HISTOIRE DE LA GAULE

TOME II. — LA GAULE INDÉPENDANTE.

CHAPITRE IV. — LES DRUIDES[1].

 

 

I. — DU NOM ET DE L’ORIGINE DES DRUIDES.

Le clergé était un autre obstacle au développement normal de la vie publique. Tandis que quelques chefs de la noblesse détournaient à leur profit les forces naissantes des peuples, les prêtres usaient ces forces par leur propre puissance. Ils étaient constitués en sociétés concurrentes des sociétés politiques.

Les Gaulois[2] appelaient du nom de druidesdruidæ[3], druides[4], δρυίδαι[5], dryadæ[6] — les prêtres souverains de leurs nations[7]. Nous ignorons ce que le mot signifie[8] ; mais, quel qu’en soit le sens primitif, il n’éveillait pas dans leur esprit une autre idée que celle de prêtrise publique[9]. Les druides étaient pour eux ce qu’étaient pour le peuple romain pontifes, augures et autres sacerdotes de l’État. Si l’expression nous fait songer à je ne sais quelle sagesse supérieure[10] ou à une puissante théocratie, c’est que nous transformons volontiers le nom commun d’une espèce d’hommes en un nom propre de corps et de système, en une sorte d’entité morale ; et nous créons ainsi de toutes pièces, au-dessus des druides qui n’étaient que des prêtres, un Druidisme idéal que les Gaulois n’ont point soupçonné. L’étonnante popularité qu’on a faite à ce clergé[11] vient surtout du mot étrange et mystérieux dont on a pris l’habitude de le dénommer. Mettez prêtres au lieu de druides, vous direz la même chose[12], et une grande partie de ce prestige disparaîtra.

L’origine des druides est aussi inconnue que le sens de leur nom[13]. Mais cela ne veut point dire qu’ils soient antérieurs au nom celtique, ni que la prêtrise gauloise ait existé de temps immémorial, ni qu’elle ait été créée dans des âges très reculés, à l’imitation des mages asiatiques[14] ou d’autres sacerdoces de l’Orient[15]. Nous ignorons d’où elle vient, pour les mêmes motifs que nous ignorons d’où viennent les royautés et les dieux celtiques, et toutes les institutions des pays gaulois : parce qu’avant le second siècle, la Gaule et ses habitants nous sont presque entièrement inconnus. Rien n’empêche donc de supposer aux druides une origine très simple, point très ancienne, et uniquement gauloise. La prêtrise a fort bien pu se former naturellement chez les Celtes, naître spontanément dans le cours changeant de leur vie sociale et politique. — Et voici, sur le sujet de cette origine, ce qui me parait le plus vraisemblable.

Au temps de César, les Germains, comme les Grecs des temps homériques[16], n’avaient point de grands-prêtres, arbitres du droit religieux, surintendants souverains de l’office de la divinité[17] : ce genre de pouvoir et de service demeurait encore da droit et du devoir des rois. Cent ans plus tard, les rois ne sont plus seuls, en Germanie, à converser avec les dieux et à présider aux sacrifices : des prêtres les assistent ou les remplacent, et partagent avec eux la souveraineté morale des peuplades[18]. — Or, les Germains ne sont que les congénères des Celtes et des Belges, leurs frères plus tard venus à la civilisation, attardés et retardés au delà du Rhin en de plus vieux usages. Pourquoi les Gaulois n’auraient-ils pas, eux aussi, connu un temps où il n’y avait pas de druides ?

Ce temps, d’ailleurs, nous pouvons, sinon le connaître, du moins le soupçonner. Les textes qui parlent des Celtes et des Galates dans les siècles où ils dévastèrent ou conquirent le monde (400-207) ne font connaître chez eux que de bons rois ou de violents chefs de bandes, et jamais de prêtres pour conseiller les uns ou arrêter les autres. S’agit-il de consulter les dieux, de les voir en songe, de leur offrir des présents, d’interpréter leurs messages, ce sont les conducteurs des nations qui s’en chargent[19]. Brennos, l’ennemi de Delphes, qui est le type archaïque du Celte ou du Galate, n’a point d’augures ou de prêtres avec lui, et c’est sans doute pour cela qu’il fut regardé comme un abominable impie par les Grecs, chez qui pullulait cette sorte d’hommes[20]. Les rois gaulois de la période héroïque ressemblaient aux rois germains que connut César[21].

Les druides ne seraient-ils donc pas, au même titre que les rois, les magistrats et les princes des tribus et des cités, les héritiers des dynastes patriarcaux de la Gaule primitive, je veux dire des chefs associés qui, cinq siècles avant notre ère, donnèrent ce pays au nom celtique, et de ceux qui l’ont gouverné tout d’abord ? Rois, juges et prêtres à la fois, ces chefs, semblables à ceux de la plus vieille Germanie[22], commandaient leurs tribus à tous les titres, au nom de la loi, des dieux et de la force, pour la guerre, le conseil, la mort et le sacrifice : les hommes, au surplus, ne distinguaient pas ce qui est rite religieux et acte public. — Plus tard, sans doute après la fin des migrations et dans les premières années du repos (300-200 ?)[23], la séparation s’est faite entre les divers gestes et les diverses pensées de la vie, et la société a eu alors ses chefs politiques et ses prêtres, ceux qui commerçaient surtout avec les hommes, ceux qui communiaient surtout avec les dieux. Le commandement s’est dédoublé : rois ou magistrats ont été flanqués de druides[24].

Je ne dis pas que cela soit certain. Mais il suffit que cela soit possible pour qu’on n’ait pas le droit de voir dans l’institution druidique quelque chose d’exceptionnel dans le monde ancien. Si les Gaulois avaient une prêtrise distincte des puissances civiles, ce pouvait être de la même manière que les Romains, qui possédaient leurs pontifes, leurs augures, leurs flamines et leur roi des sacrifices, image hiératique de la royauté d’autrefois. Comme ce dernier, les druides n’étaient peut-être que des rois déchus, rejetés dans le service des dieux[25].

 

II. — CONDITION SOCIALE ET GENRE DE VIE.

Les druides, du reste, n’étaient pas à tout jamais séparés da monde laïque. Ils ne formaient pas une caste opposée à la caste noble[26]. Ces mots de caste et de laïque ne conviennent pas à l’époque gauloise : soyons sûrs que les Celtes n’auraient point compris les idées qu’ils représentent. Les druides étaient des nobles adonnés au culte, comme les chevaliers étaient des nobles adonnés aux armes[27]. Ils ne se recrutaient pas par l’hérédité, mais par la décision d’une volonté humaine[28]. Les membres du sacerdoce ne sortaient pas d’une société différente de celle qui fournissait les rois, les magistrats, les chefs de guerre. Chez les Eduens, les deux personnages les plus considérables au temps de Jules César étaient les deux frères Diviciac et Dumnorix : celui-là, l’aîné, était druide ; celui-ci fut magistrat, chef de guerre, le plus riche des nobles, et aspirant à la tyrannie[29].

Je ne crois pas cependant que le choix des druides fût laissé à l’arbitraire, et qu’il dépendît uniquement, comme celui des chefs civils, de la force, de la richesse ou de la gloire de quelques nobles ambitieux. La loi ou la coutume exigeaient, chez les candidats à la prêtrise, des garanties d’ordre plus élevé. Nul n’était choisi s’il n’avait été instruit par les druides eux-mêmes : ils avaient auprès d’eux des novices ou des coadjuteurs, qu’ils formaient aux fonctions sacerdotales. Ce noviciat commençait de très bonne heure, souvent à l’âge où ils étaient encore sous la puissance paternelle[30] ; il était fort long, et, pour quelques-uns, durait même vingt ans[31]. Un Gaulois n’arrivait pas à la prêtrise avant la pleine maturité, et sans l’expérience absolue des choses divines.

L’entrée dans cette carrière n’était point toujours libre. Beaucoup de jeunes gens l’acceptaient de leur plein gré ; mais d’autres étaient voués au sacerdoce par leurs parents ou leurs proches[32]. Les grandes maisons tenaient probablement à ce qu’un des leurs les représentât dans le clergé : c’était s’assurer pour l’avenir un moyen d’influence et un instrument de domination. Puisque, dans certaines cités, le sénat ne pouvait renfermer qu’un seul membre d’une même famille[33], la prêtrise s’ouvrait comme débouché aux ambitions nouvelles.

Et, en effet, même voué aux dieux et à leur service, le jeune noble n’est pas exclu pour cela des habitudes, des fréquentations et des jouissances de ses congénères. Le fils de gentilhomme qui devenait évêque ou abbé était ou devait se tenir à l’écart de la vie civile : il prenait un autre costume, et, ce qui importait davantage, une autre existence. Le druide demeurait dans le même état d’homme : il pouvait se marier, donner naissance à une nouvelle famille[34], posséder des biens et devenir riche[35].

Sans doute il vit, à de certains moments, d’une vie différente de celle de ses frères, parents et alliés, membres de la noblesse politique. Il n’est pas de leur corps, et n’aspire pas aux honneurs qui les attendent ; il occupe, dans la société, une place distincte de la leur[36]. Mais cette place n’est pas inférieure[37]. Des avantages particuliers compensent son exclusion des magistratures ou des fonctions régulières[38]. Les druides n’étaient pas inscrits sur les rôles des contributions directes au même titre que les citoyens ordinaires[39] ; on les exemptait de toutes les autres charges[40], ce qui leur permettait de s’enrichir plus vite, et ce qui faisait un des principaux attraits de la carrière sacerdotale[41]. Enfin, ils avaient la dispense du service militaire[42] : mais dans ces temps et chez ces peuples où la guerre était la joie de tous, une pareille immunité ne fut peut-être pas considérée comme une prérogative réelle.

Aussi bien, le cheval, les armes et le combat ne leur étaient pas rigoureusement interdits par les lois civiles et religieuses. Diviciac, le druide éduen, s’est battu et a commandé des cavaliers[43] : ainsi qu’ont fait tant de pontifes romains, qui, libérés eux aussi de la sortie en campagne, ont préféré une activité glorieuse à une pieuse oisiveté. Un prêtre gaulois pouvait être choisi comme ambassadeur, et vers des pays fort éloignés. De Bibracte, le même Diviciac a accompagné César contre les Helvètes, les Suèves et les Bellovaques, et il a été envoyé par les Éduens jusqu’à Rome pour plaider devant le sénat la cause de la nation[44] : il n’était donc pas éternellement retenu, tel que les rois et les flamines des sacrifices romains, auprès des autels de ses dieux. A Rome, il s’est présenté chez ces lointains étrangers ; il a logé chez Cicéron[45], il a reçu audience dans la curie, et a parlé devant les sénateurs, appuyé sur son long bouclier[46]. C’était en effet un beau parleur, intelligent, habile et brave, très versé dans les affaires de toute la Gaule : il fut un instant (avant 59) l’homme le plus influent de la nation éduenne, et c’est grâce à son appui que Dumnorix, son jeune frère, arriva à la fortune et à la puissance[47]. Ce druide paraît un prêtre d’étrange sorte, guerrier et politique dans le genre de César grand-pontife et de Cicéron augure.

 

III. — LES DRUIDES COMME SOCIÉTÉ FÉDÉRALE.

Mais voici ce qui, à première vue, distingue les druides des prêtres de l’Antiquité classique, et fait songer au sacerdoce fermé des sociétés modernes ou des vieux empires orientaux.

Chaque nation de la Gaule avait ses druides propres, et qui demeuraient citoyens de leur cité[48]. Mais ils étaient en même temps les membres d’un seul corps, ils constituaient un seul clergé, embrassant les prêtres de la Gaule entière[49]. Tous ceux qui portaient le nom de druides étaient réunis par les liens d’une fraternité éternelle[50]. Et cette vaste société religieuse possédait son lieu d’assemblée dans la cité des Carnutes, obéissait à un chef suprême, que nous pouvons appeler un grand-prêtre[51].

Ne concluons pourtant pas de ces faits que les druides formaient une corporation, analogue à celles qu’a produites l’Église chrétienne ou aux mystérieux monastères de l’Asie intérieure ; ne prononçons pas, à leur sujet, les mots de couvent et de collège, de vie cloîtrée et de société secrète[52]. Ces expressions seraient à leur place si les druides avaient vécu à part des autres hommes, dans des lieux clos et d’une existence cachée. Or, nous avons vu que leur manière d’être fut fort différente. Nulle part il ne nous est dit que les prêtres d’une cité fussent regardés comme hors du siècle ; et le fait qu’ils pouvaient se marier, s’enrichir et courir le monde, exclut l’hypothèse de la claustration. L’espace sacré du territoire carnute était un lieu de rendez-vous, et non pas de demeure permanente : les druides n’y venaient qu’au temps de leurs assises solennelles[53]. S’ils étaient attachés entre eux par un lien religieux, rien ne prouve que ce lien fût toujours serré : il avait la force et la valeur de celui qui unissait les évêques dans l’intervalle des conciles. Le clergé des druides était une fédération de dignitaires, et non pas une congrégation de moines.

Cette fédération comportait une hiérarchie ; les druides, pas plus que les nobles, n’étaient égaux en dignité. Ils étaient présidés par le grand-prêtre, qui jouissait d’une autorité fort grande parmi eux, et dont la souveraineté ne finissait qu’avec la vie. A sa mort, le plus élevé[54] des prêtres lui succédait ; s’il s’en trouvait plusieurs de même rang, on recourait à l’élection. Quand l’entente ne pouvait se faire, on s’en remettait au jugement par les armes : les candidats combattaient, et l’épée décidait alors de la grande-prêtrise gauloise[55], comme chez les Latins elle décidait de la royauté sacerdotale de Némi[56]. C’était une fonction singulièrement batailleuse que celle des druides ; elle conservait, si l’on peut dire, des mœurs royales : quand ils ne tiraient pas le glaive contre l’ennemi, ils s’en servaient contre leurs confrères.

Un lien fédéral, une hiérarchie couronnée par un monarque, des compétitions à main armée, voilà quelques-uns des traits distinctifs du sacerdoce gaulois : à ces points de vue, cette société de prêtres, embrassant toutes les nations de la Gaule, contraste absolument avec les pontifes et les flamines de Rome, enfermés dans leur cité.

Cette originalité dérive, je crois, de la façon dont se sont constitués le monde gaulois et son sacerdoce politique. A Rome, la cité est le point de départ de la vie publique, au moins dans l’histoire connue, et c’est à ce cadre que correspondent les groupes de prêtres. L’État celtique a été d’abord une ligue de tribus marchant et conquérant sous un seul nom, et, après des années de courses et de vie commune, se dispersant et s’oubliant peu à peu pour vivre chacune sur son domaine. Mais, quand la dislocation s’est faite dans la vie politique et matérielle, quand s’est relâche le lien national du nom celtique[57], une certaine unité a été maintenue par la religion, et les rois du sacerdoce ont continué à se revoir et à se retrouver, à demeurer unis sous la volonté d’un chef suprême, de même que les roitelets de la Gaule avaient été jadis groupés sous les ordres du maître qui les conduisait. L’entente pour le culte rappelait et perpétuait les conjurations militaires d’autrefois, et les assises sacrées du pays carnute étaient l’image périodique des antiques conseils de princes[58]. A toutes les époques, chez beaucoup de peuples, l’organisation sacerdotale a été la survivance d’une société politique disparue[59]. L’Église chrétienne du septième siècle était le décalque de l’Empire romain de Théodose ; la société des druides continuait la Celtique d’Ambigat. Ne voyons pas dans leur assemblée une institution en pleine croissance, mais la tradition d’une époque antérieure. Et si, par moments, elle a pu retrouver une force réelle, c’est que la Gaule sortait à peine des temps de la vie commune, qu’elle n’avait pas perdu le souvenir de cette vie, qu’elle ne désespéra jamais de la reprendre. De la même manière, l’amphictyonie de Delphes groupait autour d’un sanctuaire commun les prêtres des tribus grecques qui avaient jadis vécu et combattu ensemble[60].

 

IV. — L’ASSEMBLÉE CARNUTE.

Je rapproche à dessein les amphictyons de Delphes et les druides du pays carnute. Car l’assemblée celtique a eu, comme celle de la Phocide, un caractère politique, judiciaire et religieux.

Halle se tient chaque année, à une époque fixe[61] et dans un lieu consacré[62] : car toute réunion solennelle de chefs doit se aire à un moment agréé par les dieux et sur un sol qui leur appartient[63].

Ce sanctuaire avait été choisi chez les Carnutes, parce que la terre carnute fut considérée comme le centre de toute la Gaule[64] ; cette terre était assise sur la Loire, le fleuve du milieu, et à égale distance de sa source et de son embouchure[65] ; au coude d’Orléans convergeaient les routes venues des régions les plus lointaines, des caps de l’Armorique, de l’estuaire de la Gironde, des sommets cévenols, des forêts ardennaises. Le centre géographique de la contrée devint, chez ces hommes à l’imagination concrète et expressive, le foyer de la plus grande société celtique.

Autour de cet ombilic divin, le clergé druidique apparaissait comme l’incarnation vivante et sacrée de toutes les tribus.

Le premier et principal office des prêtres était le sacrifice public : au nom de la Gaule conjurée, ils immolaient les plus solennelles victimes en l’honneur de ses grands dieux communs[66], et, ces jours-là, les divinités souveraines retrouvaient sous leur loi leur peuple tout entier.

Aux cérémonies religieuses s’ajoutaient des actes politiques et judiciaires, ou du moins que nous sommes tentés d’appeler ainsi[67]. Les druides se constituaient en tribunal : ils jugeaient de crimes contre l’État et de crimes contre les individus. Des cités pouvaient leur soumettre leurs différends[68], ou des magistrats leur renvoyer les coupables de délits publics[69]. Les particuliers étaient admis à porter devant eux leurs procès, et, encore au temps de César, il affluait à ce tribunal des affaires venues de tous les pays de la Gaule. Il décidait surtout dans les cas de meurtre[70], mais aussi dans des questions d’héritage, et dans ces affaires de bornage qui ont été, chez tant de législations primitives[71], du ressort de la justice supérieure et criminelle. C’était lui qui fixait les sommes dont un meurtrier pouvait racheter son crime, la peine qui garantissait le paiement de la composition pécuniaire acceptée par la famille de la victime[72].

Une sanction redoutable maintenait l’autorité des druides. Ceux qui n’obéissaient pas à leurs jugements ou à leurs décrets étaient excommuniés[73]. On les tenait pour indignes de rapports avec les dieux et avec les hommes ; toute fonction leur était interdite, aucune loi ne les protégeait, aucune justice ne leur était due. Nul ne pouvait s’approcher d’eux, et ils ne pouvaient s’approcher d’aucun autel. Et, le tribunal druidique ayant prononcé au nom de toute la Gaule, ils étaient maudits chez tous les peuples. Si c’était une nation qui avait refusé de se soumettre, ses prêtres n’officiaient plus, les sacrifices prenaient fin chez elle, c’est-à-dire que ses dieux s’éloignaient de ses hommes et de son sol[74]. Rien, du reste, n’était plus conforme aux pensées et aux usages d’autrefois que ces puissantes malédictions. Le coupable qui a négligé d’effacer son crime par l’obéissance au juge est, non pas seulement un rebelle, nais un véritable criminel, et c’est alors qu’il ressent tous les effets de ses actes : il devient, du fait de sa faute inexpiée, un être impur et impie, voué aux dieux, séparé des hommes, qui corrompt la vie de sa tribu. La mission des prêtres-juges consistait à frapper les coupables des paroles magiques qui produisaient la condamnation suprême et la tare sacrée.

Mais la juridiction des druides n’était pas unique et nécessaire. En dehors, sinon au-dessous du tribunal fédéral, se tenait le tribunal public de chaque peuple. César nous a raconté quelques procès capitaux qui se sont déroulés en Gaule : ils ont toujours été jugés dans la cité même, et par ses chefs[75].

Comment se fait-il, alors, que les pouvoirs publics, rois, magistrats, sénat et noblesse, aient permis de se développer à une juridiction de cette sorte ? car celle-ci avait sur l’autorité politique la prérogative d’être à la fois capitale et universelle, de frapper les crimes les plus grands, de s’étendre sur toutes les cités de la Gaule, et de parler au nom des dieux, que les hommes craignaient plus que les lois. — Mais rois et vergobrets n’ont pas laissé naître ce tribunal, pour la bonne raison qu’il tuait, comme pouvoir et comme ressort, antérieur à eux, qu’il remontait au temps où les Celtes étaient jugés par le conseil suprême et sacré de leurs rois-patriarches, et que les druides gardaient en partie l’héritage de ce temps et de ce conseil.

Ces deux justices, également souveraines, se faisaient donc concurrence. Il est vraisemblable que les Gaulois, gens amis des règlements et prompts à légiférer, ont su délimiter leur action respective et fixer leurs rapports[76]. En matière civile et politique, les druides ne jugeaient, je suppose, que quand les parties s’entendaient pour recourir à eux[77]. Il devait en être de même en matière criminelle : si les intéressés, j’entends la victime ou sa famille, consentaient à traiter d’une composition, cette antique coutume des peuples à demi barbares, les prêtres intervenaient pour en fixer le montant, et pour donner à l’accord la redoutable sanction des lois religieuses ; quand il s’agissait au contraire d’un crime commis contre la sûreté ou la dignité d’une nation, ou quand le coupable était livré à la vindicte légale par ceux qu’il avait lésés, l’affaire venait alors devant les magistrats de la nation, protecteurs nécessaires de l’ordre public[78]. Les druides étaient un tribunal, non d’appel et de répression, mais d’arbitrage et de composition : juridiction surannée, ils appliquaient les procédures d’autrefois[79].

Enfin, les druides formaient, en quelque sorte, une cour d’exécution[80]. — Même après la création de juges spéciaux dans les cités, même après la séparation de l’autorité politique et du titre sacerdotal, l’intervention du prêtre semble toujours requise pour tuer ou mutiler les condamnés : toute exécution gardait un caractère religieux, elle demeurait une immolation et un sacrifice[81], et le maintien de cet usage immémorial contribuait à donner au tribunal druidique un motif d’influence et des garanties de survie.

Les assises carnutes étaient le temps des hécatombes de criminels[82]. Les druides n’assuraient pas seulement la malédiction de ceux qu’ils condamnaient : les magistrats remettaient aussi entre leurs mains, pour accomplir l’expiation, ceux dont la vie avait été proscrite par les chefs séculiers. Les prêtres avaient seuls qualité, semble-t-il, pour retrancher les hommes à la fois de la vie publique et de la vie physique. Et c’était, en ce temps, l’inverse du Moyen Age, où l’Église condamnait et où l’autorité civile exécutait. Alors, sous la direction des druides, les supplices commençaient. Voleurs, brigands, coupables de toute sorte, étaient publiquement immolés, auprès des autels consacrés, suivant le rite propre à chaque divinité ou la faute particulière du condamné[83]. Les dieux se réjouissaient fort de ce genre de sacrifices : ils préféraient les criminels à toutes les autres victimes humaines, suicidés ou prisonniers de guerre[84]. Car ceux-là étaient inutiles ou dangereux à leurs peuples, et les divinités pouvaient les prendre sans regret. Aussi, quand il y avait dans l’année abondance de criminels, que les druides avaient eu beaucoup de besogne, la Gaule était assurée de recevoir de ses dieux d’amples moissons[85] ; et l’on peut ajouter, évidemment, que ces récoltes avaient moins à redouter des chemineaux et des malfaiteurs.

 

V. — POUVOIR DES DRUIDES DANS LEUR CITÉ.

L’action des druides, à la différence de celle des amphictyons delphiques, n’était point limitée aux jours de grand conseil. De leur origine royale et de leur condition sacrée, ils tenaient de conserver en tout temps et en tout lieu l’état et le prestige de leur sacerdoce. Même dans leur cité, ils exerçaient ce rôle de prêtres-magistrats qui était le leur dans l’assemblée carnute.

Ils y avaient d’abord le sacerdoce souverain. Quand, pour cause d’absence ou de vacance, les magistrats ne pouvaient diriger les élections, la présidence en appartenait aux prêtres : ils étaient, comme on eût dit à Rome, les rois de l’interrègne[86]. De toute manière, ils devaient se trouver sur le lieu du vote, puisque les comices avaient lieu à un jour et à un endroit fixés par la religion[87]. S’ils ne jugeaient pas dans la cité même, ils s’y montraient, après le jugement, comme sacrificateurs.

Leur situation personnelle suffisait du reste à leur assurer le premier rang parmi les hommes de la nation : n’avaient-ils pas la richesse et la naissance ? Ils étaient aussi considérés que les nobles, et sans doute que les plus puissants d’entre eux[88]. Éducateurs de la jeunesse, ils pouvaient recruter en elle des clientèles morales, plus utiles et plus reconnaissantes que la plèbe des déclassés qui se tramaient à la suite des grands. Un druide savait pousser ses élèves aux plus hauts emplois, et je ne doute pas qu’il ne tirât profit de leur fortune : soutenu par Diviciac, qui le recommanda à César, l’Éduen Viridomar, né d’une humble origine, arrivera à un des commandements suprêmes de la Gaule[89]. C’est le même Diviciac qui fera, chez les Éduens, la fortune de son jeune frère Dumnorix[90].

Dans la vie privée comme dans la vie publique, le ministère des druides était indispensable. Nul ne pouvait sacrifier sans eux, du moins des victimes humaines[91] : ils tenaient donc à leur merci la santé et le salut des hommes, causes ordinaires des sacrifices[92]. Ils surveillaient l’observance des rites, fixaient les pratiques exigées par les dieux[93], et cela leur donnait un droit de contrôle sur les actes et les mœurs. Comme les pontifes de Moine, ils étaient les jurisconsultes attitrés et permanents des luis divines, les arbitres des formules religieuses, les dépositaires des forces surnaturelles[94]. Chez un peuple encore assujetti à ses dieux[95], le prêtre paraissait au moins aussi redoutable que le magistrat[96].

Ajoutons que le druide, plus que le magistrat, a des attaches en dehors de sa cité : au-dessus de son peuple, Arvernes ou Éduens, il connaît son église, qui embrasse la Gaule ; il n’est pets seulement l’homme d’une peuplade, mais celui du nom repique. Aussi conserve-t-il des relations bien au delà des frontières de sa patrie municipale, il peut devenir puissant chez tous les Gaulois[97], et peser, de son influence extérieure, sur les destinées de sa nation propre.

Tel fut par suite le respect dont on entoura ces hommes, qu’ils étaient choisis comme arbitres en cas de conflit international, et que deux cités rivales s’en remettaient à eux du soin de régler leurs litiges. On rapportait qu’ils surent parfois, avant une bataille, arrêter des combattants prêts à en venir aux mains : ils savaient sans doute de ces paroles magiques auxquelles personne ne peut résister[98]. Les rois mêmes, disait-on encore, n’osaient agir ou délibérer sans eux : et le chef de la cité, même en son brillant costume, ne paraissait que le premier serviteur des druides, porte-paroles des dieux[99]. Le druide Diviciac exercera chez les Éduens, avant l’arrivée de César, une véritable domination[100].

Aussi, plus d’une fois, la lutte s’est engagée, violente et meurtrière, entre les druides et les plus ambitieux des nobles. Un jour de conflit électoral, chez les Éduens, les prêtres sont d’un côté et les chefs civils de l’autre[101]. Contre la toute-puissance de Diviciac se leva celle de Dumnorix, patron d’une vaste clientèle, maître d’une armée domestique, ancien vergobret et aspirant à la royauté, et l’histoire du peuple éduen, aux abords de la conquête romaine, se résume dans la lutte de ces deux hommes, tour à tour souverains et proscrits[102].

Diviciac et Dumnorix étaient frères : et ce fut comme le symbole des puissances qu’ils représentaient, prêtrise et magistrature, sœurs rivales sorties du tronc commun de l’antique royauté.

 

VI. — LES DRUIDES, ÉDUCATEURS DE LA JEUNESSE.

Voici, enfin, ce qu’il y’a de vraiment original dans l’institution des druides[103], ce qui fait d’elle une prêtrise d’espèce unique dans le monde ancien de l’Occident, ce qui la rapproche à la fois des collèges sacerdotaux de l’Orient et du clergé de l’Église chrétienne.

Les druides étaient des éducateurs de la jeunesse, et ils n’instruisaient pas seulement ceux qui se destinaient à leur succession, mais encore tous les adolescents qui venaient à eux[104]. C’était auprès d’eux que l’aristocratie s’initiait aux mystères de la nature, des divinités et de la vie humaine, et qu’elle apprenait les raisons de ses devoirs, et surtout du principal, qui était de bien combattre et de savoir mourir[105]. Ils donnaient à leurs élèves des leçons de science et des leçons de morale.

Ce fut là, apparemment, ce que la société gauloise offrit de plus singulier. Les jeunes nobles étaient soumis à une discipline intellectuelle ; ils passaient par un temps d’étude ; et, dans leurs années de noviciat, ils étaient entre les mains des prêtres, vivant près d’eux, sans doute sous leur toit, comme une clientèle de partisans sous le toit d’un grand. Il ne s’agissait pas, bien entendu, de groupements scolaires et de cours réguliers. L’enseignement se transmettait peut-être d’homme à homme, en tout cas dans l’étroite intimité du maître et de l’élève[106]. On entourait une leçon de circonstances solennelles : elle était donnée loin des hommes et de leurs demeures, dans le silence et le voisinage de la divinité, au fond des cavernes et des bois[107] ; elle se présentait sous la forme d’une initiation émouvante à des vérités dont le prêtre était l’unique dépositaire et qu’il confiait secrètement à son disciple : l’usage de l’écriture était interdit, il fallait écouter, retenir, ne rien perdre des dogmes révélés[108]. Les choses apprises avaient ainsi le prestige de puissants mystères circulant depuis des siècles entre les plus dignes des chefs des hommes.

C’est qu’en effet les mystères druidiques étaient, comme les livres des pontifes romains, le privilège du patriciat gaulois. Les plus nobles seuls étaient admis à les connaître[109] ; les prêtres se refusaient à rien écrire sur la religion, afin que la doctrine ne s’égarât pas dans la plèbe[110]. Leurs leçons s’adaptaient à la vie même de l’aristocratie ; et les conclusions en étaient l’exhortation au courage, le mépris de la mort, la beauté de la bataille, c’est-à-dire l’apologie de l’ambition et de la gloire[111]. Loin d’opposer son œuvre à celle de la noblesse, les druides l’aidaient à maintenir sa domination. Ils lui assuraient la garde exclusive des vertus et des vérités.

En cela maintenant, la Gaule rappelle les ancêtres du monde classique, et les druides n’agissent pas autrement que les prêtres de la vieille Rome, défenseurs attitrés du privilège patricien : en face de la plèbe qui grandissait, les uns et les autres ont replié l’âme de la jeunesse noble vers la contemplation de ses droits souverains et dans le trouble de ses anciens mystères.

Le reste de la compétence morale des druides était l’attribut banal des chefs religieux ; si le Grec ou le Latin s’étonnait de leur activité intellectuelle[112], c’est qu’ils ne se souvenaient plus du rôle autrefois joué parleurs prêtres. Ils furent experts en la divination[113], mais il en était de même des magistrats romains de bon style, et les autres gaulois n’y étaient pas étrangers : Cicéron s’est entretenu de présages avec le druide Diviciac et le roi galate Déjotarus[114]. Ils furent théologiens[115], philosophes[116], jurisconsultes[117], astronomes[118], physiciens[119], moralistes[120] ; mais les pontifes de Rome l’ont été comme eux, et pour la même raison : chercher les règles religieuses qui expliquent la nature et qui s’imposent à l’homme. S’ils ont rédigé les annales de la nation gauloise[121], ils n’ont rien fait de plus que les prêtres de toutes les religions, et ce fut pour unir cette nation à ses dieux, dont ils étaient les mandataires[122].

 

VII. — PRÊTRES SUBALTERNES.

Le clergé doublait la société civile. De même que les nobles avaient leurs bandes de plébéiens, les druides commandaient à l’armée des prêtres subalternes[123].

Les principaux temples ou sanctuaires ressortissaient chacun à un prêtre particulier[124], administrateur du lieu, gardien du trésor, directeur des rites. Tandis que les druides étaient des magistrats-prêtres à compétence universelle, ces intendants sacrés étaient les serviteurs d’une divinité en un de ses domiciles terrestres.

A côté de ces ministres établis pullulaient et vaguaient les prophètes et les devins, prédisant l’avenir, chantant des vers mystérieux, interprètes des vols d’oiseaux, des astres et des entrailles des victimes, cueilleurs de simples et de plantes magiques, vendeurs d’amulettes, et en tout cela, sans doute, agents, espions, officieux ou serviteurs des druides, plèbe ambulante le long des grandes routes et stagnante autour des grands sanctuaires, milice bavarde et insinuante de la prêtrise souveraine. Des prêtres, c’étaient ceux-là surtout, je suppose, que le vulgaire voyait et entendait ; c’étaient ces vagabonds du clergé qui prenaient contact avec le peuple pour les affaires religieuses de chaque jour[125]. On les admirait dans leur costume lorsque, par exemple, vêtus d’une tunique blanche, couronnés de feuilles de chêne, armés d’une faucille dorée, ils s’en allaient couper sur un arbre la branche miraculeuse du gui[126]. Ils faisaient l’étonnement de l’étranger ; et, presque toujours, quand les Romains parleront des druides et de leurs pratiques, ils songeront à ces hommes, sorciers, charlatans et magiciens, manieurs en sous-ordre des choses divines.

La Gaule avait aussi ses voyantes et ses magiciennes, point différentes de celles de tous les peuples. Mais, tandis que sibylles et pythonisses vivaient seules, éternellement isolées et recluses chacune dans l’enclos sacré du dieu qui la possédait[127], les sorcières gauloises s’associaient en collèges, fraternités étranges groupées autour d’un antique sanctuaire et dépositaires d’inviolables traditions. Les unes, comme celles d’une île de la Loire, étaient des Bacchantes vouées à un culte de mort et de solitude : elles ne devaient point, dans le territoire sacré, voir et recevoir des mâles, mais elles pouvaient rejoindre sur le continent amants ou maris, et alterner ainsi leur passion entre l’homme et le dieu[128]. Les neuf prêtresses de l’île de Sein étaient consacrées au contraire à la dévotion des marins : c’étaient des vierges, auxquelles le mérite propre de la virginité et du chiffre neuf donnait un pouvoir magique[129]. Ces sanctuaires, ces rites, ces prêtrises, et bien d’autres choses, n’étaient sans doute celtiques ou gauloises que parce que les Celtes les avaient trouvées et laissées dans le pays, et qu’ils y croyaient à leur tour.

Une dernière catégorie de ministres de la religion étaient les poètes ou les bardes. Si beaucoup d’entre eux appartenaient à la clientèle de l’aristocratie militaire, d’autres réservaient leur travail ou leur talent aux prêtres et aux dieux[130]. Peut-être quelques-uns des poèmes, prophéties ou théogonies, qui étaient récités et transmis par les druides, étaient-ils l’œuvre anonyme de ces poètes de profession. Les bardes, comme les prophètes, étaient des officiers du service divin. Ils collaboraient ainsi à la suprématie de ces deux aristocraties qui se disputaient le pouvoir, celle des nobles et celle des prêtres.

 

VIII. — DESTINÉES POSSIBLES DE L’INSTITUTION DRUIDIQUE.

Tels étaient les groupes d’hommes ou les forces sociales dont la religion assurait l’existence : une fédération de prêtres, embrassant toute la Gaule, superposant une prééminence théorique au pouvoir effectif des mille chefs locaux ; et, dans chaque cité même, le prêtre prenant sa part de cette autorité publique, et gardant le privilège de l’autorité morale.

Cette organisation, cent ans avant notre ère, était le vestige d’un régime disparu, dont le clergé maintenait la survivance.

Il est probable, par suite, que l’influence politique du clergé allait en déclinant. Tous les crimes n’étaient point portés au tribunal carnute ; tous les justiciables n’obéissaient pas[131]. Le seul druide que nous connaissions, et qui fut peut-être le pontife souverain de l’Église celtique, l’Éduen Diviciac, a été malheureux et fugitif une partie de sa vie, et il n’a dû qu’à César de ne point finir misérablement[132]. Dans les guerres et les révolutions qui ont secoué la Gaule, c’est des druides qu’il sera le moins question. L’association des prêtres tendait, devant l’importance grandissante des cités et de leurs chefs, à ne plus être qu’un cadre d’alliance, une ombre de tribunal autour d’un vieux sanctuaire fédéral.

Mais ce que les druides ne perdaient pas, c’était leur clientèle d’âmes, la direction et la formation de la jeunesse. Magistrats discutés, juges intermittents, ils demeuraient les éducateurs de l’aristocratie.

Aussi, nul ne peut affirmer que l’institution druidique était en train ale disparaître. D’abord la prêtrise, dans tous les pays, a la vie très dure : elle se transforme, et ne meurt pas. Puis, ce rôle de précepteur renouvelait sans cesse la force du sacerdoce. Enfin, dans les assises carnutes, les druides maintenaient, au-dessus des tribus séparées et des cités jalouses, quelques glorieuses traditions nationales, les sacrifices devant des autels communs à toute la Gaule, le nom et le respect d’une solidarité morale et religieuse ; ils étaient les représentants d’idées générales et d’idées souveraines. Et de toutes ces choses, suivant les circonstances, il pouvait sortir une réaction favorable au pouvoir de cette assemblée et à l’influence publique des druides.

 

 

 



[1] Ramus, De moribus veterum Gallorum, 1562, p. 74 et s. ; Merula, p. 403 et s. ; Gosselin, p, 611 et s. ; Frey, Opuscula, 1646, p. 1 et s. (antiquissimæ Gallorum phil. ecloga) ; Balæus [du Boulay], Historia Universitatis Parisiensis, 1665, p. 1 et s. : Bucherius [Gilles Boucher], Belgium Romanum, 1655, p. 156-162 ; És. Pufendœrffer [de Putendorf] et Stolbergk, De druidibus diss., 1650 [thèse de Leipzig] ; Lescalopier, Theologica veterum Gallorum, 1660, à la suite de son édit. du De natura deorum de Cicéron, Paris, 1660, p. 713 et s. ; [dom Martin], La Religion des Gaulois, 2 v., 1727, I, pp. 172-232 ; Frickius, Commentatio de druidis, Ulm, 1744 (qui renferme la réimpression des dissertations de Lescalopier, Bucherius et Bulsus) ; Gibert, Mémoires pour servir à l’histoire des Gaules, 1744, p. 46 et s., p. 95 et s ; Duclos, Mémoire sur les druides, 1746 (Ac. des Inscr., Mém., XIX, 1753, p. 483 et s.) ; Fréret, Observations sur la religion des Gaulois, etc., 1747 (Ac. des Inscr., Mém., XXIV, 1756, p. 389 et suiv. : cf. Œuvres, XVIII, p. 177 et s., p. 280 et s.) ; Fénel, Plan systématique de la religion des anciens Gaulois, etc., 1747 (Ac. des Inscr., Mém., XXIV, 1756, p. 344 et suiv.) ; Pelloutier, V-VIII ; Brucker, Hist. crit. philosophia, 2e éd., I, 1767 (de phil. Celtarum) ; Ledwich, Archæologia, VII, 1783, p. 303 et s. ; Mone, Geschichte des Heidenthüms im nördlichen Europa, II, 1823, p. 386 et s. ; Barth, Ueber die Druiden der Kelten, Erlangen, 1826 (important) ; Richter, Druides, dans Ersch et Gruber, 1836 ; David de Saint-Georges, Histoire des druides, Arbois, 1845 ; de Courson, Histoire des peuples bretons, I, 1846, p. 46 et s. ; Künholtz, Recherches archéologiques sur les druides, etc., 1847, Montpellier (Soc. arch.) ; Jean Reynaud, Considérations sur l’esprit de la Gaule, 1847 (forme l’art. Druidisme dans l’Encyclopédie nouvelle) ; Maury, Druidisme, Encyclopédie moderne, XIII, 1848 ; Herrig, De druidibus, dans Jahresbericht Liber die Dorotheenstddätsche Realschule, 1853, Berlin ; Gatien-Arnoult, Histoire de la philosophie en France, 1858, p. 132 et s. : de La Rochemacé, Études sur le culte druidique, 1858, Rennes (superficiel) ; Diefenbach, Origines Europææ, 1861, p. 312 et s. ; Scherrer, Die Gallier, p. 38-58 ; Panchaud, Le Druidisme, Lausanne, 1865 ; Georgiewski, p. 89 et s. ; de Belloguet, Ethnogénie gauloise, III, 1868, p. 102 et suiv., p. 296-369 ; Fustel de Coulanges, p. 25-32 ; Froment, Le Monothéisme druidique, Montauban, 1893 (thèse) ; L. Paul dans Neue Jahrbücher für Philologie, CXLV, 1892, p. 769-797 ; Alex. Bertrand, La Religion des Gaulois, les Druides et le Druidisme, 1897 ; Dottin, La Religion des Celtes, 1904, p. 38-60 = Manuel, p. 263-295 ; Callegari, Il Druidismo, 1904, Padoue ; Ihm dans l’Encyclopédie Wissowa, V, 1905, c. 1730-9 ; d’Arbois de Jubainville, Introd. à l’ét. de la litt. celt., 1883 (Cours de litt. celt., I), p. 111 et s. ; le même, Les Druides, Paris, 1906 ; et tous les ouvrages auxquels il est renvoyé.

[2] Je ne pense pas que le mot druides soit un sobriquet venu de la Grèce et accepté par les Gaulois.

[3] Cicéron, De div., I, 41, 90 (var. Dryides, Druydes) ; Lucain, I, 451 (var. Driadæ, Dryadæ).

[4] César, VI, 13, 3 ; VI, 14, 1 ; VI, 18, 1 ; VI, 21, 1.

[5] Diogène Laërce, I, pr., 1 = Aristote, fr. 35, Rose. Diodore, V, 31, 3 (Posidonius ?) ; les mss. de Diodore ont ici σαρουίδας, dont on a voulu faire une expression indigène, saronide, en la rapprochant du grec σαρωνίς, vieux chêne (voyez les anciennes éditions de Diodore, Henri Estienne, 1559, p. 213, et celles qui en dérivent) : en réalité c’est une faute de copiste pour δρονίδας (ce qu’on avait vu du reste dès le XVIe s. : voyez l’admirable éd. de Wesseling, I, 1746, p. 354). Strabon, IV, 4, 4 et 5 (Posidonius ?).

[6] Ammien, XV, 9, 8 (ms. Dryaridæ) ; Drasidæ chez Ammien, XV, 9, 4 (d’après Timagène), me paraît une mauvaise transcription de cette forme ; voyez les variantes de Lucain (I, 451) et ses scholies (Usener, Comm., etc., 1869, p. 33) ; autres textes, Holder, I, c. 1321.30.

[7] Le σεμνοθέους du texte de Diogène Laërce (I, pr., 1) peut être un synonyme grec de druides, ou aussi une transcription à la grecque d’un titre religieux celtique (cf. Semnones, Tacite, Germanie, 39). C’est en tout cas l’équivalent du οί φιλοσοφήσαντεν de Clément d’Alexandrie (Stromata, I, 15, 71, 4), qui a la même source que Diogène Laërce.

[8] C’est ce qu’ont dit, en dernier lieu, Stokes et Bezzenberger, Wortschatz, 1894, p. 157. Thurneysen (Holder, I, c. 1321-2) propose comme étymologie les très sages, de dru-, préfixe de renfort (analogue à ver-) et de vid, savoir : ce qui est la plus séduisante des étymologies données par les Modernes. — Je ne peux cependant, en dépit de tout ce qu’on a dit contre elle, exclure l’origine donnée par des Anciens, δρΰς, chêne (Pline, XVI, 249 ; Usener, Comm., p. 33) : rien ne nous dit que les Gaulois ne désignassent pas le chêne par un radical assez voisin du mot δρΰς pour que les Grecs l’aient transcrit ou interprété en δρυίβαι : cf. δρυνέμετον, bois sacré de chênes ? chez les Galates (Strabon, XII, 5, 1) ; on admet du reste un radical dervâ, chêne, dans la langue celtique mère (Wortschatz, p. 147) ; on sait d’autre part le rôle du chêne dans le culte des Gaulois (Pline, XVI, 249) comme de tous les peuples. — Au surplus, en pareille matière, l’étymologie, sans être chose indifférente, est ce qui importé le moins ; cf., chez les Latins, les discussions sur l’origine des mots pontifes, flamen. Les titres sacerdotaux ne caractérisent souvent que très mal tes fonctions auxquelles ils sont attachés ; ils peuvent rappeler des détails importants à l’origine, mais depuis longtemps tombés en désuétude : qu’importent et que prouvent, pour la connaissance du clergé catholique actuel, les sens étymologiques des mots d’abbé, de curé ou d’évêque ?

[9] C’est pour cela que César, voulant dire que les Germains n’ont pas de prêtres, écrit : Neque druides habent (VI, 21, 1).

[10] Cet enthousiasme pour les druides remonte d’ailleurs à l’Antiquité même, et plus particulièrement, je crois, aux Grecs de la période alexandrine, fort portés à idéaliser les Barbares et à admirer la sagesse exotique (voyez, d’après un auteur grec du IIe ou du Ier siècle avant notre ère, Diogène Laërce, I, pr., 1 et 6 [5]). Plus tard, Posidonius sans doute, en tout cas Cicéron, César, Méla, Diodore, Strabon, Lucain (qui relèvent en partie de lui), sont plus réservés, et l’on voit que la conquête romaine fait alors son œuvre. En revanche, l’exaltation des druides apparaît chez Alexandre Polyhistor (Frag. hist. Gr., III, p. 239, fr. 138 ; peut-être d’après lui, Diogène Laërce, I, pr., 6 [5]) et chez Timagène (Ammien, XV, 9, 4), et peut-être sont-ils tous deux les vrais auteurs de la légende. Dès le IIe siècle de l’ère chrétienne et sans doute d’après les sources grecques, c’est un lieu commun que de vanter leur sagesse et leur puissance (Clément d’Alexandrie, Stromates, I, 15, 71, 4, p. 45, Stæhlin : Celse ap. Origène, Contra C., I, 16 ; Origène, Philosophumena, I, pr., 2 et 22 ; Dion Chrysostome, Orat., 49 ; Ammien, XV, 9, 8 ; Cyrille, Adv. Julianum, IV, p. 133, Migne, P. Gr., LXXVI, c. 705). La vogue des druides (dont on trouvera peut-être des traces au Moyen Age) reparaîtra dès le début de la Renaissance (Picardus Toutrerianus [Picard de Toutry], De prisca Celtopædia, 1556, p. 58 et s. ; Forcatulus, De veterum Gallorum imperio et philosophia, 1579, p. 40 et s. ; [Taillepied], Histoire de l’Estat et Republique des Druides, Eubages, Sarronides, Bardes, Vacies, anciens François, gouverneurs des pays de la Gaule, depuis le Déluge universel, jusques à la venue de Jésus-Christ en ce monde, 1585 ; etc.), ne s’arrêtera jamais, ni au XVIIe siècle (Roulliard, Parthénie ou Histoire de la Très Auguste et Très Dévote Église de Chartres, dédiée par les vieux Druides, en l’honneur de la Vierge qui enfanterait [cf. C. I. L., XIII, 327 *], 1609 ; François Meinard, Orationes... de visco Druidarum, Jurisprudentiæ symbolo, 1614, Augustoriti Pictonum [sic] ; G[uenebauld], Le Réveil de Chyndonax, prince des Vacies Druydes celtiques dijonois [cf. Inscr. Gr. Sic. et It., 370*], etc., Dijon, 1621), ni au XVIIIe siècle (Pezron, Antiquité de la nation et de la langue des Celtes, 1703 ; Beaudeau, Mémoire à consulter pour les anciens druides gaulois, 1777), mais reprendra vigueur aux approches du romantisme (La Tour d’Auvergne, Origines gauloises, 3e éd., 1801 ; paru sous le titre Nouvelles Recherches sur la langue... des Bretons, 1792 ; 1re éd. [en réalité 2e], an V ; Davies, Celtic Researches, 1804, a eu une grande influence ; Mémoires de l’Académie celtique [1re séance, 39 mars 1803], I, 1807, p. 13 [Lavallée], p. 23 [Cambry], etc. ; Marchangy, La Gaule Poétique, I, 1824, 4e éd. [1re, 1812 ; 2e, 1814 ; 3e, 1815] ; etc.). Elle a duré durant tout le XIXe siècle (cf. ce que dit S. Reinach des celtomanes dans Rev. celt., XIX, 1898, p. 111 et s., et, comme livres de celtomanie presque maladive : Bouché, de Cluny, Druides et Celtes ou Histoire de l’origine des sociétés et des sciences, 1848 ; Le Blanc, Étude sur le symbolisme druidique, 1849 ; Touflet, Épigraphie de la Gaule sceltane, Rouen, 1883, tissu de folies ; Monbarlet, Les Pierres et l’Histoire, le Druidisme et son œuvre, Paris, 1890, même remarque). Elle dure toujours.

[11] En 1744, Frickius, qui est d’ailleurs supérieur à ses devanciers, comptait 25 travaux qui lui étaient spécialement consacrés.

[12] Il est à remarquer que César ne parle de druides que dans son étude d’ensemble sur la Gaule (VI, 13 ; VI, 14 ; VI, 18, 1 ; VI, 21, 1) ; ailleurs, c’est-à-dire dans le récit, il dit sacerdotes seulement (VII, 33, 3) ; et la manière dont il emploie le mot druides à propos des Germains (VI, 21, 1), montre qu’il en fait le synonyme de prêtres ou plutôt de grands-prêtres.

[13] Quand César cite la Bretagne comme berceau présumé de leur discipline (VI, 13, 11), il n’entend par ce mot que leur doctrine : cf. ch. V, § 1. Or, la doctrine et le clergé d’une religion peuvent avoir des berceaux fort différents voyez le Christianisme.

[14] La comparaison avec les gymnosophistes, mages et chaldéens a été faite dés les temps alexandrins (Diog., I, pr., 1 et 6[5]) ; elle ne disparaîtra jamais, ni sous l’Empire romain (Dion Chrys., Or., 49, p. 538 = II, 249, Reiske), ni sous la Renaissance, ni de nos jours. Par là même, on fut de très bonne heure tenté de donner aux druides une origine asiatique.

[15] Barth (p. 149) croit, au moins en ce qui concerne la doctrine, à une influence thrace. Dès l’Antiquité (Alexandre Polyhistor ?), on avait supposé des leçons de Pythagore à Zamolxis le Thrace et l’arrivée en Gaule de ce dernier (Origène, Phil., I, 2 et 22). La thèse d’une origine crétoise (par l’Hercule de l’Ida) de la discipline druidique se trouve chez Gibert, p. 99 et s. ; elle est déjà en germe chez Pezron, p. 149 et s. Les Modernes ne font en tout cela que reprendre les vieilles hypothèses des Grecs, enclins comme nous à expliquer par des emprunts le› analogies d’institutions, de pensées et de noms.

[16] Stengel, Die griechischen Kultusalaltertümer, 1890 (I. von Müller, Handbuch), p. 24 et s.

[17] Neque druides habent qui rebus divinis præsint (VI, 21, 1).

[18] Tacite, Germanie, 10.

[19] Tite-Live, V, 34, 34 ; Justin, XLIII, 5, 8-7.

[20] Pausanias, X, 21, 1.

[21] Remarquez qu’il caractérise les Germains, au point de vue religieux (VI, 21, 1), comme on a caractérisé Brennos et les Gaulois de Delphes (n. précédente), comme des indifférents en matière de culte ; et cela, je crois, parce que les dieux et les sacrifices n’avaient pas chez eux leur service spécial.

[22] Et à tous les rois-patriarches des peuples primitifs ; Frazer, Le Rameau d’or, V. Toutain, I, 1903, l. I, ch. I. A Rome, Girard, Histoire de l’organisation judiciaire des Romains, I, 1901, p. 10 et suiv.

[23] Bien entendu, plus tôt ou plus tard, suivant les pays. Dans la Gaule propre, il est remarquable qu’aucune tradition concernant les voisins de Marseille, les guerres de Bituit, la marche d’Hannibal, ne signale de prêtres ou de druides. Le plus ancien texte qui puisse être rapporté (et ce n’est pas certain) aux druides de ce pays, n’est pas antérieur à 200 (Diogène Laërce, I, pr., 1 = Aristote, fr. 35, Rose) : il provient soit du Μαγικός, faussement attribué à Aristote, soit de Sotion le péripatéticien (Rodier, Rev. des Ét. anc., 1902, p. 231).

[24] Car il peut se faire que les rois, bien avant d’être remplacés par des magistrats, aient été d’abord associés à des prêtres.

[25] De même en Attique les φυλοβασιλεΐς, maintenus plus tard comme prêtres, Aristote, Cité des Athéniens, 8, 3 ; cf. Busolt, II, 2e éd., p. 104. De même, d’ailleurs, dans presque tout le monde grec ; Fustel de Coulanges, La Cité antique, l. IV, ch. 3, § 2.

[26] Les compilateurs du Moyen Age (Étienne de Byzance, au mot Δρυίδαι ; Usener, Comm., p. 33), qui y voyaient une gens, έθνος, déterminée, n’ont fait que mal interpréter le texte de Diogène Laërce (I, pr., 1).

[27] César, VI, 13, 1-3. Avec, pour les chevaliers, la réserve faite plus haut.

[28] Sua sponte, César, VI, 14, 2.

[29] César, I, 18, 3 et suiv. ; I, 20, 2 et s. Ce Diviciac est évidemment le druide que Cicéron a connu à Rome (De divin., I, 41, 90) ; cf. César, I, 31, 9 ; VI, 12, 3 ; Panegyrici veteres, 8, éd. Behrens, § 3, où Diviciac est appelé princeps Æduus. La Vie de Divitiac, par de Gravillon, Lyon, 1893, est en partie une œuvre d’imagination.

[30] Tout cela, d’après César, VI, 14, 2.

[31] Sans doute seulement pour les aspirants aux principaux degrés du sacerdoce ; VI, 14, 3 (nonnulli) ; Mela, III, 2, 19.

[32] VI, 14, 2 : sponte sua opposé à mittuntur.

[33] VII, 33, 3.

[34] C’est sans doute le cas de Diviciac, I, 31, 8 et 9 ; et si le texte d’Ausone scirpe druidarum satus (Professores, 5, 7 ; 11, 27) ne prouve pas que son personnage fut d’origine druidique, il prouve tout au moins que le druidisme n’était pas jugé inséparable du mariage. Pour le célibat des druides, de Belloguet, p. 321 ; contre, Barth, p. 32.

[35] César, VI, 14, 1 et 2, qui implique la richesse personnelle des druides ; de même, pour Diviciac, I, 20, 2.

[36] César, VI, 13, 1 et 3.

[37] Ibidem, I, 18, 8 ; 20, 2 et 3.

[38] Cette exclusion, tout en étant vraisemblable (cf. VII, 33, 4), n’est pas certaine.

[39] Una cum reliquis (VI, 14, 1).

[40] VI, 14, 1 (je maintiens dans le texte militiæ.... immunitatem).

[41] VI, 14, 2.

[42] VI, 14, 1.

[43] César, II, 5, 2 ; II, 10, 5.

[44] I, 16, 5 ; I, 19, 3 ; II, 5, 2 ; II, 10, 5 ; I, 31, 9 ; I, 41, 4 ; VI, 12, 5.

[45] Cicéron, De divinatione, I, 41, 90.

[46] Paneg. vet., 8, § 3 : Princeps Æduus ad senatum venit, rem docuit ; cumque idem obtato consessu minus sibi vindicasset quam dabatur, scuto innixus peroravit : tout ce récit parait provenir, en dernière analyse, d’un document authentique, contemporain de César, et peut-être conservé chez les Éduens. Diviciac ne devait pas, cependant, savoir le latin (César, I, 19, 3).

[47] César, I, 19, 3 ; I, 20, 2 ; I, 31, 8 et 9 ; VI, 12. 5. C’est sans doute à cause de ce caractère guerrier et politique, si souvent revêtu par les druides, que César néglige de nous dire que Diviciac était l’un d’entre eux, et que le panégyriste l’appelle princeps (n. précédente) ; et il n’est pas improbable que parmi les chefs dont César parle, d’autres aussi aient été des prêtres.

[48] Cela résulte de la vie de Diviciac, et de Cesse, VI, 13, 3 et 8. Sur le nombre des druides ordinaires, sur le mode de leur élection, sur la durée de leur fonction, il n’existe aucun texte. Je suppose qu’ils étaient nommés à vie (cf. VI, 13, 9), par voie de cooptation, et qu’il y en avait plusieurs par cité (cf. VII, 33, 4), sans doute au moins un par pagus ou tribu, peut-être en outre un druide supérieur pour chaque cité.

[49] Tout au moins de la Celtique.

[50] Cela résulte de : 1° César, VI, 13, 8-10, qui ne parle pas explicitement d’une société de prêtres, mais se sert des mots omnibus præst qui l’impliquent ; 2° Ammien, XV, 9, 8, qui traduit évidemment en style de son temps des expressions grecques de Timagène (έταιρείαι ?) : Sodaliciis adstricti consortiis. Consortium ou sodalicium au IVe siècle ne peuvent signifier autre chose que collège, association, groupement amical et juridique à la fois ; cf. Liebenam, Zur Geschichte und Organisation des rœmischen Vereinswesen, 1890, p. 188 ; Encyclopédie Wissowa, s. v. Consortium ; Dottin, p. 54.

[51] César, VI, 13, 8-10.

[52] Telle est notamment la célèbre théorie de Bertrand (p. 298), qui comparait les druides aux lamaseries du Thibet et aux monastères irlandais, ces derniers, sortis, disait-il, des communautés druidiques ; contra, Dottin, p. 52-58. Dans un sens semblable à celui de Bertrand, de Belloguet (p. 321) parlait de vivre conventuellement.

[53] César, VI, 13, 10 : Hi certo anni tempore... considunt.

[54] Je ne peux traduire dignitas, comme on l’a fait, par mérite personnel (César, Commentaires sur la guerre des Gaules, éd. Benoist et Dosson, revue par Lejay, 4e, 1899, p. 327-8).

[55] Tout cela n’est connu que par César, VI, 13, 8 et 9.

[56] Strabon, V, 3, 12.

[57] On verra, au ch. XIII, § I et IV, qu’il ne fut jamais complètement rompu.

[58] De même, chez les Galates de Phrygie, après l’installation fixe des tribus et des cités, le conseil ou sénat sacré du drunemeton, à caractère à la fois judiciaire et religieux, maintint l’unité entre elles, et superposa son influence au morcellement de leur vie (Strabon, XII, 5, 1).

[59] En Italie, par exemple, la ligue latine et l’assemblée étrusque (Mommsen, Staatsrecht, III, p. 666.

[60] Cf. Foucart, Dict. des Antiquités, I, p. 233 et suiv. ; Cauer ap. Wissows, I, c. 1932 et suiv. De même, autour du sanctuaire des Semnons en Germanie (Tacite, 39), omnes ejusdem sanguinis populi legationibus coeunt.

[61] Certo anni tempore, VI, 13, 10 : peut-être au printemps ou plutôt au solstice d’été, si c’est pendant le temps de l’assemblée qu’on cherchait les présages des récoltes ; Strabon, IV, 4, 4.

[62] In loco consecrato, VI, 13, 10. Il n’est pas dit que ce fût un bois sacré, mais c’est très vraisemblable ; cf. Pline, XVI, 249. Chez les Galates, le δρυνέμετον, le bois sacré de chênes ? ou le très grand sanctuaire ? (dru-, préfixe de renfort ; Thurneysen ap. Holder, I, c. 1331), est le lieu de réunion du conseil général de tout le peuple (Strabon, XII, 5, 1). De même chez les Suèves, Tacite, Germanie, 39. Sanctissimum templum chez les Boïens d’Italie, Tite-Live, XXIII, 24, 11.

[63] Cf. César, VII, 33, 3.

[64] Regio totius Galliæ media habetur, César, VI, 13, 10. Je crois cependant que l’assemblée carnute était purement celtique, probablement avec addition des Armoricains ; cf. VII, 4, 8 ; VIII, 31, 4.

[65] C’est, je crois, la situation commerciale de la Loire, et non pas une détermination du point géométrique, qui explique la désignation du pays carnute comme milieu de la Gaule. Il faut cependant reconnaître qu’Orléans est à égale distance du lac de Constance, de Narbonne, de l’embouchure du Rhin et du cap Saint-Mathieu : sur cette tendance des Gaulois à chercher le milieu géographique (mediolanum) d’un territoire et à y placer le chef-lieu, cf. ch. II, § VIII : ils devaient le déterminer par les étapes de marche et peut-être par les signaux des crieurs (cf. VII, 3, 2). — Pour ces motifs, je chercherai le lieu consacré plus près d’Orléans que de Chartres, Orléans ayant du reste joué un grand rôle dans l’histoire collective de la Gaule (VII, 3, 1 et 3), Chartres aucun. Il faut donc regarder surtout dans les vieux noms de la forêt d’Orléans, à son extrémité orientale près de la Loire, car sur ce point, vers Saint-Gondon, Dampierre, Névoy et Les Choux, se rencontraient saris doute (cf. Lorgnon, pl. 8) les territoires de quelques grands peuples, Carnutes, Sénons, Bituriges (peut-être Éduens, si on leur attribue le pays d’Auxerre) : sur la route des Choux à Dampierre, on voit encore la Croix des Trois-Évêques, qui rappelle la juridiction épiscopale d’Orléans, Sens et Auxerre (Domet, Histoire de la forêt d’Orléans, 1892, p. 11). — Toubin (p. 103 et s.) songeait, pour le champ amphictyonique de la Gaule, à Lieusaint, à la limite des Carnutes [il se trompe, les Carnutes ne venaient pas jusque-là], Sénons, Meldes et Parisiens. De même, de La Saussaye (Disc. sur le lieu, etc., Mém. lus à la Sorbonne en 1863, Arch., 1864, p. 95 et s.) songeait à un point frontière, entre Carnutes et Bituriges, et ce n’est pas impossible.

[66] Lucain, I, 444-6, qui désigne ici, je crois, les cérémonies de la terre carnute : comment, au surplus, admettre une réunion de prêtres dans un lieu consacré sans de solennels sacrifices ? Il en était ainsi chez les Sertirions (Tacite, Germanie, 39), où l’assemblée des legati de tous les peuples du sang suève est fort semblable à celle du sanctuaire carnute pour le nom celtique.

[67] Tout ce qui suit, d’après César, VI, 13, 5, 8 et 10. Dans un sens légèrement différent du nôtre, d’Arbois de Jubainville, Recherches, p. 111-8.

[68] Controversia publicæ... populos.

[69] Cela paraît résulter de si quid est admissum facinus, etc.

[70] Outre César, voyez sur ce point Strabon, IV, 4, 4.

[71] Cf. Denys d’Halicarnasse, II, 74, 3.

[72] Prœmia constituunt : pænas, qui vient ensuite, désigne la peine en cas de non-paiement.

[73] César, VI, 13, 6 ; en cas, par exemple, de non-paiement de la composition.

[74] VI, 13, 6 et 7.

[75] César, I, 4 ; V, 34, 2 ; V, 56. 3 ; VII, 4, 1 : il est vrai que dans tous ces cas il agit de crimes contre la sûreté de l’État. Mais voyez I, 16, 5.

[76] Il a fallu, sans doute aussi, régler les rapports de cette double justice publique avec la justice du patron sur son client (VI, 13, 3) : nous ne savons rien de celle-ci. Sur la justice familiale (VI, 19, 3).

[77] Cela semble résulter du mot conveniunt, VI, 13, 10. Cf. aussi l’expression έπετέτραπτο de Strabon, IV, 4, 4, laquelle ne parait pas comporter obligation.

[78] Tous les crimes jugés par eux et dont parle César sont des crimes commis contre la cité.

[79] La formation des cités a dû contribuer à affaiblir l’autorité judiciaire des druides ; et peut-être la cité a-t-elle été en partie créée pour conférer à un chef civil, commandant à plusieurs tribus, ces prérogatives capitales jusque-là réservées aux prêtres. Tout, dans l’histoire des institutions gauloises, s’enchaîne étroitement.

[80] Cela, évidemment, n’est pas attesté pour les jugements publics mentionnés par César : mais, outre que César a pu taire l’intervention du prêtre, il est possible qu’il y ait eu, entre le temps de Posidonius et celui de César, recul des influences sacerdotales.

[81] De même à Rome, Mommsen, Strafrecht, p. 902 et suiv.

[82] Cela n’est nulle part explicitement indiqué, mais résulte : 1° de ce qu’un pays de la Gaule (et ce ne peut être que le pays carnute) était regardé, semble-t-il, comme celui des sacrifices humains faits aux grands dieux (Lucain, I, 444-6) ; 2° de ce que tous les criminels servaient de victimes (César, VI, 16. 5 ; Diodore, V, 12, 6) ; 3° de ce que les druides avaient seuls qualité pour présider à des sacrifices (César, VI, 13, 4 : Strabon, IV, 4, 5 ; Diodore, V, 31, 4) ; 4° de ce que ces sacrifices ou ces exécutions paraissent avoir eu lieu à un moment déterminé de l’année, avant la fin des moissons (Strabon, IV, 4, 4) ou à l’expiration d’une période quinquennale (Diodore, V, 32, 6). Au surplus, il a pu y avoir aussi des exécutions dans la cité même (cf. alii, César, VI, 16, 4), mais toujours, je crois, avec l’intervention de druides.

[83] César, VI, 16, 5 ; Diodore, V, 32, 6.

[84] César, VI, 16, 5.

[85] Strabon (IV, 4, 4) dit abondance (φορά) non pas de criminels mais de procès capitaux : il me semble qu’il a oublié, en transcrivant Posidonius (?), le passage où celui-ci parlait des condamnations qui suivaient ces procès, passage qu’en revanche César a, je crois, copié, VI, 16, 5 (cf. l’expression ejus generis copia ou φορά τούτων de Strabon) ; Diodore l’a copié aussi (V, 32, 6).

[86] César, VII, 33, 4 : sacerdotes ne peut être que les druides.

[87] Probable d’après VII, 33, 3.

[88] César, VI, 13, 1, cf. 3 ; Diodore, V, 31, 4-5.

[89] César, VII, 39, 1 ; 76, 3.

[90] I, 20, 2.

[91] VI, 13, 4 ; Strabon, IV, 4, 5 ; Diodore, V, 31, 4.

[92] César, VI, 16, 2.

[93] VI, 13, 4.

[94] VI, 13, 4.

[95] VI, 16, 1.

[96] Cf. César, VI, 13, 1 ; Strabon, IV, 4, 4 ; Diodore, V, 31, 2, 4-5.

[97] Diviciac : César, I, 20, 2.

[98] César, VI, 13, 5 et 6 ; 5lrahon, IV, 4, 4 ; Diodore, V, 31, 3 : il semble que les druides, dans les cas d’intervention sur le champ de bataille, se fissent précéder de leurs bardes.

[99] Dion Chrysostome, Orationes, 49, p. 538 = II, p. 249, Reiske.

[100] César, I, 20, 2.

[101] En 58, VII, 33, 3 et 4.

[102] I, 20, 2 et 3 ; I, 18, 3-6.

[103] Au moins dans l’état actuel de nos connaissances. Car, sur ce point encore, il n’est peut-être pas impossible de trouver l’équivalent de l’enseignement druidique chez les anciens peuples de l’Occident, et de diminuer la distance entre la civilisation celtique et la civilisation classique : Cicéron, De divin., I, 41, 92 (fils des grands de l’Étrurie confiés aux devins étrusques ; cf. Marquardt, III, p. 411).

[104] César, VI, 11, 2 et 3, désigne les novices ; VI, 14, 6, il désigne toute la jeunesse.

[105] César, VI, 14, 3 ; Lucain, I, 451-62 ; Mela, III, 2, 18-19, tous trois sans nul doute d’après la même source (Posidonius ?). Strabon, qui a Posidonius sous les yeux, ne parle pas de cet enseignement ; Diodore, qui l’utilise également, pas davantage. si bien que je nie demande s’il eut partout et toujours la même importance. En ce qui concerne César, je suis convaincu qu’une trias grande partie de ses assertions du livre VI sont empruntées à un écrivain grec (cf. Müller et Dübner, éd. de Strabon, Didot, II, p. 964), mais en partie complétées et rectifiées.

[106] Clam, Mela, III, 2, 19.

[107] Mela, III. 2. 19 ; c’est à cet enseignement que font allusion : Lucain, I, 432-4 ; Pline, XVI, 249 ; scholies d’Usener, p. 33.

[108] César, VI, 14, 4 : cf. le solis de Lucain, I, 453.

[109] Mela, III, 2, 19. Si Viridomar, client de Diviciac et sans doute un plébéien, a été son élève (César, VII, 39, 1), c’est peut-être une exception.

[110] César, VI, 14, 4 ; Mela, III, 2, 19 ; in vulgus chez tous deux.

[111] César, VI, 14, 5 ; Mela, III, 2, 19 ; Lucain, I, 453-62.

[112] Il est probable que le premier auteur grec qui a parlé des druides les caractérisés par ce mot de philosophes, répété depuis à satiété par les Anciens : Diogène Laërce, I, pr., 1 et 6 (3) : Diodore, V. 31, 2 et 4. D’où έθνος φιλόσοφον pour les désigner (Ét. de Byz., s. v.).

[113] Diodore, V. 31, 3 ; Méla, III, 2, 19 ; Cicéron, De div., I, 41, 90 ; Dion Chrysostôme, Or., 49 ; Origène, Philosophumena, I, 22.

[114] Cicéron, De div., I, 41, 90 : I, 13, 26 et 27 ; II, 8, 20 ; 36, 76 ; 37, 78 et 79.

[115] César, VI, 13, 4 ; Diodore, V, 31, 4.

[116] Diogène Laërce, I, pr., 1 et 6 [3] ; Diodore, V, 31, 2 et 4 ; Strabon, IV, 4, 4 ; Clément d’Alexandrie, Stromates, I, 15, 41, 4 ; Origène, Philos., I, 2 et 22.

[117] Cela résulte de leur rôle judiciaire : César, VI, 13, 5 ; Strabon, IV, 14, 4.

[118] César, VI, 14, 6 ; Mela, III, 2, 19.

[119] César, VI, 14, 6 ; Strabon, IV, 4, 4 : Mela, III, 2, 19.

[120] César, VI, 14, 3 ; Mela, III, 2, 18 ; Strabon, IV, 1, 4 ; Diogène Laërce, I, pr. 6 (3).

[121] Ammien, XV, 9, 4 ; César, VI, 18, 1.

[122] Diodore, V, 31, 4.

[123] Je crois que bien souvent on a appliqué, par une dégradation de sens, le nom du druides à ces prêtres : cela, peut-être dès l’époque gauloise, en tout cas dans les temps romains, lorsque les druides proprement dits disparurent ou se transformèrent. — En gallois et en breton le nom des druides n’apparaît qu’à une date récente, et c’est une imagination de soi-disant savants (d’Arbois, Les Druides, p. 81) en irlandais, le mot est, croit-on, ancien, mais désigne une catégorie de prêtres inférieurs, sorciers ou devins (Windisch, Die altirische Heldensage, p. XLIV). Voir, sur les druides britanniques, outre les livres cités plus haut, Bonwick, Irish Druids, Londres, 1891.

[124] Lucain, III, 424 (bois sacré) ; antistites templi chez les Boïens italiens, différents des sacerdoces (gentis), Tite-Live, XXIII, 24, 12 ; c’est sans doute le gutuater, dont le nom s’est conservé à l’époque romaine : C. I. G., XIII, 1577, 2583 ; Rev. des Ét. anc., 1900, p. 410 ; Beleni ædituus, Ausone, Prof., II, 24 ; 5, 9. Il ne serait pas impossible que, sous le nom de Gutuatrus, Gutruatrus, Cotuatus (César, VII, 3, 1 ; VIII. 38, 4), se dissimulât le gutuater ou l’antistes du locus consecratus de l’assemblée druidique (VI, 13, 10) : ce qui explique qu’il ait donné le signal de l’insurrection (conjecture de Desjardins, II, p. 511).

[125] Ni César ni Mêla ne parlent de ces prêtres. Mais Strabon les associe (IV, 4, 4), avec les bardes, à la classe et à l’influence des druides : il les appelle ούάτεις, ίεροποιοί καί φυσιολόγοι, leur attribuant par là les mêmes fonctions qu’aux druides. De même, Timagène (Ammien, XV, 9, 8) en fait surtout des devins et des physiciens et les unit aux druides sous le nom de euhages (var. eubages). Ce nom de euhages est-il une corruption du mot latin vates, venu par le grec ούάτεις ? ou plutôt, le ούάτεις de Strabon ne serait-il pas une corruption d’un nom indigène euhages ou quelque chose d’approchant ? le fait que les sources de ces notions sont grecques invite plutôt à la seconde hypothèse. Il est cependant possible (Dottin, p. 267) qu’Ammien ait transcrit le mot grec εύαγεΐς, vénérables, et que Timagène ait entendu par ce mot la même catégorie de prêtres que les σιμνόθιοι d’autres textes. Diodore (V, 31, 3) dit μάντεσιν. C’est à cette classe que je rapporte les druides de l’Empire : Pline, XVI, 249 ; XXIV, 103 ; XXIX, 52 et 53 ; Tacite, Histoires, IV, 54.

[126] Pline, XVI, 251.

[127] Virgile, Énéide, VI, 10-11.

[128] Posidonius ap. Strabon. IV, 4, 6 ; Denys le Périégète, 570-4.

[129] Mela, III, 6, 48 : Gallizenas vocant, qu’il faut peut-être lire Galli Senas, le nom de la confrérie étant le même que celui de l’île (cf. les Senani d’un des autels de Paris, qui paraissent aussi une corporation, sinon religieuse, du moins en fonction religieuse, cf. C. I. L., XIII, 3026). Cf., dans un autre sens, Reinach, Cultes, I, 195-203.

[130] C’est pour cela que Strabon (IV, 4, 4) et Ammien (XV, 0, 8) les associent aux druides et aux devins ; de même Lucain, I, 447-9. Il ne serait pas impossible que les bardes jouassent, sous la direction des druides, le rôle d’écolâtres, et fussent préposés par eux à l’enseignement élémentaire de la jeunesse ; cf. Prudence, Apoth., 296-299 : Scriptoris, quem non bardus pater... nec garrula nutrix... rem docuere Dei.

[131] César, VI, 13, 5-7.

[132] I, 20,2 ; 31, 8-9.