Pendant
l'année 1652, la politique royale va prendre un caractère actif. Condé se
décidant à soutenir ses prétentions les armes à la main, le Cardinal, de son
côté, étant résolu à rentrer en France à la tête des troupes concentrées sur
la frontière, un choc était inévitable. Les hommes du Parlement vont se
trouver pris et perdus entre les principes contraires qu'ils proclamaient
tour à tour, le pouvoir absolu du Roi, et le droit de contrôle qu'ils
prétendaient tenir d'une soi-disant constitution de l'État. Quelques
politiciens de ce temps-là et beaucoup du nôtre ont gravement et longuement
disserté sur les mérites de cette opposition du Parlement de Paris. En 1652,
les entêtés de la Fronde ne défendaient aucune doctrine et ne songeaient qu'à
leurs intérêts personnels. Ces périodes d'égoïsme ne sont pas rares dans
notre histoire. Les
hommes obligés par situation, comme Foucquet, à faire marcher les affaires le
mieux possible, étaient toujours en quête d'expédients. Mais comment, au
milieu de tant d'intrigues, de rapports vrais et faux, discerner ce qui
expédiait ? Les plus habiles s'y trompaient grossièrement. Ainsi
Mazarin, décidé à rentrer quand même, estimait que le gros de la résistance
se trouverait en Guyenne à l'armée de Condé, à Paris autour du duc d'Orléans.
Quant au Parlement, un mot du Roi le mettrait à la raison. Tout au contraire
de ces prévisions, Condé, malgré son génie, ne pouvait tenir contre les
vieilles troupes fidèles à la royauté[1]. Gaston devait bientôt
apprendre que sa puissance n'était qu'un mirage. Par contre, celle du
Parlement, si méprisé par le Cardinal, allait se montrer de plus en plus
effective. Foucquet,
resté seul depuis le départ du premier président Molé, se tenait en rapports
constants tantôt par son frère, tantôt par Colbert, avec Mazarin en marche
triomphale sur Poitiers. D'après ses conseils, le Roi avait écrit une lettre
officielle à l'exilé, lui commandant sans
autre réplique et sans aucun retardement de venir le joindre avec ses troupes[2]. Je suis bien ayse d'avoir reçu cette despeche, écrivait Mazarin, quoyque jusqu'à présent elle n'ayt esté aucunement nécessaire. Cette nécessité d'un titre
légal à sa rentrée paraîtra bientôt. Dès le
2 janvier 1652, les hostilités commencèrent dans les Chambres assemblées.
Première proposition : On lèvera des troupes contre Mazarin. Acclamation. On
appliquera à leur solde les deniers publics, dût-on suspendre le payement des
rentes et des gages des conseillers[3]. Hésitation. Foucquet et Talon
objectent qu'au Roi seul appartient de disposer des deniers publics ; que le
service des rentes constitue un engagement sacré. Unanimement, on défère à
leurs objections : On ne fait jamais bien la
guerre civile avec les conclusions des gens du Roi, murmura Retz toujours
railleur, à l'oreille de Gaston toujours indécis'[4]. Grande vérité ! Au fond, tous
ces opposants étaient royalistes. Une délégation revenue de Poitiers, où se
trouvaient le Roi et le gouvernement, rapporta, non sans quelque aggravation,
les paroles assez dures de Molé. Les représentations du Parlement n'étaient
pas agréées. On les excusait seulement, parce qu'il ne savait sans doute pas
que Mazarin revenait par ordre du Roi[5]. La rentrée du ministre était
légale. Ainsi se trouvait justifiée la précaution officielle prise sur les
instances de Foucquet. Cette légalité irrita le Parlement. L'irritation se
transforma en fureur, quand on apprit que deux conseillers avaient été, l'un
pourchassé, l'autre arrêté par les bandes du Cardinal[6]. En
effet, deux magistrats avaient reçu commission de soulever les communes
contre l'exilé en rupture de ban. Chargés de ballots d'imprimés, ayant
péniblement rejoint l'armée d'Hocquincourt à Pont-sur-Yonne, ils commencèrent
à lire les arrêts du 29 décembre au maréchal, qui brutalement coupa court à
leur lecture. L'un d'eux, Le Coudray-Génier, parvint, non sans péril, à
s'échapper ; l'autre, Bitault, resta aux mains des royalistes. A Paris, on
prétendit aussitôt qu'il avait été assassiné ; mais Foucquet, que Mazarin
tenait au courant, rétablit la vérité. Bitault était seulement prisonnier et,
au surplus, très bien traité[7]. Alors, on cria à la
séquestration. Ces gens, qui avaient mis à prix la tète de Mazarin,
s'indignaient de ce que cet homme, traité par eux en bête fauve, s'assurât un
otage[8]. Le
procureur général devenait suspect à son tour. On lui cherchait querelle à
tout propos. Pourquoi n'avait-il pas envoyé les arrêts de la Cour aux autres
Parlements ? Foucquet, se sentant sur un bon terrain, accepte le débat. Les arrêts sont partis : il a les certificats des
courriers[9]. Le lendemain, il apporte les
réponses de Metz et de Toulouse, avec les arrêts rendus contre le Cardinal[10]. Donc, rien à lui dire. Impuissants
à faire arrêter ou assassiner Mazarin, les exaltés du Parlement se vengèrent
sur ses meubles, sur ceux qui lui étaient le plus chers. Dès le mois de
février 1649, les biens du Cardinal avaient été saisis ; mais grâce à
l'intervention des conseillers Saintot, Doujat, Catinat, de La Nauve, on
avait pu sauver les livres[11]. En décembre 1651, rien
n'arrêta les furieux. Comme dernier obstacle, on essaya de faire vendre la
collection en bloc. Le Parlement exigea la vente en détail. En vain, Foucquet
produisit une lettre de cachet du Roi, défendant, au nom de l'utilité
publique, de procéder aux enchères. On ne
pourroit en un siècle faire un amas de livres aussi considérable ![12] Rien ne valut. Le conseiller
Pithou, méchant porteur d'un beau nom, allégua qu'il ne restait que peu de
livres et quelques manuscrits arabes, dont on ne trouve pas de débit, et
pouvant bien valoir deux pistoles pièce. On en vola autant qu'on en acheta.
Des habiles dérobaient des volumes pour se faire adjuger ensuite à vil prix
les ouvrages dépareillés. Mazarin supporta très dignement cette abominable
vengeance[13]. Si
Foucquet ne parvint pas à sauver cette belle bibliothèque, il ne fut guère
plus heureux en politique. Il continuait à Paris son rôle de modérateur, rôle
toujours ingrat. Mazarin,
revenu auprès du Roi et reçu comme un vainqueur, continuait (l'exulter. Je ne voy pas, écrivait-il à l'abbé Foucquet, son intermédiaire auprès de Retz
et de la Chevreuse, devenus ses alliés, je ne
voy pas ce que pourront dire à présent ceux qui prosnoient tant que mon
entrée dans le Royaume causeroit une révolte généralle et renverseroit l'Estat,
puisque, sans que j'aye faict aucune diligence envers les peuples, sans
qu'ils avent eu une cognoissance particulière des ordres du Roy... ils m'ont faict des acclamations partout où j'ay passé, et
témoigné une véritable joye de mon retour. Et le Cardinal, homme pieux à certains jours, de
s'écrier : Voilà la protection que Dieu prend
de l'innocence[14]. Foucquet
voyait moins d'enthousiasme à Paris. Quand le gouvernement voulut y faire
signifier un arrêt du Conseil d'État, séant à Poitiers, qui en cassait un
autre du Parlement en date du 27 décembre 1651 dirigé contre Mazarin, le
procureur général trouva la mesure inopportune. Il en écrivit à la Reine. Au
premier moment, ses envieux présentèrent sa résistance sous un jour
défavorable. On lui répond que la décision est prise, imprimée, irrévocable ;
mais, dès le lendemain, un second messager courait après le premier pour dire
à Foucquet d'agir suivant son sentiment[15]. Le Roi lui écrivit même pour
le remercier de sa sincérité. Quand on dit le Roi, il faut entendre le
Cardinal. Autre
difficulté. Les anti-Mazarin avaient voulu mettre la main sur les fonds
destinés au service des rentes ; Mazarin ne désirait pas moins prendre cet
argent, — pour la bonne cause. Foucquet, s'autorisant des avis du Coadjuteur
et de Mme de Chevreuse, insista si bien, que le ministre céda, d'assez
mauvaise grâce, il est vrai. On le réduisait à la misère, il ne restera plus
rien pour la table du Roi, etc. ; enfin, il céda. Les arrérages des rentes
furent payés, et le bourgeois se tint tranquille[16]. Faites en sorte,
recommanda alors Mazarin, voulant regagner en considération ce qu'il
sacrifiait en argent, qu'on m'attribue le
mérite de cette mesure ! En
effet, il songeait toujours à ce Paris où les Foucquet, aidés des présidents
de Novion et de Mesme, neutralisaient de leur mieux le duc d'Orléans, l'allié
du prince de Condé. Le procureur général requérait contre ceux qui, sans
commission du Roi[17], levaient des troupes en Berry[18], contre Nemours et son armée,
et, chose étonnante, le Parlement rendait un arrêt conforme à ses conclusions[19]. Le duc
d'Orléans, se sentant touché, répliqua sèchement que les troupes de M. de
Nemours n'étaient pas plus étrangères que celles de Mazarin. Orner Talon,
l'avocat général du Roi, intervint (28 février 1652) par un coup double à sou
ordinaire. Il défendit l'autorité royale, contre laquelle le seul recours est
lu prière. Quant au Cardinal, objet de la haine publique et de l'aversion des
compagnies souveraines, pierre de scandale, on doit savoir gré à M. le duc
d'Orléans de s'opposer à son retour. Il conviendrait mime d'écrire au Pape
pour le prier de rappeler son Cardinal à Route[20]. Le Pape s'est moqué des
plaintes de ce dernier, et lui a conseillé de laisser la France tranquille.
Entraîné par son éloquence, Talon parla de
l'incapacité reconnue
de Mazarin[21]. Ce discours, dit l'orateur dans ses Mémoires,
bâti sur-le-champ, récité avec action, avec
indignation et quelque sorte de vigueur, valut beaucoup mieux qu'il ne vaudra
sur le papier ; mais il ne produisit aucun effet[22]. Talon se trompe. L'effet de
ridicule fut grand, et Mazarin dut bien rire en s'entendant traiter
d'incapable par ce pédant chargé de science et pliant sous le bût. Foucquet,
qui tenait la plume, garda plus de mesure. Si par politique il sacrifiait à
la passion du jour, l'expression n'était jamais blessante[23]. Gaston
crut habile de ne laisser prendre aucun arrêt, prétextant un jour une fièvre,
un autre jour quelque malaise pour ne pas siéger. Foucquet n'insista pas.
Pendant ces délais, l'armée royale, après un succès en Anjou, se reformait
sur la Loire. En Guyenne, le duc d'Harcourt achevait de réduire Condé à
l'impuissance[24]. Enfin, Mazarin, l'incapable, prenait toutes les mesures propres à atténuer les mauvaises
dispositions du Parlement. Il renvoyait Bitault comblé de civilités, séduit,
gagné, promettant de bien servir dans sa
compagnie[25], promesse qu'il ne tint pas. En mars
1651, Foucquet et Talon saisirent l'occasion de la mercuriale pour remettre
quelque ordre dans la tenue des séances : accès interdit aux étrangers, même
aux maîtres des requêtes non en service ; portes fermées au verrou, etc.[26] Le 26 mars, le procureur général
remontra qu'on vendait dans Paris des libelles fort scandaleux contre l'autorité royale. Suivant l'un d'eux : la Franche Marguerite,
le Roi ne peut rétablir Mazarin, ni la Reine
être chef du Conseil
; le Roi, même majeur, doit rester sous la
curatelle tacite de Monsieur, lequel, avec les Princes et les Parlements,
commandera le ban et l'arrière-ban pour terminer la guerre contre le Mazarin. L'autre pamphlet, le Point
de l'Ovale, poussait au soulèvement de Paris[27]. Foucquet dénonçait ces
atteintes à l'autorité absolue du Roi. En même temps, très habile, il
flattait la manie des frondeurs en demandant au Pape de rappeler le Cardinal
à Rome. Ces conclusions, contradictoires en fait, très logiques en droit,
jetaient le trouble dans l'esprit des conseillers. Il ne demandait rien de
plus. Évidemment
cette Fronde des Princes ne passionnait ni le peuple ni même les compagnies
soi-disant souveraines, comme avait fait celle de 1648. Une tentative pour
rétablir à nouveau la Chambre de Saint Louis échoua piteusement. Par malheur,
il restait trop d'amour-propre des deux côtés, ce qui fit commettre bien des
fautes. Par un
esprit d'imitation, aussi commun dans la politique qu'ailleurs, tous les Parlements
du royaume avaient réédité les arrêts rendus par celui de Paris contre
Mazarin. Ils échangeaient entre eux ces pièces d'éloquence ; celle des
Toulousains fut si fort applaudie à Paris, qu'on décida de députer le
président de Nesmond et cinq conseillers pour porter au Roi de nouvelles
remontrances et demander l'expulsion du Cardinal[28]. Aussitôt,
l'abbé Foucquet, organe de son frère, écrivit à Mazarin ce que le président
de Novion, un ami, croyait qu'on devait répondre à la députation. Il était de
bonne politique de ne pas aigrir les esprits ; au contraire, de bien traiter les
députés, surtout de ne rien leur dire de fâcheux[29]. Par malheur, la députation
marcha plus vite que la lettre et rejoignit la Cour à Sully-sur-Loire[30]. On y était tout glorieux des
succès remportés en Anjou, plein d'espérance dans les succès à venir. Toutes nos troupes sont en marche pour se joindre, écrivait Mazarin[31], et je croy qu'elles composeront une armée qui ne craindra guère de
rencontrer celle que commandent M. de Nemours et M. de Beaufort. Les
victorieux ouvrent rarement l'oreille aux contradictions. Une sorte
de discours préparatoire fut assez patiemment écouté ; mais lorsque Nesmond
demanda la lecture par un secrétaire d'État de remontrances où l'on débutait
par rappeler au Roi l'incontestable violation de sa parole, où l'on finissait
par accuser le Cardinal d'avoir fait passer trente millions en Italie, tout
se gâta. Molé répondit par un refus. Le Roi était majeur et voulait être
obéi. Alors, les députés de répliquer, de réclamer la lecture de leur papier
; la Reine de prendre la parole, de déclarer que cette contestation est
indécente, que Messieurs du Parlement n'ont qu'à se retirer. Elle se lève ;
le jeune Roi l'imite, et comme Nesmond et les siens insistaient, Louis, ôtant
son chapeau : Retirez-vous, Messieurs, leur dit-il, retirez-vous. La députation obéit, non sans laisser échapper des imprécations
contre l'Italien qui conseillait le Roi[32]. Mazarin
eut le sentiment que ce jour-là une faute avait été commise. Il s'en excusa
auprès de Basile Foucquet sur la vivacité de
M. de Nesmond[33]. Au surplus, il était toujours
plein de confiance ; dans deux jours, le Roi marchera sur Paris, sans appréhension de l'armée ennemie. Que de son côté, Foucquet et
les siens agissent avec vigueur, et tout ira bien. Pas si
bien que le croyait cet habile homme, aveuglé cette fois par son intérêt personnel. Les
complications militaires survenaient. Condé, peu habitué à se laisser battre,
abandonnait ses recrues de Guyenne et, grâce à une course audacieuse,
rejoignait à Châtillon-sur-Loire l'armée de M. de Nemours. Cette armée, avec
beaucoup d'hésitation, avait passé la Seine à Mantes, grâce à la complicité
de Sully, gendre de Séguier, qui lui-même se défendit fort mal du reproche de
complicité[34]. Cette trahison avait excité de
vives alarmes. Condé, retrouvant avec de meilleurs soldats son génie et son
audace, choquait et culbutait à Bléneau l'armée du brave mais routinier
Hocquincourt. Anne
d'Autriche, alors à Gien, tout près du champ de bataille, subit cette épreuve
avec le sang-froid d'une grande princesse. Quand Mazarin, tout ému, lui
apporta la nouvelle, elle se coiffait et
demeura attachée à son miroir, n'oubliant pas à tortiller une seule boucle de
ses cheveux.
Ensuite, elle dira, de bon appétit et aussi
tranquillement que si elle n'eût couru aucun risque[35]. La fortune sourit à ce calme
souverain. On apprit bientôt que tout était sauvé, grâce au courage et à
l'habileté de Turenne. Les négociations de Foucquet avaient beaucoup
contribué à ramener dans la bonne voie ce général, à l'esprit naturellement
bien réglé[36]. L'audace et l'inspiration
allaient reculer devant la prudence et la méthode. Condé, encore une fois mis
en échec, quitta son armée et se rendit à Paris pour renverser par sa présence tout ce que le cardinal de
Retz faisait près de Monsieur contre ses intérêts[37]. Ainsi
Retz et Gaston étaient considérés par Condé comme des ennemis, alors qu'à
Paris on les tenait pour ses alliés. Cette allégation d'un contemporain
parait invraisemblable. Elle est exacte pourtant et en parfait accord avec
l'inconsistance et la duplicité des esprits dans ces temps désordonnés. Condé
arrivait donc sur Paris, prêt à combattre tout le monde, ne rêvant qu'assauts
et attaques de vive force. Il allait retrouver sur le terrain parlementaire
la même tactique prudente, imperturbable, qui l'avait déconcerté sur le champ
de bataille. Foucquet agissait à la Turenne. Au
premier bruit de l'arrivée du Prince, les présidents au Parlement et le
procureur général décidèrent qu'on refuserait l'entrée de la Cour à ce
rebelle, tout rouge du sang des sujets du Roi. Comme la proposition devait
émaner du parquet, dès le lendemain (11 avril) six heures du matin, Foucquet
se rendait chez Orner Talon, pour s'entendre avec lui. L'avocat général,
assez mal disposé pour Mazarin, entassa objections de droit sur objections de
sentiment. On alla chez Bignon, qui, naturellement, pencha pour l'abstention[38]. Condé entra donc au Parlement,
et, malgré l'accueil assez rude du président Bailleul, il y parla longuement
de la situation, des liaisons faites par lui dedans
et dehors le Rovàume, arréts à prendre contre Mazarin et ses adhérents. Foucquet aussitôt, sans plus
s'occuper de l'avis de ses deux collègues, discute chaque mot de la
déclaration du Prince. Telles expressions étaient malsonnantes, il convenait
de les rayer. Que signifiaient ces mots : Mazarin et ses adhérents ? Cela n'auroit jamais de terme et même se pourroit appliquer à
la Reine[39]. Condé ne sut que répondre. Par
malheur, le 12 avril, Nesmond et ses collègues rendirent compte du mauvais
accueil qu'ils avaient reçu. Leur récit n'était pas de nature à pacifier les
esprits. Par surcroît, le procureur général avait à présenter ce même jour
une déclaration et une lettre, datées de Saumur le 2 mars, par lesquelles le
Roi enjoignait de lui envoyer toutes les informations, procédures et arrêts
donnés contre son très cher et amé cousin le cardinal Mazarin, en même temps
de surseoir à toute exécution de ces arrêts. C'était une provocation
formelle. Talon prit les conclusions les plus contradictoires. Dès le
lendemain, le Parlement décida que les mêmes députés retourneraient vers le
Roi, portant, avec les mêmes remontrances, les déclarations pacifiques du duc
d'Orléans et du prince de Condé, que toutes les compagnies du royaume
seraient conviées à envoyer des députations semblables ; enfin, qu'on
tiendrait une assemblée générale à l'Hôtel de ville pour demander l'éloignement
de Mazarin[40]. Cet arrêt, aussi peu
applicable que les précédents, révèle l'état des esprits. Mazarin, de son
côté, ne voulait plus correspondre avec la compagnie[41] où Nicolas Foucquet restait
toujours seul pour défendre, quand cela se pouvait, l'autorité royale ou
plutôt ce qui en restait. Depuis deux ans et plus, la France, qui a la vie
tenace, mais qui joue trop souvent avec sa santé, vivait sans gouvernement, subissant
la guerre civile dans plusieurs provinces et la guerre étrangère sur deux de
ses frontières. Ce qui
rendait la position particulièrement difficile pour le procureur général,
c'était l'incapacité politique des avocats généraux. Le 20 avril, Talon, avec
sa pénétration ordinaire, déclarait que Messieurs (lui et ses collègues)
concluaient contre le Cardinal. En réalité, ces conclusions, œuvre de
Foucquet, visaient Condé[42]. L'avocat général n'y vit pas
beaucoup plus clair, cinq jours plus tard, quand l'abbé Foucquet fut pris,
sur le chemin de Corbeil, par les troupes du Prince. On saisit sur le
prisonnier une lettre adressée au Cardinal par un inconnu. Grand bruit par la
ville, chacun croyant cette lettre écrite par
M. le procureur général.
— Ce qui n'étoit pas vrai, se hâta de déclarer le
solennel Talon[43]. C'était très vrai, et l'abbé
Foucquet devait rencontrer à Melun un envoyé de Mazarin[44]. L'armée
royale, commandée par Turenne, s'était rapprochée de Paris. Celle de Condé
l'avait suivie. Malgré les promesses faites aux Parisiens, les troupes
occupaient et pillaient la banlieue. Les princes avaient l'intime sentiment
qu'ils faisaient une assez triste campagne, sans chance de succès ; mais
l'égoïsme dominait tout. Malgré
la conviction du duc d'Orléans et de Condé que toute révolution radicale
était impossible, qu'il fallait finir par s'entendre avec le gouvernement, ni
l'un ni l'autre ne voulaient laisser le Parlement traiter avec le Roi. Ils
chargèrent de cette négociation M. de Rohan, un naïf, Chavigny et Goulas,
deux agents incertains, sinon absolument corrompus. Talon comprenait de moins
en moins ce qui se tramait sous ses yeux. Le 26 avril, il parla à son
habitude avec une indécision trop visible sous les lieux communs d'une
éloquence surannée[45]. C'est
alors que Nicolas Foucquet prit résolument le devant de la scène. Le 30 avril
1632, il annonce au Parlement qu'il a reçu l'ordre d'aller à Saint-Germain
près de la Reine et des ministres. Broussel saisit cette occasion pour lui
reprocher de ne point informer contre certains transports de blé, au préjudice
du peuple. Foucquet répond que si les donneurs d'avis l'étaient venus
trouver, il aurait avisé. Le Père du peuple, vieillard inintelligent, finit
par où il aurait dû commencer, se rend au port au blé, constate que tout ce
qu'on lui a fait dire est faux ; mais son interpellation avait déjà produit
son effet, et la populace se livrait à d'horribles désordres[46]. Foucquet, débarrassé de ce
radoteur, part pour Saint-Germain, prononce devant le Roi un discours étudié,
d'un style emprunté aux Talon et aux Bignon. Faites,
Sire, faites connaître la tendresse de votre bon naturel dans le commencement
de votre règne, et que la compassion que vous aurez de tant de misérables
attire les bénédictions sur les premières années de Votre Majesté, qui seront
sans doute suivies de beaucoup d'autres beaucoup plus heureuses, si les
souhaits et les vœux de votre Parlement et de tous vos bons sujets sont
exaucés. Le 3 mai,
il revint, indiquant le 6 courant comme jour d'audience[47]. La députation fut très bien
reçue. La Reine pria le jeune roi de lire les remontrances, pour bien établir
qu'on ne cachait rien à Sa Majesté[48]. Le principal objet de la
négociation était des plus délicats. Il s'agissait, non de l'éloignement des
troupes, mais de celui du Cardinal. C'était le conseil que donnaient Nicolas
Foucquet et le président de Novion, deux hommes dévoués. Ils avaient toujours
dit que le retour de Mazarin était précipité, que sa présence rendait
impossible toute pacification. Selon eux, le Roi, en prenant spontanément cette
décision, éviterait qu'on la lui imposât. Cette idée ne souriait pas à
Mazarin. Véritablement, par ce moyen, disait-il, je serois esloigné honnestement, mais je serois esloigné
pour toujours[49]. Il a toute la recognoissance possible pour M. le procureur général ;
il fera toujours grand cas de ses sentimens, mais l'éloignement lui répugne
; il craint les obstacles au retour[50]. On peut faire une response à Messieurs les gens du Roy sur le sujet des
troupes et du passage, dont ils partiront satisfaits ; mais pourquoi traiter avec le
Parlement qui n'a point exercé d'hostilitez
contre le Rov et avec qui on n'a rien à desmesler ? C'est bon avec les princes,
qui ont les armes à la main[51]. Le
Parlement sentait sa force. Le 10 mai, il renvoya les gens du Roi à
Saint-Germain. Talon s'excusa sur son
incommodité.
Bignon, qui ne valait guère mieux, dut accompagner le procureur général. Ce
dernier, au courant de leurs négociations secrètes, fit demander aux princes
s'il pouvait leur être de quelque utilité. Ils éludèrent sa proposition.
Partis de Paris à cinq heures du matin, Foucquet et son compagnon arrivèrent
à neuf heures. Ils tombaient en pleine fièvre belliqueuse. On devait attaquer
l'armée de Condé, établie sur les hauteurs de Saint-Cloud dans une position
menaçante. En hâte, ils demandent un sursis, refusé pour la forme, mais
effectivement accordé. Par malheur, le lendemain 11, les Parisiens sortis
pour défendre Saint-Cloud, n'ayant rien à y faire, puisqu'on ne l'attaquait
pas, se rabattirent à quinze ou vingt mille hommes sur Saint-Denis, où deux
compagnies des Suisses du Roi tenaient garnison. Le premier peloton des
assaillants, accueilli par un feu de salve, disparut dans les blés ; mais le
flot des citoyens armés débordant de toutes parts envahit la ville et la
pilla. Grande victoire. Grande déception dès le surlendemain. Quelques troupes
royales suffirent à reprendre Saint-Denis. Condé, trop soldat pour ne pas se
séparer d'auxiliaires aussi impressionnables, laissa échapper de piquantes
railleries, que ces braves ne lui pardonnèrent pas. Le gouvernement royal fit
preuve alors d'une très grande habileté. Il remit Saint-Denis au prévôt des
marchands de Paris, comme place neutre[52]. Cette neutralisation, un des
actes les plus curieux de cette guerre civile, fut plus tard très utile à la
cause royale. Au
milieu de tant d'alertes, il était difficile de négocier utilement[53]. Condé et le duc d'Orléans
affectèrent de trouver mauvais que le Parlement se mêlât de leurs affaires.
Ils firent savoir à Foucquet qu'ils étaient en correspondance avec le
Cardinal, qui traiterait avec eux plutôt qu'avec une compagnie. Foucquet,
sans s'étonner, répondit que les princes se fâchaient bien à tort. S'il avait
parlé au nom du Parlement, c'était tout naturel de sa part, à lui, procureur
général de ce grand corps. Il poursuivit son œuvre pacifique, désireux d'engager
les magistrats dans ces tentatives de conciliation[54]. Le jeudi 16 mai, malgré le
mauvais vouloir des princes, le Parlement entendit la relation de ses députés.
Le président de Nesmond récita un discours
fleuri, élaboré, respectueux, dont les malins firent honneur aux Pères Jésuites. Quant à
Foucquet, il raconta simplement ce qu'il avait fait, sans artifice, sans préface, sans paroles étudiées. Ce
n'étoit pas son talent d'être élégant, dit Talon, mais
il étoit fort bon négociateur et capable des habitudes de cabinet, dans
lesquelles il avoit été nourri. Bien
que faite de mauvaise grâce, cette constatation de l'habileté diplomatique de
Foucquet répond au sentiment général des contemporains. Par malheur, Nicolas
était pris entre deux grands entêtements. Sur ses
instances, le Parlement ordonne l'envoi de nouveaux députés à la Cour, mais
avec injonction de demander l'éloignement du Cardinal et de ne communiquer avec
lui ni directement ni indirectement. Foucquet, simulant une grande
indignation, prend Talon à partie, se plaint des prétentions excessives de
Condé[55]. C'est Condé qui entretient la
haine persistante de la grande masse des conseillers pour Mazarin. Dans ces
temps de passions mesquines, les modérés sont impuissants. Pendant que le procureur
général s'efforçait de simplifier les formalités du rapprochement entre le
Parlement et la Cour, un autre entêté, le Cardinal, s'obstinait à compliquer
les conditions d'envoi de cette députation parlementaire. Entre temps, le duc
de Lorraine arrive avec ses troupes, se jette au milieu de ces complications
dans l'espoir de tirer une épingle du jeu. Il imitait d'ailleurs les grands
joueurs du temps, suivait trois ou quatre parties à la fois. L'abbé Foucquet,
aidé par son frère, dut faire face au Lorrain[56]. L'habileté des négociateurs,
leur argent et surtout la tactique de Turenne décidèrent ce duc, véritable
maquignon politique, à emmener ses pillards, à traiter à prix réduit, enfin à
abandonner Condé. Par contre-coup, ce succès rendit Mazarin plus difficile
sur les conditions de la paix. Du 4
juin au 10 juin, les députations du Parlement se succédèrent à la Cour, alors
installée à Melun ; mais on les retenait sans rien conclure. Le jour du
départ des Lorrains, le Cardinal se décida à répondre aux députés. Le Roi lui
permit-il de se retirer, rien n'assurait que M. le duc d'Orléans et M. le
Prince déposeraient les armes. Il proposa des conférences, où l'on réglerait
tout[57]. C'était un refus indirect de
quitter la France. Cette réponse ne fut même pas discutée à Paris[58], où l'on entra de nouveau dans
une période révolutionnaire. Paris
est la ville des contrastes. Le 11 juin, on porta en procession solennelle
les reliques de sainte Geneviève et des principaux saints. Foucquet et ses
collègues la suivirent comme les princes, comme les frondeurs[59]. Le ciel reçut ce jour-là des
vœux bien contradictoires et plus intéressés que sincères. Huit jours après,
autre procession à l'Hôtel de ville, formée cette fois de canailles
rassemblées de toutes parts ; les uns criaient : La paix ! la paix ! les autres : Point
de Mazarin !
Tous payés, soit par l'abbé Foucquet, soit par Beaufort[60]. Moyen toujours dangereux. Six
jours plus tard, la population était affolée. Pendant que les gardes
bourgeois, chargés de maintenir l'ordre, se battaient entre eux pour des
questions d'amour-propre, les hommes sans aveu attaquaient les membres du
Parlement, conseillers, présidents, gens du Roi. Nicolas Foucquet, sortant du
palais avec son frère, fut assailli par ces forcenés et courut risque de la vie[61]. Coups de pierres, coups de
hallebarde, coups de fusil. Il en partait des fenêtres, des toits des
maisons. Aux côtés des magistrats nombre de gens tombèrent mortellement frappés.
Les bourgeois du quartier approuvaient ces forcenés. Messieurs du Parlement, disaient-ils, depuis
quatre ans, vous excitez le peuple, et cela pour vos gages, n'ayant rien
produit si ce n'est la guerre civile, le siège de Paris, la retraite du Roi, la
ruine du commerce. Faites la paix, tirez-nous de la misère, ou nous vous assommerons[62]. La paix ! tout le monde en
parlait, personne ne s'accordait sur ses conditions, les bourgeois parisiens
moins que les autres. Nicolas
Foucquet, on se le rappelle, s'était déjà trouvé à Valence dans semblable
bagarre. Il ressentit cependant un certain effroi lorsque, arrêté sur les
degrés des Trésoriers de France, il vit l'émeute envahir cet enclos du Palais, sanctuaire de la justice, citadelle de la loi[63]. Quand il voulut sortir et
monter dans le carrosse de son frère l'abbé, il fut assailli par la canaille
et, pour la seconde fois dans cette journée, il courut risque de vie[64]. Le 1er
juillet, le Parlement décida qu'il n'avait plus la sécurité nécessaire pour
délibérer et suspendit ses séances[65], suprême ressource des
assemblées, lorsque, ayant laissé le désordre arriver à son comble, ne
sachant comment le réprimer, elles disparaissent devant lui. Plus
d'autorité dans Paris, où restaient seulement quelques bons citoyens isolés. La nuit
du 2 juillet 1652, les portes de la ville étant fermées, des partisans du Roi
firent descendre le long des murailles, dans un panier suspendu à une corde,
un homme chargé d'un message important[66]. Cet avis émanait de Nicolas
Foucquet et portait en substance que l'armée
de Condé, jugeant intenable sa position à Saint-Cloud, décampait en secret.
Elle longeait l'enceinte de Paris, marchant sans ordre, troupes et bagages
enchevêtrés, avec deux défilés à passer. En lançant sur elle quelques
escadrons on en aurait bon marché[67]. Turenne[68] ordonne aussitôt de prendre les
armes. Il rejoint à la hauteur du faubourg Saint-Denis Condé, qui parvient à
gagner le faubourg Saint-Antoine. On sait le reste ; l'impatience de Mazarin,
voyant déjà son ennemi vaincu et prisonnier ; celle du jeune roi et des courtisans
obligeant Turenne à précipiter son attaque. On connaît aussi l'héroïque défense
de Condé. Ce prince, politique médiocre, général et soldat incomparable,
allait néanmoins succomber. Par une de ces oppositions fréquentes dans la vie
humaine, il se voyait serré, acculé dans cette même position où il avait
arrêté les milices parisiennes trois ans en çà, alors qu'il faisait enlever
ce poste de Charenton, devenu de nouveau l'objectif de ses efforts. Quelle
différence ! En 1649, il se contentait de contenir dédaigneusement des
bourgeois peu audacieux. En 1652, de bonnes troupes chargeaient,
investissaient, coupaient les siennes, tandis que ces mêmes bourgeois
tenaient derrière lui leurs portes fermées[69]. C'est alors que, dans cette triste guerre où depuis trois ans tant de femmes comme Mmes de Longueville, de Chevreuse, de Châtillon, jouaient des rôles ridicules ou odieux, uniquement préoccupées de leur vanité, de leur intérêt, les plus honnêtes de leurs amours, on vit s'avancer vers la porte Saint-Antoine Louise d'Orléans, princesse de Montpensier. Née du mariage qui avait coûté la vie à Chalais, cette jeune fille, romanesque, mais fière et généreuse, bien qu'elle rêvât de monter sur le trône en conquérant le jeune Louis XIV, ne put se résigner à voir Condé abandonné. Elle fit tant et si bien que la porte Saint-Antoine s'ouvrit aux troupes de la Fronde. Dérober une victoire au Roi, le cas était déjà grave ; mais, pendant que Mademoiselle se complaisait à passer en revue les régiments rentrant dans Paris, soudain on entendit le canon de la Bastille. Portail, conseiller au Parlement, un des vainqueurs de 1649, n'avait pu résister au désir d'envoyer quelques volées aux troupes de Turenne[70]. Mademoiselle était trop enfiévrée pour bien juger de la véritable portée de semblables coups. Elle se défendit plus tard d'avoir donné aucun ordre[71], mais ce soir-là, elle était toute à la joie d'avoir commandé comme un général. Le lendemain, Condé, remerciant l'héroïne, protesta qu'il ne souhaitait rien tant que de la voir mariée avantageusement, que c'était la chose du monde qu'il souhaitait avec le plus de passion[72]. Surprise du sort ! A vingt ans de là, Condé devait, en alléguant la mésalliance, s'opposer au mariage de cette même cousine et, par contrecoup, déterminer l'emprisonnement de son fiancé Lauzun. Ce jour aussi, parmi les blessés de la rue Saint-Antoine, on relevait un capitaine du régiment de Persan, nommé Saint-Mars, dont le fils, mousquetaire du Roi, servait dans l'armée opposée et devait être plus tard le geôlier de Foucquet et de Lauzun, dans le donjon de Pignerol. |
[1]
M. DE SAINTE-AULAIRE, Histoire de
la Fronde, Paris, Ducroq, t. I et II ; M. DE COSNAC, Souvenirs du règne de Louis XIV, t, I à VII.
[2]
Lettre de Mazarin à Basile Foucquet, 2 janvier 1632. Lettres, t. V, p.
3.
[3]
O. TALON, Mémoires,
p. 461.
[4]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 72.
[5]
AUBERY, Histoire
de Mazarin, t. III, p. 335.
[6]
AUBERY, Histoire
de Mazarin, t. III, p. 338.
[7]
AUBERY, Histoire
de Mazarin, t. III, p. 338 ; RETZ, Mémoires, t. IV, p. 73.
[8]
V. ms. fr. 23202, p. 269. Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 11 janvier 1652.
CHANTELAUZE, Le
cardinal de Retz, t. II, p. 274. Cette lettre prouve bien que l'abbé était
l'intermédiaire entre son frère et Mazarin. Cf. Lettres de Mazarin, t.
V, p. 4.
[9]
Ms. de la Sorbonne, 16 janvier 1652.
[10]
Bibl. Mazarine, ms. 1415³⁵, séance du mercredi 24 janvier.
[11]
AUBERY, Histoire
du cardinal Mazarin, t. III, p. 305.
[12]
Ms. de la Sorbonne, séance du 6 février 1652.
[13]
V. Bibl. Mazarine, sol. 1415³⁵, à la date du mardi 6 février 1652.
Lecture d'une lettre de cachet du Roi datée de
Poitiers, 1er février 1652, défendant aux Gens du Parlement de Paris de vendre
ou de diviser la bibliothèque du cardinal Mazarin.
Lecture d'une requête présentée à la Cour par le
procureur Général : Il est enjoint au supliant de
s'opposer à la vente de la bibliothèque cy-devant du cardinal Mazarin, comme
ayant été par luy destinée au public sous la direction et administration des
premiers présidens des Compagnies souveraines de cette ville, du supliant et de
trois docteurs pieux et sçavans de l'Université de Paris, qui seront nominés
d'office par le supliant et sous la direction du Roy, avec un revenu certain
pour gages des bibliothécaires. Ce considéré, il vous plaise recevoir le
supliant oposant à la vente des livres restans ie ladite bibliothèque et, ce
faisant, ordonner qu'elle demeurera affectée au public, nonobstant toutes
saisies et arrests et par préférence à tous créanciers, sans que l'usage en
puisse estre diverti ou changé, pour quelque cause et occasion que ce soit, et
qu'à la diligence du supliant il sera fait fonds certain et asseuré pour
l'entretien et augmentation d'icelle, et pour le payement des officier :
nécessaires ; et vous ferez bien. Signé : FOUCQUET.
Il n'a esté délibéré sur
ladicte requeste et lettre de cachet.
[14]
Lettre du 18 janvier 1652. Lettres, t. V, p. 22.
[15]
O. TALON, Mémoires,
p. 462. Cf. lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, en date du 31 janvier 1652. Il
ménagera le Parlement, puisque c'est l'avis du procureur général. CHANTELAUZE, Le
cardinal de Retz et l'affaire du chapeau, t. II, p. 280. Cf. Lettres de
Mazarin, t. V, p. 32, 60.
[16]
Lettre du 16 février 1652. Mazarin à l'abbé Foucquet, ms. fr. 23202, p. 31.
[17]
Ms. de la Bibl. Mazarine, 1415³⁵, 9 et 10 février. Ms. de la Sorbonne, 10
février. O. TALON,
Mémoires, p. 464.
[18]
O. TALON, Mémoires,
p. 465, dit en Brie, et le ms. de la Sorbonne porte la même mention. Le ms. de
la Bibl. Mazarine, au lieu de Brie, porte en Berry.
[19]
L'arrêt ne paraît pas avoir été signé. V. O. TALON, Mémoires, p. 465. V. les Registres
du Parlement, 9 et 10 février.
[20]
O. TALON, Mémoires,
p. 463 ; Histoire abrégée du Parlement, p. 178.
[21]
Ms. de la Sorbonne, séance du 28 février 1652.
[22]
O. TALON, Mémoires,
p. 469.
[23]
Conclusions, 20 février 1662. Bibl. Mazarine, 1415³⁵. Cf. Lettres de
Mazarin, t. V, p. 63.
[24]
Retz, dont l'amour-propre n'est pas en jeu à ce moment, a bien saisi et seul
fait bien ressortir cette habile politique des partisans du Roi dans le
Parlement. Mémoires, t. IV, p. 78.
[25]
Lettre du 15 février datée de Saumur, ms. fr. 23202, f° 32. Cf. Lettres,
t. V, p. 47.
[26]
Ms. de la Sorbonne, mercredi 20 mars 1652.
[27]
Ms. de la Sorbonne, mardi 26 mars 1652. Cf. Bibl. des Mazarinades, t. I,
p. 420, n° 1447 ; ibid., t. II, p. 359, n° 2808. L'auteur s'appelait
Dubosc-Montandré.
[28]
23 mars 1632. DUBUISSON-AUBENAY, Journal,
t. II, p. 187.
[29]
Mazarin à Basile Foucquet, Gien, 6 avril 1632. Lettres, t. V, p. 69.
[30]
La Cour était le 31 mars à Sully.
[31]
Lettres, t. V, p. 63.
[32]
Histoire abrégée du Parlement, p. 200, 201.
[33]
Lettre du 6 avril ci-dessus citée.
[34]
KERVILER, Le
chancelier Séguier, p. 315. Paris, 1875.
[35]
MONTGLAT, Mémoires.
Dix-huitième campagne, p. 266.
[36]
Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 18 mars 1652. Turenne est désigné par le
chiffre 71. (Ms. Gaignières.)
[37]
MONTGLAT, Mémoires.
Dix-huitième campagne, p. 266.
[38]
O. TALON, Mémoires,
p. 475.
[39]
O. TALON, Mémoires,
p. 478.
[40]
Histoire abrégée..., p. 208.
[41]
Le Roy pourra bien escrire à la Ville, mais non pas au
Parlement ; les lettres qu'on leur a envoyées ont esté si mal reçues, que ce
seroit compromettre inutilement de nouveau la dignité et l'autorité de Sa
Majesté. Lettre à l'abbé Foucquet, Gien, 17 avril 1652. Lettres,
t. V, p. 80.
[42]
Ms. de la Sorbonne, 20 avril 1652. Talon n'a pas retenu ce propos dans ses Mémoires.
[43]
O. TALON, Mémoires,
p. 478.
[44]
Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 20 avril 1652. On
partira demain pour arriver lundy sans faute à Melun. Bibl. nat. f. fr.
23202, p. 35.
[45]
Ms. de la Sorbonne, 26 avril 1632. O. TALON, Mémoires, p. 475.
[46]
O. TALON, Mémoires,
p. 479.
[47]
Ms. de la Sorbonne, 30 avril, 6 mai. TALON, Mémoires, p. 480. V. Histoire abrégée du
Parlement, p. 209, où se trouve un fragment du discoure de Foucquet.
[48]
TALON, Mémoires,
p. 484. V. la lettre du 5 mai 1652, de Mazarin à l'abbé Foucquet, citée par CHÉRUEL, Mémoire sur
Nicolas Foucquet, t. I, p. 81.
[49]
Lettre du 4 mai 1652 à l'abbé Foucquet. Lettres, t. V, p. 103. Cf.
lettres du 2 mai au même. Lettres, p. 101.
[50]
Lettre au même, 7 mai 1652. Lettres, t. V, p. 107.
[51]
Lettre à Basile Foucquet, 12 mai 1652. Lettres, t. V, p. 109.
[52]
Registres de l'Hôtel de ville pendant la Fronde, t. II, p. 330.
[53]
M. CHÉRUEL, dans
son Mémoire sur Foucquet, t. I, p. 94, dit que les
princes, indignés des négociations suivies de mauvaise foi, reprirent les armes.
Premièrement, il ne faut pas
parler de bonne foi à cette époque ; ensuite, Condé et Turenne suivaient leur
partie militaire en même temps que les négociateurs et Mazarin jouaient leur
partie politique.
[54]
O. TALON, Mémoires,
p. 485.
[55]
O. TALON, Mémoires,
p. 486.
[56]
Lettre de l'abbé Foucquet à Mazarin, 4 juin 1652. Le duc de Lorraine mettra dix
jours avant de gagner Étampes. Cf. lettre de Mazarin à l'abbé Fourquet, 1er
juin 1652. J'ay une joye extresme de vostre eschange.
Bibl. nat., f. fr. 23202, p. 41.
[57]
O. TALON, Mémoires,
p. 488.
[58]
Histoire abrégée du Parlement, p. 229.
[59]
André D'ORMESSON, Mémoires,
à la suite de ceux d'O. D'ORMESSON, t. II, p.
664.
[60]
Beaufort avoua. V. TALON,
Mémoires, p. 491. Quant à l'abbé, il suffit de lire les lettres de
Mazarin pour être assuré qu'il payait ces émeutiers. V. lettre du 21 juin,
Mazarin à Foucquet. Bibl. nat. f. fr. 23202, p. 272.
[61]
Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, 26 juin 1652. (Ms. Gaignières.)
[62]
O. TALON, Mémoires,
p. 492.
[63]
CONRART, Mémoires,
p. 365.
[64]
Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet, en date du 26 juin 1652, citée par Chéruel
et par Chantelauze.
[65]
CONRART, Mémoires,
p. 566. Omer TALON,
p. 493, indique une délibération semblable prise le 1er juillet. Cet endroit
des Mémoires de Talon a subi quelque interpolation ou plutôt une
addition mal rajustée.
[66]
YORCK, Mémoires,
p. XXIV, à la suite des Mémoires de Turenne, t. II, édit. 1735, in-4°.
[67]
M. CHÉRUEL, Introduction
aux Mémoires d’O. d'Ormesson, a publié le texte de cette pièce très
curieuse. Il l'a reproduite dans les Mémoires sur Foucquet, t. I, p 114,
et dans les notes sur les Mémoires de Mlle de Montpensier, t. II, p. 88,
enfin dans l'Histoire de France soue le ministère de Mazarin, t. I, p.
210. L'original se trouve aux Archives des affaires étrangères, CXLI, pièce
113. Le billet n'est pas signé.
[68]
La Cour eut un faux avis de Paris. Ce passage
des Mémoires de
Turenne, t. II, p. LXXXIX,
est probablement altéré. Le mot faux ne s'explique pas.
[69]
Mlle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 88 et suiv.
[70]
L'ordre de faire tirer, signé Gaston, a été
publié en note aux Mémoires de Conrart, p. 366. Conrart et O. Talon, p.
494, s'évertuent à établir que la ville n'était pas responsable de cet acte de
belligérant.
[71]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 23.
[72]
Mlle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. II, p. 113.