L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE

 

XI. — LES DERNIÈRES SEMAINES AUX TUILERIES.

 

 

Deux mois, du 6 juillet 1870 au 4 septembre, forment ce qu'on a appelé le grand moment de la vie de l'Impératrice. Jusqu'au 28 juillet, elle fut mêlée, à titre de témoin ou d'acteur, aux diverses péripéties qui naquirent de la candidature de Léopold de Hohenzollern à la couronne d'Espagne. Ensuite, pendant cinq semaines, elle porta, comme régente, la responsabilité du drame le plus terrible que la France ait traversé depuis les catastrophes finales du Premier Empire.

L'Impératrice s'est toujours défendue d'avoir dit, en parlant de la guerre de 70 : C'est ma guerre. Cette parole, cynique autant qu'invraisemblable, a été démentie d'une telle manière qu'elle doit être pour toujours rayée de l'histoire. Il reste à préciser le rôle même qu'elle a eu en ce tragique mois de juillet.

Le 6, le duc de Gramont, ministre des Affaires étrangères, avait fait, au Corps législatif, la déclaration menaçante que la grande majorité de l'assemblée avait applaudie avec enthousiasme. Quarante-huit heures plus tard, le prince de Metternich envoyait cette dépêche à Vienne : J'ai trouvé l'Impératrice tellement montée en faveur de la guerre que je n'ai pu m'empêcher de la plaisanter un peu... L'Impératrice est rajeunie de dix ans, à l'idée d'un triomphe politique ou de la guerre. Il faut faire attention à ces mots : l'idée d'un triomphe politique, car ils donnent la raison des sentiments de l'Impératrice. Elle avait cruellement souffert en 1866 de l'inaction du gouvernement ; Sadowa avait fait à notre situation en Europe une blessure profonde ; allait-on rester davantage sous le coup de cette humiliation ? En parlant de son fils, elle disait : Cet enfant ne régnera pas, si l'on ne répare pas le malheur de Sadowa. L'occasion de le réparer s'offrait d'elle-même, avec l'incident Hohenzollern ; comment ne pas la saisir sur le champ ? Les hommes du métier garantissaient le succès de nos armes ; il n'y avait donc pas à hésiter, si la guerre devait être une succession de victoires. Elle crut comme à peu près tout le monde, a dit Ernest Lavisse, que la victoire était certaine et serait prompte. Elle rêva d'un retour triomphal des troupes ; sous l'Arc élevé à la gloire de l'Oncle passeraient le neveu et le petit-neveu, Napoléon III et celui qui certainement un jour serait Napoléon IV.

Sur l'état d'âme de l'Impératrice, les Souvenirs de la princesse de Metternich apportent un témoignage qui a son prix. Dans la première quinzaine de juillet, — plus exactement ce devait être à une date assez voisine du 6, — la princesse, qui était retenue à Bougival par la naissance récente d'un enfant, reçut la visite de l'Empereur et de l'Impératrice ; ils étaient venus de Saint-Cloud à l'improviste. On parla de la guerre avec la Prusse qui menaçait d'éclater. Ah ! Dieu fasse, dit l'Impératrice, qu'il n'y ait pas de guerre ; mais la paix achetée au prix du déshonneur serait un malheur égal et la France ne s'en accommoderait pas.

Il n'y a rien à blâmer dans cette parole, qui met en balance l'horreur de la guerre et le devoir de l'honneur national ; mais il semble bien que cet équilibre n'ait été qu'un état passager et que la passion ait été bientôt maîtresse de celle qu'Emile Ollivier appelle une femme affolée. Le 12 juillet, on avait eu connaissance de la renonciation du prince de Hohenzollern ; faut-il croire au mot que l'Impératrice aurait dit à cette nouvelle ? C'est une honte ! L'Empire va tomber en quenouille. Le lendemain 13, un conseil tenu à Saint-Cloud sous la présidence de l'Empereur repoussait, par huit voix contre quatre, le rappel des réserves qu'avait demandé le maréchal Le Bœuf, ministre de la Guerre. L'Impératrice en éprouva un vif mécontentement ; du moins, c'est Emile Ollivier qui le rapporte, en parlant ainsi du déjeuner qui suivit immédiatement ce conseil. J'étais, dit-il, à gauche de l'Impératrice ; elle affecta de ne pas m'adresser la parole et, quand je la provoquais à la conversation, elle me répondait à peine, à mots saccadés. A peine fut-elle polie lorsque nous prîmes congé.

La dépêche d'Ems fut connue à Paris le 14 au matin. Dans l'après-midi du même jour, l'Empereur réunissait le conseil aux Tuileries. On y arrêta le projet d'une délibération par laquelle la France faisait appel à un congrès européen. L'Empereur, à la sortie du conseil, le donna à lire à l'Impératrice. Je doute, dit-elle, que cela réponde au sentiment des chambres et du pays. Le soir, à Saint-Cloud, elle en parla avec Le Bœuf qui déclara que la guerre eût certainement mieux valu, mais puisqu'on y renonçait, la déclaration était la meilleure solution. Comment ! s'écria-t-elle, vous aussi vous approuvez cette lâcheté ? Si vous voulez vous déshonorer, ne déshonorez pas l'Empereur.

Un nouveau conseil s'ouvrit à Saint-Cloud, le même jour, 14 juillet, vers 10 heures du soir ; il s'agissait d'examiner si l'on maintenait ou non la décision prise au sujet des réserves. A ce conseil, pour la première fois depuis l'exclusion dont Emile Ollivier l'avait frappée à son arrivée aux affaires, assistait l'Impératrice. Au témoignage de l'auteur de L'Empire Libéral, elle écouta la discussion sans prononcer une parole. Le conseil opina pour le rappel des réserves. De nouveau, le 15 juillet au matin, la souveraine assistait à un autre conseil, celui où fut prise la décision irrévocable : la guerre y fut votée à l'unanimité. Ainsi l'Impératrice rentra, si l'on peut dire, dans la vie politique avec ces deux conseils tenus à Saint-Cloud le 14 juillet au soir, le 15 juillet au matin. Elle ne parla pas plus dans le second que dans le premier ; seule, dit Emile Ollivier, elle n'exprima aucune opinion et ne vota pas.

Tels sont les faits concernant l'Impératrice ; ils ne paraissent pas contestables, malgré quelques assertions divergentes. A quel point engagent-ils sa responsabilité ? Elle aurait pu prendre la parole, dans un sens ou dans l'autre ; elle ne l'a pas fait. Elle s'est donc associée, moralement au moins, car elle n'a pas voté, au vote du 15 juillet, après lequel tout espoir de paix était définitivement écarté. La guerre, cela ne peut se mettre en doute, répondait à la conception qu'elle avait de l'intérêt national et de l'intérêt dynastique, et elle avait fini par faire partager sa manière de voir à la volonté vacillante de l'Empereur malade. Mais en conclure, comme on l'a dit, qu'elle fut, du côté de la France, le principal artisan de la guerre, c'est, semble-t-il, aller trop loin. Elle désirait la guerre dans son for intérieur, pour les raisons que l'on sait ; à plusieurs reprises, elle a manifesté ses sentiments dans son entourage immédiat ; elle a pris part, du fait de sa présence et de son silence même, à la déclaration de guerre. Tels sont, croyons-nous, le genre et la part de responsabilité qui lui revient dans le drame du milieu de juillet. Sa responsabilité est une complicité morale.

Supposons que la guerre avec la Prusse ait abouti aux victoires que l'on escomptait. Que n'eût-on pas dit alors pour mettre en lumière et faire valoir l'influence de l'Impératrice ? C'est elle qui aurait fait tomber les hésitations de l'Empereur, qui aurait ainsi déterminé la rupture finale ; même dans son rôle d'Egérie silencieuse aux deux conseils du 14 et du 15 juillet, elle aurait été l'inspiratrice des décisions viriles ; par suite, c'est à elle qu'il aurait fallu faire remonter l'honneur des victoires nationales et de la gloire dynastique. Les choses ont tourné tout autrement ; mais l'Impératrice n'en doit pas moins répondre de ses actes.

Le 26 juillet, Napoléon III signait à Saint-Cloud le décret qui conférait la régence à l'Impératrice ; deux jours plus tard, il quittait ce palais avec son fils, pour se mettre à la tête de l'armée. On devine ce que furent leurs adieux. Les trois membres de la famille impériale ne devaient plus se trouver réunis que sur la terre d'exil.

Au moment où l'Impératrice devenait le chef officiel du gouvernement, elle recevait d'Octave Feuillet, l'un des hôtes les plus familiers de Compiègne, une lettre émouvante :

Madame, Vous vous plaisez aux choses héroïques, et voici que Dieu vous envoie des épreuves à la hauteur de votre âme. Jamais émotions plus grandes n'entrèrent dans un cœur plus digne de les ressentir... Vous êtes en ce moment, Madame, la vivante image de la patrie. On peut lire sur votre noble front tous les sentiments dont elle est animée, tout ce qu'elle souffre et tout ce qu'elle espère, ses déchirements, sa fierté, son enthousiasme, sa foi. L'âme de la France est avec vous.

 

Les jours se passèrent dans l'attente des grands événements. L'affaire de Sarrbrück, si sottement dénaturée par la malveillance à l'égard du Prince impérial, ne fut qu'un épisode sans portée. Les heures tragiques arrivèrent bien vite. Le 6 août au soir, on reçut les pires nouvelles : Mac-Mahon battu à Wœrth et son armée en pleine déroute, Frossard battu à Spicheren, les armées ennemies s'ouvrant en France une double route d'invasion. Le parti de l'Impératrice est pris sur l'heure : il faut quitter Saint-Cloud et rentrer à Paris.

Qu'elle ait été profondément émue, que ses larmes aient coulé en apprenant ces catastrophes : quoi de plus naturel ? Mettez-vous devant moi, dit-elle à un prêtre de l'aumônerie impériale, servez-moi d'écran. Elle ne voulait pas qu'on s'aperçût de ses larmes. Mais bien vite elle se ressaisit. L'ordre est donné de partir immédiatement, dans la nuit même. Des dépêches sont envoyées aux membres du conseil privé et aux ministres pour se rendre sans retard aux Tuileries. Elle-même y arrive à trois heures du matin (nuit du 6 au 7 août). Tout de suite le conseil s'ouvrit sous sa présidence.

Quelques heures plus tard, le 7 août, elle adressait une dépêche à l'Empereur : Je suis très satisfaite des résolutions prises au conseil des ministres et je suis persuadée que nous mènerons les Prussiens l'épée dans les reins jusqu'à la frontière. Courage donc ! Avec de l'énergie, nous dominerons la situation. Je réponds de Paris et je vous embrasse tous les deux. Elle avait appris que Napoléon III, accablé par les deux défaites de la veille, avait eu l'idée de revenir à Paris ; pour elle, ce n'est pas du tout son sentiment ; elle lui télégraphie : Avez-vous réfléchi à toutes les conséquences qu'amènerait votre rentrée à Paris sous le coup de deux revers ? Pour moi, je n'ose prendre la responsabilité d'un conseil. Si vous vous y décidez, il faudrait au moins que la mesure fût présentée au pays comme provisoire : l'Empereur revenant à Paris réorganiser la deuxième armée et confiant provisoirement le commandement en chef de l'armée du Rhin à Bazaine.

L'énergie de l'Impératrice frappa tous ceux qui l'approchèrent. Le 7 août au soir, Emile Ollivier télégraphiait à l'Empereur à Metz : Nous sommes tous unis ; nous délibérons avec le conseil privé dans le plus parfait accord. L'Impératrice est très bien de santé ; elle nous donne à tous l'exemple du courage, de la fermeté et de la hauteur d'âme. Mérimée la vit aux Tuileries le 9 août ; il écrivit à son ami Panizzi : Elle est ferme comme un roc, bien que, certes, elle ne se dissimule pas l'horreur de sa situation. Et à Mme de Montijo : Elle m'a dit qu'elle ne sentait pas la fatigue. Si tout le monde avait son courage, le pays serait sauvé. Elle était, en un mot, la souveraine dont la première parole, à la nouvelle des désastres du 6 août, avait été : La dynastie est perdue, il ne faut plus songer qu'à la France. Ce sont les paroles qu'elle répétait plus tard à Ernest Lavisse, dans une conversation qu'elle avait avec lui, à Arenenberg, sur le rôle de Bazaine, à la trahison duquel, pour le dire en passant, elle ne voulut jamais croire. Si vous me croyez capable, dit-elle à son hôte d'un ton véhément, de préférer la dynastie à la France, c'est que vous ne me connaissez pas.

Le maintien d'Emile Ollivier aux affaires n'était plus possible. Par qui le remplacer ? Avec qui constituer, dans ces circonstances presque désespérées, un ministère nouveau ? Les journées du 7 août, du 8, la nuit du 8 au 9 furent occupées par des allées et venues continuelles d'hommes politiques ; enfin, après bien des pourparlers et de cruelles heures d'insomnie, l'Impératrice constitua le 9 août le ministère Palikao.

 

La grande affaire fut bientôt de secourir l'armée de Bazaine, qui était enfermée dans Metz depuis les batailles du 16 et du 18 août. L'Impératrice s'en faisait comme un point d'honneur ; pour elle, il était odieux de laisser périr sans secours l'armée héroïque de Gravelotte et de Saint-Privat. Aussi ne fallait-il pas que l'armée de Mac-Mahon vînt se reformer sous les murs de Paris ; il fallait moins encore que l'Empereur rentrât dans la capitale. Des décisions en vue du retour avaient été prises à Châlons, dans un conseil de guerre présidé par Napoléon III le 16 août. L'Impératrice en fut avisée dans la nuit du 16 au 17 ; elle eut sur l'heure une conférence avec le général Trochu, que l'Empereur venait de nommer gouverneur de Paris. Le préfet de police Piétri y assistait ; il était convaincu que le retour de l'Empereur déchaînerait la révolution. Supposez, dit l'Impératrice à Trochu, l'Empereur dans ce palais, qui est le piège où l'on prend les souverains. Qu'arriverait-il ? Imaginez l'assaut de toutes les haines coalisées contre lui. De deux choses l'une : ou l'armée prendrait son parti et alors ce serait une guerre civile entre elle et les Parisiens armés, ou elle l'abandonnerait et ce serait un massacre. Dans les deux cas, qui gagnerait ? Les Prussiens. Certainement, en ce qui concerne l'Empereur, elle était dans le vrai ; pour la marche de Mac-Mahon en direction de Metz qu'ordonna, qu'imposa Palikao, qui pouvait prévoir que, d'hésitations en hésitations, de contre-ordres en contre-ordres, elle dût aboutir à la catastrophe affreuse du 1er et du 2 septembre ?

Quelqu'un n'aiderait-il pas l'Impératrice à arrêter, à ralentir cette course vertigineuse qui l'entraînait à l'abîme et, avec elle, la dynastie et la France ? Pourquoi Thiers, dont la perspicacité avait été si clairvoyante à la séance du 15 juillet, dans laquelle avaient été votés, malgré lui, les cinquante millions pour la guerre, pourquoi Thiers, l'historien national, ne mettrait-il pas son expérience et ses conseils au service de la Régente ? Le comte d'Haussonville, dans Mon Journal, pendant la guerre, a rapporté, à la date du 21 août, deux conversations que Thiers venait d'avoir avec Mérimée et dont il tenait le récit de Thiers lui-même.

Mérimée était venu le voir. L'Impératrice, lui avait-il dit, savait qu'il était bon citoyen ; elle espérait qu'il ne lui refuserait pas ses avis, pour le mieux du pays. Thiers avait répondu que sans doute il était bon citoyen ; mais venir lui demander des conseils, quand on était sur les bords mêmes de cet abîme qu'il avait tant de fois signalé, c'était se créer une situation impossible. Il avait prononcé le mot d'abdication. Mérimée avait fait comme un bond en arrière.

Cependant Mérimée était revenu à la charge : il avait demandé un nouveau rendez-vous à Thiers par une lettre qui se terminait ainsi : Soyez bien assuré que l'on ne cède à aucune préoccupation personnelle. On est exclusivement préoccupé de ce qui regarde le salut du pays. Ce second entretien avait eu lieu le 20 août. Thiers déclara qu'il n'avait rien à ajouter à la conversation précédente. On ne croirait pas, dit-il, à la sincérité de ces conseils. Je ne les donnerais pas moi-même d'un esprit tranquille. Je remerciai de la preuve de confiance, mais je devais m'abstenir. Bref, Thiers ne voulut pas répondre à un appel deux fois répété.

Les derniers jours du mois d'août furent pour l'Impératrice des jours d'angoisse sans répit. Pourquoi l'armée de Bazaine ne tentait-elle pas de sortir de Metz ? Pourquoi ces lenteurs, ces arrêts, ces rebroussements de l'armée de Mac-Mahon ? Le prince de Metternich, qui vit la Régente le 31 août, envoya cette dépêche à Vienne : L'Impératrice est morte de fatigue et d'émotion. Elle m'a dit qu'elle avait passé la nuit à se dire qu'elle était folle, que tout cela n'était pas vrai, n'était que le travail d'un cerveau fêlé. Elle en était si persuadée que le matin, à son réveil, elle s'est mise à pleurer de désespoir de n'être pas folle.

Ce fut le 5 septembre seulement, vers cinq heures du soir, qu'une dépêche de l'Empereur apprit à l'Impératrice le désastre épouvantable dont Sedan venait d'être le théâtre les deux jours précédents : L'armée est défaite et captive ; moi-même, je suis prisonnier. Peu d'instants après, Augustin Filon aperçut la Régente au palais des Tuileries. Au premier regard, a-t-il dit, nous comprîmes qu'elle savait. Elle était pâle, terrible, les yeux durs, flambants de colère, presque défigurée par l'émotion. Elle nous cria : Vous savez ce qu'ils prétendent ! que l'Empereur s'est rendu, qu'il a capitulé !... Vous ne croyez pas cette infamie ? Epouvantés, nous nous taisions. Elle reprit avec une violence inouïe, nous menaçant presque : Vous ne le croyez pas ?Madame, essaya de dire Conti, il y a des circonstances où le plus brave... Elle l'interrompit, et son âme, soulevée jusque dans ses dernières profondeurs, se répandit en un torrent de paroles tumultueuses et folles... Cela dura cinq longues, cinq effroyables minutes. Elle redescendit l'escalier, retournant au conseil. Nous, nous restâmes anéantis, hébétés, comme des gens sur lesquels vient de passer un cyclone.

La malheureuse femme ne savait pas alors, dans cette terrible après-midi du 3 septembre, que l'Empereur, pendant la journée de Sedan, avait erré à cheval sur les points les plus menacés du champ de bataille : comme une cible vivante, il avait cherché la mort et la mort n'avait pas voulu de lui. Plus tard seulement l'Impératrice connut toute l'horrible vérité ; une angoisse rétrospective s'ajouta à toutes les angoisses qui avaient fait en elle des blessures si douloureuses. Peut-être eut-elle regret des cris d'indignation et de révolte que l'orgueil et le patriotisme lui avaient arrachés. Mais combien la soudaineté de ce cyclone permet de saisir sur le vif la nature de cette âme ardente, primesautière et, avant tout, généreuse !