LE DRAME MACÉDONIEN

 

CHAPITRE VII — LA BATAILLE D’ISSUS.

Texte numérisé par Marc Szwajcer

 

 

Deux branches du mont Taurus embrassent la plaine qui s’étend entre Tarse et Adana ; franchissez la branche orientale, vous verrez s’ouvrir devant vous le golfe d’Issus. La victoire va imposer à la vaste baie un autre nom ; les géographes l’appelleront bientôt le golfe d’Alexandrette. Le golfe d’Issus commence au delà du Sarus et du Pyramus. Quelle œuvre déplorable font les fleuves quand on les laisse conduire leurs dépôts à leur guise ! Ils comblent les ports, enfouissent les villes autrefois florissantes, convertissent les campagnes fertiles et salubres en marais. On prendrait goût aux digues rien qu’à contempler les tristes effets d’un pareil désordre. Quoi ! ce grand bassin ovale qui, du cap Karadagh au cap Khynzir, s’enfonce de quarante milles marins dans les terres, a vu autrefois sur ses bords les cités de Mallus et d’Issus ! Ces rivages pestilentiels où couve incessamment la fièvre ont jadis porté de riantes et fécondes moissons ! Des peuples heureux ont habité au pied de ces montagnes I On ne s’en douterait guère aujourd’hui. Les bourgs d’Ayas, de Pias, la chétive et misérable ville de Scanderoun ne racontent rien de la splendeur passée. S’il existe des ruines au milieu de ces marécages, il faudrait les chercher sous les alluvions qui ont dévoré les villes. L’arène même de la grande bataille a disparu ; on la reporte, incertain, d’une vallée à l’autre.

Alexandre s’est mis en marche : Philotas, avec la cavalerie, se répand dans la plaine comprise entre le Cydnus et le Sarus ; Alexandre se rapproche davantage du rivage et franchit le Sarus à son embouchure même. Il tourne ensuite le promontoire Mallus, — le cap Karadàgh, — et traverse le delta du Pyrame, comme il a traversé celui du Sarus. Toute l’armée ne tarde pas à être réunie dans la vallée qu’arrose le Pinare. Ce nouveau cours d’eau n’est pas un fleuve comme les deux autres, il mérite à peine le nom de torrent ; on ne pourrait même pas le comparer au Granique. J’ai visité le golfe d’Alexandrette en 1832, lorsque les Turcs y attendaient leur flotte ; l’impression qui m’est restée de ces parages à peine entrevus est celle d’un fond noir et d’une muraille abrupte. L’imagination lapins hardie n’eut jamais songé à chercher dans cet entonnoir le théâtre d’une grande bataille. La chaîne du Taurus, en effet, se courbe, à partir du cap Mallus, pour aller se rattacher par un demi-cercle de montagnes à l’Amanus. De la plaine où les Turcs ont bâti le village de Missis, on passe, en suivant le pied de ce contrefort, dans une autre plaine encore plus resserrée, que bordent, séparés par un vaste marais, les deux bourgs d’Ayas et de Pias. C’est là, suivant l’opinion qui a généralement prévalu, que se sont rencontrées, le 29 novembre de l’année 333 avant notre ère, les armées de Darius et d’Alexandre. II a fallu un concours de circonstances des plus singuliers pour qu’elles s’y rencontrassent. Si nous n’avions été nous-même témoin en Crimée d’un croisement analogue, le jour où l’armée des alliés, venant de l’Alma, descendit des hauteurs de Mackensie et où les troupes russes remontèrent de la vallée d’Inkermann à Simphéropol, nous aurions peine à comprendre l’ignorance mutuelle dans laquelle les Perses et les Grecs paraissent avoir été, à cette époque, de leurs mouvements. Darius s’est décidé à quitter les plaines de la Mésopotamie et à marcher sur Tarse ; Alexandre, au même moment, s’apprête à marcher, par la vallée de l’Oronte, sur Antioche. Il soupçonne si peu les intentions de l’ennemi qu’il n’hésite pas à laisser ses malades à Issus. Les Pyles syriennes n’étaient pas gardées, l’armée grecque s’y engage et, descendue sur l’autre versant, s’arrête, comme l’avait fait l’armée de Cyrus, au bord oriental du golfe, à Myriandre. Les pluies d’automne menaçaient déjà d’entraver les opérations ; un orage épouvantable retint Alexandre dans son camp. Sans cette contrariété imprévue, la distance entre les deux armées se fut augmentée encore. Darius, en effet, débouchait par le pas Amanique, — le col de Beylan, — dans la vallée qu’achevait à peine d’évacuer Alexandre ; il est probable, si rien ne fût venu l’interrompre, qu’il eût continué sa marche vers l’ouest et qu’il eût fait promptement rentrer dans le devoir toute la Cilicie. Il s’était emparé d’Issus, y avait massacré les malades laissés par les Grecs, et, dès le lendemain, campait sur les rives du Pinare. Il n’y avait alors entre les deux adversaires que la largeur du golfe, — dix-huit milles marins tout au plus, —mais il y avait aussi les Pyles syriennes. Ces portes célèbres s’ouvraient sur un sentier taillé en corniche dans le flanc du mont Amanus. On chercherait vainement aujourd’hui les vestiges de ce chemin suspendu dans les airs ; la corniche s’est écroulée depuis cette époque, et il ne reste plus aux caravanes d’antre route que le col de Beylan, ce col qui livra passage aux troupes de Darius et qui fut si résolument enlevé en 1834 par Ibrahim.

L’arrivée inattendue de Darius dans le golfe d’Issus y avait répandu trop d’effroi pour qu’Alexandre n’en fût pas promptement informé. Il refuse d’abord d’ajouter foi à une pareille nouvelle. Que viendrait faire Darius dans la Cilicie quand sa flotte est dissoute, quand la citadelle d’Halicarnasse, que défendait, il y a quelques jours encore, le Perse Orontobate, s’est rendue à Ptolémée ? Darius n’a pu se séparer ainsi à la légère des ressources qui lui restent ; il n’a pu se mettre en campagne à cette époque avancée de l’année, après avoir laissé s’écouler sans faire un mouvement le printemps et l’été. Les messagers cependant se multiplient : Darius est là ; on a vu son armée descendre comme une avalanche dans la plaine ; ce n’est que par une fuite rapide que quelques cavaliers sont parvenus à échapper à ses coureurs. Alexandre ne se laisse pas encore convaincre ; il lui faut des témoignages plus certains. A la guerre, si l’on se fiait à toutes les émotions, on marcherait de méprise en méprise. Le roi de Macédoine fait appeler un certain nombre de ses fidèles notaires ; ce sont leurs yeux seulement qu’il en veut croire. Il leur confie une triacontore, navire non ponté et rapide, qui arme quinze avirons de chaque bord. Les hétaires se glissent le long du rivage, s’aidant de toutes les sinuosités pour dérober leur barque à la vue de l’ennemi. Plus de doute ! le camp des Perses occupe et couvre tout le fond du golfe. Alexandre a pris son parti sur-le-champ. Les défilés qu’il a franchis pour entrer en Syrie seront-ils an moins demeurés ouverts ? Une troupe choisie de cavaliers et d’archers va les reconnaître : le passage est libre ; d’un instant à l’autre, il peut se fermer. Alexandre décampe au milieu de la nuit ; dès qu’il a occupé les crêtes, il fait reposer son armée. Il ne lui reste plus qu’à déboucher dans la plaine, chose assez périlleuse encore, si l’ennemi prévenu l’attend au pied même des montagnes. Une armée grecque, dans l’ordre à rangs serrés, occupait un front de plus d’un kilomètre sur seize mètres environ de profondeur. Alexandre, tant que le passage reste étroit, laisse les corps s’écouler l’un après l’autre, sur un front de trente-deux files au plus ; aussitôt que la gorge s’évase, il développe peu à peu ses troupes, pousse insensiblement l’aile droite vers la montagne, l’aile gauche vers la mer. Il est telle formation qui s’enfonce dans l’armée ennemie comme un coin ; la phalange de Philippe agit à la façon de la hache. Le premier rang, composé des lochages, renferme les hommes les plus grands, les plus courageux, les plus robustes. C’est le tranchant du fer qui doit entamer l’obstacle : la multitude placée en arrière ne lui ajoute que la puissance du poids. Tel était l’avis de Xénophon, et tel fut aussi le conseil que me donna maintes fois au Mexique le général Prim : Si nous devons en venir aux mains avec l’armée de Zaragoza, me disait-il, mettez en avant les zouaves ! Ils entameront l’ennemi, le reste passera par la trouée. Je ne sais si le général Prim avait raison ; mais il est certain que, dans la tactique ancienne, toutes les évolutions se pliaient généralement à cette règle : maintenir en tête les lochages. Il en résultait souvent une grande lenteur et la nécessité de manœuvrer par une série de contremarches.

Darius n’avait assurément pas choisi la plaine d’Issus pour champ de bataille ; il y fut surpris. Les dispositions qu’il adopta eurent pour objet de parer autant que possible aux inconvénients de cette surprise. Pour le guider dans le grand conflit, il lui restait encore un excellent conseiller : le transfuge Amyntas, qui avait été, avant sa défection, un des meilleurs lieutenants d’Alexandre. Ce fut probablement aux avis de cet officier qu’il dut l’adoption des mesures que tous les historiens ont unanimement approuvées. Les hauteurs que les Macédoniens, pour engager l’action, seront obligés de laisser à leur droite, sont d’abord très fortement occupées ; le gros de l’armée avec les immortels est rangé derrière le lit du Pinare. C’est là que se tient Darius, monté sur son char de guerre. En avant du fleuve, il a laissé, pour couvrir son front de bataille, 30.000 chevaux et 20.000 hommes de trait. L’arène est étroite ; par compensation, elle offre aux Perses l’avantage de pouvoir en barrer facilement l’accès. De la mer aux montagnes, les Macédoniens chercheraient en vain une fissure, un point faible. Tout est compacte et d’une épaisseur à faire reculer des gens moins hardis. La cavalerie des Perses a déployé ses nombreux escadrons sur la plage. Alexandre lui oppose, avec les Thessaliens, la cavalerie de Parménion. S’il est un danger contre lequel doive se prémunir soigneusement le chef de l’armée macédonienne, c’est assurément le danger d’être débordé par les troupes postées sur les hauteurs et qui menacent d’une attaque soudaine son flanc droit. Il lui faut donc disposer une partie de son aile droite en potence et faire face aux montagnes en même temps que face au cours du fleuve. Mais les Perses se trouvent trop bien en sûreté sur les rampes qu’ils occupent pour témoigner la moindre intention d’en descendre. Leur attitude ne tarde pas à rassurer Alexandre ; trois cents cavaliers d’élite suffiront pour les contenir ; le reste des troupes reçoit l’ordre d’exécuter un prompt changement de front et de se déployer de façon à déborder par la droite l’aile gauche de Darius. La ligne de bataille a pris sa forme définitive. Au signal du roi, l’armée entière s’ébranle.

Le peuple grec a été, de tout temps, un peuple bavard ; les soldats grecs, en revanche, — tant est grande la force de la discipline, — sont silencieux. On dirait une armée sans voix. Marcher en silence et marcher sans se rompre est resté, depuis les jours d’Homère, la grande loi tactique des anciens. Alexandre s’avance lentement, de peur qu’une marche trop rapide ne jette du désordre dans la phalange. Les rangs sont si serrés que les piques soutiennent les piques, les casques joignent les casques, les boucliers appuient les boucliers. Darius en ce moment rappelle sur la rive droite du Pinare les troupes qu’il n’avait déployées que comme un rideau en avant du fleuve. Une clameur confuse s’élève dans la plaine ; la phalange macédonienne marche toujours. Elle arrive enfin à portée de trait. L’heure est passée de marcher d’un pas grave ; il faudra bientôt se précipiter sous cette volée de flèches qui ne va pas tarder à obscurcir l’air ; ce n’est qu’un tourbillon d’une centaine de mètres à franchir. L’empereur Napoléon refusait d’ajouter foi aux harangues que l’antiquité a mises dans la bouche de ses généraux. Au moment de l’action, trois mots, disait-il, suffisent : Déployez ces drapeaux ! Le geste complète la pensée. Déployez ces drapeaux ! ceci, je l’avouerai, me parait un peu court. Pour entraîner au sommet des Alpes les soldats de l’armée d’Italie, je ne trouve pas mauvais qu’on ait relu son Quinte-Curce. Allez, vaillants soldats, arracher à ces femmes l’or dont vous les voyez couvertes ; allez échanger vos rochers nus et vos terres glacées pour les riches campagnes des Perses ! Qu’on s’appelle Alexandre ou Napoléon, quel inconvénient peut-il y avoir à dicter à son chef d’état-major semblable ordre du jour ? Ce ne sont que des paroles, me direz-vous ; ces paroles font sur le soldat l’effet d’un breuvage enivrant. Il serait donc fâcheux de vouloir proscrire absolument les harangues ; tout ce qu’il est permis, suivant moi, de demander aux harangueurs, c’est qu’ils se souviennent de la façon dont les Tahitiens terminent généralement leurs discours : Tirara parao ! Assez causé ! Le soldat n’écoute que la voix des chefs qui mettent autant de vigueur dans l’acte que de chaleur dans la proclamation.

J’ai dit que les deux armées se trouvaient à portée de trait. Les Macédoniens, à leur tour, poussent leur cri de guerre. L’immense clameur fait trembler la montagne ; l’écho la répercute an loin de gorge en gorge. Alexandre, le premier, se précipite à toute bride vers le fleuve ; les escadrons s’élancent à sa suite et vont donner sur la gauche des Perses. Tout se débande et fuit. Le fleuve sur ce point était facilement guéable ; au centre, la phalange a rencontré des bords plus escarpés ; elle a même trouvé devant elle une longue et épaisse rangée de palissades. Semblable à la vague qui s’écrase et déferle en touchant le sable du rivage, la phalange, brusquement arrêtée, rompt ses rangs. Les mercenaires grecs à la solde de Darius la surprennent au milieu de son désordre. Ces soldats stipendiés étaient au nombre de trente mille, tous animés par la haine qu’ils portaient aux Macédoniens. Le choc en cet endroit fut terrible. Ptolémée, fils de Séleucus, et cent vingt Macédoniens de distinction y perdirent la vie. On combattait de près, corps à corps, non plus avec les piques devenues inutiles, mais avec les épées. L’aile droite, que conduisait en personne Alexandre, venait heureusement de refouler le corps qui lui était opposé ; au lieu de se laisser entraîner à une vaine poursuite, elle se rabat en masse sur le flanc des stipendiés. Cette troupe d’élite se voit en un clin d’œil enveloppée ; on ne lui accorde pas de merci. La droite des Perses se trouve alors complètement découverte. De ce côté aussi, les troupes de Darius avaient eu, pendant un certain temps, l’avantage ; leur grosse cavalerie toute bardée de fer fit fléchir, assure-t-on, les Thessaliens. Ce corps victorieux ne sait pas résister au spectacle de la déroute qui vient de se produire au centre ; sa retraite est le signal d’un épouvantable carnage. Le sort d’une bataille, a dit Napoléon, est le résultat d’un instant, d’une pensée. On s’approche avec des combinaisons diverses, on se mêle, on se bat un certain temps ; le moment décisif se présente, une étincelle morale prononce, et la plus petite réserve accomplit.

Alexandre ne cherche au milieu de la mêlée que Darius. Il le découvre enfin : Darius s’est dressé debout sur son char ; de sa haute stature, il domine, comme l’image de la patrie en détresse, la plaine ensanglantée. Un rempart vivant le couvre encore ; Oxathrès s’est jeté avec sa cavalerie devant le souverain, qui ne peut se résoudre à fuir. Pareil au léopard qu’on voit rôder, l’œil en feu et la langue pendante, autour du corral, Alexandre use en vain ses griffes sur les barreaux de la généreuse enceinte. Il y eut là une magnifique mêlée, une lutte suprême, dont peut s’honorer à bon droit la défaite. Des satrapes qui avaient jadis commandé des années combattirent en simples soldats. Atizyès, Rhéomithrès, Sabacès, gouverneur de l’Egypte, payèrent de leur vie le salut de ce roi que la fortune abandonnait sans réussir à détacher de lui ses courtisans ; ils donnèrent à Darius le temps de sauter à bas de son char et de gagner à cheval la montagne. La nuit vint dérober le monarque fugitif aux poursuites du vainqueur. Les débris de l’armée perse se retiraient éperdus ; on sabra ce qu’on put atteindre. Plus de 100.000 hommes périrent dans cette effroyable journée ; les ravins furent remplis de cadavres jusqu’au bord. Le centre avait été si brusquement enfoncé que les bagages n’eurent pas le temps de suivre la cavalerie dans sa fuite ; le camp fut envahi avant même que le combat eût cessé. On y trouva la famille de Darius : sa mère, Sisygambis, son épouse, Statira, ses deux filles, son fils, à peine âgé de six ans, et tout le cortège de femmes, de serviteurs, que comportait le déplacement incompréhensible de la cour. Nous avons tous appris quel traitement réservait à cette famille infortunée la générosité d’Alexandre. Peut-être valut-il mieux pour ces nobles victimes du sort jaloux des armes tomber entre les mains d’un pareil vainqueur que d’avoir à subir dans Babylone même le contrecoup d’une si grande catastrophe. Les Macédoniens pouvaient être avides de pillage ; il est difficile de croire qu’ils fussent sérieusement altérés de vengeance ; la victoire n’avait pas, pour cela, coûté assez cher. L’armée d’Alexandre ne perdit que 300 fantassins et 150 cavaliers.

Darius, tout en fuyant, avait fini par rassembler autour de lui 4.000 hommes ; il se hâla de gagner à Thapsaque le gué où passa Cyrus le Jeune, et mit ainsi l’Euphrate entre Alexandre et le faible détachement qui composait alors son armée. L’approche de l’hiver, mieux que le fleuve encore, protégea sa retraite. La bataille d’Issus avait eu lieu à la fin de novembre ; les pays que Darius pouvait traverser à la tète de sa petite troupe n’auraient pas nourri une armée. Avant de songer à s’enfoncer vers le cœur de l’empire, Alexandre avait des mesures plus urgentes à prendre. Quand il aurait organisé les provinces qui allaient se détacher l’une après l’autre de la monarchie comme un fruit mûr, quand il aurait reçu les renforts attendus de la Macédoine, renvoyé en Grèce les soldats à bout de forces ou à bout de zèle, fait tomber les places insoumises du littoral, recueilli partout des renseignements, de l’argent et des vivres, il devrait s’occuper de constituer ses convois. Cela fait, il lui serait loisible d’aller chercher Darius sur le champ de bataille, si ce malheureux roi conservait la pensée de tenter une seconde fois la fortune.