HISTOIRE DE LA GAULE

TOME I. — LES INVASIONS GAULOISES ET LA COLONISATION GRECQUE.

CHAPITRE IX. — LA CIVILISATION GAULOISE HORS DE LA GAULE[1].

 

 

I. - LA PEUR DES GAULOIS.

En attendant de se venger, le monde prit peur[2]. Les Celtes se montraient partout à la fois. Des marchands de l’extrême Occident les avaient vus sur les rivages des plus lointaines mers du nord[3], et on retrouvait leur nom dans l’arrière-pays de Marseille[4] et sur les bords de l’Adriatique[5]. La prise de Rome par ces Hyperboréens fut connue de la Grèce entière[6]. De Syracuse à Corinthe, Denys l’Ancien montra ses Gaulois mercenaires. Des Celtes avaient provoqué Jupiter dans son Capitole et Apollon à l’ombilic de Delphes[7]. D’autres avaient interpellé Alexandre au début de ses campagnes. Ils s’étaient rapprochés de Cadix, ils avaient menacé Éphèse et Byzance, et les plus hardis avaient rêvé de conquérir l’Égypte[8]. Ces cités méditerranéennes, dont quelques esprits d’élite espéraient déjà le groupement en une domination commune[9], les Celtes les environnaient de toutes parts, comme une couronne de barbarie.

Tous ces envahisseurs, quelle que fût la distance qui les séparât, portaient le même nom. Les bandes surgissaient aux points extrêmes de l’horizon, et elles se disaient, toutes, celtiques ou galates. Il semblait qu’elles eussent pris naissance dans une même terre mystérieuse, inépuisable réservoir de conquérants et de bandits. Les hommes du Sud se figuraient cette terre très loin dans le Couchant du Nord, bordée par une mer implacable que n’affrontaient jamais les vaisseaux[10] : quand le Grec, marin de naissance, vit des Celtes qui ne connaissaient que la terre, qui s’énervaient comme des enfants sur les tillacs des navires, il s’imagina que la mer était leur mortelle ennemie, et que ces hommes étaient sortis, tels que les géants d’autrefois, des entrailles mêmes du sol.

Les Celtes devinrent pour l’Hellade les derniers-nés des Titans[11], mais des Titans qu’on voyait et dont on sentait les coups. Ils recommençaient les combats des temps légendaires dont parlaient les plus vieux poètes. On les disait venus pour déclarer la guerre aux Dieux Immortels, qui, depuis les victoires de Jupiter et d’Apollon, jouissaient paisiblement de leurs sanctuaires[12]. La bataille de Delphes fut présentée par les conteurs comme un duel entre Phébus et Brennos[13]. Lors de l’escalade du Capitole, ce ne furent que les oies sacrées de Junon qui sauvèrent le temple[14]. Le Gaulois regardait les dieux du Midi, dans les enveloppes de marbre, d’or ou d’ivoire où la statuaire enfermait leurs esprits, comme des ennemis personnels, ridicules et outrecuidants : avant de les détruire, il commençait par les accabler de railleries et d’injures[15]. C’était un chef de géants révoltés et de démons déchus, qui cherchait à venger les fils de la Terre de leur antique défaite par les Immortels d’en haut.

Les hommes souffrirent plus encore que les dieux. On racontait sur les Celtes de terribles choses : leur épée et leur luxure devinrent des thèmes chers aux faiseurs de petits poèmes. A Milet, trois jeunes filles s’étaient tuées pour ne pas tomber entre leurs mains, et elles avaient laissé, de ce chaste suicide, une plainte émouvante[16]. A Éphèse, une Grecque leur avait livré la citadelle en échange de parures, et, comme la Tarpeia du Capitole, elle avait péri ensuite sous le poids de l’or de la trahison[17]. Une riche floraison de crimes et de martyres[18] naquit dans l’imagination populaire, comme celle qu’inspirèrent aux Chrétiens les invasions germaniques et les persécutions impériales[19]. L’Esprit du Mal semblait devenir le maître du monde[20] : les Gaulois violaient les tombes[21] ; n’enterraient pas leurs morts[22], ne consultaient pas les devins[23], enlevaient, outrageaient, massacraient à plaisir les femmes et les enfants[24] ; ils avaient de faux poids[25], ils ne connaissaient que la raison du plus fort[26] et le tranchant de leur épée[27]. Un de leurs rois, au temps de la guerre contre Rome, avait fait la théorie de la violence primant le droit[28], et il avait brutalement rappelé aux Latins vaincus que la défaite mettait les hommes en dehors de toute loi, et qu’elle était la sanction inévitable d’un anathème souverain[29].

A ces hommes du crime, les dieux grecs et romains opposèrent des miracles pour protéger leurs cités et se sauver eux-mêmes. L’arrivée des Gaulois provoqua une merveilleuse épopée d’apparitions divines. Dans une ville de Phrygie, Hercule, Hermès et Apollon révélèrent aux magistrats la caverne où les citoyens pouvaient trouver un refuge contre l’invasion[30]. A Rome, une voix divine, sortie des profondeurs du bois de Vesta, conseilla de réparer les portes et les murailles, et menaça de la prise de la cité[31]. Enfin, à Delphes, les combattants virent soudainement Apollon descendre dans son temple, accompagné d’Artémis et d’Athéné vêtues de blanc, et d’un cortège de héros ; ils entendirent le frémissement des armes divines, ils furent éblouis par la lumière des éclairs[32]. Et un saint enthousiasme agita la Grèce entière, à la nouvelle que le dieu était venu prendre rang parmi ses peuples[33].

Les poètes et les rois entretenaient soigneusement ces légendes, ceux-là par métier, ceux-ci par intérêt. A rendre les Gaulois si redoutables, on accroissait d’autant le mérite d’une victoire. Le moindre succès sur les Celtes devint, chez les Grecs, l’occasion de louanges sans fin et sans mesure ; il donnait un prestige prodigieux : les statues, les dédicaces, les hymnes se multipliaient yen l’honneur des vainqueurs[34]. A côté des légendes de l’effroi, on vit se développer la littérature des actions de grâces. Les combats contre les Galates complétèrent, dans la Grèce des Épigones, les luttes athlétiques : ceux qui en sortaient victorieux leur durent la royauté ou la gloire, Sosthène le Macédonien[35], Antigone Gonatas[36], Antiochus Soter[37], Attale[38] et Pyrrhus[39]. Savamment exploitée, la défaite des Gaulois fut une des raisons de la rapide fortune du royaume de Pergame[40] et de l’empire de Rome[41].

En réalité, les Celtes de ces invasions ne furent ni les atroces brigands ni les stupides profanateurs que les Grecs se plurent à dépeindre. Ils méritaient moins d’injures et moins de craintes. C’étaient des Barbares assez semblables à bien d’autres ; les peuples cultivés eux-mêmes pouvaient reconnaître chez eux la plupart des usages que leurs propres ancêtres avaient pratiqués. La force des Gaulois était toute apparente ; la peur qu’ils inspiraient, fort irraisonnée. Les hommes qui réfléchissaient pensaient comme Polybe[42] : il n’y avait pas à laisser s’émouvoir son âme par cette multitude de corps humains, et cela ne valait pas la peine, pour le monde civilisé, de renoncer à une seule de ses espérances.

 

II. - ASPECT ET TEMPÉRAMENT PHYSIQUE[43].

C’étaient sans doute des corps admirables que ceux des Gaulois, et les sculpteurs de Pergame trouvèrent, en les étudiant, un genre de beauté qu’avaient ignoré les contemporains de Phidias et de Praxitèle[44]. Pour la première fois, l’art grec put s’inspirer de modèles barbares pour réaliser un idéal de la nudité virile[45]. Jusqu’alors, la Barbarie lui fournissait surtout des Asiatiques, à la figure terne, aux regards fuyants, aux gestes mous, aux lignes du corps dissimulées sous l’ampleur féminine des vêtements[46]. Elle lui présentait maintenant, dans ces Occidentaux, des types tout différents. Ils avaient des statures superbes, hautes et carrées, des corps droits et bien découpés, des muscles lourds et puissants, avec cette tendre blancheur que donnent des chairs plus pleines. Il régnait chez le Gaulois une sorte de grâce calme et alanguie qui tempérait l’aspect farouche de sa grande taille et de sa forte carrure[47]. Et les statuaires de l’Asie grecque ont bien su rendre ce mélange de vigueur et de mollesse que faisaient pressentir les contours de son buste et de ses membres.

Les ornements naturels de ce corps accentuaient ce contraste. Une chevelure blonde, longue et touffue, encadrait la figure[48] ; une forte moustache, de même nuance, et aux extrémités légèrement pendantes, coupait souvent la monotonie du visage[49] ; parfois, une épaisse barbe couvrait le menton[50]. Cette abondance et ce désordre de cheveux et de poils donnait aux Gaulois l’air d’hommes terribles, de Faunes armés[51]. Mais des yeux bleus, très ouverts et très clairs, corrigeaient cette première impression par celle d’une douceur pénétrante[52]. La physionomie du Celte avait quelque chose de tendre et d’humain, que le type purement grec de la statuaire antique offrit trop rarement.

Sur le champ de bataille, bien des guerriers gaulois se présentaient à cheval, ce qui faisait paraître leurs corps plus grands, plus droits, plus superbes encore. L’homme et l’animal formaient alors un ensemble magnifique dans la parade, une masse redoutable dans le choc d’un combat.

Au reste, les Gaulois avaient l’orgueil de leurs formes et de leur chair ; et à cet égard, passé le premier frisson de terreur, les Grecs purent reconnaître en eux des frères de sentiment. De sévères précautions, dit-on, étaient prises contre l’obésité qui enlaidit et défigure[53]. On voyait souvent les plus grands et les plus beaux d’entre eux s’avancer au premier rang des combattants, étaler leur torse et leurs membres entièrement nus, comme possédés d’un dieu, et comme si leur corps, tel que celui d’Achille, était invulnérable : si cette aveugle confiance dans la nudité militaire disparut d’assez bonne heure chez les Celtes italiens[54], au contact des épées et des javelots de l’Étrurie et de Rome, elle fut toujours conservée par leurs frères des régions barbares et lointaines, et quand ceux-là descendirent à leur tour les Alpes et le Danube, Latins et Grecs admirèrent de nouveau chez leurs adversaires la sainte folie de la chair[55].

Ce type classique du Gaulois, consacré par les sculpteurs, les poètes et les chroniqueurs, n’était sans doute pas celui de toutes les myriades d’hommes qui suivirent Brennos et ses émules. Beaucoup d’écuyers et de fantassins ne devaient point avoir les cheveux blonds et une grande taille : les masses de vaincus, de marchands, d’aventuriers[56], que les Celtes traînaient après eux, ne leur ressemblaient pas. On a parlé, écrivait Pausanias, de la grandeur étonnante de certains Gaulois : j’ai vu les cadavres, et je n’ai rien remarqué d’exceptionnel[57]. Il y avait, dans la littérature historique des Anciens aussi bien que dans leur poésie et leur art, des formules de convention, des généralisations commodes, dont nous sommes très souvent les dupes[58].

La supériorité physique constituait l’apanage des guerriers de profession ou de la classe dominante[59] ; je me demande si les longues chevelures n’étaient pas la conséquence ordinaire des vœux faits lors de la prise d’armes, et si leur teinte dorée ne fut pas souvent artificiellement produite pour la gloire des chefs ou la joie des dieux[60] : car l’or passe toujours pour un symbole de force ou de sainteté. Ces Gaulois décrits par les historiens et sculptés par les artistes n’étaient que l’élite des combattants, les meneurs de la bande conquérante, ceux qui forçaient l’attention des ennemis[61].

Par malheur pour les Gaulois, leurs beaux corps avaient d’insurmontables faiblesses. Faits pour les galopades capricieuses, ces hommes n’aimaient pas l’effort continu et le travail régulier. Dès qu’une difficulté physique se présentait, ils léchaient pied ou la torpeur alourdissait leurs membres. L’escalade d’une montagne, la continuité d’une marche étaient pour eux des causes d’une rapide lassitude. Habitués aux climats plus rudes de la Gaule, de la Circumpadane ou des vallées danubiennes, la chaleur du Midi, au delà des Apennins et des Balkans, leur devenait intolérable. Ils perdaient en été le meilleur de leur énergie ; ils manquaient de cette force de résistance au soleil et au travail que possédaient les corps secs et souples des montagnards ligures. Et s’il fallait, aux abords du solstice d’été, continuer à se battre, à aller et venir, les Gaulois se laissaient vite tomber de fatigue, et leurs corps fondaient dans des sueurs épuisantes. La chaleur leur tuait presque autant d’hommes que la bataille[62].

L’appétit de ces gros corps étonnait les Romains et les Grecs, qui furent longtemps très sobres : ceux-là se gorgeaient de viandes comme des bêtes fauves toujours affamées[63] ; leur goinfrerie énorme et malpropre les faisait ressembler au Cyclope d’Ulysse, que les mythographes finirent par leur donner pour ancêtre[64]. Comme lui aussi, ils étaient d’incorrigibles ivrognes. La chaleur et l’action déterminaient chez eux un besoin irrésistible de boire[65] : ils oubliaient tout, et leur sûreté même, pour ces longues beuveries[66] dont ne se déshabitue jamais un homme du Nord. Et comme, sur les terres qu’ils pillaient, un vin fort capiteux fut leur boisson, et d’autant plus dangereuse qu’elle leur était plus nouvelle, chaque expédition vers le Midi devenait pour les Gaulois l’occasion d’ivresses formidables ; ce qui assurait à leurs adversaires un avantage de plus : quand les Celtes cuvaient leur vin, les Grecs et les Romains n’avaient que la peine de les saigner[67]. Et ces hommes qui, dans le premier élan de leur course, paraissaient des demi-dieux augustes et indomptables, finissaient par devenir plus faibles que des femmes, plus veules que du bétail[68].

 

III. — TEMPÉRAMENT MORAL.

Leur tempérament moral reproduisait les qualités et les défauts de leur corps.

Courageux, belliqueux, ils le furent comme tous les Barbares de l’Occident : à ce point de vue, ils ne valaient ni plus ni moins que les Ligures, les Thraces ou les, Scythes, les Cantabres ou les Lusitans[69]. Et si l’on cite chez les Gaulois, Celtes ou Belges, chez leurs guerriers et chez leurs femmes, d’admirables traits de bravoure, de mort méprisée, de vaillance militaire, d’héroïsme familial[70], il n’est pas de nation antique qui n’en présente de semblables[71]. — Mais le courage, chez eux, était fait surtout d’élan, de confiance, de colère et d’orgueil[72]. Ils allaient droit à l’ennemi, sans attendre et sans réfléchir. Ceci leur paraissait une honte, que d’être attaqués les premiers[73]. De tous les peuples antiques, aucun n’a fourni plus d’agresseurs que les Celtes. Leur intrépidité s’exprimait d’ordinaire par la provocation et le défi. Elle était une sorte de fureur[74], et non pas une forme de la volonté.

Aussi ne persistait-elle pas avec cette froide et muette opiniâtreté que les montagnards des Alpes ou des monts Cantabriques montraient sur les champs de bataille[75]. La résistance d’un adversaire, une difficulté imprévue leur faisaient perdre tout sang-froid ; la défaite les décourageait au point de leur faire désirer la mort[76]. Ils étaient sujets à des terreurs paniques, qui ôtaient toute vigueur à leurs membres, toute netteté à leur intelligence[77]. Le Gaulois s’emportait en des crises de rage[78] semblables à des accès de peur : il ne se laissait jamais entraîner que par la passion, il était le jouet continu de pensées instinctives et de mouvements réflexes, qui le poussaient sans cesse aux frontières de la folie. A une audace d’exalté succédait un abattement d’enfant malade[79].

De l’enfant, les Gaulois avaient aussi la vanité[80], le caractère indomptable[81], le besoin de l’emportement[82], le goût des querelles, l’absence de jugement, le bavardage continu, l’inconstance des désirs[83] et l’impuissance à la discipline[84]. Ils étaient criards, rieurs[85], hâbleurs[86] : la passion régnait en souveraine dans leurs âmes, le raisonnement n’avait aucune prise sur elles ; on ne pouvait jamais les décider à obéir[87]. Le repos et le travail étaient également impossibles à ces agités[88] ; le calme et la monotonie de la vie en mer les exaspéraient[89]. Il leur fallait, à défaut de vin, s’enivrer sans cesse de bruit, de gestes et de désordre. Ils étaient le people aux corps et aux pensées mobiles. Ce fut une espèce d’hommes qui ne durait pas : Polybe, qui les dépeint ainsi, finit par les considérer, en sa qualité de raisonneur méticuleux, comme une humanité méprisable, incapable de vouloir et de se conduire[90].

C’était exagération pure. Ces ivrognes, ces écervelés et ces querelleurs ont su créer en Galatie, dans les vallées du Pô et du Danube, des États consistants et réguliers : car, lorsqu’ils se sont établis à demeure, ils ont choisi, pour leurs empires et leurs villes, des situations d’excellent rapport. Les plus folles de leurs expéditions, celles de Rome et de Delphes, n’ont pas été trop mal conduites, et les Gaulois ont pu prendre à temps, l’une et l’autre fois, le chemin de la retraite. Brennos nous est représenté comme un soudard impie et sanguinaire : mais il trouva plus d’une fois des mots d’esprit[91], et il savait fort bien la manière de mener ses hommes et de manœuvrer à travers les défilés de la Grèce[92]. L’orateur de l’armée des mercenaires carthaginois, au temps de la guerre inexpiable, était un Gaulois fort éloquent, et qui pérorait en punique comme dans sa langue maternelle[93]. La tradition a. fait du vainqueur de l’Allia un orateur disert et prompt à la riposte : son Malheur aux vaincus ! est une trouvaille, et si le mot n’est peut-être pas de lui, on jugea tout naturel de l’attribuer à un Celte[94]. Les hommes de ce nom cultivaient l’hyperbole, l’apostrophe et les figures de rhétorique chères aux Grecs et aux Latins. Ils répondirent en un beau langage à Alexandre. Ce sont des gens, dira plus tard Caton, qui ont un goût particulier pour les habiletés de la parole[95].

Avant de combattre, les chefs vantaient les exploits de leurs ancêtres et de leur peuple, et, comme les héros d’Homère, invectivaient leurs adversaires[96]. On ne peut affirmer qu’il existât déjà, chez les Gaulois, des poésies populaires ou des épopées militaires : mais cela est très vraisemblable. Le souvenir d’Ambigat et de ses neveux, celui des migrations lointaines, et celui de la conquête du Capitole, ne se seraient point conservés s’ils n’avaient été pieusement entretenus par des récits ou par des chants. A la différence des Ligures leurs vaincus, les Celtes avaient de la mémoire et tenaient à leur passé. Ils aimaient à en parler souvent, avec fierté et abondance. Le fait qu’ils voulurent toujours conquérir indique que leurs pensées s’étendaient au delà des besognes quotidiennes. Leur intelligence s’ouvrait largement vers le mondé et la vie, vers l’espace et le temps.

Il est enfin des vices qu’on ne leur a jamais reprochés que par accident : nul n’a dit d’eux, d’une manière formelle, qu’ils fussent méchants et fourbes. La légèreté de leur humeur les mettait à l’abri de ces pires défauts de l’âme[97]. A quelques exceptions près[98], les Gaulois négligeaient à la guerre l’emploi du stratagème, si honoré chez les Grecs[99]. Ceci est encore à noter : ils ne peuvent souffrir l’injustice. Leurs accès de colère viennent parfois d’une très noble indignation. La tradition rapportait que les Sénons marchèrent contre Rome pour venger le droit des gens, violé par des patriciens[100]. Ce droit, ils le respectaient chez eux[101], et c’étaient, disait-on, les meilleurs des hôtes[102]. Les plus belliqueuses des nations passaient aussi pour les plus sages[103], et quand Rome voudra négocier avec elles, elle n’aura pas à se plaindre de l’accueil fait à ses ambassadeurs[104].

Qu’ils aient convoité l’or avec passion[105], qu’ils aient violé des tombes pour en prendre[106], profané des temples pour en voler[107], qu’ils aient aimé la guerre par-dessus tout, et qu’ils aient été, en la faisant, des ivrognes, des pillards et des meurtriers éhontés[108] : ils n’ont fait en cela que leur métier, on peut dire que leur devoir de conquérants barbares : ce que Platon et Aristote rappelaient à ceux qui sans doute traitaient les Celtes en sauvages exceptionnels[109] ; et au surplus, Grecs et Romains, qui leur adressaient ces reproches, n’ont jamais agi autrement après toutes leurs victoires. Malheur aux vaincus ! n’était que l’expression très franche du droit quasiment sacré que le dieu du vainqueur accordait à son peuple sur leurs ennemis à tous deux. Mais il s’agit de savoir si les Celtes étaient propres à autre chose qu’à voler et à détruire, et si leurs usages faisaient d’eux les ennemis irréconciliables de toute civilisation.

 

IV. — USAGES MILITAIRES[110].

Il est vrai que, durant ces deux siècles, les Grecs et les Italiens connurent les Gaulois surtout comme des ennemis, et ne les virent presque jamais que sur des champs de bataille.

Celtes et Belges avaient trois façons de combattre.

Le char de guerre fut sans doute autrefois en usage chez les nobles : presque aucune aristocratie du monde primitif ne l’a ignoré. Le Gaulois combattait debout sur la plate-forme, lançant de la main la pique-javelot[111]. Mais c’était là une vieille coutume, que les Celtes émigrés laissèrent tomber en désuétude : ni les vainqueurs de l’Allia ni les pillards de l’Orient n’y ont d’ordinaire recours dans les rencontres sérieuses. Le char n’est destiné qu’aux jours de parade ou à des troupes auxiliaires[112] ; peut-être n’était-il plus répandu, au troisième siècle, que chez les derniers venus du monde gaulois, les Belges ou les Gésates des Alpes et du Rhin[113].

Les bandes celtiques comprenaient une nombreuse infanterie. Brennos avait cent cinquante mille hommes de pied. On peut supposer que ces fantassins, d’ordinaire maladroits et faciles à repousser ou à refouler, étaient les populations vaincues que les Gaulois conquérants entraînaient à leur suite : et sans doute la plupart d’entre eux appartenaient à des classes inférieures[114]. Mais les plus nobles et les plus braves des Celtes et des Gésates n’ont jamais regardé la lutte à pied comme indigne de leur qualité ou de la gloire. Ils ont su se tenir fort solidement, corps et boucliers serrés, opposant sans broncher la muraille de leurs lignes aux décharges des javelots ou à l’attaque des épées[115]. C’est comme fantassins que les champions d’une armée celtique acceptent les combats singuliers[116] ; c’est à pied encore que les Gésates s’avancent sur le front des batailles, lorsqu’ils étalent devant l’ennemi la nudité de leur poitrine.

Cependant, la cavalerie devenait peu à peu l’arme principale du Gaulois[117]. Monter, parader, galoper et combattre à cheval mettait si bien en valeur la beauté de ses membres et l’ardeur de son tempérament ! Entreprenant, fougueux et passionné, il trouva dans les chevauchées l’emploi naturel de ses qualités et de ses défauts[118]. L’équitation fut pour le noble une manière de commander aux hommes, et de leur paraître d’une autre race : il ne se figurera pas autrement qu’à cheval les héros de son panthéon[119]. A la guerre, la tribu celtique apparut de plus en plus sous la forme d’un escadron de cavalerie ; et sa façon d’être, en dehors des foyers, fut surtout la charge en rangs rapprochés. L’élite de l’armée de Brennos était formée de vingt mille quatre cents cavaliers, suivis chacun de deux serviteurs capables de combattre à cheval : sur le champ de bataille, les écuyers se tenaient à portée du maître : était-il démonté, l’un d’eux lui présentait aussitôt une nouvelle bête ; était-il blessé ou tué, un des suivants prenait sa place, et toujours à cheval. Il ne fallait pas qu’il y eût jamais un seul vide dans l’escadron[120]. Cela faisait une muraille vivante et mobile, toujours homogène et compacte, où les brèches étaient réparées sur-le-champ. Grecs et Romains, qui étaient surtout des fantassins de trait et d’arme blanche, durent leurs principales défaites à la surprise ou à l’épouvante que leur causèrent ces milliers de cavaliers, arrivant et grondant comme les flots du mascaret à la marée montante : aucune ligne d’infanterie ne semblait pouvoir résister à leur choc subit ou à leur poussée continue. — A la bataille de Sentinum, par deux fois, Decius essaya d’abord, avec ses soldats montés, d’enfoncer la barrière des escadrons gaulois : il dut reculer, au moment où il tentait une troisième charge. Alors, la masse ennemie s’ébranla à son tour avec un bruit formidable[121], et tout chez les Romains, bêtes, hommes et armes, fut rompu, brisé et disloqué en un instant. Le désordre et la peur gagnèrent les premiers rangs des légions : et quand les chevaux des Gaulois eurent achevé leur élan et ne purent plus écraser des soldats, leur infanterie se présenta pour combattre les manipules disloqués (295)[122].

Mais le Gaulois s’armait mal. Il avait trop de confiance dans l’élan de sa bête et la force de son corps. Sur lui, aucune arme défensive vraiment efficace : le casque[123] et la cuirasse[124] sont l’apanage de quelques chefs, et encore y voient-ils plutôt un ornement qu’une protection. L’usage du bouclier est universel[125] ; mais les cavaliers ne s’en servent point ; et, comme il est très long et très lourd[126], qu’il est destiné à couvrir le corps dans toute sa hauteur, il n’a pas cette précieuse mobilité du bouclier rond ou convexe des Méditerranéens, qui, rivé au bras, s’agitant avec lui, rapidement présenté au moment utile, abrite sans cesse la partie menacée. La force et l’obstination du soldat grec ou romain tenaient beaucoup à l’excellence de ses moyens de défense : avec sa cuirasse collée au corps, la tête abritée sous le casque, le bouclier en perpétuel mouvement, le légionnaire ou le phalangite faisait l’effet d’une forteresse mobile, douée d’intelligence et de vie[127]. Le Celte mettait son honneur à ne se couvrir que de ses larges braies et de son sayon flottant[128] ; et les Belges ou les Galates n’avaient pas encore renoncé à se dévêtir à l’heure de la bataille[129]. Même au second siècle, même dans ce milieu d’Asiatiques où régnait, avec la peur des blessures, le culte de la cuirasse, plus d’un Gaulois phrygien regardait comme un devoir de se présenter au combat sans arme défensive, et le torse nu[130].

Pour l’attaque, les Gaulois avaient trouvé l’arme qui convient le mieux à des cavaliers ou à des fantassins de grande taille : la longue épée de fer, sans pointe[131], large, plate, au double tranchant effilé[132], celle qui permet à un bras vigoureux, mis en branle du haut d’un cheval, d’entamer ou d’abattre le corps d’un adversaire. Ils tenaient à cette arme ; ils en forgèrent, pour leurs multitudes, d’énormes quantités : c’est sans doute à cause d’elle qu’ils occupèrent si souvent en Europe les gisements de fer, et qu’ils devinrent, au détriment du bronze, les principaux propagateurs du nouveau métal. La grande épée leur assura peut-être la victoire sur certaines populations ligures ou illyriennes du Centre, encore peu habituées aux armes de contact ; sa force tranchante a dû être pour beaucoup dans le premier émoi du monde méridional, qui n’était plus familiarisé qu’avec les courtes épées de pointe. Véritable sabre de cavalerie, l’arme celtique semblait avoir ce double avantage de tenir l’ennemi à distance et de pouvoir l’atteindre.

Mais les adversaires des Gaulois reconnurent vite les défauts de cet instrument redoutable. Contre le péril de la taille, les Romains renforcèrent l’armature de leurs boucliers et de leurs casques : et l’épée gauloise, molle- et mal trempée, à la lame trop mince, se faussa aux premiers coups[133]. Elle ne frappait pas d’estoc : pour l’écarter, les soldats latins n’eurent qu’à s’armer de longues lances[134]. Lourde et encombrante, il était malaisé au bras de la manier avec rapidité et précision : le Gaulois frappait sans viser, avec un mouvement de tout son corps, comme un bûcheron qui veut fendre un billot de bois. Rien de plus facile, pour un adversaire averti, que d’éviter de tels coups : l’arme du Barbare tombait alors dans le vide, et il demeurait lui-même ébranlé et démonté par l’inutile effort qu’il avait fait, incapable de répondre à une riposte un peu vive[135]. Cette épée ressemblait à son maître : elle était, comme lui, faite pour l’ostentation et destinée à l’inconsistance.

Enfin, aucun engin sérieux n’appuyait, dans l’armée gauloise, le jeu des épées. Les lances, longtemps chères aux Méditerranéens, n’ont joué sur les champs de bataille celtiques qu’un rôle insignifiant[136]. Archers et frondeurs n’y apparaissent presque jamais[137] : la pierre et la flèche, si familières aux Ligures vaincus, ne sont plus, chez les Celtes, des armes de guerre, mais des instruments de chasse : on dirait qu’ils les méprisent comme indignes du vrai combattant[138]. L’emploi des armes de jet à main, javelots, piques, hastes ou pieux, n’était plus fréquent que chez les Belges et les Gaulois des Alpes[139], et peut-être est-ce pour cela que les Celtes de la Circumpadane ont appelé si souvent à leur aide leurs congénères transalpins. Mais l’arme favorite de ces auxiliaires, le gæsum[140], sorte de pique javelot, était trop longue et trop lourde, maladroite et capricieuse, assez facile à éviter, et, lancée à distance, elle ne faisait peut-être pas de très profondes blessures[141] : quelle différence d’avec le javelot romain, plus court, plus léger, résistant et acéré, qui, toujours fidèle à la direction qu’on lui imprime, conservait à vingt-cinq mètres sa force meurtrière ! Le légionnaire n’a à redouter, s’il est de sang-froid, ni le choc du cheval et la course de l’homme, ni la longue épée ou la pique de jet : il a, avec son javelot, une arme d’avant-garde qui le protège sûrement[142].

La victoire des Barbares sur les Méridionaux ne sera donc jamais que le résultat d’une surprise, ou, comme disaient les Anciens, d’une terreur venue des dieux. — Ce qui dispersa les Romains sur les bords de l’Allia, ce ne fut pas l’attaque même des ennemis, mais leur terrifiante apparition. Ils virent soudain des milliers d’hommes, à la taille gigantesque[143], dansant et gesticulant, agitant leurs chevelures, heurtant en cadence leurs boucliers et leurs épées[144], hurlant des chants en une langue inconnue[145], tandis que des instruments aux formes fantastiques faisaient entendre des mugissements pareils à ceux des fauves[146] : il semblait que bêtes et humains se fussent réunis dans un amas formidable de vie et de bruit. Puis, de cette masse confuse, dominant toutes les autres clameurs, jaillit d’un coup le cri de guerre, poussé par la multitude, accompagné par les trompettes[147], répercuté au loin par l’écho des vallées. Et ce cri, appel magique et tout puissant au dieu des armées, chassa des âmes romaines le courage et l’espérance[148] ; il ne resta plus aux Celtes qu’à dépouiller les corps de leurs adversaires[149].

Mais, lorsque les Grecs et les Romains se furent habitués à ces monstruosités militaires, et qu’ils purent leur opposer des procédés scientifiques de défense et d’attaque, ce fut un jeu pour eux que de remporter des victoires gauloises[150]. — Lors de la bataille de Télamon, en 225, les Latins virent d’abord la même chose effrayante[151] que leurs ancêtres auprès du ravin de l’Allia. Au premier rang de l’armée barbare, s’avançaient les Gésates transalpins, le corps nu, tous admirables de beauté et de jeunesse, faisant ressortir la blancheur de leurs chairs sous l’éclat des colliers et des bracelets d’or[152]. Les Gaulois hurlaient ensemble, au son des trompettes et des cornes de guerre : la terre elle-même semblait crier avec eux[153]. Les Romains eurent un moment de stupeur[154]. Mais la panique de l’Allia ne fut point répétée. Les légionnaires s’avancèrent et lancèrent le javelot. Contre la décharge, les Gésates avaient leurs boucliers : mais les traits, se succédant sans relâche, traversaient, se glissaient, pénétraient partout, et ce fut chez les Barbares une telle rage de ne pouvoir leur échapper, qu’ils se laissaient frapper et tuer sans combattre : le javelot romain brisa la fierté gauloise[155]. Derrière eux alors, les Celtes italiens s’avancèrent, la grande épée à la main : les légionnaires firent comme eux, les deux troupes prirent contact, et le corps à corps s’engagea. Certes, le courage était égal de part et d’autre, mais les meilleures armes devaient donner la victoire[156]. Le sabre celtique, qui ne frappait que de taille, qui se manœuvrait lentement, rencontrait toujours devant lui le bouclier mobile des Romains[157]. Après chaque coup d’épée, le Gaulois devait chercher et prendre du champ pour redresser et brandir son arme trop longue : pendant ce temps le glaive du légionnaire arrivait, subtil comme une tête de serpent, piquant droit au visage ou au cœur[158], et il lui suffisait d’une blessure de quelques lignes pour en finir avec son ennemi. L’infanterie gauloise se fit tuer, homme par homme[159].

 

V. — RELIGIONS[160].

Un des graves reproches que les Grecs vaincus adressèrent aux Gaulois fut celui d’impiété. Ils firent de Brennos le type du sacrilège, méprisant ou raillant les dieux, les devins et les morts[161].

C’était là de la mauvaise rhétorique, comme la peur des Celtes en suggéra si souvent aux Anciens. Tout en volant l’or d’Apollon et en réveillant les oies du Capitole, les Gaulois n’oubliaient pas qu’ils avaient des dieux et des fétiches ; et, pour prendre d’autres manières, leur piété n’était pas moins vive que celle des Hellènes et des Latins. Quand les Grecs se mirent à les étudier au lieu de les craindre, ils reconnurent qu’ils étaient pieux, et ils finirent même par les déclarer les plus religieux des hommes[162]. Ce qui était exagérer encore. Les peuples du Nord n’étaient ni plus ni moins férus de superstitions que les Achéens d’Agamemnon ou les compagnons de Josué. Toutes les nations d’autrefois se sont ressemblées en matière de dévotion, et la lecture de l’Iliade ou du Pentateuque n’est pas un mauvais moyen pour comprendre sous quelles formes religieuses les Celtes des temps conquérants avaient modelé leurs pensées et leur vie.

Ces bandes appartenaient à leurs dieux : ils les avaient faites se lever, quitter leurs foyers, marcher et s’établir ; ils les avaient protégées et conduites, et, leur montrant les terres promises, ils les leur avaient données[163].

D’ordinaire, chaque peuple avait son grand dieu, invisible et toujours présent, sorte d’Esprit national, violent, despote, puissant et capricieux, très fort et très exigeant, être de colère qui aimait le feu, le fer, l’or et le sang[164]. Chez les uns, il ressemblait au Mars italiote[165] ; chez les autres, au Vulcain destructeur qu’avaient adoré les Romains du premier âge[166]. Nulle part il n’avait l’attitude calme et solennelle d’un Jupiter ou d’un Apollon, domiciliés depuis longtemps dans leurs temples. On lui associait le plus souvent une compagne pareille à lui, déesse de guerre et de victoire, qui rappelait à la fois Bellone, Athéné ou Minerve[167]. Et ce couple divin, batailleur et sanguinaire[168], était fait à l’image de son peuple.

Ces dieux étaient du reste en relation continue avec les chefs, comme Jahveh avec Moïse. Ils leur fournissaient mille moyens de connaître et d’interpréter leur volonté. C’est mentir comme un poète grec que de nier l’existence d’une divination celtique : ce qu’a fait un historien de Brennos[169]. Le vol des oiseaux[170], le tirage des sorts[171], les hasards des rencontres[172], les apparitions du sommeil[173], les phénomènes de l’air[174], les entrailles des victimes[175], formaient le langage infiniment varié que les dieux parlaient aux Celtes, et que ceux-ci croyaient comprendre. Les interprètes des signes divins, rois ou aruspices[176], pullulaient dans le monde gaulois.

Des actes ou des formules de religion y accompagnaient l’existence publique ou privée. La guerre, surtout, était pour un peuple une longue communion, sanglante, inquiète et bruyante, avec son dieu national. Avant la bataille, les chefs cherchaient dans les entrailles des victimes l’expression de la faveur ou de la colère de leur maître souverain ; et s’ils le jugeaient irrité contre eux, ils lui offraient comme victimes leurs femmes et leurs enfants[177], ainsi que Moab à son Baal[178]. Puis, au moment du combat, la danse des armes[179], la musique[180], les chants[181], le cri de guerre[182], étaient pour eux des moyens d’appeler leur dieu, et de faire descendre la terreur de sa présence ou de son nom sur les rangs des ennemis. Vainqueurs, ils lui apportaient sa part de la victoire : des bijoux énormes, fondus avec l’or du butin[183] ; des armes, qu’on brûlait en tas ou qu’on dressait en un trophée colossal[184] ; des coupes faites avec les crânes des chefs vaincus[185] ; et surtout, beaucoup de cadavres, égorgés pendant et après la bataille[186], et dont les têtes, transportées au chant des hymnes, allaient orner le grand temple de la nation[187]. Et le dieu, toujours invisible, qu’aucune image ne figurait, savait la manière de recevoir ces diverses offrandes, grossières et brutales comme lui et comme son peuple.

Coupeurs de têtes, fouilleurs d’entrailles humaines, sorciers et devins, les Celtes auraient été hébétés par cette religion, si elle ne leur avait aussi inculqué le mépris de la mort. Cela, sans doute, sauva leurs rimes de la dégradation. Ils n’évitaient pas plus de périr que de tuer. La volonté de leur dieu leur inspira quelques-uns des plus beaux suicides de l’Antiquité, de ces suicides qui sont après tout la noble revanche de l’intelligence sur les brutalités de la vie. Quand Brennos crut qu’Apollon était le plus fort, et ne pardonnerait pas l’outrage fait à son temple, il assura d’abord la retraite et le salut des siens : puis, comme pour apaiser la colère du dieu ennemi par la fin du plus coupable, il se tua[188]. Lorsque leur dieu faisait signe aux Gaulois de venir, ils étaient prêts sur-le-champ. Contre le flot des marées, ils marchaient l’épée à la main, allant au-devant de la mer qui semblait les chercher[189] ; l’incendie de leur maison, le tremblement du sol étaient pour eux un appel de la Mort, et ils ne s’enfuyaient pas[190]. S’ils avaient besoin de beaucoup d’espace pour leurs conquêtes, il leur suffisait de peu de terrain pour mourir. Vaincus, ils préféraient toujours s’entre-tuer plutôt que de se montrer vivants et sans armes devant les dieux[191]. Ils ne redoutaient qu’une chose, la chute du ciel[192], c’est-à-dire la fin du monde et de tout, des dieux, des vivants et des morts. Car les morts, pensaient-ils, vivent ailleurs, dans le ciel ou sur des terres lointaines : sinon tous, du moins ceux qui avaient été les plus braves[193]. Aussi le Celte regardait-il comme un privilège de périr sur le champ de bataille : la religion sanctionnait le courage que lui donnait son caractère. Son désir de mourir ressemblait à un furieux besoin de vivre.

 

VI. — INSTITUTIONS POLITIQUES.

L’organisation politique de ce monde celtique était fort simple. Les familles se groupaient en tribus, dont la population moyenne semble être de quatre mille têtes, mille guerriers[194]. Chaque tribu avait ses enseignes[195] et son chef, qui était le plus souvent un roi héréditaire[196].

Dans la saison des combats, les tribus voisines ou de même nom, Boïens, Insubres, Cénomans, Sénons ou Scordisques, s’unissaient sous les ordres d’un chef de guerre, choisi sans doute parmi les chefs ou les rois des tribus[197]. En règle générale, la conduite de l’armée n’est confiée qu’à un seul[198] : il est plus rare que le commandement soit partagé entre deux ou trois hommes[199]. Brennos, roi de la tribu des Prauses, était le chef unique des deux cent mille individus qui marchèrent contre la Grèce[200]. L’expédition sur Rome, les grandes migrations venues de la Celtique propre, le retour vers le Danube, la conquête de la Thrace[201], furent conduites par un seul prince.

Il est vrai qu’il ne devait pas être plus qu’un conducteur de guerriers[202]. Les rois ou les chefs des autres tribus l’assistaient dans les affaires et formaient son conseil[203]. Ce qui le désignait aux suffrages, c’étaient peut-être son courage, sa beauté ou sa haute taille. Et son devoir était de combattre au premier rang, comme un être d’élection représentant l’armée toute entière[204].

Si nous connaissons assez bien les chefs de guerre, nous ignorons les chefs religieux : les Anciens ne nous ont jamais montré de prêtres au milieu des bandes gauloises, et ils semblent même douter qu’il y en eût dans l’armée de Brennos[205]. Peut-être en effet les Celtes de ce temps n’avaient-ils de prêtres en titre que les desservants attachés au service d’un sanctuaire[206]. Le vrai ministre du calte était sans doute le chef ou le roi : c’est lui qui recevait les avis des dieux et qui les transmettait à son peuple[207].

Dans le pays oit elle avait établi son domaine, la tribu ne vivait pas isolée. Toutes les tribus qui avaient une même origine, ou qui avaient émigré et combattu ensemble, sous les auspices d’un seul chef, demeuraient unies par un lien fédéral[208] ; elles tendaient à devenir de véritables nations, pourvues d’institutions communes : un dieu d’alliance présidait à leurs destinées, elles ressortissaient à un grand sanctuaire ; des enseignes propres, conservées immobiles dans une demeure permanente, symbolisaient leur union[209]. C’est ainsi que les quatre groupes de tribus de la Celtique italienne, Insubres, Cénomans, Boïens et Sénons, constituèrent des unités politiques, stables et homogènes, dès le temps de la conquête[210]. Les bandes qui s’établirent en Thrace formèrent un seul royaume[211]. Celles qui revinrent de Delphes et s’arrêtèrent sur le Danube continuèrent à vivre unies et rapprochées, sous le nom de Scordisques qu’elles se donnèrent comme nation[212]. Enfin, les Galates d’Asie se composaient de douze tribus, ayant leur autonomie et leur chef souverain, mais associées en trois grandes nations, Trocmes, Tectosages et Tolistoboïens, et chacune de ces dernières peuplades finit par être un État durable, obéissant à un seul maître[213].

Ce qui contribuait à rapprocher ces tribus et à unifier ces nations, ce fut l’importance que prenait très vite la bourgade, sanctuaire ou marché, qui servait de centre de ralliement. Polybe raillait ces Celtes italiens qui vivaient dispersés dans des villages ouverts ou des forteresses d’occasion[214] : habitué à la Grèce et à l’Italie centrale, où les grandes villes fortifiées s’entassaient presque porte à porte au point de se gêner ou de se ruiner l’une l’autre, l’historien grec regarda volontiers les Gaulois comme des vagabonds ou des demi-nomades, impropres à la vie régulière et aux cultes domestiques des cités fermées[215]. Il ne s’aperçut pas que, pour être moins nombreuses et plus laides, les villes celtiques n’en exerçaient pas moins sur leurs peuples la même puissance d’attraction qu’Athènes sur l’Attique et que Rome su r le Latium. Il n’y avait pas de nation on de fédération gauloise sans un lieu central et souverain, sans une sorte de foyer commun à toutes les tribus. Que ce fût surtout une résidence royale[216], un champ de foire, un vaste refuge ou un sanctuaire, chaque État gaulois eut sa capitale. Elle fut, si l’on peut dire, sa première et plus durable raison d’être. Quand les Galates arrivèrent en Asie, ils cherchèrent d’abord une ville pour leur servir d’asile, et ils songèrent un instant à Troie : mais ils l’abandonnèrent parce qu’elle était mal fortifiée[217]. La pensée d’avoir une ville à eux n’a jamais quitté les compagnons de Brennos. Ce que le roi des Gaulois de Thrace désira d’abord, ce fut de se donner une cité[218]. A peine arrêtés au delà du Tessin, les Insubres fondèrent Milan, Mediolanum, c’est-à-dire, en leur langue, le milieu de leur empire[219]. Brescia joua le même rôle chez les Cénomans[220], Bologne chez les Boïens[221]. Les Celtes du Danube n’ignoraient pas davantage la force et le prestige que procure une cité souveraine ; Noréia fut la capitale des Taurisques, et les Scordisques eurent Belgrade (Singidunum) comme principale ville. Or Milan, Bologne, Belgrade, sont dans d’admirables situations, au centre de campagnes très riches, au carrefour de grandes routes, à proximité de belles voies fluviales ; elles étaient prédestinées à la maîtrise des régions environnantes. En s’y établissant ou en les créant, les Celtes ont su trouver l’ombilic naturel de leurs différents domaines, et ils ont, par là même, assuré à leurs nations des principes d’entente, de force et de richesse.

Ces nations ont-elles songé à s’unir à leur tour pour former un empire plus grand et plus puissant encore, pour constituer une Celtique du Danube ou une Celtique du Pô ? Rien ne l’atteste polir l’une et l’autre régions. S’il y a des alliances entre les quatre États italiens, elles sont le plus souvent passagères, et faites en vue d’une guerre déterminée. D’ordinaire, chacun d’eux agit pour son compte ; les Cénomans sont en conflit presque continu avec les Insubres[222]. On ne signale aucun traité d’amitié entre le royaume de Tylé, les Scordisques et les Galates d’Asie. Seules, les trois nations qui portaient ce dernier nom ne perdirent jamais le souvenir de leur fraternité de guerre : isolées et bloquées en Asie, elles demeurèrent toujours unies. Dans un bois consacré, centre moral de la Galatie, un conseil solennel et souverain réunissait trois cents délégués des familles gauloises[223] : juges et prêtres à la fois, ces conseillers statuaient en dernier ressort sur les crimes capitaux commis par leurs concitoyens. Ces jours-là, le nom galate régnait seul au-dessus de toutes les tribus et de toutes les peuplades[224].

Ainsi, en dépit de leur humeur aventureuse, les Celtes ont su fonder très loin des États capables de vivre, et leur conserver une réelle stabilité politique. Que dans ces peuplades il y ait eu des causes nombreuses de dissension, cela va de soi[225]. Mais elles n’étaient pas plus irrémédiables que dans la Rome patricienne.

La nation ou la tribu gauloise possède, comme Rome, ses familles royales ou princières[226], sa noblesse, son conseil des anciens[227], sa multitude ; elle montre parfois des chefs plus puissants que des magistrats, groupant autour d’eux une armée personnelle d’écuyers, d’amis, de fidèles, de clients ou de serviteurs[228]. Mais, tout aussi bien que les plèbes latines, les foules celtiques ont su se faire entendre et redouter par les maîtres de leur nation[229] : et, de même que la plèbe de Rome s’unissait au patriciat dans les comices militaires du Champ-de-Mars, celle des peuples gaulois se mêlait à la noblesse aux jours solennels des conseils armés[230]. Toutes les institutions politiques de ce monde barbare se retrouvaient dans les cités souveraines de l’Europe méridionale.

 

VII. — LES CELTES DE THRACE ET LES GALATES DE PHRYGIE.

L’histoire de leur royaume de Thrace montre ce que les Gaulois pouvaient faire. Fortement appuyé sur l’Hémus, en relation avec la Scythie danubienne, il parut d’abord très dangereux pour les Grecs de Byzance, des détroits et des rivages[231]. Mais ceux-ci ne tardèrent pas à se rassurer. Une fois installés, pourvus d’or, de terres riches et de routes passagères, les Celtes se montrèrent bons voisins. Dans leur ville royale de Tylé, les chefs se déclaraient presque des philhellènes. Ils frappaient monnaie au type d’Alexandre, se bornant à graver leur nom au lieu et place de celui du héros macédonien[232]. Des flatteurs grecs surent trouver le chemin de leur résidence. L’un des rois, Cavaros, vint à Byzance, très avenant, très officieux, plein du désir de plaire à tous : comme il y avait guerre antre les Byzantins et le roi de Bithynie, il s’interposa et fit conclure la paix (219 ?)[233]. Cet héritier de Brennos était devenu un arbitre entre les Grecs. Cavaros nous est représenté par Polybe, peu suspect de sympathie pour les Gaulois, comme un homme de bien, ayant l’âme haute et vraiment royale ; son seul tort fut d’écouter ses courtisans, qui étaient des Grecs. Mais il protégeait le commerce et les marchands, et, tant qu’il vécut, les routes qui avoisinaient le Bosphore et le Pont furent très sûres[234].

Les trois peuplades galates de l’Asie s’assouplirent avec la même rapidité[235]. Si les descendants des conquérants gardèrent avec une assez longue fidélité leur idiome national[236] et leurs noms traditionnels[237], ils n’entravèrent jamais l’action de l’hellénisme : il semble même qu’elle ait été plus rapide et plus énergique en Phrygie du jour où ils s’y sont établis[238]. Le grec est devenu assez tôt la langue officielle de la nation[239]. On ne toucha pas aux grandes villes, aux lieux de marché ou de pèlerinage ; Ancyre et Gordium subsistèrent comme par le passé sous la nouvelle domination[240]. La population indigène ne souffrit pas ; elle se fondit si complètement avec ses maîtres que quatre-vingts ans après le passage du Bosphore on appelait les Galates une race de métis[241]. Dans leurs vieux sanctuaires, les dieux locaux ne furent pas inquiétés, même ceux qui avaient reçu la forme humaine[242]. L’Artémis asiatique obtint les hommages des Barbares[243], et les femmes de leurs chefs acceptèrent de desservir ses autels et de paraître à ses processions[244]. Quand on eut rattaché aux Tolistoboïens le territoire de Pessinonte[245], la Grande Mère qui y régnait les eut pour dévots, et le prêtre-roi fut bientôt pris parmi les Celtes eux-mêmes[246]. Ces hommes avaient une étonnante facilité à se mêler à toutes les races, à se plier à tous les usages, à se convertir à toutes les religions. Une culture gallo-grecque se développait en Phrygie, curieux mélange de vieilleries asiatiques, de raffinement hellénique et de vigueur barbare[247].

Un des rois de ce pays, Ortiagon, fut un homme supérieur : il unissait la bravoure militaire du Gaulois à la prudence de l’Hellène ; il était généreux et éloquent, parleur séduisant dans les colloques, prince expérimenté dans la gestion des affaires, une nature profondément sympathique, faite de réelle bonté et de grandeur d’âme[248]. Sa femme Chiomara était digne de lui par son courage, sa noblesse et sa sagesse, et l’on citait d’elle un trait d’une rude vertu qui en fit la plus célèbre des héroïnes de son temps : prisonnière d’un Romain, violée par lui, elle le fit tuer et rapporta la tête à son mari ; et, Ortiagon la félicitant d’être fidèle : Il est plus beau, lui dit-elle, que deux hommes vivants ne m’aient point approchée[249]. Polybe la vit à Sardes ; il connut Ortiagon : il nous a laissé l’expression du sincère enthousiasme que ce couple lui inspira[250]. Or ce roi, qui n’avait d’abord commandé qu’à une seule des trois nations[251], tenta de réunir en un même empire, uni et solide, tous les Galates d’Asie. Il eût réussi, sans le sénat et sans Pergame[252] : un État fondé et gouverné par un tel homme, constitué de tels peuples, eût relevé d’un élément jeune, vigoureux et point banal, ce monde asiatique qui se traînait dans les trahisons et les lâchetés (189-183 ?).

 

VIII. — LA CELTIQUE DU PÔ ET DU DANUBE.

Les États celtiques de la Cisalpine et de la Circumpadane ne demeuraient pas en arrière de leurs congénères orientaux. En temps ordinaire, les routes des Apennins, des Balkans[253] et des Alpes étaient assez sûres et assez connues pour leur amener, de Marseille, d’Étrurie et de Grèce, des marchands, des aventuriers, des ambassadeurs. Vaincus et soumis par les Gaulois, Étrusques et Grecs n’abandonnèrent pas plus la partie qu’ils ne devaient quitter la place devant la conquête romaine : le trouble de l’invasion apaisé, ils recommencèrent à visiter le pays, et à chercher fortune auprès de ses nouveaux maîtres. Et les Celtes, quand ils les eurent battus, ne demandèrent plus qu’à accepter leurs services et leurs marchandises[254]. Ces hôtes ou ces transfuges du Midi n’arrivaient jamais sans un bagage fourni par l’industrie ou l’élevage méditerranéens[255]. Les Barbares, de leur côté, n’ignoraient pas les chemins du Sud, et quand ils y allaient pour des voyages pacifiques, ils savaient en rapporter de fort belles choses[256]. L’influence gréco-italienne, après un temps d’arrêt, agit de nouveau dans les vallées du Pô et du Danube ; et, comme ces deux grandes régions celtiques étaient en relation continue et très facile par les seuils des Alpes Juliennes[257] et les antiques sentiers du Brenner[258], elles se transformèrent vers le même temps, et de manière semblable. Une civilisation commune[259] se développa dans l’Europe centrale, pour rayonner de là dans tous les recoins de la Barbarie du Nord, le long des fleuves et des routes innombrables qui descendaient du massif alpestre.

Polybe nous dit des Gaulois de l’Italie qu’ils ignoraient toute industrie et toute science, sauf la guerre et l’agriculture[260] : et l’on peut croire que ce furent leurs tâches préférées. Mais c’était déjà un grand mérite à leur actif que d’aimer la terre et de s’entendre à la cultiver : à en juger par l’enthousiaste description que les Anciens ont faite de la Gaule padane[261], ses maîtres celtiques n’ont pas laissé dépérir entre leurs mains les admirables campagnes qu’ils avaient conquises. Et même les petits-fils des soldats de Brennos ont su, dans la région des Balkans, devenir d’excellents agriculteurs, très appréciés des Grecs[262].

Mais il y eut aussi, chez tous ces Celtes, de très bons ouvriers, quelle que fût du reste la classe d’hommes qui restât vouée aux besognes manuelles. Les habitudes industrielles que les Étrusques et les Illyriens avaient su donner à ces régions survécurent à leur domination. Bronziers, orfèvres et forgerons, tous les travailleurs du métal y étaient nombreux et fort habiles, et la tradition parlait d’un artisan de ce genre, venu de la Gaule du nord pour exercer son art à Rome même[263]. On a vu que les Celtes se sont souvent établis près de gîtes métalliques, et ce ne peut être le résultat d’un hasard. Ils ont fort contribué, selon toute vraisemblance, à propager dans l’Europe barbare, celle du centre, du nord et de l’occident, les gros ustensiles d’airain, seaux, chaudrons et trépieds, dont raffolèrent à leur tour les religions septentrionales[264] ; plus que les Méditerranéens eux-mêmes, ils ont recherché les fibules ou les agrafes de bronze, pour lesquelles ils désiraient des ornements variés et compliqués[265] ; les épais colliers d’or à torsades étaient la parure favorite de leurs guerriers et de leurs dieux[266]. C’est chez eux, sans doute, que prit naissance la grande épée de fer à pointe mousse[267] : l’expérience de la défaite leur apprendra à l’améliorer plus tard[268], et l’arme se rapprochera peu à peu des dimensions et de la solidité du glaive romain[269] : mais, chose étrange ! les Gaulois se sont longtemps obstinés à en émousser l’extrémité, comme si quelque rite religieux leur interdisait, sur le champ de bataille, de frapper d’estoc avec leur épée de guerre[270]. Car chez ces hommes intelligents, habiles, et toujours prêts à s’instruire, la religion fut trop souvent le principal obstacle au progrès.

Sauf la gêne que causaient parfois les dieux, ateliers et demeures s’ouvraient largement aux œuvres et aux influences du voisinage civilisé. Grecs, Étrusques et Romains importaient des vêtements et des harnais de luxe, des miroirs de bronze, des vases et des coupes de prix, en métal et en terre cuite, de belles cuirasses ornées de figures, de grands casques d’airain surmontés de cimiers fantastiques ; les chefs barbares se firent gloire de se parer de ces armes dans les jours de combat[271], et à la dangereuse parade de leur chair nue, ils préférèrent bientôt la protection du bronze étincelant.

Dans le pays même, les artistes indigènes se mirent à leur tour à fabriquer des casques[272], à perfectionner leur âpre céramique[273], à enrichir de nouveaux types leur métallurgie un peu monotone[274]. Il est possible que plus d’un artisan étranger, prisonnier ou transfuge, soit venu travailler chez les dynastes riches et orgueilleux du monde celtique, et que ces hôtes aient donné des leçons de technique aux rudes mains des Barbares : mais en tout cas, sauf les plus belles pièces, c’est, je crois, des manufactures indigènes que sortaient ces innombrables quantités de chariots, de colliers d’or, de vases de bronze et d’argent que les généraux du sénat ramassaient sur les champs de bataille et étalaient dans leurs triomphes celtiques : et les Romains, en les regardant, s’étonnaient de voir que ces argentiers barbares n’étaient point du tout des artisans maladroits[275].

Ils s’habituaient, en effet, aux choses de goût et aux recherches de l’imagination. L’ornementation de leurs produits devint moins uniforme. Les traits géométriques, les spires ou les pointillés dont ils se plaisaient à les décorer, gagnèrent en variété et en finesse. A l’art du Midi, qu’il fût représenté auprès d’eux par des ouvriers ou par des œuvres, ils empruntèrent des combinaisons nouvelles de lignes, de cercles et de spirales ; eux-mêmes surent en trouver d’originales[276]. Ils inventèrent par exemple, pour encadrer et relever la poignée de leurs épées et de leurs poignards, ces saillies en forme d’antennes qui sont d’un effet sobre et décoratif[277]. L’imitation de la Grèce ne fut pas longtemps chez eux machinale et irréfléchie, comme elle le demeura chez d’autres Barbares, qui copiaient sans choisir ni comprendre. Ils ne prirent pas à l’art hellénique les figures qui répugnaient à leurs principes religieux : ils ne copièrent pas ses dieux, ses héros, ses scènes de la vie courante[278], sans doute parce qu’ils s’interdisaient de reproduire des êtres divins ou humains. Plus tard[279], quand les Celtes s’aventurèrent en dehors des motifs d’ornementation pure, ils eurent l’imagination assez déliée pour trouver dans leurs habitudes ou leurs croyances nationales les emblèmes dont ils décorèrent les pommeaux ou les poignées de leurs armes, les pièces de leurs casques[280], les fibules de leurs vêtements[281] et les monnaies de leurs trésors[282], et alors parurent dans l’industrie gauloise les têtes coupées fétiches de guerre[283], les mufles cornus des animaux monstrueux, auxiliaires dans la bataille[284], et surtout les oiseaux messagers divins[285]. — Or, du jour où la religion et les sentiments d’un peuple lui suggèrent enfin des formes d’art, il acquiert de grandes chances pour devenir créateur de belles choses[286].

En même temps, les Celtes de l’Italie apprenaient des Étrusques à se servir de l’écriture. Ils leur empruntèrent, sans trop les déformer, les lettres de leur alphabet[287]. Ceux de l’Europe centrale frappèrent d’assez bonne heure des monnaies d’or, copiées d’abord sur celles de Macédoine[288]. Les pièces grecques et romaines avaient cours chez tous, apportées par les pillages, les tributs, le commerce et la solde des mercenaires[289]. Il y avait, sur les routes tracées par leurs grands fleuves, une circulation incessante d’hommes[290] et de numéraire[291]. Ces peuples, qui n’avaient été longtemps que des agriculteurs ou des guerriers, qui ne se réunissaient, disait-on, que dans des bourgades ouvertes ou des lieux de foires[292], imitèrent vite leurs voisins les Étrusques et les Grecs, en se bâtissant de vastes cités entourées de murailles, rendez-vous permanents de vie laborieuse et pacifique[293]. Milan, en Cisalpine, parvint à être une ville très grande et très peuplée, objet de respect et d’affection pour la nation entière des Insubres[294].

Plus rapprochés que la Celtique propre des influences intelligentes[295], les pays gaulois de la conquête pouvaient, plus tôt que leur mère-patrie, donner naissance à une civilisation nouvelle[296]. Jadis les colonies grecques avaient précédé, dans la vie policée, leurs métropoles elles-mêmes : de la même manière, la Gaule du dehors devait être la première à s’éloigner de la rudesse primitive. Du Pô et du Danube, produits ou leçons des artisans méridionaux gagnaient les Belges de Flandre ou de Champagne et la Celtique de France, mère de ces heureux émigrants. La situation des peuples d’Illyrie et d’Italie était même, à certains égards, plus avantageuse que celle de leurs congénères de la Loire et du Rhône : excellemment placée au cœur de l’Europe, dominée et protégée par le plus formidable de ses massifs montagneux, s’étalant dans ses deux plus larges et plus riches vallées, à égale distance de la Gaule océanique et de la Galatie phrygienne, confinant à la fois aux plus barbares du Nord et aux plus civilisés du Midi, la Celtique padane et danubienne était le centre naturel de tout le monde gaulois, s’il savait se fixer et s’unir.

Je ne dissimule pas que les Celtes n’aient mis fin, dans leurs courses rapides, à de très belles choses. Ils ont supprimé les empires du Norique ou du Danube, la domination étrusque de la Circumpadane. Mais il n’est aucune nation du passé et du présent qui soit innocente de tels crimes, et ceux-là sont peu de chose à côté des ruines, savamment méditées, de la conquête romaine. Puis, à la différence de bien d’autres, les Gaulois ont reconstitué aussitôt les États qu’ils avaient détruits : c’est ainsi que les Francs de Clovis, de Pépin et de Charlemagne tenteront de réparer le mal des invasions germaniques, et de sauver les traditions romaines compromises par leurs ancêtres.

 

IX. - UNITÉ ET DIVERSITÉ.

Par malheur, une entente durable ne s’établit jamais entre des peuplades celtiques, même voisines. L’amour-propre, l’individualisme de chacune d’elles étaient incorrigibles.

Chaque État italien ou danubien se considérait comme isolé, indépendant et souverain. A plus forte raison n’y avait-il aucun lien politique entre les différents groupes, et peut-être la jalousie les sépara-t-elle plus que la parenté ne les rapprochait. Le royaume gaulois de Thrace succombera au milieu de l’indifférence de ses voisins de même nom. En face de leurs plus grands dangers, Insubres et Boïens ne reçurent point de secours publics de leurs parents du Danube[297]. Enfin, aucun rapport fixe et permanent n’unissait la Celtique propre, celle d’Ambigat, aux colonies qu’elle avait créées autour d’elles. Pas une seule fois elle n’intervint officiellement pour les protéger ou les aider : il n’y a point trace, à notre connaissance, d’ambassades périodiques ou de traités en bonne forme. Une fois le signal du départ donné, les émigrants étaient un nouveau peuple, comme les Phocéens qui partirent avec Protis étaient une cité en puissance dés l’instant où ils levèrent l’ancre.

Aussi le monde gaulois ne constitua jamais ni un État ni une fédération. Ce fut l’opposé même de l’Empire romain, dont la principale force était dans l’existence d’une capitale et la sujétion inconditionnelle des colonies à la métropole. Il ressembla surtout à l’ensemble des royaumes fondés par les invasions germaniques ; et il ne fut pas non plus sans analogie avec le nom hellénique.

Chaque cité grecque vivait d’elle-même et pour elle-même quelle que fût son origine, elle n’avait aucune alliance naturelle et nécessaire. Sa métropole n’était son amie politique que par suite d’un contrat[298]. Le sentiment de la solidarité morale, le souvenir d’une origine commune, les relations littéraires, religieuses, commerciales, les pèlerinages de culte, les rendez-vous de jeux et de marchandises, furent pendant longtemps les seuls éléments d’unité du monde hellénique.

Ces éléments se retrouvaient, quoique moins actifs, chez les peuples celtes. Ils ne perdirent jamais la mémoire de leur patrie primitive[299] : les récits populaires conservèrent en Italie et sur le Danube les noms d’Ambigat et de ses deux neveux. Les hauts faits des vainqueurs de Rome et de Delphes ne furent point oubliés[300] : on les raconta, de proche en proche, jusque sur les bords de l’Elbe[301] ; il se créa comme un patrimoine de légendes commun à tous les Gaulois. La similitude de leurs dialectes, des noms de leurs villes, de leurs peuples[302] et de leurs chefs, entretenait chez eux la pensée de leur parenté. Ils invoquaient cette parenté pour éviter une guerre ou quand ils cherchaient des secours d’alliés ou de mercenaires[303]. Lorsque les Boïens furent subjugués par Rome, quelques-uns trouvèrent un refuge chez leurs congénères d’Allemagne[304]. Les relations que Marseille avait avec les Celtes du Rhône l’accréditèrent auprès des Galates de Phrygie[305]. On raconta plus tard que les pillards de Delphes envoyèrent ou apportèrent en hommage une part de leur butin au dieu de Toulouse[306], et ce n’est pas absolument invraisemblable. Tous les hommes du nom celtique se sont considérés, à certains moments de leur vie, comme les membres d’une seule famille[307].

Mais à cela s’est bornée, comme chez les Grecs, l’unité de ce nom. Elle était du domaine des poètes plus que de celui des politiques ; elle facilitait surtout les levées d’aventuriers et les voyages des marchands[308].

Puis, ces ressemblances entre les peuples gaulois s’atténuèrent peu à peu, au fur et à mesure qu’ils eurent contact avec des voisins différents, et que leurs intérêts ou leurs relations divergèrent. Tout État gaulois prit insensiblement une physionomie propre. Les Insubres, dans les belles plaines de Milan, devinrent les plus pacifiques et les plus industrieux des Transalpins ; les Sénons, pressés entre les Apennins et un rivage peu accueillant, restèrent toujours assez sauvages[309] ; les Scordisques, perdus entre les Thraces et les Illyriens, finirent par vivre surtout en brigands[310], tandis que les Galates s’humanisèrent sans regret. Dans chaque nation, les dieux nationaux du nom celtique acceptaient des habitudes différentes. Chez les Scordisques, le couple divin continua à être féroce et à exiger du sang humain[311] ; chez les Insubres, la souveraine déesse se rapprocha du type d’Athéné[312], et les Galates l’acceptèrent en Artémis[313].

Il en fut donc des peuplades gauloises comme des cités ou des ligues helléniques : chacune arrivait à avoir ses dieux et ses jalousies propres. La colonisation celtique des terres européennes donna naissance à un monde aussi divers et aussi divisé que la colonisation grecque des rivages méditerranéens. Elles se suivent dans le temps, elles se touchent sur la terre ; elles se ressemblent parfois, elles auront de pareilles destinées. Ni l’une ni l’autre n’ont réussi à faire l’unité des terres ou des mers qu’elles ont conquises.

 

 

 



[1] Jean Picard (de Toutry), De prisca Celtopædia, 1556 (à titre de curiosité) ; Ramus, De moribus Gallorum, 1562 ; Fauchet, 1579, p. 4 v°-12 r° ; Cluvier, Germaniæ antiquæ libri, 1631, p. 92-336 ; Pezron, Antiquités de la nation et de la langue des Celtes, 1703 (à titre de curiosité) ; Pelloutier, Histoire des Celtes, éd. de Chiniac, 8 vol., 1770-1 ; Keferstein, Ansichten über die keltischen Alterthümer, 3 vol., Halle, 1846-51 ; Prichard, The eastern Origin of the celtic Nations, 1857 ; de Valroger, Les Celtes, 1879 ; Lemière, Ét. sur les Celtes, 1881 (paradoxal) ; cf. plus particulièrement : de Belloguet, III, 1868 ; Alex. Bertrand, Archéologie celtique et gauloise, V éd., 1889 ; d’Arbois de Jubainville, La Civilisation des Celtes, 1899 (Cours de littérature celtique, t. VI) ; Grupp, Kultur der alten Kelten, Munich, 1905, p. 65 et s. ; Dottin, Manuel, 1906 ; et, pour tous les paragraphes, la bibliographie des chapitres correspondants du t. II.

[2] Polybe, II, 35, 9 ; Cicéron, De provinciis consularibus, 13, 33 ; Plutarque, Marcellus, 3.

[3] Ces deux points de l’horizon, nord et couchant, sont associés par les Anciens quand ils parlent des Celtes : Callimaque, IV, 174 ; Héraclide ap. Plutarque, Camille, 22.

[4] Timée ? dans le De mirab. auscult., 85.

[5] Scylax, § 18.

[6] Héraclide de Pont, l. c. (note 3).

[7] Cicéron, Pro Fonteio, 10, 20.

[8] Pausanias, I, 7, 2.

[9] Je pense à Alexandre.

[10] Pausanias, I, 4, 1 ; Plutarque, Camille, 15 et 22 ; Florus, I, 13, 5.

[11] Όψίγονοι Τιτήνες άφ' έσπέρου έσχατόωντος, Callimaque, IV, 174, Schneider. Rapprochez ce vers de la présence simultanée, sur les ex-voto athéniens d’Attale, de scènes empruntées à la Gigantomachie et aux batailles contre les Galates (Pausanias, I, 25,2) : ce qui fut, a dit justement S. Reinach (Les Gaulois dans l’art antique, p. 3), une ingénieuse et très logique manière de faire entrer ces Barbares dans le cycle des vieilles traditions helléniques.

[12] Cicéron, Pro Fonteio, 10, 20 : Cum ipsis diis immortalibus bella gesserunt, etc.

[13] Valère Maxime, I, 1, Ext., 9.

[14] Tite-Live, V, 47, 4 ; Diodore, XIV, 116, 6 ; Plutarque, Camille, 27.

[15] Diodore, XXII, 9, 4 ; Justin, XXIV, 6, 5.

[16] Anthologie palatine, VII, 492 ; cf. Pausanias, X, 22, 4.

[17] Clitophon apud Plutarque, Par. min., 15, p. 309 ; cf. Plutarque, Romulus, 17.

[18] Même à l’époque chrétienne, on parlait encore des septem [chiffre hiératique] Milesiæ virgines ; Jérôme, Adv. Jovinianum, I, 41, Migne, XXIII, c. 272.

[19] Les Γαλατικά de Clitophon devaient abonder en légendes de ce genre ; cf. Stæhelin, p. 12.

[20] Gens... nata ad hominum interitum, urbium stragem, Florus, I, 7, 4.

[21] Diodore, XXII, 12 ; Plutarque, Pyrrhus, 26.

[22] Pausanias, X, 21, 7.

[23] Pausanias, X, 21, 1.

[24] Pausanias, X, 22, 3 et 4 ; Diodore, XXXI, 13 ; Parthénius, 8. Pausanias, X. 22, 3 : prétendue anthropophagie (meurtres rituels de certains prisonniers ?) : cf. Diodore, V, 32, 6.

[25] Tite-Live, X, 48, 9 ; Plutarque, Camille, 28.

[26] Plutarque, Camille, 17.

[27] Ibidem, 28.

[28] Plutarque, Camille, 17 ; cf. Polybe, II, 19, 9.

[29] La fameuse expression : Τοΐς νενικημένοις όδύνη (Cam., 28 ; cf. Denys, XIII, 10), ou Væ victis (Tite-Live, V, 48, 9), n’est que la transcription littéraire de la malédiction à laquelle le droit religieux primitif soumettait tous les biens et tous les êtres des vaincus.

[30] À Thémisonium, Pausanias, X, 32, 4 et 5. Intervention du fleuve-dieu Marsyas à Célènes, X, 30, 9.

[31] Cicéron, De divination, I, 45, 101 ; Plutarque, Camille, 14.

[32] Justin, XXIV, 8 ; Pausanias, X, 23, 2 ; Valère Maxime, I, 1, Ext., 9.

[33] Cf. Delphoi dans Wissowa, col. 2569.

[34] Delphoi dans Wissowa, col. 2569 ; Pausanias, I, 4, 6 ; 13, 2-3 ; X, 16, 4 ; 18, 7 ; 19, 4.

[35] Justin, XXIV, 5, 12-13 ; en 280.

[36] En 279 ?

[37] En 277 ?

[38] Entre 241 et 235.

[39] Diodore, XXII, 11 ; Plutarque, Pyrrhus, 26 ; Pausanias, I, 13, 2 ; en 274.

[40] Polybe, XVIII, 41 (24), 7. Cf. Dittenberger, Or. Inscr., n° 269, 273,276 ; Pausanias, I, 4, 6 ; X, 15, 2 ; Tite-Live, XXXVIII, 16, 14.

[41] Florus, I, 7, 3 : les dieux envoyèrent les Gaulois contre Rome, car ils voulaient savoir an Romana virtus imperium orbis mereretur. Cf. Tite-Live, XXXVIII, ch. 17, 19, 20, 47 et 48.

[42] Polybe, II, 35, 8. Cf. le discours de Camille : Appien, Celtica, 8 ; Denys, XIV, 9.

[43] Tous les textes précédés de cf. se rapportent aux Gaulois de la Gaule propre, tels qu’ils nous sont décrits au premier siècle avant notre ère ; les autres, sur lesquels nous nous appuyons ici, concernent les Celtes ou les Galates des invasions.

[44] S. Reinach, Les Gaulois dans l’art antique, 1889 (Rev. arch.), p. 3 et suiv.

[45] Polybe, II, 15, 7.

[46] Dictionnaire des Antiquités, I, p. 673 et suiv.

[47] Celtes des temps de l’Allia : Denys, XIV, 8, 12 ; Appien, Celtica, 7 ; Florus, I, 13 (7), 4 ; Virgile, Énéide, VIII, 660 : Lactea colla. Gaulois de l’Illyrie et du Danube : Arrien, Anabase, I, 4 ; Plutarque, Paul-Émile, 12. Celtes de Brennos : Pausanias, X, 20, 7. Celtes cisalpins en général : Polybe, II, 15, 7 ; Silius, IV, 149-154. Gésates : Florus, II, 4 = I, 20, 1 : Corpora plus quam humana ; Polybe, II, 30, 3 ; Properce, V, 10, 40. Galates d’Asie : Tite-Live, XXXVIII, 17, 3 et 7 ; XXXVIII, 21, 9 : Fusa et candida corpora... multa carne. D’où la fable du géant Κελτός, père de la race (Denys, XIV, 1, 3). — Cf. Diodore, V, 28, 1.

[48] Denys, XIV, 9, 15 (Celtes des temps de l’Allia) ; Tite-Live, XXXVIII, 17, 3 : Promissæ et rutilatæ comæ (Galates d’Asie) ; Virgile, VIII, 659. — Cf. Diodore, V, 28, 1.

[49] Type dit du gladiateur mourant au Capitole, en réalité un Gaulois, et réplique d’une statue faisant partie des ex-voto d’Attale III. Absence de moustaches dans le Gaulois blessé du Louvre, dans le Gaulois casqué de Naples et le jeune Gaulois de Venise. — Cf. Diodore, V, 28, 3.

[50] Gaulois barbu de Venise. J’ai des doutes sur l’application à un Gaulois du groupe de la villa Ludovisi. Moulages de ces statues au Musée de Saint-Germain (Reinach, Catalogue, 3e éd., p. 191-3).

[51] Denys, XIV, 9, 15. — Cf. Diodore, V, 28, 2.

[52] D’après les monuments : si ce n’est que la couleur bleue des yeux n’est qu’une hypothèse, faite d’après ce que les Anciens ont rapporté des Cimbres, cærulea pubes (Horace, Épodes, 16, 7) ; on peut cependant appliquer (cf. de Belloguet, I, p. 90) à cette couleur des yeux l’histoire de Celtes nyctalopes (Eudoxe ap. Didot, Fragm. hist. Græc., IV, p. 407).

[53] Éphore ap. Strabon, 1V, 4, 8.

[54] Elle n’est mentionnée chez eux qu’à propos des invasions du temps de l’Allia (Appien, Celtica, 8 ; Denys, XIV, 9, 13 ; Claudius Quadrigarius, fr. 10).

[55] Polybe (II, 28, 8 ; 29, 7 ; 30, 2 et 3) oppose la nudité des Gésates, en 225, aux vêtements des Insubres et des Boïens. Gaulois nus à Cannes (Polybe, III, 114, 4 ; Tite-Live, XXII, 48, 6 ; cf. p. 493, n. 4) ; Galates combattent nus en Phrygie (XXXVIII, 21, 9). — Cf. Diodore, V, 30, 3 et V, 29, 2.

[56] Des Grecs se joignirent à Brennos.

[57] I, 35, 5 : je crois qu’il s’agit des Celtes du royaume de Cavaros.

[58] Cf. Claudien, De cons. Stil., II, 240-2.

[59] Plutarque, Camille, 17, 5 ; Marcellus, 7 ; Pausanias, X, 20, 7 ; Claudius Quadrigarius, fr. 10 et 12, Peter.

[60] Silius, IV, 202.

[61] Au dire de Polybe (II, 30, 3), les Gésates avaient μείξω τά σώματα, et les Galates ou Belges, qui sont du même groupe, passaient pour beaucoup plus grands que les Celtes (Diodore, V, 24). Il est donc possible que bien des traits dont se servent les écrivains pour caractériser les Celtes italiens de 390-349 aient été inspirés par les Gésates ou les Gaulois des invasions du siècle suivant. — Manlius Vulso, parlant des Galates phrygiens, faisait très intelligemment remarquer à ses soldats qu’à vrai dire il y avait nombre de métis parmi eux, beaucoup de degeneres et de mixti, de Phrygiens chargés d’armes gauloises (Tite-Live. XXXVIII, 17, 9).

[62] Chez les Celtes d’Italie : Appien, Celtica, 7 et 8 ; Denys, XIV, 8, 12 ; Tite-Live, V, 44, 4 (au temps de l’Allia) ; X, 28, 3 et 4 (bataille de Sentinum en 295) ; Polybe, 111, 79, 4, et Tite-Live, XXII, 2, 0 et 7 (auxiliaires d’Hannibal en 217) ; Silius, XV, 710 et suiv. (auxiliaires d’Hasdrubal en 207) ; Tite-Live, XXXIV, 47, 5, et XXXV, 5, 7 (Boïens italiens en 194 et 193). Chez les Gésates des guerres italiennes de 225 et suiv. : Florus, II, 4, = I, 20, 1 et 2. Chez les Galates d’Asie Tite-Live, XXXVIII, 17, 7 (en 189).

[63] Tite-Live, V, 44 (après l’Allia) ; Denys, XIV, 8 (id.).

[64] Timée, p. 151, Geffcken ; Appien, Illyrica, 2 ; peut-être Pausanias, X, 22, 7.

[65] Tite-Live, XXXIV, 47, 5 ; XXXVIII, 17, 7 ; Denys, XIV, 8.

[66] Polybe, II, 19, 4.

[67] Tite-Live, V, 44, 6 ; 45, 3 (après l’Allia) ; Plutarque, Camille, 23 (id.) ; Appien, Celtica, 7 (id.). Plutarque, ibid., 41 (en 367 ?) ; cf. Denys, XIV, 8. Diodore, XXIII, 21 (mercenaires d’Hasdrubal en 231). Polybe, XI, 3, 1 (après la bataille du Métaure, 207).

[68] Tite-Live, X, 28, 4 ; Florus, II, 4, 1 ; Denys, XIV, 8.

[69] Strabon, III, 4, 17 ; 3, 5.

[70] Plutarque, Amatorius, 22, p. 768 ; De virtutibus feminarum, p. 257-8 ; Strabon, XII, 3. 34.

[71] Cf. Strabon, III, 4, 17.

[72] Plutarque, Camille, 41 ; Tite-Live, XXXVIII, 17, 7 ; Polybe, II, 30, 4 ; 33, 2 ; Dion Cassius, XII, 50, 2-3.

[73] Plutarque, Camille, 41.

[74] Tite-Live, XXXVIII, 17, 8 ; 21, 8 ; Pausanias, X, 21, 3 ; Denys, XIV, 10 ; de même Memnon, 28.

[75] Strabon, III, 4, 17.

[76] Pausanias, X, 23, 12.

[77] Silius, XV, 719 ; Pausanias, X, 23, 7 et 8.

[78] Polybe, II, 30, 4 ; Tite-Live, XXXVIII, 21, 7 et 8, 11 et 12 ; Pausanias, X, 23, 7 et 8 ; Denys, XIV, 10.

[79] Tite-Live, XXXVIII, 17, 7 ; 21, 11 ; Dion, XII, 50,2-3 ; le même, XIV, 57, 6 b, p. 206, Boissevain.

[80] Arrien, Anabase, I, 4, 6 ; Polybe, V, 78, 3 ; Silius, VIII, 17.

[81] Tite-Live, XXXVIII, 12, 3 ; cf. XXI, 20, 8 ; Polybe, V, 78, 3 ; Silius, XI, 23 ; Florus, I, 13, 4.

[82] Tite-Live, XXXVIII, 21, 7 et 8 ; note précédente.

[83] Polybe, II, 21, 2-5 ; 32, 8 ; III, 78, 2 ; Silius, IV, 49-50 ; VIII, 16-17 ; Dion Cassius, XII, 50, 2-3.

[84] Diodore, XXIII, 21 ; Polybe, II, 21, 2-5 ; V, 78, 1-3.

[85] Tite-Live, XXI, 20, 3 ; Diodore, XXIII, 21.

[86] Arrien, I, 4, 8 ; Denys, XIV, 9, 15.

[87] Polybe, III, 35, 2-3 ; V, 78, 3

[88] Polybe, III, 79, 6 ; Tite-Live, XXXIII, 36, 8 ; Silius, VIII, 16-19.

[89] Tite-Live, XLIV, 28, 12.

[90] II, 35, 2-8.

[91] Diodore, XXII, 9, 4 ; Justin, XXIV, 8, 5.

[92] Pausanias, X, 19, 8 ; surtout 20, 6.

[93] Polybe, I, 80, 1-6.

[94] Cf. le discours que lui prête Plutarque (Camille, 28).

[95] C’est le mot célèbre de Caton, fr. 34 (ap. Charisius, p. 202, Keil) : Pleraque Gallia [la Circumpadane] duas res industriosissime persequitur, rem militarem et argute loqui. Le sens d’argute est prudenter, subtiliter, callide, ingeniose ; cf. Thesaurus lingue Latina, II, 3, s. v.

[96] Silius Italicus, IV, 279 et suiv.

[97] Leur infidélité dans les alliances était, dit Polybe, mobilité d’esprit (II, 32, 8) plutôt que trahison, cf. III, 40 : 78, 2 (où revient ce même mot). Violation exceptionnelle du droit des gens par les Sénons vers 283 (Appien, Celtica, 11). Série de perfidies et d’infidélités de la fameuse troupe des Gaulois parjures (Polybe, II, 7, 5-11). Le de perfidia et feritate Gallorum de Persée n’est qu’un argument d’avocat (T.-L., XLIV, 26, 12).

[98] Celle de la silva Litana chez les Boïens en 216 (T.-L., XXIII, 24, 7 ; cf. Polybe, III, 40, 12) ; Brennos, capable σοφίσματα ές πολεμίους έξευρεΐν (Pausanias, X, 20, 7).

[99] Cf. César, I, 13, 8.

[100] Tite-Live, V, 36, 6-8 ; Diodore, XIV, 113-4 ; Plutarque, Camille, 17 et 18.

[101] Tite-Live, XLIV, 27, 3. — Cf. Timée apud Diodore, IV, 19 ; De mirab. ausc., 85.

[102] Cf. Parthénius de Nicée, 8.

[103] César, des Volsques du haut Danube, VI, 24, 3 : Summam justitiæ opinionem.

[104] Gaulois du Norique ou Taurisques : T.-L., XXXIX, 55, 1-4 (183) ; XLIII, 5, 10 (170) ; XLIV, 14, 1-2 (169).

[105] Plutarque, Pyrrhus, 26. De même T.-L., XXI, 20, 8.

[106] Affaire d’Égéen en Macédoine vers 274 (Diodore, XXII, 12 ; Plutarque, Pyrrhus, 26).

[107] Affaire de Callium en 279, Pausanias, X, 22, 8. Affaire de Delphes, cf. chapitre précédent.

[108] Pausanias, X, 22, 6, cf. 3 et 4.

[109] Aristote, Politique, IV (VII), 2, 5, p. 1324 b ; Platon, Lois, I, p. 637.

[110] [Bourdon de Signais], Considérations sur l’esprit militaire des Gaulois, 1774, p. 1-90.

[111] Properce, V, 10, 42.

[112] Je le trouve mentionné à Sentinum en 295 (Tite-Live, X, 28, 8 et 9) ; mais : 1° ces chars sont-ils gaulois ? 2° ils sont placés en réserve et derrière Gallicum equitatum, qui est la force principale. Cf. note suivante.

[113] A Télamon, en 225, où il y a des Gésates, les chars sont également έκτός, etc. (Polybe, II, 28, 5 ; cf. 23, 4). Properce, V, f0, 42. Diodore les mentionne chez les Bretons du IIIe s., sans doute avant l’invasion belge (V, 21, d’après Timée) : il y fut, je crois, d’importation celtique ou galate, quoique Lucain semble dire le contraire (monstrati covinni, I, 420). Lucien parle de 180 chars de guerre et de 80chariots armés de faux chez les Galates vaincus par Antiochus, en 277 ? (Zeuxis, 8) ; il n’est pas impossible qu’ils aient eu des engins de ce genre, mais il y a dans les détails de cette bataille tant de fantaisie qu’on doit douter de celui-ci (cf. van Gelder, p. 129, et Th. Reinach, Revue celtique, X, 1889, p. 125). On peut dire, à la décharge de Lucien, que les Gaulois n’étaient peut-être pas seuls dans cette bataille.

[114] L’infanterie des Gaulois danubiens en 168 (Tite-Live, XLIV, 26, 3), dont les hommes peuvent combattre à cheval et à pied et qui savent courir aussi vite que des chevaux, semble composée des serviteurs ou des clients de la cavalerie même (Pausanias, X, 19, 9).

[115] T.-L., X, 29, 6 : c’est l’ordre en tortue (bataille de Sentinum en 295).

[116] Claudius Quadrigarius, fr. 10 et 12.

[117] Plutarque, Marcellus, 6.

[118] Les Taurisques (?) tenaient à importer des chevaux d’Italie (T.-L., XLIII, 5, 9).

[119] Cavaliers contre géants anguipèdes, surtout dans les sculptures gallo-romaines de la Belgique.

[120] Pausanias, X, 19, 9 ; Tite-Live, XLIV, 26, 3 (mercenaires appelés par Persée en 168) ; Plutarque, Paul-Émile, 12 (les mêmes).

[121] Tite-Live fait intervenir ici les chars de guerre de la réserve.

[122] X, 28, 8-11. — A Télamon de même (en 225), un très grand combat de cavalerie, mais heureux pour les Romains, a précédé la rencontre des deux armées de pied (Polybe, II, 28, 10). — Charge de cavalerie galate cum magno tumultu à Cubellum en Galatie en 189 (Tite-Live, XXXVIII, 18, 5) ; près de l’Olympe dans la même campagne (XXXVIII, 20, 3).

[123] Il n’en est question, chez les Celtes, que dans Silius, à propos des Sénons (I, 624).

[124] Plutarque, Marcellus, 7 et 8. Peut-être Polybe, III, 62, 5. Chez Dion Cassius, XII, 50, 4, cuirasse est pour baudrier (Florus, I, 20, 3).

[125] Chez ceux des temps de l’Allia (Plut., Cam., 41. Denys, XIV, 9 et 10 ; Claudius Quadrigarius, fr. 10) ; de Brennos et autres (Pausanias, X, 201,8 ; 21, 2 ; Diod., XXII, 11 ; Polyen, IV, 6, 17) ; de Galatie (n. suiv.) ; d’Italie, Gésates et autres (T.-L., XXII, 46, 6 ; Polybe, III, 114, 4 ; cf. n. suiv.).

[126] Scuta longs... et... plana (Tite-Live, XXXVIII, 21, 4, chez les Galates d’Asie) ; sans doute aussi trop étroits par rapport à la largeur des corps (ibid.) : c’est peut-être ce que veut dire Polybe, II, 30, 3 (Gésates venus en Italie). Son utilité se marque surtout dans les cas de tortue, lorsque Galli structis ante se scutis conferti starent (Tite-Live, X, 29, 6 ; XXXV, 5, 7).

[127] Denys, XIV, 9.

[128] Au moins au IIIe siècle ; Polybe, Il, 28, 7 (Télamon).

[129] Polybe, II, 28, 8 (Télamon).

[130] Tite-Live, XXXVIII, 21, 9.

[131] Cf. cependant le Galate Ludevisi (si c’est bien un Galate).

[132] Guerre de 367 : Plutarque, Camille, 41 et 40 ; Appien, Celtica, 8 ; Denys, XIV, 9 ; Polyen, VIII, 7, 2 ; peut-être Florus, 1, 13, 4. Guerres d’Italie au IIIe siècle : Polybe, II, 30, 8 ; 33, 3 ; Tite-Live, XXII, 46, 5. La longueur varie de 0,95 à 1 mètre ; la largeur, assez peu variable d’un bout à l’autre, mesure de 43 à 55 millimètres. On peut toujours se demander, en ce qui concerne les Celtes de l’Allia, si les historiens ne leur ont pas donné l’armement des Gaulois du IIIe siècle.

[133] Les objections que l’on peut faire à ces assertions touchant la mauvaise qualité des armes gauloises, de Polybe, II, 33, 3 et de Plutarque, Camille, 41, ont été exposées par Bourdon de Sigrais (Considérations sur l’esprit militaire des Gaulois, 1774, p. 26-7), et par S. Reinach, L’Épée de Brennus (L’Anthropologie de 1906). J’hésite cependant à croire que les détails de la bataille de 223, chez Polybe, ne proviennent pas de témoins oculaires.

[134] Guerre de 367 : Plutarque, Camille, 40 et 41. Guerre de 223 : Polybe, II, 33, 4 et 5.

[135] Ce qui précède, d’après Denys, XIV, 10.

[136] Elles sont cependant mentionnées par : 1° Denys, en Italie, en 367 (XIV, 9), dans une guerre sur laquelle nous n’avons que peu de renseignements ; 2° Tite-Live, chez les cavaliers sénons de 295 (X, 26, 11) ; 3° Tite-Live, en 217, chez un cavalier insubre (XXII, 6, 4) ; 4° Sisenna, sans doute dans les mêmes événements (fr. 29 et 71, Peter) ; 5° Élien, Hist. var., XII, 23 (source ancienne) ; 6° chez le chef des Gésates en 222 (Plutarque, Marcellus, 7).

[137] Peut-être en 358, T.-L., VII, 14, 4.

[138] Chez les Galates en 189 (Tite-Live, XXXVIII, 19, 6 et 21, 5) : Minima apparatus missilium telorum cura fuit... Nec tela jam alia habebant præter gladios. — Cf. Strabon, IV, 4, 3.

[139] Diodore (XIV, 115, 1) parle cependant de javelots usuels chez les Celtes de l’Allia ; cf. note suivante. On peut aussi rappeler ici la matara ou mataris, arme de même nature, mentionnée dans les guerres contre les Celtes d’Italie : Tite-Live en 350, VII, 24, 3 ; Sisenna, fr. 29 et 71. Peut-être la caleia.

[140] Properce, V, 10, 43. Virgile en arme les Gaulois de 390 (Alpina gæsa, Énéide, VIII, 662). Alpina gæsa chez Silius, I, 629. Le mot parait être passé du gaulois en latin. — Cf. Diodore, V, 30, 4.

[141] Il est à noter que Polybe ne nous montre jamais les Gésates se servant de leurs piques de jet.

[142] Άρυκτον βέλος, Denys, XIV, 9, 13. Voir à la bataille de 358 (Appien, Celtica, 1) et autres.

[143] Tite-Live, V, 35, 4 : Multitudinem.... formas hominum invisitatas.

[144] Appien, Celtica, 8 ; Denys, XIV, 9, 15.

[145] Tite-Live, V, 37, 8 : Truci cantu... horrendo cuncta compleverant sono.

[146] Polybe, II, 29, mentionne deux sortes de joueurs d’instruments, βυκανητών καί σαλπιγκτων : le premier instrument, tordu ou recourbé, le second, trompette à anche plus droite ou carnyx. — Cf. Diodore, V, 30, 3.

[147] Cf. Revue des Études anciennes, 1904, p. 55.

[148] Tite-Live, V, 38, 6 : Simul... clamor... auditas... fugerunt ; Appien, Celtica, 8.

[149] Tite-Live, V, 38, 7 jusqu’à 39, 1.

[150] Polybe, II, 33, 1. — Outre la description de la bataille de 225, voyez celle de la victoire de Flaminius sur l’Oglio (?) en 223 (Polybe, II, 33). — Voyez aussi celle d’Albe en 367, qui a été peut-être refaite de façon schématique par Denys (XIV, 10) et par Plutarque (Camille, 41).

[151] Polybe, II, 28, 6 et 1 ; 29, 7.

[152] II, 28, 8.

[153] II, 29, 6.

[154] II, 29, 9.

[155] Polybe, II, 30, 5. De même en 358, Appien, Celtica, 1, 1, contre les Boïens. De même dans le combat de l’Olympe contre les Galates en 189 (Tite-Live, XXXVIII, 21).

[156] Polybe, II, 30, 7.

[157] Polybe, II, 30, 8.

[158] Polybe, II, 33, 3 ; 30, 8. Cf. Denys, XIV, 10, 18, Jacoby : Όρθά τά ξίφη φέροντες ; cf. Claudius Quadrigarius, fr. 10.

[159] Polybe, II, 30, 9.

[160] Bibliothèque des Universités du Midi, fasc. VI, 1903 = Revue des Ét. anc., 1902-4.

[161] Pausanias, X, 21, 1 et 6 ; Diodore, XXII, 9, 4.

[162] Justin, XXIV, 4, 3 ; Tite-Live, V, 46, 3 ; Denys, VII, 70 ; Élien, Hist. var., II, 31. — Cf. César, VI, 10, 1.

[163] Tite-Live, V, 34, 4 et 9 ; Justin, XXIV, 4, 3.

[164] Cf. Rev. des Ét. anc., 1902, p. 106 et suiv.

[165] Florus, II, 4 = I, 20,4 (Insubres et Gésates) ; Ammien, XXVII, 4, 4 (Scordisques).

[166] Florus, II, 4 = I, 20, 5 (Viridomaro rege, etc., qui est Gésate) ; cf. Rev. des Ét. anc., 1902, p. 53.

[167] Polybe, II, 32, 6 (Athéné chez les Insubres) ; Ammien, XXVII, 4, 4 (Bellone chez les Scordisques). Peut-être aussi assimilée à la Victoire ou même à Fortuna.

[168] Ammien, XXVII, 4, 4 (Scordisques).

[169] Pausanias, X, 21, 1.

[170] Justin, XXIV, 4, 3.

[171] Tite-Live, V, 34, 4.

[172] Tite-Live, V, 34, 9.

[173] Justin, XLIII, 5, 5.

[174] Polybe, V, 78, 1.

[175] Justin, XXVI, 2, 2.

[176] Cf. Justin, XXXII, 3, 9.

[177] Justin, XXVI, 2, 2.

[178] Rois, II, 3, 27.

[179] Appien, Celtica, 8 ; Tite-Live, V, 37, 8 ; XXXVIII, 17, 4.

[180] Polybe, II, 29, 6.

[181] Polybe, II, 29, 6 ; Tite-Live, V, 37, 8 ; XXXVIII, 17, 4.

[182] Tite-Live, V, 38, 8 ; VII, 23, 8 ; Appien, Celtica, 8 ; Polybe, II, 29, 6.

[183] Florus, II, 4, 4.

[184] Tite-Live, V, 39, 2. Florus, II, 4, 5 ; Élien, Historia varia, XII, 23.

[185] Tite-Live, XXIII, 24, 12 ; Ammien, XXVII, 4, 4 ; Orose, V, 23, 18 ; Florus, III, 4, 2 ; Silius, XIII, 482.

[186] Pausanias, X, 22, 3 ; Silius, V, 832-3 ; Diodore, XXXI, 13.

[187] Tite-Live, X, 28, 11 ; XXIII, 24, 11.

[188] Diodore, XXII, 9 ; Pausanias, X, 23, 12.

[189] Éthique d’Eudème de Rhodes, III, 1, 25 ; Élien, Historia varia, XII, 23 ; Stobée, VII, 40 (Nicolas de Damas, fr. 104).

[190] Élien, Historia varia, XII, 23 ; Stobée, VII, 40 (ibid.).

[191] Les Sénons en 283 (Appien, Celtica, 11). Les Gésates en 225 (Polybe, II, 31, 2). Les Galates en 189 (Florus, II, 11, 8). Les Numantins (Celtibères ?) en 133 (Florus, II, 18, 15 ; Appien, Iberica, 96-7).

[192] Strabon, VII, 3, 8 (d’après Ptolémée) ; Arrien, An., I, 4 ; Tite-Live, XL, 58, 4 6. C’est leur mot à Alexandre ; cf. de Belloguet, III, p. 137 ; Rev. des Ét. anc., 1904, p. 131.

[193] Umbræ fortes, Silius, V, 652 ; Élien, Hist. var., XII, 23.

[194] Les Galates phrygiens comprenaient 12 tribus (Strabon, XII, 5, 1) ; peut-être 17 à l’origine (Memnon, 19, 3) ; ces tribus étaient divisées peut-être en groupes de cent familles (Pline, III, 146, compte 195 populi, qui sont peut-être ces groupes) ; leur population, au moment du passage, était de 20.000 hommes (soldats ?, T.-L., XXXVIII, 16, 2). — Les Boïens italiens se groupaient, au moment de leur extermination, en 112 tribus (Caton ap. Pline, III, 118), et pouvaient lever beaucoup plus de 50.000 hommes, ce qui suppose beaucoup plus de 200.000 têtes (T.-L., XXXVI, 40, 5 ; XXXIII, 36, 13).

[195] Cf. Revue des Études anciennes, 1904, p. 48.

[196] Tétrarques (nom emprunté à la langue grecque sans doute après 189) chez les Galates (Strabon, XII, 5, 1) : chaque tétrarque a eu sous ses ordres un juge et un chef militaire, avec deux lieutenants. Ces tétrarques ne sont que les anciens roitelets ou reguli de la bande (T.-L., XXXVIII, 16, 2 ; 18, 1 et 3 ; Memnon, 19, 3 ; Polybe, XXII, 20, 1-3 ; 21 ; 22 ; Diodore, XXIX, 12). Ils sont héréditaires (Strabon, XII, 3, 1 et 37 ; XIII, 4, 3). — Brennus de l’Allia est dit regulus, T.-L., V, 38, 3 ; 48, 8 ; ailleurs βασιλεύς : Appien, Celtica, 3 ; Plut., Cam., 17. — Βασιλεΐς chez les Boïens et les Insubres, Polybe, II, 21, 5 ; 28, 10 (cf. III, 62, 5) ; προεστώτες chez les uns et les autres, id., II, 21, 5 ; 32, 5 ; 35, 1 ; βασιλίσκοι chez les Circumpadans en 218 (Pol., III, 44, 5). Rois ou reguli chez les Boïens italiens entre 219 et 198 : T.-L., XXI, 29, 6 ; XXXIII, 36, 4 ; Silius, V, 137. — Reguli chez les Danubiens en 170-168 (Tite-Live, XLIII, 5, 1, 5 et 8 ; XLIV, 14, 1 et 26, 11). — Regulus chez les Salyens vers 400 (Justin, XLIII, 5, 5). — Cette expression de regulus ou βασιλίσκος est certainement la traduction d’un titre celtique.

[197] Dux consensu omnium Catumarandus regulus eligitur, Justin, XLIII, 5, 5.

[198] Brennus regulus en 390 (T.-L., V, 38, 3 ; 48, 8). Les bandes de 280 (Pausanias, X, 19, 7). Ήγεμών des Gaulois revenus sur le Danube en 278 (Athénée, VI, 25). Dux des Boïens italiens en 218 (Silius, IV, 148). Britomart (Virdomar), roi des Gésates en 222 (Plut., Marc., 6 et 7 ; Florus, II, 4, 5) ; autres en 225 et 223 (Florus, I, 20 = II, 4). — En 280, Acichorios doit être en sous-ordre de Brennos (Pausanias, X, 19, 7).

[199] Deux chefs des Galates en 279-8 (T.-L., XXXVIII, 16 : Memnon, 19, 3) : encore semble-t-il qu’il y ait eu moins deux chefs que deux bandes sous un seul chef (cf. Strabon, XII, 5, 1). Deux rois des Gésates en 225 (Pol., II, 22, 2 ; 3, 1). Deux rois, chefs de guerre chez les Boïens en 236 (Pol., II, 21, 5).

[200] Polybe, IV, 48, 1.

[201] Polybe, IV, 45, 10 ; 46, 1.

[202] Cependant Brennos désigne ou propose son successeur à la tête de l’armée (Diodore, XXII, 9, 2), et nomme ses lieutenants (Pausanias, X, 19, 8 ; 22, 2).

[203] Polybe, II, 26, 4, 7 ; cf. 23 ; T.-L., XLIV, 27, 2.

[204] Plutarque, Marcellus, 7.

[205] Pausanias, X, 21, 1.

[206] Tite-Live, XXIII, 24, 12 : en 218, chez les Boïens, il y a sacerdota (grands-prêtres ?) et antistites templi.

[207] Tite-Live, V, 34, 3-4 ; de même Justin, XLIII, 5, 5.

[208] Ce qui explique pourquoi les nations qu’elles fondaient gardaient assez souvent le nom d’un de leurs chefs (c’est, dit Strabon, XII, 5, 1, le cas des Trocmes et des Tolistoboïens).

[209] Polybe, II, 32. 6 (Insubres) ; Tite-Live, XXIII, 24, 11 (Boïens). Le Fanum Fortunæ des Sénons est peut-être la traduction latine de leur principal sanctuaire.

[210] Tite-Live, V, 34 et 35.

[211] Polybe, IV, 46.

[212] Justin, XXXII, 3, 8 ; Athénée, VI, 25 (Posidonius).

[213] Strabon, XV, 5, 1 (la suppression ou la subordination des tétrarques de tribus n’eut lieu, dit Strabon, que de notre temps). Les reguli des trois peuples en 189 (T.-L., XXXVIII, 19, 2) ne sont peut-être encore que des rois de canton, chargés par les tribus associées de la conduite de la guerre. Cf. Dittenberger, Or. Inscr., I, p. 556 et suiv.

[214] II, 17, 9 ; cf. T.-L., XXXIII, 36 et 37.

[215] II, 17, 8-11.

[216] Polybe, IV, 48, 2 ; Strabon, XII, 5, 2 ; Diodore, fr. XXXIV-V, 36.

[217] Hégésianax apud Strabon, XIII, 1, 27.

[218] Polybe, IV, 45, 2.

[219] Μεδιόλανον, ...κυριώτατος τόπος des Insubres, Polybe, II, 34, 10.

[220] Tite-Live, XXXII, 30, 6 : Brixia... caput gentis.

[221] Felsina encore en 197, T.-L., XXXIII, 37, 3-4. Il est difficile de savoir quelle ville a joué le rôle de capot chez les Sénons : peut-être aucune, les Sénons ayant toujours été plus barbares.

[222] Strabon, V, 1, 9 ; Polybe, II, 24, 7 ; Tite-Live, XXI, 55, 4 ; XXXII, 30, 7 et s.

[223] Ce chiffre de 300 doit correspondre à quelque division primitive de cette société galate : peut-être un délégué par groupe de cent guerriers ou de cent familles. Sur le lieu de réunion, cf. Perrot, De Galatia provincia Romana, 1867, p. 19.

[224] Strabon, XII, 5, 1. Les Galates sont également le seul ensemble celtique, hors de Gaule, où l’on constate une tentative de royauté générale, celle d’Ortiagon peu après 189 (Polybe, XXII, 21).

[225] Polybe, II, 19, 3-4 ; 21, 5.

[226] Chez les Galates, Strabon, XII, 3, 1 et 37 ; XIII, 4, 3 ; chez les Boïens ou les Sénons, Silius, V, 646 (explication incertaine) ; chez les Scordisques, Athénée, VI, 24 (Posidonius).

[227] Cisalpine : Tite-Live, XXXII, 30, 6 et 7 ; XXXIII, 23, 5 ; XXXVI, 40, 11. Taurisques (?) : XXXIX, 53, 1.

[228] C’est ce que Polybe (II, 17, 12) appelle τάς έταιρείας.

[229] Polybe, II, 19, 3 ; 21, 5 ; T.-L., XXXII, 30, 6.

[230] Cela résulte de Polybe, II, 21, 5 (Boïens). De même chez les Celtibères (Diodore, II, 39). — Cf. Tite-Live, XXI, 20, 1 ; César, V, 36, 1.

[231] Polybe, IV, 46.

[232] ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΚΑΥΑΡΟΥ, Blanchet, Traité, p. 466 ; British Museum, Catalogue, etc., Thrace, p. 207.

[233] Polybe, IV, 52, 1 ; cf. Niese, II, p. 386-7.

[234] Polybe, VIII, 24.

[235] Cf. Robiou, p. 93 et suiv. ; Stæhelin, p. 49 et suiv.

[236] Jérôme, Comm. in Epist. ad Galatas, II, Migne, XXVI, c. 337.

[237] Dittenberger, Or. Inscr., n° 347-349.

[238] Cf. dans un sens légèrement contraire, Mommsen, Rœmische Geschichte, V, p. 311 et suiv. ; cf. aussi Perrot, De Galatio, p. 169 : Th. Reinach, Mithridate, p. 88.

[239] Nous ne possédons aucune inscription galate ou relative aux Galates qui ne soit pas en langue grecque.

[240] Strabon, XII, 5, 2 et 3 : je doute que Tavium soit une création galate. Il y eut très peu de fondations nouvelles, je ne remarque guère que : Tolastochora (Ptolémée, V, 4, 5) ou Tolosocorio (Table de Peutinger), peut-être curia ou curtis Tolisti, le même chef qui aurait donné son nom aux Tolistoboïens.

[241] Hi jam degeneres sunt, mixti et Gallogræci vere, quod appellantur, Tite-Live, XXXVIII, 17, 9.

[242] Strabon, XII, 5, 2 ; ici, les 4 notes suivantes.

[243] Plutarque, Amatorius, 22, p. 768 : Mulierum virturte, p. 257.

[244] Ibidem.

[245] Après 189 (T.-L., XXXVIII, 18, 9) et avant 163.

[246] Le premier Galate connu qui ait été grand-prêtre de Pessinonte apparaît en 163 et 159 (Dittenberger, Or. Inscr., n° 315, I, p. 484 : je ne peux croire à un Grec portant un nom gaulois). Il est difficile de penser que le nom des prêtres ordinaires de la Mère, les Galles, soit d’origine celtique ; Gallus ou Galla n’a jamais été gaulois, à moins, ce dont je doute fort, qu’on ne puisse rapprocher ici le nom des prêtresses de l’île de Sein. Gallizenæ, Méla, III, 42.

[247] Manlius Vulso à ses soldats (T.-L., XXXVIII, 17, 17) : Uberrimo agro, mitissimo calo, clementibus accolarum ingeniis omnis illa, cum qua venerant, mansuefacta est feritas.

[248] Polybe, XXII, 21.

[249] Polybe, XXII, 21 (XXI, 38) ; Tite-Live, XXXVIII, 24 ; Plutarque, Mulierum virtutes, p. 258.

[250] Polybe, XXII, 21 (XXI, 38), 12.

[251] Tite-Live, XXXVIII, 24, 2 ; 19, 2 (Tolistoboïens ?, van Gelder, p. 250).

[252] Polybe, XXII, 21 ; prol. Pompei Trogi, 32. Van Gelder, p. 250 et suiv. ; Dittenberger, Or. Inscr., I, p. 465.

[253] Par exemple, τήν όδόν Βαθαννατίαν (Athénée, VI, 25), défilé de Momina entre Nich et Uskub ?

[254] C’est ce que les Grecs appelaient être philhellènes : ce qu’ils ont dit de tous les Celtes (Éphore ap. Scymnus de Chio, 183-5 ; ap. Strabon, IV, 4, 6). De même, le renom de pacifiques ou de sages que l’on faisait aux Helvètes de Franconie et aux Volsques de Bavière signifie sans doute qu’ils accueillaient volontiers l’étranger ; de même les Taurisques.

[255] Tite-Live, XLIII, 5, 8 ; XLIV, 14, 2.

[256] Outre les présents qu’ils reçurent du sénat, les envoyés des Taurisques (?) emmenèrent dix chevaux par homme (T.-L., XLIII, 5, 9).

[257] T.-L., XXXIX, 45, 6 ; 55, 1-3 ; XLIII, 5 ; XLIV, 14, 1-2. Ces relations, ces ressemblances entre l’art et les populations des deux côtés des Alpes Juliennes, sont un fait constant : qu’on se rappelle l’extension de la civilisation étrusque chez les Sigynnes du Norique. C’est la conséquence des conditions géographiques.

[258] Utilise dès le temps du bronze (cf. Mair, Res Ræticæ, Villach, 1892, p. IV et s. ; Kossinna, Zeitschrift für Ethnologie, 1992, p. 188), et visité par les Marseillais : sans doute aussi le Splugen. Ce sont les cols qui unissaient les Insubres et les Cénomans aux Volsques et, au delà, aux Helvètes.

[259] C’est ce que, du nom d’une station gauloise au nord du lac de Neufchâtel (Grass, La Tène, 1886), on a appelé la civilisation de La Tène (Hildebrand le premier dans son célèbre travail sur les fibules, Antiquarisk Tidskrift f. Sverige, IV, 1872. p. 141) = 128 : cf. le même, Congrès international de Stockholm en 1874, II 1876, p. 599 : Tisrhler, Ueber die prähistorischen Arbeiten, etc., Kœnigsberg, 1884 Phys.-ökon. Gesellschaft, XXV, p. 32 = 24) : c’est en réalité le second âge du fer, l’âge de sa prééminence véritable ou la civilisation barbare des temps de l’hégémonie celtique. C’est grâce aux conquêtes et aux empires gaulois que cette civilisation a ce caractère homogène et commun qui a manqué è l’âge du bronze (Tischler, p. 32). — Sur elle, voyez, outre Hildebrand et Tischler, en général : Hoernes, Die Urgeschichte des Menschen, Vienne, 1892, p. 629 et suiv. ; Reinecke, Zur Kentniss der La Tène-Denkmäler, dans Festschrift des Centralmuseums de Mayence, 1902 ; Déchelette, L’Archéologie celtique en Europe, extrait de la Revue de synthèse historique, 1901 ; sur les régions autres que la France : [Read et Smith], British Museum, A guide to the Antiquities of the Early Iron Age, 1905 ; Pié, Le Hradischt de Sradonitz, trad. Déchelette. Leipzig, 1906 (Bohême) ; Montelius, La Civilisation primitive en Italie, 2 vol., 1895 ; Brizio, Il Sepolcreto gallico di Montefortino, 1901, dans les Monumenti ant. dei Lincei, IX, c. 617 et s. : Déchelette, Rev. arch., 1902, I, p. 21.5 et s. (Italie) ; Hoernes, L’Époque de La Tène en Bosnie, Paris, 1900 : von Pulsiky, Revue archéologique, 1879, II (Hongrie, et remarques générales importantes) : Naue, Rev. arch., 1895, II, surtout p. 53 et s. (Bavière) ; etc. — On date parfois cet âge de 500, je crois un siècle trop tôt. Les subdivisions de Reinecke en La Tène I (500-400), II (400-300), III (309-100), IV, me semblent arbitraires : j’aimerais mieux I = 400-250 ou 200, II = 250 ou 200-100 ou 50 (suivant les pues), etc. Nous ne parlons ici que de ces trois siècles. — Il ne peut être question ici de la civilisation antérieure, celle dite de Hallstatt ou du premier âge du fer, à laquelle je rattache les célèbres situles ou seaux des régions du Pô et du Danube. Ces situles, quoi qu’on en ait dit (Bertrand et Reinach, Les Celtes dans les vallées du Psi et du Danube, 1894, p. 94 et suiv.), n’ont absolument rien de celtique : tout leur art est d’imitation ou de survivance étrusque, orientale ou lydienne (Hoernes, Urgeschichte der bildenden Kunst, p. 644-676 ; Reinach, Cultes, 1, p. 284) ; et il faut rapprocher de leur caractère l’origine médique que se donnaient les Sigynnes, précurseurs des Celtes dans le Norique (Hérodote, V, 9), et l’origine lydienne que se donnaient les Étrusques. Ces objets sont antérieurs à 400 et à l’invasion gauloise, et prouvent surtout une chose : c’est qu’il y avait des deux côtés des Alpes Juliennes (Étrusques, Vénètes, Sigynnes) une industrie originale et prospère, le goût de l’imitation artistique, un commerce très actif. Ce que les Gaulois ont pu interrompre un instant, mais qu’ils ont repris ensuite. Au surplus, les traces de la transition entre les deux âges, de la persistance des choses de Hallstatt sous la domination celtique, me paraissent chaque jour plus nombreuses. Sur Hallstatt, outre Bertrand : Hoernes, Urgeschichte der bildenden Kunst, liv. V et VI ; von Sacken, Das Grabfeld von Hallstatt, Vienne, 1808 ; Musée de Saint-Germain, salle VI, 35, Cat., p. 1514-7 ; Hoernes, Die Hallstattperiode, dans Archiv für Anthropologie, XXXI, 1905, p. 233 et s.

[260] Polybe, II, 17, 9.

[261] Id., II, 15.

[262] Tite-Live, XLV, 30, 5.

[263] Varron ap. Pline, XII, 5. Il s’agit d’un Helvétie : ce dernier peuple est dit, lorsqu’il habitait la moyenne Allemagne, très riche en or et pacifique, Posidonius ap. Strabon, IV, 3, 3 ; VII, 2, 2 : l’orpaillage du Rhin l’enrichit sans doute.

[264] Tite-Live, XXXVI, 40, 11 : Vasa ænea Gallica ; Strabon, VII, 2, 1 et 3 ; cf. Montelius, trad. Reinach, p. 142-152 (réserves faites sur la date de certains objets à figures) ; Willers, Die römischen Bronzeeimer, etc., 1901 ; Déchelette, Rev. arch., 1902, II, p. 280 et s.

[265] Les types de fibules plus fréquents au nord qu’au sud des Apennins sont les suivants (Reinach, Dict. des Ant., au mot Fibula, XIV et XV ; cf. Undset, Das erste Auftreten des Eisen, 1882 [trad. all.] ; Tischler, Beiträge zur Anthropologie und Urgeschichte Bayerns, 1881, IV, p. 47-83 ; Almgren, Studien äber Nordeuropæische Fibelformen, 1897, Stockholm ; Montelius, La Civilisation primitive en Italie, I, p. I et s.) : la fibule la plus répandue et à coup sûr la plus caractéristique de la civilisation gauloise ou de La Tène, est celle dite en S ; plus anciennes, celles en T ou en arbalète, en croissant, à timbale, à spires : ainsi nommées de leur forme ou de leur ornement distinctif. L’opinion courante en fait des types d’importation celtique : cela n’est pas encore prouvé, même pour les types en S et en T ; et il serait fort possible que (par exemple à Hallstatt) il v ait eu purement et simplement continuation (avec des formes diverses) de l’industrie indigène inspirée aux Sigynnes par les Étrusques ou les Grecs : les Celtes ont pu préférer certains types sans les avoir créés. La question de la fibule, comme celle de l’épée, demeure, encore que toujours un peu confuse, capitale pour les classements chronologiques.

[266] Florus, II, 4 = I, 20,4, etc. On ne peut non plus affirmer que la forme première du torques soit indigène et celtique, et qu’il n’y ait pas eu des importations de ce genre d’objets (Tite-Live signale celles de torques d’or de cinq et de deux livres chez les Celtes du Danube en 170 et 169 ; XLIII, 5, 2 ; XLIV, 14).

[267] Peut-être dans le Norique même. — Cette grande épée de fer, l’épée gauloise des textes classiques ou du IIIe siècle ou de La Tène II ou III (p. 331-2 et suiv.), remplaça la plus récente épée de fer des temps de Hallstatt, épée courte, à pointe aiguë, copiée sur le modèle de l’épée de bronze. — On admet d’ordinaire que cette courte épée de Hallstatt a été précédée, dans ce premier âge du fer, par une épée longue, en fer, à pointe, première héritière de l’épée de bronze ; et on admet également qu’entre l’épée courte de Hallstatt et la grande épée gauloise, les Gaulois ont connu (période de La Tène I) une épée courte, à pointe, quelque chose d’analogue au glaive celtibérique. Je n’accepte ni ne repousse cette chronologie. - Il me parait en tout cas fort possible que. les Gaulois aient utilisé, avant leur grande épée camarde, le petit glaive d’estoc et de taille : voyez chez Diodore, XVI, 94, 9, l’épée gauloise qui servit à l’assassin de Philippe en 336 ; cf. encore le fait d’Hannibal remplaçant ses armes chez les Allobroges, p. 475 ; et enfin, quoique les épées soient toutes des restaurations, il semble bien que les sculpteurs aient représenté d’ordinaire les Gaulois avec des courtes épées pointues. Et il est possible également que, même dans la seconde période, ils aient conservé, au moins pour l’usage religieux (suicide compris) et peut-être aussi funéraire, de courtes épées pointues de fer ou de bronze, survivances des temps antérieur. — Cf., sur cette question, qui est encore obscure : Mongez, Mém. de l’Inst. nat., Littérature, V, an XII, p. 517 et s. ; Rev. arch., 1861, II, p. 66-8, 141-2 ; de Reffye, Rev. arch., 1864, II, p. 347 ; Quicherat, ibid., 1863, I, p. 89-92, Lindenschmit, Alterthümer (voir à la table, p. 32-33) ; Tischler, Correspondenz-Blatz der deutschen Gestellschaft für Anthropologie, 1885, p. 157 et 172 ; Déchelette, Rev. arch., 1902, I, p. 256-6, 266-7 ; Gross, La Tène, 1886, p. 20-24, pl. I-V et VII (très belle collection) ; Bertrand, Archéologie, p. 280 et suiv. ; Bertrand et Reinach, Rev. Celtes, p. 85 et s., 123, 167 et s., etc. ; Schumacher, Die Schwertformen, dans les Fundsberichte aus Schwaben, VII, 1899 ; Naue, Die vorrœmischen Schwerter, Munich, 1903 ; Hoernes, Archiv, XXXI, p. 247 ; Reinach, Catalogue du Musée de Saint-Germain, p. 112, 141, 160 ; le même, L’Épée de Brennus (L’Anthropologie, 199). Les épées publiées par Gross et de Reffye correspondent, je crois, à la grande épée de fer à pointe mousse décrite par les textes (Musée de Saint-Germain, XIII, 27 A, F, G, p. 111 et 112 ; cf. 26 A, p. 110).

[268] Reinecke, p. 4, 14. Mais plus lentement qu’on ne croit, et pas avant 200.

[269] Sans lui être du reste comparable comme arme de combat (Polybe, II, 33, 3).

[270] Cela se rattache peut-être à l’usage de tuer l’ennemi en lui tranchant la tête.

[271] T.-L., XLIII, 3, 8 ; XLIV, 14, 8 ; Polybe, III, 62, 5 ; Silius, IV, 133 et suiv. ; V, 137 et suiv. ; Plutarque, Marcellus, 7 ; Bertrand, Archéologie, p. 333 et suiv. (vase étrusque de Græchwil prés de Berne), p. 342 et s. ; Lindenschmit, Alterthümer, II, II, 1 (trouvaille de Durkheim en Bavière Rhénane) ; III, V (coupe italo-grecque et bijoux d’or de Rodenbach en Bavière Rhénane) ; Reinecke, p. 2, 10, 21, etc. (réserves sur les dates) ; Musée de Saint-Germain, VI, 20, 34, 35 ; Cat. de Reinach, p. 153 et 159-160.

[272] Silius, I, 824, sans doute par anachronisme.

[273] Alex. Bertrand, Arch., p. 302 ; Pic et Déchelette, c. 93-6, pl. XLIX ; Déchelette, Les Fouilles du mont Beuvray, 1904, p. 139 et suiv. Celui-ci insiste surtout, arec raison, sur la céramique peinte à fond blanc et à dessins de couleur ocreuse, à décors géométriques. Il n’y aurait rien d’impossible à ce qu’elle fût imitée de vieil art grec, les anciens type9 helléniques, déjà maintenus à Marseille plus longtemps que dans la Grèce propre, ont survécu encore davantage dans les zones barbares influencées ; mais j’avoue qu’on ne peut regarder comme prouvée cette hypothèse de limitation.

[274] Reinecke, p. 9.

[275] Triomphe de 191 sur les Boïens : 1471 torques d’or, 2340 livres argenti infesti factique in Gallicis vasis non infabre suo more factis ; T.-L., XXXVI, 40, 12. XXXIII, 38, 13 (en 196).

[276] Reinecke, p. 30 et suiv.

[277] Reinach, La Sculpture en Europe avant les influences gréco-romaines, 1896 (L’Anthropologie), surtout, comme types celtiques, fig. 176-180. Peut-être moins anciennes qu’on ne croit. — Les fig. 105-174 (cf. Bertrand et Reinach, Les Celtes dans les vallées du Pô et du Danube, p. 86 et suiv.) semblent représenter, dans la période de Hallstatt, les types précurseurs de ceux-là : mais il y a de bien grandes différences. Les antennes du type de La Téne, tournées à l’extérieur, nie font songer aux cornes ou trompes d’airain, réelles ou fantastiques, qui ornaient les casques gaulois : elles renferment donc un élément figuré, qui me parait manquer aux antennes dites du temps de Hallstatt.

[278] Reinecke, p. 43 ; même certains motifs grecs, comme l’acanthe, paraissent étrangers (et sans doute à dessein) à l’imitation gauloise.

[279] Pas avant la domination romaine en Italie, ni avant 250 dans la région du Danube, et peut-être assez longtemps après cette date ; de même, Déchelette, Fouilles, p. 166-169.

[280] Déchelette, Stradonic, p. 31 (Congrès arch. de Mâcon, 1899).

[281] Reinach, Sculpture, p. 67 et suiv.

[282] Sur les monnaies des Celtes de l’Europe centrale : Streber, Abhandlungen der phil.-phil. Classe der k. bayer. Akad. der Wissenschaften, IX, 1860-3, p. 165 et s., 541 et s. (capital) ; Kenner, Der Münzfund von Simmering in Wien, 1893 (Num. Zeitschrift de Vienne, XXVII, 1896) ; Blanchet, Revue numismatique, 1902 = Traité des monnaies gauloises, 1905, ch. 19. L’apparition de motifs indigènes peut être, je crois, constatée dans les monnaies danubiennes et voisines qui appartiennent à la seconde période : Regenbogenschüsselchen ou statères d’or frappés par les Boïens de Bohême ou par les autres peuples, à là coquille, à la tête d’oiseau, au serpent ; grosses pièces d’argent à légendes (noriques ?) ; je ne sais si la série d’électrum (Blanchet, Traité, p. 461, aux Cotini ?) n’est pas leur contemporaine. Ce second tige du monnayage n’est peut-être pas antérieur de beaucoup à l’an 100.

[283] Reinach, La Sculpture, fig. 143 et 144 (poignard).

[284] Id., fig. 182 (couteau). Toutes ces figures ne paraissent postérieures à 200.

[285] Reinach, p. 119 et suiv., surtout le canard. La représentation du canard remonte sans aucun doute à l’âge préceltique : l’oiseau est un des motifs dominants de la civilisation de Hallstatt (Hoernes, p. 488-498).

[286] Cf. von Pulszky, Rev. arch., 1879, II, p. 273 ; S. Reinach, L’Anthropologie, 1902, p. 287-272. La discussion est ouverte sur la question de l’originalité artistique de l’art gaulois pendant la période dite de La Tène. Supposer ces types et ces objets produits dans les pays gaulois, comme on le fait d’ordinaire en France (Bertrand dans les deux livres cités, Déchelette, Montefortino et Ornavasso, Rev. arch., 1902, I, en particulier p. 259) me parait exagéré. Mais c’est aller également trop loin que de traiter les Celtes en hommes incapables d’art et d’industrie, et d’attribuer par exemple aux seuls Étrusques les produits trouvés en pays sénon (Brizio, Il Sepolcreto gallico di Montefortino presso Arcevia, 1901, Mon. ant. dei Lincei, IX, 1899, surtout c. 731). En dernier lieu, l’origine étrusco-grecque des motifs d’ornementation des bronzes pado-danubiens a été défendue par Studniczka (Jahrbücher des k. d. a. Instituts, XVIII, 1903, p. 21 et s., qui d’ailleurs mêle des choses de date et de caractère tris différents). Reinecke est plus conciliant. Tout du reste, eu cette matière, est affaire de mesure.

[287] Peut-être seulement après la conquête romaine, en tout cas pas avant le troisième siècle. Pauli, Die Inschriften Nordetruskischen Alphabets, 1885.

[288] Blanchet, Traité, p. 455-8 : type d’or à la tête de Pallas, Moravie ; p. 447-9 type d’argent à la tête d’Apollon, Norique ancien ; cf. p. 453 : maintien du poids du tetradrachme attique dans les pièces d’argent plus récentes. Les deux premiers types doivent être antérieurs à 150, postérieurs à 300 ou même à 250.

[289] Nummii bigati, chez les Gaulois italiens en 197 (T.-L., XXXIII, 23, 7 et 9), Boïens d’Italie en 191 (XXXVI, 40, 12). Statères d’or chez les Celtes de l’Hémus après 278 (Polybe, IV, 40, 3) ; demandés par les Gaulois du Danube en 108 (T.-L., XLIV, 20, 4) ; etc.

[290] Le fait qu’il y avait en Circumpadane des auberges, et où l’on mangeait et logeait à prix fixe, est l’indice d’une circulation de voyageurs fort intense : cela, il est vrai, pour les premiers temps de l’époque romaine (Polybe, II, 15, 4-6).

[291] Cela est attesté par les trouvailles de monnaies et notamment de ces Regenbogenschüsselchen qu’on découvre dans presque tout le domaine celtique, depuis la Bohème, qui parait en être le point de départ, jusqu’en Saintonge ; Blanchet, p. 467 et suiv.

[292] Polybe, II, 17, 8.

[293] Une des premières choses que font les émigrés transalpins dans le pays d’Aquilée en 186, c’est oppidum ædificare (T.-L., XXXIX, 22, 6 ; 45, 6 ; 54, 6).

[294] Plutarque, Marcellus, 7.

[295] Cf. les remarques de Fr. Marx, Die Beziehungen der classichen Völker des Alterthums zu den keltisch-germanischen Norden (Beilage zur Allg. Zeitung, Munich, 23 et 24 juillet 1897, n° 162-3).

[296] Les études archéologiques de la période dite de La Tène font ressortir chaque jour davantage le rôle économique de cette double région ; cf. Déchelette, Les Fouilles du mont Beuvray, 1904, surtout p. 183 et suiv. — Ce rôle, au surplus, apparaît, dès l’époque de Hallstatt, chez les Sigynnes et les Vénètes (Hérodote, V, 9). — La route pado-danubienne par les cols des Alpes de l’Adriatique est capitale dans l’histoire économique de l’Europe. C’est celle des offrandes hyperboréennes (id., IV, 33), sans doute aussi une route de l’ambre, de celui de la Frise aussi bien que de celui de la Baltique ; et c’est sur cette route que se trouvent les situles historiées, les plus anciens et plus énigmatiques spécimens d’art figuré dans l’Europe centrale. Pour bien comprendre l’importance de cette route, il faut se rappeler que vers ces cols convergent à la fois la route de la Drave, qui mène au Danube et au monde grec, et celle de la haute Mur, qui, par le Semmering et Vienne, conduit à la tranchée de la Moravie, à l’Oder, à la Vistule, au monde purement barbare : par cette tranchée de Moravie ont aussi, peut-être, passé les offrandes hyperboréennes, et en tout cas les caravanes de l’ambre baltique. — Ajoutez, comme centre important de cette grande Celtique, le carrefour du Mein, que tenaient les Helvètes : ce qui explique aussi leur richesse particulière. — Le carrefour de Vienne, entre la route du Danube et celle de la Moravie, n’avait alors qu’une importance secondaire, à cause de sa situation en plaine, et parce qu’il fut sans doute à l’extrémité des États boïen et taurisque. Et cette obscurité rappelle celle où, pour les mêmes causes, végétait Lyon au temps de la Gaule indépendante, à la frontière des États éduen et allobroge.

[297] Niese (Zeitschrift für deutsches Altertum, XLII, 1898, p. 147 et suiv.) croit au contraire que les Taurisques qui prirent part à la bataille de Télamon (Pol., II, 28, 4 ; 30, 6) sont, non les Taurini de Turin, mais les Celtes du Danube, et que c’est du nord-est également que vinrent les Gésates. Sur les contusions entre les deux peuplades, cf. Garofalo et d’Arbois de Jubainville, Rev. celt., XXVII, 1906, p. 155 et s.

[298] Cf. Thucydide, I, 56, et les remarques de Fustel de Coulanges, La Cité antique, p. 253, n. 10, et Œhler ap. Wissowa, I, c. 2826.

[299] Tite-Live, V, 34 et 33, 1-2 ; Pline, III, 124.

[300] Silius, IV, 150 et suiv., 280 et s. ; Tite-Live, X, 16, 6 ; Polybe, II, 22, 3-4.

[301] Plutarque, Marius, II, 3.

[302] Strabon, IV, 1, 13 ; XII, 5, 1 ; Tite-Live, V, 34, 9 ; 35, 1-2 ; César, V, 12, 2 ; VI, 24, 2.

[303] Polybe, II, 19, 1.

[304] C’est ainsi que j’interprète Strabon, V, 1, 6.

[305] Lettre des Marseillais en faveur de Lampsaque πρός τόν δήμον τών Τολοστοαγίων (Tolistoboïens) Γαλατών en 196 (Dittenberger, Sylloge, 200 = 2e éd., 276 ; Lolling, Mittheilungen des deutschen arch. Institutes, Athènes, VI, 1881, p. 109-101).

[306] Ce n’est, je crois, que de cette manière qu’on peut expliquer la tradition de la présence d’or delphique à Toulouse : Justin, XXXII, 3, 9 ; Strabon, IV, 1, 13 (Timagène) ; Dion Cassius, XXVII, 90.

[307] Cf. César, VII, 77, 16 ; Tite-Live, XXI, 20, 6.

[308] Par là s’expliquent les analogies constatées dans les produits industriels des pays celtiques, à l’époque dite de La Tène, depuis la Bohème jusqu’au Morvan (Déchelette, art. sur Stradonic, p. 61 et suiv.) ; par là, la circulation monétaire entre la Bohème et la Suisse (id., p. 11-12), et peut-être de l’Europe centrale jusqu’en Saintonge (trésor de Regenbogenschüsselchen trouve à Courcoury, Blanchet, p. 476 et 547).

[309] Infandi Senones, Silius, IV, 160.

[310] Orose, V, 23, 17 et 18 ; etc. Cf. Perdrizet, Bull. de corr. hell., XX, 1896, p. 485 et suiv.

[311] Ammien Marcellin, XXVII, 4, 4.

[312] Polybe, II, 32, 8.

[313] Plutarque, Virt. mul., 20 ; Amat., 22.