NICOLAS FOUCQUET

DEUXIÈME PARTIE

 

CHAPITRE IV. — FOUCQUET INTENDANT DE L'ARMÉE ROYALE ASSIÉGEANT PARIS.

SIÈGE DE PARIS EN 1649. - IMPRESSIONS LAISSÉES DANS LES ESPRITS PAR CES ÉVÉNEMENTS. (Janvier 1649-mai 1650)

 

 

Dès le lendemain de la journée des Barricades, Mazarin avait formé et rédigé le projet de sortir de Paris, de réduire à merci et la ville et son Parlement ; mais aussi peu résolu dans l'action que net et précis dans la discussion, il n'avait pris que des demi-mesures, écartant Condé et ses troupes, puis se retirant à Rueil, y subissant les conditions dictées par le Parlement et revenant à Paris avec le ferme propos de ne pas les observer[1].

Anne d'Autriche, par nature et par éducation, plus fière que son ministre, se révoltait à chaque prétention nouvelle des parlementaires. Ces gens, il faut le reconnaître, agissaient plutôt en procureurs qu'en hommes politiques. Chaque jour c'était quelque brutal rappel à l'édit d'octobre, une blessure nouvelle à l'orgueil de la Reine. Le parti de l'action l'emporta enfin, et vers le mois de décembre on se prépara pour la lutte.

C'est alors que Nicolas Foucquet se retrouva intendant de Paris, malgré la suppression de l'emploi et sans nomination nouvelle.

Condé, soutenu par La Meilleraye, grand maitre de l'artillerie, conçut et développa un plan très sensé. Pénétré de cette pensée qu'il serait plus facile de sortir de Paris que d'y rentrer, il proposa d'occuper fortement l'Arsenal, la Bastille, la porte Saint-Antoine. Les communications avec Vincennes bien assurées, on partirait de cette place d'armes, pour prendre l'île Louviers, l'île Saint-Louis[2], marcher à coups de canon sur les barricades, écraser toute rébellion. C'était une action trop vigoureuse pour Mazarin. Pas plus tendre au fond que Condé, il hésitait à se couvrir du sang des bourgeois. Il préférait assiéger Paris, le réduire par la faim ou plutôt par les privations, entreprise méthodique dans laquelle il n'aurait à combattre que les gens assez téméraires pour affronter ses lignes[3]. Le Tellier approuvait le Cardinal et affirmait qu'au second jour où manquerait le pain de Gonesse Paris se rendrait[4]. Gaston, bien qu'il détestât Mazarin, finit par se rendre à l'insistance de la Reine qui sortit enfin dans la nuit du 5 janvier 1649, contenant mal sa joie à l'idée de se venger de ces robins[5].

Quelques heures plus tard, les Parisiens, qui s'étaient endormis après avoir constaté la présence du Roi, apprenaient son départ et criaient à la trahison[6]. Les bourgeois soupçonnaient le Parlement, le Parlement reprochait leur négligence aux bourgeois. De tous côtés, on courait aux halles ; le pain, la farine, toutes les provisions s'enlevaient à prix de plus en plus élevés[7]. A midi, la Reine envoyait au Parlement l'ordre de se retirer à Montargis ; elle requérait le prévôt des marchands et la milice citoyenne de contraindre les magistrats à obéir. Ceux-ci répliquaient par une mise en accusation de Mazarin et commandaient aux bourgeois et chefs de maison de prendre les armes[8]. En fait, les milices étaient sur pied depuis le matin, occupant les portes, arrêtant les courriers, fouillant sans exception les entrants et les sortants. Le soir, ce fut une série d'alertes, de coups d'arquebuse tirés au hasard. On dut interdire de tirer de six heures du soir à sept heures du matin[9]. C'était décréter le sang-froid, plus rare à Paris que partout ailleurs.

Le Parlement répondit à la sortie du Roi et aux menaces de siège par un arrêt défendant à tous soldats et gens de guerre d'approcher de Paris à plus de vingt lieues. Par contre, il ordonna des levées de troupes, non pour sa sûreté, mais pour le maintien de l'autorité royale. On vit apparaître plus frappante que jamais l'incohérence d'idées des frondeurs parlementaires. Votre conservation, Sire, et celle du Royaume est la seule cause de notre deffense et le motif de notre arrest, qui ordonne que Paris prendra les armes ; notre salut particulier n'est pas notre principal objet ; nous ne le regardons que comme un moyen nécessaire au vôtre... C'est là où tendent nos armes ; hors de là nous n'en voulons jamais d'antres pour vous résister que les prières, seules armes légitimes que Dieu a données aux sujets pour fléchir les roys sur la terre, etc., etc.[10]

Comme tout le personnel judiciaire et financier dépendait du Parlement, de la Chambre des comptes et de la Cour des aides ; comme toute la police appartenait au corps de ville, le gouvernement royal n'avait pas pu faire sortir beaucoup de monde de Paris. Son action directe ne s'exerçait que sur les conseillers d'État. Les maîtres des requêtes, rattachés d'un côté au conseil, de l'autre au Parlement, restaient une fois de plus indécis[11].

Foucquet n'hésita pas. Il appartenait à la Reine. Sa commission d'intendant de Paris se trouva tout naturellement transformée en celle d'intendant de police, justice et finances près l'armée royale assiégeant Paris.

Ce siège, auquel il va prendre part, fut plein d'enseignements et, comme la banqueroute de 1649, gros de conséquences pour l'avenir.

Si l'audace peut suppléer au nombre sur un champ de bataille, il n'en va pas tout à fait de même quand il s'agit d'investir une ville qui dès ce temps-là, en y comprenant sa banlieue, présentait près de vingt lieues de circonférence.

La Cour s'était établie, tant bien que mal, dans le grand château démeublé de Saint-Germain. Dès le 7 janvier, Condé, son généralissime, occupait Saint-Cloud[12], puis Saint-Denis, où il installa le maréchal du Plessis, échappé à grand'peine de Paris insurgé. Saint-Denis était tout ouvert, et, avant de s'y voir hors d'insulte, les royalistes y passèrent de bien mauvaises heures[13]. L'armée comptait tout au plus cinq à six mille hommes, débris de la dernière campagne, dont les Suisses, les Allemands et quelques Polonais formaient les deux tiers. Le 9, Condé était à Charenton. Entre cette position et Saint-Denis, rien qu'un poste assez bon, mais unique, celui de Vincennes. Trois jours plus tard, le 12 janvier, 1.500 Suisses prenaient possession d'Aubervilliers, d'où ils interceptaient toute communication avec les fameuses boulangeries de Gonesse[14]. Condé payait d'audace. Sur la rive gauche de la Seine, l'investissement était à peine -simulé par quelques compagnies de cavalerie, battant l'estrade dans les vallées de la Bièvre et de l'Yvette.

Pendant qu'il Saint-Germain on redoutait une attaque des frondeurs, le Parlement et les bourgeois de Paris craignaient chaque soir d'être pris d'assaut. Pas la moindre idée de sortie contre ces assiégeants clairsemés ; mais une fièvre de fortifications, de retranchements, de gardes et de contre-gardes. Pendant trois ou quatre jours, la milice bourgeoise débordée dut abandonner les rues à la canaille. Quiconque s'y hasardait était surveillé, espionné jusque dans les églises, traîné aux portes, poursuivi par les cris de : Au Mazarin ! jusqu'à ce qu'un capitaine ou un citoyen de sens plus calme arrachât la victime à la foule affolée. Enfin, le prince (le Conti entra dans la ville ; un peu d'ordre se rétablit sous l'empire de son nom ; les royalistes eux-mêmes, oubliant leur préférence et se sentant sauvés du péril imminent, applaudirent[15].

Les Parisiens insurgés ne laissaient pas, malgré leur vantardise, d'être fort inquiets. Il leur manquait un général. On offrait cent mille écus au militaire en renom qui, à la tête d'un vieux régiment, se prononcerait pour le Parlement[16]. On n'en trouva pas. Faute de mieux, on acclama le duc d'Elbeuf, puis M. de Conti, un peu bossu, assez malingre, mais prince du sang. Enfin la confiance fut sans bornes quand arriva M. de Beaufort, bâtard de Henri IV, très commun de manières, grossier dans son langage, portant de longs cheveux, le roi des Halles.

On ne douta plus du succès. Quatre jours après la fuite du Roi, on avait décrété la prise de la Bastille, forteresse antique, abandonnée à la garde du gouverneur, le vieux du Tremblay, et d'une vingtaine d'invalides, logés là pour jouir des douceurs de la retraite. A part une avancée, construite dans les règles de la fortification moderne, ces hautes murailles et ces tours n'étaient guère propres à soutenir une attaque d'artillerie. De plus, peu de vivres, pas même de munitions. Un officier général, homme de valeur, M. de Navailles[17], indigné de l'abandon de cette clef de Paris, offrit à du Tremblay de lui faire porter une provision de farine, de mousquets, de se jeter dans la forteresse avec bon nombre d'officiers résolus[18]. Du Tremblay eut-il peur d'être trop courageusement soutenu ? Toujours est-il qu'il refusa ce secours.

L'investissement de la Bastille s'opérait insensiblement, sous les yeux du gouverneur. Dans la basse-cour du château cinq canons gisaient à terre ; les assiégeants les prirent et les montèrent sur affût. Puis, après avoir installé dans le jardin les dames curieuses de voir un siège[19], ces artilleurs citoyens lancèrent contre les murs quelques boulets. Du Tremblay n'en demandait pas plus pour capituler. Seul incident grave, quand il s'agit de régler l'entrée dans la place conquise, deux prétendants, le colonel Portail et son collègue Lefebvre, tous les cieux conseillers au Parlement, se disputèrent cet honneur. Le premier avait bloqué la porte d'entrée, le second s'était posté en soutien, près de la batterie de siège. Par bonheur, le duc d'Elbeuf trouva un accommodement ; il prit l'un de ces vainqueurs sous son bras droit, l'autre sous son bras gauche, et tous les trois entrèrent de front[20], glorieusement.

Les Parisiens, qui formaient alors la majorité de la population de Paris, eurent le bon sens de ne pas s'enorgueillir de cette prise, et même ils plaisantèrent de ce beau siège de balle où il était défendu qu'aucun parti chargeât à balle, qu'il n'eût crié : Retirez-vous ![21]

Le 13 janvier 1649, l'incorruptible Broussel fut nommé gouverneur de la Bastille, avec son fils La Louvière pour lieutenant. C'était une bonne place, comme on le verra. Le lendemain de ce triomphe, Condé s'emparait de Lagny, petite ville qui commandait le cours de la Marne et coupait les communications avec Meaux.

Foucquet fut envoyé pour surveiller cette partie de la ligne d'investissement. Il trouva la place occupée par le régiment de Persan, qui comptait parmi les officiers un certain sieur de Saint-Mars, dont le fils jouera plus tard un grand rôle dans cette histoire.

Presque en même temps, on installait à Corbeil un second intendant, Lenet[22]. Mais, entre cette place et Saint-Cloud, rien que le donjon de Montlhéry, avec un petit poste d'observation au moulin de Châtillon. Aussi, des colonnes volantes battaient sans cesse la campagne, fourrageant au loin, jusque dans la vallée de Chevreuse. Les solitaires retirés à Port-Royal des Champs durent réendosser le harnais et veiller en armes autour du monastère.

A Paris on continuait à jouer au soldat. La foule allait voir passer des revues, place Royale. On multipliait les précautions inutiles. Tant de chaînes étaient tendues par les rues que la cavalerie ne pouvait circuler. Il fallut l'intervention du Parlement pour qu'on supprimât ces obstacles[23].

Beaufort, qui, en somme, était bon militaire, reconnaissait bien ce qu'avait de dangereux un investissement à grande distance. Il essaya de le rompre et d'ouvrir un passage en reprenant Corbeil. Les échevins, sur sa demande, convoquèrent les volontaires de la milice bourgeoise, les assurant qu'ils seraient conduits par MM. les Princes et ramenés incontinent. Une promenade, sans plus d'engagement[24].

Le 24 janvier au matin (1649), une longue colonne, forte de cinq à six mille hommes, infanterie, cavalerie, artillerie, sortait. Elle était à peine hors de vue que les gens bien informés annonçaient déjà la reddition de Corbeil. Le gouverneur avait abandonné la place. On attendait le retour des milices victorieuses. En effet, bientôt on vit revenir les bourgeois par petits paquets, criant, déblatérant. On les avait menés en la plaine du Long-boyau, dans d'horribles chemins où leurs souliers étaient restés. A Juvisy, pas de vivres. Enfin, rien à faire à Corbeil, défendu par plus de deux mille cinq cents soldats[25].

La vérité, c'est qu'il n'y avait pas quinze cents hommes dans cette ville ; c'est qu'au moment où l'avant-garde faisait halte et s'enivrait à Juvisy, le gros de l'expédition, dans sa marche de plus en plus allongée, ayant vu apparaitre les Mazarins sur les hauteurs de Chatillon et de Verrières, commença à se débander. D'abord quelques-uns se défilèrent par les chemins de traverse, puis bientôt, sans ordre comme sans discipline, la colonne disloquée battit en retraite sur Paris. En vain Beaufort interpellait les fuyards ; ou ils ne lui répondaient pas, ou ils s'excusaient d'une voix avinée[26]. Condé dédaigna de les charger. Toutefois, à la vue de Paris, le troupeau reprit quelque assurance, et la déroute s'acheva en bon ordre. Si l'on revenait, c'est que son dessein ayant été découvert, Beaufort avoit fait rebrousser chemin à ses troupes[27]. Dans le Courrier, journal officiel du temps[28], la retraite fut transformée en victoire. Le dimanche 24, quantité de cavalerie et d'infanterie sortirent de Paris, sur le prétexte du siège de Corbeil que tenoient les Mazarinistes, mais en effect pour amuser leurs troupes, pendant que l'on rompoit les ponts de Gournay et de Sainct-Maur, ce qui leur empescha la communication avoient au pays d'entre les rivières de Marne et de Seine[29]. Le Parlement, au surplus, rendit un arrêt imité de l'antique, ordonnant aux habitants de Meaux, de Lagny, etc., d'envoyer les grains, bleds et autres choses nécessaires à Paris, pour qu'il n'arrive nécessité aux habitants de cette ville[30]. Nicolas Foucquet et son collègue Lenet veillaient à l'inexécution de ces ordres.

Au surplus, pas de troubles dans la capitale. Les vivres, sans manquer, n'abondaient pas. Cependant, on n'entendait aucun murmure[31] ; mais une agitation fébrile tourmentait cette population énervée. Tout commerce était suspendu ; on ne songeait plus qu'à sauver la patrie. Les dénonciations abondaient, et les visites domiciliaires, à la recherche de fonds cachés par le Mazarin, d'amas de vivres dissimulés par les monopoleurs. La renommée du Père Vincent ne put protéger le couvent de Saint-Lazare contre ces folies. Le soir, autres alertes. On remarquait des signaux lumineux dans les tours de certaines églises suspectes. Alors, envahissements et toujours un peu de pillage. Le Parlement défendit de pénétrer chez les particuliers sans l'assistance de deux conseillers à la Cour, toute patrouille restant consignée à la porte.

On n'en exaltait pas moins le peuple. Nos ennemis croyaient que dans trois marchés, Paris seroit affamé, que le pauvre demanderoit du pain au riche de la même sorte que le voleur demande la bourse au passant, que le peuple regarderoit le Parlement comme son bourreau et qu'il le livreroit. Voilà huict marchés passés, et Paris subsiste ; le pauvre demande et reçoit l'aumône comme autrefois, le peuple regarde le Parlement comme son père, il exposdroit mille vies pour lui. L'armée de Mazarin est composée de pillards, de sacrilèges, d'étrangers ; celle du Parlement ne compte que de bons François, qui ne font de mal qu'aux ennemis[32].

Discours pour le public. Au fond, Beaufort, Elbeuf, Marsillac, hommes sachant leur métier, constataient qu'il ne restait plus de passage ouvert si ce n'est du côté de la Brie. De Charenton, qu'ils occupaient depuis peu de temps, ils poussèrent leurs troupes à Brie-Comte-Robert, médiocre place, mais ou un vieux château pouvait servir de réduit[33]. (1er février 1649.)

Condé résolut aussitôt de Frapper un grand coup. Par ses ordres, le maréchal du Plessis, à la tête de cinq ou six mille soldats, attaqua les troupes qui défendaient Charenton.

A la première alarme, les gardes bourgeoises, les milices soudoyées, vingt mille hommes au moins, sortirent de Paris. Mais Condé, avec une partie de ses troupes, occupait les hauteurs à l'est d'une petite dépression de terrain qu'on appelait alors la vallée de Fescany. A cette vue, les Parisiens s'arrêtèrent de l'autre côté de la colline, commencèrent immédiatement des travaux défensifs, crénelèrent les murs du couvent de Picpus. Alors, l'armée royale, ne laissant qu'un rideau devant cette multitude, détacha ses gros bataillons sur Charenton. La Fronde possédait là un brave chef, Clanleu, jeté par dépit dans les rangs des révoltés. Il se fit tuer sur une barricade, pendant que ses gens fuyaient et que trois intendants, commis par le Parlement, dont un ex-vainqueur de la Bastille, se sauvaient en Brie.

Le maréchal du Plessis, vieux renard, avait laissé une retraite aux fuyards et surtout aux blessés du côté de Picpus, pensant bien que ce spectacle ne donnerait pas aux bourgeois envie de se battre. Leurs chefs d'ailleurs, Beaufort, Elbeuf, Brissac, ne crurent pas possible de les engager et laissèrent l'ennemi se retirer victorieux[34].

Le péril passé, les clameurs éclatèrent. On n'avait pas su tirer parti des troupes parisiennes ! Les généraux avaient trahi. Les femmes s'en mêlèrent. Une blanchisseuse allait criant que Clanleu avait été tué par ses soldats[35]. Le Courrier, journal semi-officiel, ne se répandit pas en plaintes et arrangea le bulletin de l'affaire : Messieurs nos généraux, ayant prudemment advisé au conseil qu'ils tindrent à Picquepuce qu'il n'estoit besoin de faire advancer les troupes qui estoient sorties de Paris, puisque les ennemis, pensant tirer advantage de ce qu'ils avoient fait, y avoient souffert une perte très considérable, pour ne pas dire irréparable, les firent retirer dans la ville. Ceste perte, que les ennemis ont faite, traîne après soy un décri général des intentions du cardinal Mazarin[36]. Deux jours plus tard, sur le bruit que Beaufort était serré de près par les troupes royales du côté de Vitry, plus de 35.000 hommes, bons et vaillants soldats, volèrent au combat[37], mais on ne se battit pas. Condé, aussi prudent qu'audacieux, choisissait ses jours de victoire.

Mazarin, qui n'aimait pas à pousser le succès à l'extrême, envoya à Paris un héraut d'armes, avec des propositions de paix. Grande rumeur. Nombre de gens, nourris par le Parlement sous prétexte de milice, s'accommodaient aisément de l'état de choses. L'investissement, qui privait les riches de mille délicatesses, les entretenait, eux, dans une abondance inusitée. A la nouvelle de la venue du héraut, ce ne furent que cris : Point de paix ! Point d'accommodements ![38] Par contre, les officiers de l'ancienne garde bourgeoise délibérèrent que les colonels et capitaines de Paris n'avoient pas été establis pour s'exposer et les bourgeois de ladite ville à des sorties auxquelles ils pourroient courir hazard de leurs vies[39].

Le Parlement ne se méprit pas sur la gravité du symptôme. Tout en discutant l'étiquette et le cérémonial, il tenta un rapprochement avec le Roi, puis feignit de se retirer, toujours incertain. Tantôt les idées des sages de la Grand'Chambre dominaient, tantôt celles des fous des Enquêtes.

Malgré la prise de Charenton, les royalistes n'avaient pu fermer le passage du côté de Brie-Comte-Robert. Deux hommes surveillaient ce secteur, comme on eût dit plus tard, le comte de Grancey à la tête des troupes royales, Foucquet comme intendant. Ils eurent, du 15 au 20 février, une série d'engagements avec les troupes parisiennes. Le Courrier annonça le succès des frondeurs ; mais La Rochefoucauld, leur chef, savait à quoi s'en tenir[40]. Blessé, abandonné de ses soldats, c'est par politique et par pitié qu'il ne demanda pas qu'on fit tirer au billet, c'est-à-dire décimer ses fuyards. La vérité est qu'en de telles circonstances personne n'ose prendre sur soi de faire énergiquement exécuter les lois martiales[41].

Sur ces entrefaites une plainte parvint au Parlement contre Foucquet, se disant intendant, à raison d'ordonnances par lui rendues pour faire contribuer les villages en blé et avoine, sauf à déduire le prix de ces réquisitions sur leurs tailles. Le même jour, le président de Blancmesnil reçut de Saint-Germain la note de taxes imposées aux maisons de campagne de presque tous les officiers de Cours souveraines[42]. Immédiatement (22 février), on délibéra sur les deux plaintes. Un premier arrêt enjoignit à Foucquet de rapporter, à Paris, sa commission dans trois jours, avec défense d'en user d'ici là. Un second arrêt supprima le rôle des taxes de Saint-Germain, avec menaces de représailles[43].

Foucquet avait, il est vrai, visé des rôles de réquisitions à valoir sur les tailles. Son procédé, très régulier, présentait moins d'inconvénients que les pillages autorisés par les généraux sous forme de réquisitions, et la campagne eut moins à souffrir du côté où Nicolas commandait. Il était, en outre, absolument étranger à la taxe sur les châteaux. Le tout fut pourtant mis à sa charge. Le Courrier et, chose plus grave, les registres de l'Hôtel de ville propagèrent et perpétuèrent l'accusation[44]. Foucquet, intendant du Roi, ne s'en soucia guère. Le siège tirait à sa fin. Les arrêts de la Cour et vingt mille bourgeois s'avançant jusqu'à Charenton n'empêchèrent pas les troupes royales d'enlever Brie-Comte-Robert[45]. Cette fois, le dernier passage fut fermé.

L'amour-propre et l'ambition rencognée des Parisiens poussèrent encore quelques cris de colère et de désespoir. Il faudra, dit Beaufort, donner aux bourgeois le plaisir d'une bataille ! Comme un de ces agités insistait pour une sortie en masse, par cent mille hommes : — Soit, repartit un des généraux, vous marcherez en tête. Cette réponse coupa court aux réclamations. Restaient les enrôlés, très contents de jouer au soldat à raison de dix sous par jour. Sous prétexte de défendre, en amont, le cours de la Seine, on les exporta dans les plaines d'Ivry. La garde bourgeoise rejeta de ses cadres les courtauds de boutique et les laquais. Tout se préparait pour le rétablissement de l'ordre et du pouvoir royal. Le 19 mars, la suspension d'armes, existant en fait depuis le 24 février, fut formellement conclue.

Ainsi finit le siège de 1649. Je pense être obligé de vous rapporter, dit le Journal du temps, que plusieurs personnes se sont étonnées d'entendre que Paris, la plus grande et la plus populeuse ville du monde, composée d'un nombre infiny d'âmes, se fût laissée comme bloquer par une armée si peu nombreuse à proportion... En effet, continue l'apologiste, on pourroit accuser ce peuple de peu de résolution en cette rencontre... mais on a toujours différé, parce pie les forces ennemies faisoient parade au nom du Roy, qu'on ne croyoit pas que le prince de Condé porteroit les choses à de telles extrémités ; que Messieurs du Parlement et MM. les généraux n'avoient pas voulu paroître agresseurs, se contentant de faire entrer des vivres sans bazarder aucuns bourgeois ni leur permettre aucunes sorties que celles qui se sont faictes par force, d'où toutefois on ne les a retirés qu'à peine. A coup sûr, les ennemis auraient été culbutés toutefois et quintes que l'on eust voulu faire une sortie de cinquante, voire de cent mille hommes, si on n'eust pas eu cet objet d'espargner les sujets du Roy[46].

Ainsi parle une sotte vanité. Il est plus juste de constater que, si des bourgeois et des miliciens mal exercés et enrôlés à la bâte furent insuffisants pour l'offensive, des généraux tels que Condé, du Plessis, Grancey ne hasardèrent pas non plus leurs vieilles troupes dans une attaque contre eux. C'est qu'en effet, si le courage défensif est naturel à la plupart des hommes, les plus braves d'entre eux ne sauraient acquérir que par la discipline et la pratique des armes les qualités offensives de bons soldats[47].

La persévérance dans les idées politiques n'était pas plus en ce temps que dans le nôtre le propre des Français. Le siège terminé, l'avocat général Orner Talon chercha à mettre quelque ordre dans ses convictions. Cet homme, que nous avons vu si rude dans ses discours à la Reine, commença à trouver que la Reine avait eu raison de sortir de Paris, que la contradiction du Parlement était étudiée, pleine de parti pris, de grande conséquence dans une monarchie. Tous ceux qui ont eu du sens dans le Parlement ont reconnu le péril où ils s'étoient mis d'avoir autorisé le peuple... De protecteurs et pères du peuple qu'ils vouloient titre, ils en sont devenus les valets et les esclaves... Quant à la populace, il n'y faut faire aucun fondement ; les uns, ayant du pain, étoient contents ; les autres, n'ayant rien à perdre, pensoient gagner dans une sédition, crioient à la guerre et la demandoient. De bonne intention, de sincère affection an bien public, il n'en a vu nulle part[48]. L'avocat général oubliait sa propre conduite et sa propre inconstance.

Nicolas Foucquet, moins raisonneur, montra plus de sens pratique. Dès qu'on avait vu jour à la conciliation, il s'était empressé de se mettre en bous termes avec le prévôt des marchands et la municipalité de Paris, leur envoyant des protestations de respect, de déférence, facilitant le ravitaillement de la ville[49]. Ce qu'on sait de lui à cette époque donne l'idée d'un homme ferme et modéré. Son père, au temps de la toute-puissance de Richelieu, avait sauvé de la prison un sieur Goulas. Ce personnage, victime une fois de plus de la légèreté de son maître, Gaston d'Orléans, se trouva encore une fois dans la nécessité d'obtenir une autorisation de séjour à Paris. Caché chez un baigneur de la rue Saint-Antoine, il fit appel au crédit de Nicolas, qui s'employa fort utilement pour lui. Un parent de Goulus, qui vit Foucquet à cette occasion, ne le trouva pas tel qu'on le prosna plus tard ; s'il parloit sensément, ce n'étoit ni bien ni avec délicatesse, et, ayant touché quelque chose des affaires présentes, il n'en sortit pas en bon courtisan[50]. Si Foucquet, après avoir rendu service au secrétaire de Gaston, traita assez rudement la politique de son maître, il resta vraiment dans son rôle.

C'est à cette époque si tourmentée que parut pour la première fois, à côté de Nicolas, son frère Basile, plus jeune que lui de sept années[51]. Ce garçon avait été investi, comme d'un bien de famille, de la trésorerie de Saint-Martin de Tours[52]. Sa situation ecclésiastique était d'ailleurs des plus médiocres à tous les points de vue. Petits bénéfices ; plus petits engagements dans les Ordres ; avec cela une ambition excessive, servie par une activité débordante. Il se posa tout d'abord comme un émule de Retz, et précisément le hasard, autant saris doute que le choix, en fit un des antagonistes du Coadjuteur. Ce grand agitateur prétendit tout d'abord que ce jeune brouillon voulait le faire, assassiner[53]. Les esprits étaient alors si étrangement exaltés que l'accusation ne parut pas invraisemblable. En tout cas, l'idée flatta l'amour-propre du prélat soi-disant menacé.

La guerre finie, Nicolas Foucquet reprit pendant huit mois son service de maître des requêtes. Il était de quartier, en janvier 1650[54], lorsque des événements nouveaux se produisirent. Condé, qui, un an à peine écoulé, bloquait Paris au nom du Roi, est arrêté par l'ordre de Mazarin (18 janvier 1650). Le peuple, qui l'avait acclamé au mois d'août précédent, applaudit à son arrestation. Le Cardinal part pour la Normandie à la tête d'une petite armée destinée à pourchasser les frondeurs normands, insurrection burlesque dont Saint-Évremond a écrit la véritable histoire[55]. Nicolas Foucquet suivit encore l'armée royale, comme intendant, et déploya son activité ordinaire. Le point capital était d'empêcher l'occupation de Dieppe par la duchesse de Longueville. Plessis-Bellière et Foucquet, suivis par une poignée d'hommes[56], y coururent, se concilièrent les bourgeois en leur évitant les ennuis des logements militaires. Au bout de peu de jours, le château se rendit. Cette courte campagne resserra des liens d'amitié déjà existants entre le jeune intendant et le lieutenant général du Plessis-Bellière, dont Foucquet défendit fermement les droits auprès du ministre et qu'il fit gratifier du gouvernement de Dieppe[57].

Au même moment, Basile Foucquet, aidé de quelques officiers supérieurs, était chargé de surprendre en Champagne et en Luxembourg les places de Clermont et de Damvilliers. Il s'agissait de gagner à prix d'argent les soldats de ces garnisons, dont les sergents avaient été changés par Condé et La Rochefoucauld. Le coup, surveillé par l'abbé et exécuté par un officier appelé Beschevelle, réussit à merveille. Les fonds avaient été prélevés en Normandie sur une contribution de 1.100.000 écus imposée à la province. Mazarin, profitant de l'occasion, en prit 100.000 pour lui, comme compensation de ses meubles vendus par les frondeurs[58].

La Cour, revenue à Paris, repartit bientôt pour une autre expédition en Bourgogne. Nicolas Foucquet suivit encore l'armée royale à Dijon, puis à Bourges. La campagne fut heureuse et courte (2 mars-3 mai 1659)[59]. Toutefois, quand Mazarin rentra dans lu capitale, il y retrouva, malgré ses succès en province, des opposants de tout état, de toutes nuances, de tout sexe[60].

Nous touchons à un point décisif de la vie de Foucquet. Les circonstances vont le porter à une situation telle qu'il n'en avait jamais pu rêver de semblable. Depuis six mois, il travaillait sous les veux du ministre, et ce connaisseur en hommes avait bientôt deviné que dans ce maitre des requêtes, intelligent, brave, passant aisément de l'audience à l'armée, se trouvait l'étoffe d'un plus grand personnage. De fait, Nicolas Foucquet, par son éducation de famille, par ses études, par sa vie administrative et militaire, présentait une variété d'aptitudes toujours rare et plus particulièrement précieuse dans des temps troublés où il faut instantanément faire face à des difficultés multiples et inattendues.

 

 

 



[1] CHÉRUEL, Histoire de France pendant la minorité de Louis XIV, t. III, p. 136, 137. Cf. Carnets de Mazarin au 1er septembre 1648 et suiv.

[2] MONGLAT, Mémoires, Quinzième campagne, p. 206 ; PRIOLO, De rebus Gallicis, liv. III, p. 137, édit. d'Amsterdam, 1677, indique comme devant être occupée l'île du Palais, insola Palatii. C'est une erreur.

[3] MADEMOISELLE, Mémoires, t. I, p. 194, pense que Condé agit contre son sentiment, ce qui est contraire à l'ensemble des renseignements. Cf. M. le duc D'AUMALE, Histoire des princes de Condé, t. V, p. 306.

[4] RETZ, Mémoires, t. II, p. 115.

[5] MOTTEVILLE, Mémoires, t. I, p. 282.

[6] Le nocturne enlèvement du Roy hors de Paris faict par M. le Cardinal la nuit des Roys, en vers burlesques. Paris, 1649, p. 12.

[7] Registres du Parlement pendant la Fronde, t. I, p. 62.

[8] Registres du Parlement pendant la Fronde, p. 64.

[9] Courrier français, n° 1, p. 4.

[10] Histoire du temps, p. 161.

[11] ORMESSON, Journal, t. I, p. 606.

[12] DU PLESSIS, Mémoires, édit. Michaud, p. 400.

[13] DU PLESSIS, Mémoires, p. 400.

[14] Courrier français, n° 1, p. 5, 6.

[15] MOTTEVILLE, Mémoires, t. II, p. 320.

[16] Mémoires de Puysségur, t. II, p. 76, édit. Tamisey de Larroque. Paris, 1883. D'où venait l'argent ?

[17] NAVAILLES, Mémoires, p. 49, édit. Moreau.

[18] Courrier de Paris, n° 1, p. 6.

[19] RETZ, Mémoires, t. II, p. 190.

[20] ORMESSON, Mémoires, t. I, p. G32.

[21] V. le Courrier burlesque : Ce siège fut entierement dans l'ordre, et néantmoins il fut divertissant et sans péril. Les dames y assistèrent de même qu'au feu de joye de quelque feste publique. Histoire de la monarchie française, t. I, p. 409.

[22] NAVAILLES, Mémoires, p. 50. Priolo dit que Corbeil fut pris par le maréchal d'Uxelles, p. 452.

[23] Courrier français, n° 2, p. 8.

[24] Registres de l'Hôtel de ville, t. I, p. 167.

[25] DUBUISSON-AUBENAY, Journal, t. I, p. 130.

[26] PRIOLO, De rebus Gallicis, liv. III, p. 152. Cf. MOTTEVILLE, Mémoires, t. II, p. 319.

[27] Registres de l’Hôtel de ville, t. I, p. 170.

[28] On retrouve la plupart des nouvelles du Courrier dans l'Histoire du temps, p. 170, 171 de de 1649, 2e partie.

[29] Courrier, n° 2, p. 7 ; ORMESSON, Journal, t. I, p. 641

[30] Histoire du temps, 2e partie, p. 173.

[31] ORMESSON, Journal, t. II, p. 647.

[32] Histoire du temps, 2e partie, p. 182.

[33] ORMESSON, Journal, t. I, p. 646 ; Courrier, n° 3, p. 7.

[34] Pour cet épisode, voir le récit des témoins oculaires. DU PLESSIS, Mémoires, collection Michaud, p. 400, 401 ; PRIOLO, De rebus Gallicis, liv. III, p. 154 ; MONTGLAT, Mémoires, Quinzième campagne, p. 206.

[35] ORMESSON, Journal, t. I, p. 655.

[36] Courrier, n° 4, p. 8, Cf. Journal do Parlement, 2e partie, p. 255.

[37] Courrier, n° 5, p. 4.

[38] ORMESSON, Journal, t. I, p. 666.

[39] LEROUX DE LINCY et DOUET D'ARCQ, Registres de l'Hôtel de ville pendant la Fronde, t. I, p. 236.

[40] Courrier, n° 6, p. 6.

[41] LA ROCHEFOUCAULD, Mémoires, t. II, p. 125, édit. des Grande Écrivains.

[42] Le savant éditeur du Journal d'Ormesson, t. I, p. 681, a commis une petite erreur de transcription. Voici son texte : L'on délibéra sir les deux plaintes à l'égard de M. Foucquet. L'on ordonna... Il faut ponctuer autrement : L'on délibéra sur les deux plaintes. A l'égard, etc.

[43] Le texte de cet arrêt a été publié par M. Moreau, Courrier de la Fronde, t. II, p. 166 et 181. Cf. ORMESSON, Journal, t. I, p. 682.

[44] Courrier, n° 6, p. 4 ; Journal da Parlement, p. 282 ; Registres de l’Hôtel de ville, t. I, p. 255.

[45] MONTGLAT, Mémoires, Quinzième campagne, p. 208. Lettre de Mazarin à Foucquet, 29 février 1649. DU PLESSIS, Mémoires, p. 401 ; ORMESSON, Journal, t. I, p. 688.

[46] Courrier, n° 8, p. 6. Le Journal du Parlement a reproduit ce passage en l'arrangeant un peu. Le Courrier burlesque l’a naturellement supprimé.

[47] Sorel, dans son Histoire de la monarchie, t. I, p. 431, dit cette occasion : Quelque opinion qu'on ait elle des bourgeois, il y en a d'adroits et de vaillants, qui, combattant pour leurs foyers, ne manqueroient point de cœur.

[48] TALON, Mémoires, p. 353.

[49] Registres de !’Hôtel de ville, t. I, p. 409. P. HALLÉ (Poemata, p. 192) dit à ce sujet :

Ipsa quoque invidlit lonoè Lutetia, dum se

Et circumjectas urbes Indictio vexat

Aretatque annonas ; ergo, non segnis, alumni

Sollicitavit opem, vutisque potita, repente

Munificæ sensit sperata juvamina curæ.

[50] GOULAS, Mémoires, t. III, p. 182.

[51] L'éditeur des Mémoires de Retz (t. II, p. 525, note 3) et beaucoup d'autres ont cru que Basile était le second fils de F. Foucquet. C'était le sixième enfant et le troisième fils.

[52] Gallia christiana, t. XII, p. 240

[53] RETZ, Mémoires, t. II, p. 525.

[54] Il assista aux séances des 4, 10, 17 et 27 janvier 1650. Archives nationales, registre H, feuilles d'audience V⁴, 1147.

[55] Retraite de M. le duc de Longueville en son gouvernement de Normandie. Les véritables œuvres de Saint-Évremond, t. I, p. 31. Londres, 1707.

[56] Ils avaient avec eux sept gardes du Cardinal, le marquis de Bournonville, deux gentilshommes et Du Quesne. Mémoires chronologiques pour servir à l'histoire de Dieppe, t. I, p. 390, et Paris, 1785. ASSELINE, Les antiquités et chroniques de la ville de Dieppe, t. II, p. 280, Dieppe, 1874. Dans cette expédition, Foucquet avait comme collègue le maitre des requêtes Marguerie. CHÉRUEL, Histoire de France pendant la minorité de Louis XIV, t. III, p. 5.

[57] Lettres de N. Foucquet à Le Tellier. Bibl. nat., ms. fr. 6882.

[58] Le poète Hallé nous a conservé le souvenir de ces expéditions (Poemata, p. 192).

[59] DUBUISSON-AUBENAY, Journal, t, I, p. 221.

[60] MONTGLAT, Mémoires, p. 229 ; CLÉMENT, Lettres, Instructions de Colbert, t. I, p. 3.