NICOLAS FOUCQUET

TROISIÈME PARTIE

 

CHAPITRE IV. — FOUCQUET FAIT DÉCIDER LA TRANSLATION DU PARLEMENT À PONTOISE.

SITUATION DE CETTE VILLE. - NOUVELLE RETRAITE DE MAZARIN. - FAUSSES NÉGOCIATIONS DU CARDINAL. - RETZ À COMPIÈGNE. - BASILE FOUCQUET À PARIS (Juillet-Septembre 1652)

 

 

Le lendemain de la longue et indécise bataille du faubourg Saint-Antoine, les chefs des deux armées éprouvèrent un égal dépit. Bien qu'il eût contraint ses adversaires à se réfugier dans Paris, Turenne, obligé à son tour de quitter les hauteurs de Charonne, avait vu la victoire lui échapper. Condé, malgré son air de vainqueur, passant en revue ses troupes épuisées et ses lamentables auxiliaires, se sentait vaincu. Le peuple, comme toujours, se déclara trahi. La canaille, à qui tout prétexte est bon, surexcitée par d'imprudentes paroles de Condé, envahit, pilla, incendia l'Hôtel de ville, attaqua, tua les échevins, les conseillers assemblés. Les honnêtes gens prirent peur[1] ; les timides s'enfuirent, tous abandonnèrent Condé et Gaston.

Mazarin comptait sur cette peur des bourgeois pour être rappelé comme un sauveur. Aussi, dès le lendemain de ces terribles et inutiles journées, les négociations ou plutôt les intrigues recommençaient de plus belle. Le Cardinal, par l'intermédiaire de l'abbé Foucquet, machinait avec Retz des combinaisons encore mal connues[2]. Condé, malgré les assurances données à sa naïve cousine[3], Mlle d'Orléans, entretenait à Saint-Denis auprès de la Cour un agent attitré[4]. Chavigny se démenait pour le duc d'Orléans, pour Condé, pour lui-même surtout. Chacun, sans bonne foi, sans vues arrêtées, comptant sur les hasards du jour ou du lendemain, échangeait des assurances mensongères et des propositions captieuses.

Tout à coup, on apprend l'entrée en France de l'armée de l'archiduc. Les Espagnols vont s'allier à Condé. Mazarin, encore une fois pris de peur, ne se sent plus en sûreté près de Paris. Il demande un asile à la ville de Rouen qui refuse. Affolé, il veut emmener le Roi à Lyon, livrant ainsi la moitié du pays à la révolte et à l'invasion.

Par bonheur, sans s'être concertés, deux hommes se rencontrèrent dans une vive opposition à cette fuite.

Turenne en montra les conséquences militaires, prouva qu'avec une poignée d'hommes et sa garde ordinaire, le Roi serait en sûreté dans Pontoise pendant que lui, Turenne, tenant la campagne, ferait tête à des ennemis moins audacieux qu'on ne croyait[5]. (12-15 juillet 1652.)

Foucquet, au même moment, insista pour une énergique résistance aux adversaires du dedans. Il se révéla non seulement serviteur fidèle, mais homme d'État de premier ordre. Sorti de Paris, quand la position était devenue intenable, retiré à Argenteuil, il rédigea à l'adresse du Cardinal deux mémoires très nets, très clairs, tranchant avec la phraséologie pédantesque du moment.

Il condamne d'abord les incertitudes de la politique ministérielle. On ménage les deux partis, sans en avoir aucun pour soi. Entre temps, la révolution gagne du terrain à Paris. Le Parlement va proclamer l'union des princes et des villes, nommer un garde des sceaux, voire même un régent, sous ce prétexte maintes fois allégué que le Roi est prisonnier de Mazarin. Il ne faut pas laisser croire an peuple qu'on l'appréhende. Que chacun sache que le Roi veut devenir le maître, et son autorité sera rétablie. En résumé, s'accommoder avec Condé en prenant des sûretés pour le retour du Cardinal, qui se résignerait alors à une seconde retraite, ou agir au plus tôt contre les révoltés. Dans cette hypothèse, comme dans l'autre, il sera bon d'annoncer l'éloignement du ministre, éloignement concédé par le Roi à l'injuste prévention du peuple. On enlèvera ainsi tout prétexte à la révolte.

En finissant, Foucquet proposait un expédient dont l'adoption sauva le pouvoir royal. Il ne faut pas douter, écrivait-il, que tous les peuples ne suivent un parti où le Parlement de Paris, le corps de ville et les princes du sang seront unis ; mais s'il établit un autre Parlement, les affaires seront bien balancées et l'autorité du Roi bien soutenue dans les provinces. Ceux de la Cour qui ont des grâces à espérer et qui se ménagent avec le Parlement pour le besoin qu'ils en ont, ne reconnoîtront plus pour Parlement que celui qui sera autorisé par le Roi, et où seront tous les présidents et le procureur général, qui sont ceux qui font le corps.

Mazarin, trop sage pour écarter un projet si sensé, était aussi trop défiant pour se résigner immédiatement à l'exécuter. Foucquet insista : En temporisant, en négociant, tout périra inévitablement. Si l'on croit que M. le Cardinal puisse demeurer et que les forces du Roi soient capables, de résister à celles des ennemis, il faut retrancher toute espérance de paix et d'accommodement... Si, au contraire, M. le Cardinal est dans le doute de pouvoir résister et qu'il ait quelque peine à se retirer, il faut, dès aujourd'hui plutôt que demain, s'accommoder avec M. le Prince, solidement, pour ce que, dans peu de jours, il ne le pourra peut-être plus ou refusera les assurances du retour de M. le Cardinal, et, les peuples devenant insolents, M. le Prince n'en sera plus le maitre. En un mot, il n'y a personne en tout le royaume, de tous ceux qui ne sont point intéressés en cette affaire, qui ne dise la même chose : Prendre une résolution certaine. Il vaut mieux qu'elle ne soit pas si bonne, pourvu qu'elle soit certaine, et que chacun sache sur quel fondement il a à travailler. En homme pratique, connaissant à fond son personnel, le procureur général indiquait les noms de tous les conseillers sur lesquels on pouvait compter. Il n'y a personne qui n'ait pouvoir sur quelqu'un. Il faut donner un fonds de six mille livres au moins pour ceux qui voudront partir.

Prendre une résolution certaine, ne fût-elle pas parfaite ! Que chacun sache sur quel fondement il peut travailler ! C'était le cri du bon sens. Jamais homme n'eut une idée plus juste. Mazarin, toutefois, cet esprit si délié dans les intrigues, si perçant dans la politique internationale, ne savait pas encore prendre son parti ; il restait à Saint-Denis, immobile devant le lit où agonisait, blessé au combat de la porte Saint-Antoine, son neveu Mancini, celui qui aurait dû porter dans l'avenir le nom et la fortune de sa famille. Le 17 juillet, cependant, sous peine de rendre à jamais invincible l'opposition du Parlement et de Condé, il fallut quitter cette ville neutre, le Cardinal et le Roi dans le même carrosse, suivis par la litière où gisait ce mourant, qui expira le lendemain[6].

Le trouble du ministre était si grand qu'il oublia une députation du Parlement, qui attendait dans l'abbaye sa réponse définitive. Foucquet avait pourtant bien recommandé qu'on ne laissât pas ces magistrats retourner à Paris, les deux présidents surtout[7], ceux qu'il considérait comme formant le corps. Mathieu Molé leur transmit le désir du Roi qu'ils le suivissent à Pontoise. Ils s'excusèrent ; ils n'avaient point de chevaux ; tout leur manquait pour ce voyage. La vérité, c'est qu'on les avait blessés en affectant de ne les pas considérer[8]. Tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était d'attendre jusqu'au jeudi suivant la réponse du Roi sur l'éloignement effectif du Cardinal.

Le garde des sceaux était à peine parti que Condé se présentait (17 juillet, l'après-midi) pour remmener les conseillers à Paris. Ces gens étaient si peu frondeurs qu'ils s'obstinèrent à rester. Une lettre de cachet leur commande de se rendre à Pontoise, où le Roi veut leur faire certaines communications de vive voix[9]. Alors ils prennent peur, demandent à Condé une escorte pour rentrer dans Paris près de leurs confrères. On leur envoie une petite année[10]. Le retour fut triomphal. Trois mille bourgeois, tambour battant, enseignes déployées, marchaient devant. Suivaient la cavalerie, Condé, Beaufort, Nemours en tête, trompettes et timbales sonnantes. Au milieu, les carrosses, M. le duc d'Orléans et les deux présidents dans le premier. Tout Paris se pressait sur leur passage. Cette pompe n'avait d'autre objet que d'exagérer l'importance du Parlement, en vue de décisions à lui faire prendre. Dès le lendemain, on vit toutes les prévisions de Nicolas Foucquet réalisées à la lettre : le Roi déclaré prisonnier du Cardinal ; Gaston, proclamé lieutenant général du royaume ; Condé, nommé commandant des armées. Le Parlement avait mis à prix la tête de Mazarin. On vota les fonds nécessaires à l'exécution de cet arrêt.

Cependant, le Cardinal ne se décidait pas à partir. Le conseil du Roi annula les résolutions prises par le Parlement et les assemblées à l'Hôtel de ville. Depuis longtemps on ne s'arrêtait plus à ces vaines protestations d'un gouvernement sans pouvoir et sans courage. Toutes choses demeuroient dans une espèce de léthargie[11]. Les soldats des deux partis avaient cessé d'entreprendre les uns sur les autres, uniquement appliqués à faucher et à récolter des orges et des blés non semés par eux. A Paris, les princes se querellaient, se battaient en duel. A Pontoise, le Roi n'osait sortir de l'enceinte de la ville, pleine de réfugiés. Les curés de la vallée de Montmorency avaient dû fuir devant la barbarie des troupes royales, et l'église de Saint-Leu-Taverny, à deux lieues de là, avait été pillée[12]. Situation intolérable.

Enfin, le 31 juillet, on se décida à prendre le parti indiqué par Foucquet. Le conseil du Roi rendit un arrêt transférant à Pontoise le Parlement de Paris. Encore, l'effet en fut-il suspendu pendant cinq ou six jours[13].

Le 5 août seulement, Omer Talon reçut l'ordre de se rendre auprès du Roi, pour aller ensuite à Mantes, où l'on entendait transférer le Parlement. Deux ou trois heures après, le substitut Beschefer, brave homme resté à Paris pour expédier les affaires courantes lui apportait l'arrêt envoyé par Foucquet. Talon devait le présenter au plus tôt, mais ne prendre ses conclusions que le plus. tard possible. Il demanderait l'obéissance aux volontés royales, ou du moins que la Cour présentât des remontrances[14]. C'était toujours négocier. Les lettres, dit Omer Talon, étoient longues, d'un style diffus et asiatique, mais qui expliquoit fort bien toutes choses comme elles s'étoient passées. Asiatique est là pour despotique. Quant au style diffus, ce n'était pas celui de Nicolas Foucquet, qui, depuis bientôt un mois, se consumait dans la longue attente de la réalisation de ses plans.

Les conseillers restés à Paris affectèrent d'abord une grande indignation. Ce substitut Beschefer, suppôt de Foucquet, avait maladroitement reçu ces lettres. On aurait bien voulu les renvoyer, mais on n'osait. Un habile homme imagina un expédient. On les avait bien reçues, mais non pas lues. On les déposerait au greffe pour n'en délibérer qu'après la retraite effective du Cardinal hors de France[15]. Chacun se rallia à cette proposition enfantine, sans se douter qu'on faisait le jeu des réprouvez de Pontoise[16].

Le 6 août, on fit tenir au jeune roi, dans le château de Pontoise, une sorte de lit de justice, en présence des princes, ducs, pairs, officiers de la couronne. On y lut les lettres de translation, et l'acte en fut reçu et signé par un secrétaire d'État[17]. Le lendemain, le Parlement tint séance dans l'auditoire de la ville. L'assemblée n'était pas nombreuse : dix-huit conseillers, trois conseillers d'honneur, quatre maîtres des requêtes ; mais à leur tête se trouvait le premier président Molé, deux présidents, Novion et Le Coigneux, enfin le procureur général Nicolas Foucquet.

Le plan proposé par ce dernier comportait une double alternative : entente avec Condé, ou guerre énergique contre les princes et les frondeurs. Dans les deux cas, la retraite de Mazarin était nécessaire. Il ne suffisait pas d'enlever à la révolte l'apparence de la légalité en déplaçant ou en disqualifiant les magistrats ; satisfaction devait être donnée à l'opinion publique par un second exil du ministre impopulaire.

Sans perdre de temps, dès le 8 août, Foucquet demanda au Parlement de l'entendre, et après quelques lieux communs sur le besoin de calme, de paix, etc., venant au fait, il exposa que la présence du Cardinal était le prétexte dont on se servait pour troubler le royaume ; il conclut à ce qu'on députât vers le Roi pour le prier d'avoir égard aux misères publiques et d'accorder aux très humbles instances de la compagnie l'éloignement du ministre. Un arrêt fut rendu conformément à ces conclusions.

Deux jours après, le président Novion, dans son allocution au Roi, développait le thème donné par Foucquet ; le bon médecin s'accommode à l'inquiétude, à l'humeur de ses malades. Sa Majesté cédera non par faiblesse, mais par prudence et bonté[18]. Le 12, le Roi répondait par écrit, comblant Mazarin d'éloges, consentant toutefois à son éloignement.

A Paris, on déclara que toutes ces réquisitions, remontrances, décision de renvoi n'étaient que momeries. On se répandit en plaisanteries sur les Pontoisiens. Ils siégeaient dans une grange. Que fallait-il de plus pour ces ânes[19] ? Radigue, le greffier transfuge, avait dû emprunter un bonnet crasseux à un procureur de l'endroit. Son papier était fort méchant, — et tel que l'avoit le marchand. Quant à Foucquet, il eut son paquet. Ce Foucquet se fait trop cognestre. — Il n'a que Mazarin pour maistre. — Le diable le rende confus. — Ce fut le taxeur du blocus[20].

Ni le Roi ni la Reine n'étaient épargnés par les satiriques du pont Neuf : Quand tout à Ponthoise eust disné, — Et que discours fut façonné, — Au chasteau, dedans une salle, — On vit la Majesté Royale. — A la droite estoit la maman, — Qui luy servoit de trucheman. — A gauche estoit le petit frère, — Qui d'estre cadet désespère. — Derrière la chaise du Roi — Estoit M. de Villeroy, — L'Hospital, quelque autre canaille, — Et quantité de valletaille. Au demeurant, ces gazetiers insolents ne manquaient ni de verve ni même de finesse. Ils avaient vu le dessous des cartes, témoin le discours qu'ils prêtaient à la Reine : Justifiez le Mazarin — Et puis après, avec son train, — Par un petit endroit de France, — Je chasseray Son Éminence. — Tant de discours sont superflus ; — Je ne vous en diray pas plus. — Obéyssans, vous serez sages, — Et vous aurez tous des images[21].

Les gens graves restés à Paris et qui ne plaisantaient jamais, comme l'avocat général Talon, épiloguaient de leur mieux. Était-il besoin, pour demander le renvoi du ministre, de monter une si grande machine ? On ne déplaçait un Parlement que si la puissance du Roi était contestée. C'était mettre d'honnêtes gens dans une fausse position. Quant aux jeunes conseillers des enquêtes et au vieux Broussel, qui se jetait à corps perdu dans la révolution, ils ne se contentaient pas de crier ou de geindre. Broussel proposait de rayer du tableau les renégats de Pontoise, de remplacer le procureur général, de mettre en vente les charges des absents. Tout ce qu'on put obtenir de ces radicaux, ce fut un délai de grince pour ceux qui se seraient absentés soit par terreur, soit pour prendre l'air des champs, par raison de santé[22].

Foucquet répondit par une déclaration contre les rebelles du Parlement parisien. Délibérations continuées malgré les ordres de Sa Majesté, lettres royales dédaigneusement repoussées, leurs porteurs maltraités, tous les griefs étaient relevés. Non contents d'estre dans la rébellion et félonie, ils veulent encore intimider les autres et les empêcher de demeurer fidèles. Quiconque continuera sa charge à Paris sera déclaré traître au Roi, son procès fait et parfait, suivant la rigueur des ordonnances, ses biens confisqués, ses maisons rasées, ses bois abattus, son office supprimé, le droit à la survivance ouvert. Vu la difficulté des significations aux intéressés, l'affichage de la déclaration à Pontoise était considéré comme un suffisant[23].

Cette déclaration ne parait pas avoir été imprimée. De part et d'autre, on déclamait beaucoup, avec le secret désir d'un accommodement. Le président Novion, un Pontoisien, écrivait à ses collègues de Paris que, tout moyen étant bon pour chasser le Mazarin, il pensait que, malgré la forme, on serait content de ses agissements. Foucquet lui-même, au dire d'Omer Talon, sans plus insister sur la venue de l'avocat général, le priait seulement de ne pas siéger à Paris (13 août)[24]. Les exaltés répétaient qu'on se moquait à Pontoise, que le Cardinal ne partirait pas. Il partit cependant le 18 août, à contre-cœur assurément, ayant jusqu'à la dernière heure espéré de rester, mais enfin il partit. Ce fut Foucquet qui lui procura les fonds nécessaires à son voyage, bien plus, qui lui fit donner par la Reine la promesse écrite d'un prochain rappel[25].

Les rimeurs du pont Neuf reçurent une nouvelle commande de burlesques. Dans un de ces libelles, le président Le Coigneux, allant complimenter le Roi sur son départ, avoue que le Parlement est tout en émoi. Et voulez-vous savoir pourquoy ? — C'est que nous craignons qu'en furie — Ne vienne icy Badauderie, —(Et de cela point je n'en ris) — Pour nous ramener à Paris : — Le diable seroit bien aux vaches, — Ils nous plumeroient les moustaches. Le Roi fait répondre par son garde des sceaux. Cette digne barbasse — Mettant à part toute préface, — Leur dit : N'ayez point de frayeur. — Remettez vostre petit cœur— — De crainte qu'on ne vous eschine, — Le régiment de la Marine — Dans Ponthoise demeurera — Et la mangeoire gardera.

Ainsi rassurés, les conseillers vont faire leurs adieux à Mazarin. Ha, Messieurs, que vous êtes bestes ! — Et que lourdières sont vos testes, — De me croire estre si niais — Que je m'en aille pour jamais ;... — Je suis bien aise de vous dire — Que mon départ n'est que pour rire, — Que pour attraper le Badaut — Et lui donner le soubressaut, — Quand il aura quitté les armes. — Or, sus donc, rengainez vos larmes. — Messieurs, vous me faites pitié. La suite tourne au tragique. — Les compliments finis de part et d'autre, le rougeastre vaurien — S'en va d'un burlesque maintien, — (Le diable par le cul l'empalle), — Devers la Majesté Royalle, — Pour d'elle prendre son congé : Si lors quelqu'un l'eust égorgé, — (Outre qu'il eust gagné finance), — Il eust bien obligé la France[26].

Malgré ces invectives et ces menaces, il parait que Foucquet avait vu juste. L'étoffe rouge disparue, la fureur du taureau populaire tomba. Dans le Parlement parisien, on insinua que le Roi, ayant fait le premier pas, il convenait d'aller au-devant de lui. Le 22 août, Messieurs les Princes[27] publièrent une déclaration. Satisfaits du renvoi effectif de Mazarin, ils demandaient une amnistie en bonne forme et la réunion du Parlement. A ces conditions, ils déposeraient les armes.

Voici l'instant critique où vont se décider pour un siècle et demi les destinées politiques de la France. L'opposition est représentée par quelques parlementaires, libéraux le matin, autoritaires le soir ; par un oncle du Roi, n'ayant jamais bien su ce qu'il voulait ; par un cousin du Roi, très décidé sur un champ de bataille, très incertain sur les sables mouvants des intrigues parisiennes. Autour d'eux, quelques gens habiles, beaucoup d'avides. Plus bas, cette populace qui n'a jamais permis à la liberté de s'implanter en France. Un seul homme, Retz, était vraiment doué d'un tempérament révolutionnaire, mais isolé, sans pouvoir, si ce n'est pour quelque émeute d'un jour. Les partisans de la monarchie absolue n'étaient ni beaucoup plus sûrs de leurs principes, ni beaucoup mieux commandés. Leur grand chef Mazarin avait dû se retirer à cinquante ou soixante lieues de là, c'est-à-dire à une distance de cinq ou six jours. De plus, dans son incurable défiance, le Cardinal avait tenu à diviser le peu de forces qu'il laissait derrière lui.

Ainsi, Foucquet et le Parlement étaient à Pontoise ; les trois ministres, Servies, Lionne, Le Tellier, à Compiègne, avec le Roi et sa mère. Le réseau d'un espionnage réciproque enfermait tous ces personnages à la fois soupçonneux et suspects. De chaque côté, pas ombre de bonne foi, ni de confiance, ni de dévouement, chacun cherchant à prendre un pied dans les deux camps. Deux hommes seulement tranchaient sur ce fond louche aux nuances fuyantes : à la tête de l'armée, Turenne ; à la tête du Parlement, Foucquet.

A Pontoise, les cinq ou six premiers jours furent assez durs à passer. Non comme sécurité, malgré les plaisanteries des beaux esprits de Paris, Foucquet trouvait qu'on lui laissait trop de soldats. Mais le régiment de la Marine, commandé par lord Digby, ses 400 hommes, ses 100 officiers, leurs 300 chevaux et les 200 valets foulaient les bourgeois[28]. Pas d'argent pour la solde. Les habitants nous regardent comme leurs fléaux, s'écriait Foucquet[29]. Qu'on l'autorisât à prendre dans le magasin de la ville 300 mousquets, 100 piques, 50 paires de pistolets, et il se garderait bien[30]. Ce n'est pas tout. MM. les conseillers n'étaient pas mieux payés que les troupes et montraient un grand mécontentement. Plusieurs se retiraient dans leurs maisons de campagne[31]. Point de nouveaux arrivants[32]. Seul le fils de M. de Maisons était venu, de la part des présidents restés à Paris, répéter que les officiers du Parlement devaient s'unir pour faire la paix. Comme, au fond, ses instructions contenaient maintes choses plausibles, il ne laissait pas de faire impression[33]. Foucquet, alarmé, écrivait tous les jours, et même deux fois par jour à Le Tellier, sans obtenir de réponse. Cependant, il fit si bien que la mission officieuse de M. de Maisons échoua.

Une préoccupation, surtout, hantait l'esprit du procureur général. Les ministres proposaient un édit d'amnistie et ne se décidaient pas à le publier : Si vous ne vous hâtez, leur mandait-il, l'effet en sera perdu[34]. Pour recevoir plus vite le document, il avait envoyé son laquais à Compiègne, où on lui fit perdre une demi-journée à tirer cinquante livres du surintendant. Au retour, pas de relais sur la route[35]. Enfin, le texte si attendu arrive ; mais dans quel état ! rédigé à la hâte, tronqué, incompréhensible[36].

Le 26 août au matin, Foucquet n'en porta pas moins l'édit d'amnistie à son Parlement, qui, pour être peu nombreux, n'en était pas plus maniable. On souleva mainte objection : En révoquant tous les arrêts depuis le 1er février jusqu'à présent, ceux que nous avons donnés ici, à Pontoise, même pour enregistrer les déclarations de translation, s'y trouvent compris ! Alors, que devient notre Parlement ? L'édit ne fut vérifié que par condescendance, et aussitôt la séance levée, la mauvaise humeur éclata. Six ou sept conseillers (sur quinze ou vingt, c'était beaucoup) s'attroupèrent, discutèrent, se rendirent chez M. de Novion, soi-disant malade. Ils étaient perdus, discrédités si l'on venait à savoir qu'ils avaient accepté une amnistie en de pareils termes. Casser la déclaration du 6 septembre 1651 (rentre le Cardinal, ils ne pouvaient s'y résoudre. Dès le lendemain, ils remettraient l'affaire en délibération, arrêteraient la publication de l'édit, écriraient à Paris, quitteraient Pontoise. Enfin, ils estoient un peu révoltés, jusqu'à M. Molé, ce qui est assez étonnant[37].

Prévenu par MM. Le Coigneux et Ménardeau, Foucquet convoque chez lui tous les conseillers, fait ressortir l'inconvénient d'une modification, la nécessité d'obéir au Roi. Il n'obtient rien, si ce n'est qu'on priera le ministre de réformer les termes de l'édit. D'une difficulté on tombait dans une autre. Peut-être en avait-on envoyé des copies à M. le Prince et aux autres Parlements. Comment faire ? La vérité, que Foucquet ne disait pas tout entière, c'est qu'il avait déjà envoyé le texte de l'édit à Cramoisy, imprimeur à Paris. Il eut beau discuter, ses interlocuteurs n'entendaient à rien. On peut toujours rectifier une erreur, corriger une ambiguïté.

A vous dire le vrai, écrivait Foucquet à Le Tellier, je ne crois pas que la chose puisse se refuser. Un contreprojet nouveau fut donc rédigé[38]. Il dit la mesme chose en effet, ajoutait-il ; mais comme elle est un peu plus enveloppée, elle les satisfait infiniment... En leur donnant cette satisfaction, vous n'en aurez plus la teste rompue, et je crois qu'il (en) iroit bien pour tout le reste[39].

En effet, on avait eu à Paris une lueur d'espoir. La déclaration du Roi pouvait être interprétée comme abolissant les actes des transfuges de Pontoise. Mais dès le lendemain on recevait un texte corrigé[40], et tout ce qui s'était fait par le Parlement transféré restait maintenu. De plus, Foucquet, pour éviter pareille surprise, avait désormais son imprimeur à Pontoise, Julien Courant, qualifié d'imprimeur ordinaire du Roi.

Comme toujours, ce mot d'amnistie exaspéra les violents. Point de pardon ! Tout ce que les princes ont fait mérite plutôt des récompenses ! Les émeutes du 25 juin, tous les complots, c'est dans l'hôtel du gouverneur de Paris qu'on les préparait, ce sont le coadjuteur, la Chevreuse, M. de Rhodes qui les inventaient[41]. Foucquet était trop habile pour s'arrêter à ces fanfaronnades parisiennes. Il apprend que Gaston, oncle du Roi, a demandé des passeports au gouvernement, qui a répondu à cette marque de soumission par un refus sévère et sec. Il se hâte de représenter à Le Tellier la fâcheuse conséquence de cette conduite. La lettre de Son Altesse, pleine de respect, est très habilement concertée pour impressionner le public, qui dira : Si on refuse les passeports, c'est que l'on ne veut point de paix. Il faut satisfaire l'opinion, accorder des passeports aux députés, sauf à leur fermer la bouche s'ils prétendent parler de Parlement, sauf à leur répliquer que les Parlements sont au Roy, composés de ses officiers ; enfin, à les rappeler à l'obéissance pure et simple. Foucquet prie le ministre de le renseigner sur la conduite de ces députés ; il la publiera si elle est incorrecte, afin qu'au besoin le peuple soit désabusé de leurs artifices ; mais il est important, pendant le temps de l'amnistie, de ne pas mettre le public contre soy. Foucquet tenait tellement à son idée, qu'il ne craignait pas de dire : Quand mesme la response seroit déjà faicte et que l'on auroit refusé les passeports, il seroit nécessaire de trouver un prétexte pour le réparer (sic) avant la délibération de vendredy matin à Paris[42]. C'était à ce jour que le duc d'Orléans avait fait renvoyer la délibération du Parlement sur ce qu'on devait répondre au Roi[43]. Mais Le Tellier et Servien, malgré les avis de Foucquet, refusèrent les passeports, firent savoir à Monsieur qu'il n'avait qu'à poser les armes, purement et simplement. Condé fut encore plus durement traité. On lui renvoya sa lettre toute cachetée[44].

Le 2 septembre, le Parlement de Paris délibéra. Si l'on eût cru les conseillers de la Grand'Chambre, MM. les princes auraient désarmé, puis se seraient rendus près du Roi, sans conditions ; d'autres insinuaient que le duc d'Orléans devrait renouveler sa demande de passeports. Mais le vieux Broussel déclara qu'il fallait se fortifier, se défendre contre le Mazarin, dont l'esprit régnoit et donnoit des ordres. Le lendemain, Condé prend la parole. Il ne posera les armes qu'en échange de bonnes sûretés. Qui lui rappelait ses promesses de soumission au Roi était outragé, menacé. Enfin, on vote, et, malgré tout, par soixante-dix voix, il est décidé que les princes mettront les armes bas si on leur envoie les passeports[45]. Alors, Condé, perdant son sang-froid, s'anime et s'emballe. Pas de soumission ! La déclaration du Roi devra être concertée, non seulement concertée, mais vérifiée, et non à Pontoise, où ils n'étoffent que dix ou douze, mais à Paris[46]. Foucquet ne s'était donc pas trompé. C'est sur le prétexte des passeports refusés que la résistance s'accentua. Il en avait écrit à Mazarin, qui approuva ses idées de conciliation[47]. Mais quand la réponse arriva, le mal était fait. Encore n'est-il pas sûr que Mazarin n'eût pas en même temps écrit tout le contraire à Le Tellier.

Après s'être incliné d'abord devant la volonté des ministres[48], Foucquet, quand l'événement lui eut donné raison, insista à nouveau pour qu'on enlevât tout prétexte aux frondeurs qui, plus habiles que les royalistes, n'hésitaient pas à corriger le lendemain les expressions trop vives de l'arrêt de la veille[49]. Il supplie qu'on envoie à Turenne les ordres, les indications d'étapes nécessaires pour assurer la retraite des troupes françaises et étrangères dont les princes se disent tant préoccupés[50]. Les députés de Paris vont aussi demander des passeports. Il serait impolitique de les refuser[51]. Les délais fixés dans l'édit d'amnistie sont expirés, peu importe. Le bénéfice doit en être accordé à quiconque se présentera. Au reste, Nicolas envoie son frère Basile à Paris, pour être mieux à portée de profiter des occasions[52].

De longue main, le procureur général avait préparé, entre la Cour et Gaston, un rapprochement dont Goulas, secrétaire du Prince, un peu le parent, un peu l'obligé des Foucquet, serait l'intermédiaire[53]. Mazarin, très correct, en prévint Le Tellier[54] et l'avertit en même temps que M. le Prince demandait à négocier. Le Prince n'avait-il d'autre dessein que d'empêcher le rasement de son château de Montrond ? Foucquet inclinait à le croire ; mais comme on lui écrivait que la conjecture était bonne pour traiter, il jugeait bon aussi de répondre à l'invitation (août 1652)[55]. C'est ici qu'on va voir la duplicité du Cardinal dans toute son ampleur.

La négociation était sérieuse. Chavignv, ancien rival de Mazarin, ennemi à cette heure de Retz, écrivait au maréchal Fabert : — Vous pouvez assurer Son Éminence que les choses sont plus disposées que jamais à un accommodement. L'abbé Foucquet doit voir M. Goulas. Si Son Éminence veut envoyer un pouvoir avec indication de ce qu'il demande pour lui, M. le Prince s'accordera de la bonne sorte avec Son Éminence. Et Fabert de répondre : Le Cardinal est ravi de cette idée d'une entente ; mais il ne peut ni ne doit envoyer de pouvoirs. Si l'abbé Foucquet rapporte des propositions qui puissent obliger Leurs Majestés, à Cour on fera tout le nécessaire. Il ajoute que Mazarin y écrit à cet effet[56]. Or, voici ce que Mazarin écrivait : qu'il était fort aise que les affaires passassent par les mains de M. Goulas, très homme d'honneur et extrêmement des amis de M. le procureur général ; que cette négociation secrète lui convenait beaucoup parce qu'on pouvait la désavouer, qu'il n'en seroit pas de mesme d'une députation publique, où il ne se passeroit rien que tout le monde ne sçeut. De plus, trois jours après, le même homme écrivait à Le Tellier : Ce seroit un grand coup, si l'on pouvoit porter Paris à faire quelque chose contre les Princes qui les obligeât de s'en retirer[57]. Or, c'était avec les princes que l'on suivait, de son aveu, par l'intermédiaire de Goulas, cette négociation secrète qu'on pouvait désavouer.

Mazarin ne voilait d'accommodement avec personne. En voici une nouvelle preuve.

Le clergé de Paris préparait avec plus ou moins de secret une députation au Roi[58]. Retz, pasteur de ce troupeau, se décide aussitôt à prendre les devants. Plus que jamais convaincu de l'incapacité révolutionnaire de ses partisans, il voyait le duc d'Orléans très abattu, résigné à se retirer à Blois, abandonnant Condé, le Parlement, tout le monde, plus vieux de trente ans, mais aussi faible que le jour où il avait livré Chalais au bourreau. Retz ne possédait pas l'esprit de sacrifice, et, jugeant la Fronde perdue, il résolut de tirer de sa soumission tout l'avantage possible. On ne lui avait pas encore remis la barrette, cérémonie qui consacrait son élévation au cardinalat. Du même coup, il irait la recevoir à Compiègne et ferait sa paix.

Déjà, au lendemain de l'incendie de l'Hôtel de ville, et après le départ de Mazarin, Retz avait demandé que le Roi rentra dans Paris, alarmé par les désordres de la Fronde et apaisé dans ses rancunes par l'exil du Cardinal[59]. Sa proposition, lancée à l'étourdie, avait été écartée. Cette fois, il résolut d'user de plus de précaution.

Dans cette étrange période, l'intrigue était plus puissante que la force. Il n'est donc pas étonnant d'y trouver tant de femmes mêlées, les unes par ambition, les autres par désœuvrement. Bien au-dessus de ces poupées politiques, Anne de Gonzague, princesse palatine, alliait à une réelle portée d'esprit l'attitude la plus correcte[60]. C'est à elle que Retz s'adressa.

La Princesse lui conseilla d'abord de surprendre la Cour par une prompte demande d'audience. Il ne fallait pas laisser aux gens de Compiègne le temps de consulter l'oracle, qui répondrait selon l'avis des prêtres des idoles, hommes passionnés, préférant voir le temple crouler plutôt que de laisser Retz y apporter une seule pierre. Habile et circonspecte, elle prit toutes sortes de mesures, prévint la Reine, prévint Mazarin, en somme, s'employa de son mieux pour le succès d'une négociation dont l'effet pouvait être décisif[61].

Le 4 septembre, Retz, suivant le conseil de la Palatine, envoyait à Compiègne demander des passeports pour lui et les députés de son clergé, désireux d'assurer le Roi de la continuité de leur obéissance[62]. Les ministres, sous l'impression encore toute fraîche du mauvais effet de leurs refus précédents, promirent ces passeports.

Mazarin, alors à Sedan (6 septembre), en était encore à la nouvelle des préparatifs d'une députation du clergé, marchant sans être conduit par le coadjuteur. Instinctivement, il se défiait. En apparence, elle semble estre advantageuse au service du Roy, mais elle est remplie de venin. C'est assurément un effet de la malice du cardinal de Retz, qui aura desjà basty divers machines là-dessus[63]. Qu'on le dise bien à la Reine. Même quand le Coadjuteur feroit les propositions les plus plausibles, il faudroit s'en défier ; ses présents ne sont pas moins à craindre que ceux des Grecs et de Médée. Au concours de Retz, il préférerait celui de Châteauneuf, bien meilleur Français. Mieux vaudrait traiter secrètement avec les princes par l'intermédiaire de Goulus, inthime ami du Procureur Général, et de Chavigny, qui a grande hayne contre le cardinal de Retz.

On a vu plus haut la sincérité de ce désir.

Retz était décidément la bête rouge de Mazarin. L'Italien s'étonne de ce que le Français n'ait pas parlé de venir luy-même à la Cour, pour voir s'il y auroit lieu de faire quelque intrigue. C'est sans doute sa mauvaise conscience qui l'arrête, tant il a de choses à se reprocher, même depuis la grâce que Sa Majesté lui a faite du cardinalat. Il n'est pas sûr — ce passage contient une insinuation inquiétante — que le Roi ne puisse prendre des résolutions qui ne fussent pas à son advantage. Cependant, à la fin de la lettre, l'esprit politique prévaut sur la rancune. Ce serait un grand coup si Retz soulevait Paris contre les princes et les obligeait à se retirer ! Le Roi pourrait alors y aller lorsque Beaufort et Retz en seraient expulsés à leur tour et quand on aurait châtié quelques-uns des plus meschans du Parlement[64]. Le même jour, le ministre exilé écrivait en ce sens à Nicolas Foucquet[65]. C'est dans ces dispositions que le trouvèrent les lettres de la Palatine, lui, demandant de consentir au voyage du coadjuteur à Compiègne[66].

Quelles raisons fit valoir l'adroite princesse ? on l'ignore, mais elle réussit, puisque la Reine, après avoir fait attendre trois ou quatre jours les passeports promis, se décida à les donner vers le 8 septembre, en y ajoutant même beaucoup d'honnétetés[67].

Le procureur général, toujours bien informé, avait appris de très bonne heure ces projets de voyage politique. Dès le 3 septembre, il en avertissait Le Tellier, discrètement, sans se prononcer : On me mande que M. le Cardinal de Retz a dessein d'aller à la Cour ; vous le sçavez mieux que moi[68]. Le Tellier ne répondait pas[69]. Silence plus étonnant ! Foucquet restait sans nouvelles de son frère Basile. Il savait toutefois, par tierce personne, que la négociation avec Goulas n'était pas terminée. A Paris, on croyait Basile retourné à Pontoise, où cependant on ne l'avait pas vu : Il aura voulu, pensait-il, aller communiquer certaines propositions au patron, ne plaignant pas la peine d'un voyage. S'il en eust un peu mieux usé, ajoutait Nicolas, il m'en auroit fait part, puisque c'estoit moi qui l'avois prié d'y aller. Au retour, il dira ou écrira ses raisons[70].

Conjecture parfaitement fondée. Basile, jeune, ardent, passionné, ne tenait pas en place. A l'annonce du projet de Retz, il s'était emporté. On n'avait nul besoin du coadjuteur. Avec les intelligences qu'il possédait, lui, dans Paris, on y ramènerait le Roi sans contracter d'obligations envers un adversaire[71]. Et aussitôt, en route pour Sedan, où il parvint avant le 8 septembre[72].

Cependant, Retz partait le 9 pour Compiègne. Tout le clergé, toute la bonne bourgeoisie l'accompagnaient de leurs vœux[73]. Symptôme non moins significatif, à sa sortie de Paris, la canaille cria : Au Mazarin ![74]

Évidemment, on n'aplanissait pas les voies devant lui. Arrivé à la Cour, on ne le reçut qu'en audience publique. Malgré tout, cet homme, à l'âme la moins ecclésiastique qui fut jamais, emporté cette fois par l'Esprit, parla en grand évêque et en bon citoyen (11 septembre). Peine perdue, les sceptiques du conseil sourirent comme à une comédie. Le lendemain cependant, il obtenait de la Reine un entretien particulier. Mais à peine commençait-il à lui expliquer son plan de restauration de l'autorité royale qu'on gratta à la porte du cabinet. C'était Ondedeï, l'agent de Mazarin, demandant la Reine pour affaire urgente[75]. Quand Anne revint, ses dispositions étaient retournées, et la négociation perdait toutes chances de succès.

Retz soupçonna dès lors et apprit plus tard qu'à cette heure même on avait reçu des dépêches de Mazarin. En effet, Basile Foucquet n'avait guère posé à Sedan, et il en était reparti avec une lettre à l'italienne. J'ai vu les deux billets qui parlent de M. de Chasteauneuf et des affaires de Paris ; mais, depuis, M. l'abbé Foucquet est arrivé ici, lequel j'ay entretenu au long sur toutes ces matières-là ; je me remets entièrement à ce qu'il vous en portera luy-mesme. J'ay veu aussy ce que vous me mandez touchant le voyage de M. le cardinal de Retz à la Cour, sur quoy je n'ay rien à dire, sinon qu'il n'y a point de mal d'être alerte, et que je vous prie d'avoir esgard à tout ce que j'ay escrit là-dessus[76].

C'est ainsi que le 11, à l'heure du dîner, on avait vu arriver à Compiègne, en pourpoint de toile, l'épée au côté, botté et tout poudreux, l'abbé Foucquet. Son frère avait bien raison de dire qu'il ne plaignait pas la peine d'un voyage.

Après quelques entrevues, simple échange de politesses, Retz renonça à ses espérances. Avant de repartir, il entendit l'écho des plaisanteries d'un ennemi qu'il affectait de dédaigner, mais dont il ne pouvait méconnaître l'acharnement. C'était Basile Foucquet, son rival auprès de Mlle de Chevreuse[77], qui, n'ayant pu l'empêcher d'arriver à Compiègne, l'y avait poursuivi. Ainsi avorta ce second essai d'arrangement, où toute la difficulté vint du côté où l'on n'en devait pas attendre. Cette tentative pourtant répondait si bien au désir populaire, que la cause royale, malgré l'imprudence des ministres, en recueillit un immense avantage. Quand Retz, éconduit, mystifié, rentra dans Paris, le peuple, qui ne s'arrête pas aux finesses de la politique, lui fit une ovation, aux cris de : Vive le Roi ![78] Son discours de Compiègne était si franchement monarchique que les frondeurs le falsifièrent, pendant qu'au contraire la Cour fit imprimer et répandre le vrai texte à milliers d'exemplaires[79]. On n'avait pas, jusque-là, porté plus rude coup à l'esprit de rébellion.

Si Basile Foucquet, jeune, jouant au séducteur, rival de Retz, se réjouissait de l'échec de la négociation et voulait la lutte à mort, son frère, le procureur général, ne partageait pas cette aveugle colère contre le coadjuteur. Il avait des vues plus lointaines et un plan de pacification très différent de celui que Mazarin ne révélait d'ailleurs à personne.

Le Cardinal, si longtemps opposé à l'emploi d'une fraction du Parlement comme moyen d'action contre la Fronde, en exagérait maintenant la valeur. Il faut que lui (Nicolas Foucquet) et les autres du Parlement portent les choses hautement et avec plus de vigueur que jamais. Ils ne sont pas assez nombreux. Qu'ils fassent venir des maîtres des requêtes. Qu'ils agissent[80] !

Foucquet ne cessait pourtant pas de requérir, de provoquer des arrêts, de les imprimer. Il cherchait tous les moyens d'affirmer l'existence et la vie de son petit Parlement[81]. Beaufort et Nemours s'étant battus en duel, il cita le premier qui ne vint pas, mais n'en fut pas moins condamné à mort, conformément à la rigueur des ordonnances[82]. Il ne pouvait inventer des conseillers. Une trentaine de membres tout au plus composaient la Cour, corps purement politique et qui cherchait vainement quelques causes civiles à juger. Nicolas proposa bien d'interdire tous les procureurs, huissiers, greffiers, notaires, sergents, commissaires du Parlement et du Châtelet, les gens de la connétablie et de l'amirauté qui ne se rendraient pas à Pontoise, de mettre leurs charges en vente. Voilà, disait-il, qui agréera à M. le surintendant des finances. C'était une mesure grosse de périls et qui sentait la confiscation. Aussi Foucquet recommandait-il de ne pas dire que l'idée venait de lui, étant obligé de vivre avec ces gens-là[83]. En lui se révélait un fonds d'esprit fiscal : Je crains d'avoir oublié qu'une des principales considérations à l'égard de Mademoiselle (la fille du duc d'Orléans) est qu'elle a de grands biens, qu'il est aysé de mettre en la main du Roy, en cas que les affaires ne s'accomodent pas.

En réalité, ces accès de passion duraient peu. Foucquet, écarté des intrigues, environné d'hommes plus disposés aux tempéraments qu'aux coups de force, se rendait compte de la situation. Il avait fait la guerre. La situation des armées, la jonction des troupes de Condé avec celles de Lorraine le préoccupaient[84]. On disait bien que Turenne, malgré l'infériorité du nombre, était si admirablement retranché à Villeneuve-Saint-Georges que vingt mille hommes ne pourraient le forcer[85]. En fait, Turenne était assiégé dans ses retranchements.

Heureusement pour la cause royale qu'à Paris on était tourmenté par d'autres inquiétudes. Le soir même de son retour de Compiègne, le cardinal de Retz était allé au Luxembourg. A la nouvelle de son échec, Gaston tomba de son haut : Il faut que la Cour ait dans Paris des intelligences que nous ne connaissons pas. Agirait-elle de la sorte si elle ne sentait ses forces ? On allait venir l'étrangler dans Paris. Condé le trahissait. Chavigny avait traité en sous-main avec l'abbé Foucquet[86]. Retz s'efforça de rendre un peu de calme à ce prince affolé, de lui démontrer que la hauteur de la Cour venait moins du sentiment de ses forces que de la confusion où l'absence du Cardinal et la multitude de ses agents la jetaient deux ou trois fois par jour. Il rédigea même un plan de conduite, dans un mémoire[87] aussi admirable que son sermon. Comme conséquence, Monsieur dépêcha (14 septembre) à Compiègne deux nouveaux négociateurs, Rolin et Joyeuse, ce dernier, gentilhomme du duc de Lorraine, tous les deux assez petits personnages pour que leur taille n'inquiétât personne[88]. Ils se croisèrent avec Basile Foucquet, qui reprenait par ordre la route de Paris[89].

On voit qu'en ce temps-là, sans chemins de fer, sans télégraphes, sans téléphones, on ne s'agitait guère moins qu'aujourd'hui. Ces belles inventions ne paraissent pas d'ailleurs avoir ajouté à la bonne foi de nos modernes politiciens.

 

 

 



[1] MONTGLAT, Mémoires. Dix-huitième campagne, p. 272.

[2] Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 8 juillet 1852, déjà citée par CHÉRUEL, Mémoire sur Foucquet, t. I, p. 125. Conf. Lettres, t. V, p. 136.

[3] Mlle DE MONTPENSIER, Mémoires, t. II, p. 111.

[4] V. Registres de l'Hôtel de ville pendant la Fronde, t III, p. 430.

[5] Les Mémoires d'Yorck, p. XXXIII, indiquent la date du 15 juillet, mais seulement approximativement, vers le 15 juillet. Les Mémoires de Turenne ne donnent pas de date, mais portent : le jour qu'on reçut cette nouvelle (de l'invasion). Le Registre des choses mémorables de l'abbaye de Saint-Denis, publié à la suite des Registres de l'Hôtel de ville pendant la Fronde, t. III, p. 313 et suiv., document inestimable, nous apprend qu'on reçut cette nouvelle le 12. Il nous a paru utile d'élucider cette question de chronologie. C'est un des instants les plus intéressants et les moins connus de l'histoire de la Fronde. Les Mémoires de Brienne, t. II, p. 293, feraient croire que le projet de retraite en Bourgogne était antérieur au mois de juillet. Mais on ne doit pas se fier à ces Mémoires, dont la chronologie est rarement exacte.

[6] Livre des choses mémorables de l'abbaye de Saint-Denis ; Registres de l'Hôtel de ville, t. III, p. 432.

[7] Mémoire en date du 14 juillet. Bibl. net., ma. fr., 6889.

[8] Livre des choses mémorables, loc. cit.

[9] O. TALON, Mémoires, p. 500, 501.

[10] Livre des choses mémorables ; Registres de l'Hôtel de ville, t. III, p. 432.

[11] O. TALON, Mémoires, p. 504.

[12] V. une lettre citée par D. DE COSNAC, Souvenirs du règne de Louis XIV, t. III, p. 132.

[13] LORET, la Muze historique, t. I, p. 271, indique la date du 1er ou du 2 août. Il mentionnait le fait dans la Gazette du 4 août, un jour avant la notification officielle.

[14] O. TALON, Mémoires, p. 503.

[15] V. Déclaration de Foucquet, ORMESSON, Mémoires, t. II, introd., p. XXVII, et surtout AUBERY, Histoire de Mazarin, t. III, p. 394.

[16] Liste des réprouvés assemblés dans la grange des Cordeliers de Pontoise, Bibliographie des Mazarinades, n° 2314. Cf. DANJOU, Archives curieuses de l'histoire de France, 2e série, t. IV, p. 180.

[17] AUBERY, Histoire du cardinal Mazarin, t. III, p. 395.

[18] O. TALON, Mémoires, p. 505, prétend que Novion se servit de termes assez aigres. Cette assertion n'est ni vraie ni vraisemblable. Cf. Abrégé de l'histoire du Parlement, p. 245, et surtout AUBERY, Histoire de Mazarin, t. III, p. 396, 397.

[19] Deux asnes de fort bonne race — Dans le barreau prirent leur place. Le Parlement burlesque de Ponthoise, contenant les noms de tous les présideras et conseillers renégats qui composent ledit Parlement, ensemble les harangues burlesques faites par le Premier Président, s. l., MDCLII, 8 pages d'impression, p. 7. — V. Bibliographie des Mazarinades, t. II, p. 328, n° 2701.

[20] Le Parlement burlesque, p. 8.

[21] Le Parlement burlesque, p. 8.

[22] O. TALON, Mémoires, p. 505.

[23] On possède la minute même de la déclaration. Quant à la date, elle est fournie par l'Abrégé de l'histoire du Parlement, p. 245.

[24] O. TALON, Mémoires, p. 506.

[25] Défenses, VI, p. 265.

[26] La véritable suite du Parlement burlesque de Ponthoise, contenant les noms et les éloges de quatre nouveaux renégats, et la Harangue faite par Mazarin à son départ, par l'autheur de la première partie, s. l., MDCLII, p. 5 et 6.

[27] Déclaration de MM. les Princes, etc. A Paris, chez les libraires et les imprimeurs du Roy, M. D. CLII, avec privilège de Sa Majesté. A la suite de cette déclaration se trouve un arrêt du Parlement, en date du même jour, bien que l'édition porte 1651.

[28] Lettre du 20 août 1652 à Le Tellier. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 213.

[29] Lettre du 21 août, à minuit. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 217.

[30] Lettre du 21 août. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 215.

[31] Lettre du 20 août. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 213.

[32] Lettre du 21 août. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 217. MM. de Bragelonne, de Sève, de Marle (?), Molé, absents ; M. de Novion, malade.

[33] Lettre du 21 août. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 217.

[34] Lettre du 21 août. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 217.

[35] Lettre du 23 août. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 223.

[36] Lettre du 25 août 1652. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 248 : Il y a un mot d'oublié sur la fin de ladicte amnistie... Nous nous sommes persuadez qu'il faut lire : Par deça la rivière de Loyre, car autrement, ce mot par deça ne signifie rien, et ceux de Paris prétendent avoir quinzaine.

[37] Lettre du 26 août 1652. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 257.

[38] Ne sachant pas si je pourrai publier in extenso les lettres de Foucquet, je donne ici le texte de l'amendement. Il intéressera les collectionneurs de pièces de ce temps-là. Cassons, révoquons et annulons toutes informations, arrests, saisies et autres procédures faictes en exécution d'iceux par nos cours de Parlement et autres juges quelconques, à l'occasion des présens mouvemens, depuis le 1er février 1651. N'entendons néantmoins y comprendre nostre déclaration du dernier juillet et tout ce qui s'est faict en nostre Parlement transféré à Pontoise, jusques à présent mesures nos déclarations du mois de septembre et du 8 octobre de ladite année 1651, et tout ce qui a esté faict en vertu d'icelles.

[39] Je ne vous renvoye pas encore l'original, parce qu'il faudra que nous soyons d'accord pour le mettre dans nostre registre et dans les imprimez. Je vous renvoyeray après l'original, qui se reformera à loysir, ou mesure le fera gratter et reformer, si c'est l'intention du Roy. Lettre du 26 août 1652. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 257.

[40] O. TALON, Mémoires, p. 508, 509. M. Moreau, Bibliographie des Mazarinades, ne cite pas d'édition imprimée par Cramoisy. Peut-être fut-elle mise au pilon. On trouve au contraire (n° 1184) l'Édit du Roy, etc. Pontoise, Julien Courant, 1652, 15 pages. V. aussi Response du Roy à la lettre de Son Altesse Royale du vingt septième d'aoust 1652. A Pontoise, par Julien Courant, imprimeur ordinaire du Roy, MDCLII.

[41] Examen de récrit dressé par Molé, Servie, et Zondedeï (sic), Bibliographie des Mazarinades, n° 1314.

[42] Lettres du 28 août 1652, ms. fr., 6889, f° 290.

[43] O. TALON, Mémoires, p. 508.

[44] O. TALON, Mémoires, p. 509.

[45] O. TALON, Mémoires, p. 509-510.

[46] O. TALON, Mémoires, p. 509.

[47] CHÉRUEL, Mémoires sur Foucquet, t. I, p. 159.

[48] Je crains que le refus des passeports ne rende la chose moins favorable dans Paris ; mais puisqu'on l'a ainsi résolu, faut tousjours aller son chemin. Lettre de Foucquet à Le Tellier, 30 août 1652. Bibl. nat., f. fr., 6389, f° 298.

[49] Je vous envoye la déclaration des Princes et l'arrest en cas que vous ne l'ayez point veu imprimé ; car il est bien différent de ce qui avoit esté résolu, et on a réformé les termes qui pourroyent le plus blesser, afin que la chose fust plus spécieuse. Foucquet à Le Tellier, 4 septembre 1652. Bibl. nat., f. fr., 6890, f° 42.

[50] Lettre du 4 septembre 1652. Bibl. nat., f. fr., 6890, f° 39.

[51] Lettre du 4 septembre 1652. Bibl. nat., f. fr., 6890, f° 42.

[52] Lettre du 4 septembre 1652. Bibl. nat., f. fr., 6890, f° 33.

[53] Lettre du 23 août 1650. Bibl. nat., f. fr. 6889, f° 223 : M. Goulas me mande qu'il me voudroit parler ou à Senlis ou à Compiègne. Cf. lettre de Mazarin à B. Foucquet, 6 septembre 1652. Lettres, t. V, p. 209.

[54] Tout cela se fera dans la forme et dans le temps que vous jugerez à propos. Lettre du 23 août 1652. Bibl. nat., f. fr., 6889, f° 223.

[55] Lettre du 1er septembre 1652. Bibl. nat., f. fr., 6890, f° 14. Cf. lettre de Mazarin à B. Foucquet, 7 septembre 1652. Lettres, t. III, p. 208.

[56] Lettre de Mazarin du 4 septembre 1652, contenant deux lettres de Chavigny à Fabert avec la réponse de ce dernier. Bibl. nat., f. fr., ans. 6890, f° 20 et suiv. Lettres, t. V, p. 208.

[57] 7 septembre 1652. Lettres, t. V, p. 217.

[58] Guy JOLY, Mémoires, p. 78.

[59] Lettre de Mazarin, datée de Sedan, 6 septembre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 48. Cf. Lettres, t. V, p. 217.

[60] Bossuet, dans l'oraison funèbre de cette princesse, en a tracé un très admirable et très fidèle portrait.

[61] RETZ, Mémoires, t. 1V, p. 334. Vraisemblablement l'oracle est Mazarin, et les prêtres des idoles sont Ondedeï, Basile Foucquet, Servien, etc.

[62] Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 8, Mémoire pour Mazarin, en date du 4 septembre 1652.

[63] Bibl. nat., f. fr., 6890, f° 48. Lettre du 6 septembre 1652 à Le Tellier. Lettres, t. V, p. 212, où elle est datée du 5. Cf. lettre du 6, à N. Foucquet. Lettres, t. V, p. 211.

[64] Lettre de Mazarin à Le Tellier, Sedan, 6 septembre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 48.

[65] CHÉRUEL, Mémoire sur N. Foucquet, t. I, p. 161. Lettres, t. V, p. 211.

[66] On n'a pas ces lettres, mais on ne peut douter qu'elles aient été envoyées.

[67] RETZ, Mémoires, t. IV, p. 336.

[68] Lettre du 3 septembre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 33.

[69] V. lettre du 4 septembre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 39.

[70] Lettre du 9 septembre 1652 à Le Tellier. Ms. 6890, f° 68.

[71] RETZ, Mémoires, t. IV, p. 335.

[72] Lettre de Mazarin, du 8 septembre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 81.

[73] V. les très curieux fragments d'un journal du temps, publiés par M. COUSIN, Mme de Longueville pendant la Fronde, append., p. 531, et DUBUISSON-AUBENAY, Journal des guerres civiles, t. II, p. 288.

[74] Guy JOLY, Mémoires, p. 76.

[75] RETZ, Mémoires, t. IV, p. 347.

[76] Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 81.

[77] JOLY, Mémoires, loc. cit.

[78] RETZ, Mémoires, t. IV, p. 355.

[79] RETZ, Mémoires, t. IV, p. 357.

[80] Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet,27 août 1652. CHÉRUEL, Mémoires, t. I, p. 125. Cf. Lettres de Mazarin, t. V, p. 209.

[81] Les officiers, quoiqu'en petit nombre, ne laissaient pas de faire leurs fonctions avec assez de vigueur pour s'assurer une certaine considération. JOLY, Mémoires, p. 78. Priolo confirme ce renseignement, liv. VII et liv. VIII, p. 382, 388 de l'édition d'Amsterdam, 1677.

[82] V. dans les Mémoires de Lenet, p. 575, une lettre de Viole et Lenet, 25 septembre 1652 : Comme ce Parlement n'a pas beaucoup d'affaires (l'éditeur a lu de force) t vuider, il faut bien qu'il s'occupe. V. aussi le journal cité par M. Cousin, Mme de Longueville pendant la Fronde, append., p. 431, édit. 1859.

[83] Lettre à Le Tellier, 16 septembre 1652. Bibl nat., ms. fr., 6890, f° 155.

[84] Lettre à Le Tellier, fin de mois à placer entre le 14 et le 16 septembre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 157.

[85] DUBUISSON-AUBENAY, Journal, t. II, p. 290, à la date du 16 septembre 1652.

[86] RETZ, Mémoires, t. IV, p. 356, 368.

[87] Retz a reproduit ce document dans ses Mémoires, t. IV, p. 357. Nous croyons qu'il l'a fidèlement donné. Cette partie de ses Mémoires ne sent nullement l'apprêt. Au contraire il y parait un peu de confusion quant à l'ordre chronologique. La sincérité du fond ne fait pas de doute.

[88] DUBUISSON-AUBENAY, Journal, t. II, p. 289. Document Amelot de Chaillou, publié par Cousin, Mme de Longueville pendant la Fronde, p. 433.

[89] Lettre de N. Foucquet à Le Tellier, 16 septembre 1652. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 155. Mémoire de Mazarin, daté de Bouillon, 27 septembre1652. Vous avez bien fait d'envoyer Langlade à Paria en même temps que l'abbé Foucquet. Bibl. nat., ms. fr., 6890, f° 257. — Mémoire de M. de Mas à Mazarin, 27 septembre 1652, même ms., f° 215.