoutumée, que son salut dépendait de l'accommodement d'Hocquincourt[48]. Il faudroit qu'elle escrivist de la mesme façon au maréchal, et qu'elle fist semblant d'avoir eu les moyens par un très grand bonheur d'escrire les deux lettres et de les envoyer, et il faudroit choisir quelque personne bien affidée et bien adroite pour les porter. Cela peut produire un très bon effect[49]. Si Mme de Châtillon fait difficulté d'écrire, c'est qu'elle est malintentionnée. Pas de temps à perdre.

Hocquincourt se montrait en effet de plus en plus récalcitrant. Le 10 septembre, il convoque le maïeur de Péronne, qui se déclare fidèle serviteur du maréchal et du Roi. — Mon affaire, interrompt le maréchal, est avec le Cardinal, non contre le Roi. — C'est bien délicat, répond le maïeur. Cependant, le lendemain, Navailles repassant par Péronne[50], Hocquincourt l'invite à dîner et inter pocula lui dit : Si je m'étois défait de mes gouvernements, je serois un beau j... f... !  Sur le milieu du repas, s'échauffant de plus en plus et la maréchale n'étant pas là, le vieux vainqueur porta la santé de Mme de Châtillon ; Navailles, sans hésiter, lui fit raison.

Après une heure et demie de séjour à table, Hocquincourt emmena Navailles dans sa chambre et se mit sur le chapitre de l'abbé Foucquet, sur celui du Cardinal, qui, après tant de services rendus, l'avait abandonné à ses ennemis. Navailles de répliquer que le Cardinal avait les meilleures intentions du inonde, de dévoiler les intérêts divers de ceux qui poussaient le maréchal à prendre des engagements si contraires à sa gloire. A ce grand mot, son interlocuteur parait ébranlé, réfléchit, laisse enfin entendre qu'il céderait ses places pour 400.000 écus[51]. Navailles répond aussitôt qu'il en obtiendra tout ce qu'il voudra.

Mais voilà qu'au jour, la maréchale arrive. Opposée pour toutes sortes de raisons aux intrigues des frondeurs et de la duchesse de Châtillon, cette femme inquiète ne prend pas moins ombrage de la négociation dirigée par Navailles, gouverneur de Bapaume, qui veut peut-être obtenir à vil prix le gouvernement de Péronne. Elle part pour Compiègne, parvient jusqu'à Mazarin, n'en obtient rien, et enfin rentre chez elle le 14 septembre, sans qu'aucun accord se soit établi[52].

Le 18, tout Péronne était en grand émoi. Hocquincourt allait faire entrer les ennemis dans la ville ! Condé, accouru de nuit, occupait le bois de Bocogne avec deux mille hommes de pied et six cents chevaux ! On avait vu le gouverneur du Catelet et plusieurs personnes de considération descendre à l'auberge du Paon. Ce dernier fait seul était vrai. Bouteville, frère de Mine de Châtillon, le 11. P. Arnolphini, conseiller de l'archiduc, venaient faire leurs offres. Les bourgeois s'assemblent, les paysans de la frontière, réfugiés dans la ville, déclarent qu'ils n'endureront pas cette trahison.

A ce bruit, Hocquincourt convoque en son hôtel Messieurs de la ville, tant de la nouvelle que de l'ancienne loy, et dans un long discours, remémore tous ses griefs contre Mazarin.

Lors du siège d'Arras, le Cardinal n'a-t-il pas dit : Voilà le maréchal d'Hocquincourt qui va commander les gens du Roi ; il a mérité déjà cinq ou six fois d'avoir la tête coupée, pour intelligence avec les ennemis ! On sait pourtant ce qui en est. Depuis, pour le fâcher davantage, on a résolu de mettre des troupes en quartiers d'hiver dans le Santerre. Il s'y est opposé. Alors, on lui a fait offrir 300.000 écus pour prix de ses gouvernements ; on en donnerait bien 400.000, plus qu'ils ne valent. Mais il ne s'en défera entre les mains de qui que ce soit, jusqu'à ce que le Roi soit en âge. Mazarin veut se rendre roi d'une province, avant déjà directement Amiens, Corbie, la gère, Chauny, Saint-Quentin, et se tenant assuré de Bapaume, d'Arras, de Béthune, de la Bassée. Que le Roi eu âge lui envoie un exempt de ses gardes, et il remettra Ham et Péronne sans autre cérémonie. Mais on l'a menacé, il se défendra. Les Espagnols du Catelet et M. le Prince s'offrent à le secourir. Il est trop bon serviteur pour prendre parti avec les ennemis. Mais faut-il qu'il perde en un jour son honneur, sa famille, son bien ? Il a toujours aimé les Péronnais, il ne les abandonnera pas. Résolu à périr plutôt que de se rendre, il ne veut cependant pas engager les bourgeois dans sa querelle ; qui prendra les armes et le suivra, il ne l'empêchera pas ; mais il n'exige d'eux que de rester les bras croisés dans leurs maisons, sans le trahir ; autrement, il mettra tout à feu et à sang.

Comme conclusion, Hocquincourt demande au lieutenant général et au maïeur s'il se peut assurer de la fidélité des habitants. Après que toute la Compagnie eust fait une grande révérence, en témoignage de la joye que chacun avoit de la déclaration que (le maréchal) venoit de faire, qu'il n'avoit pas le dessein de faire entrer les ennemis dans la ville, M. le Maleur lui dit : Monseigneur, vous pouvez vous assurer que tous les habitants mourront avec vous pour le service du Roy. A quoi il repartit avec une face gaie : Voilà ce que je souhaite, je ne vous demande autre chose ; je vous remercie et me fie sur votre parolle. Cela dit, chacun est sorti de la chambre, en luy faisant révérence. Cette action mit les esprits des bourgeois un peu en repos[53].

Le lendemain, 19 novembre, Navailles arrivait, accompagné du comte de Noailles. Messieurs de la ville s'empressèrent d'aller leur offrir le vin d'honneur, et Noailles donna à entendre que ce voyage ne serait pas inutile ; mais l'entretien n'alla pas plus loin, Hocquincourt, toujours très soupçonneux, ayant envoyé un espion pour écouter tout ce qui se dirait. Le 21, les négociateurs repartirent pour Compiègne, et presque aussitôt, Bouteville, Gintau, capitaine des gardes de Condé, le Carme Arnolphini déguerpissaient en toute hâte, pressés de mettre les Espagnols au courant de ce qui se passait[54]. A Paris, le bruit courait qu'un accord entre le maréchal et M. le Prince était conclu.

On assista dès lors à un véritable marchandage. Le général espagnol Fuensaldagne avait fait venir de Madrid 400.000 écus, et pensait n'avoir plus qu'à les compter à Hocquincourt[55] ; mais Mazarin, après avoir poussé les hauts cris, avait fini par demander à Nicolas Foucquet si l'on pourrait réunir en tout ou partie les fonds nécessaires pour une récompense à donner au maréchal. Le 23, il attendait la réponse avec impatience[56] ; car ce jour-là, le gouverneur du Catelet était revenu à Péronne. Enfin, le 26, Navailles et Noailles se présentèrent, les mains garnies. Foucquet avait fait des prodiges et réuni en quelques jours 300.000 écus, engageant sa signature personnelle et celle de ses amis. Grâce à ce tour de force, on put traiter à de meilleures conditions. Moyennant 200.000 écus, Hocquincourt rendit au Roi le gouvernement de Ham, et se démit de celui de Péronne en faveur de son fils[57].

Le jour même, le maréchal envoyait à Paris un homme de confiance pour toucher l'argent[58]. Il faut être juste. Le vieux soldat n'oublia pas sa maitresse et stipula la mise en liberté de Mme de Châtillon. Mazarin prévint l'abbé Foucquet : Peut-être que le maréchal aura donné ordre à quelqu'un de voir ladite dame, pour savoir si elle est véritablement libre ; je vous prie donc de faire en sorte que tout se passe bien[59]. On craignait que le galant abbé ne voulût pas rendre son aimable prisonnière, et même la chronique scandaleuse affirme qu'il la garda encore huit jours[60].

Au surplus, l'amoureux Hocquincourt ne perdait pas la tête. Aux 200.000 écus, il fit joindre de belles et bonnes lettres de rémission, enregistrées en Parlement sur conclusions conformes du procureur général Foucquet. Si les actes du gouverneur avaient paru blâmables, sa pensée était restée innocente ; il s'était mépris sur les intentions du ministre comme le ministre sur les siennes ; enfin, le Roi voulait qu'on n'en parlât plus[61].

On prétendit plus tard que le maréchal n'avait jamais eu l'intention de livrer ses places à Condé, qu'il joua la comédie pour se faire payer plus cher[62]. S'il l'a dit, il se vanta. Les précédents comme la suite de sa vie prouvent l'étonnante versatilité de cet étrange personnage. En réalité, on eut lieu de craindre l'occupation par les ennemis d'une ville qui était alors la clef du royaume. Si Mazarin parvint à la conserver, ce fut grâce à l'argent envoyé de Paris par Nicolas Foucquet. Ce n'est pas tout, au même moment, le même surintendant (notez qu'on ne s'adressait jamais à Servien) devait subvenir aux dépenses des généraux lorrains, dont les troupes avaient pris parti pour la France[63].

A peine sorti de ces embarras financiers, Foucquet, comme procureur général, se trouvait engagé dans d'autres difficultés. Les querelles religieuses, nées à l'occasion du livre de Jansénius, d'un intérêt difficilement saisissable, mais entretenues par des passions extérieures, commençaient à sortir de l'école pour retentir dans les assemblées politiques et judiciaires. Un livre du docteur Arnauld avait ravivé le débat et donné naissance à nombre de réponses et contre-réponses, de dits et de contredits où l'on sentait renaitre, sous le fatras scolastique, les colères mal apaisées de la Fronde. Retz avait tant de fois menacé de prendre un point d'appui sur les nouveaux protestants que Mazarin en prenait quelque ombrage. Il ne lui déplaisait pas d'ailleurs de se faire valoir à Rome ; car, au fond, il se souciait peu de ces débats sur la grâce et sur la fréquente communion.

Le Parlement n'était pas aussi indifférent. Il restait toujours dans ce corps raisonneur un ferment d'opposition. De plus, presque tous les magistrats se considéraient comme les défenseurs des libertés de l'Église gallicane, attaquée par les Jésuites. Arnauld motivait son appel sur ce que dans l'assemblée de Sorbonne, on avait admis à voter des docteurs ayant déjà pris publiquement position contre lui. Nul ne peut être juge et partie. Donc, la sentence était mal rendue. L'avocat général Omer Talon conclut à l'admission de la requête[64]. Son discours, très véhément, remplit les jansénistes de joie et d'espérance. Aussitôt, Mazarin très surpris et la Reine tout indignée protestèrent contre ces conclusions qui semblaient assurer le succès d'Arnauld. Foucquet, procureur général, se prononça par ordre en un sens absolument contraire à celui que l'avocat général avait adopté.

Alors absent de Paris, il enjoignit à son substitut d'arrêter la requête. Puis, il répondit à Talon et à Arnauld que dans presque tous les conciles les hérésiarques avaient trouvé devant eux comme juges des évêques qui déjà les avaient admonestés ou condamnés comme docteurs[65]. Le coup était rude, et Arnauld demeura non seulement vaincu, mais profondément ulcéré. Dans sa colère, il prétendit que Foucquet avait eu recours à certains moyens que la surintendance mettait à sa disposition. Ce corrupteur aurait promis aux magistrats de les faire payer de leurs gages[66].

Cela se passait en novembre 1656. Ces incidents ne troublaient d'ailleurs en rien les fêtes de l'hiver. Bals, ballets, comédies absorbaient le temps du jeune Roi.

 

 

 



[1] J'espère que la disgrâce de M. Servien ne nuira pas à notre République. Je vous prie de me marquer quelles sont les dispositions de M. Foucquet pour notre lecteur. Witt à Boreel, 14 janvier 1655. Lettres el négociations de J. de Witt, t. I, p. 292.

[2] Cf. Édit du Boy portant création d'offices quatriennaux (c'est-à-dire fonctionnant tous les quatre ans) où il y en a d'anciens, d'alternatifs et de triennaux, 1645. Paris, G. Dugast, 1658.

[3] FOUCQUET, Défenses, t. XIV, p. 223.

[4] Le chroniqueur contemporain dit au Roi.

[5] ... Lequel (N. Foucquet) ne jugea pas de la bienséance de rechercher (la faveur) de M. le Cardinal pour mettre, etc.

[6] Journal d'un bourgeois de Paris, année 1655. Bibl. nat.. fr., 10276, f° 469.

[7] FOUCQUET, Défenses, t. XIV, p. 70.

[8] FOUCQUET, Défenses, t. XIV, p. 73.

[9] LA MARTINIÈRE, Histoire de Louis XIV, t. II, p. 310.

[10] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 143.

[11] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 196.

[12] Journal d'un bourgeois de Paris, loc. cit.

[13] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 145.

[14] Journal d'un bourgeois de Parie pendant la Fronde. Bibl. nat.,fr., 10275, p. 328 ; AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 145 ; MONGLAT, Mémoires, p. 308.

[15] En grosses bottes, le fouet à la main. VOLTAIRE, Siècle de Louis XIV, t. III, chap. XXV. Cf. Histoire du Parlement, chap. LVII. Reste à trouver l'origine du propos : L'État, c'est moi.

[16] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 146.

[17] Colbert à Mazarin, 16 avril 4655. P. CLÉMENT, Lettres et Instructions, t. I, p. 234.

[18] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 146. — Cette phase de la négociation a échappé à beaucoup d'historiens.

[19] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 147.

[20] LORET, La Muze historique, 17 avril 1655, t. II, p. 39.

[21] Cf. une anecdote curieuse citée dans les Mémoires de Brienne, t. II, p. 32, sans date, mais qu'on ne peut bien placer qu'entre 1635 et 1658.

[22] TURENNE, Mémoires, t. II, p. CXX. Il convient de faire remarquer une certaine confusion dans ce passage des Mémoires. Turenne intervint en mai 1653. La difficulté au sujet des lys ne fut soulevée qu'en 1656.

[23] Portraits du Parlement de Paris, V DEPPING, Corresp. admin., II, 61. Nevelet était conseiller depuis le 9 mars 1629.

[24] Note rédigée par N. Foucquet et citée par M. Chéruel (Histoire de France sous le ministère de Mazarin, t. II, p. 260), d'après les archives des Affaires étrangères, France, t. 894, f° 103.

[25] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 146.

[26] Encyclopédie méthodique. Jurisprudence, art. Timbre et papier timbré.

[27] Mazarin à B. Foucquet. Compiègne, 29 mai 1655. Bibl. nat., ms. fr. 23202, p. 149.

[28] FOUCQUET, Défenses, t. V, p. 105, 206 ; t. VIII, p. 3. Journal manuscrit de Foucault, X. Bibl. mit., ms. Colbert, V°, 235, f° 10, 11, 117.

[29] Défenses, t. VIII, p. 58 et 76.

[30] Défenses, t. VIII, p. 11 et suiv.

[31] Mazarin à Nicolas Foucquet, 27 mai 1855. Bibl. nat., ms. fr. 23202, p. 320.

[32] Mazarin à l'abbé Foucquet. La Fère, 22 juin 1655. Bibl. nat., ms. fr. 23202, p. 154.

[33] Le même au même. La Frère, 30 juin 1655. Bibl. nat., ms. fr. 23202, p. 153.

[34] Le même au même. La Fère, 11 juillet 1655. Bibl. nat., ms. fr. 23202, p. 159.

[35] Mazarin aux surintendants. La Fère, 14 juillet 1655. Bibl. nat., ms. fr. 23202, p. 365.

[36] Mazarin à l'abbé Foucquet, 7 octobre 1655. Bibl. nat., ms. fr. 23202, p. 167.

[37] CHÉRUEL, Histoire de Fiance sous le ministère du cardinal Maturin, t. II, p. 270. M. Chéruel croit que Mazarin vise ici les dilapidations de Foucquet. Il se trompe. Le ministre voulait qu'un ne donnât d'argent qu'à lui et aux siens.

[38] CHÉRUEL, Histoire de Fiance sous le ministère du cardinal Maturin, t. II, p. 273. M. Chéruel proclame que dès cette époque les deux Foucquet étaient les mauvais génies de Mazarin. Ce dernier ne s'est jamais laissé dominer, et, en 1655, on voit de quels éloges il accablait les deux Foucquet.

[39] Mazarin à l'abbé Foucquet, 18 juin 1655, ci-dessus citée.

[40] Lettre du 17 octobre 1855, écrite par la duchesse de Châtillon à Condé. Une copie est conservée à la Bibl. nat., ms. fr. 23202, f° 306, 307. Cette lettre, citée par Chéruel, est-elle bien celle qui fut interceptée ? Elle parait suspecte. Mazarin parle de lettres en chiffres, lesquelles je ne vois pas que ladite dame aye encore deschifrées (11 novembre 1655. Ibid., p. 169.)

[41] Ces détails inédits et curieux sont extraits d'une relation manuscrite de J. B. Dehaussy, greffier du corps de ville de Péronne, témoin oculaire.

[42] L'ordre d'arrestation, écrit de la main de Basile Foucquet, existe encore aux Archives du ministère des affaires étrangères, France, ms. 894, f° 397. Cf. CHÉRUEL, Histoire de France sous le ministère de Mazarin, t. II, p.317 ; BUSSY-RABUTIN, Histoire amoureuse des Gaules, t. I, p. 248 et suiv. Mazarin à B. Foucquet. Compiègne, 11 novembre 1655, pièce déjà citée. Je ne trouve pas si importante comme vous croies l'affaire dont de Veaux m'a entretenu de votre part.

[43] N. FOUCQUET, Défenses, t. XIV, p. 190.

[44] Mazarin à Anne d'Autriche, 5 novembre 1655. Ministère des affaires étrangères, France, vol. 896, F. 320. Cf. CHÉRUEL, Histoire, t. II, p. 314 ; TURENNE, Mémoires, t. II, p. CXXVIII, édit. 1735.

[45] Relation du ms. Dehaussy. NAVAILLES, Mémoires, p. 109. Dans ces Mémoires, Navailles ne parle pas de ce passage du 9 novembre. Malgré la confiance qu'il nous inspire, nous devons lui préférer l'autorité du greffier Dehaussy.

[46] Mazarin à B. Foucquet, 11 novembre 1655, déjà citée.

[47] Mazarin à l'abbé Foucquet. Compiègne, 11 novembre 1655, déjà citée.

[48] Mazarin à l'abbé Foucquet. Compiègne, 14 novembre 1855, déjà citée.

[49] Mazarin à l'abbé Foucquet. Compiègne, 14 novembre 1855, déjà citée.

[50] NAVAILLES, Mémoires, p. i09. Ms. Dehaussy, cité ci-dessus, et à l'aide duquel il faut corriger les dates indiquées par les Mémoires.

[51] Mazarin à la Reine, 13 novembre 1655. Affaires étrangères, France, t. 894, f° 4i1. Cf. CHÉRUEL, Hist., t. II, p. 319 ; NAVAILLES, Mémoires, p. 109.

[52] Le bruit courut à Péronne qu'elle n'avait pu parler qu'a Le Tellier. Ms. Dehaussy.

[53] Ms. Dehaussy, f° 183.

[54] Ms. Dehaussy, f° 183 r°.

[55] Boreel à de Witt, 19 novembre 1655. Lettres, t. I, p. 356.

[56] NAVAILLES, Mémoires, p. 111.

[57] Mazarin à l'abbé Foucquet, 23 novembre 1655. Bibl. nat., ms. fr. 23202, p. 174.

[58] Mazarin à l'abbé Foucquet, 27 novembre 1655. Bibl. nat., ms. fr. 23202, p. 173.

[59] Ms. Dehaussy.

[60] BUSSY-RABUTIN, Histoire amoureuse des Gaules, t. I, p. 250.

[61] Ms. Dehaussy.

[62] Ms. Dehaussy. Suivant Bussy, Hocquincourt aurait fait prévenir l'abbé Foucquet par une dame de Calvoisin, femme du gouverneur de Roye, de ce qu'il aurait promis à Mme de Châtillon. Ce temps hait celui des marches et des contre-marches, et l'on pourrait bien apprendre un jour que ce propos est vrai en partie. Histoire amoureuse, t. I, p. 248.

[63] N. Foucquet à Mazarin, 30 novembre 1635. Affaires étrangères, France, t. 896, f° 3844. CHÉRUEL, Histoire de France, etc., t. II, p. 336.

[64] RAPIN, Mémoires, t. II, p. 334. — LORET, La Muze historique, t. II, p. 128, cite le différend des molinistes et des prétendus jansénistes.

[65] Histoire des discussions sur la grâce.

[66] LARRIÈRE, Vie d'Antoine Arnauld, t. I, p. 137