LES PREUVES : AFFAIRE DREYFUS

DREYFUS INNOCENT

 

PAR JEAN JAURÈS

 

 

Il y a contre Dreyfus trois ordres de preuves : 1° le bordereau ; 2° les pièces dites secrètes que M. Cavaignac a lues à la tribune le 7 juillet dernier ; 3° les prétendus aveux faits par Dreyfus au capitaine Lebrun-Renaud.

Si donc nous démontrons qu'aucune de ces preuves prétendues n'a la moindre valeur, si nous démontrons que le bordereau sur lequel a été condamné Dreyfus n'est pas de Dreyfus, mais d'Esterhazy ; si nous démontrons que des trois pièces citées par M. Cavaignac, deux ne peuvent s'appliquer à Dreyfus et que la troisième est un faux imbécile ; si nous démontrons enfin que les prétendus aveux n'ont jamais existé, et qu'au contraire Dreyfus, devant le capitaine Lebrun-Renaud comme devant tout autre, a toujours affirmé énergiquement son innocence ; il ne restera rien des charges imaginées contre lui. Il ne restera rien des misérables preuves alléguées, et son innocence, que les amis du véritable traître Esterhazy essaient vainement de nier, éclatera à tous les yeux. Or, pour ceux qui prennent la peine de regarder et de réfléchir, cette triple démonstration est faite ; les éléments de vérité. déjà connue suffisent à l'assurer, et c'est avec confiance que je soumets, à tous ceux qui cherchent la vérité, les observations qui suivent.