L’avènement de Septime Sévère est une grande date dans l’histoire
de l’empire romain ; peut-être dira-t-on un jour, la plus grande. Si la mort
de Marc-Aurèle est bien la fin du monde antique[1], le règne du
prince africain est le triomphe complet des aspirations provinciales sur le
vieil esprit italien. Depuis un siècle, le trône était l’apanage des membres
de l’aristocratie romaine : il appartient maintenant, et par droit de
conquête, au fils d’un simple chevalier, d’un municipalis
eques, comme eût dit Juvénal. Les descendants des plus antiques et
des plus glorieuses familles de Rome, ces souverains qui faisaient remonter l’origine
de leur race jusqu’au roi Numa, sont remplacés par un habitant de Leptis. On
venait de voir sous la pourpre Marc-Aurèle, l’homme qui a le mieux résumé en
lui-même toutes les leçons et toutes les vertus des rhéteurs et des sages de Le fils de Geta ne put ou ne voulut jamais se débarrasser de l’accent africain : il conserva toujours la marque indélébile de son origine punique. Du reste, il n’était bien maître de lui et sûr de sa parole que lorsqu’il s’exprimait en punique : alors seulement, dans sa langue natale, il savait être éloquent. On raconte que, lorsque sa sœur vint à Rome, comme elle connaissait à peine le latin, l’empereur eut souvent à souffrir de cette parenté compromettante qui révélait trop brutalement aux sénateurs malicieux la rusticité de sa naissance. Il n’y avait, dans la singulière famille qui s’installait dans les palais des Césars, rien de romain, de grec ou d’italien ; elle appartenait à cette race punique qui avait été jadis la grande ennemie du nom latin, et les méchants esprits pouvaient dire que l’avènement de Sévère était comme une revanche de Carthage. Septime ne montrera pas cependant un amour exclusif pour les Africains : ce provincial aura autour de lui des provinciaux de tous les pays. Si Plautien semble être un compatriote de l’empereur, Papinien, Paul, Ulpien sont des orientaux. L’impératrice, cette mystérieuse Julia Domna qui fut le meilleur conseiller de Septime, est une Syrienne. On dira peut-être que Sévère, étant d’origine punique, a surtout favorisé les Phéniciens et les Syriens, parce que c’étaient des hommes de sa race. Il semble au contraire qu’il se soit plu à voir à sa cour des représentants de toutes les nations que Rome avait soumises. Ses prétoriens ne sont plus une élite de jeunes Italiens ou de citoyens des plus vieilles colonies romaines : dès la première année de son règne, il ne veut plus avoir dans sa garde que d’anciens légionnaires, venus des camps de la frontière ; ce qui, a dit un témoin oculaire, fit le malheur et le désespoir de la jeunesse italienne, et remplit les rues de Rome d’une multitude de soudards, à la tournure sauvage, aux manières violentes, au langage terrible. L’effet, produit par l’arrivée de cet empereur a dû être lamentable sur les membres de l’aristocratie et les citoyens de l’Italie : l’une et l’autre ont vu que leur règne était fini, que la province prenait possession de l’Italie et les barbares de Rome. Le gouvernement de Septime va être nettement, presque brutalement dirigé en vue des seuls intérêts de la province. C’est pendant son règne que la liberté de l’Italie reçut le coup le plus terrible et le plus décisif qui l’ait frappée depuis deux siècles : nous venons de dire qu’elle cesse de fournir des hommes à la garde du prince et de Rome ; il y a maintenant une légion campée au beau milieu de la péninsule, comme si le nouveau prince avait voulu lui rappeler qu’elle n’était plus désormais qu’un pays conquis et soumis. Septime décidera encore que les Italiens ne seront plus jugés par leurs préteurs et leurs tribunaux, dernier vestige de l’autonomie républicaine : la justice sera rendue, des Alpes au détroit de Sicile, par des fonctionnaires impériaux. L’Italie est maintenant tout entière dans la main du prince, de ses soldats et de ses agents, et tout ce monde, depuis le fantassin légionnaire jusqu’à César Auguste, est un produit du sol provincial. Tandis que l’Italie perd ses prérogatives politiques une à
une, son privilège financier est accordé libéralement à ces villes orientales
et africaines si chères à l’empereur, et, par une bizarre ironie, c’est sous
le nom de jus italicum qu’il est
octroyé. Aucun prince ne s’était encore montré aussi peu jaloux de son
autorité vis-à-vis des provinces. A cette Alexandrie dont l’esprit léger et
sarcastique avait été si redouté des empereurs, à laquelle on avait toujours
refusé le droit de former une commune, Septime Sévère donna enfin des
magistrats et un sénat municipaux. Il parait naturel de se demander si On doute généralement que Septime Sévère ait éprouvé à l’égard
des Gaulois un autre sentiment que la haine ou l’antipathie, et l’on répète
volontiers qu’il leur a toute sa vie gardé rancune de l’appui qu’ils ont
donné à son rival Albinus. De tout l’Occident, qu’il
n’aimait point, a dit Amédée Thierry[2], ce qu’il aimait le moins, c’était Mais ces souvenirs, dit-on, s’effacèrent bien vite. Étudions les faits de plus près. Sans aucun doute Clodius Albinus, proclamé empereur par les trois légions de Bretagne, fut accepté comme césar en Gaule, en Afrique et en Espagne. Septime Sévère lui avait reconnu officiellement cette dignité : rien n’empêchait les villes et les garnisons d’entre Rhin et Pyrénées de lui obéir comme à leur chef et de l’associer à Septime dans leurs hommages de vénération[10]. Mais, quand Albinus, vers l’an 195, eut pris le titre d’Auguste et qu’il eut fait frapper des monnaies à ce nom en Bretagne et en Gaule[11], la situation changea en Occident. C’était la guerre qu’il déclarait à son souverain : on ne pouvait demeurer l’ami d’Albinus sans être un rebelle aux yeux de l’Auguste de Rome. Alors il n’y eut plus la même unanimité dans les sentiments des Gaulois. Le dernier historien de cette époque, M. Schiller, suppose que la déclaration de guerre d’Albinus fut provoquée en partie par l’orgueil national des Gaulois, qui ne rêvaient rien moins en ce moment que la formation d’un empire gallo-romain[12]. Assurément, je voudrais le croire et jusqu’à un certain point je désirerais dire que l’esprit celtique s’est réveillé sous l’impulsion d’Albinus, comme les tendances des Africains ou des Orientaux se sont fait jour avec Septime Sévère. Mais les textes ne nous apprennent rien de pareil. Ils ne parlent, à propos de la révolte d’Albinus, ni des Gaulois, ni de leur orgueil, ni de leurs aspirations nationales[13]. Quand le nouvel Auguste commença les hostilités, il était
en Bretagne : peut-être n’avait-il point quitté l’île depuis la mort de
Commode et ne s’était-il jamais encore montré aux Gaulois ; Sauf cet épisode, les combats préliminaires ne furent
point favorables à Sévère. La bataille décisive se livra près de Lyon le Certes, il en eut sous ses drapeaux : comment aurait-il pu, avec les seules troupes venues de Bretagne, opposer aux 450.000 soldats de son adversaire des forces égales ? D’ailleurs, les trois légions qu’il avait emmenées de file renfermaient un certain nombre de soldats levés jadis dans les Gaules, car les recrues de ce pays allaient souvent, avec celles de l’Afrique, de l’Italie ou du Norique, servir sous les aigles de Bretagne[16]. De même, les troupes auxiliaires de ce pays semblent avoir été formées, en sus des contingents locaux, d’Espagnols ou de Gaulois[17]. Mais il y avait en ce moment, dans l’empire, deux armées qui, par leur origine, par leurs traditions, par leur domicile, et, jusqu’à un certain point, par leurs devoirs et la nature de leur patriotisme, pouvaient être appelées des armées gauloises : c’étaient les deux armées de Germanie. Elles représentaient plus que toute autre l’esprit gaulois. Or, ces deux armées, en l’an 193, avaient reconnu dès le premier jour comme empereur Septime Sévère[18]. C’était leur créature presque autant que celle des armées d’Illyrie : voilà du moins ce que Spartien nous apprend. Jules Capitolin, il est vrai, nous dira que la cause de toutes ces guerres civiles fut que les Gaulois et les soldats de Germanie voulaient à tout prix un prince sorti d’au milieu d’eux[19]. Entre ces deux témoignages, on ne peut hésiter longtemps. L’autorité de Jules Capitolin ne vaut pas, à beaucoup près, celle de Spartien[20], et nous avons, en faveur de ce dernier, un témoignage qu’on ne saurait suspecter. Quand Septime Sévère monta sur le trône, il fit frapper des monnaies au nom de toutes les légions qui avaient soutenu sa cause ; ces monnaies sont arrivées jusqu’à nous en assez grand nombre : or elles portent les noms des légions du Danube et de toutes les quatre légions du Rhin[21]. Septime voulut honorer ces dernières à l’égal de celles au milieu desquelles il avait reçu la pourpre. Ont-elles, quatre ans après, abandonné leur empereur de la
première heure et embrassé le parti des Bretons ? On peut le supposer,
car nous ne possédons aucun renseignement précis sur la part qu’elles ont
prise dans les grandes luttes de l’an 197. Mais on peut aussi supposer le
contraire, et croire que les soldats de Germanie sont demeurés fidèles au
serment prêté jadis au nom de Sévère-Auguste. Si nous recherchons avec soin
les moindres traces laissées à cette date par les légions rhénanes, il semble
qu’une partie soit demeurée sur les bords de Il est bien vrai cependant que la lutte entre Albinus et Sévère a eu un caractère politique : les rivalités de deux chefs, les jalousies de deux armées ne suffisent pas à expliquer ces terribles batailles et les sanglantes exécutions qui les suivirent et qui furent comme l’écho prolongé de la tempête. Qu’ils l’aient compris ou non, et je crois qu’ils s’en rendirent admirablement compte, les deux généraux combattaient au nom d’un principe, représentaient des tendances opposées, un esprit contraire. Septime, nous avons vu ce qu’il était : un Africain à demi barbare, un provincial parvenu, un ancien avocat dont la moins romaine des armées avait fini par faire un empereur ; il incarne en lui la province et ses nouvelles aspirations. En face de lui, Clodius Albinus se donne comme l’homme lige des sénateurs, le Romain de race, le défenseur de l’aristocratie italienne. « Il fut aimé par le sénat comme pas un, n dit Jules Capitolin : remarquons cette expression, c’est exactement celle dont se sert le biographe de Sévère pour caractériser l’amour qu’il inspira aux Gaulois. Si Albinus a des partisans en Gaule, ce sont les membres de l’aristocratie locale, les chefs des cités, les hauts dignitaires des curies, et l’on sait que cette classe d’hommes était, non pas seulement dévouée à Rome, mais dévouée au sénat : les aristocraties de toutes les villes se soutenaient. Le rival de Sévère s’en déclara nettement le chef. De son côté le sénat de Rome faisait ouvertement des vœux, et peut-être, pendant les incertitudes de la guerre de Lyon, se déclarait officiellement en faveur de l’homme sorti de ses rangs, du légat qui avait défendu ses droits et ses traditions sous la tyrannie de Commode, du prétendant auquel on prêtait ces étranges paroles : Le sénat seul doit gouverner, le sénat doit décerner l’empire, l’État ne doit être régi que par le sénat[25]. Quand Albinus succombera, la curie de Rome aura perdu son chef, et, livrée sans défense au vainqueur, elle sera la principale victime de la guerre civile. C’est le sénat qui est le vrai vaincu de Lyon, et c’est ainsi que fut jugée la bataille par les contemporains, c’est ainsi encore que se la figurèrent les générations suivantes. La guerre d’Albinus et de Sévère eut comme acteurs les armées de Bretagne et d’Illyrie, mais l’âme de la bataille fut l’éternelle querelle entre l’aristocratie romaine et le monde provincial. La ville de Lyon avait été occupée par les troupes d’Albinus : après en avoir chassé ce détachement de la première légion qui parait l’avoir gardée un instant pour le compte de son rival, il avait fait de la colonie lyonnaise son quartier général. C’était bien la capitale provisoire qu’il fallait à ce défenseur de l’aristocratie ; Lyon était tout à la fois la ville la plus romaine et la cité la plus illustre de toutes les Gaules, peut-être même de tout l’Occident ; elle était et le rendez-vous des plus nobles d’entre les Celtes et le foyer central de la civilisation latine. Nulle part, sauf à Rome, Albinus ne se trouvait dans un milieu plus en harmonie avec ses goûts et ses ambitions. Il y fit battre monnaie[26] ; il y constitua peut-être une sorte de sénat romain qui, ni dans le nom ni dans les prétentions, ne semble avoir rien eu de provincial ou de gaulois[27]. On crut même un instant qu’il’ n’avait point quitté la ville durant la bataille[28] ; mais il est probable qu’il parut à la tête de ses troupes, comme le fit son adversaire et comme le comportait son titre d’empereur[29]. C’est à Lyon en tout cas que, réfugié après la déroute, sur le point d’être investi et de tomber vivant entre les mains de son ennemi, il préféra se donner la mort[30]. Alors, raconte Hérodien, les soldats de Septime Sévère se mirent à piller et à incendier la ville de Lyon, qui était une cité grande et prospère[31]. Cet incendie, au dire des historiens modernes de Lyon, eut sur les destinées de la glorieuse colonie de longues et terribles conséquences : ce fut véritablement la fin du Lyon romain. Pillé, saccagé, brûlé au moins en partie et plus profondément ruiné peut-être encore par la rapacité du vainqueur que par celle du soldat, Lyon fait désormais peu de bruit dans le monde[32]. Je crois bien que le IIIe siècle a été funeste à la ville de Lyon mais on peut douter que l’incendie de 197 soit la véritable cause de ses malheurs. Il serait intéressant de constater à quel moment commence exactement la décadence de la cité et, surtout, si elle date des dernières années du rie siècle ou des temps de l’anarchie provinciale, du pillage qui suivit la défaite d’Albinus ou des invasions contemporaines des empereurs gaulois. La recherche n’est pas impossible, et je pense qu’elle reculerait d’une ou de deux générations la date à laquelle on fait commencer la ruine de Lyon, et qu’on pourrait ainsi cesser d’en rendre responsables les soldats de Septime Sévère. On doit rappeler en tout cas que cet incendie, qui aurait eu une si désastreuse influence sur le sort de la première cité des Gaules, n’a été mentionné que par un seul écrivain, cet Hérodien qu’on a si souvent trouvé en défaut. Les biographes de l’Histoire auguste n’en parlent pas. Dion Cassius déteste Septime Sévère ; dans son récit de la guerre civile, il accumule les détails lamentables et répugnants dans le dessein d’inspirer une plus grande horreur pour le vainqueur de Lyon ; il nous rappelle qu’il tient à raconter les choses exactement comme elles se soit passées, et non pas comme Sévère en a fait le récit ; et ce même Dion Cassius ne souffle pas un mot de l’incendie de Lyon. Ce qui laisse supposer que le désastre a été la conséquence de la guerre de rues qui a pu suivre la déroute, et peut-être la faute des vaincus aussi bien que celle des vainqueurs. Septime Sévère entra à Lyon et se décida à séjourner quelque temps dans la ville, afin d’y régler les affaires des Gaules. Sa principale tâche fut de se venger des partisans d’Albinus. Dans cette œuvre de représailles, Sévère se montra, comme disaient les Romains, l’homme de son nom. Impitoyable, il voulut qu’aucun de ses adversaires ne fût épargné. Tous périrent et leurs biens confisqués vinrent grossir le trésor particulier de l’empereur. Mais ces exécutions n’atteignirent qu’une classe d’hommes, les membres de ces aristocraties où Albinus avait recruté tous ses adhérents. Seuls, les principaux citoyens des villes furent frappés. Les écrivains disent nettement : Il périt bon nombre de grands parmi les Gaulois et les Espagnols[33]. Et encore, parmi ces victimes de la vengeance de l’empereur, il y en eut sans doute qui n’avaient pris parti pour Albinus qu’à leur corps défendant. Ces vengeances n’eurent pour victimes que les plus hautes
têtes. D’exécution ou de punition générale d’une ville ou d’une légion, nous
ne trouvons aucune trace en Gaule. Il n’y eut pas, ou tout au moins on n’a pu
constater dans notre pays une prolongation de la guerre civile, une
expédition militaire analogue à celle que l’empereur dut envoyer en Espagne[34]. Nous ne
connaissons que deux faits de l’histoire de A Lyon même, les esprits étaient assez apaisés pour que l’on
pût célébrer un sacrifice solennel pour le salut de l’empereur et de son fils
Antonin, qui allait être déclaré Auguste, et pour la prospérité de la colonie
lyonnaise. La cérémonie eut lieu le 4 mai[36]. C’est à cette
date que Septime Sévère dut quitter Lyon. Il lui avait suffi de dix semaines
pour régler au mieux de ses intérêts[37], »les affaires
de Camille JULLIAN |
[1] Renan, Marc-Aurèle et la fin du monde antique, surtout p. 492.
[2]
Histoire de
[3] Rœmische Geschichte, t. V (2e éd.), p. 93.
[4] Trion, t. I (1887), p. XCIII ; Musée de Lyon, t. II (1889), p. 241.
[5] Hérodien, 1, 10, 3 : Πάσαν τε xατατρέχοντες τήν Κελτών xαί Ίβήριον χώραν, [πόλεσί τε παϊς μεγίσαις έπιόντες] xαί μέρη μέν έμπιπράντες, τά δέ λοιπά άρπαγήν ποιούμενοι, άνεχώρουν. Les mots que nous avons mis entre crochets paraissent interpolés à quelques éditeurs nous ne savons trop pourquoi (Lange, édit. de 1824 ; Mendelssohn, éd. de 1883), et nous ne croyons pas qu’ils le soient.
[6] C’est ce qui semble résulter de l’extension prise par le mouvement de Maternus (v. la note précédente) et du texte de Spartien cité dans la note suivante.
[7] Spartien, Vita Nigri, 3 : Pescennius quidem Severo eo tempore quo Lugdunensem provinciam regebat amicissimus fuit ; nam ipse missus erat ad conprehendos desertores, qui innumeri Gallias tune vexabant. In quo officio quod se honeste gessit, jucundissimus fuit Severo, ita ut de eo ad Commodum Septimius referret adserens necessarium reipublicae.
[8] Spartien, Vita Nigri, 6 : Sacra quaedam in Gallia, qua se castissimis decernunt [sic dans les mss.] consensu publico celebranda suscepit.
[9] Spartien, V. Severi, 4 : Gallis ob severitatem et honorificentiam et abstinentiam tantum quantum nemo dilectus est.
[10]
Inscription taurobolique de Lyon, de l’an 194 : Pro
salute imp. L. Septimi Severi Pertinacis Aug. et [D. Clodi Albini Caes.].
Les noms d’Albinus ont été martelés. Les tauroboles furent célébrés pour le
salut des deux princes les 9, 10 et
[11] Monnaies de Lyon, Cohen, Albin, n° 22.
[12] Geschichte der rœmischen Kaiserzeit, t. I, p. 714.
[13] M. Guiraud (Assemblées provinciales, p. 209) n’a trouvé aucune trace du conseil des Gaules durant ces guerres civiles.
[14] D’après Hérodien, 3, 7, 1 : Έπεμψέ τε ές πάντα τά γεινώνα έυνη, τοϊς τε ήγουμένοις, etc. Tillemont, Sévère, chap. 21, traduit ce dernier mot par gouverneurs, ce qui est en effet son véritable sens. Mais il me semble que le reste du récit s’expliquerait peu si Albinus n’avait eu affaire qu’aux gouverneurs des provinces. S’il s’agit bien des gouverneurs, le nombre et l’importance de ses partisans n’en sont que plus diminués.
[15] L’anecdote n’est que dans Dion Cassius, 75, 5.
[16] Voyez Ephemeris epigraphica, t. V, la liste des soldats des trois légions de Bretagne, IIa Augusta (p. 204), VIa Victrix (p. 215), XXa Valeria (p. 228).
[17] Corpus, t. VII, p. 337.
[18] Spartien, V. Severi, 5 : Cum jam Illyriciani exercitus et Gallicani cogentibus ducibus in ejus verba jurassent.
[19] V. Albini, 1 : Cum... nec Galli ferre possent aut Germaniciani exercitus quod et ipsi suum specialem principem haberent, undique cuneta turbata sunt.
[20]
Et c’est bien le seul texte qui nous dise qu’Albinus eut
[21]
Ces légions sont :
[22] Inscription de Lyon : Pro salute domini n. L. Septimi Severi Aug. totiusq(ue) domus ejus... Ti. Cl. Pompeianus, trib, mil. leg. I Min. (Renier, Mélanges d’épigraphie, p. 148). L’inscription est postérieure à la rupture avec Albinus et antérieure à la nomination de Caracalla comme César, par conséquent de la première moitié de 196 : la légion Ia Minervia ou tout au moins un de ses détachements devait se trouver à Lyon à cette date, et il est permis de croire que ce fut un de ces détachements qu’allait battre l’avant-garde d’Albinus.
[23]
Inscription de Mayence : In h. L. Septimi Severi Pii
Pertinacis Aug. invieti imp. et M. Aureli Antonini Caes., legioni XXII Pr. P.,
honoris virtutisque causa, civitas Treverorum in obsidione ab ea defensa
(Keller dans le Correspondenzblatt,
1886, col. 140). Le monument est postérieur à la proclamation de Caracalla
comme César, antérieur à sa nomination comme Auguste, par conséquent de l’an
[24] Hérodien dira toujours οί Βρεττανί et οί Ίλλυριοί, 3, 7.
[25] Voyez l’inscription citée plus haut.
[26] Au nom du génie des Lyonnais (Cohen, Albin, n° 22) : Genii Lug. cos. II.
[27] Nous avons deux preuves à l’appui de cette opinion : un texte de Spartien (V. Severi, 11), d’après lequel bon nombre de sénateurs périrent dans la bataille : Senatorum qui in bello erant interempti cadavera dissipari jussit ; une monnaie d’Albinus (Cohen, n° 47) portant au revers : S. p. q. R. p. p. ob c. s., et qui, suivant les raisons données par Eckhel (VII, p. 164), aurait été frappée à Lyon. Je me hâte de dire que ces deux preuves ne sont pas concluantes. Il pouvait y avoir des sénateurs autour d’Albinus sans qu’il eût constitué un contre-sénat, et la monnaie en question peut avoir été frappée à Rome ou encore à Lyon sans l’aveu d’aucun sénat. M. Guiraud (Assemblées provinciales, p. 209) croit à l’existence d’un contre-sénat.
[28] C’est ce que pense Hérodien, 3, 7, 2.
[29] Dion le dit nettement, 75, 6.
[30] Le fait paraît probable d’après ce que dit Dion, 75, 7 ; les textes d’Hérodien, 3, 7, 7 ; de Spartien, V. Severi, 11, 6, et V. Nigri, 9, 3, et de Capitolin, V. Albini, 9, 3, ne le contredisent pas formellement.
[31] 3, 7, 7. Cf. 3, 7, 2 (ici, note 2).
[32] Allmer, Trion, t. I, p. XCIX ; Musée, t. II, p. 243.
[33] Spartien, V. Severi, 12 : Tum et Hispanorum et Gallorum proceres multi occisi sunt... Cum magnam partem auri per Gallias, per Hispanias, per Italiam imperator jam fecisset (par les proscriptions). Cf. Hérodien, 3, 8, 2.
[34]
M. Schiller, Geschichte der rœmischen
Kaiserzeit, t. I, p. 717, pense que Septime Sévère dut désigner quelques corps, notamment pour
[35] Lebègue, n° 11 et 12 ; Herzog, n° 6.
[36] Voyez l’inscription taurobolique chez de Boissieu, p. 33.
[37] Hérodien, 3, 7, 8.