Galba, Othon et Vitellius (de 68 à 69). — La mort de Néron eut de graves conséquences pour les destinées ultérieures de l'Empire. Elle fit passer le pouvoir électoral du sénat aux armées et amena la domination des tyrans militaires. Le secret de l'Empire, comme dit Tacite, s'était dévoilé aux légions et aux généraux campés dans les provinces : ils virent la possibilité de créer un prince ailleurs qu'à Rome. Galba, proclamé par les légions d'Espagne, était un vieillard de soixante et treize ans, issu d'une race aussi ancienne qu'illustre, renommé d'ailleurs pour l'éclat de ses services militaires, son inflexible sévérité, mais aussi pour son avarice. En apprenant les promesses faites en son nom par Nymphidius aux prétoriens, il s'était écrié qu'il choisissait ses soldats et qu'il ne les achetait pas. Déçus dans leur espoir, ceux-ci provoquèrent de nouveaux troubles au milieu desquels l'ignoble Nymphidius essaya, mais en vain, de s'emparer du pouvoir impérial pour son propre compte. Galba se montra impitoyable à l'égard des rebelles : sa marche d'Espagne en Italie fut lente et ensanglantée ; son entrée dans Rome, marquée par le meurtre de milliers de soldats désarmés, parut d'un présage sinistre et alarma jusqu'aux meurtriers eux-mêmes[1]. Non-seulement le vieil empereur ne fit pas de largesse aux prétoriens, mais encore il ordonna la restitution, sauf un dixième laissé aux possesseurs, des dons prodigués par Néron et qui s'élevaient à vingt-deux milliards de sesterces[2]. Il indisposa ainsi contre lui le grand nombre des hommes vicieux qui avaient vécu, pour ainsi dire, des débauches de Néron ; mais, d'autre part, il ne sut point se concilier les citoyens honorables. Il avait, par faiblesse, donné toute sa confiance au consul Vinius et à C. Lacus, nouveau préfet du prétoire, celui-ci le plus méchant, celui-là le plus vil des hommes ; et ces indignes favoris attiraient sur le vieux guerrier toute la haine qu'excitent les forfaits et tout le mépris, ajoute Tacite, qu'inspire la lâcheté. Déjà les légions de Germanie s'agitaient et demandaient un autre empereur, lorsque Galba adopta comme son successeur le jeune Licinius Pison, d'une naissance illustre et de mœurs qui paraissaient pures. Cette désignation détruisait les espérances de M. Othon, premier époux de Poppée et ancien compagnon de débauche de Néron, qu'il prenait en tout pour modèle. Othon s'étant montré aux prétoriens et s'étant prosterné devant eux, les soldats croient avoir retrouvé un autre Néron et se déclarent avec fureur contre le vieux Galba ; il est massacré avec Vinius et Pison ; leurs tètes sont ensuite attachées à des piques et portées en triomphe au milieu des enseignes par les vivandiers et les valets de l'armée (15 janvier 69). Othon, qui avait ordonné ces meurtres, harangua de nouveau les prétoriens et promit de ne garder que ce qu'ils voudraient bien lui laisser. Le sénat fut ensuite convoqué pour sanctionner l'élection déjà faite par la garde des empereurs : loin d'opposer aucune résistance, il s'empressa de décerner à Othon la puissance tribunitienne, le nom d'Auguste et les autres honneurs du principat[3]. Cependant le règne d'Othon dura trois mois à peine. Les légions de Germanie refusèrent de le reconnaître, proclamèrent empereur le lieutenant Aulus Vitellius et le conduisirent en Italie. Le monde romain se trouva ainsi partagé entre deux compétiteurs que Tacite signale comme les plus prodigues, les plus efféminés et les plus dissolus des mortels. Les Vitelliens ayant eu l'avantage dans une bataille livrée près de Bédriac (14 avril 69), Othon ne voulut point survivre à sa défaite : il se tua, et cet exemple fut suivi par un certain nombre de prétoriens dont il était l'idole. Le sénat ratifia l'élection de Vitellius comme il avait confirmé celle d'Othon. Le nouvel empereur se signalait par une cruauté excessive et par une gloutonnerie monstrueuse[4]. Pour se concilier la populace et lui inspirer le goût du sang, il lui offrit, le jour anniversaire de sa naissance, des combats de gladiateurs dans toutes les rues de Rome[5]. Cependant le règne ignominieux de Vitellius ne dura pas plus de six mois. De même que les légions de Germanie avaient refusé de reconnaître le choix des prétoriens, de même les légions de Syrie rejetèrent le candidat proclamé sur le Rhin et nommèrent empereur leur général Titus Flavius Vespasianus, d'une famille obscure, mais doué de talents supérieurs. Néron l'avait envoyé en Judée pour réprimer une révolte formidable des Juifs occasionnée par la tyrannie des procurateurs romains. L'exemple des légions de l'Orient fut contagieux ; celles de Mésie et de Pannonie se déclarèrent en faveur de Vespasien[6], pénétrèrent en Italie sous la conduite d'Antonius Primus, leur général, et battirent les Vitelliens près de Crémone. Trente mille de ces derniers restèrent sur le champ de bataille. De nouveaux combats furent ensuite livrés sous les murs de Rome et jusque dans le Champ de Mars ; l'incendie du Capitole, ordonné par Vitellius, signala cette nouvelle guerre civile qui moissonna plus de cinquante mille hommes. Enfin, les Flaviens entrèrent dans Rome et assurèrent la victoire de Vespasien. Vitellius, abandonné de tous, s'était barricadé dans la loge du portier du palais. Quelques soldats l'ayant découvert dans cette retraite, il fut traîné vers les Gémonies, les mains liées derrière le dos, et massacré après avoir épuisé tous les outrages (20 décembre 69). Les Flaviens. Vespasien et Titus (69 à 81). — La chute de Vitellius fit passer l'empire dans la maison Flavia. Cette famille devait son illustration récente aux travaux militaires de Vespasien et de Titus, son fils. Doué d'une mâle activité, Vespasien avait été l'artisan de sa grandeur ; on l'avait vu successivement tribun des soldats en Thrace, questeur de la province de Crète, lieutenant de légion en Germanie et en Bretagne, commandant en Judée. Les derniers empereurs l'auraient sans doute sacrifié s'ils n'avaient pas eu besoin de ses talents militaires. Parvenu au rang suprême, il se signala par sa vigilance et sa modération. Il s'était empressé d'abolir l'usage de fouiller ceux qui venaient saluer l'empereur. Il ne consentit même que fort tard à accepter la puissance tribunitienne et le titre de père de la patrie. Il avait trouvé l'empire épuisé par les profusions de ses prédécesseurs et par les guerres civiles qui avaient duré presque sans interruption depuis la mort de Néron. Les soldats étaient parvenus au comble de la licence et de l'audace, les uns par l'entraînement de la victoire, les autres par le ressentiment de leur défaite. Vespasien licencia une grande partie des partisans de Vitellius et réprima l'autre. Ceux mêmes qui avaient vaincu sous lui n'obtinrent point de grâce extraordinaire ; ils furent même obligés d'attendre les récompenses qui leur étaient légitimement dues. Des meurtres sans nombre avaient épuisé les premiers ordres de l'État et d'anciens abus en avaient terni la splendeur. Le nouvel empereur épura et compléta les différents ordres en faisant le recensement des sénateurs et des chevaliers ; il expulsa de leurs rangs les plus indignes et il y admit les citoyens les plus recommandables de l'Italie et des provinces[7]. Le plus grand désordre régnait aussi dans celles-ci, ainsi que dans les villes libres et dans quelques royaumes dépendants de l'empire. Néron avait affranchi l'Achaïe, la Lycie, Rhodes, Byzance, Samos, la Thrace, la Cilicie et la Commagène. Vespasien rétablit ou réduisit ces pays au rang de provinces romaines. Tons ses efforts tendaient enfin à raffermir l'empire ébranlé par tant de secousses et à en assurer la prospérité et l'éclat. Il avait rétabli les douanes et cherché d'autres ressources dans de nouveaux impôts. Il aimait l'argent, mais il en faisait un utile emploi[8]. Il entreprit la restauration du Capitole et y replaça trois mille tables d'airain où étaient gravés les sénatus-consultes, les anciens plébiscites et les traités de paix et d'alliance. Il fonda aussi le temple de la Paix, voisin du Forum, et construisit, d'après le plan d'Auguste, le Colisée, vaste amphithéâtre qui contenait des sièges pour quatre-vingt-sept mille spectateurs et dont les ruines gigantesques font encore l'étonnement de tous ceux qui visitent Rome. Pendant la dernière partie de son règne, Vespasien associa à la puissance tribunitienne son fils Titus qui s'était signalé par la prise de Jérusalem et la dispersion de la nation juive (71). Revêtu d'abord des redoutables fonctions de préfet du prétoire, Titus s'était attiré par ses violences, ses vices et sa cruauté, le blâme et même la haine du public. On paraissait déjà le redouter comme un autre Néron. Mais une sorte de transformation s'opéra en lui dès qu'il se vit seul maître de l'empire par la mort de son père[9]. Il montra alors, selon les expressions de Tacite, un heureux accord de grâce et de majesté. Rome appela l'amour et les délices du genre humain cet empereur qui s'attachait à respecter la vie et les biens des citoyens avec autant de soin que les premiers Césars avaient montré d'indifférence dans leurs crimes. S'étant une fois souvenu à son souper qu'il n'avait fait aucun heureux dans la journée, Titus prononça ce mot si mémorable et si justement vanté : Mes amis, j'ai perdu un jour. Parmi les fléaux de cette époque, on comptait les délateurs et les suborneurs de témoins, restes de l'ancienne tyrannie. Titus les fit battre avec des verges et des bâtons en plein forum, et, vers les derniers temps de son règne, il les fit amener dans l'arène de l'amphithéâtre, où ils furent les uns vendus à l'encan comme des esclaves, et les autres condamnés à la déportation dans les îles les plus arides[10]. Malheureusement le règne de Vespasien et de Titus ne fut qu'un moment de répit dans la tyrannie qui pesait sur le monde romain depuis Tibère[11]. La maison Flavia allait fournir un despote digne de marcher sur les traces des plus exécrables Césars : ce fut Domitien. Domitien (81 à 96). — Pendant la vie de Titus, Domitien, son frère, n'avait cessé de lui dresser des embûches : il avait même tenté presque ouvertement la foi des armées. Cependant Titus ne put se résoudre ni à le faire périr, ni à s'en séparer, ni même à le traiter avec moins d'égards qu'auparavant. Il continua à le proclamer son collègue et son successeur à l'empire ; et quelquefois, le prenant à part, il le conjurait avec larmes de vivre enfin avec lui comme un frère. Tant de bonté ne put corriger le caractère à la fois féroce et bizarre de Domitien. Cependant sa conduite dans le gouvernement de l'empire fut d'abord très-inégale, et mêlée de bien et de mal. Mais peu à peu ses vertus mêmes devinrent des vices ; et autant qu'on peut le conjecturer, dit Suétone, les circonstances développèrent ses penchants, le besoin le rendant avide, et la peur cruel. Il parut vouloir se modeler sur l'empereur Tibère, dont les actes et les mémoires formaient sa seule lecture, quand il n'aimait mieux se complaire dans les distractions les plus futiles. On rapporte, en effet, qu'au commencement de son règne, il s'enfermait seul tous les jours pendant des heures entières pour attraper des mouches, qu'il enfilait avec un poinçon très-aigu[12]. Domitien fonda son despotisme, d'une part sur la force militaire, en augmentant d'un quart la paye des soldats ; de l'autre sur la populace, en encourageant son oisiveté et en prodiguant les spectacles et les distributions de blé. Titus aussi avait donné des spectacles au peuple ; on avait même vu paraître un jour dans l'arène cinq mille bêtes féroces de toute espèce. Mais les fêtes de Domitien étaient d'une tout autre nature. La chasse aux bêtes fauves et les combats de gladiateurs eurent lieu la nuit, aux flambeaux ; et l'on vit se mesurer dans l'arène non-seulement des hommes, mais aussi des femmes. Il donna trois fois au peuple un congiaire de trois cents sesterces par tête (58 fr.). A la fête des sept collines, il fit distribuer aux sénateurs et aux chevaliers des rations de pain, et au peuple des corbeilles remplies de mets, dont il se mit à manger le premier. Nourris et amusés par Domitien, les descendants des Romains manifestaient leur gratitude en criant : Bonheur à notre maître et à notre maîtresse ; domino et dominœ feliciter[13]. Encore Domitien n'était-il point satisfait ; il voulait que tous ceux qui l'approchaient ou lui écrivaient l'appelassent : Notre maître et notre dieu[14]. Appuyé sur les prétoriens et la populace, Domitien put donner un libre cours à sa cruauté. Il fit périr un grand nombre de personnes du rang le plus élevé et presque toujours sous les plus futiles prétextes. Une plaisanterie innocente suffisait même pour attirer la vengeance du prince. Il fit mettre à mort Métius Pomposianus, parce qu'il était né sous une constellation qui, disait-on, lui promettait l'empire ; parce qu'il portait partout avec lui une carte du monde, et les discours des rois et des grands capitaines, extraits de Tite-Live ; enfin parce qu'il avait donné à ses esclaves les noms de Magon et d'Annibal. Flavius Sabinus, un de ses cousins, eut le même sort parce que le jour des comices consulaires le héraut — par distraction, sans doute — l'avait, au lieu de consul, proclamé empereur[15]. Les biens des vivants et des morts étaient partout saisis, quel que fût le délateur, quelle que fût la dénonciation : il suffisait d'être accusé par quelqu'un de la moindre action, du moindre mot contre la majesté du prince. On confisquait pour lui les héritages qui lui étaient le plus étrangers, si une personne, une seule, affirmait avoir entendu dire au défunt quand il vivait que César était son héritier[16]. Si, comme on l'a remarqué, la cruauté de Domitien parait s'être bornée à l'enceinte de la capitale, il n'en est pas moins certain que l'empire tout entier ressentit les effets de son imprévoyance et de son incapacité. Les guerres étrangères qui eurent lieu sous ce règne furent les premières où les Barbares attaquèrent avec succès les frontières de l'empire romain. Pour arrêter les Daces, Domitien fut même obligé de leur acheter la paix par un tribut annuel. Cneius Julius Agricola, que Vespasien avait nommé commandant dans l'île de Bretagne, ne put affermir la domination romaine dans cette contrée, ses premiers succès ayant excité la jalousie de Domitien, qui le rappela. La cruauté de cet indigne successeur de Titus devint enfin odieuse et redoutable t ses proches, à ses confidents et à ses complices, car ils se virent également menacés. Une conspiration se forma contre la vie du prince dans son palais même et à l'instigation de sa femme. Domitien fut surpris dans sa chambre et frappé de sept coups de poignard (18 septembre 96). Son règne avait duré quinze ans pour le malheur des Romains. Le peuple, selon Suétone, apprit avec indifférence la mort de Domitien, mais elle excita la fureur des soldats. Ils voulurent, dans le moment même, le faire proclamer divin, et il ne leur manqua, pour le venger de suite, que des chefs qui consentissent à les conduire. Ils persistèrent cependant à exiger le supplice des meurtriers, et ne tardèrent pas à l'obtenir. Les sénateurs, au contraire, furent au comble de la joie : ils accoururent tous dans la salle de leurs séances, et chacun d'eux lui prodigua, aux acclamations de tous les autres, les injures les plus cruelles. S'étant fait ensuite apporter des échelles, ils arrachèrent ses bustes et les boucliers de ses triomphes et ils les brisèrent contre terre ; enfin, l'on décréta que ses titres honorifiques seraient anéantis partout, et sa mémoire abolie. Nerva et Trajan (96 à 117). — Le meurtre de Domitien ébranla l'omnipotence des prétoriens et rétablit l'autorité du sénat. Marcus Coccéius Nerva, vieillard de soixante et dix ans, fut porté au trône par la faction stoïcienne alors dominante[17]. Le nouvel empereur réalisa toutes les espérances que l'on avait fondées sur ses vertus. Il fit cesser la terreur produite par la cruauté de Domitien et les encouragements donnés aux plus infâmes délateurs. Non-seulement il rendit aux citoyens exilés pour crime de lèse-majesté leur patrie et leurs biens, mais encore il défendit toutes poursuites ultérieures, fit cesser les délations et jura même de n'envoyer à la mort aucun sénateur. D'autre part, il sut alléger les impôts et diminuer les dépenses eu supprimant des sacrifices et des spectacles, en ne permettant point qu'on lui élevât des statues d'or ou d'argent et en modérant le faste du palais. Les prétoriens s'étant soulevés pour l'obliger à envoyer au supplice les meurtriers de Domitien, le vieil et faible empereur dut céder, niais il prit aussitôt la résolution de laisser l'empire à des mains viriles. De là l'adoption de Marais Ulpius Trajan (98). Né au delà des Pyrénées, Trajan fut le premier empereur romain d'origine étrangère. Cependant il sut éclipser tous ses prédécesseurs par la grandeur de ses travaux et l'excellence de son règne. Il triompha successivement des Daces et des Parthes et recula les frontières de l'empire, d'un côté, jusqu'aux monts Carpathes et, de l'autre, jusqu'au golfe Persique. Comme administrateur, il montra des qualités égales à celles qu'il déploya comme guerrier. Juste, affable et vigilant, il se fit aimer des provinciaux aussi bien que des italiens. Après avoir aboli complètement les judicia majestatis, il se proposa pour principal but le rétablissement de la constitution libre des Romains autant qu'elle pouvait se concilier avec la monarchie, en donnant lui-même l'exemple de la soumission aux lois. Il rendit les élections aux comices, au sénat l'entière liberté des suffrages, et aux magistrats la considération ; et, par-dessus tout cela, il pratiqua l'art de gouverner par lui-même, dans un détail et à un degré que peu de princes ont possédé I[18]. Quoiqu'il eût diminué les taxes de l'empire, la sévère économie qu'il introduisit dans les finances lui permit d'orner Rome et les autres grandes cités de monuments magnifiques. Il tant citer principalement une colonne, haute de cent cinquante pieds, érigée dans le forum qui portait son nom et qui était une des merveilles de Rome. Trajan étant mort dans la Cilicie, à l'âge de soixante-trois ans (11 août 117), ses cendres furent transportées dans la capitale de l'empire et déposées sous cette colonne où étaient représentées les grandes actions de ce règne mémorable. Trajan laissa les plus honorables et les plus glorieux souvenirs. Deux siècles après sa mort, c'était encore la coutume du sénat de saluer tout nouvel empereur par ces mots : Puissiez-vous être aussi fortuné qu'Auguste et aussi vertueux que Trajan. Adrien (117 à 138). — Trajan légua l'empire à un de ses cousins également d'origine espagnole, Publius Hadrianus, qu'il avait adopté après lui avoir servi de tuteur. Le nouvel Auguste s'efforça de gagner la faveur de l'armée et du peuple par des spectacles et des largesses qui surpassèrent même les libéralités de son prédécesseur. Il ne se contenta point de doubler la gratification qu'il était d'usage de faire aux soldats au commencement d'un règne : il donna pendant six jours consécutifs le spectacle d'un combat de gladiateurs et, pour l'anniversaire de sa naissance, il fit paraître dans l'arène jusqu'à mille bêtes féroces ; il fit aussi distribuer sous ses yeux un double congiaire au peuple qui, pendant son absence, avait déjà reçu trois pièces d'or par tête[19]. En outre, il s'était excusé dans des lettres au sénat de n'avoir point attendu son avis pour prendre en main le pouvoir, sur ce qu'il avait été immédiatement salué empereur par l'armée réunie à Antioche. La plus grande modération fut d'abord le caractère distinctif du nouveau règne. Trois consulaires qui avaient conspiré contre l'empereur, ayant été mis à mort par l'ordre du sénat, Adrien en témoigna son mécontentement ; il jura ensuite devant le sénat de ne jamais punir un de ses membres sans l'avis de l'assemblée. D'autre part, il resta fidèle aux maximes de Trajan en n'admettant point les accusations de lèse-majesté. Mais il fut loin de vouloir poursuivre les conquêtes de son prédécesseur, soit qu'il n'aimât point la guerre, soit qu'il crût imprudent d'engager de nouvelles luttes avec les Barbares qui cernaient l'empire. Outre les nations qu'avait subjuguées Trajan et qui s'étaient retournées contre la puissance romaine, les Maures ne cessaient de l'inquiéter, les Sarmates lui faisaient une guerre ouverte, la Bretagne avait secoué le joug, l'Égypte était troublée par des séditions, la Lycie et la Palestine étaient en pleine révolte[20]. Adrien, au lieu de combattre les Barbares, les soudoya pour qu'ils se tinssent tranquilles ; il abandonna même les conquêtes faites par Trajan sur les Parthes, de sorte que l'Euphrate redevint la frontière orientale de l'empire. Les Juifs seuls, qui s'étaient opposés à l'établissement d'une colonie romaine — Ælia Capitolina — dans la ville sainte de Jérusalem, furent exterminés, vendus comme esclaves ou exilés avec défense, sous peine de mort, de jamais approcher même de leur patrie. Ce fut la seule guerre importante qui signala le règne d'Adrien. Le successeur de Trajan s'appliqua surtout, par une réforme générale de l'administration intérieure, à donner une plus grande consistance à l'empire. Ne se considérant point seulement comme le souverain de l'Italie, il embrassa dans sa sollicitude active et éclairée toutes les autres provinces de Borne ; aussi les parcourut-il successivement, et depuis l'Égypte jusqu'aux montagnes de l'Écosse, partout il voulut prendre connaissance de l'état des populations et les encourager par sa présence[21]. Il eut aussi le mérite d'améliorer la condition de la race servile : il ôta aux maîtres le droit de mort sur leurs esclaves, voulant, si cers-ci méritaient la peine capitale, qu'ils fussent condamnés par des juges. Malheureusement, Adrien, souffrant d'une maladie de langueur, démentit dans les dernières années de sa vie les vertus qui l'avaient rendu digne du respect et de la reconnaissance des peuples. Devenu défiant et cruel, il ordonna des supplices en assez grand nombre et obligea mente son beau-frère Servien, vieillard nonagénaire, à se donner la mort, sous prétexte qu'il aurait pu lui survivre et aspirer an trône ! Il faut dire pourtant, à la louange d'Adrien, qu'il ne voulut point que la puissance suprême tombât après lui dans des mains viles ou impuissantes. Après la mort du consulaire qu'il avait d'abord adopté — L. Césonius Commodus Vérus— et qui était peu digue du rang suprême, il désigna pour lui succéder un vertueux sénateur, nommé Titus Aurelius Antoninus Pius, à condition que celui-ci adopterait à son tour Marcos Aurelius et L. Verus. Adrien mourut détesté à rage de soixante et douze ans et après un règne de vingt et un ans et onze mois. Ses cendres furent déposées dans le môle qu'il avait fait construire à cet effet[22]. Les Antonins. — Antonin le Pieux (138 à 151). — Le successeur d'Adrien avait quarante-sept ans lorsqu'il parvint au pouvoir suprême. Il ne s'en servit que pour assurer le bonheur des peuples. Il avait, dit son biographe[23], l'esprit brillant, des goûts modérés, beaucoup de noblesse dans le visage et d'aménité dans le caractère, une éloquence peu commune, de belles connaissances en littérature ; il se signalait par sa sobriété, se montrait le protecteur éclairé de l'agriculture, n'était point envieux du bien d'autrui, et tout cela avec mesure et sans ostentation. Toutes les provinces furent florissantes sous son règne : il fit disparaître les délateurs et rendit la confiscation des biens plus rare que jamais. Enfin, de tous les empereurs, il fut le seul qui, autant que cela put dépendre de lui, vécut sans répandre ni le sang des citoyens, ni celui des ennemis. Son activité paisible fournit peu de matière à l'histoire t, et cependant il fut peut-être l'homme du caractère le plus noble qui rôt encore monté sur le trône. Quoique prince, il vécut ainsi qu'aurait pu faire un simple particulier, administrant les affaires de l'État comme les siennes propres. Il honorait le sénat, et les provinces fleurirent sous lai, parce que non-seulement il tint les gouverneurs de province sous une surveillance sévère, mais aussi parce qu'il s'était fait une maxime de laisser longtemps dans leurs places les hommes dont il avait une fois reconnu la probité. n maintint un ordre rigoureux dans les finances ; et il n'épargnait jamais rien, pour l'amélioration ou pour la fondation des établissements utiles[24]. Antonin le Pieux, étant tombé malade, recommanda la république à son successeur Marc Antonin et fit porter chez ce prince la statue de la Fortune, qui était toujours dans la chambre à coucher des empereurs. Il donna pour mot d'ordre au tribun de service : Égalité d'âme, et se tournant ensuite, comme s'il voulait dormir, il rendit l'esprit dans sa maison de Loria (7 mars 151). Il était âgé de soixante et dix ans. Marc-Aurèle (161 à 180). — Marc Antonin, surnommé le Philosophe parce qu'il ne cessa, même sur le trône, de cultiver la philosophie, était fils d'Annius Vérus, consul et préfet de Rome[25]. Contraint par le sénat de prendre, après la mort d'Antonin le Pieux, les rênes du gouvernement, il se donna pour collègue Lucius Vérus, qui ne se signalait que par ses débauches[26], et, à partir de ce moment, ils gouvernèrent ensemble la république. C'était pour la première fois que le pouvoir impérial se trouvait entre les mains de deux Augustes. Après avoir réglé dans le sénat tout ce qu'exigeaient les circonstances, les empereurs se rendirent au camp des prétoriens et promirent, pour leur avènement au trône, vingt mille sesterces à chaque soldat (3.875 fr.) et des sommes proportionnément plus fortes aux officiers[27]. Après la mort de L. Verus (169), Marc-Aurèle gouverna seul, et montra avec plus d'éclat ses nobles qualités, son amour du bien, sa frugalité, son humanité. On vit alors un empereur romain se conduire avec le peuple comme s'il eût vécu dans un État libre[28] ; on le vit rétablir la sécurité des citoyens en faisant noter d'infamie ceux qui portaient de fausses accusations. On ne put reprocher à Mare-Aurèle que de faire dégénérer quelquefois la bonté en faiblesse et de tolérer même les déportements de sa propre famille. Il avait poussé l'oubli des injures jusqu'à refuser de punir Cassius, gouverneur de Syrie, qui s'était fait reconnaître comme empereur dans le pays au delà du Taurus et en Égypte. Un centurion, obéissant à sa propre impulsion, délivra Marc-Aurèle de ce compétiteur (175). Marc-Aurèle, doué de goûts pacifiques, eut à soutenir des guerres presque continuelles. Non-seulement il fallut repousser les Parthes qui s'étaient répandus en Asie, mais surtout refouler les Marcomans et leurs auxiliaires qui avaient pénétré dans la Dacie. Cette guerre sans cesse renaissante sur le Danube occupa Marc-Aurèle, depuis l'an 167 jusqu'à la fin de son règne[29]. Tout en réussissant enfin à vaincre les Marcomans et à faire rendre aux Romains cent mille prisonniers, il fut cependant, comme on l'a remarqué, le premier qui permit aux Barbares de s'établir dans l'intérieur de l'empire et qui les prit à la solde du trésor. Des colonies furent créées dans la Dacie, la Pannonie, les deux Germanies, et jusqu'à Ravenne en Italie. Après un règne de dix-huit ans, pendant lequel, dit son historien, il fut si aimé, si chéri de tous les citoyens, que les uns l'appelaient leur père, les autres leur frère, d'autres leur fils, suivant leur âge, Marc-Aurèle mourut à Sirmium, sur la Save, dans sa soixante et unième année (17 mars 480). Cet homme si vertueux, si grand, si digne de commander, laissa pour fils un monstre. Mais Commode Antonin était-il le fils de Marc-Aurèle ? Même du vivant de cet empereur, on assurait généralement que Commode était issu d'un commerce adultère de l'impératrice Faustine avec un gladiateur[30]. Commode Antonin (480 à 492). — Dès son adolescence, Commode Antonin — T. Commodus Antoninus —, signalé pour ses goûts cruels et libidineux, vivait avec les gladiateurs et paraissait plutôt né pour l'infamie que pour le rang où la fortune l'avait élevé. Aussi le règne du successeur de Marc-Aurèle n'est-il qu'une suite de monstruosités : l'empereur s'amuse à tuer des lions à coups de massue ou des hommes à coups de flèches ; il donne pour gouverneurs aux provinces ou les complices de ses crimes ou leurs protégés ; il couvre sa propre famille de déshonneur et de sang ; il élève et abandonne tour à tour les instruments de sa tyrannie. Pérennius, premier préfet du prétoire et favori de César, ayant encouru la disgrâce des prétoriens, leur est livré. Cléandre, son successeur, est également jeté comme une proie au peuple, afin d'apaiser ses murmures. On vit enfin toutes les provinces mises à l'encan, vingt-cinq consuls dans une même année, les préfets du prétoire changés d'une journée, d'une heure à l'autre ; des sénateurs et des matrones opulentes mis à mort sans avoir été jugés[31]. Mais plus les crimes se multiplient, plus le sénat s'abaisse devant le César ivre ou fou. Pour lui complaire, il décrète que Rome sera appelée colonie de Commode ; il adopte pour lui-même la dénomination de sénat commodien et donne à l'empereur les noms d'Hercule et de dieu. Ce monstre exécrable fut enfin victime d'une conspiration tramée par son dernier préfet du prétoire, Quintus Élius Létus, et par sa concubine Martia. Ils lui donnèrent d'abord du poison ; mais comme il n'opérait pas assez vite, ils le firent étrangler par un athlète avec lequel il avait coutume de s'exercer. Pertinax, préfet de Rome, ayant été aussitôt proclamé empereur, le sénat, qui avait repris courage, lui demanda avec une violence extrême que le cadavre de Commode fût déchiré dans le spoliaire, endroit près de l'amphithéâtre où l'on traînait avec un croc les gladiateurs tués ou blessés mortellement. Ordonnez-le, César, disait l'ancien sénat commodien ; qu'on traîne le bourreau avec le croc ; que le bourreau du sénat soit traîné avec le croc, selon l'usage de nos ancêtres. Il fut plus cruel que Domitien, plus impur que Néron ; il a vécu comme eux, qu'il soit traîné comme eux !... |
[1] TACITE, Histoires, liv. I, c. 6.
[2] TACITE, Histoires, liv. I, c. 20.
[3] SUÉTONE, Othon, c. 6. — TACITE, Histoires, liv. Ier, passim.
[4] Ses plus grands vices étaient la gourmandise et la cruauté. Il faisait régulièrement trois repas par jour et soudent quatre, qu'il distinguait en déjeuners, dîners, soupers et collations. Il suffisait à tous ces repas par l'habitude de vomir. Il s'invitait le même jour chez plusieurs personnes pour des heures différentes, et chacun de ces festins ne coûta jamais moins de quatre cent mille sesterces (77.500 fr.). Le plus fameux fut le souper que lui donna son frère, le jour de son entrée à Rome. On y servit, dit-on, deux mille poissons des plus recherchés et sept mille oiseaux. Ce dernier mit le comble à ces profusions par l'inauguration d'un plat d'une grandeur énorme, qu'il appelait fastueusement le bouclier de Minerve protectrice. On y avait mêlé des foies de carrelets, des cervelles de faisans et de paons, des langues de phénicoptères et des laitances de lamproies. Des vaisseaux et des trirèmes avaient été chercher tout cela depuis le pays des Parthes jusqu'à la mer d'Espagne. Sa voracité n'était pas seulement immense, mais sale et désordonnée. Il ne pouvait ne contenir ni pendant les sacrifices, ni dans ses voyages. Il mangeait, sur les autels mêmes, les viandes et les gâteaux qu'on y faisait cuire ; et sur sa route il prenait, dans les cabarets, des mets encore fumants, ou qui, servis la veille, étaient à demi rongés. SUÉTONE, Vitellius, c. 13.
[5] TACITE, Histoires, liv. II, c. 95.
[6] Les soldats de Mésie, en se déclarant pour Vespasien, disaient : Sommes-nous donc moins que les légions d'Espagne, qui ont élu Galba ? que les prétoriens, qui ont proclamé Othon ? que l'armée de Germanie, qui a couronné Vitellius ? SUÉTONE, Vespasien, c. 6. — Le pouvoir suprême, comme le fait remarquer un historien moderne, résidait donc dans l'armée ; et le despotisme, aristocratique jusque-là par l'élection du sénat, devenait démocratique par l'élection des soldats.
[7] SUÉTONE, Vespasien, passim. — Vespasien porta à mille le nombre des sénateurs dont à peine deux cents avaient survécu aux dernières guerres civiles.
[8] Le trésor était complètement épuisé à l'avènement de Vespasien. On comprend donc qu'il ait dei chercher les moyens de restaurer les finances et de pourvoir à des dépenses qui s'élevaient par an à quatre mille millions de sesterces (700.000.000 de fr.) — Voir CANTU, Oper. cit., liv. VI, c. IX. — D'après l'auteur des Césars, on estima, sous Vespasien, le budget impérial à près de huit milliards.
[9] Vespasien mourut le 24 juin 79.
[10] SUÉTONE, Titus, chap. 8.
[11] Cette période comprend à peine douze ans : le règne de Vespasien ayant duré neuf ans (70 à 79) et celui de Titus moins de trois ans (79 à 81).
[12] SUÉTONE, Domitien, c. 3 et 20.
[13] C'est ici qu'il faut rappeler les vers accusateurs de Juvénal, contemporain de Domitien :
. . . . . . . .
. . Qui dabat olim
Imperium, fasces, legiones, omnia, nunc se
Continet, atque duas tantum res anxius optat,
PANEM ET CIRCENSES . . . . . . . . . . . .
(SATIRE X.)
... Ces Romains si jaloux, si fiers de leurs suffrages,
Qui jadis commandaient aux rois, aux nations
Décernaient les faisceaux, donnaient les légions.
Et seuls, dictant la paix ou proclamant la guet ce,
Régnaient du Capitole aux deux bouts de la terre :
Esclaves maintenant de plaisirs corrupteurs,
Que leur faut-il ? DU PAIN ET DES GLADIATEURS.
(Traduction de Raoul.)
[14] SUÉTONE, Domitien, c. 4 et 13.
[15] Voir d'autres exemples de cruauté dans SUÉTONE, Domitien, c. 10 et 11.
[16] SUÉTONE, Domitien, c. 12.
[17] Ainsi que le fait remarquer un historien, l'école stoïcienne entreprend alors de s'opposer à l'influence tyrannique de l'armée. Devenue en effet prépondérante dans le sénat, cette école philosophique s'efforça, dit-il, de mettre sur le trône ses créatures, et elle réussit à donner à Rome une série de Césars qu'il est juste de compter parmi ses meilleurs princes. Histoire universelle par CANTU, liv. VI, chap. XI.
[18] HEEREN, Histoire ancienne, 4e période, 1re section. — Trajan dut aussi la popularité dont il jouit à sa sollicitude pour le bien-être matériel des citoyens pauvres et à ses largesses qui semblent aujourd'hui presque fabuleuses, car on rapporte que ses libéralités entretenaient deux millions de personnes ! Et l'empire romain touchait alors à l'apogée de sa grandeur ! Qu'était donc cette prospérité dans un temps où deux millions de personnes vivaient de ramone impériale ?
[19] Plus tard, à l'occasion de l'adoption de Césonius Commodus Vérus, il fit distribuer au peuple et aux soldats quatre cents millions de sesterces (77.500.000 francs).
[20] Histoire auguste, script. Adrianus imper., c. V.
[21] Sur les vingt et une années de son règne, il en employa dix-sept à visiter les diverses provinces de l'empire.
[22] Ce môle consistait en un pont sur le Tibre et en un mausolée qui est aujourd'hui le château Saint-Ange. C'est encore un monument admirable, après avoir fourni des statues, des colonnes et des ornements aux édifices du temps de la décadence, et des projectiles lors des guerres entre Totila et Bélisaire. Le char dont était surmonté l'entablement, et qui d'en bas paraissait peu de chose, était d'une telle masse, que, selon Spartien, un homme aurait pu passer par les yeux des chevaux. Histoire universelle par CANTU, liv. VI, chap. XII.
[23] JULES CAPITOLIN, dans les Script. Hist. August.
[24] HEEREN, Histoire romaine, 4e période, 1re section. — Plein de déférence pour les sénateurs et les chevaliers, il leur rendait compte de son administration, permettait au peuple d'élire les magistrats, et demandait, comme un simple particulier, la nomination aux charges pour lui et pour ses fils... Il promit de ne punir de mort aucun sénateur ; et il tint si fidèlement sa promesse, que, sur l'aveu de l'un d'eux, coupable de parricide, il le relégua seulement dans une île inhabitée. Deux furent accusés de conspiration ; mais l'un se tua, l'autre fut proscrit par décret du sénat, auquel l'empereur défendit de continuer les investigations en disant : J'ai peu d'envie de faire savoir combien de gens me haïssent. Il répétait souvent : Mieux vaut sauver un citoyen qu'exterminer mille ennemis. CANTU, oper. cit., liv. VI, chap. XIII.
[25] Au lieu d'Annius, il fut appelé Aurélius, parce que le droit d'adoption l'avait fait passer dans la famille Aurélia, c'est-à-dire dans celle des Antonins. Il avait épousé Faustine, fille d'Antonin le Pieux.
[26] On rapporte qu'un seul banquet lui exulta six millions de sesterces (1.200.000 fr.).
[27] Histoire Auguste, M. Ant. Phil., c. VII.
[28] Histoire Auguste, M. Ant. Phil., c. XII.
[29] On le vit, pendant huit hivers rigoureux, dit GIBBON, camper sur les bords glacés du Danube. Le même historien évalue à 450.000 hommes les forces de l'empire sur terre et sur mer pendant la période des Antonins.
[30] Histoire Auguste, M. Ant. Phil., c. XIX.
[31] Voir la vie de Commode dans l'Histoire Auguste. — Il nous est encore impossible de rapporter ici toutes les actions infâmes qui signalèrent ce règne.