Le
lendemain des noces de Nicolas Foucquet fut encore plus agité que le jour
même. Dès l'aube, le nouveau marié était mandé au Parlement avec ses
collègues pour faire connaître le résultat de leur mission près de la Reine.
Une fois venus, on les fit attendre ; on délibérait tumultueusement. Enfin,
on les reçoit, et ces gens éveillés si matin déclarent qu'ils n'auront pas de
réponse avant quatre heures du soir. On s'en prend au premier président : il
aurait dit faire la commission lui-même, au lieu d'envoyer les gens du Roi[1]. On crie aux fourbes de Mazarin.
Retz, homme d'Église, ajouta qu'enfin le jour
étoit venu où Dieu levoit le voile sur les bonnes et les mauvaises intentions. Applaudissements, nouveau
tumulte ; discours de M. le Prince, discours du vieux Broussel. Beaucoup de
paroles, peu d'effet. Cependant, on ordonne que les gens de guerre devront
obéir au duc d'Orléans. Cela suffit pour inquiéter Mazarin. Le jour même,
jugeant la situation intenable, il s'esquive déguisé en cavalier, le manteau
sur le nez. Comme tous les fuyards, il laissait entendre que dans huit ou dix
jours, il reviendrait plus glorieux ; sinon, le Roi sortirait de Paris et le
rejoindrait[2]. La Reine le lui avait promis.
Dans cette attente, il ne passa pas Saint-Germain. Aussi,
le lendemain, 7 février, entendit-on au Parlement une clameur confuse, qui ne se sentoit en rien de la
majesté d'un Sénat[3]. Par arrêt, on enjoignit au Cardinal
de sortir du royaume sous huitaine, à ses parents de quitter Paris dans le
jour. Foucquet et Talon, dépêchés vers le garde des sceaux, lui trouvèrent l'esprit
tout brouillé. Le soir, à six heures, la Reine les reçut. Talon demanda
l'exil des ministres. Le procureur Général, dit-il, insiste comme, moi. Insistance convenue ; convenue aussi la réponse
de la Reine, que Mazarin était parti sans espoir de retour[4]. La
situation restait fort tendue. Le prévôt des marchands avait ordonné de
fermer les portes. Beaufort, avec nombre de soi-disant nobles, passait la
nuit en faction devant le Palais-Royal ; d'autres battaient l'estrade clans
la banlieue, surveillant les mouvements de Mazarin. Nous
entrons dans la période appelée assez improprement la Fronde des Princes,
parce que le duc d'Orléans et le prince de Condé paraissent être les chefs de
l'opposition. An fond, c'est la continuation de ce que nous appelons aujourd'hui
le gâchis. Le
mercredi 8 février 1651, la séance du Parlement fut plus orageuse encore que
les précédentes. Les adversaires du Cardinal étaient seuls écoutés. On
sifflait ses partisans dès qu'ils ouvraient la bouche. Le premier président,
raillé, insulté, emporté par le torrent des
Enquêtes, est
obligé d'en venir aux voix. Foucquet et ses deux collègues concluent à
supplier la Reine de mettre les princes en liberté et d'ordonner la sortie de
Mazarin hors du royaume[5]. Après beaucoup de paroles,
leur avis fut adopté, et le soir, à cinq heures, ces trois esclaves du
parlementarisme naissant se présentaient pour la troisième fois depuis trois
jours au Palais-Royal. Ils recevaient de la Reine une adhésion formelle au
vœu du Parlement et l'assurance que le Roy ni
elle ne pensoient en aucune façon du monde à quitter Paris. Cette déclaration plus ou
moins sincère assura le salut de la royauté. Ce peuple, qui aurait poursuivi
Louis XIV et sa mère fuyant, se contenta de les garder à vue, in libera custodia[6]. Tel était le prestige du
pouvoir que ces bourgeois, révolutionnaires inconscients, admis à voir le
jeune prince dans son petit lit, ressortaient enthousiasmés comme de fidèles
sujets. Loret, le gazetier rimeur, donna la note juste : — Pour moy, je ne suis qu'un simple homme, Point conseiller,
point gentilhomme,
— Ny de considération ; — Mais, certes, j'ai compassion, — Et de la Royauté débile, — Et de la veuve
et du pupille[7]. Cependant,
Mazarin, surpris d'abord de ce qu'on ne tentait rien contre ces gens-là, décontenancé par l'arrêt du Parlement et la
réponse de la Reine, obligé de chercher un asile pour ses nièces chassées de
Paris, s'était décidé à entreprendre un voyage quasi ridicule au Havre, où il
voulut paraître en libérateur des princes. Il dut se retirer en évitant Rouen
et son Parlement[8], assez mal reçu partout, si ce
n'est à Dieppe, où le lieutenant général du Plessis-Bellière, maintenu
gouverneur à la sollicitation de Foucquet, l'accueillit honorablement. De la
fin de février au commencement de mai 1651, le gouvernement resta sans
direction, chacun suivant ses inspirations. Après la retraite du Cardinal, le
pouvoir allait passer aux mains de Monsieur, qui n'en savait que faire, de
Condé, très-inexpérimenté en politique, de Retz, génie brouillon. Seule la
haine contre Mazarin réunissait ces trois hommes, comme elle était aussi la
seule cause de l'appui qu'ils trouvaient dans le Parlement, on les idées
devenaient plus incohérentes que jamais. Aussi les chefs de ce grand corps,
Molé et Foucquet, comprenant qu'il était impossible de le ressaisir,
s'efforcèrent-ils d'en affaiblir l'action. Pendant
toute l'année 1651, ils vont jouer une véritable comédie, avec tant de
naturel, qu'on ne découvrira pas leur ruse, si ce n'est beaucoup plus tard. Le 16
février, Molé commença le jeu. Il chargea les magistrats du parquet de
demander au gouvernement une déclaration excluant les étrangers de toute
administration publique[9]. Dès le 18, Foucquet et ses
collègues en déposaient une sur le bureau. Elle visait tous les étrangers
même naturalisés, à l'exception des archevêques et évêques ayant prêté
serment nu Pape ou au nonce[10]. Grands débats. Le Parlement
exige le retrait de l'exception et l'insertion d'une clause nouvelle : les
cardinaux, même français, ne pourront faire partie du conseil. Évidemment on
visait Retz, aspirant à la pourpre et qu'on supposait en négociation avec
Mazarin. Quinze jours se perdent en expédients dilatoires. Enfin, le 8 mars,
Molé prend la parole : Gens du Roy, vous avez
esté chargés par la Compagnie de faire réformer la déclaration relative aux
étrangers. Qu'avez-vous à dire ? Talon, appuyé par Foucquet, répond qu'il a vu le garde des
sceaux. On ne peut rien changer à la volonté de la Reine. Eh bien,
réplique le premier président, en êtes-vous
demeurés là ? Une délibération si importante, faite de l'avis de M. le duc
d'Orléans et de Messieurs les Pairs, demeurera-t-elle sans effet ? — Si Messieurs les députés de la Compagnie, réplique Talon, mieux instruits que nous des motifs des arrêtés, en
prenaient la peine, possible que l'affaire réussirait mieux. Cependant, lui et ses
collègues sont aux ordres de la Cour. Alors Molé, très sérieux : Vous pouvez voir la Reine. Sur sa réponse, on avisera[11]. Deux
jours se passent. On rappelle Foucquet et Talon : Gens du Roi, vous avez été chargés de voir la Reine,
qu'avez-vous avancé ?
Talon raconte une sorte d'odyssée et s'esquive avec son collègue. On les
retient. C'est à eux de requérir contre le Cardinal. Ils n'en disconviennent
pas ; mais ils sont assez empêchés en cette
rencontre. Informer
contre un homme banni, cela ne peut aboutir ; on ne le fera pas revenir pour
l'emprisonner. Il faut attendre, etc. On délibère. Arrêt ordonnant qu'à la
diligence de Foucquet, il soit informé contre Mazarin, ses parents, ses domestiques
; partout où il sera trouvé sur les terres du Roi, le Cardinal sera saisi,
pour être amené à la Conciergerie et jugé extraordinairement. Une lettre
circulaire est envoyée aux autres parlements, les invitant à rendre de
semblables arrêts[12]. Le 13 mars,
les gens du Roi verront la Reine. Le 17, ils l'ont vue. Elle verra M. le duc
d'Orléans, puis les princes. Le '20 mars, le duc d'Orléans a été incommodé :
M. le Prince a dû recevoir madame de Longueville ; on n'a pu tenir conseil.
Molé trouve à la fin que l'affaire traîne trop. Le mal presse, il faut y
trouver remède, ou la Compagnie avisera[13]. Foucquet
alors imagine un nouveau moyen de détourner l'attention. Aux premiers jours
de février, on avait vu débarquer à Paris, un peu crottés, Tout plein de nobles de campagne, — Les uns vêtus de drap d'Espagne, — Et les autres de bureau gris, — Qui venoient fronder dans Paris, — Et présenter une requeste, — Pour accroistre
encor la tempeste[14]. C'était un renfort appelé par
les princes, qui réunirent ces comparses aux Cordeliers. Foucquet affecte de
prendre la chose au sérieux. Une assemblée sans permission du Roi ! Vite, on
dépêche le maréchal de La Motte pour la dissoudre. Coup de surprise, comme au
théâtre. L'assemblée justifie d'une autorisation donnée par Monsieur, oncle
du Roi. Monsieur demande à s'expliquer. Dans quelques jours, il aura tout
arrangé. Rien ne s'arrange, et tout se complique. Une soi-disant assemblée du
clergé prétend se joindre à celle de la soi-disant noblesse. Surcroît
d'indignation du procureur général. Le 19 avril, tout ce parlementarisme
aboutit à une décision inattendue. A l'avenir, les cardinaux devront résider
à Home, conformément aux vœux du Pape, exprimés dans une bulle de 1647.
L'évêque de Comminges répondit par un propos bien significatif, que la France
était un corps composé de trois membres, le clergé, la noblesse, le tiers
état ; que si à ce corps parfait un quatrième voulait se joindre, c'était un
monstre[15]. Qui était ce monstre, si ce
n'est le Parlement ? Pendant ces discussions, il se forma chez les Carmes de
la place Maubert une assemblée, qui prit le nom de Tiers État. Avec un peu
d'audace, on aurait tenu les États généraux, dont personne ne voulait, ni le
Parlement, ni les princes, ni le gouvernement. Le duc
d'Orléans, sur de sévères paroles de Molé, promit de mettre bon ordre à cette
tentative. On ajourna la convocation des États au mois de septembre, après la
majorité du Roi. Mais, pour hure passer l'ajournement, il fallut manger un
peu de Mazarin. Foucquet, Talon, Bignon représentèrent de nouveau à la Reine
tous les dangers résultant de la présence de cardinaux dans le conseil.
C'était, comme on l'a dit, un coup droit porté à un aspirant à la pourpre, au
coadjuteur de Paris[16], exaspéré par cette manœuvre au
point de tenter une attaque contre le Palais-Royal. Vaine colère. Le peuple
ne bougeait plus, et, après l'avortement de tels efforts, on ne put de trois mois
soulever de grandes tempêtes dans le Parlement[17]. Le duc d'Orléans, Condé, Retz
restaient aussi ennemis que par le passé. Molé et Foucquet, en temporisant,
avaient admirablement servi la Reine et le ministre dont le mot d'ordre était
: Le temps et moi. Pendant
qu'on jouait cette comédie, le grand politique se retirait lentement,
s'arrêtant de place en place, à Ham, à Sedan, à Rethel, près du théâtre de sa
récente victoire, attendant toujours quelque changement imprévu, dont il
profiterait pour revenir. A Sedan, les généraux Fabert, Hocquincourt,
Navailles lui proposèrent de marcher sur Paris. Il refusa, prétextant
l'horreur de la guerre civile[18]. Enfin, sur les instances de la
Reine[19], il établit son séjour en Allemagne. A
Aix-la-Chapelle, Mazarin essaya de reprendre pied sur un terrain où il
excellait, celui des négociations pour la paix. Chigi l'éconduisit avec
hauteur ; Pimentel se déroba, sachant que son gouverneur eut s'entendait avec
les frondeurs[20]. Mazarin, déconcerté, resta
quelques jours à Brühl, près de Cologne, avant de recouvrer l'entière liberté
de son jugement. Son unique idée était de décider le Roi et la Reine à sortir
de Paris, qu'il appelait leur prison. On tiendrait la campagne, on se
battrait. Il passait son temps à écrire le brouillon de lettres destinées à
la Reine, où les conseils politiques prenaient une teinte de passion
personnelle, mélange bizarre de finesse italienne et de jargon espagnol. Ces
élucubrations étaient-elles mises au net et envoyées à leur adresse ? On ne
sait. En même temps, le ministre déchu pensait à Le Tellier, très incertain ;
à Lionne, qui ne lui écrivait plus depuis cieux mois. Il se sentait abandonné
; il l'était en effet par tous ceux qu'il avait le plus obligés. Quand, au
commencement d'avril 1651, la Reine ôta les sceaux à Châteauneuf, pour les
donner au premier président Molé, quand elle l'appela Chavigni et le
chancelier Séguier, ce changement dans le ministère inquiéta Mazarin, preuve
évidente qu'on ne l'avait pas consulté. On ne le renseignait même plus. M. Le Tellier, écrivait-il, me mande tous les
changements que la Revne a faicts, comme pourroit faire Renaudot, le
rédacteur de la Gazette. Ni Lionne ni la Reine ne lui ont rien dit : J'av grand subjet d'en tirer mauvais augure et d'attribuer
ce silence à ce qu'il n'y a rien de bon pour moy en toutes les résolutions
que Sa Majesté a prises[21]. Autant
qu'on peut démêler quelque vérité dans un tissu de ruses et de fourberies, on
constate que l'influence de Mazarin fut un moment compromise. C'est
alors au contraire que se manifesta le dévouement de Nicolas Foucquet et des
siens. Dès le
mois d'avril 1651, commencèrent des allées et venues de courriers dont le
plus actif comme le plus habile fut Basile Foucquet, celui-là qu'on appelait
l'Abbé. C'était un garçon actif, hardi, même téméraire et cherchant le
danger. Mazarin lui reprochait ses imprudences de conduite[22] et d'autres encore plus
dangereuses qu'il commettait en parlant trop. Peu s'en fallut que l'Abbé
n'achevât de le brouiller avec Lionne, et, qui pis est, avec la Reine, en reportant
certains propos[23]. A cela près, quel flair ! quel
génie de l'intrigue ! Pas besoin de lui donner des ordres. Par instinct,
Basile agissait et marchait à la difficulté comme un bon général au canon. Dès que
Mazarin, grâce à ces renseignements, eut ressaisi les quelques fils
nécessaires à ses intrigues, le politique reparut. Ne sachant trop s'il
reprendrait le chemin de Paris ou celui de Rome, on le vit se montrer aux
populations empressées. Enfants, jeunes gens, vieillards et malades en foule
accouraient aux églises où ce cardinal, qui n'était ni évêque, ni prêtre, ni
diacre, paraissait avec toute la pompe romaine[24]. Mais, se sentant plus propre à
gouverner qu'à bénir, il entretenait ses relations de France. Le 16
mai, il écrivait : Je remercie de tout mon
cœur M. le Procureur général de la bonté qu'il a pour moy, touchant la
main-levée des saisies ; je n'en seray jamais ingrat. Je le prie de
continuer, car je n'ay qui que ce soit au Parlement qui me donne aucun
secours, et, faute de cela, l'innocence court grand risque d'estre opprimée. Nicolas Foucquet avait ménagé
la libération des bénéfices de Mazarin. Aussitôt, l'innocente Éminence songea
à tirer parti de ces ressources. Si M. le
Procureur général croyoit qu'il fallût faire quelque présent à quelqu'un, qui
soit capable de faire quelque chose à mon advantage, j'en suis d'accord. Il donnera des ordres à Jobard,
son intendant, lequel, quand il n'auroit pas
d'argent, en trouvera[25]. A cette
époque, Colbert commençait à débrouiller les affaires privées de Mazarin[26]. Il ne tarissait pas sur le
concours que lui prêtait Foucquet dans
l'affaire de Talon et
dans d'autres[27]. Le Cardinal répète qu'il ne
sera jamais ingrat. En attendant, il prie Nicolas de sauver ses meubles. Je suis fasché au dernier point, écrit-il, de la Vente de mes belles tapisseries. Je les engageois,
il y a trois ans, pour assister l'armée de M. de Turenne, espérant de les
retirer un mois apprès, insy que M. d'Hemery m'en avoit assuré. J'ay
travaillé vingt ans a les mettre ensemble, et je les perds en un instant. Je
vous prie de conférer avec M. de Lionne, pour voir si je pourvois au moins
sauver le Scipion et le Puris[28]. Mazarin, connaissant les gouts
artistiques (le Foucquet, faisait appel à la sympathie du collectionneur. En
fait, la cause royale et les intérêts de Mazarin, grands et petits, étaient
alors aux mains de cinq personnes : de la princesse Palatine, des trois
ministres, Le Tellier, Lionne et Servies, enfin de Nicolas Foucquet. La
Princesse, femme d'une habileté rare, particulièrement dévouée à la Reine,
négociait avec tous les partis sans se compromettre avec aucun. Des trois
ministres, le premier, homme réservé, la prudence même, regrettait le Cardinal,
mais seulement parce que son absence le forçait à se mettre au premier plan.
Les deux autres observaient, Servien eu ne disant rien, Lionne en disant
trop. Quant à Foucquet, il restait dans son rôle de procureur Général. Au mois
de niai, Mazarin, qui écrivait de tous côtés, même à l'abbé Foucquet, qu'il
ne voulait pas revenir aux affaires ni même qu'on en parlât, ourdissait déjà
son plan de retour, plan très complexe, comportant de nombreuses variantes,
où il faisait entrer aussi bien Retz et la Chevreuse que Condé et la
Palatine. Autant de moyens que de gens à tromper, mais un seul objectif, le
retour au pouvoir[29]. Pour la première fois, le
Cardinal se décidait à compter avec le Parlement. Il faudra bien que, du cesté de la Cour, on travaille à
disposer le Parlement à ne s'opposer à mon retour, préparant quelque somme
d'argent pour distribuer à ceux qui sont intéressés, et taschant (le Daigner
les autres, qu'on cognoistra estre contraires, par les moyens qu'on advisera,
surtout M. le premier président, que je croy la pièce la plus nécessaire. En ce cas, il faut s'adresser à M. de Champlastreux (le fils de Molé) et
choisir quelqu'un qui traite avec lui. Il faut aussi mettre
tout à fait eu repos les esprits du Parlement et leur persuader que je ne
retourne pas avec un esprit de vengeance... La plus forte
raison qu'il ait de s'opiniâtrer contre mov, c'est parce qu'il m'a persécuté
sans aucun droit et fondement, et que mon innocence, qui commence a estre recognu,
de toute la France, aggrave encore la faute et l’injustice qu'il a faite[30]. Toute mon ambition, dit-il dans une autre lettre, va a voir réparer mon honneur par quelque déclaration du Roy,
vérifiée en Parlement, après qu'on aura pu assez cognoistre s'il y a seulement
apparence que je sois coupable des crimes que l’on m'a imputés, si les
désordres ont cessez par ma retraite, si les affaires de l’Estat sont mieux
conduictes, etc.,
etc.[31] Ce fuit
l'erreur persistante di, Mazarin, non seulement de trop parler de son innocence,
mais de vouloir que ses adversaires reconnussent leurs torts envers lui. Ces
retours des peuples sur eux-mêmes ont toujours été fort rares, surtout en
France. On ne songeait nullement à lui faire des excuses, pas même à lui pardonner. Vers le
mois de juin 1651, sur des bruits de rappel du Cardinal, le Parlement voulut
assembler les Chambres ; on parla d'intelligences ménagées entre la Reine et
Mazarin. Omer Talon répondait en termes vagues, lorsque Foucquet lui glissa
un mot à l'oreille. Aussitôt, l'avocat général conclut à ce qu'il plût à la
Cour réitérer ses deffenses. Par 117 voix contre 50, il fut
défendu d'avoir commerce avec le Cardinal[32]. Foucquet, évidemment, était
plus avant que Talon dans le secret du gouvernement. Il amusait l'opinion
avec ces arrêts sans portée. Le
prince de Condé n'était pas homme à se laisser abuser aussi facilement.
Affectant de croire à de nouvelles tentatives sur sa personne, retiré dans
son château de Saint-Maur, il demanda le renvoi de Le Tellier, de Lionne, de
Servien, et une nouvelle déclaration de la Reine confirmant l'exil de Mazarin
à perpétuité. Foucquet et ses collègues cherchèrent, comme toujours, à gagner
du temps. L'affaire étant de conséquence, la Cour leur accordera bien un
moment pour conférer entre eux. Enfin, ils concluent à ce qu'on négocie : M.
le duc d'Orléans verra M. le Prince, verra la Reine, pour ménager cette union de la maison royalle, souhaitée
depuis si longtemps[33]. L'expédient, cette fois,
ne réussit pas. Il fut décidé par 110 voix qu'on demanderait à la Reine
l'éloignement des ministres et l'exil perpétuel de Mazarin. La Reine accorda
tout[34]. Le Tellier s'efface et se
retire à Chaville, laissant toutefois ses commis aux bureaux de la guerre[35]. Servien l'imite, moins
satisfait. Lionne n'avait pas de maison des champs. Nicolas Foucquet lui
prêta Belle-Assise, qui appartenait à sa femme. Quant à
Mazarin, ces nouvelles[36], que l'abbé Foucquet lui
transmit aussitôt, l'affectèrent vivement. Condé et le duc d'Orléans étaient
capables, selon lui, de prendre quelque résolution fâcheuse à l'égard de la
Reine. Je prie Dieu, écrivait-il, de me donner la mort plutôt que je reçoive quelque
mauvaise nouvelle de ce côté-là'[37]. Dans la même lettre se trouve
une curieuse exclamation échappée à cet homme d'ordinaire si impassible, à
cette heure si abattu : Quand je me couche
sans une nouvelle de quelque malheur, cela est très extraordinaire ! Et il v recommençait ses
exhortations sur la nécessité pour le Roi de sortir de Paris. Si l'impatience
de l'exil n'avait pas troublé son admirable jugement, il eût reconnu qu'on
avait passé six ou huit mois sans trop d'encombre. Or, tout l'objectif de la
politique de ce temps-là se résumait en deux mots : gagner du temps, couler le temps. Nicolas
Foucquet restait seul sur la brèche, à la veille d'un assaut imminent. Malgré
toutes les concessions, Condé ne désarmait pas et semblait contester au Roi
le pavé de Paris[38]. Au Parlement, les frondeurs
reprennent les hostilités (1er août 1651). Le conseiller Coulon, parfait imbécile, informe
M. le procureur général, afin qu'il y mette ordre, que le sieur abbé Foucquet, son frère, va et vient souvent
auprès du cardinal Mazarin.
Foucquet répond qu'il est prêt à rendre
compte à la Cour de ce qu'il saura, si elle le demande, mais il ne se croit
pas obligé de répondre à M. Coulon[39]. Presque aussitôt, il se retire
avec les gens du Roi. On court après eux, on les rappelle. Omer Talon déclare
que ceux qui crient le plus haut ne sont pas exempts de commerce et de
menées. Coulon s'entête, interrompt pour fait personnel[40]. Le président intervient : On n'interrompt pas les gens du Roi ! il n'appartient pas
à des particuliers d'interrompre de la sorte ! Le duc d'Orléans veut faire valoir son autorité.
Talon, toujours naïf, s'en offense. Lui et ses collègues se plaindront au
Roi. En ce qui concerne l'abbé Foucquet, ils informeront et requerront, s'il
y a lieu[41]. Confusion générale. Cette
escarmouche assez chaude épuisa les forces de Talon, qui, du 6 août au 2
septembre, ne parut point au Parlement. Bignon, bien qu'avocat, ne parlait
pas. Nicolas Foucquet assuma tout le poids des discussions, et notamment dans
cette mémorable séance du 21 août, où les partisans de Retz et ceux de Condé
mirent l'épée à la main. L'écheveau
politique s'embrouillait de plus en plus. Le Coadjuteur, devenu, en apparence
an moins, l'allié de la Reine, ne parlait plus (pie de faire arrêter et même
assassiner Condé. Alliance feinte de part et d'autre. Colbert, toutefois, et
l'abbé Foucquet, tous deux encore un peu crédules, dénonçaient ces
agissements à Mazarin, qui, loin de Paris, ne savait plus que penser. Brienne
lui insinue l'idée d'une retraite à Rome ; le Cardinal, au désespoir, charge
l'abbé Foucquet de consulter la Reine. Que doit-il faire ? Brienne se
souciait bien peu de son honneur et de le voir réduit à demander l'aumône au
lieu de sa naissance[42]. Ne parlez de ceci qu'à la Reine ; car, à notre temps, il faut
dissimuler avec tout le monde ! Voilà encore un des grands mots de Mazarin. Il
accablait l'abbé de ses plus chaleureux remerciements : Je commence à me fascher de vous estre tous les jours de
plus en plus obligé, sans estre en estat d'en
pouvoir prendre ma revanche[43]. En effet, le ciel se
rembrunissait de plus en plus. Les intrigues aux fils trop minces s'étaient
rompues. Mazarin, voyant approcher le jour où l'on proclamerait la majorité
du Roi, craignait qu'on profitât de la circonstance pour exiger le
renouvellement des déclarations royales contre lui[44]. Aussi s'acharnait-il à faire
ressortir les avantages pour le Roi d'un séjour à Compiègne, ou ailleurs en
province. Ses
craintes n'étaient pas sans fondement. On ménageait un accord à ses dépens.
La Reine donna une première déclaration qui innocentait Condé et une seconde
qui n'innocentait pas Mazarin. Les termes en furent arrêtés entre Séguier et
les parlementaires. Le Roi y parlait de la mauvaise
conduite du
Cardinal, de ses déprédations et de ses pirateries, de ses artifices pour
éluder les arrêts du Parlement, qui veille
constamment au bien de notre service, etc. Le dispositif de la déclaration ressemblait
à celui des douze ou treize actes précédents[45]. Avisé de ce qu'on minutait,
Mazarin, au désespoir, songeait à ce que toute la terre dira des déclarations que Sa Majesté faict
contre lui, plus rigoureuses et outrageantes que jamais. On ne peut l'abandonner sans
que l'Estat en souffre et sans un entier
abattement de l'authorité royale. — Je seray inconsolable, et nie
voyant reduict à une telle extremité, sans estre secouru de la mort, je ne
songeray à rien qu'à me cacher, pour passer malheureusement le reste de la
vie que Dieu me donneroit pour plus grande punition[46]. Quoi
que pût dire l'égoïste Mazarin, Anne d'Autriche, éclairée par l'amour
maternel, avait raison de tenir bon dans sa capitale, malgré les outrages des
uns, les sollicitations des antres, obtenant ainsi ce grand résultat que la
majorité de son fils fût déclarée à Paris et non dans quelque parlement de
province. Le 7
septembre, Louis XIV, roi majeur, tint son lit de justice. Outre la Peine,
heureuse et fière aux côtés de son fils, on remarquait dans ce qu'on appelait
la lanterne proche la cheminée la reine d'Angleterre, le duc
d'York, milord Jermyn, Mademoiselle et plusieurs duchesses. Sur les sièges du
premier bureau, étaient assis Omer Talon, Foucquet, Bignon. C'est Talon qui
porta la parole[47]. Malgré
l'absence de Condé qui laissait planer un gros nuage sur la séance, le
sentiment général était favorable à la royauté : la France avait un roi. Le
Cardinal lui-même, si en colère la veille, montra une satisfaction
inexplicable. II déclare que la bienveillance et l'estime de la Heine pour
lui sont en aussi haut point que jamais[48]. Il se reprend à parler de son petit crédit[49]. C'est que le parrain avait
reçu de son filleul une lettre confidentielle bien explicite et bien
rassurante pour l'avenir : Mon Cousin, Vous
aiant donné parole, lors de vostre sortie de Paris, de vous rappeler auprès
de moy dès que j'en serois en puissance, jé creu ne pouvoir mieux commencer
ma majorité qu'en vous tesmoignant le sensible desplaisir que jé de toutes
les persécutions que les factieux de mon Estat vous font souffrir en vostre
honneur, en vostre personne et en vos biens ; aussi, je vous escris pour vous
dire de vous rendre auprès de moy le plus tost que vous le pourés faire avec
scureté ; et je le souhaitte si fort, que je ne puis vous dire à quel point
cela est, aiant impatience de rendre nulles, en la forme la plus authentique
qu'il se pourra, toutes les desclarations qui ont esté données si injustement
contre vous, durant ma minorité, et particulièrement la dernière de ce mois,
qui fust arrachée à la Reyne, madame ma mère, par la violence des ennemis de
mon Estat et les vostres, qui ne lui laissèrent ni la liberté ni la puissance
de la refuser ; et, comme elle est pleine d'outrage, d'accusations et de
colomnies, mon honneur et ma contience mesme m'obligent d'authoriser vostre
inocence dans tout mon royaume, et de faire connoistre à tous mes subjets les
satisfactions et les avantages qui me demceure de vostre capasité et fidélité
dans l'administration que vous auré ente de mon Estat, que la sagesse de vos
conseils m'auroient rendu plus pésible et le plus glorieux du monde, si les
diverses factions qui se sont formées et les puissances qui les ont
soutenues, vous en eusent !aisé la conduite libre. Je finis en vous asseurant
que je suis Votre bien bon et affectioné cousin, LOUIS[50]. A Paris, ce 9 cestembre 1656. On ne
jouait pas la comédie qu'à Paris. Muni de la lettre de son filleul, Mazarin
parait de nouveau très en colère, comme si la déclaration enregistrée le
septembre venait de lui parvenir[51]. Il s'en plaint à la Reine, à
son confident Milet, à Colbert même. Le coup
que Leurs Majestez m'ont donné en nie déclarant atteint des crimes les plus
noirs, m'abat. Je suis si couvert de honte, que je n'ose me montrer à mes
propres domestiques. Quand tout se perdroit, je n'en serois nullement touché. Il invite Colbert à ne plus accepter
d'argent pour lui, puisque, dit-il, la Reyne, san en avoir l'intention, m'a reduict à un point
que je n'av plus besoin de rien. Mais voici le comble du désespoir : Je voudrois bien qu'il vous post réussir (sic) de faire reprendre à Bartet les cinquante mille livres
qu'il esloit sur le poinct de vous donner... Monsieur de La
Vieuville (le surintendant des finances) ne
se doit pas mettre en peine des choses qui me regardent. Qu'on ne croie pas
que ce renoncement à toutes choses soit l'effet d'un emportement ; j'y ai
revé trois jours, pendant lesquels je vous puis-dire de (sic) n'avoir pas fermé les yeux[52]. Cette colère
et ce dégoût, autant de fictions. On allait de Paris à Brühl en cinq ou six
jours, et la déclaration du 6 septembre avait dû parvenir au Cardinal presque
en même temps que la lettre du Roi qui l'annulait entièrement. En écrivant à
ses fidèles ces lettres désolées, il voulait les aider à tromper les autres,
les tromper les premiers peut-être. Qu'on se rappelle son mot : Nous sommes en un temps où il faut dissimuler avec tout le
monde. Ce qui
rend les jérémiades de Mazarin plus que suspectes, c'est qu'elles se
produisent au moment où la Reine, sortie de Paris, reprenait sa liberté, sous
la protection de quelques vieux régiments, commandés par Turenne, que cette
habile princesse avait su rappeler à son service depuis six mois. Aussi,
dès le 8 octobre, Mazarin modifie son thème. La
Reyne sera d'autant plus affligée qu'Elle n'a pas asseurément eu cognoissance
de ce qu'on disoit contre moy. On m'a envoyée quantité de lettres du Roy,
dans lesquelles il tesmoigne de n'avoir pas faict cela de bon gré, qu'il a toutes
les satisfactions de mes services, etc. Et le voilà qui parle des protestations de dévouement que
généraux, gouverneurs de place lui font chaque jour. Il en est qui écrivent
de la citadelle de Turin[53]. Les nouveaux ministres lui ont
dit que, si la guerre civile commençait, il devait entrer en France, avec deux ou trois mille hommes, pour
servir le Roy[54]. Il le fera, et même si on
manque d'argent pour une expédition, par exemple pour assiéger Monzon, il en
fournira[55]. Il en avait donc plus qu'on ne
croyait. Commue
précédemment, les Foucquet étaient dans le secret de la Reine, qui leur
promettait de grandes récompenses[56]. Le procureur général, chargé
de poursuivre Mazarin, instruisait le banni de tout ce qui l'intéressait, et,
le 27 septembre, Mazarin lui répondait : Celuy
qui vous rendra ce billet, vous informera de toutes choses et surtout de
l'amitié que j'ay pour vous. J'ay eu beaucoup de desplaisir de la perte que
vous avez faicte, prenant part comme le meilleur de vos amis en toutes les
choses qui vous touchent[57]. Pas un mot de reproche sur la
déclaration du 6 septembre. Ces acteurs jouaient la comédie devant le public,
non entre eux. La
perte à laquelle le Cardinal faisait allusion était la mort d'Yves Foucquet,
frère de Nicolas, à peine âgé de vingt-trois ans et déjà conseiller au
Parlement[58]. Cette année 1651 n'était pas
clémente au procureur général, qui pour rendre les derniers devoirs à son
frère n'eut pas plus de temps que pour célébrer ses noces. Yves mourait le 17
septembre, et, le 20 et le 21, Nicolas dut passer toutes ses journées à
négocier entre la Cour, Gaston et le Parlement[59], déposer des conclusions qui ne
concluaient pas, tenir Mazarin au courant de toutes ces négociations sans
portée[60]. Ce dernier voulait qu'il
l'avisât chaque jour de ce qu'il devait faire. Il était sans nouvelles
positives depuis un mois. Je vous conjure de
faire en sorte que je puisse être présentement averti des sentiments de vos
amis, estant impossible que les choses puissent demeurer dans l'assiette où
elles sont2[61]. Illusion commune à tous les
exilés. Quoi
qu'en pensât Mazarin, les affaires du Roi étaient fort habilement menées, et
cette politique de temporisation, la seule possible, était très efficace.
D'un côté, on faisait perdre à Condé toutes chances d'une grande action
militaire. De l'autre, on ruinait son influence politique dans le Parlement. Le 7
octobre 1651, le duc d'Orléans, prenant parti pour le Prince, par crainte de
la toute-puissance de la Reine, prêche un accommodement. Foucquet,
directement interpellé[62], remercie M. le duc des peines
qu'il prend, le prie de continuer ses bons offices. Puis, par un très habile
changement de front, il reproduit une demande d'informations judiciaires
contre ceux qui lèvent des troupes, s'emparent des châteaux forts, etc. La
Cour doit les déclarer perturbateurs du repos public, ennemis du Roi et de
l'État, permettre aux gouverneurs de leur courir sus[63]. Indirectement, Foucquet visait
Condé et ses partisans, les alliés de Gaston. Par contre, le lendemain 8, il
laissait ajourner à un mois l'enregistrement d'une déclaration nominativement
dirigée contre Condé, Conti, Mme de Longueville[64]. Au milieu de ces luttes
politiques, il gardait tarit qu'il pouvait un certain ménagement envers les
ennemis du jour, amis possibles du lendemain. Seuls
quelques pauvres diables laissaient à ces jeux de-princes leur vie ou leur
liberté. Un agent de Condé, Vineuil, se fit prendre avec des dépêches
compromettantes ; bien qu'homme d'esprit, il perdit la tête et dénonça un
Sicilien, appelé Pagano, qui lui aurait proposé de faire périr, sans effusion
de sang, sans poison, le Roi et son frère, le duc d'Orléans et son fils. Le
Parlement s'émut. Pagano fut arrêté. Le gazetier Loret déclara que : Tels bruits se doivent étoufer, — Car ils sont sortis de l'enfer. On étouffa si bien, que
l'accusé resta dix ans à la Bastille sans jugement ; il y était encore quand
on y emprisonna Foucquet, prévenu à son tour du crime de lèse-majesté[65]. Cependant,
malgré la répugnance générale pour toutes mesures décisives, une heure venait
où il fallait agir. Mazarin insistait pour qu'on présentât au Parlement la
déclaration contre Condé[66]. Le garde des sceaux, encouragé
par de bonnes nouvelles de l'armée royale, donna des ordres en ce sens aux
gens du Roi. Talon et Bignon voulaient encore biaiser. Foucquet rompit avec
eux. Du 16 novembre au 5 décembre 1651, il livra une série d'assauts aux
partisans du Prince. Enfin, la Cour rendit un arrêt assez confus, portant que
Monsieur continuerait à s'interposer pour un accommodement, ruais qu'au bout
d'un mois, les princes révoltés seraient jugés par le Parlement, en présence
du Roi et selon la loi du royaume[67]. Une incohérence de plus. Dans
l'histoire de ces sortes de temps, où la parole humaine ne semble faite que
pour mentir, il faut s'en tenir aux faits et aux résultats. La
déclaration, à Paris, en Parlement, de la majorité de Louis XIV, voilà le
premier résultat de l'année. Voici
le second. En
moins d'un an, Condé, sorti de la prison du Havre par la force de l'opinion
et sur les injonctions du Parlement, était cité devant ces mêmes conseillc.rs
et se trouvait sous le coup d'un nouvel emprisonnement. Si le gouvernement de
la Reine avait dû sacrifier Mazarin, il était aussi parvenu à mettre Condé en
accusation. On a vu
la grande part prise par Nicolas Foucquet à cette politique de résistance.
L'action du procureur général va devenir de plus en plus effective. Gaston,
allié de Condé, organise une émeute[68] contre le premier président
Molé qui, par son attitude courageuse, contraint ces coquins à se retirer (6 décembre
1651). Foucquet
requiert aussitôt contre les émeutiers[69]. Le samedi 9, Molé fit lui-même
le récit des violences de ces canailles soudoyées par le duc d'Orléans.
Gaston n'ose pas nier[70], puis, manœuvrant à son tour
comme ses adversaires avaient fait un mois avant, il s'en prend à Mazarin
qui, au mépris des défenses de la Cour, a plusieurs commerces dans le Royaume
e. Ion répond en ternies pompeux et emportés. L'aversion des peuples à elle
seule enlèverait au Cardinal la hardiesse de rentrer en France. S'il y a eu
des Français ou autres assez malavisés pour entretenir des intelligences
secrètes avec le banni, on informera contre eux. L'avocat général voilait
plaire à Gaston et obtenir, grâce à cet appui, la première présidence du Parlement[71]. Les esprits étaient si
troublés que Retz lui-même s'entendit reprocher d'être le complice, l'agent de
Mazarin, sur la promesse d'un chapeau, qu'il se plaignit du dévergondage des
discours et de la conduite indécente qu’on tenait dans une assemblée si
auguste[72]. Foucquet,
voyant que l'heure était venue do rentrer en scène, prit ses conclusions par
écrit : Je
requiers pour le Roy que par tels des présidens et consilllers qu'il plaira à
la cour députer, ledit seigneur Rov adverti des bruits qui courent du retour du
Cardinal Mazarin, du commerce que les gouverneurs des places frontières et aultres
publiquement entretiennent avec lui, des levées de gens de guerre que l'on
publie estre entreprises pour faciliter son retour ; que ledit seigneur Roy
sera très humblement suplié de vouloir donner sa parole rovalie pour
l'entretènement et exécution de la déclaration vérifiée en Parlement le 6
septembre dernier ; mesme de vouloir informer le Pape et autres princes
étrangers des raisons qu'il a eues d'esloigner le Cardinal de sa persone, de
ses conseils, et de la résolution qu'il a prise de ne s'en plus servir ; que
les deffences portées par les arrests précédents seront réitérées, et
nouvelles deffenses faites à tous gouverneurs de luy donner passage ou
retraitte en leurs places, n y faire aucune levée pour faciliter son retour,
sous telles peines qu'il plaira à la Cour ; et que les autres Parlements
seront invités de donner pareil arrest contre les gouverneurs de leurs
frontières qui le voudront recevoir ; et au surplus de persister aux
conclusions cy-devant par moy prises par écrit. Signé : FOUCQUET[73]. Dupe ou
non de cette comédie, le Parlement rendit un arrêt conforme à ces conclusions
(15
décembre 1651). Le
Cardinal protesta, mais surtout contre Talon, qu'il considérait comme un de
ses bons amis, à ce point que, même après sa diatribe, il ne pouvait se
résoudre à lui vouloir du mal[74]. Le 18, Foucquet affirme
sérieusement qu'il a fait toutes diligences pour assurer l'exécution de
l'arrêt[75], ce qui n'empêche pas que, le
19, on lui enjoint de conclure encore contre le retour imminent de Mazarin.
Ce jour-là, Omer Talon eut un éclair de sens commun. Lui et ses collègues,
Bignon et Foucquet, ont épuisé la force de leur imagination dans leurs
conclusions précédentes. Le Cardinal ne peut
rentrer que du côté de la Champagne ou de la Picardie ; que le Parlement
envoie quelques-uns de Messieurs sur la frontière reconnoistre sa marche[76]. On perd deux jours eu
discussions. Enfin, le 9.9, nouvel arrêt contre le banni, arrêt rendu avec une chaleur qui alloit jusques à la fureur. Un conseiller ayant dit que les gens de guerre qui s'assembloient sur la frontière,
pour le service du Mazarin, se moqueroient de toutes les défenses du
Parlement, si elles ne leur étoient signifiées par des huissiers qui eussent
de bons mousquets et de bonnes piques, ce conseiller, qui
ne parloit pas de trop mauvais sens, fut repoussé par un soulèvement général,
comme s'il eût avancé la plus forte impertinence du monde[77]. On lui rappela durement que le
Roi seul avait le droit de lever des gens de guerre. Retz,
toujours hostile à Mazarin, mais qui ne bougeait plus, craignant de ne pas
voir descendre sur sa tête le chapeau rouge promis par la Reine, constata une
fois de plus l'incohérence d'idées de ces étranges révolutionnaires, aussi
royalistes que le Roi. Sur ces
entrefaites, le premier président Molé quitta Paris et le Parlement, où sa
situation devenait absolument fausse. Depuis plusieurs années, il avait dû,
dans une certaine mesure, épouser les passions du grand corps qu'il
présidait. A cette heure, il était obligé de
s'opposer à des arrêts prononcez de sa propre bouche. Cette retraite nécessaire
laissait Foucquet seul en présence de la Fronde. Fidèle à son poste, il
continua de correspondre avec le Cardinal, comme avec son chef incontesté[78]. Basile recevait les
instructions du proscrit pour Croulas ; le secrétaire de Monsieur, pour
Sarrazin, pour une dame qui n'est pas dans le
chiffre (Mme la
princesse Palatine ?),
pour MM. de Turenne et de Bouillon. Mazarin non seulement dissimulait, mais,
par surcroît de ruse, négociait avec tout le monde. Il ne voulait même pas que
son agent entreprit trop d'affaires à la fois. Il faudroit faire une liste des personnes que vous avez à voir et les
partager entre d'Artaignan et le chevalier de Terlon. Ce d'Artagnan devait arrêter
et garder Foucquet dix ans plus tard. Au
milieu de ces agitations, un an s'est écoulé ; un an de gagné. Le Loi,
quasi prisonnier des Parisiens au commencement de l'année, maintenant
parcourt ses provinces à la tête d'une armée commandée par Turenne. Toutes
les questions de principe soulevées en 1G40 sont déjà oubliées. Seul un point
de fait, l'exil ou le retour de Mazarin, passionne l'opinion. On ne pense
qu'à cet homme, à la Cour, à la ville, dans les années[79]. Retz, le duc d'Orléans, Condé
lui-même, ne tiennent que des seconds rôles. Les partis, comme il arrive
souvent en France, se livraient bataille sur un coin. Aime
d'Autriche désirait le retour du Cardinal. Mais Le Tellier, récemment
rappelé, Lionne, Brienne, Châteauneuf s'opposaient au retour du ministre
exilé. Le prudent Le Tellier se hasardait jusqu'à écrire, comme un propos de
Cour, que la Reine devait être ensorcelée par le Mazarin ou mariée avec lui[80]. Toutefois, cette femme., dont
on n'a pas assez loué l'énergie et le sang-froid, restait impénétrable aux
plus habiles. Mazarin lui-même ne savait pas toujours à quoi s'en tenir et,
défiant, voulait rentrer immédiatement. Son impatience fit durer la Fronde un
an de plus. A
Paris, on combattait l'idée de son retour : le duc d'Orléans, très
ouvertement, le Coadjuteur, plus secrètement, à cause du chapeau. A part
quelques conseillers gagnés ou convaincus, le Parlement était hostile. Des
trois gens du Roi, Bignon s'effaçait de plus en
plus ; Talon, très niai avec lu Cour, ne voulant entretenir aucune
correspondance avec elle[81], n'en vivait pas mieux avec sa
compagnie. Nous sommes tous hors des grandes
règles, disait-il,
éperdu, à Retz très refroidi, nous ne savons
plus ce que nous faisons[82]. A vrai dire, un seul homme
conservait une vue claire des choses et suivait une ligue de conduite bien
tracée. C'était le procureur général Nicolas Foucquet. Il ne croyait pas la
rentrée du Cardinal opportune. Il n'en travaillait pas moins, par devoir, à
la rendre possible. Circonspect, imperturbable, ne cédant à aucun
entraînement de parole, il intervenait au moment propice. Son action était
d'autant plus efficace, qu'il la dissimulait phis soigneusement. Il servait
sans ostentation, ce qui permit plus tard au ministre restauré, grâce à son
concours, d'être facilement ingrat envers lui. Foucquet
commit même une grosse faute. Il ne sut pas dissimuler combien il était sensible
à l'ingratitude déjà trop notoire de Mazarin, non seulement à son égard, mais
envers les siens. Voici
la curieuse lettre qu'il écrivit à Colbert à ce sujet : Vaux, le mercredi 8 novembre 1651. Mon
frère a demandé une abbaye de Noailles, qui vaque depuis quelque temps,
laquelle on iny fit espérer. Depuis ce temps, on a traisné jusqu'à présent en
belles paroles, suivant le style accoutumé, et puis on le remet à une
distribution générale, après les Estats. Je vous avoue que je suis étonné que
Sou Éminence ne change point de méthode, après s'estre si mal trouvé de ses
maximes ordinaires : l'une de ne rien faire ponr ceux qu'il croit attachés
avec honneur et fidélité à son service ; et l'autre de croire qu'en tenant
les personnes en suspens longtemps, il les conserve dans la volonté de faire
toujours quelque action nouvelle, pour mieux mériter les grâces qu'on demande
de luy. Il me semble que, quand les services qu'on Ili y u rendus jusqu'à
présent ne le touclieroient point, ce que je puis, et pour et contre son
intérest icy, tlevroit estre de quelque considération, et c'est ce qui
m'oblige de vous écrire celle-cy afin que vous me fassiez la grâce de luv
luire sçavoir que je suis horriblement surpris de ce procédé, et qu'il n'y a
rien qui me puisse offenser si sensiblement que de traiter mon frére du
commun, luy qui n'a point lait d'action du commun, quand il s'est agy de son
service, et dans sa disgrâce. Ce que je n'av que faire d'exagérer, parce
qu'il le sçait encore mieux que mov. Et à vous dire le vray, je ne trouve pas
estrance qu'il ne me considère pas parce que la condition en laquelle je suis
m'a empesché de m'exposer comme mon frère ; mais pour luy, quoyque je Faye
connu du passé, je n'eusse jamais douté que Son Éminence n'eust fait
paroistre une reconnoissance éclatante en la première occasion qui se fust
rencontrée. Mais de faire languir les personnes après des espérances vaines
et se laisser posséder par un petit fripon[83] à l'appétit duquel il perdra tous les gens de
condition et d'honneur, c'est ce qui n'est pas supportable. Il nie semble
qu'il y a assez de raison pour faire de bonne grâce une action de cette qualité,
et qu'il n'y aura personne à la Cour qui puisse y trouver à redire. Je remets
à vous dire le reste de bouche, mais obligez-moy d'écrire de bonne encre et
de presser une réponse décisive de ouv ou de non, par le premier ordinaire ;
pour ce qu'après cela je ne m'y attendrois plus. Il sçait encore les paroles
qu'il m'en a données cent fois, sans effet. Je sçais que la chose dépend de
luy, et qu'écrivant icy comme il peut, la chose sera faite au moment, et si
elle ne l'est pas, je croiray qu'il a donné ordre contraire. Je vous prie.
que je vous aye cette obligation, et de luy en écrire à cœur ouvert ce que
vous en jugez. Et surtout, réponse prompte, pour ce que vous sçavez qu'il ne
faut point faire estat que des affaires achevées. Je suis vostre serviteur[84]. La
lettre de Foucquet renferme un mot de trop : Ce
que je puis et pour et contre cet intérêt. Le surplus est d'une justesse incontestable. Par
calcul et par nature, Mazarin était ingrat. Colbert
fit mieux que d'écrire de bonne encre à son maitre. Il lui envoya la lettre
même de Foucquet, dont les reproches étaient si fondés qu'il dut en convenir.
J'appréhende fort, dit-il, qu'il n'y ait quelque fondement. Il se hâte d'ajouter : La mauvaise conduite que l'on a tenue en vos affaires vous
a réduit à ce point de nécessité que vous avez besoin de tous ces gens-là, et
que plus vous en avez besoin, plus ils vous tiennent le pied sur la gorge
pour exiger de vous des choses que vous n'estes pas en este ni en pouvoir de
leur accorder. Puis,
sans transition, Colbert ajoute : Il est de mes amis, et je suis obligé de vous dire qu'il
vous a bien sers-y depuis que j'ay la direction de vos affaires. Je ne puis
toutefois m'empêcher de blasmer le procédé. En résumé, on ne peut se passer du procureur
général. Basile obtint son abbaye de Nouailles ; mais l'incident fut noté par Mazarin, piqué au vif, et par son intendant, attentif à marquer tous les coups. C'est la dernière, fois que Colbert, parlant de Foucquet, dira : Il est de mes amis. Le temps viendra bientôt où il le signalera comme un des ennemis de Son Éminence. |
[1]
Le Secret ou les véritables causes de la détention de MM. les Princes,
p. 50.
[2]
O. TALON, Mémoires,
p. 412. Cf. Lettre de Mazarin à Le Tellier, 8 février 1658, Lettres, t.
V, p. 7. Cf. Mémoires du maréchal de Plessis-Praslin.
[3]
Le Secret ou les véritables causes de la détention de MM. les Princes,
p. 57.
[4]
O. TALON, Mémoires,
p. 413.
[5]
Le Secret ou les véritables causes de la détention de MM. les Princes,
p. 65.
[6]
O. TALON, Mémoires,
p. 414.
[7]
LORET, La
Muze historique, t. I, p. 91.
[8]
V. lettre du 8 février déjà citée et les suivantes. Mazarin prétendit que les
prêts du Parlement étaient faux. Lettres, t. IV, p. 15 à 35.
[9]
Mss. de la Sorbonne, II. I. V., vol. IV, f° 139. Cf. Histoire abrégée du Parlement
durant les troubles, p. 124.
[10]
Mss. de la Sorbonne, vol. IV, f° 144.
[11]
Mss. de la Sorbonne, vol. IV, au 8 mars 1651. O. TALON, Mémoires, p. 418.
[12]
Mss. de la Sorbonne, vol. IV, au 8 mars 1651. O. TALON, Mémoires, p. 418.
[13]
Mss. de la Sorbonne, vol. IV, f° 212 et suiv.
[14]
LORET, La
Muze historique, t. I, p. 91.
[15]
Histoire abrégée du Parlement durant les troubles de la minorité de Louis
XIV, p. 131.
[16]
O. TALON, Mémoires,
p. 422.
[17]
O. TALON, Mémoires,
p. 432.
[18]
PRIOLO, De
rebus Gallicis, lib. VI, p. 306.
[19]
Lettre de la Reine à Mazarin. Annuaire de la Société de l'Histoire de France,
1834, 2e partie, p. 140.
[20]
PRIOLO, De
rebus Gallicis, lib. VI, p. 307.
[21]
Mazarin à Lionne, 20 avril 1681. Lettres, t. IV, p. 133.
[22]
Lettre de Mazarin à l'abbé Foucquet qui lui a écrit le 3 et le 4. Danger couru
par l'abbé, qui séparé du gros de la troupe, 16 mai 1651. Bibl. nat., ms. fr.
23202, Guignières 2799, f° 3. Cf. Lettres de Mazarin, t. IV, p. 184. M.
Chéruel met en note que Basile était l'aîné de N. Foucquet ; c'est une erreur.
[23]
Je vous avois chargé de parler de quelque chose à 57 (la
Reine), mais je ne prétendois pas que cela fist tant
de bruict.. Lettres, t. IV, p. 184.
[24]
V. PRIOLO, De
rebus Gallicis, p. 309, Amstelodami, 1677 : Ægri
quoque ad conspectum ejus prorepere.
[25]
Lettre du 16 mai 1651, ci-dessus citée.
[26]
Lettres de Mazarin, t. IV, p. 187.
[27]
Lettre de Mazarin à Foucquet, Brühl, 2.2 juin 1651. Je
vous remercye de tout ce que vous avez fait dans l'affaire de Talon, que j'av
cren toutefois fort fidelle.. Je vous remercie aussi des assistances que vous
donnez à 34 (Colbert). Bibl. nat., ms. fr..23202, f° 10. Cf. Lettres
de Mazarin, t. IV, p. 732.
[28]
Lettre du 23 mai. Bibl. mu., ms. fr., 23202, Guignières 2799, f° 5. Il parait
qu'on avait tendu le Pâris et le Scipion à l’hôtel de Chevreuse. Lettres,
t. IV, p. 113.
[29]
V. sa lettre du 29 niai à Lionne, véritable chef-d'œuvre de brouillamini. Lettres,
t. IV, p. 227.
[30]
Lettres de Mazarin, t. IV, p. 232.
[31]
Lettre du 14 juin 1651, à Milet. Lettres, t. IV, p. 272.
[32]
Ms. de la Sorbonne, vol. IV, 1er juillet 1651.
[33]
Ms. de la Sorbonne, vol. IV, f° 3S0, 12 juillet 1651.
[34]
Histoire abrégée du Parlement, p. 141.
[35]
BRIENNE, Mémoires,
t. II, p. 243, édit. de 1720.
[36]
M. Chéruel, dans sa savante Histoire de France pendant la minorité de Louis
XIV, ne s'explique pas les appréciations diverses et la conduite de Mazarin
envers Lionne. Suivant nous, il ne faut pas perdre de vue que beaucoup de
lettres du Cardinal ont été écrites pour être montrées. Retz s'en doutait. De
plus, Mazarin prêchait k faux pour savoir le vrai. Ou ne saurait user de sa
correspondance avec trop de précautions. Il faut surtout voir sa conduite en
fait.
[37]
Lettre du 13 août 1651, Bibl. nat., ms. fr., 23202, f° 13. Cf. Lettres,
t. IV, p. 390.
[38]
O. TALON, Mémoires,
p. 439.
[39]
Ms. de la Sorbonne H. I. V, vol. VII, f° 13 et suiv. La version fournie par ce
ms. nous parait plus exacte que celle d'une lettre du 5 août citée par M. CHÉRUEL, Histoire de
la minorité..., t. IV, p. 383.
[40]
Retz, dans ses Mémoires, t. III, p. 465, dit que l'on dénonça comme
émissaires de Mazarin, Bartet, Brochet, Foucquet et Silhon. Toutefois, dans l'Arrest
imprimé chez Vivenay, 1651, et dans la Relation de ce qui s'est passé dans la
dernière assemblée du Parlement, le 2 de ce mois, Paris, Vivenay, 1651, on
ne nomme pas l'abbé Foucquet. On le ménageait à cause de son frère.
[41]
O. TALON, Mémoires,
p. 439.
[42]
Lettre sans date, portant le n° 15 du ms. fr., 23202, de la Bibl. nat. Cf.
Lettre de Mazarin à la Reine, p. 257, celle de septembre 1651, où l'on retrouve
les mêmes expressions.
[43]
Lettre du 29 août 1651. Lettres, t. IV, p. 407.
[44]
Lettre du 4 juillet 1651 â Lionne. Lettres, t. IV, p. 300, 308.
[45]
Le texte est reproduit dans l'Histoire abrégée du Parlement, p. 155.
[46]
Lettre du 29 août 1651. Lettres, t. IV, p. 408.
[47]
Ms. de la Bibliothèque Mazarine, 1415⁴¹.
[48]
Lettre à Colbert, 14 septembre 1651. Lettres, t. IV, p. 428. Lettre à
Ondedeï, 19 septembre, ibid., p. 430.
[49]
Lettres, t. IV, p. 436, lettre à Noirmoutier.
[50]
B. FILLON, Autographes, séries I et II, p. 37.
[51]
Bibliothèque Mazarine, 1415⁴¹.
[52]
Lettre à Colbert, 30 septembre 1651. Lettres, t. IV, p. 452.
[53]
Lettre à d'Estrade, 8 octobre 1651. Lettres, t. IV, p. 458.
[54]
Lettre à Fabert, 22 octobre 1651. Lettres, t. IV, p. 469.
[55]
Lettre du 27 octobre 1651. M. Chéruel remarque avec raison que Mazarin n'était
donc pas si démuni d'argent qu’il disait. Lettres, t. IV, p. 471.
[56]
Lettre à Basile Foucquet, 30 octobre 1651. Lettres, t. IV, p. 477.
[57]
Lettre du 27 septembre 1651, ms. fr., 23292, p. 19, non publiée par Chéruel.
[58]
Le P. ANSELME,
t. IX, p. 306.
[59]
Ms. de la Sorbonne H. I. V, 21 septembre 1651.
[60]
Dès le 21, N. Foucquet écrivait à Mazarin. V. lettre de Mazarin du 28 septembre
1651, ms. fr., 23202, p. 20.
[61]
Lettre de Mazarin à N. Foucquet, du 23 septembre 1651, ms. fr., 23202, p. 20,
non publiée par Chéruel.
[62]
O. TALON, Mémoires,
p. 447.
[63]
Ms. de la Sorbonne, séance du 7 octobre 1651. Retz a parfaitement indiqué la
portée de cette séance, lorsqu'il montra le Parlement
de Paris, qui ne vouloit point du Cardinal, mais gui défendoit, sous peine de
la vie, les levées que M. le Prince faisoit pour s'opposer à son retour.
Mémoires, t. IV, p. 2.2. V. aussi G. JOLY, p. 63.
[64]
AUBERY, Histoire
de Mazarin, t. III, p. 318.
[65]
AUBERY, Histoire
de Mazarin, t. III, p. 32l ; LORET, la Muze historique, t. I, p. 180 (26 novembre 1651)
; BAVAISSON, Archives
de la Bastille, t. I, p. 1.
[66]
Lettre de Mazarin à Mercœur, 28 octobre 1651. Lettres, t. IV, p. 471.
[67]
Bibliothèque Mazarine, MS, 1415²⁴ ; ms. de la Sorbonne, séance des 6 et 7
novembre 1651 ; AUBERY,
Histoire de Mazarin, t. III, p. 329.
[68]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 57.
[69]
Registres de l'Hôtel de ville pendant la Fronde, t. II, p. 226.
[70]
AUBERY, Histoire
de Mazarin, t. III, p. 332.
[71]
Mazarin à Granvelle, 20 décembre 1651. Lettres, t. IV, p. 554.
[72]
Histoire abrégée du Parlement, p. 162.
[73]
Ms. de la Bibl. Mazarine, 1415³⁵. Séance du 9 décembre 1651 au matin.
[74]
Mazarin à Blouet, 22 décembre 1631. Lettres, t. IV, p. 561.
[75]
Ms. de la Bibl. Mazarine, 1415³⁵. Séance des mercredi 13 et lundi 18
décembre.
[76]
Ms. de la Sorbonne H. I. V. Séance du 19 décembre. Retz place cette séance le
10 décembre. TALON,
Mémoires, p. 456.
[77]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 64.
[78]
Bibl. nat. fr. 23202, p. 25. SOREL, Histoire de la monarchie, t. II, p. 68. Cf. CHÉRUEL, t. IV, p. 581.
[79]
MOTTEVILLE, Mémoires,
t. III, p. 452.
[80]
CHANTELAUZE, t.
II, p. 263. Il (Le Tellier) a pu ne pas s'expliquer sur le retour de. Son Éminence...
Tout le monde en a parlé la Reine, jusqu'à lui dire
qu'il l'avait ensorcelée ou épousée.
[81]
O. TALON, Mémoires,
p. 472.
[82]
RETZ, Mémoires,
t. IV, p. 74.
[83]
De qui s'agit-il ? Est-ce de l'abbé Ondedei ? est-ce de Bartet ?
[84]
Lettres, Instructions, t. I, p. 165. (Arch. des aff. étr. France, vol.
135, pièce 105.)