NICOLAS FOUCQUET

TROISIÈME PARTIE

 

CHAPITRE VII. — FOUCQUET, MINISTRE D'ÉTAT.

DERNIÈRE OPPOSITION PARLEMENTAIRE. - RÉACTION GOUVERNEMENTALE. - PROCÈS DE FOUCQUET-CROISSY. - PROCÈS DE BERTAUT ET RICOUS. - L'ABBÉ BASILE ET MME DE CHATILLON. - CONDAMNATIONS POLITIQUES (Février-décembre 1653.)

 

 

Dans la première moitié de l'année 1653, la surintendance de Nicolas Foucquet, sans être purement nominale, ne fut pas non plus très effective. Servien, par la volonté de Mazarin comme par l'ancienneté de ses titres, avait pris le pas sur son collègue[1]. D'autres affaires, au surplus, réclamaient toute l'attention de ce dernier, qui restait toujours procureur général. On a prétendu que ce cumul constituait un abus[2]. Erreur : le Roi trouvait avantage à donner cette commission de la surintendance au titulaire d'une des grandes charges du parlement de Paris, où tous les édits de finance devaient être vérifiés. De même, le Parlement pouvait à l'occasion prier son procureur général d'employer en sa faveur, auprès des agents du Trésor, son influence de surintendant ministre d'État[3].

En fait, Foucquet, pendant les années 1653-1655, eut pour mission principale de restaurer à l'intérieur, non les finances, mais l'autorité royale depuis longtemps méconnue. Malheureusement, bien de petites vengeances s'abriteront derrière cette réaction à la fois nécessaire et désirée.

Mazarin, en effet, rentrant à Paris le 5 février 1653, avait été acclamé par le peuple comme un libérateur. La bourgeoisie renchérit sur ces acclamations et ménagea au Cardinal un suprême triomphe dans cet Hôtel de ville où avaient siégé ses plus fougueux adversaires. Illuminations, rubans, bijoux étaient à la Mazarin. Mais tout juste en face de cette fête, la Cité restait sombre et silencieuse. Du parvis Notre-Dame et du Palais montait un murmure de plaintes contre l'inconstance des foules, de protestations contre les atteintes aux privilèges de la magistrature et du clergé. En opposition à l'Italien triomphant, on évoquait les images du coadjuteur prisonnier et de dix conseillers exilés.

Le Parlement avait été vaincu sans avoir entière conscience de sa défaite. Au fond, il n'avait jamais voulu faire à la royauté qu'une guerre de remontrances. Seuls, quelques magistrats, grisés par leurs commandements dans la milice et par leur contact avec les princes, avaient précipité cette opposition constitutionnelle dans les horreurs d'une guerre civile. La masse n'avait pas prévu les conséquences de la guerre. A la seconde retraite de Condé et de Gaston, les opposants furent atterrés en se trouvant en présence, non d'un traité de paix comme en 1652, mais d'une amnistie octroyée. Le Roi ne s'était pas rendu dans leur palais, il les avait convoqués dans le sien, au Louvre, pour bien marquer sa victoire.

La présence de quinze à vingt traîtres revenus de Pontoise n'était pas faite pour apaiser les rancunes et calmer les ressentiments. Rentrés chez eux, les Parisiens avaient fait leur pointage et compté plus de deux cents parlementaires unis contre trente ou quarante courtisans. On fit le vide autour des Pontoisiens, exclus du partage des affaires. Pas de sacs, pas d'épices pour eux. On déclara même que si, de guerre lasse, ces infidèles vendaient leurs charges, la même exclusion serait imposée à leurs successeurs. Dans les cent cinquante tètes des jeunes magistrats des Enquêtes cette idée persistait qu'un frein était nécessaire au pouvoir absolu, pouvoir qu'on ne voulait pas d'ailleurs contester, qu'au besoin même on proclamait. Mais le triomphe de Mazarin ne permettait plus de distinction subtile entre la soumission au Prince et l'insurrection contre son ministre. L'opposition parlementaire, représentant surtout des rancunes, ne se manifestait guère que par des taquineries très agaçantes, peu dangereuses.

Certes, on n'aimait pas Foucquet, le procureur général ; mais les plus grosses colères visaient Mazarin. Il se veoit maître dans le Cabinet, écrivait un frondeur irréconciliable, où tout est à sa dévotion, sans aucun obstacle... maître de l'esprit et de la personne du Roy, qui luy est déjà tout soubmis. Il le mène à Fontainebleau y passer quelques jours pour s'en emparer encor plus à l'ayse. Il dit qu'il n'a nulle nécessité de s'accommoder avec vous, ny le Roy d'y traicter ; il chasse et enferme qui luy plaît. Sa vilenie est publique et universelle. Jeudy, il fit mettre en Bastille M. Voisin, conseiller de Bourdeaux. Tous les jours, on prend quelqu'un. Aujourd'hui, il disne à l'Hostel de ville, où il est servy somptueusement, assisté du gouverneur du corps de la ville, des colonels et seindicqs des rentiers. Ce lieu, qui a servy à son opprobre et à sa confusion, sert aujourd'hui de théâtre à sa gloire et à son triomphe[4].

Effectivement, Mazarin et son favori l'abbé Foucquet, devenu officieusement intendant de police, multipliaient les arrestations. Messagers déguisés en marchands de dentelles, capitaines de milice, toutes personnes suspectes étaient envoyés à la Bastille[5]. Le Parlement, ne pouvant plus discuter ces actes du pouvoir exécutif, avait pris pour moyen d'opposition l'exil des conseillers. A chaque audience, on demandait à la Grand'Chambre où en était l'affaire du rappel.

Mathieu Molé se rejetait sur le procureur général, qui ne disait rien. Un jour, toutefois, Nicolas Foucquet apporta une réponse. Le Roi quand il seroit temps feroit sçavoir sa volonté[6]. Malgré ce langage significatif, Messieurs des Enquêtes résolurent d'inviter le procureur général à présenter de nouvelles remontrances au Roi. Or, à l'heure même (12 mars 1653) où ces messieurs se livraient à cette stratégie en chambre, on arrêtait et l'on jetait à la Bastille le plus notable de leurs exilés, Foucquet-Croissy.

Ce conseiller, homme habile et entreprenant, était revenu à Paris pour négocier avec la princesse Palatine dans l'intérêt de Condé, son patron, qui cherchait toujours un accommodement, dont le Cardinal ne voulait plus. Il se tenait si bien caché, que ses amis ne purent le prévenir de l'espionnage dont il était l'objet. La police ministérielle, ayant débauché son valet, livrait toutes ses lettres et celles de la Princesse à Mazarin, qui en connaissait le contenu avant les destinataires[7]. Les preuves réunies, on arrêta le laquais, plus un autre valet, et le lendemain 14 mars, le maître lui-même, sur les indications plus ou moins forcées de ses domestiques, fut surpris et conduit à la Bastille d'abord, puis à Vincennes[8]. Il avait pu, par chance, brûler ses papiers les plus compromettants.

On tenait depuis quelques semaines un autre lot de prisonniers arrêtés en Champagne, entre autres le frondeur Vineuil, naguère favori de la Reine, et un certain Joly, ci-devant commis de Le Tellier, passé au service du président Viole, petit personnage, mais très visé comme traître et faussaire. Toutes ces affaires ne seraient pas sorties du commun si Mazarin et ses collègues, pour mieux marquer leur pouvoir, n'eussent résolu d'enlever ces accusés aux juges ordinaires et de les livrer à des commissions.

Il était dit que les Foucquet, quoi qu'ils fissent, seraient compromis dans ces abus de pouvoir, jusqu'au jour où ils y périraient eux-mêmes.

Dès le lundi 17 mars, en présence du chancelier Séguier, Nicolas présentait au Parlement une lettre de cachet datée du 15, notifiant la détention de Foucquet-Croissy et nommant pour juger ce rebelle et fomenteur de rébellion quatre commissaires : le chancelier Séguier, le président de Bellièvre, les conseillers Doujat et Sévin[9]. La lettre de cachet finissait en ces termes significatifs : Les soins que nous prenons, pour garantir notre bonne ville des nouveaux troubles qu'on essaye d'y susciter, seront toujours secondez des effects que nous devons attendre de votre affection pour le service du Roy et pour le bien public. Le Roi, il en donnait l'assurance, n'entendait pas porter atteinte aux privilèges des magistrats.

Ces belles paroles n'empêchèrent pas le Parlement de trouver la forme de commission extraordinaire et sans exemple. Enfin, on rendit un arrêt : Suivant la volonté dudict seigneur Roy, il sera, à la requête du procureur général, incessamment procédé à l'instruction du procès de messire Anthoine Foucquet, sieur de Croissy, conseiller en ladicte Cour. A ceste fin ont esté commis messieurs Séguier, Pomponne de Bellièvre, Doujat et Sévin, pour, l'instruction dudict procès et les rapports communiqués au procureur général, estre ordonné ce qu'il appartiendra. Sous ces expressions ambiguës se cachait une pensée assez nette et que Denis Talon, alors très peu ministériel, fit ressortir. Les juges seraient bien ceux que le Roi avait nommés ; toutefois, le fondement de leur pouvoir allait être, non la lettre de cachet du Roi, mais l'arrêt du Parlement[10]. De plus, on ne les chargerait que d'une instruction.

La commission, sans s'arrêter à ces détails, faisait état de mener rondement les choses et d'en finir avec ce procès en cinq ou six jours ; mais à procéduriers, procéduriers et demi.

Le lieutenant civil et un maitre des requêtes ayant interrogé les valets de Foucquet-Croissy, les amis de ce dernier protestèrent aussitôt[11], demandèrent à la Cour, vu la connexité des faits, le renvoi de toute l'affaire devant le Parlement. Les Chambres allaient immédiatement s'assembler. Messieurs, leur dit Molé, l'ennemi est sur la frontière. Voulez-vous remettre le trouble au dedans ? Pour ôter tout prétexte à réclamation, le chancelier Séguier recommença les interrogatoires des valets. Voilà, s'écrièrent les mécontents, une besogne digne de lui.

On se rejeta sur Foucquet.

Nicolas Foucquet, associé la veille au triomphe de Mazarin, à l'Hôtel de ville, fut interpellé, toutes chambres assemblées : Quand plaira-t-il au Roi d'entendre les remontrances de la Cour an sujet des exilés ? La réponse fut très sèche. Le seigneur Roi se souvenait bien de la prière à lui faite en mars dernier ; il ne vouloit pas qu'on lui en parle d'advantage ; quand il jugeroit à propos et que la commodité de ses affaires lui permettroient, il feroit sçavoir sa volonté à la Cour. Malgré cette rebuffade, les Chambres, devenant audacieuses et plus nettes dans l'expression de leur pensée, arrêtent que le procureur général insistera auprès du Roi[12].

Cela se passait le 2 avril. Le jour même, Séguier interrogeait les prisonniers, Joly, Vineuil, Foucquet-Croissy. Avec les deux premiers, point d'embarras. Vineuil et Joly ayant revendiqué la qualité de prisonniers de guerre, on les calma d'un mot : soit, on les jugerait comme espions[13]. Croissy, assez ému à la première heure[14], montra ensuite plus de résistance, excipa de sa qualité de conseiller, cita les précédents. La poursuite était extraordinaire et sans exemple. On l'avait arrêté sans décret, sans information préalable. Il était prêt à justifier de sa conduite depuis l'entrée du Roi dans Paris, par personnes irréprochables ; s'il est resté dans la ville ou aux environs, c'est au vu, au su, avec la participation de la Cour et des ministres, pour des affaires d'importance. Il demande qu'on le mette en lieu où, son innocence étant reconnue par justice, il soit assuré de sa mise en liberté, c'est-à-dire à la Conciergerie, prison du Parlement. Au surplus, il refuse de répondre, si ce n'est devant les Chambres assemblées[15].

Le lendemain, Nicolas Foucquet annonça aux avocats généraux, Bignon et Talon, la volonté du Roi que ce procès fût achevé, sans rapport au Parlement de l'interrogatoire, sans confrontation, tant pour garder le secret que pour accélérer l'affaire. On discute ; Séguier est appelé. Selon lui, cette procédure rentrait dans l'ordre des commissions qui se donnent à Messieurs lorsqu'ils vont instruire des procès criminels dans les provinces. Cependant, ni les accusés ni les juges n'étaient en province. Aussi, le jour suivant, le Parlement ordonna, tout au contraire, que Foucquet-Croissy serait transféré à la Conciergerie. Il n'étoit pas juste qu'il ne fût pas au pouvoir des juges, prononçant son absolution, de le mettre en liberté[16]. Foucquet répondit par une lettre de cachet en forme d'avis : Le Roi ne souffriroit pas qu'en un cas de révolte et de conspiration, on procédât conformément à l'arrêt. Il admet-toit bien des récusations, mais sans égard à aucun privilège. Le Parlement, alarmé, modifia sa décision de façon à ne plus satisfaire personne[17]. Cette fois, cinq ou six conseillers des Enquêtes furent exilés, et deux conseillers d'État reçurent mission de juger Foucquet-Croissy.

La crise devenant aiguë, le premier président Molé, absolument usé, se démit de sa charge, le 22 avril, en faveur de M. de Bellièvre. Ce dernier, jadis frondeur, présentement rallié, était un des membres de la commission extraordinaire, cause ou prétexte de ces agitations. Le nouveau dignitaire eut à peine un jour pour savourer sa gloire. Dès le 24 avril, un président aux Enquêtes vint le supplier d'obtenir par tous moyens légitimes et convenables le retour des conseillers absents il y a longtemps, et d'aultres encore éloignés il y a peu de jours[18]. Le ministère était résolu à ne pas laisser éterniser cette polémique. Le samedi suivant, Bellièvre prononçait, dans les meilleurs termes, des remontrances dont il ne pensait pas un mot. Séguier répliqua que le Roi, voyant qu'on lui déniait une justice accordée au dernier des particuliers, avait dû aviser à la protection de son État[19].

Au fond, personne n'était satisfait. Foucquet-Croissy se voyait au hasard d'être jugé par les commissaires. Ceux-ci constataient de nombreux vices de procédure. La forme, cette fois, protégeait le fond. Mazarin n'était pas Richelieu. Où Chalais avait péri, Foucquet-Croissy se sauva. Restait à trouver un prétexte honnête pour abandonner l'affaire. Talon et Bignon hésitaient à se mettre en avant. Le Tellier s'enfermait dans sa réserve habituelle. Ce fut Nicolas Foucquet que Bellièvre chargea de sauver la situation. Le 5 mai, le procureur général partit pour Fontainebleau, salua le jeune roi, qui le renvoya avec de bonnes paroles à Son Éminence le Cardinal, qui, à son tour, protesta 'de ses bonnes intentions, pourvu qu'on lui donnât quelque assurance sur le fait du procès. Sans pouvoir pour rien promettre, Foucquet revint aussitôt à Paris.

Nul ne s'y trompa. Ce grand circuit de paroles étoit pour obliger le Parlement de faire civilité au Cardinal, en tout cas pour que cela servît à sa réputation dans les pays étrangers, de voir qu'il étoit l'entremetteur entre le Roi et le Parlement 3[20]. Effectivement, Mazarin attendait alors une députation des conseillers. Cela feroit plus d'effet à l'étranger que le festin de l'Hôtel de ville[21]. Mais Denis Talon déclara qu'une telle démarche serait imputée à lâcheté. Bignon et lui résolurent de ne pas se commettre dans une affaire de ce genre. Bellièvre dut intervenir pour les décider à prendre des conclusions en termes ambigus autorisant le procureur général à retourner à Fontainebleau, sans dire s'il verrait M. le Cardinal où s'il irait directement au Roi, cependant avec tout pouvoir de conclure un arrangement.

Foucquet partit de nouveau, assez mécontent des procédés de ses collègues, Talon et Bignon. Il n'en rapporta pas moins la solution désirée. Les conseillers exilés furent pour la plupart rappelés. Par lettres closes de cachet du Roi, en date du 19 mai, on renvoya au Parlement la connaissance du procès Foucquet-Croissy, et l'œuvre des commissaires fut supprimée[22]. En fait, après quelque délai et peut-être aussi après certains arrangements, le prisonnier obtint sa liberté, à charge de passer en Italie et de n'en pas revenir sans ordre de rappel, ou bien seulement après l'accommodement de M. le Prince[23].

Le lendemain de cet accommodement, Denis Talon, jamais content, comme tous les envieux, s'appliquait à montrer à Nicolas Foucquet tous les vices de la procédure des commissaires. Ils n'avaient pas signifié en lieu dû leur commission, pour qu'il n'en restât aucun vestige[24]. Point de procureur général. Ils avaient fait déchiffrer des lettres sans confronter les experts avec l'accusé, sans lire leur rapport en sa présence. Foucquet, après quelques mots d'excuses pour la forme, avoua qu'on avait été bien aise de voir les commissaires travailler mal, parce que ce seroit une occasion de renvoyer l'affaire au Parlement.

Dix ans plus tard, les rôles devaient être singulièrement intervertis.

On ne peut se défendre de certains rapprochements. Aux premiers jours du mois de mai, quand Nicolas Foucquet s'employait pour accommoder une malheureuse affaire, on apprit que la foudre était tombée sur le donjon de Pignerol[25]. Le gouvernement se hâta de faire réparer cette forteresse. Foucquet, comme surintendant, ordonnança les fonds nécessaires. Personne, lui moins que tout autre, ne se doutait qu'on préparait la prison d'un homme alors favori de la fortune et, en somme, digne de ce rapide succès par son application au travail, par son génie et surtout par l'humanité de sa conduite.

La modération est d'autant plus méritoire dans les luttes civiles que l'heure du triomphe des uns est pour les autres celle du désespoir. Si les frondeurs parlementaires répandaient leur bile en paroles peu dangereuses, les frondeurs féodaux, au contraire, parlaient peu, cachaient leurs armes, dévorés d'envie de reprendre la lutte. L'un d'eux écrivait au prince de Condé : Ils (les Mazarins) se rendent si fiers dans leurs espérances, qu'on ne peut vous l'exprimer. Il n'y a plus de mesures à prendre avec eux que celles à quoy l'extrême nécessité et la dernière force les obligeront. N'espargnez rien pour les reduire. Les gens éclairez ne peuvent concevoir sur quoy il (Mazarin) fonde toute cette arrogance. On ne voit aucuns desseins formés, ny résolus, ny aucuns préparatifs de guerre, soit offensive soit défensive. Il n'y a que son intrigue de cabinet qui lui rit et ses rouzes qui l'exercent. La dessus, il se flatte, et ses ministres domesticques prennent leur temps à tout picorer, en insolentant les gens. Condé veut frapper fort au dehors, mais il y a aussi quelques coups importans et nécessaires à faire au dedans. Il faut faire icv quelque chose de grand.

Que Condé envoie des gens de fidélité, d'adresse et d'exécution, on leur fera gagner leur voyage. On prie surtout Son Altesse d'examiner s'il n'y a pas de traître auprès d'elle. La police de Mazarin reçoit des avis bien précis ; que le Prince ménage les amis qui lui restent[26].

Ce frondeur, trop passionné pour être clairvoyant, était un sieur Bertaut, grand maitre des eaux et forêts de Bourgogne, si aveuglément dévoué à Condé, qu'au moment même où il conseillait aux autres de se défier des traîtres, il ne voyait pas les espions qui l'entouraient. Son séjour à Paris, alors qu'il aurait chi exercer sa charge en Bourgogne, ses nombreux changements de domicile, ses visites à un suspect, M. de Longueil, avaient attiré l'attention de la police de Basile Foucquet. On savait que, le 13 mars, Bertaut avait reçu un billet de Condé. La réponse, arrivée le 29 mars suivant, fut saisie. Pendant qu'un de ses débiteurs dénonçait le conspirateur dans l'espoir d'obtenir la confiscation de ses biens[27], un autre agent de Basile, un de ceux qui trahissaient le Prince, fournissait aux experts les moyens de reconnaître l'écriture de Bertaut[28].

Ce grand forestier de Bourgogne ne songeait pas qu'il était aventuré dans la plus dangereuse de toutes les forêts. En quête d'auxiliaires, il avait noué des relations avec un abbé de Cambiac, ecclésiastique de Toulouse, doux, modeste, serviable, en même temps beau, coquet, très intelligent[29], une façon d'abbé Foucquet, avec un sieur de Ricous ou, en prononçant à la méridionale, de Ricousse, petit cadet d'une petite famille auvergnate, dont le frère servait Condé, dont la belle-sœur, Mme de Ricous, habile coiffeuse, servait Mme de Châtillon. Cette belle veuve, qui s'était entremise, sans succès, il est vrai, pour accommoder M. le Prince et Mazarin, était alors exilée dans son usufruit de Merlon. Elle coquetait avec lord Digby, gouverneur de Pontoise et de Mantes, avec lord Craft, avec le bel abbé de Cambiac, et charmait ses loisirs en conspirant.

Quand on est deux du même avis et qu'on pérore, on s'exalte, on parle de grands coups à frapper. Une nouvelle vint à Mme de Châtillon que les Mazarins avaient comploté d'assassiner Condé. Un certain Frarin devait être l'exécuteur du complot[30]. Coup pour coup ! il fallait appliquer à Mazarin la loi du talion. Un sieur Duchesne fut chargé de l'exécution. Il reçut quelques écus pour acheter un habit noir et expédier sa famille en Guyenne[31]. Le renvoi de la femme et des enfants rendait ses mouvements plus libres. L'habit noir lui permettait d'entrer au Louvre, d'y surprendre le Cardinal, dans un petit escalier dérobé où il passait chaque jour en se rendant chez le Roi[32].

Duchesne, toutefois, était médiocrement décidé. Le 20 mai, dans une entrevue avec Bertaut chez le logeur de Ricous, il insinua que Mme de Châtillon trahissait le Roi et M. le Prince, c'est-à-dire tout le monde[33]. Dix jours plus tard, il n'en recevrait pas moins quelques pistoles apportées par l'aveugle partisan de Condé. Tous les deux étaient arrêtés le lendemain.

Que le malheureux Bertaut eût été vendu, point de doute. Il avait non seulement à ses trousses son débiteur de 4.000 francs, mais ses complices Duchesne et l'abbé de Cambiac. Ce dernier pria l'évêque d'Amiens de s'interposer pour le remettre en grâce auprès de la Reine[34]. L'évêque était un Père Faure, ex-concurrent de Basile Foucquet dans les menées réactionnaires de 165g. Ricous, parait-il, avait promis à Cambiac de tenir le prélat au courant de tout ce qui se passerait[35].

Ce qui suivit n'étonne pas moins. Cambiac ne s'était pas plus tôt mis dans son devoir, qu'un des hôtes de la petite cour de Merlon, milord Digbv, crut être agréable à Mme de Châtillon en attirant l'abbé dans un piège aux portes de Pontoise et en l'emmenant faire amende honorable à la duchesse, moins réjouie qu'embarrassée de l'aventure. Renvoyé, l'abbé se vengea en livrant à la Reine les lettres les plus compromettantes de Mme de Châtillon[36].

Ce n'est pas tout. Ricous, la veille encore agent provocateur, au dire de Cambiac, conspire sérieusement. Excité par Mme de Châtillon, il reprend pour son compte l'entreprise de Bertaut. La police saisit un billet adressé à Anne d'Autriche et quelques lettres écrites on ne sait à qui, mais pleines d'insolences contre l'honneur de la Reine et de M. le Cardinal. On en devine le contenu.

Au fond, cela ne valait pas une poursuite. Jadis, Foucquet conseillait sagement de ne pas prêter à ces propos le retentissement de débats judiciaires, mais d'en faire justice sans bruit. On voulut cette fois une répression éclatante.

L'abbé Foucquet se chargea de découvrir et d'attraper le pamphlétaire Ricous. Il mit à sa recherche son agent Mouchette, qu'on avait déjà vu espionner chez la duchesse de Châtillon[37]. Ricous tomba dans une souricière à Pierrefitte, juste au moment où il se rendait à Merlon. Son premier cri fut bien significatif : C'est la duchesse qui m'a fait arrêter ! On le mena aux prisons de Saint-Magloire[38], réputées plus sûres que les autres (23 septembre 1653).

L'abbé avait pris d'avance des ordres de Mazarin[39]. Nicolas Foucquet et Talon s'étaient eux-mêmes rendus à la Cour entre le 15 et le 20 septembre[40]. Bientôt on apprit la création d'une juridiction extraordinaire, non plus sous la forme indécise de commission comme au mois d'avril précédent, mais avec l'appareil et le titre effrayant de Chambre de justice[41]. Séguier et Molé y présidaient. Presque tous les juges appartenaient au Conseil d'État ou au Grand Conseil. On n'avait pas oublié la critique formulée précédemment par Denis Talon. Un procureur général était désigné, Le Tonnelier de Breteuil, maitre des requêtes[42].

La Chambre installée à l'Arsenal, conformément à la tradition, fut saisie immédiatement de l'affaire de Bertaut et consorts. Les lieutenants civils et criminels avaient déjà procédé à un interrogatoire ; mais Bertaut refusa de reconnaître les commissaires pour ses juges. Il en appelait au Parlement. Sans égard à ses protestations, on décida de lui faire son procès comme à un muet[43].

Dès lors, la procédure marcha grand train. Le 6 octobre, elle était achevée. Le procureur général extraordinaire de Breteuil passait sa nuit à examiner les pièces, trouvait le procès tout à fait instruit, la preuve bien établie. On préparait l'opinion des juges[44]. Basile Foucquet excitait le rapporteur, La Marguerie, qui semblait se refroidir un peu[45]. Le Il octobre, la Chambre de justice condamna Bertaut et licous au supplice de la roue.

En fait, parmi tant de preuves si bien établies, il ne s'en trouvait aucune d'un commencement d'exécution. Le complot était demeuré à l'état de projet. Dix ans plus tard, Nicolas Foucquet, emprisonné sous les mêmes imputations, établira que la faute intellectuelle n'est justiciable que du tribunal de Dieu seul[46]. A cette heure, il jugeait tout différemment. Le conseiller Lainé ayant tenté d'intervenir en faveur des accusés, on le condamna lui-même à l'exil.

Soumis à la question, Bertaut, très ferme d'abord, avoua au troisième pot d'eau qu'il avait écrit à Condé, au quatrième pot que madame de Châtillon s'était entretenue d'un projet d'assassinat de Mazarin. Ricous chargea beaucoup la duchesse, milord Digby et l'abbé de Cambiac. Revenu de pâmoison, il persista dans son dire, demanda au juge de prier l'évêque d'Amiens de demander pardon pour lui à la Reine et de faire payer ce qu'il devait à Jamet son hôte, environ I,200 francs, n'ayant rien vaillant 4[47].

A la nuit, on conduisit les deux hommes rue Saint-Antoine, près la Bastille. L'abbé Foucquet avait envoyé ses agents pour tenir la main à l'exécution, mais tout se passa fort doucement[48]. Bertaut et Ricous furent étranglés avant d'être roués. Quant aux lettres insolentes écrites par ce dernier, le bourreau les brûla, et, chose plus extraordinaire que cet extraordinaire jugement, il n'en est pas resté copie.

Au sentiment du procureur général de Breteuil, le chancelier, le garde des sceaux et tous les commissaires avaient fait merveille en cette occasion[49]. Aussi l'abbé demandait-il au Cardinal un mot de remerciement pour ces messieurs. Mazarin ne marchanda pas. En homme habile, il s'apitoya même sur le sort des condamnés. Je suys mary qu'il y ait des gens si abandonnés pour pouvoir songer à faire certaines méchancetés pour lesquelles j'aurais horreur toute ma vie[50]. Mazarin, bon comédien, est parvenu à se faire une réputation de douceur et de mansuétude. Selon les historiens Priorato et Aubery, il aurait voulu sauver la vie aux condamnés, il intercéda pour eux auprès de juges inflexibles. La vérité est qu'il avait écrit à Nicolas Foucquet : Pour être tranquille du côté de Paris, il faut faire quelque acte de vigueur[51].

Presque aussitôt, le Cardinal eut peur de représailles. Au moment où l'on jugeait Bertaut, le Prince avait mis la main sur un espion de l'abbé Foucquet[52], appelé Lebrun, attaché à la personne de Condé, à tout le moins en rapport avec lui[53]. Un abbé l'avait signalé à Mazarin, qui l'avait adressé à Basile. L'accord s'établit assez vite. Lebrun devait d'abord espionner Condé, puis le faire prendre, mort ou vif. Prix, 100.000 écus. Le Cardinal confirma les promesses de l'abbé, interdisant seulement l'attentat prémédité. Toutefois, si, tombé dans une embuscade, le Prince résistait et recevait quelques mauvais coups, on n'y pourrait que faire. Un traité fut signé et laissé aux mains de Basile Foucquet[54].

Parti de Paris le 5 septembre, Lebrun arrivait à Rocroy le 13 et révélait tout à Condé, qui fit Grand bruit de cette déclaration. Basile Foucquet le prit aussi de très haut et cria à la calomnie. Il avouait pourtant quelque petite chose : il connaissait ce Lebrun, un ancien espion, qui avait averti, dans le temps, du projet d'enlever Condé de Marcoussis ; on lui avait donné de légers subsides et promis, par écrit, récompense pour chaque cavalier ou fantassin qu'il ferait prendre ; mais l'abbé avait rebuté toutes ses autres propositions[55]. Aussi ne pouvait-il souffrir les odieuses imputations auxquelles se livrait M. le Prince. Il demanda même à Mazarin l'autorisation de se rendre auprès de Condé, pour que son procès lui fut fait, tant il était sûr de son innocence[56].

Le Cardinal consola d'abord son agent : Vous estes trop bien connu pour que vos ennemis mêmes puissent avoir mauvaise opinion de vous[57]. C'est lui, Mazarin, qui devrait se sentir le plus blessé. Que Condé fasse trêve d'assassinats, le Cardinal y gagnera le plus, Basile Foucquet le sait bien[58]. Quant au projet de l'abbé de se livrer à son accusateur, on n'en fit que rire[59]. — Il en riait sans doute tout le premier.

Condé, cependant, ne plaisantait pas. Deux hommes avaient été arrêtés, condamnés, pendus[60]. Quant à Lebrun, il en fut de lui comme de Duchesne. On ne sait jamais bien ce que deviennent ces mouchards.

L'abbé Basile, sans plus s'entêter dans ses idées de justification, passa à d'autres exercices. Après avoir commencé le spectacle par une tragédie, il résolut de le finir par une petite pièce comique.

Bertaut et Ricous mis à mort, il fit remarquer au Cardinal que Cambiac et surtout Mme de Châtillon étaient fort chargés par les dépositions de ces deux misérables. Jadis, des secrétaires de Son Éminence l'avaient plaisanté sur l'éblouissement que lui causaient les beaux yeux de la duchesse. Entrant dans le jeu, il se rendit à Merlon, et, avec plus de sucés que de délicatesse, commença par effrayer Mme de Châtillon, en lui montrant son nom mêlé aux procès des deux suppliciés. La dame avait plus d'ambition que de courage, et surtout plus d'imagination que d'esprit ; la peur la saisit aussitôt et la livra à Basile Foucquet, qui se posa en sauveur. Jusqu'à quel point l'abbé réussit-il dans son entreprise ? La chronique scandaleuse du temps, généralement bien informée[61], affirme que le succès fut complet. Cela importe peu. Ce qui est certain, c'est que la duchesse éperdue erra pendant deux mois de couvent en maison des champs, de château en couvent, déguisée en cavalier, en religieux, en Cordelier. Un moment on la crut partie pour Bruxelles, et le ministre déclara que ce voyage ne lui ferait pas beaucoup d'honneur[62]. L'abbé, d'ailleurs, la suivait de retraite en retraite, plus prisonnier que sa prisonnière.

C'est ce même homme qui, le 12 octobre précédent, priait Mazarin de ne pas mêler son nom au procès de Ricous à cause de son caractère ecclésiastique[63]. Il voulait être vicaire général de Paris, qui sait ? archevêque, cardinal[64]. Le voilà qui, jouant au séducteur, est pris quand il croit prendre, et cette petite intrigue, dédaignée par la plupart des historiens, sera cependant un facteur considérable des événements à venir.

En ce moment, dans toute l'effervescence de ses trente ans, porté par le succès, Basile croyait pouvoir suffire à tout, emprisonnant, exilant, confisquant. Ses agents traquaient les correspondants de Condé. Il payait d'ailleurs de sa personne, s'exposait volontiers et avec témérité. Mazarin, tout en lui recommandant la prudence, le lançait sans cesse sur de nouvelles pistes. Le Cardinal était obsédé par des craintes d'assassinat. L'évêque d'Amiens l'avait prévenu que Condé le menaçait, ainsi que son fidèle Basile. Aussi recommandait-il de ne pas authoriser le crime par trop d'indulgence[65].

Les exécutions de e criminels n se suivaient donc sans discontinuer. Vers la fin de novembre, une tentative fut faite pour délivrer un pauvre diable qu'on menait au supplice. Le Cardinal commanda aussitôt à Nicolas Foucquet de punir sévèrement ces mutins, afin d'enlever aux autres pareille hardiesse. Et dire que ce peureux cruel a su se faire une réputation de clémence et de magnanimité !

 

 

 



[1] FOUCQUET, Défenses, t. IV, p. 80, 61.

[2] CLÉMENT, Lettres et instructions de Colbert, t. VII, préface, p. LXXVI.

[3] M. le premier président proposa d'envoyer le procureur général (N. Foucquet) pour accommoder l'affaire... étant en sa qualité de surintendant dans l'entière participation des affaires. Denys TALON, Mémoires, p.520.

[4] Bibl. nat., ms. fr., 14831, f° 683. 29 mars 1653, lettre attribuée au sieur Bertaut, écrite au prince de Condé. Cf. LORET, La Muze historique, t. I, p. 357.

[5] L'abbé Foucquet qui étoit mêlé de faire courir et dévaliser les courriers. Mémoire manuscrit de M. Hermant, cité par SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. IV, p. 556. Le marchand de dentelles ne serait-il pas Marigny, qui était caché chez Bretteval, marchand de dentelles ? V. dans LENET, Mémoires, p. 91, le récit curieux de la perquisition faite chez Bretteval.

[6] Registre du Parlement. Archives nationales Xia, 8389.

[7] LENET, Mémoires, p. 595.

[8] 12 mars, d'après AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 6 ; le 13 mars, d'après la Muze historique. Ce fut le 14 mars dernier ; sa détention fut précédée par celle d'un sien valet de chambre qui fut arrêté le 13, auquel on peut croire que l'on usast (sic) de violences ou de toutes sortes de moïens blasmables pour l'obliger à décéler la maison de son maistre. Procès-verbal de l'interrogatoire de Foucquet-Croissy par Séguier, 2 avril 1653. Bibl. nat., ms. fr., Joly de Fleury, 2393, f° 25. Foucquet-Croissy avait gardé ses illusions sur ses domestiques. Aubery a eu évidemment connaissance des pièces du procès ; il en reproduit jusqu'aux expressions.

LORET, La Muze historique, t. I, p. 351.

[9] Procès de Foucquet-Croissy. Bibl. nat., ms. fr., Joly de Fleury, 2396, f° 27. AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 6. D. Talon, dans ses Mémoires, donne la date inexacte du 14. Il se trompe aussi en associant Jér. Bignon à N. Foucquet pour la présentation de la lettre de cachet.

[10] Procès Foucquet-Croissy, ms. Joly de Fleury, n° 2396, f° 25 et suiv. Denys TALON, Mémoires, p. 518.

[11] Bibl. nat., ms. fr., 14831, f° 683.

[12] Registres du Parlement. Archives nationales, Xia, 8389.

[13] TALON, Mémoires, p. 518.

[14] La Muze historique, loc. cit.

[15] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 7. Procès Foucquet-Croissy. Bibl. nat., ms. fr., Joly de Fleury, 2398, f° 25. Aubery n'a pas osé citer le passage relatif à la connivence des ministres.

[16] Procès Foucquet-Croissy. Bibl. nat., ms. fr., Joly de Fleury, 2396, f° 23.

[17] Cf. TALON, Mémoires, p. 519 ; AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 9. L'arrêt est rapporté dans le ms. ci-dessus cité, f° 21.

[18] Registres du Parlement, au mercredi 23 avril. Archives nationales, Xia 8389.

[19] TALON, Mémoires, p. 519. Registres du Parlement, au 30 avril. Archives nationales, Xia 8389. Procès Foucquet-Croissy. Bibl. nat., ms. Joly de Fleury, 2396, f° 19. Cet extrait parait venir d'un ms. de Talon.

[20] TALON, Mémoires, p. 520.

[21] Lettre de Blouet à Mazarin. CHÉRUEL, Histoire du ministre de Mazarin, t. II, p. 28.

[22] Procès Foucquet-Croissy. Bibl. nat., ms. cité, f° 13. Registres du Parlement. Archives nationales, Xia, 8389. On y relève la satisfaction de la Cour pour le soin et dilligence apportés par N. Foucquet dans cette négociation. Cf. 10 mai 1653. TALON, Mémoires, p. 520.

[23] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 14. M. Chéruel cite une lettre de Gui Patin d'où il résulte que Foucquet-Croissy n'aurait été libéré qu'en janvier 1654. Cf. Histoire du ministère de Mazarin, t. II, p. 28,29. En 1658, Foucquet-Croissy était en Touraine. Lettre de Colbert à Mazarin, 14 juillet 1658. CLÉMENT, Lettres, Instructions de Colbert, t. I, p. 306.

[24] Effectivement, je n'ai pas pu retrouver trace de cette procédure.

[25] LORET, La Muze historique, t. I, p. 361.

[26] Lettre du 29 mars i653. Bibl. nat., me. fr., 14831, f° 683.

[27] Lettre de B. Foucquet à Mazarin.

[28] Lettre de B. Foucquet à Mazarin.

[29] LENET, Mémoires, p.378 ; BUSSY-RABUTIN, Histoire amoureuse des Gaules, t. I, p. 191, édit. Livet.

[30] Interrogatoire de Bertaut à la question. MONTPENSIER, Mémoires, t. II, p. 533. Lettre ms. de l'abbé Foucquet à Mazarin, 11 octobre 1653.

[31] Projet d'interrogatoire. Bibl. nat., ms. fr., 18531, f° 677.

[32] Gualdo PRIONATO, Histoire de Mazarin, t. II, p. 183 ; AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 29.

[33] Interrogatoire de Ricous, à la question. Bibl. nat., ms. fr., 18431, f° 877 et suiv.

[34] BUSSY-RABUTIN, Histoire amoureuse des Gaules, t. I, p. 228.

[35] Projet d'interrogatoire, loc. cit. Bibl. nat., ms. fr., 18431. Cf. interrogatoire à la question. MONTPENSIER, Mémoires, t. II, p. 538.

[36] Histoire amoureuse des Gaules, t. I, p. 224. La lettre de l'abbé y porte à tort la date du 18 juillet 1655. Il faut lire 1653.

[37] Foucquet à Mazarin, lettre du 16 septembre 1653.

[38] B. Foucquet à Mazarin, 23 septembre 1653, déjà citée par CHÉRUEL, Mémoire sur Foucquet, t. I, p. 242.

Le Pierrefitte dont il s'agit ici est situé au nord de Saint-Denis, sur la route de Merlon.

[39] Lettre de Mazarin à N. Foucquet, 13 septembre 1653. Vous verrez les ordres du Boy touchant la Commission... On écrit à ceux qu'il faut pour réchauffer leur zèle. Bibl. nat., ms. fr. 23202.

[40] Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 24 septembre 1653. B. N. fr. 23202, p. 88.

[41] D'Aligre, Morangis, La Potterie, Laterrière, La Marguerie, Lezeaux, Dugué, Paget, Lelièvre, Chomel, Ricomart, Garibal.

[42] LORET, La Muze historique, du samedi 26 septembre 1653, t. I, p. 412.

[43] Lettre de Le Tellier, en date du 4 octobre 1653. Bibl. nat., ms. fr., 18431, f° 689.

[44] Lettre de Le Tonnelier de Breteuil à Mazarin, 6 octobre 1653. CHÉRUEL, Mémoire sur N. Foucquet, t. I, p. 2s5. M. Chéruel attribue cette lettre par erreur à N. Foucquet.

[45] Lettres de B. Foucquet à Mazarin, 10 octobre 1653.

[46] Défenses, t. I, p. 11.

[47] Procès-verbal de la question, publié par CHÉRUEL, Mémoires de Montpensier, t. II, p. 538.

[48] Lettre de l'abbé Foucquet à Mazarin, 11 octobre 1653.

[49] Lettre de Breteuil à Mazarin, 11 octobre 1653. MONTPENSIER, Mémoires, t. II, p. 530. Cf. LORET, La Muze historique, t. I, p. 420. Lettre du 18 octobre 1653. Suivant Loret, l'un des deux accusés fut condamné pour crime d'État, l'autre pour attentat. On devait juger Duchesne le 12 ou le 13 octobre. Nous ne savons ce qui advint de ce personnage assez suspect, fr. 23202, p. 99.

[50] Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, en date du 12 octobre.

[51] Gualdo PRIORATO, Histoire du cardinal Mazarin, t. II, p. 183, édit. d'Amsterdam, 1671, en français. AUBERY, Histoire de Mazarin, t. IV, p. 29. Les deux récits ont été calqués l'un sur l'autre.

[52] Lettre de Mazarin à Nicolas Foucquet, 13 septembre 1653, fr. 23202, p. 87 et 88.

[53] Une lettre de Condé, en date du 22 mai 1653, est adressée à un sieur Lebrun, à qui il donne rendez-vous à Grandpré. Il ne veut lui répondre que de vive voix. Il le prie d'assurer ces messieurs de sou affection.

Évidemment, Lebrun avait préparé les voies. Sa lettre se trouve parmi celles de Mazarin à Basile Foucquet. Bibl. nat., fr. 23202, p. 385.

[54] Lequel traité a aussi été signé par M. le Cardinal et par ledit abbé Foucquet, en la présence dudit Lebrun. LENET, Mémoires, p. 614. Bibl. nat., ms. Dupuy, vol. 775, f° 222. Ce passage pourrait bien avoir été mal transcrit. Il faudrait lire, selon nous, hors la présence.

[55] Lettre de Basile Foucquet, publiée par CHÉRUEL, Mémoire sur Foucquet, t. I, p. 250.

[56] Lettre de Basile Foucquet à Mazarin, CHÉRUEL, Mémoire sur Foucquet, t. I, p. 250.

[57] Mazarin à Basile Foucquet, 24 septembre 1653. Bibl. nat., fr. 23202, p. 92.

[58] Mazarin à Basile Foucquet, 29 septembre 1653. Bibl. nat., fr. 23202, p. 95.

[59] Mazarin à Basile Foucquet, 6 octobre 1653. Bibl. nat., fr. 23202, p. 100.

[60] Deux hommes furent arrêtés, jugés, exécutés dans les Pays-Bas ; la voix publique accusa Mazarin, mais l'instruction ne révéla aucune preuve contre ce ministre.

Mémoire pour servir à l'histoire de la maison de Condé, t. I, p. 143. Cf. Mémoires de Mlle de Montpensier, t. III, p. 227. Ces mêmes hommes auraient assuré qu'ils venaient de la part de Basile Foucquet.

[61] BUSSY-RABUTIN, Histoire amoureuse des Gaules, t. I, p. 233. On ne saurait contester, en général, l'exactitude des récits faits par Bussy. Certains détails restent douteux, par exemple, le faux interrogatoire de Ricous envoyé à Mazarin ; mais, au fond et dans l'ensemble, on ne peut douter de sa véracité. Il est même assez probable qu'un moment Basile chercha à faire prendre le change à Son Éminence, notamment sur l'espèce d'exil à imposer à la Princesse.

[62] Le 10 novembre 1653, Mazarin écrit à l'abbé qu'il a différé le départ de Mme de Châtillon. Il veut l'éloigner de Paris et du prince de Condé. Le 18 suivant, il écrit à l'abbé que le voyage de Mme de Châtillon à Bruxelles ne lui fera pas beaucoup d'honneur. Mais la nouvelle de ce voyage était fausse. Cf. la Muze historique, lettre du 1er novembre 1653, t. I, p. 424.

[63] Lettre du 25 septembre, citée par CHÉRUEL, Mémoire sur Foucquet, t. I, p. 245.

[64] Lettre de Mazarin à Basile Foucquet, 27 novembre 1653. CHÉRUEL, Mémoire sur Foucquet, t. I, p. 258 ; Bulletin de la Société de l'Histoire de France, 1835, 2e part., p. 59.

[65] Mazarin à Basile Foucquet, 3 décembre 1653, loc. cit.