Basile
Foucquet, arrivé à Paris, se rendit tout droit au Palais-Royal, posa les fils
de ses intrigues, négociant avec Mlle de Chevreuse, avec Mme de Châtillon,
avec Goulas, l'homme de Gaston ; avec Chavigny, l'homme de M. le Prince et de
bien d'autres. Dans l'intervalle des entrevues, il travaillait à soulever les
bourgeois, distribuait de l'argent, sans oublier les petits profits auprès
des dames et des avantages plus sérieux, obtenus de la Reine et de son
ministre[1]. Ce blondin de trente ans, très
intelligent, très téméraire, déployait beaucoup de courage et d'énergie. A travers
combien de ruses, de contre-ruses, d'avis à la fois astucieux et sincères se
suivirent ces négociations, c'est ce qu'auraient eu peine à dire ceux-là
mêmes qui tissaient ces intrigues compliquées, mélange étonnant de
confidences vraies et fausses, où les plus fins demeuraient incapables de
discerner la vérité du mensonge. L'histoire, toutefois, qui a reçu les
confessions de ces politiques, voit clairement que tous ils tendaient vers un
accord, arrêtés seulement par leurs défiances réciproques, invoquant en vain
cette bonne foi qu'ils avaient bannie de la terre. Gaston
disait à Retz : Comment voulez-vous que je
sois tranquille ? Chavigny a un traité presque conclu avec l'abbé Foucquet. M. le Prince, répondait Retz,
jure qu'il n'est point de tout cela, et même que Monsieur était un traître, mais qui le sait ?[2] Voilà le mot de la situation. Presque
au même moment (23 septembre), Condé écrivait à son confident Lenet : Il y a des négociations de paix sur le tapis, qui seront
peut-être bonnes ; peut-être qu'elles ne le seront pas, à cause des gens qui
s'en mêlent[3]. Qu'on juge d'ailleurs de
l'état d'esprit de ce prince du sang, vainqueur de Rocroy et de Lens, qui,
dans cette même lettre, se réjouit de la prise de Dunkerque par les
Espagnols, tant il était en colère contre Gaston et contre l'abbé Foucquet.
Au fond, il souhaitait un arrangement. Un homme de basse origine, mais d'un
sens au-dessus du commun, Gourville, le factotum de La Rochefoucauld,
écrivait à un de ses amis qu'aussi bien Mazarin que les princes désiraient la
paix. Regardez sy, après cela, ajoutait-il, avec un
pressentiment mélancolique, la malédiction
n'est pas dans nos affaires, que ces enragés ne s'accommodent point et qu'ils
en ont souvent envie ; mais ce ne sont jamais tous les deux à la fois[4]. La
malédiction y était effectivement. Condé fut appelé à son camp le propre jour
où Basile Foucquet devait l'entretenir une dernière foi[5]. Le lendemain commençait la
contre-révolution. Le
conseiller au Parlement Prévost, resté à Paris par ordre, y travaillait
depuis un mois de concert avec un nommé Berthod et un sieur Saint-Yon, qui se
faisait fort de reprendre la Bastille, ce qui, on l'a vu, n'était pas
autrement difficile[6]. Le 24 septembre, les
bourgeois, assemblés dans l'enclos relativement privé du Palais-Royal, se
livrèrent à toutes sortes de démonstrations anti-frondeuses. L'abbé Foucquet,
avec sa vivacité exubérante, apercevant le maréchal d'Étampes, venu en
reconnaissance : Vous en verrez bien d'autres
! lui cria-t-il. — Point de rodomontades, lui répondit le maréchal, et faisons la paix. L'abbé en convint, la paix, c'était le vœu de
tous ; mais le mot de Gourville restait vrai, que ces enragés ne la voulaient
jamais en même temps. Au bruit des manifestants réactionnaires, les frondeurs
accoururent. Après force bravades, les deux partis se retirèrent chacun chez
eux pour manger leur potage, avec la dignité de gens qui
n'aiment pas à se commettre dans ces mêlées[7]. Cependant, les choses
pouvaient se gâter. Mlle de Montpensier voulait aller avec ses valets et
quelques bonnes cordes pour pendre cette mazarinaille[8]. De son côté, Basile Foucquet,
manquant d'hommes de main, fit demander à la Cour une centaine d'officiers,
afin d'être prêt pour ce coup de force dont lui et son patron le Cardinal
rêvaient toujours. Au fond, tout ce monde préférait l'intrigue à la bataille.
Le jour même, passant à d'autres exercices, Basile se rendait à l'hôtel
Saint-Paul où se trouvait le duc d'Orléans, avec MM. de Rohan, de La
Rochefoucauld, de Chavigny et Coulas. Là, il posa les conditions d'un
accommodement : licenciement des troupes ; exil de Beaufort ; reddition de la
Bastille, sauf récompense au gouverneur. Monsieur
ne fit difficulté à rien, pourvu qu'on traitât bien ses régiments et qu'on
s'entendit avec Condé. Quant à Beaufort, il l'obligerait à sortir de Paris,
avec un peu d'argent pour faire son équipage. Chavigny répéta, en ce qui
concernait Mazarin, qu'on rédigerait une
déclaration d'innocence
où l'on mettrait tout ce qu'on voudrait pour son avantage. Il ajoutait même que
si M. le Prince ne s'accommodait pas, Monsieur s'accommoderait seul. Voilà
tout le monde d'accord ! Rentré chez lui, l'abbé écrit à la Reine[9] une longue lettre où il
résumait les événements de cette laborieuse journée. J'espère une trêve dès demain. Autant que je puis le
conjecturer, les affaires réussiront bien. Demain, dès dix heures du matin,
j'aurai la dernière résolution de toutes choses. M. le Prince, si l'affaire
ne se conclut point, ne voyant plus de sûreté pour lui dans Paris, emmènera
son armée. Il est nécessaire qu'on nous envoie des placards imprimés. Deux hommes furent chargés de
porter cette lettre à Compiègne. Le
lendemain, en effet, Condé revint à Paris, mais, au débotté, M. de Beaufort
lui remit la lettre de l'abbé, saisie par des cavaliers du régiment de
Hollac, qui avaient arrêté les deux messagers. Condé en son particulier
traitait avec Mazarin tout autant que Gaston. Il n'en fit pas moins l'homme
offensé de ce que Monsieur négociait sans lui[10]. A l'étonnement succéda la
colère, aux reproches les injures. Enfin, on força les deux princes à
s'embrasser[11]. Le duc de Lorraine, qui
arrivait toujours aux bons moments, survint, et la querelle, à peine apaisée,
recommença. Beaufort enfin se montra très piqué de ce qu'on avait consenti à
son exil de Paris[12]. Le tout finit par des serments
de ne plus traiter les uns sans les autres. La nuit
n'était pas venue que Condé, après une chevauchée menaçante dans le quartier
mazariniste du Palais-Royal, donnait audience à l'abbé Foucquet, en présence
de Mme de Châtillon. 11 confirma ses prétentions, faisant remarquer qu'il
aurait pu les augmenter, puisque le Roi avait perdu Gravelines et Dunkerque. Même
battu, même sans troupes, il ne prétendrait pas moins. Il seroit toujours assez puissant pour nuire et faire plus
de mal que ne doit être considéré ce qu'on lui accordera. Ce
qu'il demandait, c'était en somme la conservation de ses troupes, le
gouvernement de la Rochelle pour du Dognon, celui de Provence pour le prince
de Conti, la suppression de la Cour des aides de Bordeaux, enfin le
rétablissement des fortifications du château de Taillebourg aux dépens du
Roi. A ce compte, il veult estre amy de Son
Éminence, ung avec elle, et la servir en toutes occasions, mesme signer tout
ce qui regarde son retour et sa conservation à la Cour[13]. Il est juste d'ajouter que
Condé, diplomate médiocre, donnait à l'appui de ses demandes, un peu brutales
dans la forme, des raisons très spécieuses[14], et que les Espagnols devaient
en fin de compte payer les frais de l'accommodement. Basile
Foucquet était un véritable négociateur. Le lendemain, 26 septembre, de grand
matin, il eut encore une conférence de trois heures avec Coulas, l'homme de
Gaston, et partit enfin pour Compiègne. Toutefois, devenu prudent, il se fit
accompagner par un trompette de Son Altesse
Royale[15]. Pendant
tout ce temps-là, Nicolas Foucquet restait à Pontoise, sans nouvelles ou n'en
recevant que d'alarmantes. On l'avait avisé de l'enlèvement d'un homme sur la
route de Compiègne, et, connaissant les habitudes voyageuses de son frère, il
s'inquiétait[16]. Rassuré sur ce point, une
autre crainte le saisit. Condé, lui mandait-on, fait entendre hautement que la Cour est attrapée, que dans
peu il ramènera de force le Roi dans Paris, avec le Parlement de Pontoise à
sa suite ; l'armée de M. de Turenne ne lui peut échapper ; tous les ponts sur
la Marne sont rompus. Pas de retraite pour elle, si ce n'est par Lagny, et il
l'empêchera d'aller jusque-là. Du côté du Roi, au contraire, Foucquet n'entendait parler de
rien ; nuls préparatifs, soit de combat, soit de retraite ; pas de recrues ni
de nouvelles levées. Si l'armée de Turenne est défaite, plus de ressource.
Que faire en ce cas ? Pontoise serait investi avant qu'on apprit
à Compiègne la perte du combat. La compagnie est fort visée par la Fronde.
Avec trois ou quatre cents hommes, on lui couperait toute retraite. Cela
n'arrivera pas sans doute, mais il est bon d'être préparé à tous événements.
Il ne faut pas douter, ajoutait très justement Foucquet, qu'il n'y ait assez de gens auprès des princes, quand ce
ne seroit que nos confrères, qui voudroient pour beaucoup avoir fait
entreprendre cette affaire. Et de qui aurions-nous secours ? Toute nostre bourgeoisie et
toute la garnison est malade, à la réserve de cent hommes fort misérables, sy
bien qu'il n'y auroit nulle deffense. L'esprit de ce qui reste d'habitants en
santé est fort partagé. Il est prudent, dans une affaire de cette importance
qui regarde la première compagnie du royaume, qui n'est point nourrie dans la
guerre, de vous faire observer ces inconvénients. A l'appui de son dire, il
citait M. de Mesme, resté à Liancourt et qui ne se pressait pas de venir, MM.
Besnard et Guénégaud, qui étaient venus, mais sans avoir jamais pris place
dans le Parlement transféré[17]. A
Compiègne, on ne voyait pas les choses de même œil. Le Tellier, avec son
extrême circonspection, Servien plus brutalement, s'accordaient pour faire
échouer les négociations. Retz, Chavigny, Châteauneuf, réussissant dans leurs
tentatives d'accommodement, devenaient aussitôt des candidats au ministère,
c'est-à-dire des remplaçants éventuels. Nicolas Foucquet lui-même leur était
déjà suspect à cet égard. Aussi, quand Basile, tout content de lui, fit
connaître aux deux ministres les derniers termes de ses entrevues avec Condé,
l'accueil fut très froid. A la vérité, quelques points étaient délicats. Le
payement au prince de Tarente des frais de reconstruction de Taillebourg, la
réinstallation de Jarzé, adorateur malencontreux d'Anne d'Autriche, dans sa
charge de capitaine des gardes du duc d'Anjou, étaient des clauses
offensantes pour la Reine. L'abbé se hâta de dire qu'on dissimulerait ces
articles fâcheux dans une négociation séparée, et même d'après certaines
paroles de Mme de Châtillon, tout s'arrangerait pour quelque argent[18]. Mais
trois autres points restaient en difficulté : le rétablissement de M. du
Dognon dans le gouvernement de la Rochelle, la suppression de la Cour des
aides de Guyenne, le maintien sur pied des troupes de Condé. Anne se récria.
L'article des troupes était honteux, préjudiciable au Roi ; celui de la Cour
des aides rendrait plus puissant le Parlement de Bordeaux, compagnie rebelle.
A quoi ne prétendraient pas les autres Parlements ! Enfin, elle avait disposé
de la Rochelle. Falloit-il donc faire tout ce
que M. le Prince voudroit ?[19] Évidemment, Basile avec son
projet d'accord tombait mal à propos. Que se
passait-il à ce moment précis, on ne le saura peut-être jamais. Certaines
gens, propriétaires de terres en Berry, désiraient voir détruire à fond et raser
la place forte des Condé[20]. Mais cette considération était
secondaire. Quoi qu'il en soit, sur cette mauvaise impression de la Reine, on
convint de deux choses : qu'on dépêcherait vers Mazarin pour prendre son
avis, sans lequel on ne fera rien du tout ; qu'en même temps, l'abbé
Foucquet écrirait à Mme de Châtillon qu'il n'y avait rien de possible sur les
trois articles[21]. Ensuite, il se rendrait à
Paris, pour s'y tenir caché et attendre des ordres. Cette
décision n'était pas du goût de Basile. Il s'arrêta à Saint-Denis,
correspondit avec Mme de Châtillon et, jusqu'au 3 octobre, parlementa avec
les agents de Condé[22]. Ce
dernier, malade, très raide dans les négociations, sentant toutefois la
nécessité de conclure, proposait de grandes concessions de forme. On ne
stipulerait ni le rétablissement des fortifications de Taillebourg, ni rien
qui y fût contraire. Quant à la Cour des aides, Mazarin donnerait seulement
parole de la supprimer dans les six mois. Pour les grâces et restitutions, on
prendrait temps jusqu'à ce que la paix générale eût été conclue et que lui,
Condé, se fût dégagé des Espagnols[23]. C'était séduisant. Nicolas
Foucquet, instruit par son frère de ce projet d'accommodement, lui donna son
assentiment formel au nom du Parlement de Pontoise[24]. Cependant,
on était sans réponse de Mazarin, et il fallait se décider. Alors, Le Tellier
et Servien se souvinrent des instructions du Cardinal les invitant, en cas
d'urgence, à consulter divers messieurs du conseil sur les difficultés qui se présenteroient pour la conclusion
d'un accommodement.
Ils proposèrent donc à la Reine, qui parloit
fort impatiemment de ces réponses de Condé, la constitution d'un conseil extraordinaire,
composé du prince Thomas de Savoie, des maréchaux du Plessis-Praslin, de Villeroy
et de Senneterre. Servien leur exposerait l'état de la négociation, prendrait
leur avis, le porterait à Sa Majesté. C'était
un moyen de continuer à jouer un double jeu, sans rien conclure. Premièrement,
l'abbé Foucquet gardé à la Cour était chargé d'écrire à Mme de Châtillon,
intermédiaire de Condé, en s'inspirant d'un mémoire dressé par le conseil. Secondement,
muni d'un autre mémoire, le conseiller d'État d'Aligre devait voir Goulas,
intermédiaire de Gaston. C'était, dit l'un des inspirateurs de ce beau plan, affin d'estre esclaircy en bref de ce qu'on pouvoit
espérer de l'ung et de l'aultre Prince[25]. Troisième
résolution, plus grave en apparence, plus anodine en effet : le mardi 8
octobre, on présenterait au Parlement de Pontoise deux déclarations, l'une
contre M. le Prince[26], dont on préviendrait Gaston,
l'autre dont on ne préviendrait personne, préparant le prochain rappel de Son
Éminence le cardinal Mazarin. Précisément,
le même jour, 4 octobre 1652, Mazarin répondait à la dépêche du 27 seulement
reçue la veille à quatre heures du soir, le courrier n'ayant point trouvé de
chevaux[27]. Dans un long mémoire,
véritable chef - d'œuvre de diplomatie, il montrait au sujet de
l'accommodement une extrême défiance. Condé n'est pas sincère. Il amuse le tapis. Quelle honte pour un prince du sang de se
prévaloir des succès des Espagnols ! Même sur la question de forme, Servien
et Le Tellier, les prêtres des idoles, comme disait Retz, avaient
rencontré juste. Mazarin commandait de renvoyer toute décision à un conseil.
On y reconnaitrait les vrais serviteurs du Roi. De plus, il n'y a pas plaisir d'estre seul à opérer dans une
affaire de si grande importance et de laquelle despend la bonne ou la
mauvaise fortune de l'Estat... Or,
quand Mazarin ne voulait pas être seul à décider, c'est que la décision
proposée ne lui plaisait pas. Sa finesse ne se trouvait en défaut que sur un
point : J'eusse bien voullu sçavoir,
écrivait-il, quelle responce M. le Prince feroit à l'article que j'estimois
le plus important, c'est-à-dire qu'on n'exécuteroit rien de la part du Roy, à
l'égard des restitutions et des autres grâces promises, qu'à la paix
généralle. Or,
Condé avait précisément sur ce point cédé aux instances de Foucquet. Quoi
qu'il en dût advenir, à Compiègne on était lancé, et, le soir du 4 octobre,
deux ultimatums partirent, l'un très raide, expédié à M. d'Aligre, pour être
remis à Gaston, l'autre, plus doux, adressé à Mme de Châtillon et destiné au
prince de Condé[28]. Quand
la nouvelle de ces résolutions parvint à Pontoise, Nicolas Foucquet et les
membres du Parlement qui étaient du secret, furent à la fois saisis de
regret, de colère et de crainte. Ces parlementaires ne voulaient pas risquer
le tout pour le tout, encore moins retomber sous le despotisme du Cardinal ou
de Condé. Le libéralisme légal fit entendre alors une dernière protestation ;
mais à qui l'adresser ? A la Reine, qui ne voyait que par les yeux de Mazarin
? A des secrétaires d'État plus asservis encore ? Nicolas Foucquet, avec ou
sans confiance, écrivit au Patron. Sa pensée ne se dissimula ni sous des
formes obliques ni sous des réticences alors trop en usage : J'ay grand déplaisir, écrit-il, de voir
les serviteurs de Votre Éminence déchus de l'espérance qu'ils avoient eue de
la voir présentement rentrer dans l'autorité avec l'agrément et satisfaction
de tous les peuples, du consentement des princes et du Parlement et dans la
réjouissance d'une paix si universellement souhaitée. Cependant, je ne sais
pas par quel malheur ou mauvaise conduite, on a rendu toutes ces bonnes
dispositions inutiles, et il semble qu'on prend à tâche de les ruiner, en
sorte qu'elles ne puissent plus être rétablies. Satisfaction du peuple, consentement des princes
et du Parlement, réjouissance d'une paix universelle, c'était peut-être
beaucoup ! Mazarin n'en demandait pas tant. Foucquet
continue, fait valoir les avantages d'une entente avec Condé : Il eût eu obligation à Votre Éminence d'avoir terminé
l'affaire avec confiance de part et d'autre, et on eût pu prendre des mesures
secrètes contre les ennemis communs. Quels ennemis ? On en devine au moins un, Retz. Si les armes du Roi étaient de
beaucoup supérieures aux autres, que le duc de Lorraine fût détaché des
Espagnols, qu'il y eût espérance prompte d'une paix au dehors et que le Roi
n'eût plus qu'à réduire les rebelles, j'aurais estimé qu'il vaudrait mieux
encore souffrir un peu et faire une paix plus ferme et plus durable, en la
faisant plus honorable ; mais après avoir négligé les bonnes dispositions de Paris
et avoir coulé tout ce temps favorable sans en profiter, avoir laissé
fortifier leurs armées de celles des Espagnols qui sont prêtes à entrer, et
dépérir les nôtres, persuader les peuples que ceux du conseil du Roi ne
veulent point de paix, et se rendre aujourd'hui plus difficiles quand la
guerre est plus malaisée à soutenir, c'est un raisonnement que peu de
personnes peuvent comprendre. Venant
à son fait, le procureur général s'exprimait ainsi : Pour faire échouer cette affaire, on s'est servi du
prétexte de suivre exactement un mot tiré des lettres de Votre Éminence,
qu'il falloit communiquer cette affaire au conseil, et ce prétexte va faire
naître de nouveaux obstacles. La jalousie contre ceux du conseil et le
dessein de plaire à la Reine, ou d'avoir plus de part au secret les uns que
les autres, feront toujours échouer toutes les propositions qui seront remises
pour y être délibérées, à moins qu'elles soient entièrement résolues
auparavant par Votre Éminence, et je suis aussi convaincu de cette vérité,
que je suis assuré qu'il n'y en a aucun, en son âme, qui ne juge
l'accommodement nécessaire, et qui n'y eût donné les mains, si la chose avait
été conduite par son ordre et de sa participation. Ceux de notre compagnie
qui sont les plus fermes et les mieux intentionnés,
sont dans cette même pensée et ont grand regret de voir échapper une occasion
si favorable du retour de Votre Éminence et de voir cesser les troubles[29]. L'affaire
essentielle, c'est de se rendre maitre de Paris, si fatigué, qu'il ne remuera plus pour quelque cause que
ce puisse être.
Tous les serviteurs du Roi sont d'accord qu'il suffit de faire occuper deux
portes par le régiment des gardes, et se rendre ensuite au Louvre ; les
princes seront contraints de s'enfuir. Il
est certain que, dès le premier jour, les ordres du Roi seront exécutés par
tous. Les officiers légitimes seront rétablis en leurs fonctions ; les portes
seront fermées aux ennemis ; l'amnistie sera publiée telle que Votre Éminence
le peut souhaiter, et notre compagnie réunie dans le Louvre en présence du
Roi. La joie en sera si universelle, les acclamations publiques si hautes
qu'il n'y a aucun homme assez hardi pour y trouver à redire, et j'estime que
cette justification de Votre Éminence dans Paris par la compagnie réunie, est
plus honorable et plus avantageuse que tout ce que l'on peut penser. J'ose
dire à Votre Éminence qu'il n'y a qu'une action de cette qualité qui puisse
tout bien rétablir, et qu'elle est si facile et si indubitable qu'il n'y a
point de gens qui osent la contrarier, si ce n'est par jalousie. L'armée des princes
étant décampée favorisera le passage du Roi. On fortifiera les gardes des
autres troupes ; le Roi, demeurant maitre de deux portes, qu'il ne faut plus
jamais quitter, ira et viendra comme il lui plaira. La Bastille n'oserait
refuser d'obéir, en donnant quelque médiocre récompense, et, dans cette
première joie, en prenant bien ses avantages, le Roi peut tout ce qu'il
voudra. La conjoncture de la maladie de M. le Prince est favorable. Il n'y
faut pas perdre un moment. Ni les Lorrains ni les Espagnols ne s'engageront
point dans Paris, et bientôt vous aurez la paix, ou du moins la guerre au
dehors. Je
supplie Votre Éminence, ajoutait Foucquet en terminant, et la conjure de
considérer que ce que j'écris n'est point intéressé ; que tous ceux qui n'ont
point de jalousie les uns contre les autres pour traverser leurs avis ou se
prévaloir du désordre, sont tous dans ce sentiment. Tous ceux de notre
compagnie, après s'être bien éclaircis du dedans de Paris dont chacun reçoit
par jour plusieurs lettres, sont tous dans la même pensée. MM. les présidents
de Novion, Le Coigneux, de Mesmes, M. Ménardeau, mon frère, et cinq ou six
autres conseillers, et généralement tous conviennent d'un même principe. Nous
savons tout ce qui se dit au contraire ; nous savons les sentiments de ceux
du conseil, et, après tout bien examiné, nous convenons tous, sans aucune
contradiction, qu'il faut promptement ou l'accommodement en quelque manière
que ce soit, comme il est proposé, ou le voyage du Roi prompt à Paris, et
nous croyons la chose si certaine, que nous irons tous avec le Roi et
donnerons les arrêts que l'on voudra dans le Louvre[30]. L'inspiration
de ce mémoire est haute et patriotique, et, encore une fois, on ne peut
s'empêcher de songer à ce qui serait arrivé si Condé, en 1652, était resté au
service de la France. La paix des Pyrénées eût peut-être pris un autre nom,
celui du Rhin, devenu la limite incontestée d'un royaume aujourd'hui mutilé. Mazarin
n'eut même pas à délibérer sur les considérations politiques exposées par
Foucquet. Les événements allaient plus vite que les courriers. Quand celui
qui portait la dépêche du procureur général parvint à Sedan, les destinées de
la monarchie française et sa forme absolue étaient décidées pour plus d'un
siècle. Dès le
5 octobre au soir, on fut fixé sur le sort de ces négociations suivies en
double. Mme de Châtillon refusait de transmettre à Condé la dépêche de la
Cour. Elle était trop funeste[31]. Mazarin insinua que la dame
appartenait aux Espagnols encore plus qu'à M. le Prince[32]. En réalité, l'importance de
toutes ces femmes s'impolitiquant par passion ou par vanité, n'était
qu'apparente. Ni Mazarin ni Condé n'avaient indiqué la limite précise de
leurs prétentions. Le moindre événement les modifiait. L'un se décidait-il à
céder, l'autre croyait pouvoir obtenir davantage. Dominés, le Cardinal par
son obstination, le Prince par sa fierté, ils restaient incapables d'entente,
et la seule fortune de la politique devait décider entre eux[33]. Même
jeu vis-à-vis de Gaston, à qui l'on offrait, la paix une fois conclue, de
demeurer près du Roi ou dans ses apanages, à son choix. Avant d'entrer en
discours avec Goulus, agent de Gaston, d'Aligre devait exiger l'engagement de
ne point publier le contenu du mémoire. Autrement,
on désavouera tout et on publiera les propositions les plus secrètes, faittes
à Sa Majesté de la part de Son Altesse Royale[34]. Quel préliminaire à une
négociation de bonne foi ! Un
article de ce mémoire si secret visait le Parlement. Les magistrats restés à
Paris devaient se rendre à Pontoise au jour indiqué par le Roi pour la tenue
d'un lit de justice. C'est alors qu'on enregistrerait l'acte d'amnistie.
Après trois ou quatre séances, tous ceux qui ne feraient pas partie de la Chambre
des vacations pourraient s'occuper de leurs affaires personnelles jusqu'à la
rentrée. Mazarin voulait humilier une fois de plus tous les parlementaires
politiques. On exigeait une réponse de Gaston dans les vingt-quatre heures[35]. Il
était dit qu'aucune imprudence ne prévaudrait contre la bonne fortune revenue
au Cardinal. Dans la nuit du 4 au 5 octobre, alors qu'on prenait ces
résolutions téméraires, Turenne, qui avait répondu du salut de la seule armée
restant au Roi[36], réussit à la dégager au moment
même où Condé la considérait comme une proie assurée'. Quand cet habile
général, qui avait d'ailleurs prévu la manœuvre de son adversaire, en apprit
le succès, il entra dans une violente colère : Il faut donner des brides à Tavannes et à Valon ; ce sont des ânes ![37] On soupçonna bien quelque
connivence du duc de Lorraine[38]. Mieux instruits que les
contemporains, nous savons que ce rusé condottiere demandait au Roi un
sauf-conduit afin de se retirer dans son pays[39], que depuis plusieurs jours,
l'abbé Foucquet lui avait apporté, réglée par étapes, la route à suivre pour
sortir de France[40], avec les moyens de subsister. Par
contre-coup, les craintes naguère conçues par Nicolas Foucquet furent à la
veille de se réaliser. Le bruit courut que Condé furieux allait occuper
Saint-Denis et Saint-Cloud, attaquer Pontoise[41]. Jusqu'au 12 octobre, le
Parlement ne se trouva guère assuré dans cette ville mal protégée par des
troupes mal payées[42]. Mais l'instant propice à
l'audace était passé. La Grande Mademoiselle, qui se piquait de connaissance
militaire, dit le mot de la situation : il ne restait plus qu'à décamper[43]. Campant
ou décampant, on négociait toujours. En fait, Basile Foucquet se trouvait
être le négociateur en échec, puisqu'il avait échoué près de Condé. D'Aligre,
en apparence, avait mieux réussi près de Gaston. Aux heures de disgrâce, il
avait trouvé l'appui des Foucquet, qui l'avaient recueilli dans la Compagnie
des Isles[44]. Ce souvenir ne l'empêcha pas
de critiquer aigrement l'abbé. La lettre, saisie par les cavaliers d'Hollac,
avait fort décrié Basile dans le monde[45]. Quoi qu'il pût dire, d'Aligre
était inférieur à son rival dans ces intrigues dont les fils échappaient à
ses doigts trop lourds. Aux premières nouvelles de l'insuccès de son affidé,
Mazarin n'avait rien dit, attendant conseil de son collègue le temps. Autour de lui, peut-être sous sa dictée, on plaignait Basile,
on donnait à entendre que Le Tellier lui avait porté le plus de charité. A toutes fins aussi, on raillait le galantin sur l'influence
des beaux yeux de Mme de Châtillon, sur ses aspirations à la pourpre[46]. Au faire
et au prendre, on dut en revenir aux Foucquet. L'abbé reprit ses négociations
avec Condé[47]. Toutes les lettres de Goulas
passèrent par le procureur général[48]. D'Aligre en vint lui-même à
insinuer que le désaccord ne portait plus que sur des points très secondaires[49]. Considérations tardives. Ce
moment était venu, annoncé par Lamoignon à Retz, où l'opinion publique est
faite par cette espèce de gens qui ne sont ni frondeurs ni Mazarins, et qui ne veulent que le
bien de l'État, espèce de gens qui ne peut rien dans le commencement des
troubles, peut tout dans les fins[50]. Par une observation plus
directe, Nicolas Foucquet avait indiqué cet instant précis où Paris est si fatigué qu'il ne remuera plus pour quelque
cause que ce puisse être[51]. Ce
qu'avait insinué Foucquet, homme de robe longue, un homme d'épée, le seul
général au service du Roi, Turenne, le déclarait formellement. Échappé par
chance de la souricière de Villeneuve-Saint-Georges, il montra qu'il ne pouvoit avec si peu de monde couvrir la Cour d'un
costé et de l'autre se deffendre ; que, de nécessité absolue, le Roi devait se réfugier pour un
temps à Paris, qu'ensuite on n'aurait plus qu'à attaquer, sinon, qu'il plust à la Reyne de donner le commandement à
qui bon lui sembleroit[52]. Il fallut, pour décider la
Cour à profiter de la faiblesse de ses ennemis, lui faire sentir d'abord sa
propre faiblesse. Sur le conseil impérieux de Turenne, on quitta Mantes et
l'on vint loger à Saint-Germain. Dès
lors, tout se précipita. Les courants en apparence les plus opposés
confluèrent. Le
Parlement de Paris, trois fois plus nombreux que celui de Pontoise, ne se
réunissait plus que pour la forme. Il autorisa ses membres pourvus de grades
supérieurs dans la garde bourgeoise à se rendre à Saint-Germain avec leurs
collègues les colonels. Quel galimatias ! s'écriait Retz[53], révolutionnaire logique et qui
ne se rendit compte que longtemps après de l'illogisme de la Fronde. Galimatias
double. Ces colonels et officiers partent en grand uniforme, arrivent à
Saint-Germain tout échauffés de zèle royaliste. Le jeune roi, bien stylé par
de vieux ministres, leur fit un gentil compliment ; mais la Reine mère ne put
se tenir. Au défilé, elle demandait à l'un où était son écharpe rouge (celle des
Espagnols), à
l'autre son écharpe jaune (celle des Lorrains). Au président colonel Charton, elle lança ce mot
piquant : N'est-ce pas, monsieur, que c'était un grand feu que celui de l'Hôtel
de ville et qui a illuminé beaucoup de personnes[54] ? Le garde des sceaux, Molé,
lui montra son fils le colonel de Champlâtreux. Je le connois bien, répliqua-t-elle, il
est chanoine de la Sainte-Chapelle. Et de fait, Champlâtreux était chanoine[55]. Autant de propos qui eussent
fait à d'autres moments de mortelles blessures et qu'on toléra, qu'on trouva
peut-être aimables. Grand dîner. Grandes fanfares de trompettes. Nos soldats
citoyens repartent pour Paris ; mais voilà qu'à Ruel, on leur apprend qu'une
révolution a éclaté dans la ville. Les portes sont fermées ; si elles
s'ouvrent devant eux, ce ne sera que pour les attirer dans l'émeute[56]. Il serait prudent de
s'arrêter, de se replier sur Saint-Germain. Par fortune, un homme survint qui
les assura de l'inanité de ces nouvelles[57]. Se rappelant alors qu'ils
portaient l'épée au côté, nos cavaliers reprirent fièrement leur marche et
entrèrent à Paris au milieu des acclamations[58]. Ceci se
passait le 13 octobre. Le 12, Condé, ne sachant pas vaincre sa fierté,
quittait Paris[59]. Le 14, Beaufort se démettait
du gouvernement de la ville, qu'il n'avait pris, il le déclarait, qu'en l'absence
de M. de L'Hôpital[60]. Le vieux Broussel depuis
longtemps ne comptait plus, et le jeune Broussel était prêt à rendre la
Bastille, en échange d'une honnête somme d'argent[61]. Le peuple, enfin
désillusionné, se désintéressait de toutes ces querelles de gens trop
égoïstes. Seuls, restaient l'un devant l'autre Gaston, duc d'Orléans, et le
Parlement de Paris. Indécis et pusillanime chez lui, le fils de Henri IV ne
pouvait en public se défendre de certaines velléités de courage. Il déclara
au Parlement qu'il craignait la venue du Roi, non pour lui, mais pour la
compagnie, qu'il ne séparerait pas sa cause de la sienne, et ne serait
content qu'elle ne le fût aussi[62]. Condoléances reçues comme elles
étaient présentées, sans conviction. On savait par un avis que le président
et le procureur général, du Parlement de Pontoise étaient venus à
Saint-Germain ; qu'ils en avaient rapporté l'ordre de se rendre au Louvre,
pour le lundi 21 octobre. D'après les termes précis de cette lettre, escrite par un homme du mestier, la Cour a de très
manifestes desseins contre le véritable corps du Parlement[63]. La
vérité, c'est que le projet de Foucquet était définitivement accepté ;
seulement, comme toujours, l'esprit de parti prenait tout du mauvais côté. En
réalité, renonçant à l'idée de contraindre les rebelles à venir s'humilier à
Pontoise, on leur épargnait la moitié du chemin. Certes,
Foucquet sacrifiait alors au bien de la paix son intérêt particulier, ses
sentiments intimes. Il avait dû emmener dans cette sorte d'exil sa jeune femme
enceinte. C'est au milieu de tant de tribulations, d'inquiétudes, de périls,
qu'un fils lui était né. Un fils ! Pour comprendre toute la valeur de ce mot,
il faut se reporter à cette époque de tradition et de famille[64]. Pour les Foucquet, c'était
l'avenir assuré à leur nom déjà honoré, bientôt illustre, assuré à leur
domaine de Vaux, déjà agrandi et qu'on arrondirait encore. Un héritier était
né à la vicomté de Melun[65]. La
politique ne laissait pas de trêve à cet homme plus heureux en apparence
qu'en réalité. Comme elle lui avait pris son lendemain de noces, elle
l'entraîna loin du berceau du petit François, ainsi nommé en souvenir de
l'aïeul, frêle objet de tant d'espérances et de tant d'ambition surexcitée. Le
Parlement partit de Pontoise pour arriver le 21 à Paris, où rendez-vous était
pris avec le Roi. Peu s'en fallut que la jonction ne s'opérât pas. Sans
l'intervention de Turenne, de vaines terreurs auraient arrêté la marche de
l'armée royale. On craignait un coup de désespoir de Monsieur, alors tout tremblant
au Luxembourg[66]. Enfin, la Cour rassurée reprit
sa marche, parut aux portes de la ville, les fit occuper solidement par les
gardes, et la joie de ce peuple mobile était si grande, qu'il ne songea pas à
cette violation de ses antiques privilèges. Il
faudra, avait dit
Foucquet, faire occuper par les gardes une
porte ou deux et ne les plus quitter. C'était fait. La
Fronde avait commencé au sein du Parlement. C'est là qu'à bout de forces elle
revint au Bite pour mourir. Condé, plus ou moins content de lui-même dans son
for intérieur, avait pu se retirer avec ses troupes. D'hésitations en
hésitations, Monsieur s'exilait à Limours et à Blois. Cent soixante membres
d'une Cour de justice ne peuvent aussi aisément prendre leur parti de la
retraite ou de l'exil. Le 21, ils reçurent individuellement des lettres leur
enjoignant de se rendre au Louvre. Le Roi ne venait plus à eux, il leur
commandait de se présenter chez lui. Présage inquiétant, plusieurs
conseillers ne recevaient pas d'ordres. Quand on vint chercher le dais royal,
ornement de la Grand'Chambre aux jours de tenue des lits de justice, on
commença par le refuser, puis on le livra, mais contre reçu en due forme. Au
fond, on hésita encore plus, pour finir également par décider qu'on irait au
Louvre. La grande
galerie des tableaux, aujourd'hui connue sous le nom de galerie d'Apollon,
avait été rapidement aménagée. On y voyait les portraits des rois, de leurs
ministres, même de leurs favoris. Les magistrats, en robe rouge, y prirent
place comme aux séances des Chambres assemblées. Molé présidait. Foucquet
apporta la déclaration d'amnistie, celle-là même qui avait été publiée à
Pontoise. Il lut ses conclusions, sans les accompagner d'aucun discours[67]. Omer Talon malade, Bignon,
trop compromis et resté aux eaux, ne parurent pas. Tout,
d'abord, marcha comme à souhait. Les douze premiers opinants conclurent à la
vérification pure et simple de la déclaration. Puis, quelques-uns, plus
royalistes que le Roi, voulurent excepter les insurrections du 21 juin et du
4 juillet, les attaques contre le Parlement et l'incendie de l'Hôtel de
ville. Par contre, Camus-Pontcarré trouva la déclaration trop générale ;
selon lui, le Roi devrait casser les seuls arrêts intervenus depuis les mouvements.
C'était, d'une manière indirecte, maintenir ceux qui avaient été rendus
contre Mazarin. L'avis de Camus-Pontcarré resta isolé. Mais d'autres
trouvèrent trop court le délai imposé aux princes pour se soumettre ; presque
tous réclamèrent en faveur des collègues exceptés de l'amnistie. Cette
exception détermina même un retour si offensif de la majorité que les
conclusions de Foucquet furent repoussées. On ne relut même pas un amendement
favorable au Cardinal. La Fronde semblait renaître. Le chancelier Molé et le
garde des sceaux Séguier promirent d'intervenir près du Gouvernement en
faveur des princes et des bannis. C'est grâce à cet expédient que la
déclaration fut enfin adoptée. Dernières
velléités de résistance qui tombèrent pendant le court instant qui sépara
cette séance particulière de la tenue solennelle du lit de justice. Le
jeune roi Louis XIV entra fièrement, suivi du duc de Guise, du duc d'Uzès,
des maréchaux de L'Hôpital et de Villeroy, des conseillers d'État, des
maîtres des requêtes. Le chancelier Séguier changea de ton, parla de la
misère des peuples désobéissants, de la bonté du souverain, de la belle
conduite de la Reine. Molé renchérit sur Séguier, en moins de paroles, mais
plus véhémentes. On lut ensuite la déclaration d'amnistie, celle de
rétablissement du Parlement à Paris, toutes deux déjà connues et acceptées ;
enfin, une déclaration inédite et qui contenait trois chefs. Par le premier,
on exilait de Paris les ducs de Beaufort et de Rohan, les présidents Viole et
de Thou, six conseillers, le vieux Broussel en tête, avec Portail, le
vainqueur de la Bastille, avec Bitault, le pourchasseur de Mazarin, avec
Foucquet-Croissy, l'agent de Condé. Le deuxième chef, assez insignifiant,
interdisait toutes relations avec les princes étrangers ; il n'était qu'une confirmation
des anciennes ordonnances. Du troisième, au contraire, devait dater un nouvel
ordre de choses. Défense était faite au Parlement de s'entremettre des
affaires générales de l'État, soit en politique, soit en finances ; de
prononcer aucun arrêt contre les personnes chargées du gouvernement[68]. C'est
alors que Foucquet prit la parole. Il commença par louer le jeune roi de ce
qu'il voulait régner, non par la rigueur, mais par la clémence, vertu
maîtresse des grands princes. Dieu, semblait-il, après l'avoir donné par
miracle à la France, avait voulu l'exercer dans son bas âge aux affaires les
plus épineuses en lui montrant dès ses premières années tout ce qui peut
arriver de glorieux et de fâcheux dans un État ; d'abord, des succès signalés
contre les ennemis, ensuite le malheureux effet des divisions. Le navire (l'image
n'était pas encore usée),
un instant compromis, avait été redressé par le sage et prudent conseil de la
Reine. Puis, entrant dans le vif du sujet : Comme
son Parlement estoit la première et la plus considérable colonne de son
Estat, lorsqu'il l'a veu dans l'oppression, sans liberté, opprimé par les
violences des fâcheux, le Roi, comme un bon père, qui a soin de ses enfans et
de ses bons serviteurs, les a retirés du lieu où ils souffroient persécution.
Très prudemment, à l'exemple de ses prédécesseurs, il a transféré à Pontoise
son Parlement de Paris, par l'autorité duquel il a rétabli sa propre
autorité, à ce point que les peuples ont fait entendre qu'ils ne pouvoient
plus vivre sans la présence de leur monarque et des juges légitimes[69]. Ce discours fut jugé grand et
beau par les Pontoisiens. Denis Talon le trouva assez sensé, mais peu
élégant. Une dernière tentative de résistance. Le chancelier ayant pris les voix,
la Cour persista, quant à l'amnistie, dans ses observations arrêtées avant
l'entrée du Roi et demanda le retrait de la déclaration dernière excluant le
Parlement de toute participation aux affaires d'administration et de
finances. Séguier, pour la forme, se retourna vers Louis impassible, puis,
ayant repris sa place, prononça l'arrêt d'enregistrement des quatre
déclarations et leva la séance. Il dit en particulier que le Roi communiquerait
à son conseil les vœux émis au sujet de la quatrième déclaration[70]. Eau bénite de Cour ! Comme
corps politique, le Parlement de Paris n'existait plus, et Nicolas Foucquet
avait été l'exécuteur volontaire et passionné des hautes œuvres de Richelieu
et de Mazarin. Il passait ainsi au premier plan. Signe indubitable de son
succès, il avait déjà des jaloux. On s'étonna de ce que le procureur général,
ayant à vivre dans le Parlement, lui eût fait cette insulte. Le Tellier dit
tout bas à Denis Talon que cela constituait un manque de prudence ; qu'en
effet, pendant les négociations, on avait surtout demandé que ni Molé ni
Séguier ne prissent à partie dans leurs discours les conseillers restés à
Paris. Foucquet, qui étoit de la compagnie,
le devoit d'autant moins faire. Quel éclair, quelle lueur sinistre projetée sur l'avenir que
cette insinuation ! Elle a pour pendant cette autre réflexion que Denis Talon
consignait le jour même sur le registre de son père : Quoi que l'on ait dit, je ne puis être convaincu que M. le
procureur général, qui est un des plus déliés de la Cour, ait fait une action
de cette nature sans un ordre précis de ceux qui gouvernent[71]. De l'aveu général, le succès de la journée revenait à Nicolas Foucquet. Il triomphait modestement ; mais, on l'a vu, tout succès éveille l'envie. L'envie trouvera comme auxiliaire la rancune. De même que François Foucquet le père avait fait son chemin par les commissions de justice, Nicolas montait à la fortune en luttant contre le Parlement, en annulant le pouvoir politique et financier de cette compagnie, dont, à l'heure de l'épreuve, il réclamera vainement le secours. |
[1]
Il avait, vers septembre 1651, obtenu une abbaye que désirait le frère du
prince de Tarente. V. Mémoires de la Trémoille, p. 67. En 1652, il fut
nommé abbé de Barbeaux. Gallia christiana, t. XII, p. 240.
[2]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 368.
[3]
LENET, Mémoires,
p. 575.
[4]
LENET, Mémoires,
p. 578. Cf. Mémoires de Mademoiselle : Monsieur
avoit vu l'abbé Foucquet une fois à Lusembourg, à ce qu'on disoit, et M. le
Prince prétendoit que c'étoit sans sa participation. Monsieur disoit de son
côté que M. le Prince en avoit fait de même. T. II, p. 173.
[5]
Il l'avait vu quatre ou cinq fois. CONRART, Mémoires, p. 601. Mr
Foucquet est party auprès de Mr le Prince pour les négociations. M. du
Mas à Mazarin, 23 septembre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 205.
[6]
Le document publié dans la collection Monmerqué, sous le titre de Mémoires
du P. Berthod, n'est, à proprement parler, que le compte rendu de cette
menée contre-frondeuse. L'abbé Foucquet n'y est mème pas nommé. Affaire de
concurrence. Il était pourtant au Palais-Royal, témoin sa Correspondance
et les Mémoires de La Porte, p. 294.
[7]
V. Mémoires de RETZ,
t. IV, p. 379 ; de LENET,
p. 575 ; de BERTHOD,
p. 586. Suite et conclusion du Journal du Parlement, p. 176. LA PORTE, Mémoires,
p. 294 ; Mlle DE MONTPENSIER,
Mémoires, t. II, p. 179 ; LORET, Muze historique, t. I, p. 290.
[8]
Mlle DE MONTPENSIER,
Mémoires, t. II, p. 179.
[9]
M. CHÉRUEL, Mémoire
sur Foucquet, t. I, p. 167, donne, au lieu du nom de Mazarin, celui de Le
Tellier comme destinataire. Nous suivons l'indication d'un texte inédit qui
doit faire foi : Mémoire d'un gentilhomme de M. de Mercœur à Mazarin, 27
septembre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 270. On remarquera la mention de
la présence de La Rochefoucauld à la séance. Dans une lettre de Gourville à
Lenet on équivoque à ce sujet. V. Œuvres de La Rochefoucauld, édition
des Grands Écrivains, t. III, p. 99. La vérité finit par se faire jour.
[10]
V. MADEMOISELLE,
Mémoires, t. II, p. 173 ; LENET, Mémoires, p. 579. Lettre de Gourville à Lenet, en
date du 19 septembre. V. encore une lettre de La Rochefoucauld adressée à Lenet
: Œuvres, t. III, p. 104.
[11]
Le lendemain 25, ii y eust une grande querelle entre
Son Altesse Royale et Mgr le Prince, celuy-ci prétendant qu'on le vouloit
abandonner... ils se feirent beaucoup de
reproches, Son Altesse Royale disant qu'il l'avoit vu régner dans Paris et que
sans sa considération il n'eust osé y venir... M.
le Prince, au contraire, que sans son appuy, il y a longtemps qu'il seroit icy
(à Compiègne). Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 270.
[12]
Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 270.
[13]
Bibl. nat., ms. fr., 23202.
[14]
Bibl. nat., ms. fr., 23202.
[15]
DUBUISSON-AUBERAY, Journal,
t. II, p. 293.
[16]
Je ne sçais si vous n'avez point de nouvelles de mon
frère. J'en suis en peine, pour ce qu'on me mande icy qu'un homme avec trois
chevaux, ayant passeport, a été volé et démonté. Lettre à Le Tellier, du
26 septembre 1652. Bibl. nat., 6890, f° 220.
[17]
N. Foucquet à Le Tellier. Lettre sans date, mais écrite avant le 1er octobre.
Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 276.
[18]
Ledit sr abbé Foucquet a rapporté à la Royne qu'il luy
semble que madame de Chastillon lui a dict qu'on pourra accommoder l'article
passé et les fortifications de Taillebourg pour quelque argent. Bibl.
nat., f. fr., 6890, f° 270 et suiv. Mémoire du 27 septembre 1652.
[19]
Lettre de B. Foucquet, écrite de Pontoise à Mazarin, le 6 octobre 1652. Bibl.
nat., ms. fr., 6891, f° 69.
[20]
Je ne suis pas estonné de ce que Sa Majesté a désiré
la démolition des fortifications de Mouron, d'authant qu'on lui a tant dict de
fois qu'il les falloir raser, que c'étoit le salut de quatre provinces...
Peut-estre que si j'avois des terres en Berry,
j'aurois esté de ce sentiment-là, et à mon sens rien n'a fait si fort appuyer
la démolition des fortifications de cette place que cet intérêt-là.
Lettre du 6 octobre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6891, f° 69.
[21]
Mémoire du 27 septembre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 270.
[22]
Lettre du 6 octobre 1652, citée plus haut.
[23]
Lettre du 6 octobre. Bibl. nat., ms. fr., 6891, f° 69.
[24]
Cf. lettre de N. Foucquet à Mazarin, citée plus haut.
[25]
Lettre du 6 octobre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6891, f° 69.
[26]
Lettre de Mazarin à Le Tellier, Bouillon, 4 octobre 1652. Bibl. nat., ms. fr.,
6891, f° 28.
[27]
Lettre de Mazarin à Le Tellier du 4 octobre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6891, f°
28. Mazarin se réservait toujours une porte de sortie. Et
je suis en mon particulier, écrivait-il un peu plus loin, si
fort persuadé de ce que dessus, que je croy que, si M. le Prince se
dispose à l'accommodement, il préféreroit à tout autre party une suspension
d'armes pour traicter de la paix généralle, sans demander à présent aucune
chose pour Inv ny pour ses amys, se réservant à ajuster luy-mesme avec les
ministres du Roy son traicté particulier, lorsqu'il verroit le traicté général
prest à conclure.
[28]
Lettre du 6 octobre 1652, déjà citée.
[29]
V. CHÉRUEL, Mémoire
sur N. Foucquet, t. I, p. 184.
[30]
CHÉRUEL, Mémoire
sur N. Foucquet, t. I, p. 187.
[31]
Mémoire à Mazarin, 6 octobre 1652, déjà cité.
[32]
Lettre de Mazarin à Le Tellier, 4 octobre 1652, déjà citée : Mme de Châtillon. que l'on publie
fort intéressée, est trop bien traitée de Fuensaldagne pour conseiller à M. le
Prince de leur (sic) manquer de parole.
[33]
La Rochefoucauld, dans ses Mémoires, fort peu exacts quant aux dates,
très intéressants quant aux appréciations, a bien exposé cette situation. Cf. Œuvres,
t. II, p. 387. Je veux donner au moins une preuve de l'inexactitude que
j'allègue : Dans le temps que M. de Chavigny mourut à Paris, le duc de Bouillon mourut à Pontoise.... Bouillon mourut
le 9 août 1652, et Chavigny le 11 septembre. On a vu quels événements s'étaient
précipités entre ces deux dates.
[34]
A quoy elle est résolue de ne rien adjouxter ni
changer, et... en cas que M. le Prince ne s'en contente pas, il importe au Roy de
sçavoir promptement la résolution de Son Altesse Royale. Sa Majesté désire en
estre esclaircie dans lundv au soir. Mémoire du 4 octobre 1652 envoyé à
d'Aligre. Bibl. nat., ms. fr., 6891, f° 28. Le 4 octobre tombait un samedi. Le
lundi suivant correspondait au 6 octobre.
[35]
Lettre de Mazarin à Foucquet. CHÉRUEL, Mémoire sur Foucquet, t. I, p. 195.
[36]
Lettre de Mazarin à Le Tellier. Bibl. nat., ms. fr., 6891, f° 28. Cf. Mémoires
du duc d'Yorck, p. XLV.
[37]
Mlle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. II, p. 189.
[38]
Correspondance Amelot, citée par Cousin, Mme de Longueville pendant
la Fronde.
[39]
Mme la princesse de Guéménée a dit qu'il désiroit
faire une trêve de deux jours pendant laquelle il se retireroit sur la
frontière. Lettre de M. de Feyrou à Mazarin, Pontoise, 1er octobre 1852.
Bibl. nat., ms. fr., 6891, f° 8.
[40]
Correspondance Amelot, loc. cit.
[41]
D'Aligre à Le Tellier, 8 octobre 1652, annonce que les princes ont le dessein
de s'emparer de Saint-Denis et de Saint—Cloud pour s'opposer au retour du Roi ;
il serait expédient de conserver ces deux villes. Bibl. nat., ms. fr., 6891, f°
103.
[42]
Correspondance Amelot, à la date du 6 et du 8 octobre 1652. Mme de
Longueville pendant la Fronde, append., p. 439.
[43]
Mlle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. II, p. 189.
[44]
V. Défenses, t. XI, p. 80.
[45]
Lettre de M. d'Aligre à Le Tellier, Paris, 11 octobre 1852. Bibl. net., ms.
fr., 6891, f° 124.
[46]
CHÉRUEL, Mémoire
sur N. Foucquet, t. I, p. 182, 190, 199.
[47]
Lettre de N. Foucquet à Mazarin, Pontoise, 6 octobre 1852. Bibl. nat., ma. fr.,
8891, f° 69.
[48]
Lettre de Foucquet à Le Tellier, 12 octobre 1852. Bili. nat., ms. fr., 6891, f°
138.
[49]
Lettre de M. d'Aligre à Le Tellier, 7 octobre 185i. Bibl. rut., ms. tr., 8891,
f° 85.
[50]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 312.
[51]
Lettre de N. Foucquet à Mazarin, ci-dessus citée.
[52]
Correspondance Amelot, citée par Cousis, Mme de Longueville pendant
la Fronde, p. 444. Cf. Mémoires de Turenne, liv. II, p. XCVII, édit. 1735, et Mémoires
d'Yorck, p. XLV,
ibid. Voilà un de ces cas trop rares où les Mémoires et les Correspondances
se prêtent un mutuel secours.
[53]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 388.
[54]
Littéralement : Si (ainsi), monsieur,
que c'estoit un grand feu, etc.
[55]
Correspondance Amelot, loc. cit., p. 443. La Correspondance dit,
à tort, que Champlâtreux était prêtre.
[56]
AUBERY, Histoire
du cardinal Mazarin, t. III, p. 419.
[57]
MONTGLAT, Mémoires.
Dix-neuvième campagne, p. 277 ; RETZ, Mémoires, t. IV, p. 300.
[58]
AUBERY, Histoire
de Mazarin, t. III, p. 419. Cf. BERTHOD, p. 597.
[59]
Correspondance Amelot, loc. cit., p. 440 ; RETZ, Mémoires, t. IV, p. 390.
[60]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 391.
[61]
Foucquet, Lettre à Mazarin, l'avait prédit. Cf. Correspondance
Amelot, loc. cit.
[62]
Correspondance Amelot, loc. cit., p. 443.
[63]
Correspondance Amelot, loc. cit., p. 443.
[64]
SIROT, Mémoires,
t. I, ch. I.
[65]
COSSARTI, Orat.
et carmina, p. 240. In obitum Francisci Fouquet
:
Ham Isaræ ad Pontem pepigisti fœdera mecum,
Hausit ubi vitæ munera prima puer, etc.
[66]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 393, 408 ; DU
PLESSIS, Mémoires,
p. 434 ; MONTGLAT,
Mémoires, p. 278 ; Mémoires de Turenne, Histoire du vicomte de
Turenne, t. II, p. XCIX.
[67]
Cet épisode très caractéristique de la fin de la Fronde est raconté dans les Mémoires
d'O. Talon, continués par son fils Denis, p. 512, dans la Correspondance
Amelot, citée par Cousis, Mme de Longueville pendant la Fronde, p.
444, et AUBERY, Histoire
du cardinal Mazarin, t. III, p. 423.
[68]
O. TALON, Mémoires,
p. 513 ; Histoire abrégée du Parlement, p. 258 ; AUBERY, Histoire de
Mazarin, t. III, p. 426.
[69]
Journal du Parlement, ms. de la Sorbonne, à la date du 22 octobre 1652 ;
Denis TALON, Mémoires
d'O. Talon, p. 513, donne une analyse un peu différente.
[70]
Abrégé du journal du Parlement, p. 258 ; AUBERY, Histoire du cardinal Mazarin,
t. III, p. 424 et suiv.
[71]
O. TALON, Mémoires,
p. 513.