NICOLAS FOUCQUET

TROISIÈME PARTIE

 

CHAPITRE II. — FOUCQUET, PROCUREUR GÉNÉRAL, S'APPLIQUE À GAGNER DU TEMPS ET À LASSER LES FRONDEURS.

SERVICES QU'IL REND À LA REINE ET À MAZARIN (Février 1651-décembre 1651)

 

 

Le lendemain des noces de Nicolas Foucquet fut encore plus agité que le jour même. Dès l'aube, le nouveau marié était mandé au Parlement avec ses collègues pour faire connaître le résultat de leur mission près de la Reine. Une fois venus, on les fit attendre ; on délibérait tumultueusement. Enfin, on les reçoit, et ces gens éveillés si matin déclarent qu'ils n'auront pas de réponse avant quatre heures du soir. On s'en prend au premier président : il aurait dit faire la commission lui-même, au lieu d'envoyer les gens du Roi[1]. On crie aux fourbes de Mazarin. Retz, homme d'Église, ajouta qu'enfin le jour étoit venu où Dieu levoit le voile sur les bonnes et les mauvaises intentions. Applaudissements, nouveau tumulte ; discours de M. le Prince, discours du vieux Broussel. Beaucoup de paroles, peu d'effet. Cependant, on ordonne que les gens de guerre devront obéir au duc d'Orléans. Cela suffit pour inquiéter Mazarin. Le jour même, jugeant la situation intenable, il s'esquive déguisé en cavalier, le manteau sur le nez. Comme tous les fuyards, il laissait entendre que dans huit ou dix jours, il reviendrait plus glorieux ; sinon, le Roi sortirait de Paris et le rejoindrait[2]. La Reine le lui avait promis. Dans cette attente, il ne passa pas Saint-Germain.

Aussi, le lendemain, 7 février, entendit-on au Parlement une clameur confuse, qui ne se sentoit en rien de la majesté d'un Sénat[3]. Par arrêt, on enjoignit au Cardinal de sortir du royaume sous huitaine, à ses parents de quitter Paris dans le jour. Foucquet et Talon, dépêchés vers le garde des sceaux, lui trouvèrent l'esprit tout brouillé. Le soir, à six heures, la Reine les reçut. Talon demanda l'exil des ministres. Le procureur Général, dit-il, insiste comme, moi. Insistance convenue ; convenue aussi la réponse de la Reine, que Mazarin était parti sans espoir de retour[4].

La situation restait fort tendue. Le prévôt des marchands avait ordonné de fermer les portes. Beaufort, avec nombre de soi-disant nobles, passait la nuit en faction devant le Palais-Royal ; d'autres battaient l'estrade clans la banlieue, surveillant les mouvements de Mazarin.

Nous entrons dans la période appelée assez improprement la Fronde des Princes, parce que le duc d'Orléans et le prince de Condé paraissent être les chefs de l'opposition. An fond, c'est la continuation de ce que nous appelons aujourd'hui le gâchis.

Le mercredi 8 février 1651, la séance du Parlement fut plus orageuse encore que les précédentes. Les adversaires du Cardinal étaient seuls écoutés. On sifflait ses partisans dès qu'ils ouvraient la bouche. Le premier président, raillé, insulté, emporté par le torrent des Enquêtes, est obligé d'en venir aux voix. Foucquet et ses deux collègues concluent à supplier la Reine de mettre les princes en liberté et d'ordonner la sortie de Mazarin hors du royaume[5]. Après beaucoup de paroles, leur avis fut adopté, et le soir, à cinq heures, ces trois esclaves du parlementarisme naissant se présentaient pour la troisième fois depuis trois jours au Palais-Royal. Ils recevaient de la Reine une adhésion formelle au vœu du Parlement et l'assurance que le Roy ni elle ne pensoient en aucune façon du monde à quitter Paris. Cette déclaration plus ou moins sincère assura le salut de la royauté. Ce peuple, qui aurait poursuivi Louis XIV et sa mère fuyant, se contenta de les garder à vue, in libera custodia[6]. Tel était le prestige du pouvoir que ces bourgeois, révolutionnaires inconscients, admis à voir le jeune prince dans son petit lit, ressortaient enthousiasmés comme de fidèles sujets. Loret, le gazetier rimeur, donna la note juste : — Pour moy, je ne suis qu'un simple homme, Point conseiller, point gentilhomme, — Ny de considération ; — Mais, certes, j'ai compassion, — Et de la Royauté débile, — Et de la veuve et du pupille[7].

Cependant, Mazarin, surpris d'abord de ce qu'on ne tentait rien contre ces gens-là, décontenancé par l'arrêt du Parlement et la réponse de la Reine, obligé de chercher un asile pour ses nièces chassées de Paris, s'était décidé à entreprendre un voyage quasi ridicule au Havre, où il voulut paraître en libérateur des princes. Il dut se retirer en évitant Rouen et son Parlement[8], assez mal reçu partout, si ce n'est à Dieppe, où le lieutenant général du Plessis-Bellière, maintenu gouverneur à la sollicitation de Foucquet, l'accueillit honorablement.

De la fin de février au commencement de mai 1651, le gouvernement resta sans direction, chacun suivant ses inspirations. Après la retraite du Cardinal, le pouvoir allait passer aux mains de Monsieur, qui n'en savait que faire, de Condé, très-inexpérimenté en politique, de Retz, génie brouillon. Seule la haine contre Mazarin réunissait ces trois hommes, comme elle était aussi la seule cause de l'appui qu'ils trouvaient dans le Parlement, on les idées devenaient plus incohérentes que jamais. Aussi les chefs de ce grand corps, Molé et Foucquet, comprenant qu'il était impossible de le ressaisir, s'efforcèrent-ils d'en affaiblir l'action.

Pendant toute l'année 1651, ils vont jouer une véritable comédie, avec tant de naturel, qu'on ne découvrira pas leur ruse, si ce n'est beaucoup plus tard.

Le 16 février, Molé commença le jeu. Il chargea les magistrats du parquet de demander au gouvernement une déclaration excluant les étrangers de toute administration publique[9]. Dès le 18, Foucquet et ses collègues en déposaient une sur le bureau. Elle visait tous les étrangers même naturalisés, à l'exception des archevêques et évêques ayant prêté serment nu Pape ou au nonce[10]. Grands débats. Le Parlement exige le retrait de l'exception et l'insertion d'une clause nouvelle : les cardinaux, même français, ne pourront faire partie du conseil. Évidemment on visait Retz, aspirant à la pourpre et qu'on supposait en négociation avec Mazarin. Quinze jours se perdent en expédients dilatoires. Enfin, le 8 mars, Molé prend la parole : Gens du Roy, vous avez esté chargés par la Compagnie de faire réformer la déclaration relative aux étrangers. Qu'avez-vous à dire ? Talon, appuyé par Foucquet, répond qu'il a vu le garde des sceaux. On ne peut rien changer à la volonté de la Reine. Eh bien, réplique le premier président, en êtes-vous demeurés là ? Une délibération si importante, faite de l'avis de M. le duc d'Orléans et de Messieurs les Pairs, demeurera-t-elle sans effet ?Si Messieurs les députés de la Compagnie, réplique Talon, mieux instruits que nous des motifs des arrêtés, en prenaient la peine, possible que l'affaire réussirait mieux. Cependant, lui et ses collègues sont aux ordres de la Cour. Alors Molé, très sérieux : Vous pouvez voir la Reine. Sur sa réponse, on avisera[11].

Deux jours se passent. On rappelle Foucquet et Talon : Gens du Roi, vous avez été chargés de voir la Reine, qu'avez-vous avancé ? Talon raconte une sorte d'odyssée et s'esquive avec son collègue. On les retient. C'est à eux de requérir contre le Cardinal. Ils n'en disconviennent pas ; mais ils sont assez empêchés en cette rencontre. Informer contre un homme banni, cela ne peut aboutir ; on ne le fera pas revenir pour l'emprisonner. Il faut attendre, etc. On délibère. Arrêt ordonnant qu'à la diligence de Foucquet, il soit informé contre Mazarin, ses parents, ses domestiques ; partout où il sera trouvé sur les terres du Roi, le Cardinal sera saisi, pour être amené à la Conciergerie et jugé extraordinairement. Une lettre circulaire est envoyée aux autres parlements, les invitant à rendre de semblables arrêts[12].

Le 13 mars, les gens du Roi verront la Reine. Le 17, ils l'ont vue. Elle verra M. le duc d'Orléans, puis les princes. Le '20 mars, le duc d'Orléans a été incommodé : M. le Prince a dû recevoir madame de Longueville ; on n'a pu tenir conseil. Molé trouve à la fin que l'affaire traîne trop. Le mal presse, il faut y trouver remède, ou la Compagnie avisera[13].

Foucquet alors imagine un nouveau moyen de détourner l'attention. Aux premiers jours de février, on avait vu débarquer à Paris, un peu crottés, Tout plein de nobles de campagne, — Les uns vêtus de drap d'Espagne, — Et les autres de bureau gris, — Qui venoient fronder dans Paris, — Et présenter une requeste, — Pour accroistre encor la tempeste[14]. C'était un renfort appelé par les princes, qui réunirent ces comparses aux Cordeliers. Foucquet affecte de prendre la chose au sérieux. Une assemblée sans permission du Roi ! Vite, on dépêche le maréchal de La Motte pour la dissoudre. Coup de surprise, comme au théâtre. L'assemblée justifie d'une autorisation donnée par Monsieur, oncle du Roi. Monsieur demande à s'expliquer. Dans quelques jours, il aura tout arrangé. Rien ne s'arrange, et tout se complique. Une soi-disant assemblée du clergé prétend se joindre à celle de la soi-disant noblesse. Surcroît d'indignation du procureur général. Le 19 avril, tout ce parlementarisme aboutit à une décision inattendue. A l'avenir, les cardinaux devront résider à Home, conformément aux vœux du Pape, exprimés dans une bulle de 1647. L'évêque de Comminges répondit par un propos bien significatif, que la France était un corps composé de trois membres, le clergé, la noblesse, le tiers état ; que si à ce corps parfait un quatrième voulait se joindre, c'était un monstre[15]. Qui était ce monstre, si ce n'est le Parlement ? Pendant ces discussions, il se forma chez les Carmes de la place Maubert une assemblée, qui prit le nom de Tiers État. Avec un peu d'audace, on aurait tenu les États généraux, dont personne ne voulait, ni le Parlement, ni les princes, ni le gouvernement.

Le duc d'Orléans, sur de sévères paroles de Molé, promit de mettre bon ordre à cette tentative. On ajourna la convocation des États au mois de septembre, après la majorité du Roi. Mais, pour hure passer l'ajournement, il fallut manger un peu de Mazarin. Foucquet, Talon, Bignon représentèrent de nouveau à la Reine tous les dangers résultant de la présence de cardinaux dans le conseil. C'était, comme on l'a dit, un coup droit porté à un aspirant à la pourpre, au coadjuteur de Paris[16], exaspéré par cette manœuvre au point de tenter une attaque contre le Palais-Royal. Vaine colère. Le peuple ne bougeait plus, et, après l'avortement de tels efforts, on ne put de trois mois soulever de grandes tempêtes dans le Parlement[17]. Le duc d'Orléans, Condé, Retz restaient aussi ennemis que par le passé. Molé et Foucquet, en temporisant, avaient admirablement servi la Reine et le ministre dont le mot d'ordre était : Le temps et moi.

Pendant qu'on jouait cette comédie, le grand politique se retirait lentement, s'arrêtant de place en place, à Ham, à Sedan, à Rethel, près du théâtre de sa récente victoire, attendant toujours quelque changement imprévu, dont il profiterait pour revenir. A Sedan, les généraux Fabert, Hocquincourt, Navailles lui proposèrent de marcher sur Paris. Il refusa, prétextant l'horreur de la guerre civile[18]. Enfin, sur les instances de la Reine[19], il établit son séjour en Allemagne.

A Aix-la-Chapelle, Mazarin essaya de reprendre pied sur un terrain où il excellait, celui des négociations pour la paix. Chigi l'éconduisit avec hauteur ; Pimentel se déroba, sachant que son gouverneur eut s'entendait avec les frondeurs[20]. Mazarin, déconcerté, resta quelques jours à Brühl, près de Cologne, avant de recouvrer l'entière liberté de son jugement. Son unique idée était de décider le Roi et la Reine à sortir de Paris, qu'il appelait leur prison. On tiendrait la campagne, on se battrait. Il passait son temps à écrire le brouillon de lettres destinées à la Reine, où les conseils politiques prenaient une teinte de passion personnelle, mélange bizarre de finesse italienne et de jargon espagnol. Ces élucubrations étaient-elles mises au net et envoyées à leur adresse ? On ne sait. En même temps, le ministre déchu pensait à Le Tellier, très incertain ; à Lionne, qui ne lui écrivait plus depuis cieux mois. Il se sentait abandonné ; il l'était en effet par tous ceux qu'il avait le plus obligés. Quand, au commencement d'avril 1651, la Reine ôta les sceaux à Châteauneuf, pour les donner au premier président Molé, quand elle l'appela Chavigni et le chancelier Séguier, ce changement dans le ministère inquiéta Mazarin, preuve évidente qu'on ne l'avait pas consulté. On ne le renseignait même plus. M. Le Tellier, écrivait-il, me mande tous les changements que la Revne a faicts, comme pourroit faire Renaudot, le rédacteur de la Gazette. Ni Lionne ni la Reine ne lui ont rien dit : J'av grand subjet d'en tirer mauvais augure et d'attribuer ce silence à ce qu'il n'y a rien de bon pour moy en toutes les résolutions que Sa Majesté a prises[21].

Autant qu'on peut démêler quelque vérité dans un tissu de ruses et de fourberies, on constate que l'influence de Mazarin fut un moment compromise.

C'est alors au contraire que se manifesta le dévouement de Nicolas Foucquet et des siens.

Dès le mois d'avril 1651, commencèrent des allées et venues de courriers dont le plus actif comme le plus habile fut Basile Foucquet, celui-là qu'on appelait l'Abbé. C'était un garçon actif, hardi, même téméraire et cherchant le danger. Mazarin lui reprochait ses imprudences de conduite[22] et d'autres encore plus dangereuses qu'il commettait en parlant trop. Peu s'en fallut que l'Abbé n'achevât de le brouiller avec Lionne, et, qui pis est, avec la Reine, en reportant certains propos[23]. A cela près, quel flair ! quel génie de l'intrigue ! Pas besoin de lui donner des ordres. Par instinct, Basile agissait et marchait à la difficulté comme un bon général au canon.

Dès que Mazarin, grâce à ces renseignements, eut ressaisi les quelques fils nécessaires à ses intrigues, le politique reparut. Ne sachant trop s'il reprendrait le chemin de Paris ou celui de Rome, on le vit se montrer aux populations empressées. Enfants, jeunes gens, vieillards et malades en foule accouraient aux églises où ce cardinal, qui n'était ni évêque, ni prêtre, ni diacre, paraissait avec toute la pompe romaine[24]. Mais, se sentant plus propre à gouverner qu'à bénir, il entretenait ses relations de France.

Le 16 mai, il écrivait : Je remercie de tout mon cœur M. le Procureur général de la bonté qu'il a pour moy, touchant la main-levée des saisies ; je n'en seray jamais ingrat. Je le prie de continuer, car je n'ay qui que ce soit au Parlement qui me donne aucun secours, et, faute de cela, l'innocence court grand risque d'estre opprimée. Nicolas Foucquet avait ménagé la libération des bénéfices de Mazarin. Aussitôt, l'innocente Éminence songea à tirer parti de ces ressources. Si M. le Procureur général croyoit qu'il fallût faire quelque présent à quelqu'un, qui soit capable de faire quelque chose à mon advantage, j'en suis d'accord. Il donnera des ordres à Jobard, son intendant, lequel, quand il n'auroit pas d'argent, en trouvera[25].

A cette époque, Colbert commençait à débrouiller les affaires privées de Mazarin[26]. Il ne tarissait pas sur le concours que lui prêtait Foucquet dans l'affaire de Talon et dans d'autres[27]. Le Cardinal répète qu'il ne sera jamais ingrat. En attendant, il prie Nicolas de sauver ses meubles. Je suis fasché au dernier point, écrit-il, de la Vente de mes belles tapisseries. Je les engageois, il y a trois ans, pour assister l'armée de M. de Turenne, espérant de les retirer un mois apprès, insy que M. d'Hemery m'en avoit assuré. J'ay travaillé vingt ans a les mettre ensemble, et je les perds en un instant. Je vous prie de conférer avec M. de Lionne, pour voir si je pourvois au moins sauver le Scipion et le Puris[28]. Mazarin, connaissant les gouts artistiques (le Foucquet, faisait appel à la sympathie du collectionneur.

En fait, la cause royale et les intérêts de Mazarin, grands et petits, étaient alors aux mains de cinq personnes : de la princesse Palatine, des trois ministres, Le Tellier, Lionne et Servies, enfin de Nicolas Foucquet. La Princesse, femme d'une habileté rare, particulièrement dévouée à la Reine, négociait avec tous les partis sans se compromettre avec aucun. Des trois ministres, le premier, homme réservé, la prudence même, regrettait le Cardinal, mais seulement parce que son absence le forçait à se mettre au premier plan. Les deux autres observaient, Servien eu ne disant rien, Lionne en disant trop. Quant à Foucquet, il restait dans son rôle de procureur Général.

Au mois de niai, Mazarin, qui écrivait de tous côtés, même à l'abbé Foucquet, qu'il ne voulait pas revenir aux affaires ni même qu'on en parlât, ourdissait déjà son plan de retour, plan très complexe, comportant de nombreuses variantes, où il faisait entrer aussi bien Retz et la Chevreuse que Condé et la Palatine. Autant de moyens que de gens à tromper, mais un seul objectif, le retour au pouvoir[29]. Pour la première fois, le Cardinal se décidait à compter avec le Parlement. Il faudra bien que, du cesté de la Cour, on travaille à disposer le Parlement à ne s'opposer à mon retour, préparant quelque somme d'argent pour distribuer à ceux qui sont intéressés, et taschant (le Daigner les autres, qu'on cognoistra estre contraires, par les moyens qu'on advisera, surtout M. le premier président, que je croy la pièce la plus nécessaire. En ce cas, il faut s'adresser à M. de Champlastreux (le fils de Molé) et choisir quelqu'un qui traite avec lui. Il faut aussi mettre tout à fait eu repos les esprits du Parlement et leur persuader que je ne retourne pas avec un esprit de vengeance... La plus forte raison qu'il ait de s'opiniâtrer contre mov, c'est parce qu'il m'a persécuté sans aucun droit et fondement, et que mon innocence, qui commence a estre recognu, de toute la France, aggrave encore la faute et l’injustice qu'il a faite[30].

Toute mon ambition, dit-il dans une autre lettre, va a voir réparer mon honneur par quelque déclaration du Roy, vérifiée en Parlement, après qu'on aura pu assez cognoistre s'il y a seulement apparence que je sois coupable des crimes que l’on m'a imputés, si les désordres ont cessez par ma retraite, si les affaires de l’Estat sont mieux conduictes, etc., etc.[31]

Ce fuit l'erreur persistante di, Mazarin, non seulement de trop parler de son innocence, mais de vouloir que ses adversaires reconnussent leurs torts envers lui. Ces retours des peuples sur eux-mêmes ont toujours été fort rares, surtout en France. On ne songeait nullement à lui faire des excuses, pas même à lui pardonner.

Vers le mois de juin 1651, sur des bruits de rappel du Cardinal, le Parlement voulut assembler les Chambres ; on parla d'intelligences ménagées entre la Reine et Mazarin. Omer Talon répondait en termes vagues, lorsque Foucquet lui glissa un mot à l'oreille. Aussitôt, l'avocat général conclut à ce qu'il plût à la Cour réitérer ses deffenses. Par 117 voix contre 50, il fut défendu d'avoir commerce avec le Cardinal[32]. Foucquet, évidemment, était plus avant que Talon dans le secret du gouvernement. Il amusait l'opinion avec ces arrêts sans portée.

Le prince de Condé n'était pas homme à se laisser abuser aussi facilement. Affectant de croire à de nouvelles tentatives sur sa personne, retiré dans son château de Saint-Maur, il demanda le renvoi de Le Tellier, de Lionne, de Servien, et une nouvelle déclaration de la Reine confirmant l'exil de Mazarin à perpétuité. Foucquet et ses collègues cherchèrent, comme toujours, à gagner du temps. L'affaire étant de conséquence, la Cour leur accordera bien un moment pour conférer entre eux. Enfin, ils concluent à ce qu'on négocie : M. le duc d'Orléans verra M. le Prince, verra la Reine, pour ménager cette union de la maison royalle, souhaitée depuis si longtemps[33]. L'expédient, cette fois, ne réussit pas. Il fut décidé par 110 voix qu'on demanderait à la Reine l'éloignement des ministres et l'exil perpétuel de Mazarin. La Reine accorda tout[34]. Le Tellier s'efface et se retire à Chaville, laissant toutefois ses commis aux bureaux de la guerre[35]. Servien l'imite, moins satisfait. Lionne n'avait pas de maison des champs. Nicolas Foucquet lui prêta Belle-Assise, qui appartenait à sa femme.

Quant à Mazarin, ces nouvelles[36], que l'abbé Foucquet lui transmit aussitôt, l'affectèrent vivement. Condé et le duc d'Orléans étaient capables, selon lui, de prendre quelque résolution fâcheuse à l'égard de la Reine. Je prie Dieu, écrivait-il, de me donner la mort plutôt que je reçoive quelque mauvaise nouvelle de ce côté-là'[37]. Dans la même lettre se trouve une curieuse exclamation échappée à cet homme d'ordinaire si impassible, à cette heure si abattu : Quand je me couche sans une nouvelle de quelque malheur, cela est très extraordinaire ! Et il v recommençait ses exhortations sur la nécessité pour le Roi de sortir de Paris. Si l'impatience de l'exil n'avait pas troublé son admirable jugement, il eût reconnu qu'on avait passé six ou huit mois sans trop d'encombre. Or, tout l'objectif de la politique de ce temps-là se résumait en deux mots : gagner du temps, couler le temps.

Nicolas Foucquet restait seul sur la brèche, à la veille d'un assaut imminent. Malgré toutes les concessions, Condé ne désarmait pas et semblait contester au Roi le pavé de Paris[38]. Au Parlement, les frondeurs reprennent les hostilités (1er août 1651). Le conseiller Coulon, parfait imbécile, informe M. le procureur général, afin qu'il y mette ordre, que le sieur abbé Foucquet, son frère, va et vient souvent auprès du cardinal Mazarin. Foucquet répond qu'il est prêt à rendre compte à la Cour de ce qu'il saura, si elle le demande, mais il ne se croit pas obligé de répondre à M. Coulon[39]. Presque aussitôt, il se retire avec les gens du Roi. On court après eux, on les rappelle. Omer Talon déclare que ceux qui crient le plus haut ne sont pas exempts de commerce et de menées. Coulon s'entête, interrompt pour fait personnel[40]. Le président intervient : On n'interrompt pas les gens du Roi ! il n'appartient pas à des particuliers d'interrompre de la sorte ! Le duc d'Orléans veut faire valoir son autorité. Talon, toujours naïf, s'en offense. Lui et ses collègues se plaindront au Roi. En ce qui concerne l'abbé Foucquet, ils informeront et requerront, s'il y a lieu[41]. Confusion générale.

Cette escarmouche assez chaude épuisa les forces de Talon, qui, du 6 août au 2 septembre, ne parut point au Parlement. Bignon, bien qu'avocat, ne parlait pas. Nicolas Foucquet assuma tout le poids des discussions, et notamment dans cette mémorable séance du 21 août, où les partisans de Retz et ceux de Condé mirent l'épée à la main.

L'écheveau politique s'embrouillait de plus en plus. Le Coadjuteur, devenu, en apparence an moins, l'allié de la Reine, ne parlait plus (pie de faire arrêter et même assassiner Condé. Alliance feinte de part et d'autre. Colbert, toutefois, et l'abbé Foucquet, tous deux encore un peu crédules, dénonçaient ces agissements à Mazarin, qui, loin de Paris, ne savait plus que penser. Brienne lui insinue l'idée d'une retraite à Rome ; le Cardinal, au désespoir, charge l'abbé Foucquet de consulter la Reine. Que doit-il faire ? Brienne se souciait bien peu de son honneur et de le voir réduit à demander l'aumône au lieu de sa naissance[42]. Ne parlez de ceci qu'à la Reine ; car, à notre temps, il faut dissimuler avec tout le monde ! Voilà encore un des grands mots de Mazarin.

Il accablait l'abbé de ses plus chaleureux remerciements : Je commence à me fascher de vous estre tous les jours de plus en plus obligé, sans estre en estat d'en pouvoir prendre ma revanche[43]. En effet, le ciel se rembrunissait de plus en plus. Les intrigues aux fils trop minces s'étaient rompues. Mazarin, voyant approcher le jour où l'on proclamerait la majorité du Roi, craignait qu'on profitât de la circonstance pour exiger le renouvellement des déclarations royales contre lui[44]. Aussi s'acharnait-il à faire ressortir les avantages pour le Roi d'un séjour à Compiègne, ou ailleurs en province.

Ses craintes n'étaient pas sans fondement. On ménageait un accord à ses dépens. La Reine donna une première déclaration qui innocentait Condé et une seconde qui n'innocentait pas Mazarin. Les termes en furent arrêtés entre Séguier et les parlementaires. Le Roi y parlait de la mauvaise conduite du Cardinal, de ses déprédations et de ses pirateries, de ses artifices pour éluder les arrêts du Parlement, qui veille constamment au bien de notre service, etc. Le dispositif de la déclaration ressemblait à celui des douze ou treize actes précédents[45]. Avisé de ce qu'on minutait, Mazarin, au désespoir, songeait à ce que toute la terre dira des déclarations que Sa Majesté faict contre lui, plus rigoureuses et outrageantes que jamais. On ne peut l'abandonner sans que l'Estat en souffre et sans un entier abattement de l'authorité royale. — Je seray inconsolable, et nie voyant reduict à une telle extremité, sans estre secouru de la mort, je ne songeray à rien qu'à me cacher, pour passer malheureusement le reste de la vie que Dieu me donneroit pour plus grande punition[46].

Quoi que pût dire l'égoïste Mazarin, Anne d'Autriche, éclairée par l'amour maternel, avait raison de tenir bon dans sa capitale, malgré les outrages des uns, les sollicitations des antres, obtenant ainsi ce grand résultat que la majorité de son fils fût déclarée à Paris et non dans quelque parlement de province.

Le 7 septembre, Louis XIV, roi majeur, tint son lit de justice. Outre la Peine, heureuse et fière aux côtés de son fils, on remarquait dans ce qu'on appelait la lanterne proche la cheminée la reine d'Angleterre, le duc d'York, milord Jermyn, Mademoiselle et plusieurs duchesses. Sur les sièges du premier bureau, étaient assis Omer Talon, Foucquet, Bignon. C'est Talon qui porta la parole[47].

Malgré l'absence de Condé qui laissait planer un gros nuage sur la séance, le sentiment général était favorable à la royauté : la France avait un roi.

Le Cardinal lui-même, si en colère la veille, montra une satisfaction inexplicable. II déclare que la bienveillance et l'estime de la Heine pour lui sont en aussi haut point que jamais[48]. Il se reprend à parler de son petit crédit[49]. C'est que le parrain avait reçu de son filleul une lettre confidentielle bien explicite et bien rassurante pour l'avenir :

Mon Cousin,

Vous aiant donné parole, lors de vostre sortie de Paris, de vous rappeler auprès de moy dès que j'en serois en puissance, jé creu ne pouvoir mieux commencer ma majorité qu'en vous tesmoignant le sensible desplaisir que jé de toutes les persécutions que les factieux de mon Estat vous font souffrir en vostre honneur, en vostre personne et en vos biens ; aussi, je vous escris pour vous dire de vous rendre auprès de moy le plus tost que vous le pourés faire avec scureté ; et je le souhaitte si fort, que je ne puis vous dire à quel point cela est, aiant impatience de rendre nulles, en la forme la plus authentique qu'il se pourra, toutes les desclarations qui ont esté données si injustement contre vous, durant ma minorité, et particulièrement la dernière de ce mois, qui fust arrachée à la Reyne, madame ma mère, par la violence des ennemis de mon Estat et les vostres, qui ne lui laissèrent ni la liberté ni la puissance de la refuser ; et, comme elle est pleine d'outrage, d'accusations et de colomnies, mon honneur et ma contience mesme m'obligent d'authoriser vostre inocence dans tout mon royaume, et de faire connoistre à tous mes subjets les satisfactions et les avantages qui me demceure de vostre capasité et fidélité dans l'administration que vous auré ente de mon Estat, que la sagesse de vos conseils m'auroient rendu plus pésible et le plus glorieux du monde, si les diverses factions qui se sont formées et les puissances qui les ont soutenues, vous en eusent !aisé la conduite libre. Je finis en vous asseurant que je suis

Votre bien bon et affectioné cousin,

LOUIS[50].

A Paris, ce 9 cestembre 1656.

 

On ne jouait pas la comédie qu'à Paris. Muni de la lettre de son filleul, Mazarin parait de nouveau très en colère, comme si la déclaration enregistrée le septembre venait de lui parvenir[51]. Il s'en plaint à la Reine, à son confident Milet, à Colbert même. Le coup que Leurs Majestez m'ont donné en nie déclarant atteint des crimes les plus noirs, m'abat. Je suis si couvert de honte, que je n'ose me montrer à mes propres domestiques. Quand tout se perdroit, je n'en serois nullement touché. Il invite Colbert à ne plus accepter d'argent pour lui, puisque, dit-il, la Reyne, san en avoir l'intention, m'a reduict à un point que je n'av plus besoin de rien. Mais voici le comble du désespoir : Je voudrois bien qu'il vous post réussir (sic) de faire reprendre à Bartet les cinquante mille livres qu'il esloit sur le poinct de vous donner... Monsieur de La Vieuville (le surintendant des finances) ne se doit pas mettre en peine des choses qui me regardent. Qu'on ne croie pas que ce renoncement à toutes choses soit l'effet d'un emportement ; j'y ai revé trois jours, pendant lesquels je vous puis-dire de (sic) n'avoir pas fermé les yeux[52].

Cette colère et ce dégoût, autant de fictions. On allait de Paris à Brühl en cinq ou six jours, et la déclaration du 6 septembre avait dû parvenir au Cardinal presque en même temps que la lettre du Roi qui l'annulait entièrement. En écrivant à ses fidèles ces lettres désolées, il voulait les aider à tromper les autres, les tromper les premiers peut-être. Qu'on se rappelle son mot : Nous sommes en un temps où il faut dissimuler avec tout le monde.

Ce qui rend les jérémiades de Mazarin plus que suspectes, c'est qu'elles se produisent au moment où la Reine, sortie de Paris, reprenait sa liberté, sous la protection de quelques vieux régiments, commandés par Turenne, que cette habile princesse avait su rappeler à son service depuis six mois.

Aussi, dès le 8 octobre, Mazarin modifie son thème. La Reyne sera d'autant plus affligée qu'Elle n'a pas asseurément eu cognoissance de ce qu'on disoit contre moy. On m'a envoyée quantité de lettres du Roy, dans lesquelles il tesmoigne de n'avoir pas faict cela de bon gré, qu'il a toutes les satisfactions de mes services, etc. Et le voilà qui parle des protestations de dévouement que généraux, gouverneurs de place lui font chaque jour. Il en est qui écrivent de la citadelle de Turin[53]. Les nouveaux ministres lui ont dit que, si la guerre civile commençait, il devait entrer en France, avec deux ou trois mille hommes, pour servir le Roy[54]. Il le fera, et même si on manque d'argent pour une expédition, par exemple pour assiéger Monzon, il en fournira[55]. Il en avait donc plus qu'on ne croyait.

Commue précédemment, les Foucquet étaient dans le secret de la Reine, qui leur promettait de grandes récompenses[56]. Le procureur général, chargé de poursuivre Mazarin, instruisait le banni de tout ce qui l'intéressait, et, le 27 septembre, Mazarin lui répondait : Celuy qui vous rendra ce billet, vous informera de toutes choses et surtout de l'amitié que j'ay pour vous. J'ay eu beaucoup de desplaisir de la perte que vous avez faicte, prenant part comme le meilleur de vos amis en toutes les choses qui vous touchent[57]. Pas un mot de reproche sur la déclaration du 6 septembre. Ces acteurs jouaient la comédie devant le public, non entre eux.

La perte à laquelle le Cardinal faisait allusion était la mort d'Yves Foucquet, frère de Nicolas, à peine âgé de vingt-trois ans et déjà conseiller au Parlement[58]. Cette année 1651 n'était pas clémente au procureur général, qui pour rendre les derniers devoirs à son frère n'eut pas plus de temps que pour célébrer ses noces. Yves mourait le 17 septembre, et, le 20 et le 21, Nicolas dut passer toutes ses journées à négocier entre la Cour, Gaston et le Parlement[59], déposer des conclusions qui ne concluaient pas, tenir Mazarin au courant de toutes ces négociations sans portée[60]. Ce dernier voulait qu'il l'avisât chaque jour de ce qu'il devait faire. Il était sans nouvelles positives depuis un mois. Je vous conjure de faire en sorte que je puisse être présentement averti des sentiments de vos amis, estant impossible que les choses puissent demeurer dans l'assiette où elles sont2[61]. Illusion commune à tous les exilés.

Quoi qu'en pensât Mazarin, les affaires du Roi étaient fort habilement menées, et cette politique de temporisation, la seule possible, était très efficace. D'un côté, on faisait perdre à Condé toutes chances d'une grande action militaire. De l'autre, on ruinait son influence politique dans le Parlement.

Le 7 octobre 1651, le duc d'Orléans, prenant parti pour le Prince, par crainte de la toute-puissance de la Reine, prêche un accommodement. Foucquet, directement interpellé[62], remercie M. le duc des peines qu'il prend, le prie de continuer ses bons offices. Puis, par un très habile changement de front, il reproduit une demande d'informations judiciaires contre ceux qui lèvent des troupes, s'emparent des châteaux forts, etc. La Cour doit les déclarer perturbateurs du repos public, ennemis du Roi et de l'État, permettre aux gouverneurs de leur courir sus[63]. Indirectement, Foucquet visait Condé et ses partisans, les alliés de Gaston. Par contre, le lendemain 8, il laissait ajourner à un mois l'enregistrement d'une déclaration nominativement dirigée contre Condé, Conti, Mme de Longueville[64]. Au milieu de ces luttes politiques, il gardait tarit qu'il pouvait un certain ménagement envers les ennemis du jour, amis possibles du lendemain.

Seuls quelques pauvres diables laissaient à ces jeux de-princes leur vie ou leur liberté. Un agent de Condé, Vineuil, se fit prendre avec des dépêches compromettantes ; bien qu'homme d'esprit, il perdit la tête et dénonça un Sicilien, appelé Pagano, qui lui aurait proposé de faire périr, sans effusion de sang, sans poison, le Roi et son frère, le duc d'Orléans et son fils. Le Parlement s'émut. Pagano fut arrêté. Le gazetier Loret déclara que : Tels bruits se doivent étoufer, — Car ils sont sortis de l'enfer. On étouffa si bien, que l'accusé resta dix ans à la Bastille sans jugement ; il y était encore quand on y emprisonna Foucquet, prévenu à son tour du crime de lèse-majesté[65].

Cependant, malgré la répugnance générale pour toutes mesures décisives, une heure venait où il fallait agir. Mazarin insistait pour qu'on présentât au Parlement la déclaration contre Condé[66]. Le garde des sceaux, encouragé par de bonnes nouvelles de l'armée royale, donna des ordres en ce sens aux gens du Roi. Talon et Bignon voulaient encore biaiser. Foucquet rompit avec eux. Du 16 novembre au 5 décembre 1651, il livra une série d'assauts aux partisans du Prince. Enfin, la Cour rendit un arrêt assez confus, portant que Monsieur continuerait à s'interposer pour un accommodement, ruais qu'au bout d'un mois, les princes révoltés seraient jugés par le Parlement, en présence du Roi et selon la loi du royaume[67]. Une incohérence de plus.

Dans l'histoire de ces sortes de temps, où la parole humaine ne semble faite que pour mentir, il faut s'en tenir aux faits et aux résultats.

La déclaration, à Paris, en Parlement, de la majorité de Louis XIV, voilà le premier résultat de l'année.

Voici le second.

En moins d'un an, Condé, sorti de la prison du Havre par la force de l'opinion et sur les injonctions du Parlement, était cité devant ces mêmes conseillc.rs et se trouvait sous le coup d'un nouvel emprisonnement. Si le gouvernement de la Reine avait dû sacrifier Mazarin, il était aussi parvenu à mettre Condé en accusation.

On a vu la grande part prise par Nicolas Foucquet à cette politique de résistance. L'action du procureur général va devenir de plus en plus effective.

Gaston, allié de Condé, organise une émeute[68] contre le premier président Molé qui, par son attitude courageuse, contraint ces coquins à se retirer (6 décembre 1651). Foucquet requiert aussitôt contre les émeutiers[69]. Le samedi 9, Molé fit lui-même le récit des violences de ces canailles soudoyées par le duc d'Orléans. Gaston n'ose pas nier[70], puis, manœuvrant à son tour comme ses adversaires avaient fait un mois avant, il s'en prend à Mazarin qui, au mépris des défenses de la Cour, a plusieurs commerces dans le Royaume e. Ion répond en ternies pompeux et emportés. L'aversion des peuples à elle seule enlèverait au Cardinal la hardiesse de rentrer en France. S'il y a eu des Français ou autres assez malavisés pour entretenir des intelligences secrètes avec le banni, on informera contre eux. L'avocat général voilait plaire à Gaston et obtenir, grâce à cet appui, la première présidence du Parlement[71]. Les esprits étaient si troublés que Retz lui-même s'entendit reprocher d'être le complice, l'agent de Mazarin, sur la promesse d'un chapeau, qu'il se plaignit du dévergondage des discours et de la conduite indécente qu’on tenait dans une assemblée si auguste[72].

Foucquet, voyant que l'heure était venue do rentrer en scène, prit ses conclusions par écrit :

Je requiers pour le Roy que par tels des présidens et consilllers qu'il plaira à la cour députer, ledit seigneur Rov adverti des bruits qui courent du retour du Cardinal Mazarin, du commerce que les gouverneurs des places frontières et aultres publiquement entretiennent avec lui, des levées de gens de guerre que l'on publie estre entreprises pour faciliter son retour ; que ledit seigneur Roy sera très humblement suplié de vouloir donner sa parole rovalie pour l'entretènement et exécution de la déclaration vérifiée en Parlement le 6 septembre dernier ; mesme de vouloir informer le Pape et autres princes étrangers des raisons qu'il a eues d'esloigner le Cardinal de sa persone, de ses conseils, et de la résolution qu'il a prise de ne s'en plus servir ; que les deffences portées par les arrests précédents seront réitérées, et nouvelles deffenses faites à tous gouverneurs de luy donner passage ou retraitte en leurs places, n y faire aucune levée pour faciliter son retour, sous telles peines qu'il plaira à la Cour ; et que les autres Parlements seront invités de donner pareil arrest contre les gouverneurs de leurs frontières qui le voudront recevoir ; et au surplus de persister aux conclusions cy-devant par moy prises par écrit.

Signé : FOUCQUET[73].

 

Dupe ou non de cette comédie, le Parlement rendit un arrêt conforme à ces conclusions (15 décembre 1651). Le Cardinal protesta, mais surtout contre Talon, qu'il considérait comme un de ses bons amis, à ce point que, même après sa diatribe, il ne pouvait se résoudre à lui vouloir du mal[74]. Le 18, Foucquet affirme sérieusement qu'il a fait toutes diligences pour assurer l'exécution de l'arrêt[75], ce qui n'empêche pas que, le 19, on lui enjoint de conclure encore contre le retour imminent de Mazarin. Ce jour-là, Omer Talon eut un éclair de sens commun. Lui et ses collègues, Bignon et Foucquet, ont épuisé la force de leur imagination dans leurs conclusions précédentes. Le Cardinal ne peut rentrer que du côté de la Champagne ou de la Picardie ; que le Parlement envoie quelques-uns de Messieurs sur la frontière reconnoistre sa marche[76]. On perd deux jours eu discussions. Enfin, le 9.9, nouvel arrêt contre le banni, arrêt rendu avec une chaleur qui alloit jusques à la fureur. Un conseiller ayant dit que les gens de guerre qui s'assembloient sur la frontière, pour le service du Mazarin, se moqueroient de toutes les défenses du Parlement, si elles ne leur étoient signifiées par des huissiers qui eussent de bons mousquets et de bonnes piques, ce conseiller, qui ne parloit pas de trop mauvais sens, fut repoussé par un soulèvement général, comme s'il eût avancé la plus forte impertinence du monde[77]. On lui rappela durement que le Roi seul avait le droit de lever des gens de guerre.

Retz, toujours hostile à Mazarin, mais qui ne bougeait plus, craignant de ne pas voir descendre sur sa tête le chapeau rouge promis par la Reine, constata une fois de plus l'incohérence d'idées de ces étranges révolutionnaires, aussi royalistes que le Roi.

Sur ces entrefaites, le premier président Molé quitta Paris et le Parlement, où sa situation devenait absolument fausse. Depuis plusieurs années, il avait dû, dans une certaine mesure, épouser les passions du grand corps qu'il présidait. A cette heure, il était obligé de s'opposer à des arrêts prononcez de sa propre bouche. Cette retraite nécessaire laissait Foucquet seul en présence de la Fronde. Fidèle à son poste, il continua de correspondre avec le Cardinal, comme avec son chef incontesté[78]. Basile recevait les instructions du proscrit pour Croulas ; le secrétaire de Monsieur, pour Sarrazin, pour une dame qui n'est pas dans le chiffre (Mme la princesse Palatine ?), pour MM. de Turenne et de Bouillon. Mazarin non seulement dissimulait, mais, par surcroît de ruse, négociait avec tout le monde. Il ne voulait même pas que son agent entreprit trop d'affaires à la fois. Il faudroit faire une liste des personnes que vous avez à voir et les partager entre d'Artaignan et le chevalier de Terlon. Ce d'Artagnan devait arrêter et garder Foucquet dix ans plus tard.

Au milieu de ces agitations, un an s'est écoulé ; un an de gagné.

Le Loi, quasi prisonnier des Parisiens au commencement de l'année, maintenant parcourt ses provinces à la tête d'une armée commandée par Turenne. Toutes les questions de principe soulevées en 1G40 sont déjà oubliées. Seul un point de fait, l'exil ou le retour de Mazarin, passionne l'opinion. On ne pense qu'à cet homme, à la Cour, à la ville, dans les années[79]. Retz, le duc d'Orléans, Condé lui-même, ne tiennent que des seconds rôles. Les partis, comme il arrive souvent en France, se livraient bataille sur un coin.

Aime d'Autriche désirait le retour du Cardinal. Mais Le Tellier, récemment rappelé, Lionne, Brienne, Châteauneuf s'opposaient au retour du ministre exilé. Le prudent Le Tellier se hasardait jusqu'à écrire, comme un propos de Cour, que la Reine devait être ensorcelée par le Mazarin ou mariée avec lui[80]. Toutefois, cette femme., dont on n'a pas assez loué l'énergie et le sang-froid, restait impénétrable aux plus habiles. Mazarin lui-même ne savait pas toujours à quoi s'en tenir et, défiant, voulait rentrer immédiatement. Son impatience fit durer la Fronde un an de plus.

A Paris, on combattait l'idée de son retour : le duc d'Orléans, très ouvertement, le Coadjuteur, plus secrètement, à cause du chapeau. A part quelques conseillers gagnés ou convaincus, le Parlement était hostile. Des trois gens du Roi, Bignon s'effaçait de plus en plus ; Talon, très niai avec lu Cour, ne voulant entretenir aucune correspondance avec elle[81], n'en vivait pas mieux avec sa compagnie. Nous sommes tous hors des grandes règles, disait-il, éperdu, à Retz très refroidi, nous ne savons plus ce que nous faisons[82]. A vrai dire, un seul homme conservait une vue claire des choses et suivait une ligue de conduite bien tracée. C'était le procureur général Nicolas Foucquet. Il ne croyait pas la rentrée du Cardinal opportune. Il n'en travaillait pas moins, par devoir, à la rendre possible. Circonspect, imperturbable, ne cédant à aucun entraînement de parole, il intervenait au moment propice. Son action était d'autant plus efficace, qu'il la dissimulait phis soigneusement. Il servait sans ostentation, ce qui permit plus tard au ministre restauré, grâce à son concours, d'être facilement ingrat envers lui.

Foucquet commit même une grosse faute. Il ne sut pas dissimuler combien il était sensible à l'ingratitude déjà trop notoire de Mazarin, non seulement à son égard, mais envers les siens.

Voici la curieuse lettre qu'il écrivit à Colbert à ce sujet :

Vaux, le mercredi 8 novembre 1651.

Mon frère a demandé une abbaye de Noailles, qui vaque depuis quelque temps, laquelle on iny fit espérer. Depuis ce temps, on a traisné jusqu'à présent en belles paroles, suivant le style accoutumé, et puis on le remet à une distribution générale, après les Estats. Je vous avoue que je suis étonné que Sou Éminence ne change point de méthode, après s'estre si mal trouvé de ses maximes ordinaires : l'une de ne rien faire ponr ceux qu'il croit attachés avec honneur et fidélité à son service ; et l'autre de croire qu'en tenant les personnes en suspens longtemps, il les conserve dans la volonté de faire toujours quelque action nouvelle, pour mieux mériter les grâces qu'on demande de luy. Il me semble que, quand les services qu'on Ili y u rendus jusqu'à présent ne le touclieroient point, ce que je puis, et pour et contre son intérest icy, tlevroit estre de quelque considération, et c'est ce qui m'oblige de vous écrire celle-cy afin que vous me fassiez la grâce de luv luire sçavoir que je suis horriblement surpris de ce procédé, et qu'il n'y a rien qui me puisse offenser si sensiblement que de traiter mon frére du commun, luy qui n'a point lait d'action du commun, quand il s'est agy de son service, et dans sa disgrâce. Ce que je n'av que faire d'exagérer, parce qu'il le sçait encore mieux que mov. Et à vous dire le vray, je ne trouve pas estrance qu'il ne me considère pas parce que la condition en laquelle je suis m'a empesché de m'exposer comme mon frère ; mais pour luy, quoyque je Faye connu du passé, je n'eusse jamais douté que Son Éminence n'eust fait paroistre une reconnoissance éclatante en la première occasion qui se fust rencontrée. Mais de faire languir les personnes après des espérances vaines et se laisser posséder par un petit fripon[83] à l'appétit duquel il perdra tous les gens de condition et d'honneur, c'est ce qui n'est pas supportable. Il nie semble qu'il y a assez de raison pour faire de bonne grâce une action de cette qualité, et qu'il n'y aura personne à la Cour qui puisse y trouver à redire. Je remets à vous dire le reste de bouche, mais obligez-moy d'écrire de bonne encre et de presser une réponse décisive de ouv ou de non, par le premier ordinaire ; pour ce qu'après cela je ne m'y attendrois plus. Il sçait encore les paroles qu'il m'en a données cent fois, sans effet. Je sçais que la chose dépend de luy, et qu'écrivant icy comme il peut, la chose sera faite au moment, et si elle ne l'est pas, je croiray qu'il a donné ordre contraire. Je vous prie. que je vous aye cette obligation, et de luy en écrire à cœur ouvert ce que vous en jugez. Et surtout, réponse prompte, pour ce que vous sçavez qu'il ne faut point faire estat que des affaires achevées. Je suis vostre serviteur[84].

 

La lettre de Foucquet renferme un mot de trop : Ce que je puis et pour et contre cet intérêt. Le surplus est d'une justesse incontestable. Par calcul et par nature, Mazarin était ingrat.

Colbert fit mieux que d'écrire de bonne encre à son maitre. Il lui envoya la lettre même de Foucquet, dont les reproches étaient si fondés qu'il dut en convenir. J'appréhende fort, dit-il, qu'il n'y ait quelque fondement. Il se hâte d'ajouter : La mauvaise conduite que l'on a tenue en vos affaires vous a réduit à ce point de nécessité que vous avez besoin de tous ces gens-là, et que plus vous en avez besoin, plus ils vous tiennent le pied sur la gorge pour exiger de vous des choses que vous n'estes pas en este ni en pouvoir de leur accorder. Puis, sans transition, Colbert ajoute : Il est de mes amis, et je suis obligé de vous dire qu'il vous a bien sers-y depuis que j'ay la direction de vos affaires. Je ne puis toutefois m'empêcher de blasmer le procédé. En résumé, on ne peut se passer du procureur général.

Basile obtint son abbaye de Nouailles ; mais l'incident fut noté par Mazarin, piqué au vif, et par son intendant, attentif à marquer tous les coups. C'est la dernière, fois que Colbert, parlant de Foucquet, dira : Il est de mes amis. Le temps viendra bientôt où il le signalera comme un des ennemis de Son Éminence.

 

 

 



[1] Le Secret ou les véritables causes de la détention de MM. les Princes, p. 50.

[2] O. TALON, Mémoires, p. 412. Cf. Lettre de Mazarin à Le Tellier, 8 février 1658, Lettres, t. V, p. 7. Cf. Mémoires du maréchal de Plessis-Praslin.

[3] Le Secret ou les véritables causes de la détention de MM. les Princes, p. 57.

[4] O. TALON, Mémoires, p. 413.

[5] Le Secret ou les véritables causes de la détention de MM. les Princes, p. 65.

[6] O. TALON, Mémoires, p. 414.

[7] LORET, La Muze historique, t. I, p. 91.

[8] V. lettre du 8 février déjà citée et les suivantes. Mazarin prétendit que les prêts du Parlement étaient faux. Lettres, t. IV, p. 15 à 35.

[9] Mss. de la Sorbonne, II. I. V., vol. IV, f° 139. Cf. Histoire abrégée du Parlement durant les troubles, p. 124.

[10] Mss. de la Sorbonne, vol. IV, f° 144.

[11] Mss. de la Sorbonne, vol. IV, au 8 mars 1651. O. TALON, Mémoires, p. 418.

[12] Mss. de la Sorbonne, vol. IV, au 8 mars 1651. O. TALON, Mémoires, p. 418.

[13] Mss. de la Sorbonne, vol. IV, f° 212 et suiv.

[14] LORET, La Muze historique, t. I, p. 91.

[15] Histoire abrégée du Parlement durant les troubles de la minorité de Louis XIV, p. 131.

[16] O. TALON, Mémoires, p. 422.

[17] O. TALON, Mémoires, p. 432.

[18] PRIOLO, De rebus Gallicis, lib. VI, p. 306.

[19] Lettre de la Reine à Mazarin. Annuaire de la Société de l'Histoire de France, 1834, 2e partie, p. 140.

[20] PRIOLO, De rebus Gallicis, lib. VI, p. 307.

[21] Mazarin à Lionne, 20 avril 1681. Lettres, t. IV, p. 133.

[22] Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet qui lui a écrit le 3 et le 4. Danger couru par l'abbé, qui séparé du gros de la troupe, 16 mai 1651. Bibl. nat., ms. fr. 23202, Guignières 2799, f° 3. Cf. Lettres de Mazarin, t. IV, p. 184. M. Chéruel met en note que Basile était l'aîné de N. Foucquet ; c'est une erreur.

[23] Je vous avois chargé de parler de quelque chose à 57 (la Reine), mais je ne prétendois pas que cela fist tant de bruict.. Lettres, t. IV, p. 184.

[24] V. PRIOLO, De rebus Gallicis, p. 309, Amstelodami, 1677 : Ægri quoque ad conspectum ejus prorepere.

[25] Lettre du 16 mai 1651, ci-dessus citée.

[26] Lettres de Mazarin, t. IV, p. 187.

[27] Lettre de Mazarin à Foucquet, Brühl, 2.2 juin 1651. Je vous remercye de tout ce que vous avez fait dans l'affaire de Talon, que j'av cren toutefois fort fidelle.. Je vous remercie aussi des assistances que vous donnez à 34 (Colbert). Bibl. nat., ms. fr..23202, f° 10. Cf. Lettres de Mazarin, t. IV, p. 732.

[28] Lettre du 23 mai. Bibl. mu., ms. fr., 23202, Guignières 2799, f° 5. Il parait qu'on avait tendu le Pâris et le Scipion à l’hôtel de Chevreuse. Lettres, t. IV, p. 113.

[29] V. sa lettre du 29 niai à Lionne, véritable chef-d'œuvre de brouillamini. Lettres, t. IV, p. 227.

[30] Lettres de Mazarin, t. IV, p. 232.

[31] Lettre du 14 juin 1651, à Milet. Lettres, t. IV, p. 272.

[32] Ms. de la Sorbonne, vol. IV, 1er juillet 1651.

[33] Ms. de la Sorbonne, vol. IV, f° 3S0, 12 juillet 1651.

[34] Histoire abrégée du Parlement, p. 141.

[35] BRIENNE, Mémoires, t. II, p. 243, édit. de 1720.

[36] M. Chéruel, dans sa savante Histoire de France pendant la minorité de Louis XIV, ne s'explique pas les appréciations diverses et la conduite de Mazarin envers Lionne. Suivant nous, il ne faut pas perdre de vue que beaucoup de lettres du Cardinal ont été écrites pour être montrées. Retz s'en doutait. De plus, Mazarin prêchait k faux pour savoir le vrai. Ou ne saurait user de sa correspondance avec trop de précautions. Il faut surtout voir sa conduite en fait.

[37] Lettre du 13 août 1651, Bibl. nat., ms. fr., 23202, f° 13. Cf. Lettres, t. IV, p. 390.

[38] O. TALON, Mémoires, p. 439.

[39] Ms. de la Sorbonne H. I. V, vol. VII, f° 13 et suiv. La version fournie par ce ms. nous parait plus exacte que celle d'une lettre du 5 août citée par M. CHÉRUEL, Histoire de la minorité..., t. IV, p. 383.

[40] Retz, dans ses Mémoires, t. III, p. 465, dit que l'on dénonça comme émissaires de Mazarin, Bartet, Brochet, Foucquet et Silhon. Toutefois, dans l'Arrest imprimé chez Vivenay, 1651, et dans la Relation de ce qui s'est passé dans la dernière assemblée du Parlement, le 2 de ce mois, Paris, Vivenay, 1651, on ne nomme pas l'abbé Foucquet. On le ménageait à cause de son frère.

[41] O. TALON, Mémoires, p. 439.

[42] Lettre sans date, portant le n° 15 du ms. fr., 23202, de la Bibl. nat. Cf. Lettre de Mazarin à la Reine, p. 257, celle de septembre 1651, où l'on retrouve les mêmes expressions.

[43] Lettre du 29 août 1651. Lettres, t. IV, p. 407.

[44] Lettre du 4 juillet 1651 â Lionne. Lettres, t. IV, p. 300, 308.

[45] Le texte est reproduit dans l'Histoire abrégée du Parlement, p. 155.

[46] Lettre du 29 août 1651. Lettres, t. IV, p. 408.

[47] Ms. de la Bibliothèque Mazarine, 1415⁴¹.

[48] Lettre à Colbert, 14 septembre 1651. Lettres, t. IV, p. 428. Lettre à Ondedeï, 19 septembre, ibid., p. 430.

[49] Lettres, t. IV, p. 436, lettre à Noirmoutier.

[50] B. FILLON, Autographes, séries I et II, p. 37.

[51] Bibliothèque Mazarine, 1415⁴¹.

[52] Lettre à Colbert, 30 septembre 1651. Lettres, t. IV, p. 452.

[53] Lettre à d'Estrade, 8 octobre 1651. Lettres, t. IV, p. 458.

[54] Lettre à Fabert, 22 octobre 1651. Lettres, t. IV, p. 469.

[55] Lettre du 27 octobre 1651. M. Chéruel remarque avec raison que Mazarin n'était donc pas si démuni d'argent qu’il disait. Lettres, t. IV, p. 471.

[56] Lettre à Basile Foucquet, 30 octobre 1651. Lettres, t. IV, p. 477.

[57] Lettre du 27 septembre 1651, ms. fr., 23292, p. 19, non publiée par Chéruel.

[58] Le P. ANSELME, t. IX, p. 306.

[59] Ms. de la Sorbonne H. I. V, 21 septembre 1651.

[60] Dès le 21, N. Foucquet écrivait à Mazarin. V. lettre de Mazarin du 28 septembre 1651, ms. fr., 23202, p. 20.

[61] Lettre de Mazarin à N. Foucquet, du 23 septembre 1651, ms. fr., 23202, p. 20, non publiée par Chéruel.

[62] O. TALON, Mémoires, p. 447.

[63] Ms. de la Sorbonne, séance du 7 octobre 1651. Retz a parfaitement indiqué la portée de cette séance, lorsqu'il montra le Parlement de Paris, qui ne vouloit point du Cardinal, mais gui défendoit, sous peine de la vie, les levées que M. le Prince faisoit pour s'opposer à son retour. Mémoires, t. IV, p. 2.2. V. aussi G. JOLY, p. 63.

[64] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. III, p. 318.

[65] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. III, p. 32l ; LORET, la Muze historique, t. I, p. 180 (26 novembre 1651) ; BAVAISSON, Archives de la Bastille, t. I, p. 1.

[66] Lettre de Mazarin à Mercœur, 28 octobre 1651. Lettres, t. IV, p. 471.

[67] Bibliothèque Mazarine, MS, 1415²⁴ ; ms. de la Sorbonne, séance des 6 et 7 novembre 1651 ; AUBERY, Histoire de Mazarin, t. III, p. 329.

[68] RETZ, Mémoires, t. IV, p. 57.

[69] Registres de l'Hôtel de ville pendant la Fronde, t. II, p. 226.

[70] AUBERY, Histoire de Mazarin, t. III, p. 332.

[71] Mazarin à Granvelle, 20 décembre 1651. Lettres, t. IV, p. 554.

[72] Histoire abrégée du Parlement, p. 162.

[73] Ms. de la Bibl. Mazarine, 1415³⁵. Séance du 9 décembre 1651 au matin.

[74] Mazarin à Blouet, 22 décembre 1631. Lettres, t. IV, p. 561.

[75] Ms. de la Bibl. Mazarine, 1415³⁵. Séance des mercredi 13 et lundi 18 décembre.

[76] Ms. de la Sorbonne H. I. V. Séance du 19 décembre. Retz place cette séance le 10 décembre. TALON, Mémoires, p. 456.

[77] RETZ, Mémoires, t. IV, p. 64.

[78] Bibl. nat. fr. 23202, p. 25. SOREL, Histoire de la monarchie, t. II, p. 68. Cf. CHÉRUEL, t. IV, p. 581.

[79] MOTTEVILLE, Mémoires, t. III, p. 452.

[80] CHANTELAUZE, t. II, p. 263. Il (Le Tellier) a pu ne pas s'expliquer sur le retour de. Son Éminence... Tout le monde en a parlé la Reine, jusqu'à lui dire qu'il l'avait ensorcelée ou épousée.

[81] O. TALON, Mémoires, p. 472.

[82] RETZ, Mémoires, t. IV, p. 74.

[83] De qui s'agit-il ? Est-ce de l'abbé Ondedei ? est-ce de Bartet ?

[84] Lettres, Instructions, t. I, p. 165. (Arch. des aff. étr. France, vol. 135, pièce 105.)