En
janvier 1654, Mazarin ne voyait plus devant lui que deux adversaires
politiques, l'un, Retz, qu'il avait eu le tort d'emprisonner ; l'autre,
Condé, qu'il n'avait pas pu garder en prison. De là, deux périls, que le
Cardinal, suivant son habitude, s'efforça de tourner. Par
rancune plus encore que par peur, il avait fait arrêter Retz à l'heure même
où cet homme politique, si supérieur à ses contemporains, Mazarin excepté,
reconnaissant que l'élément populaire ne répondait pas à son appel, songeait
à rentrer dans l'ordre. Par le fait, il se trouva qu'on avait enfermé à
Vincennes, moins le prétendu conspirateur que le Cardinal
archevêque-coadjuteur de Paris. Quand on voulut lui faire son procès, on
n'était armé ni pour le fond ni dans la forme. Suivant les jurisconsultes
comme Vicquefort, le Pape seul pouvait présider au jugement et à la
condamnation d'un cardinal. Des chicaneurs proposèrent un moyen. On
supposerait que Retz aurait dans la procédure de sa promotion trompé la Cour
de Rome. Partant, sa dignité ne serait plus qu'un bien mal acquis, sujet à
restitution. Mazarin repoussa cet expédient, qui tirait trop à conséquence.
De plus en plus hypocrite, il affirmait qu'on avait arrêté le Cardinal sans
sa participation. On promenait un soi-disant extrait d'une de ses lettres au
Roi, où ce prince de l'Église sollicitait l'élargissement de son collègue. Je n'ai point vu la lettre, dit l'honnête Aubery, mais ce qui me rend la chose vraisemblable est le double
intérêt qu'il avoit qu'on le crût ainsi 1[1]. Ce n'etoit pas la première fois que Mazarin avoit laissé
conclure contre ses sentimens. Cette fois il s'en rapportait à M. Le Tellier. Le Tellier, très
renseigné sur ce désintéressement, n'était pas pressé de se mettre en avant.
Plus passionné, moins prudent, Basile Foucquet épousa la haine de Mazarin
contre Retz. Ce
dernier, après avoir, le jour de son arrestation, dîné au Louvre de bon
appétit[2], avait bientôt senti peser sur
son esprit, autant que sur son corps, la lourde atmosphère du donjon de
Vincennes. Quelques avis du dehors le réconfortèrent. Il se vanta même
d'avoir été pour sa correspondance mieux servi que par la poste[3]. Mais tel qui semblait servir
le prisonnier n'était que l'espion de Basile Foucquet. Sous
prétexte de soulager l'ennui du Coadjuteur, on avait autorisé le chanoine
Bragelongne à s'enfermer avec son archevêque. Au bout de quelques mois, le
malheureux se coupait la gorge dans un accès de folie[4], dirent les uns, de désespoir,
selon les autres, quand il vit sa duplicité connue. Un propos de Mazarin à
Mme de Chevreuse donne beaucoup à penser. On savait que Bragelongne recevoit tous les jours des lettres, qu'il y
faisoit réponse ; mais on y remédieroit[5]. Mme de Chevreuse elle-même,
bien qu'elle se plaignît de l'inquisition de l'abbé Foucquet, ne laissait pas
d'être suspecte aux amis du cardinal de Retz[6]. Il y
eut peut-être pis. On se rappelle le frondeur Foucquet-Croissy. Enfermé dans
une chambre du donjon de Vincennes, au-dessus de celle de Retz, il parvint,
parait-il, à établir une correspondance avec son ancien complice[7]. Que se passa-t-il alors ? De
septembre à décembre 1653, Mazarin, dans ses lettres à l'abbé Foucquet, parle
maintes fois d'un certain Courcy, prisonnier, dont les papiers sont envoyés
en grand secret au Cardinal. On songe à le
gagner, à l'obliger
d'écrire le contraire de ce qu'il a écrit. Sur les instances de l'abbé,
on lui accorde sa liberté[8]. En novembre, Mazarin est on ne
peut plus satisfait d'une conférence que Basile a eue avec le prisonnier. Il
espère découvrir d'autres mystères ; il faut s'y employer, ne pas perdre de temps[9]. Croissy n'est pas Courcy ;
mais Mazarin estropiait souvent les noms. Voici qui est plus grave. Dans des
notes secrètes sur les membres du Parlement, se trouve cette indication assez
insolente sur Foucquet-Croissy : A de
l'esprit, pensif, deffiant, infatué des affaires d'Estat, frondeur, ayant eu
de grandes attaches à M. le Cardinal de Retz ; depuis, soupçonné de lui avoir
fait un mauvais parti. Est prisonnier ; on avoit esté même sur les termes de
lui faire son procès[10]. Qui que ce soit, Bragelongne,
Foucquet-Croissy ou un autre, il est certain qu'on aposta auprès du
Coadjuteur un faux ami, un mouton. La
lutte s'engagea bientôt entre prisonnier et geôlier. Retz feignit d'être
malade. Basile envoya le médecin Vesou avec ordre de purger le patient. On
changea les gardes. En janvier, en février, en mars 1654, le Roi vint chasser
à Vincennes, y dîna chez Mazarin, qui surveillait les surveillants. Le
Cardinal voulait surtout décider le Coadjuteur à résilier son évêché en
échange de nombreux bénéfices. Basile, au contraire, faisait souffler au
prisonnier des idées de résistance. Des officiers préposés à la garde de
Retz, l'un, Pradelle, appartenait à Basile, qui, le sachant domestique de
Servien, l'avait doublé d'un sien parent, M. de Maupeou. Mais Mazarin s'était
aussi assuré d'un exempt, Claude Du Flos, qui correspondait secrètement avec
lui. C'est ainsi que le ministre, instruit du jeu particulier de son affidé,
s'en émut et même s'en fâcha[11]. Pendant
qu'à Vincennes on employait tous les petits moyens, au dehors on se livrait à
de vives discussions au sujet du Coadjuteur. Il s'en éleva entre Jésuites et
jansénistes. L'abbé passait pour le suppôt des premiers ; très certainement,
il n'aimait pas les seconds ; il les avait même dénoncés comme protestants, frondeurs,
révolutionnaires[12]. Les jansénistes, par contre,
prenaient parti pour Retz, non qu'ils le crussent attaché à leur doctrine ;
mais ils craignaient de le voir remplacé sur le siège épiscopal par quelque
ultramontain, Marca, par exemple[13]. Dans le
Parlement, la fortune croissante des Foucquet excitait de vives jalousies. Le
premier président, Pomponne de Bellièvre, était brouillé avec cette maison
qui s'élevoit à la faveur. Mécontent du ministre, par
intérêt comme par honneur, il s'ingéniait sans cesse à lui créer des difficultés
à la Cour[14]. Il crut jouer Mazarin en
pressant le Coadjuteur de consentir à une espèce d'accord, grâce auquel il
sortirait de Vincennes pour être remis à la garde du maréchal de La
Meilleraye. Il effraya le prisonnier en lui représentant l'habileté des
Foucquet, dont les conséquences pouvaient devenir graves, si leurs idées'
triomphaient[15]. L'abbé, selon lui, étoit enragé. Bref, le magistrat le plus retors suggéra au cardinal le plus
rusé toutes sortes de restrictions mentales pour duper le Sicilien, qui ne demandait qu'à être dupé. Mazarin, en effet, n'avait
qu'un désir, celui d'être délivré de la criaillerie des dévots sur
l'emprisonnement d'un évêque. Enfin,
le 30 mars 1654, Retz quitta Vincennes, escorté par Pradelle et par un
enseigne appelé Morel, qui acquit quinze ans plus tard une triste célébrité
comme valet de chambre de Madame Henriette, duchesse d'Orléans[16]. On le menait au château de
Nantes, où l'on organisa une sorte d'internement aussi fastueux que mal
surveillé. Basile Foucquet avait dû lâcher sa proie et l'espérance de
contraindre Retz à démissionner, ce qui lui eût permis de poser sa
candidature à l'archevêché de Paris. Nicolas
Foucquet, bien plus prudent que son frère, avait pu s'effacer dans l'affaire
du Coadjuteur, grâce à l'invincible répugnance de Mazarin pour toute
procédure séculière dirigée contre un ecclésiastique. Il dut, au contraire,
prendre la direction du procès en rébellion intenté au prince de Condé. Vers la
mi-juin 1653, Mazarin, se sentant mieux gardé dans les armées qu'à Paris,
voulant aussi tenir les généraux sous sa main, s'était rendu sur la
frontière. Si la prudence de Turenne avait tenu en échec la hardiesse de
Condé, le siège piteux de Sainte-Menehould, entrepris sous l'inspiration
directe du Cardinal-ministre, avait assez tristement fini la campagne. Enfin,
la perte de Rocroi enleva la dernière joie de ces minces avantages[17]. Mazarin, dans son dépit,
résolut de retourner contre son adversaire ces armes légales tant de fois
employées contre lui-même. Faire condamner comme rebelle, comme allié des
ennemis de la patrie, le Prince qui lui avait si souvent reproché sa qualité
d'étranger, et cette condamnation, l'obtenir du Parlement, la veille encore
l'allié de Condé, c'était frapper un double coup. On écarta donc, avec
ostentation, l'idée de faire juger le Prince par des commissaires. Foucquet
prépara la procédure. On lui fit dire par le jeune roi en personne de presser la chose. Condé devait être déchu de ses droits ; son frère
Conti, l'époux d'une nièce de Mazarin, promu en sa place comme premier prince
du sang. Quelques-uns insinuaient même dans le conseil qu'il y avait lieu de
confisquer les grands biens de l'accusé[18]. Le 22
décembre, le chancelier assembla les Chambres. Le procureur général présenta
des conclusions par écrit auxquelles était jointe une lettre de cachet et des
lettres patentes commettant le chancelier, le premier président, deux
conseillers, pour travailler à l'instruction du procès, qui serait jugé[19] le
Roi présent et les pairs appelés[20]. Le 17 janvier 1654, Nicolas
Foucquet annonça la tenue d'un lit de justice pour le lundi 19 courant. A
cette séance figuraient six pairs laïques, quatre pairs ecclésiastiques,
trois maréchaux de France. Conformément
aux conclusions du procureur général, la Cour enjoignit à Condé de se mettre en état aux prisons de la Conciergerie quinze jours après la
publication de l'arrêt à Péronne[21], c'est-à-dire à la frontière. Deux
mois se passèrent en régularisations. Quelques correspondances[22] furent saisies : on impliqua
dans la poursuite certains comparses, comme le président Viole, Lenet,
l'ex-collègue de Foucquet quand il était intendant au siège de Paris en 1652
; Persan, qui, à la même époque, avait pris Lagdy et Brie-Comte-Robert[23]. Enfin, après une production
très étudiée des preuves à la charge des accusés, le procureur général prit ses
conclusions définitives : Je requiers, pour
le Roy, ledit messire Louis de Bourbon estre déclaré atteint et convaincu
desdits crimes (de lèse-majesté et de félonie),
déchu du nom de Bourbon, dignités et charges, condamné à recevoir la mort par
justice, ladite condamnation publiée en la forme qu'il plaira au Roy, ses
biens remis au domaine, préalablement pris sur eux la somme de soixante mille
livres parisis d'amende applicables au pain des prisonniers de la
Conciergerie du Palais[24]. Par
conclusions séparées, Foucquet demandait la condamnation à mort de Viole,
Lenet, Persan, Marchin, la confiscation de leurs biens. Il était sursis au
jugement des autres accusés[25]. Le 27
mars, la Cour rendit un arrêt qu'on affecta de lire le lendemain dans une
séance solennelle[26]. Mais ni cette solennité ni
l'exécution en effigie de Viole et des autres ne paraissent avoir beaucoup
frappé l'opinion, qui s'impressionna plutôt en sens contraire. Une légende se
forma, que le prince de Condé aurait été condamné par des juges serviles à
souffrir la mort telle qu'il plairait au Roi
de l'ordonner[27]. Cette disposition monstrueuse
n'existait pas dans l'arrêt, où il était dit seulement que la condamnation
serait publiée en la forme qu'il plairait au Roi d'ordonner. En
réalité, ces articulations de lèse-majesté, de félonie, ces accusations de n'avoir rien omis de ce que peut un sujet rebelle et infidelle
à son souverain pour traverser son Estat, relever les forces de son ennemy[28], ne touchaient pas la masse du
public, où l'on était persuadé que le grand Condé combattait, non contre sa
patrie, mais contre le seul Mazarin[29]. On savait que le Prince conservait
au milieu des étrangers une attitude toute française. Il appelait toujours Louis
XIV le Roi son maitre ; le roi d'Espagne n'était que son allié[30]. Il défendait les prérogatives
de son rang avec une admirable fierté. Par une clause trop peu connue de son
traité avec les Espagnols, toutes les places prises en France devaient lui être
cédées ; et nul ne doutait qu'il ne les restituât à son Roi dès qu'il
pourrait s'accommoder avec lui[31]. Presque
au lendemain du jour où il avait opiné pour la condamnation à mort du Prince,
le conseiller André d'Ormesson s'écriait : Dieu
veuille le ramener à son devoir et disposer l'esprit de Leurs Majestés à luy
pardonner toutes ses fautes, et luy faire la grâce de les réparer par ses
bons services à l'avenir[32]. Moins de trois ans plus tard,
un aumônier du Roi, dans un livre dédié à Basile Foucquet, déclarait : que la plus belle conquête de Louis-Auguste sera Louis de
Bourbon[33]. Quant au procureur général, on
a vu qu'en 1652 il avait fait les plus grands efforts pour conserver à la
France l'épée de Condé. La fatalité de la politique ne l'avait pas moins
obligé de requérir la peine de mort contre un homme dont il croyait la vie si
utile à la France. Avec sa grande justesse de vue, il comprenait bien qu'il
s'exposait à de terribles représailles. Condé, en effet, l'heure des épreuves
venue pour Nicolas Foucquet, prendra parti contre son ancien adversaire,
jusqu'au jour où la vérité apparaîtra à ses yeux impartiaux. Après
cette exécution politique, Mazarin emmena le Roi à Reims pour le faire
sacrer, laissant à Paris le premier président de Bellièvre, le chancelier
Séguier et le procureur général Foucquet. Ce
dernier devait assurer le calme dans la capitale alors assez troublée. On y
pariait pour ou contre le sacre, qu'il se ferait ou bien que Condé
l'empêcherait[34]. Une populace hardie s'opposait
quand même aux exécutions de justice[35]. Les esprits des parlementaires
n'étaient pas non plus très sûrs. Foucquet
devait encore fournir l'argent au ministre, et dès ce temps-là c'était à
Paris qu'on en ramassait le plus. Mazarin disait bien que Sa Majesté, quelques avantages qu'elle puisse espérer par
les armes sur la frontière, n'hésiteroit pas à retourner à Paris se faire
obéir[36]. C'étaient
lettres faites pour être montrées. Les affidés savaient à quoi s'en tenir. Un
secrétaire de Mazarin écrivait à Basile : Pourvu
que les surintendants trouvent de l'argent, le Cardinal, espère beaucoup de
bien[37]. La phrase est à double sens et
dut faire sourire les surintendants. Après
avoir été à la peine, Foucquet ne fut pas à l'honneur, à Reims, et l'on ne
peut pas dire que le maître le récompensa. Nicolas n'avait pas une très
grande fortune. Pour acheter la charge de procureur général au Parlement, il
avait dû recourir à la bourse de sa famille. Cette situation constituait un
gros risque. Mazarin lui fit expédier des lettres de survivance au profit de son
frère Basile[38]. On les mit aux mains d'un
autre frère, l'évêque d'Agde, un des bailleurs de fonds. En réalité, cette
décision ne donnait rien à Nicolas, si ce n'est un peu de sécurité. Basile
fut mieux traité. Non seulement on lui assurait en survivance la charge de
son frère, mais il fut nommé en titre procureur général au Parlement de Metz[39] (8 août 1654). Ce favori de la fortune avait
tout juste trente-deux ans. Il se décidait à changer de robe. Le même ami qui
avait raillé autrefois si agréablement ses aspirations à la pourpre, le
félicitait à cette heure de sa résolution plus sérieuse. Je ne suis pas fasché de voir que vous serez revestu de
cette nouvelle qualité...
il est bon d'avoir des amis en paradis et en
enfer. — Mais,
ajoutait ce judicieux correspondant, précautionnez-vous
bien contre la contagion qui commence à infester la gente togata ; car, sans
estre grand astrologue, je vais vous prédire qu'après l'éclipse, elle sera
plus dangereuse qu'elle a jamois esté. Il ne faut plus vous exposer comme
vous avez fait ; la bravoure ne s'adjuste pas bien avec la magistrature[40]. Le
gouvernement était loin d'être assuré. Le siège de Stenay pour les Français traînait
en longueur. Les Espagnols assiégeaient Arras. Plus audacieux, ils auraient
tenté une pointe sur Paris. Les partisans de Condé ou plutôt les ennemis de
Mazarin les attendaient, tant il est vrai que cette guerre était plutôt
civile que nationale[41]. On en vit à Stenay un exemple
frappant. Le jeune Louis XIV s'étant approché des remparts pour juger du tir
de son artillerie, les assiégés envoyèrent à sa troupe deux volées qui, par
fortune, ne blessèrent personne ; mais, dès qu'ils apprirent que le Roi avait
été présent à l'affaire, ils s'excusèrent sur leur ignorance. A l'avenir, ils
s'abstiendraient de tirer quand on leur
enverroit un trompette pour les advertir que le Roi désiroit s'approcher de
la ville e ; enfin, ils en useraient e avec le respect qui luy estoit deub[42]. Voici un pendant à ce tableau
: à Paris, des royalistes convaincus auroient
voulu que la ville d'Arras fût déjà prise, tant était grande la haine contre le Cardinal[43]. C'est
au plus fort de ces inquiétudes que Retz parvint à s'échapper du château de
Nantes (8
août 1654). La
première nouvelle détermina une explosion de joie, et presque tous les curés
de Paris firent chanter un Te Deum. Le
gouvernement était, comme on l'a dit, représenté dans la capitale par
Séguier, très irrésolu[44], par Bellièvre, très compromis
avec Retz, par Servien, esprit toujours violent, parfois douteux[45]. Le Tellier avait dû se rendre
à Péronne pour veiller aux nécessités de l'armée qui secourait Arras[46]. Une fois de plus, quand tout
le monde perdait la tête, Foucquet fit preuve de décision et d'autorité. Il
emprisonna[47], exila, fit conduire les plus
récalcitrants à Mazarin[48], qui le combla de compliments
et l'assura d'une entière confiance et d'une complète discrétion[49]. Toutefois, Nicolas usait plus
volontiers de la douceur que de la force. Il permit au chanoine Claude Joly
de demeurer à Paris[50]. Mazarin s'en étonna[51] ; Colbert, dans la ferveur[52] de sa dignité nouvelle de
conseiller d'État, s'en irrita, dénonça la conduite du procureur général.
Pour lui, il ne respirait que vengeance et châtiments[53]. L'événement prouva que la
modération était plus efficace que la violence. Alors que Séguier songeait à
des moyens extraordinaires et selon lui-même impraticables, comme un appel à
l'archevêque de Lyon, primat des Gaules[54] ; alors que les vicaires
capitulaires opposaient une résistance passive, mais inébranlable, le
chapitre de Notre-Dame, gagné par la bienveillance de Foucquet, consentit à
nommer un administrateur du diocèse (1er septembre 1654). L'archevêque et ses grands
vicaires étaient ainsi dépouillés de leur pouvoir de juridiction. Il est
certain que le chanoine Joly, s'il ne s'unit pas à ses confrères du chapitre
pour exécuter les ordres du Roi, n'y 'fit pas d'opposition et se tint coi[55]. Ce fut seulement le 24
décembre suivant que Retz, poursuivi de Beaupréau à Montreuil, de Montreuil à
Belle-Isle, et enfin réfugié en Italie, put protester contre cette
nomination, véritable coup de partie pour le gouvernement. La Cour
voulut pousser plus loin son triomphe. Le 21 septembre 1654, des lettres
patentes datées de Paris enjoignirent au Parlement de faire le procès au
cardinal, évadé. On y relevait son
ingratitude, ses pernicieux desseins, cause de son arrestation, le défaut de sincérité qui a paru dans son évasion, son
intelligence avec les anciens ennemis de cette couronne. Il s'était rendu à Saint-Sébastien,
en Espagne ; il y avait reçu un agent du prince de Condé, un rebelle ; il en
attendait un autre, nommé Saint-Mars, qu'on savait parti de Flandre. Ces
complots rendaient nécessaire une information, pour être ensuite procédé à l'instruction du procès criminel dudit Cardinal
et de ses complices,
coupables du crime de lèse-majesté, cas qui fait cesser toute exemption,
selon les lois et usages et invariablement observés en France[56]. Le Parlement, ravi d'avoir à
juger un évêque, rendit aussitôt un arrêt conforme à cette injonction. A peine
ce document eut-il" paru que nombre d'évêques assaillirent Mazarin qui
de protestations s'effraya, et vit Rome se dressant devant lui. Aussitôt, il
écrivit à l'abbé Foucquet : Ils
ont raison de se plaindre. Il me semble qu'il n'y avoit autre chose, sinon
pour informer, et sera après cela procédé comme de raison... C'est M. Bignon qui
a obligé M. le Procureur Général à adjouster cela. Je ne sais quel remède on
pourra apporter, la commission étant déjà imprimée, et je crains que M. le
Cardinal de Retz en tire beaucoup d'advantage, le clergé de France se mettant
de son costé comme il faira sans doute, Mgr l'archevêque de Thoulouse, qui
est très-bien intentionné, m'asseurant que depuis l'establissement de la
Monarchie, on n'en a jamais usé de la sorte. Si
le Cardinal de Rhets n'étoit pas allé à Saint-Sébastien, le remède seroit
aysé, puisque la commission est fondée là-dessus ; mais j'ay sujet de croire
qu'il y est allé. Je
vous prie donc de parler à M. le Procureur Général de ma part, afin qu'il
voye ce qu'il pourroit faire, afin que la dernière clause (le jugement) n'ait pas lieu, et je luy seray
très obligé s'il trouve quelque expédient pour sortir d'un embarras qui sera
grand et dans lequel, à parler sincèrement, nous n'aurons pas raison[57]. Bignon,
qui, depuis la défaite de la Fronde, avait perdu son aplomb, essaya pourtant
de justifier sa procédure par des raisons, par des exemples. Les
raisons et exemples de M. Bignon, reprit Mazarin, ne doivent pas entre bien
convainquantes, puisque Mgr l'archevêque de Thoulouse, qui est un homme juste
et bien intentionné, m'asseure que jamais semblable procédure n'a esté faitte
ni en France ni en aucun royaume chrétien, en sorte que le Rov semble vouloir
faire violence aux privilèges et immunités ecclésiastiques. Il seroit mieux
de mettre de notre parti le Pape et le Clergé. Il
est, ajoutait ce fin politique, d'autant plus nécessaire de prendre quelque
expédient pour faire cesser ces plaintes du Clergé, qui seront suivies de
celles de Rome, qu'on le pourra plus aysément à présent qu'il y a peu de
prélats à Paris, et presque tous bien intentionnés, et qu'on évitera par ce moyen
des démeslés avec l'Assemblée Généralle qui se tiendra l'année prochaine. Il
faut que M. le Procureur Général convienne d'un projet avec M. de Thoulouse
et M. d'Agde, et qu'on travaille aussitôt à son exécution[58]. Foucquet,
sans se perdre en discours, proposa d'assembler les évêques se trouvant à
Paris. Ils adresseront leurs remontrances au Roi pour la conservation de leurs
privilèges, Sa Majesté répondra en termes ne préjudiciant point à son
autorité ni au droit qu'elle prétend avoir sur les ecclésiastiques. On
concertera cette réponse pour oster toute matière
de plainte à Rome et au Clergé. Mazarin
adopta l'idée avec empressement. Le
moyen trouvé par les quatre Foucquet, Nicolas, François, Louis et Basile,
réussit pleinement. Les agents du clergé obtinrent un arrêt du conseil, en
date du 22 octobre, réformant la commission du 21 septembre comme blessant leurs immunités et exemptions. Le Roi se réservait de faire ce qui sera jugé à propos pour la conservation de son
autorité, des privilèges, franchises et immunités de l'Église, auxquels Sa
Majesté n'entend point qu'il soit causé ni fait aucun préjudice par les
termes portés en ladite Commission. Puis, sauvant le décorum, l'arrêt portait que cependant il sera incessamment passé outre à
l'information des faits relevés contre Retz pour, icelle vue et rapportée à
Sa Majesté, être pourvu à l'instruction et jugement du procès, ainsi qu'elle
verra être à faire par raison. Ce dispositif, volontairement embrouillé par Foucquet, répondait
exactement aux intentions de Mazarin. Le 24
octobre 1654, Nicolas rendit compte de cet arrêt du conseil à la Chambre des
vacations du Parlement, ajoutant que, la matière étant de grande importance,
il n'avait pas voulu différer d'en donner avis à la compagnie, comme il fera de tout ce qui se passera en conséquence[59]. Engagement facile à prendre.
Rien ne devait se passer. Le silence du
Parlement sur cet arrêt est une anecdote difficile à comprendre, dit un parlementaire du
dix-huitième siècle[60]. Nous en connaissons maintenant
les vraies causes. Il ne
fut alors procédé à aucune information ni contre Retz, ni contre ses
soi-disant complices, La Gisclaie et Saint-Mars. Ce dernier n'était autre que
ce capitaine au régiment de Persan, qui avait été blessé au combat de la
porte Saint-Antoine, et dont le fils, Bénigne de Saint-Mars, servait dans les
mousquetaires du Roi. Le procureur général employait toutes les ressources de
son esprit à ne pas poursuivre le père de son futur geôlier. Autre
fait aussi curieux. Dans leur zèle, les Foucquet signalèrent à Mazarin un bruit
courant qu'un ennemi du Gouvernement voulait acheter Belle-Isle, ce domaine
de la famille de Retz sur lequel le Roi avait tout intérêt à mettre la main. Je n'y vois guère d'apparence, répondit le Cardinal ; en tous cas, il ne faut omettre aucune diligence pour
l'empêcher. S'il
faut quelque ordre du Roi pour cela, il le donnera[61]. Par des raisons inconnues, rien
ne fut alors décidé quant au sort de cette île, dont l'acquisition servit
plus tard de prétexte à la ruine de Nicolas Foucquet. Depuis
deux ans, Nicolas, travaillait énergiquement à la restauration du pouvoir
royal. Le soin de rétablir les finances lui incombait également, mais en
commun avec Abel Servien, et cette collaboration restait quasi stérile. Mazarin reconnut enfin l'inconvénient de cette attribution d'un même pouvoir à deux hommes qui ne s'entendaient pas. Il se décida à délimiter leurs fonctions, en confiant à l'un le soin des recettes, à l'autre celui des dépenses. C'est à Foucquet qu'il attribua la mission la plus délicate, celle de procurer les fonds. C'est aussi à partir de cette date que Foucquet fut véritablement surintendant et que sa fortune prit une face nouvelle. Pour apprécier et raconter cette seconde phase de sa vie, il faut remonter un peu en arrière et indiquer brièvement ce qu'était alors l'organisation des finances du roi de France. |
[1]
AUBERY, Histoire
du cardinal Mazarin, t. III, p. 455. M. Chéruel ne parait pas avoir vu
cette lettre.
[2]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 451.
[3]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 465.
[4]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 450. V. aussi Guy JOLY, Mémoires, p 90, et surtout la note de
l'auteur, homme très sagace, et qui finit par avouer son impuissance à démêler
la vérité. La généalogie de la famille Bragelongne indique deux personnages de
ce nom, Louis et Jean, fils de Jean, seigneur de Villejuif, et qui, chanoines
de Paris, seraient morts en 1682, ce qui, si les dates sont exactes, ne
convient pas à notre texte. Tallemant des Réaux parle d'Étienne de Bragelongne,
qui étoit de longue main au Cardinal, qui l'avoit fait
chanoine. Cf. Historiettes, t. IV, p. 480, note 3. La même
généalogie cite un Étienne, fils de Jérôme, mais qui aurait été chanoine de
Sainte-Geneviève. C'était le frère de François de Bragelongne, capitaine des
gardes de Gaston, et qui fit un peu plus tard la cour à La Vallière. SAINT-ALLAIS, Nobiliaire
universel, t. VIII, p. 308 et 318.
[5]
Bulletin de la Société de l'Histoire de France, 1835, 2e part., p. 182.
Lettre du 9 avril 1653 ; l'auteur n'est pas nommé.
[6]
L'abbé était venu pour la sonder, mais il n'a reconnu
qu'une créature qui ne sçait rien. Lettre du 30 décembre 1653. Bulletin
de la Société de l'Histoire de France, 1835, 2e part., p. 184. Guy Joly
présente la duchesse comme acquise à Mazarin. Mémoires, p. 89.
[7]
Guy JOLY, Mémoires,
p. 122.
[8]
Lettres de Mazarin à Basile Foucquet, 23 septembre 1653, 27 septembre 1653, 23
octobre 1653. Ces lettres ont été publiées par RAVENEL, Bulletin de la Société de
l'Histoire de France, 1835, 2e série, p. 46 et suiv.
[9]
Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 10 novembre 1653. Le nom du prisonnier
n'est pas indiqué. Bulletin de la Société de l'Histoire de France, 1835,
2e série, p. 54.
[10]
M. Depping a édité, dans la Correspondance administrative de Louis XIV,
un des textes connus sous le nom de portraits des membres du Parlement, mais
sans explications.
M. Duleau, dans la Revue nobiliaire, 1862, 1863,
t. Ier, p. 143, identifie ce Foucquet avec François Foucquet, archevêque de
Narbonne. Bien que le texte ne porte pas le nom de Croissy, il est aisé de voir
qu'il ne convient qu'à ce personnage. Le dernier trait est décisif. A de grands biens en Touraine. C'est là que se retira
Croissy. Cf. COLBERT,
Correspondance, 1858.
[11]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 483, 493.
[12]
Mémoire manuscrit de Basile Foucquet à Mazarin.
[13]
R. RAPIN, Mémoires,
t. II, p. 220 et suiv. ; SAINTE-BEUVE, Port-Royal,
t. III, p. 28.
[14]
R. RAPIN, Mémoires,
t. II, p. 222.
[15]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 488, 489.
[16]
RETZ, Mémoire,
t. IV, p. 498. C'est ce Morel qui fut accusé d'avoir empoisonné Madame.
[17]
Le véritable estat du gouvernement de la France. Paris, 1657, p. 270.
[18]
Le 19 décembre 1653, l'ambassadeur Boreel écrit à Jean de Witt. On va procéder
contre le prince de Condé comme rebelle, ennemi de sa
patrie, le dégrader, déclarer sa postérité déchue. Le Roi l'a ainsi recommandé lui-même à M. le procureur
général Foucquet, qui doit presser la chose. On déclarera le prince de
Conti premier prince du sang, ce Conti marié à une Mazarin ; quelques-uns du Conseil voudroient confisquer ses biens.
Lettres des négociations entre M. Jean de Witt et MM. les plénipotentiaires des
provinces unies des Pays-Bas aux Cours de France, etc., t. I, p. 98.
[19]
22 décembre 1853.
[20]
19 janvier 1654.
[21]
19 janvier 1854. Procès du prince de Condé, Archives nationales, U 825, f° 106.
AUBERY, Histoire
de Mazarin, t. IV, p. 34.
[22]
LENET, Mémoires,
p. 619 ; COUSIN,
Mme de Sablé, p. 4(7.
[23]
Procès de Condé, Archives nationales, U 825, f° 154. Les autres noms
cités dans le réquisitoire sont : de Marchin, le comte de La Suze, le comte de
Mieille, Cerise, Chamilly, Montai, le marquis de Saint-Étienne, le vicomte de
Lignon, du Harle, Daumont, La Bernaise et de Saint-Martin.
[24]
Cette pièce est sans date. Procès de Condé, Archives nationales, U 825,
f° 227.
[25]
Procès de Condé, Archives nationales, U 825, f" 228. Fiesque,
Boutteville, Duras, Saint-Hibal et le nommé Servienty
devaient être appréhendés au corps.
[26]
Le texte de l'arrêt a été imprimé dans l'Histoire de Mazarin, par AUBERY, t. IV, p. 37.
[27]
MONTGLAT, Mémoires,
p. 296. Montglat ajoute : Le genre de mort fut laissé
à la disposition du Roi, à cause du grand respect qu'on doit au sang royal.
Comme on le voit, la théorie Montglat manque de base. On retrouve cette erreur
dans les Mémoires pour servir à l'histoire de la maison de Condé, t. I, p. 154.
L'auteur ajoute qu'on déclara la postérité de Condé déchue du droit de succéder
à la couronne, ce qu'on ne trouve pas dans le texte. Chose plus étonnante, M.
Chéruel a reproduit dans son excellente Histoire de France soue le ministère de
Mazarin, t. Il, p. 145, le même texte fautif pris dans les Mémoires d'Ormesson,
t. II, p. 689.
[28]
Productions de N. Foucquet contre messire
Louis de Bourbon, Archives nationales, U 825, f° 181, cote B.
[29]
Dès 1652, le chanoine Joly, dans son Recueil de maximes véritables et
importantes pour l'institution du Roy contre la fausse et pernicieuse politique
du cardinal Mazarin, Paris, 1653, disait : On se
plaint quelquefois de ce que les Princes du sang prennent les armes et
s'allient ou se retirent avec les ennemis de l'Estat. Véritablement c'est une
chose qu'on ne peut pas s'empescher de condamner... mais il faut aussi advouer
qu'assez souvent les Ministres sont cause que ces personnes illustres,
lesquelles ils haïssent toujours, se portent à ces extrémités fâcheuses.
P. 229.
[30]
Il faut lire la belle lettre du Prince en date du 23 février 1654. LENET, Mémoires,
p. 617.
[31]
Mémoires du prince de Tarente, p. 150, édit. 1767.
[32]
Extrait des Mémoires d'André d'Ormesson, t. II, p. 890. L'extrait est
daté du 3 avril 1654.
[33]
L'armée française ou la première campagne de Louis XIV, par le sieur DE CERIZIERS, aumosnier du
Roi. Paris, 1658, p. 23.
[34]
LORET, Muze
historique, t. I, p. 305.
[35]
LORET, Muze
historique, t. I, p. 315.
[36]
Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 8 juin 1654.
[37]
Lettre adressée à Basile Foucquet, de Rethel, 28 juin 1654.
[38]
Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 8 juin 1654. Mazarin ajoute : Il est à propos que la chose demeure secrette.
[39]
Basile Foucquet, conseiller ordinaire au conseil du
Roy, reçu en l'office de procureur général au Parlement de Metz, par lettres
patentes datées de Sedan, 13 juillet 165. Bibl. nat., cabinet des titres,
dossier Foucquet.
[40]
Lettre à Basile Foucquet, la Fère, 10 août 1654.
[41]
Boreel, ambassadeur des États de Hollande, signale à de Witt (14 août 1654) la mauvaise disposition de cette nation, dont le plus grand
nombre ose souhaiter que les desseins de leur Roi avortent. Lettres,
t. I, p. 24.2. Cf. LORET,
Muze historique, t. I, p. 512.
[42]
Lettre de X. à l'abbé Foucquet, Sedan, 11 juillet 1654.
[43]
Boreel à de Witt, 20 août 1654. Lettres, t. I, p. 246.
[44]
M. le Chancelier ne m'a pas encore rien escrit
là-dessus ; mais cela n'importe. Mazarin à l'abbé Foucquet, 22 août
1654. Bulletin de la Société de l'Histoire de France, 1835, 2e série, p.
59.
[45]
J'ay peine à croire ce que vous me mandés avoir esté
dit par M. Servien à M. de Nouvion. Bulletin de la Société de
l'Histoire de France, 1835, 2e série, p. 61. Cf. lettre du 23 août 1654. Ibid.,
p. 64 ; Cf. JOLY,
Mémoires, p. 169, où, au contraire, il accuse Servien de sévérité.
[46]
Lettres de Le Tellier. Bibl. nat., ms. fr., 6891.
[47]
Leurs Majestés ont été très ayses des deux personnes
qui ont esté arrêtées par la diligenze de M. le procureur général.
Lettre du 22 août ci-dessus citée.
[48]
Cf. JOLY, Mémoires,
p. 189.
[49]
Lettre du 22 août ci-dessus citée.
[50]
Lettre de Colbert à Mazarin, Paris, 22 août 1654. Lettres et Instructions,
t. I, p. 227.
[51]
Mazarin à l'abbé Foucquet. Lettres ci-dessus citées, des 22 et 23 août 1654.
[52]
En juin 1654, on avait reconstitué le conseil d'État. CLÉMENT, Lettres et Instructions,
t. VII, introduction, p. IV.
[53]
Lettre de Colbert à Mazarin, Paris, 27 août 1854. Lettres et Instructions,
t. I, p. 228.
[54]
V. les lettres de Séguier citées par Aubineau, dans ses additions aux Mémoires
de Rapin, t. II, p. 506. Dès le 22 août, Mazarin
se montrait satisfait de M. le doyen du chapitre. Lettre à Basile
Foucquet ci-dessus citée.
[55]
Cf. JOLY, Mémoires,
p. 169. Claude Joly s'y montre très embarrassé. Il ne parle pas de la
protection de Foucquet ; mais évidemment, il ménage le surintendant.
[56]
AUBERY, Histoire
de Mazarin, t. III, p. 483, où le texte des lettres est rapporté, mais
incomplètement. Cf. LE
PAIGE, Histoire
de la détention du cardinal de Retz, p. 21, Vincennes, 1755. Aubery avait
vu les registres du Parlement, et aussi bien que Le Paige ; mais on
s'expliquera un peu plus loin les motifs qui ont dû le porter à ne produire
qu'un texte altéré.
[57]
Bibl. nat., ms. fr. 23202, f° 136. La Fère, 30 septembre 1654.
[58]
Bibl. nat., ms. fr. 23202, f° 139. La Fère, 8 octobre 1654.
[59]
LE PAIGE, Histoire de
la détention du cardinal de Retz, p. 22.
[60]
LE PAIGE, Histoire de
la détention du cardinal de Retz, p. 23. Aubery n'a pas compris ou a
volontairement défiguré le sens de cet arrêt. T. III, p. 415.
[61]
Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet. La Fère, 29 septembre 1654.