NICOLAS FOUCQUET

TROISIÈME PARTIE

 

CHAPITRE III. — FOUCQUET FAIT LÉGALISER LA RENTRÉE DE MAZARIN.

IL CHERCHE À SAUVER LA BIBLIOTHÈQUE DU CARDINAL. - IL OBTIENT LE RETRAIT DE MESURES INOPPORTUNES. - DÉPUTATION DU PARLEMENT À LA COUR. - FOUCQUET SE REND À SAINT-GERMAIN. - OBSTINATION IMPOLI TIQUE DE MAZARIN. - ÉMEUTE À PARIS. - LE PARLEMENT SUSPEND SES SÉANCES - COMBAT DU FAUBOURG SAINT-ANTOINE (Janvier-juillet 1652)

 

 

Pendant l'année 1652, la politique royale va prendre un caractère actif. Condé se décidant à soutenir ses prétentions les armes à la main, le Cardinal, de son côté, étant résolu à rentrer en France à la tête des troupes concentrées sur la frontière, un choc était inévitable. Les hommes du Parlement vont se trouver pris et perdus entre les principes contraires qu'ils proclamaient tour à tour, le pouvoir absolu du Roi, et le droit de contrôle qu'ils prétendaient tenir d'une soi-disant constitution de l'État.

Quelques politiciens de ce temps-là et beaucoup du nôtre ont gravement et longuement disserté sur les mérites de cette opposition du Parlement de Paris. En 1652, les entêtés de la Fronde ne défendaient aucune doctrine et ne songeaient qu'à leurs intérêts personnels. Ces périodes d'égoïsme ne sont pas rares dans notre histoire.

Les hommes obligés par situation, comme Foucquet, à faire marcher les affaires le mieux possible, étaient toujours en quête d'expédients. Mais comment, au milieu de tant d'intrigues, de rapports vrais et faux, discerner ce qui expédiait ? Les plus habiles s'y trompaient grossièrement.

Ainsi Mazarin, décidé à rentrer quand même, estimait que le gros de la résistance se trouverait en Guyenne à l'armée de Condé, à Paris autour du duc d'Orléans. Quant au Parlement, un mot du Roi le mettrait à la raison. Tout au contraire de ces prévisions, Condé, malgré son génie, ne pouvait tenir contre les vieilles troupes fidèles à la royauté[1]. Gaston devait bientôt apprendre que sa puissance n'était qu'un mirage. Par contre, celle du Parlement, si méprisé par le Cardinal, allait se montrer de plus en plus effective.

Foucquet, resté seul depuis le départ du premier président Molé, se tenait en rapports constants tantôt par son frère, tantôt par Colbert, avec Mazarin en marche triomphale sur Poitiers. D'après ses conseils, le Roi avait écrit une lettre officielle à l'exilé, lui commandant sans autre réplique et sans aucun retardement de venir le joindre avec ses troupes[2]. Je suis bien ayse d'avoir reçu cette despeche, écrivait Mazarin, quoyque jusqu'à présent elle n'ayt esté aucunement nécessaire. Cette nécessité d'un titre légal à sa rentrée paraîtra bientôt.

Dès le 2 janvier 1652, les hostilités commencèrent dans les Chambres assemblées. Première proposition : On lèvera des troupes contre Mazarin. Acclamation. On appliquera à leur solde les deniers publics, dût-on suspendre le payement des rentes et des gages des conseillers[3]. Hésitation. Foucquet et Talon objectent qu'au Roi seul appartient de disposer des deniers publics ; que le service des rentes constitue un engagement sacré. Unanimement, on défère à leurs objections : On ne fait jamais bien la guerre civile avec les conclusions des gens du Roi, murmura Retz toujours railleur, à l'oreille de Gaston toujours indécis'[4]. Grande vérité ! Au fond, tous ces opposants étaient royalistes. Une délégation revenue de Poitiers, où se trouvaient le Roi et le gouvernement, rapporta, non sans quelque aggravation, les paroles assez dures de Molé. Les représentations du Parlement n'étaient pas agréées. On les excusait seulement, parce qu'il ne savait sans doute pas que Mazarin revenait par ordre du Roi[5]. La rentrée du ministre était légale. Ainsi se trouvait justifiée la précaution officielle prise sur les instances de Foucquet. Cette légalité irrita le Parlement. L'irritation se transforma en fureur, quand on apprit que deux conseillers avaient été, l'un pourchassé, l'autre arrêté par les bandes du Cardinal[6].

En effet, deux magistrats avaient reçu commission de soulever les communes contre l'exilé en rupture de ban. Chargés de ballots d'imprimés, ayant péniblement rejoint l'armée d'Hocquincourt à Pont-sur-Yonne, ils commencèrent à lire les arrêts du 29 décembre au maréchal, qui brutalement coupa court à leur lecture. L'un d'eux, Le Coudray-Génier, parvint, non sans péril, à s'échapper ; l'autre, Bitault, resta aux mains des royalistes. A Paris, on prétendit aussitôt qu'il avait été assassiné ; mais Foucquet, que Mazarin tenait au courant, rétablit la vérité. Bitault était seulement prisonnier et, au surplus, très bien traité[7]. Alors, on cria à la séquestration. Ces gens, qui avaient mis à prix la tète de Mazarin, s'indignaient de ce que cet homme, traité par eux en bête fauve, s'assurât un otage[8].

Le procureur général devenait suspect à son tour. On lui cherchait querelle à tout propos. Pourquoi n'avait-il pas envoyé les arrêts de la Cour aux autres Parlements ? Foucquet, se sentant sur un bon terrain, accepte le débat. Les arrêts sont partis : il a les certificats des courriers[9]. Le lendemain, il apporte les réponses de Metz et de Toulouse, avec les arrêts rendus contre le Cardinal[10]. Donc, rien à lui dire.

Impuissants à faire arrêter ou assassiner Mazarin, les exaltés du Parlement se vengèrent sur ses meubles, sur ceux qui lui étaient le plus chers. Dès le mois de février 1649, les biens du Cardinal avaient été saisis ; mais grâce à l'intervention des conseillers Saintot, Doujat, Catinat, de La Nauve, on avait pu sauver les livres[11]. En décembre 1651, rien n'arrêta les furieux. Comme dernier obstacle, on essaya de faire vendre la collection en bloc. Le Parlement exigea la vente en détail. En vain, Foucquet produisit une lettre de cachet du Roi, défendant, au nom de l'utilité publique, de procéder aux enchères. On ne pourroit en un siècle faire un amas de livres aussi considérable ![12] Rien ne valut. Le conseiller Pithou, méchant porteur d'un beau nom, allégua qu'il ne restait que peu de livres et quelques manuscrits arabes, dont on ne trouve pas de débit, et pouvant bien valoir deux pistoles pièce. On en vola autant qu'on en acheta. Des habiles dérobaient des volumes pour se faire adjuger ensuite à vil prix les ouvrages dépareillés. Mazarin supporta très dignement cette abominable vengeance[13].

Si Foucquet ne parvint pas à sauver cette belle bibliothèque, il ne fut guère plus heureux en politique. Il continuait à Paris son rôle de modérateur, rôle toujours ingrat.

Mazarin, revenu auprès du Roi et reçu comme un vainqueur, continuait (l'exulter. Je ne voy pas, écrivait-il à l'abbé Foucquet, son intermédiaire auprès de Retz et de la Chevreuse, devenus ses alliés, je ne voy pas ce que pourront dire à présent ceux qui prosnoient tant que mon entrée dans le Royaume causeroit une révolte généralle et renverseroit l'Estat, puisque, sans que j'aye faict aucune diligence envers les peuples, sans qu'ils avent eu une cognoissance particulière des ordres du Roy... ils m'ont faict des acclamations partout où j'ay passé, et témoigné une véritable joye de mon retour. Et le Cardinal, homme pieux à certains jours, de s'écrier : Voilà la protection que Dieu prend de l'innocence[14].

Foucquet voyait moins d'enthousiasme à Paris. Quand le gouvernement voulut y faire signifier un arrêt du Conseil d'État, séant à Poitiers, qui en cassait un autre du Parlement en date du 27 décembre 1651 dirigé contre Mazarin, le procureur général trouva la mesure inopportune. Il en écrivit à la Reine. Au premier moment, ses envieux présentèrent sa résistance sous un jour défavorable. On lui répond que la décision est prise, imprimée, irrévocable ; mais, dès le lendemain, un second messager courait après le premier pour dire à Foucquet d'agir suivant son sentiment[15]. Le Roi lui écrivit même pour le remercier de sa sincérité. Quand on dit le Roi, il faut entendre le Cardinal.

Autre difficulté. Les anti-Mazarin avaient voulu mettre la main sur les fonds destinés au service des rentes ; Mazarin ne désirait pas moins prendre cet argent, — pour la bonne cause. Foucquet, s'autorisant des avis du Coadjuteur et de Mme de Chevreuse, insista si bien, que le ministre céda, d'assez mauvaise grâce, il est vrai. On le réduisait à la misère, il ne restera plus rien pour la table du Roi, etc. ; enfin, il céda. Les arrérages des rentes furent payés, et le bourgeois se tint tranquille[16]. Faites en sorte, recommanda alors Mazarin, voulant regagner en considération ce qu'il sacrifiait en argent, qu'on m'attribue le mérite de cette mesure !

En effet, il songeait toujours à ce Paris où les Foucquet, aidés des présidents de Novion et de Mesme, neutralisaient de leur mieux le duc d'Orléans, l'allié du prince de Condé. Le procureur général requérait contre ceux qui, sans commission du Roi[17], levaient des troupes en Berry[18], contre Nemours et son armée, et, chose étonnante, le Parlement rendait un arrêt conforme à ses conclusions[19].

Le duc d'Orléans, se sentant touché, répliqua sèchement que les troupes de M. de Nemours n'étaient pas plus étrangères que celles de Mazarin. Orner Talon, l'avocat général du Roi, intervint (28 février 1652) par un coup double à sou ordinaire. Il défendit l'autorité royale, contre laquelle le seul recours est lu prière. Quant au Cardinal, objet de la haine publique et de l'aversion des compagnies souveraines, pierre de scandale, on doit savoir gré à M. le duc d'Orléans de s'opposer à son retour. Il conviendrait mime d'écrire au Pape pour le prier de rappeler son Cardinal à Route[20]. Le Pape s'est moqué des plaintes de ce dernier, et lui a conseillé de laisser la France tranquille. Entraîné par son éloquence, Talon parla de l'incapacité reconnue de Mazarin[21].

Ce discours, dit l'orateur dans ses Mémoires, bâti sur-le-champ, récité avec action, avec indignation et quelque sorte de vigueur, valut beaucoup mieux qu'il ne vaudra sur le papier ; mais il ne produisit aucun effet[22]. Talon se trompe. L'effet de ridicule fut grand, et Mazarin dut bien rire en s'entendant traiter d'incapable par ce pédant chargé de science et pliant sous le bût. Foucquet, qui tenait la plume, garda plus de mesure. Si par politique il sacrifiait à la passion du jour, l'expression n'était jamais blessante[23].

Gaston crut habile de ne laisser prendre aucun arrêt, prétextant un jour une fièvre, un autre jour quelque malaise pour ne pas siéger. Foucquet n'insista pas. Pendant ces délais, l'armée royale, après un succès en Anjou, se reformait sur la Loire. En Guyenne, le duc d'Harcourt achevait de réduire Condé à l'impuissance[24]. Enfin, Mazarin, l'incapable, prenait toutes les mesures propres à atténuer les mauvaises dispositions du Parlement. Il renvoyait Bitault comblé de civilités, séduit, gagné, promettant de bien servir dans sa compagnie[25], promesse qu'il ne tint pas.

En mars 1651, Foucquet et Talon saisirent l'occasion de la mercuriale pour remettre quelque ordre dans la tenue des séances : accès interdit aux étrangers, même aux maîtres des requêtes non en service ; portes fermées au verrou, etc.[26] Le 26 mars, le procureur général remontra qu'on vendait dans Paris des libelles fort scandaleux contre l'autorité royale. Suivant l'un d'eux : la Franche Marguerite, le Roi ne peut rétablir Mazarin, ni la Reine être chef du Conseil ; le Roi, même majeur, doit rester sous la curatelle tacite de Monsieur, lequel, avec les Princes et les Parlements, commandera le ban et l'arrière-ban pour terminer la guerre contre le Mazarin. L'autre pamphlet, le Point de l'Ovale, poussait au soulèvement de Paris[27]. Foucquet dénonçait ces atteintes à l'autorité absolue du Roi. En même temps, très habile, il flattait la manie des frondeurs en demandant au Pape de rappeler le Cardinal à Rome. Ces conclusions, contradictoires en fait, très logiques en droit, jetaient le trouble dans l'esprit des conseillers. Il ne demandait rien de plus.

Évidemment cette Fronde des Princes ne passionnait ni le peuple ni même les compagnies soi-disant souveraines, comme avait fait celle de 1648. Une tentative pour rétablir à nouveau la Chambre de Saint Louis échoua piteusement. Par malheur, il restait trop d'amour-propre des deux côtés, ce qui fit commettre bien des fautes.

Par un esprit d'imitation, aussi commun dans la politique qu'ailleurs, tous les Parlements du royaume avaient réédité les arrêts rendus par celui de Paris contre Mazarin. Ils échangeaient entre eux ces pièces d'éloquence ; celle des Toulousains fut si fort applaudie à Paris, qu'on décida de députer le président de Nesmond et cinq conseillers pour porter au Roi de nouvelles remontrances et demander l'expulsion du Cardinal[28].

Aussitôt, l'abbé Foucquet, organe de son frère, écrivit à Mazarin ce que le président de Novion, un ami, croyait qu'on devait répondre à la députation. Il était de bonne politique de ne pas aigrir les esprits ; au contraire, de bien traiter les députés, surtout de ne rien leur dire de fâcheux[29]. Par malheur, la députation marcha plus vite que la lettre et rejoignit la Cour à Sully-sur-Loire[30]. On y était tout glorieux des succès remportés en Anjou, plein d'espérance dans les succès à venir. Toutes nos troupes sont en marche pour se joindre, écrivait Mazarin[31], et je croy qu'elles composeront une armée qui ne craindra guère de rencontrer celle que commandent M. de Nemours et M. de Beaufort.

Les victorieux ouvrent rarement l'oreille aux contradictions.

Une sorte de discours préparatoire fut assez patiemment écouté ; mais lorsque Nesmond demanda la lecture par un secrétaire d'État de remontrances où l'on débutait par rappeler au Roi l'incontestable violation de sa parole, où l'on finissait par accuser le Cardinal d'avoir fait passer trente millions en Italie, tout se gâta. Molé répondit par un refus. Le Roi était majeur et voulait être obéi. Alors, les députés de répliquer, de réclamer la lecture de leur papier ; la Reine de prendre la parole, de déclarer que cette contestation est indécente, que Messieurs du Parlement n'ont qu'à se retirer. Elle se lève ; le jeune Roi l'imite, et comme Nesmond et les siens insistaient, Louis, ôtant son chapeau : Retirez-vous, Messieurs, leur dit-il, retirez-vous. La députation obéit, non sans laisser échapper des imprécations contre l'Italien qui conseillait le Roi[32].

Mazarin eut le sentiment que ce jour-là une faute avait été commise. Il s'en excusa auprès de Basile Foucquet sur la vivacité de M. de Nesmond[33]. Au surplus, il était toujours plein de confiance ; dans deux jours, le Roi marchera sur Paris, sans appréhension de l'armée ennemie. Que de son côté, Foucquet et les siens agissent avec vigueur, et tout ira bien.

Pas si bien que le croyait cet habile homme, aveuglé cette fois par son intérêt personnel.

Les complications militaires survenaient. Condé, peu habitué à se laisser battre, abandonnait ses recrues de Guyenne et, grâce à une course audacieuse, rejoignait à Châtillon-sur-Loire l'armée de M. de Nemours. Cette armée, avec beaucoup d'hésitation, avait passé la Seine à Mantes, grâce à la complicité de Sully, gendre de Séguier, qui lui-même se défendit fort mal du reproche de complicité[34]. Cette trahison avait excité de vives alarmes. Condé, retrouvant avec de meilleurs soldats son génie et son audace, choquait et culbutait à Bléneau l'armée du brave mais routinier Hocquincourt.

Anne d'Autriche, alors à Gien, tout près du champ de bataille, subit cette épreuve avec le sang-froid d'une grande princesse. Quand Mazarin, tout ému, lui apporta la nouvelle, elle se coiffait et demeura attachée à son miroir, n'oubliant pas à tortiller une seule boucle de ses cheveux. Ensuite, elle dira, de bon appétit et aussi tranquillement que si elle n'eût couru aucun risque[35]. La fortune sourit à ce calme souverain. On apprit bientôt que tout était sauvé, grâce au courage et à l'habileté de Turenne. Les négociations de Foucquet avaient beaucoup contribué à ramener dans la bonne voie ce général, à l'esprit naturellement bien réglé[36]. L'audace et l'inspiration allaient reculer devant la prudence et la méthode. Condé, encore une fois mis en échec, quitta son armée et se rendit à Paris pour renverser par sa présence tout ce que le cardinal de Retz faisait près de Monsieur contre ses intérêts[37].

Ainsi Retz et Gaston étaient considérés par Condé comme des ennemis, alors qu'à Paris on les tenait pour ses alliés. Cette allégation d'un contemporain parait invraisemblable. Elle est exacte pourtant et en parfait accord avec l'inconsistance et la duplicité des esprits dans ces temps désordonnés. Condé arrivait donc sur Paris, prêt à combattre tout le monde, ne rêvant qu'assauts et attaques de vive force. Il allait retrouver sur le terrain parlementaire la même tactique prudente, imperturbable, qui l'avait déconcerté sur le champ de bataille. Foucquet agissait à la Turenne.

Au premier bruit de l'arrivée du Prince, les présidents au Parlement et le procureur général décidèrent qu'on refuserait l'entrée de la Cour à ce rebelle, tout rouge du sang des sujets du Roi. Comme la proposition devait émaner du parquet, dès le lendemain (11 avril) six heures du matin, Foucquet se rendait chez Orner Talon, pour s'entendre avec lui. L'avocat général, assez mal disposé pour Mazarin, entassa objections de droit sur objections de sentiment. On alla chez Bignon, qui, naturellement, pencha pour l'abstention[38]. Condé entra donc au Parlement, et, malgré l'accueil assez rude du président Bailleul, il y parla longuement de la situation, des liaisons faites par lui dedans et dehors le Rovàume, arréts à prendre contre Mazarin et ses adhérents. Foucquet aussitôt, sans plus s'occuper de l'avis de ses deux collègues, discute chaque mot de la déclaration du Prince. Telles expressions étaient malsonnantes, il convenait de les rayer. Que signifiaient ces mots : Mazarin et ses adhérents ? Cela n'auroit jamais de terme et même se pourroit appliquer à la Reine[39]. Condé ne sut que répondre.

Par malheur, le 12 avril, Nesmond et ses collègues rendirent compte du mauvais accueil qu'ils avaient reçu. Leur récit n'était pas de nature à pacifier les esprits. Par surcroît, le procureur général avait à présenter ce même jour une déclaration et une lettre, datées de Saumur le 2 mars, par lesquelles le Roi enjoignait de lui envoyer toutes les informations, procédures et arrêts donnés contre son très cher et amé cousin le cardinal Mazarin, en même temps de surseoir à toute exécution de ces arrêts. C'était une provocation formelle. Talon prit les conclusions les plus contradictoires. Dès le lendemain, le Parlement décida que les mêmes députés retourneraient vers le Roi, portant, avec les mêmes remontrances, les déclarations pacifiques du duc d'Orléans et du prince de Condé, que toutes les compagnies du royaume seraient conviées à envoyer des députations semblables ; enfin, qu'on tiendrait une assemblée générale à l'Hôtel de ville pour demander l'éloignement de Mazarin[40]. Cet arrêt, aussi peu applicable que les précédents, révèle l'état des esprits. Mazarin, de son côté, ne voulait plus correspondre avec la compagnie[41] où Nicolas Foucquet restait toujours seul pour défendre, quand cela se pouvait, l'autorité royale ou plutôt ce qui en restait. Depuis deux ans et plus, la France, qui a la vie tenace, mais qui joue trop souvent avec sa santé, vivait sans gouvernement, subissant la guerre civile dans plusieurs provinces et la guerre étrangère sur deux de ses frontières.

Ce qui rendait la position particulièrement difficile pour le procureur général, c'était l'incapacité politique des avocats généraux. Le 20 avril, Talon, avec sa pénétration ordinaire, déclarait que Messieurs (lui et ses collègues) concluaient contre le Cardinal. En réalité, ces conclusions, œuvre de Foucquet, visaient Condé[42]. L'avocat général n'y vit pas beaucoup plus clair, cinq jours plus tard, quand l'abbé Foucquet fut pris, sur le chemin de Corbeil, par les troupes du Prince. On saisit sur le prisonnier une lettre adressée au Cardinal par un inconnu. Grand bruit par la ville, chacun croyant cette lettre écrite par M. le procureur général. — Ce qui n'étoit pas vrai, se hâta de déclarer le solennel Talon[43]. C'était très vrai, et l'abbé Foucquet devait rencontrer à Melun un envoyé de Mazarin[44].

L'armée royale, commandée par Turenne, s'était rapprochée de Paris. Celle de Condé l'avait suivie. Malgré les promesses faites aux Parisiens, les troupes occupaient et pillaient la banlieue. Les princes avaient l'intime sentiment qu'ils faisaient une assez triste campagne, sans chance de succès ; mais l'égoïsme dominait tout.

Malgré la conviction du duc d'Orléans et de Condé que toute révolution radicale était impossible, qu'il fallait finir par s'entendre avec le gouvernement, ni l'un ni l'autre ne voulaient laisser le Parlement traiter avec le Roi. Ils chargèrent de cette négociation M. de Rohan, un naïf, Chavigny et Goulas, deux agents incertains, sinon absolument corrompus. Talon comprenait de moins en moins ce qui se tramait sous ses yeux. Le 26 avril, il parla à son habitude avec une indécision trop visible sous les lieux communs d'une éloquence surannée[45].

C'est alors que Nicolas Foucquet prit résolument le devant de la scène. Le 30 avril 1632, il annonce au Parlement qu'il a reçu l'ordre d'aller à Saint-Germain près de la Reine et des ministres. Broussel saisit cette occasion pour lui reprocher de ne point informer contre certains transports de blé, au préjudice du peuple. Foucquet répond que si les donneurs d'avis l'étaient venus trouver, il aurait avisé. Le Père du peuple, vieillard inintelligent, finit par où il aurait dû commencer, se rend au port au blé, constate que tout ce qu'on lui a fait dire est faux ; mais son interpellation avait déjà produit son effet, et la populace se livrait à d'horribles désordres[46]. Foucquet, débarrassé de ce radoteur, part pour Saint-Germain, prononce devant le Roi un discours étudié, d'un style emprunté aux Talon et aux Bignon. Faites, Sire, faites connaître la tendresse de votre bon naturel dans le commencement de votre règne, et que la compassion que vous aurez de tant de misérables attire les bénédictions sur les premières années de Votre Majesté, qui seront sans doute suivies de beaucoup d'autres beaucoup plus heureuses, si les souhaits et les vœux de votre Parlement et de tous vos bons sujets sont exaucés. Le 3 mai, il revint, indiquant le 6 courant comme jour d'audience[47]. La députation fut très bien reçue. La Reine pria le jeune roi de lire les remontrances, pour bien établir qu'on ne cachait rien à Sa Majesté[48]. Le principal objet de la négociation était des plus délicats. Il s'agissait, non de l'éloignement des troupes, mais de celui du Cardinal. C'était le conseil que donnaient Nicolas Foucquet et le président de Novion, deux hommes dévoués. Ils avaient toujours dit que le retour de Mazarin était précipité, que sa présence rendait impossible toute pacification. Selon eux, le Roi, en prenant spontanément cette décision, éviterait qu'on la lui imposât. Cette idée ne souriait pas à Mazarin. Véritablement, par ce moyen, disait-il, je serois esloigné honnestement, mais je serois esloigné pour toujours[49]. Il a toute la recognoissance possible pour M. le procureur général ; il fera toujours grand cas de ses sentimens, mais l'éloignement lui répugne ; il craint les obstacles au retour[50]. On peut faire une response à Messieurs les gens du Roy sur le sujet des troupes et du passage, dont ils partiront satisfaits ; mais pourquoi traiter avec le Parlement qui n'a point exercé d'hostilitez contre le Rov et avec qui on n'a rien à desmesler ? C'est bon avec les princes, qui ont les armes à la main[51].

Le Parlement sentait sa force. Le 10 mai, il renvoya les gens du Roi à Saint-Germain. Talon s'excusa sur son incommodité. Bignon, qui ne valait guère mieux, dut accompagner le procureur général. Ce dernier, au courant de leurs négociations secrètes, fit demander aux princes s'il pouvait leur être de quelque utilité. Ils éludèrent sa proposition. Partis de Paris à cinq heures du matin, Foucquet et son compagnon arrivèrent à neuf heures. Ils tombaient en pleine fièvre belliqueuse. On devait attaquer l'armée de Condé, établie sur les hauteurs de Saint-Cloud dans une position menaçante. En hâte, ils demandent un sursis, refusé pour la forme, mais effectivement accordé. Par malheur, le lendemain 11, les Parisiens sortis pour défendre Saint-Cloud, n'ayant rien à y faire, puisqu'on ne l'attaquait pas, se rabattirent à quinze ou vingt mille hommes sur Saint-Denis, où deux compagnies des Suisses du Roi tenaient garnison. Le premier peloton des assaillants, accueilli par un feu de salve, disparut dans les blés ; mais le flot des citoyens armés débordant de toutes parts envahit la ville et la pilla. Grande victoire. Grande déception dès le surlendemain. Quelques troupes royales suffirent à reprendre Saint-Denis. Condé, trop soldat pour ne pas se séparer d'auxiliaires aussi impressionnables, laissa échapper de piquantes railleries, que ces braves ne lui pardonnèrent pas. Le gouvernement royal fit preuve alors d'une très grande habileté. Il remit Saint-Denis au prévôt des marchands de Paris, comme place neutre[52]. Cette neutralisation, un des actes les plus curieux de cette guerre civile, fut plus tard très utile à la cause royale.

Au milieu de tant d'alertes, il était difficile de négocier utilement[53]. Condé et le duc d'Orléans affectèrent de trouver mauvais que le Parlement se mêlât de leurs affaires. Ils firent savoir à Foucquet qu'ils étaient en correspondance avec le Cardinal, qui traiterait avec eux plutôt qu'avec une compagnie. Foucquet, sans s'étonner, répondit que les princes se fâchaient bien à tort. S'il avait parlé au nom du Parlement, c'était tout naturel de sa part, à lui, procureur général de ce grand corps. Il poursuivit son œuvre pacifique, désireux d'engager les magistrats dans ces tentatives de conciliation[54]. Le jeudi 16 mai, malgré le mauvais vouloir des princes, le Parlement entendit la relation de ses députés. Le président de Nesmond récita un discours fleuri, élaboré, respectueux, dont les malins firent honneur aux Pères Jésuites. Quant à Foucquet, il raconta simplement ce qu'il avait fait, sans artifice, sans préface, sans paroles étudiées. Ce n'étoit pas son talent d'être élégant, dit Talon, mais il étoit fort bon négociateur et capable des habitudes de cabinet, dans lesquelles il avoit été nourri.

Bien que faite de mauvaise grâce, cette constatation de l'habileté diplomatique de Foucquet répond au sentiment général des contemporains. Par malheur, Nicolas était pris entre deux grands entêtements.

Sur ses instances, le Parlement ordonne l'envoi de nouveaux députés à la Cour, mais avec injonction de demander l'éloignement du Cardinal et de ne communiquer avec lui ni directement ni indirectement. Foucquet, simulant une grande indignation, prend Talon à partie, se plaint des prétentions excessives de Condé[55]. C'est Condé qui entretient la haine persistante de la grande masse des conseillers pour Mazarin. Dans ces temps de passions mesquines, les modérés sont impuissants. Pendant que le procureur général s'efforçait de simplifier les formalités du rapprochement entre le Parlement et la Cour, un autre entêté, le Cardinal, s'obstinait à compliquer les conditions d'envoi de cette députation parlementaire. Entre temps, le duc de Lorraine arrive avec ses troupes, se jette au milieu de ces complications dans l'espoir de tirer une épingle du jeu. Il imitait d'ailleurs les grands joueurs du temps, suivait trois ou quatre parties à la fois. L'abbé Foucquet, aidé par son frère, dut faire face au Lorrain[56]. L'habileté des négociateurs, leur argent et surtout la tactique de Turenne décidèrent ce duc, véritable maquignon politique, à emmener ses pillards, à traiter à prix réduit, enfin à abandonner Condé. Par contre-coup, ce succès rendit Mazarin plus difficile sur les conditions de la paix.

Du 4 juin au 10 juin, les députations du Parlement se succédèrent à la Cour, alors installée à Melun ; mais on les retenait sans rien conclure. Le jour du départ des Lorrains, le Cardinal se décida à répondre aux députés. Le Roi lui permit-il de se retirer, rien n'assurait que M. le duc d'Orléans et M. le Prince déposeraient les armes. Il proposa des conférences, où l'on réglerait tout[57]. C'était un refus indirect de quitter la France. Cette réponse ne fut même pas discutée à Paris[58], où l'on entra de nouveau dans une période révolutionnaire.

Paris est la ville des contrastes. Le 11 juin, on porta en procession solennelle les reliques de sainte Geneviève et des principaux saints. Foucquet et ses collègues la suivirent comme les princes, comme les frondeurs[59]. Le ciel reçut ce jour-là des vœux bien contradictoires et plus intéressés que sincères. Huit jours après, autre procession à l'Hôtel de ville, formée cette fois de canailles rassemblées de toutes parts ; les uns criaient : La paix ! la paix ! les autres : Point de Mazarin ! Tous payés, soit par l'abbé Foucquet, soit par Beaufort[60]. Moyen toujours dangereux. Six jours plus tard, la population était affolée. Pendant que les gardes bourgeois, chargés de maintenir l'ordre, se battaient entre eux pour des questions d'amour-propre, les hommes sans aveu attaquaient les membres du Parlement, conseillers, présidents, gens du Roi. Nicolas Foucquet, sortant du palais avec son frère, fut assailli par ces forcenés et courut risque de la vie[61]. Coups de pierres, coups de hallebarde, coups de fusil. Il en partait des fenêtres, des toits des maisons. Aux côtés des magistrats nombre de gens tombèrent mortellement frappés. Les bourgeois du quartier approuvaient ces forcenés. Messieurs du Parlement, disaient-ils, depuis quatre ans, vous excitez le peuple, et cela pour vos gages, n'ayant rien produit si ce n'est la guerre civile, le siège de Paris, la retraite du Roi, la ruine du commerce. Faites la paix, tirez-nous de la misère, ou nous vous assommerons[62]. La paix ! tout le monde en parlait, personne ne s'accordait sur ses conditions, les bourgeois parisiens moins que les autres.

Nicolas Foucquet, on se le rappelle, s'était déjà trouvé à Valence dans semblable bagarre. Il ressentit cependant un certain effroi lorsque, arrêté sur les degrés des Trésoriers de France, il vit l'émeute envahir cet enclos du Palais, sanctuaire de la justice, citadelle de la loi[63]. Quand il voulut sortir et monter dans le carrosse de son frère l'abbé, il fut assailli par la canaille et, pour la seconde fois dans cette journée, il courut risque de vie[64].

Le 1er juillet, le Parlement décida qu'il n'avait plus la sécurité nécessaire pour délibérer et suspendit ses séances[65], suprême ressource des assemblées, lorsque, ayant laissé le désordre arriver à son comble, ne sachant comment le réprimer, elles disparaissent devant lui.

Plus d'autorité dans Paris, où restaient seulement quelques bons citoyens isolés.

La nuit du 2 juillet 1652, les portes de la ville étant fermées, des partisans du Roi firent descendre le long des murailles, dans un panier suspendu à une corde, un homme chargé d'un message important[66]. Cet avis émanait de Nicolas Foucquet et portait en substance que l'armée de Condé, jugeant intenable sa position à Saint-Cloud, décampait en secret. Elle longeait l'enceinte de Paris, marchant sans ordre, troupes et bagages enchevêtrés, avec deux défilés à passer. En lançant sur elle quelques escadrons on en aurait bon marché[67]. Turenne[68] ordonne aussitôt de prendre les armes. Il rejoint à la hauteur du faubourg Saint-Denis Condé, qui parvient à gagner le faubourg Saint-Antoine. On sait le reste ; l'impatience de Mazarin, voyant déjà son ennemi vaincu et prisonnier ; celle du jeune roi et des courtisans obligeant Turenne à précipiter son attaque. On connaît aussi l'héroïque défense de Condé. Ce prince, politique médiocre, général et soldat incomparable, allait néanmoins succomber. Par une de ces oppositions fréquentes dans la vie humaine, il se voyait serré, acculé dans cette même position où il avait arrêté les milices parisiennes trois ans en çà, alors qu'il faisait enlever ce poste de Charenton, devenu de nouveau l'objectif de ses efforts. Quelle différence ! En 1649, il se contentait de contenir dédaigneusement des bourgeois peu audacieux. En 1652, de bonnes troupes chargeaient, investissaient, coupaient les siennes, tandis que ces mêmes bourgeois tenaient derrière lui leurs portes fermées[69].

C'est alors que, dans cette triste guerre où depuis trois ans tant de femmes comme Mmes de Longueville, de Chevreuse, de Châtillon, jouaient des rôles ridicules ou odieux, uniquement préoccupées de leur vanité, de leur intérêt, les plus honnêtes de leurs amours, on vit s'avancer vers la porte Saint-Antoine Louise d'Orléans, princesse de Montpensier. Née du mariage qui avait coûté la vie à Chalais, cette jeune fille, romanesque, mais fière et généreuse, bien qu'elle rêvât de monter sur le trône en conquérant le jeune Louis XIV, ne put se résigner à voir Condé abandonné. Elle fit tant et si bien que la porte Saint-Antoine s'ouvrit aux troupes de la Fronde. Dérober une victoire au Roi, le cas était déjà grave ; mais, pendant que Mademoiselle se complaisait à passer en revue les régiments rentrant dans Paris, soudain on entendit le canon de la Bastille. Portail, conseiller au Parlement, un des vainqueurs de 1649, n'avait pu résister au désir d'envoyer quelques volées aux troupes de Turenne[70]. Mademoiselle était trop enfiévrée pour bien juger de la véritable portée de semblables coups. Elle se défendit plus tard d'avoir donné aucun ordre[71], mais ce soir-là, elle était toute à la joie d'avoir commandé comme un général. Le lendemain, Condé, remerciant l'héroïne, protesta qu'il ne souhaitait rien tant que de la voir mariée avantageusement, que c'était la chose du monde qu'il souhaitait avec le plus de passion[72]. Surprise du sort ! A vingt ans de là, Condé devait, en alléguant la mésalliance, s'opposer au mariage de cette même cousine et, par contrecoup, déterminer l'emprisonnement de son fiancé Lauzun. Ce jour aussi, parmi les blessés de la rue Saint-Antoine, on relevait un capitaine du régiment de Persan, nommé Saint-Mars, dont le fils, mousquetaire du Roi, servait dans l'armée opposée et devait être plus tard le geôlier de Foucquet et de Lauzun, dans le donjon de Pignerol.

 

 

 



[1] M. DE SAINTE-AULAIRE, Histoire de la Fronde, Paris, Ducroq, t. I et II ; M. DE COSNAC, Souvenirs du règne de Louis XIV, t, I à VII.

[2] Lettre de Mazarin à Basile Foucquet, 2 janvier 1632. Lettres, t. V, p. 3.

[3] O. TALON, Mémoires, p. 461.

[4] RETZ, Mémoires, t. IV, p. 72.

[5] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. III, p. 335.

[6] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. III, p. 338.

[7] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. III, p. 338 ; RETZ, Mémoires, t. IV, p. 73.

[8] V. ms. fr. 23202, p. 269. Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 11 janvier 1652. CHANTELAUZE, Le cardinal de Retz, t. II, p. 274. Cette lettre prouve bien que l'abbé était l'intermédiaire entre son frère et Mazarin. Cf. Lettres de Mazarin, t. V, p. 4.

[9] Ms. de la Sorbonne, 16 janvier 1652.

[10] Bibl. Mazarine, ms. 1415³⁵, séance du mercredi 24 janvier.

[11] AUBERY, Histoire du cardinal Mazarin, t. III, p. 305.

[12] Ms. de la Sorbonne, séance du 6 février 1652.

[13] V. Bibl. Mazarine, sol. 1415³⁵, à la date du mardi 6 février 1652.

Lecture d'une lettre de cachet du Roi datée de Poitiers, 1er février 1652, défendant aux Gens du Parlement de Paris de vendre ou de diviser la bibliothèque du cardinal Mazarin.

Lecture d'une requête présentée à la Cour par le procureur Général : Il est enjoint au supliant de s'opposer à la vente de la bibliothèque cy-devant du cardinal Mazarin, comme ayant été par luy destinée au public sous la direction et administration des premiers présidens des Compagnies souveraines de cette ville, du supliant et de trois docteurs pieux et sçavans de l'Université de Paris, qui seront nominés d'office par le supliant et sous la direction du Roy, avec un revenu certain pour gages des bibliothécaires. Ce considéré, il vous plaise recevoir le supliant oposant à la vente des livres restans ie ladite bibliothèque et, ce faisant, ordonner qu'elle demeurera affectée au public, nonobstant toutes saisies et arrests et par préférence à tous créanciers, sans que l'usage en puisse estre diverti ou changé, pour quelque cause et occasion que ce soit, et qu'à la diligence du supliant il sera fait fonds certain et asseuré pour l'entretien et augmentation d'icelle, et pour le payement des officier : nécessaires ; et vous ferez bien. Signé : FOUCQUET.

Il n'a esté délibéré sur ladicte requeste et lettre de cachet.

[14] Lettre du 18 janvier 1652. Lettres, t. V, p. 22.

[15] O. TALON, Mémoires, p. 462. Cf. lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, en date du 31 janvier 1652. Il ménagera le Parlement, puisque c'est l'avis du procureur général. CHANTELAUZE, Le cardinal de Retz et l'affaire du chapeau, t. II, p. 280. Cf. Lettres de Mazarin, t. V, p. 32, 60.

[16] Lettre du 16 février 1652. Mazarin à l'abbé Foucquet, ms. fr. 23202, p. 31.

[17] Ms. de la Bibl. Mazarine, 1415³⁵, 9 et 10 février. Ms. de la Sorbonne, 10 février. O. TALON, Mémoires, p. 464.

[18] O. TALON, Mémoires, p. 465, dit en Brie, et le ms. de la Sorbonne porte la même mention. Le ms. de la Bibl. Mazarine, au lieu de Brie, porte en Berry.

[19] L'arrêt ne paraît pas avoir été signé. V. O. TALON, Mémoires, p. 465. V. les Registres du Parlement, 9 et 10 février.

[20] O. TALON, Mémoires, p. 463 ; Histoire abrégée du Parlement, p. 178.

[21] Ms. de la Sorbonne, séance du 28 février 1652.

[22] O. TALON, Mémoires, p. 469.

[23] Conclusions, 20 février 1662. Bibl. Mazarine, 1415³⁵. Cf. Lettres de Mazarin, t. V, p. 63.

[24] Retz, dont l'amour-propre n'est pas en jeu à ce moment, a bien saisi et seul fait bien ressortir cette habile politique des partisans du Roi dans le Parlement. Mémoires, t. IV, p. 78.

[25] Lettre du 15 février datée de Saumur, ms. fr. 23202, f° 32. Cf. Lettres, t. V, p. 47.

[26] Ms. de la Sorbonne, mercredi 20 mars 1652.

[27] Ms. de la Sorbonne, mardi 26 mars 1652. Cf. Bibl. des Mazarinades, t. I, p. 420, n° 1447 ; ibid., t. II, p. 359, n° 2808. L'auteur s'appelait Dubosc-Montandré.

[28] 23 mars 1632. DUBUISSON-AUBENAY, Journal, t. II, p. 187.

[29] Mazarin à Basile Foucquet, Gien, 6 avril 1632. Lettres, t. V, p. 69.

[30] La Cour était le 31 mars à Sully.

[31] Lettres, t. V, p. 63.

[32] Histoire abrégée du Parlement, p. 200, 201.

[33] Lettre du 6 avril ci-dessus citée.

[34] KERVILER, Le chancelier Séguier, p. 315. Paris, 1875.

[35] MONTGLAT, Mémoires. Dix-huitième campagne, p. 266.

[36] Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 18 mars 1652. Turenne est désigné par le chiffre 71. (Ms. Gaignières.)

[37] MONTGLAT, Mémoires. Dix-huitième campagne, p. 266.

[38] O. TALON, Mémoires, p. 475.

[39] O. TALON, Mémoires, p. 478.

[40] Histoire abrégée..., p. 208.

[41] Le Roy pourra bien escrire à la Ville, mais non pas au Parlement ; les lettres qu'on leur a envoyées ont esté si mal reçues, que ce seroit compromettre inutilement de nouveau la dignité et l'autorité de Sa Majesté. Lettre à l'abbé Foucquet, Gien, 17 avril 1652. Lettres, t. V, p. 80.

[42] Ms. de la Sorbonne, 20 avril 1652. Talon n'a pas retenu ce propos dans ses Mémoires.

[43] O. TALON, Mémoires, p. 478.

[44] Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 20 avril 1652. On partira demain pour arriver lundy sans faute à Melun. Bibl. nat. f. fr. 23202, p. 35.

[45] Ms. de la Sorbonne, 26 avril 1632. O. TALON, Mémoires, p. 475.

[46] O. TALON, Mémoires, p. 479.

[47] Ms. de la Sorbonne, 30 avril, 6 mai. TALON, Mémoires, p. 480. V. Histoire abrégée du Parlement, p. 209, où se trouve un fragment du discoure de Foucquet.

[48] TALON, Mémoires, p. 484. V. la lettre du 5 mai 1652, de Mazarin à l'abbé Foucquet, citée par CHÉRUEL, Mémoire sur Nicolas Foucquet, t. I, p. 81.

[49] Lettre du 4 mai 1652 à l'abbé Foucquet. Lettres, t. V, p. 103. Cf. lettres du 2 mai au même. Lettres, p. 101.

[50] Lettre au même, 7 mai 1652. Lettres, t. V, p. 107.

[51] Lettre à Basile Foucquet, 12 mai 1652. Lettres, t. V, p. 109.

[52] Registres de l'Hôtel de ville pendant la Fronde, t. II, p. 330.

[53] M. CHÉRUEL, dans son Mémoire sur Foucquet, t. I, p. 94, dit que les princes, indignés des négociations suivies de mauvaise foi, reprirent les armes. Premièrement, il ne faut pas parler de bonne foi à cette époque ; ensuite, Condé et Turenne suivaient leur partie militaire en même temps que les négociateurs et Mazarin jouaient leur partie politique.

[54] O. TALON, Mémoires, p. 485.

[55] O. TALON, Mémoires, p. 486.

[56] Lettre de l'abbé Foucquet à Mazarin, 4 juin 1652. Le duc de Lorraine mettra dix jours avant de gagner Étampes. Cf. lettre de Mazarin à l'abbé Fourquet, 1er juin 1652. J'ay une joye extresme de vostre eschange. Bibl. nat., f. fr. 23202, p. 41.

[57] O. TALON, Mémoires, p. 488.

[58] Histoire abrégée du Parlement, p. 229.

[59] André D'ORMESSON, Mémoires, à la suite de ceux d'O. D'ORMESSON, t. II, p. 664.

[60] Beaufort avoua. V. TALON, Mémoires, p. 491. Quant à l'abbé, il suffit de lire les lettres de Mazarin pour être assuré qu'il payait ces émeutiers. V. lettre du 21 juin, Mazarin à Foucquet. Bibl. nat. f. fr. 23202, p. 272.

[61] Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 26 juin 1652. (Ms. Gaignières.)

[62] O. TALON, Mémoires, p. 492.

[63] CONRART, Mémoires, p. 365.

[64] Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, en date du 26 juin 1652, citée par Chéruel et par Chantelauze.

[65] CONRART, Mémoires, p. 566. Omer TALON, p. 493, indique une délibération semblable prise le 1er juillet. Cet endroit des Mémoires de Talon a subi quelque interpolation ou plutôt une addition mal rajustée.

[66] YORCK, Mémoires, p. XXIV, à la suite des Mémoires de Turenne, t. II, édit. 1735, in-4°.

[67] M. CHÉRUEL, Introduction aux Mémoires d’O. d'Ormesson, a publié le texte de cette pièce très curieuse. Il l'a reproduite dans les Mémoires sur Foucquet, t. I, p 114, et dans les notes sur les Mémoires de Mlle de Montpensier, t. II, p. 88, enfin dans l'Histoire de France soue le ministère de Mazarin, t. I, p. 210. L'original se trouve aux Archives des affaires étrangères, CXLI, pièce 113. Le billet n'est pas signé.

[68] La Cour eut un faux avis de Paris. Ce passage des Mémoires de Turenne, t. II, p. LXXXIX, est probablement altéré. Le mot faux ne s'explique pas.

[69] Mlle DE MONTPENSIER, Mémoires, t. III, p. 88 et suiv.

[70] L'ordre de faire tirer, signé Gaston, a été publié en note aux Mémoires de Conrart, p. 366. Conrart et O. Talon, p. 494, s'évertuent à établir que la ville n'était pas responsable de cet acte de belligérant.

[71] Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires, t. IV, p. 23.

[72] Mlle DE MONTPENSIER, Mémoires, t. II, p. 113.