Les Spartiates ou citoyens qui formaient la classe dominante avaient rejeté toute la tâche du travail agricole et industriel sur deux classes bien tranchées : les Hilotes et les Périœques. Quant aux esclaves proprement dits, on ne peut pas dire qu’ils formassent une classe dans l’État, puisqu’ils n’avaient aucune participation au droit civil ni au droit public de la cité. Le régime du, travail étant organisé en dehors d’eux, on doit en conclure que primitivement ils étaient peu nombreux et employés exclusivement au service personnel et domestique. § I. Les Périœques.C’étaient les habitants des villes et des districts de Quoique la ville et le district de Sparte appartinssent exclusivement aux citoyens de la race dominante, un certain nombre de Périœques y exerçaient les métiers nécessaires à l’agglomération urbaine, métiers auxquels aucun citoyen n’eut pu se livrer sous peine de déchéance. Ces artisans étaient organisés en corporations, ayant leurs héros propres, leurs rites particuliers, et où les professions se transmettaient héréditairement. Telles étaient les corporations de cuisiniers, de marchands de vin, de joueurs de flûte, de boulangers et autres[2]. En outre, les manufactures, fort importantes on Laconie, étaient exploitées exclusivement par les Périœques. Les métiers, l’agriculture, le commerce leur étaient ainsi une triple source de richesses, car rien de la sévère discipline de Lycurgue ne s’appliquait à eux[3], Autant par politique que par mépris. pour le travail, les Spartiates leur abandonnaient volontiers ces avantages. La force de leur discipline civile et leur puissance acquise comme gens de guerre et de gouvernement leur paraissaient assurer suffisamment leur domination. § II. - Les Hilotes.A un rang de beaucoup inférieur étaient les Hilotes, véritables serfs de la glèbe, qui cultivaient les terres appartenant aux Spartiates et étaient dans une dépendance personnelle vis-à-vis du gouvernement de Sparte[4]. Les Hilotes étaient une population essentiellement rurale : Le bonnet de cuir et le vêtement grossier qu’ils portaient étaient ceux do tous les paysans grecs. Peut-être étaient-ils réduits à cette condition dès avant l’invasion des Doriens, et leur aptitude constante pour la marine peut faire conjecturer qu’ils descendaient de ces redoutables navigateurs du Péloponnèse, mentionnés dans les inscriptions égyptiennes de la 19e et de la 20e dynasties, comme ayant fait partie de la confédération des peuples pélasgiques qui fit, à plusieurs reprises, des descentes dans les villes du Delta[5]. Quoiqu’il en soit de cette origine, voici en résumé quelle était leur condition dans l’état. Ils étaient attachés héréditairement à des fonds de terre moyennant une redevance payée au propriétaire spartiate, mais en raison même de cette attache héréditaire, ils avaient une partie des avantages de la propriété. Leur statut de famille était reconnu et ils pouvaient élever leurs enfants dans les lieux où avaient vécu leurs pères, les redevances qu’ils avaient à payer étaient figées une fois pour toutes par la religion publique et nul ne pouvait en élever le taux[6]. Tyrtée, dans un de ses fragments, a dépeint sous des couleurs fort sombres la condition de l’Hilote qui devait donner à son maître la moitié des fruits de la terre ; mais ceci paraît avoir été particulier aux Messéniens vaincus ; les autres Hilotes, ceux de l’ancien territoire laconien étaient moins maltraités[7]. Le profit qu’ils pouvaient retirer de leurs champs par une meilleure culture leur appartenait ainsi en propre. Il en était de mémo du produit de leur industrie et du butin fait à la guerre. Aussi, un certain nombre d’entre eux arrivaient-ils à la richesse et à un degré de talent qui en faisait dans leur classe des hommes importants[8]. Quoique les Hilotes dussent des services personnels aux maîtres des fonds auxquels ils étaient attachés, et que notamment ils fussent obligés de les accompagner à la guerre comme vélites, l’État seul avait juridiction sur eux ; seul il pouvait les punir de mort, les séparer du fonds héréditaire, seul encore il pouvait les affranchir et en faire des citoyens. Si généralement les Spartiates étaient vis-à-vis des Hilotes ombrageux et cruels, (la chasse aux hommes ou cryptie indique assez la nature de leurs procédés gouvernementaux), ils ne leur fermaient pas toute espérance d’arriver à la liberté. Leur politique était parvenue à créer entre eux plusieurs classes, selon le degré de liberté et de confiance qu’on leur accordait ; un certain nombre, sous le nom de νιοδαμοδειτ, étaient élevés au rang de citoyens, quoique avec des droits inférieurs à ceux des Spartiates d’origine[9]. Au contraire, il n’y avait pour les Périœques aucun moyen d’obtenir le droit de cité. Créer des classes différentes entre ses sujets, opposer sans cesse les intérêts de ces classes entre elles ; tel fut pendant longtemps le grand art de la politique Spartiate. § III. — Rapporte des citoyens avec ces deux classes.Cette juxtaposition de Périœques et de serfs soumis à des titres divers à un peuple de guerriers concentrés dans une ville, n’était pas une chose particulière à Sparte. Le même état social existait dans une foule de villes, soit d’origine dorienne, soit appartenant aux autres branches de la race grecque. On le retrouve notamment en Crète, en Thessalie, dans l’Achaïe, dans l’Argolide, etc.[10] Il ne faut pas voir non plus, dans cette superposition de classes, l’effet d’un antagonisme originel de races. C’était tout simplement une des conséquences de la conquête, telle que le droit des gens de l’antiquité l’autorisait. Les Spartiates ne se firent aucun scrupule de réduire à la dure condition d’Hilotes les Messéniens, qui éliment Doriens - Héraclides comme eux et sortis de la même souche. Seulement la superposition de ces classes était plus accentuée et plus développée à Sparte qu’ailleurs ; elle citait la base de la constitution politique et de toutes les lois civiles. Selon les calculs, approximatifs bien entendu, d’Ott. Müller, au temps de la plus grande puissance des Spartiates, vers la seconde guerre médique, pour une population de 36,000 citoyens, on aurait compta 120.000 Périœques et 224.000 Hilotes[11]. Cette disproportion entre la race dominante et les populations soumises était rendue encore plus sensible par l’étendue des terres que les Spartiates possédaient. Elles formaient presque la totalité du territoire, tandis que les districts laissés aux Périœques étaient fort resserrés[12]. Or ces terres immenses, les Spartiates ne les cultivaient pas du tout eux-mêmes, nous le répétons. Le témoignage des historiens anciens est unanime sur ce point. Non seulement tout métier, mais encore l’agriculture leur était interdite par les lois et par les mœurs. Aristote signale leur éloignement des occupations rurales comme. un des traits caractéristiques de leur constitution[13]. Ils étaient exclusivement guerriers et citoyens : une sévère discipline intérieure maintenait entre eux la cohésion nécessaire à un corps politique et militaire tel que le leur : toute occupation lucrative leur étant interdite, ils n’avaient aucun moyen d’acquérir des richesses nouvelles, si ce n’est par la guerre. Propriétaires éminents de la terre, ils n’en retiraient que des redevances fixées une fois pour toutes et qui leur donnaient un état de subsistance sur lequel était basé l’accomplissement de leurs fonctions civiques et de leurs devoirs guerriers. Concentrés dans la ville, toute leur existence était absorbée par ces deux choses : gouverner et combattre, préparer la jeunesse à gouverner et à combattre. À côté de cela les métiers, l’agriculture, le commerce, toutes les sources de la richesse étaient aux mains des populations soumises[14]. Une pareille situation influait considérablement sur les institutions civiles, sur le mouvement de la population, sur toute la vie privée en un mot. A la fin cette séparation, nulle part aussi tranchée, du pouvoir politique d’avec toutes les forces économiques, devait amener une crise dans laquelle l’État périrait, malgré les combinaisons les plus ingénieuses du législateur. § IV. — Constitution politique.Ce qui frappe le plus à première vue dans la constitution politique de Sparte, c’est la permanence des institutions de l’époque homérique, alors qu’elles avaient été abolies ou s’étaient notablement transformées dans les autres États grecs. Nous voyons effectivement à Sparte, comme dans l’Iliade et dans l’Odyssée, des rois héréditaires qui tiennent leur pouvoir de la volonté de Zeus, qui offrent les sacrifices publics et sont les chefs de l’armée, mais dont le pouvoir judiciaire se partage avec un conseil de chefs (Βουλη γερουτες)[15] et qui enfin dans les occasions importantes doivent consulter l’assemblée générale des guerriers (εxαληοια) dont le rôle est ordinairement assez passif[16]. Sparte présentait la particularité de deux maisons royales
régnant concurremment et exerçant en commun le pouvoir : ce fait trouvait son
explication dans la légende des chefs guerriers qui avaient conduit les
Doriens à la conquête du Péloponnèse et auxquels les maisons royales se
rattachaient par des généalogies soigneusement conservées[17]. La dignité royale
se transmettait de mâle en mâle et par ordre de primogéniture, selon les
règles propres aux familles de chefs de races qui, dans l’antiquité homérique,
portaient tous le nom de Ηασιληισ.
Toute atteinte aux prérogatives des rois était punie par la religion : à leur
mort un deuil solennel de dix jours régnait dans On retrouve à Sparte les traces de l’ancienne organisation des peuples Helleno-Pélasgiques en tribus Ethniques, en Phratries et en races appelées Γενη. Le γενοσ ou race est à peu près la même chose que le clan des racés Celtiques qui s’est conservé jusqu’à nos jours dans les Higlands. C’est la famille agrandie, la transition entre la famille patriarcale et la nation. Seulement chez les ancêtres des Italiens et des Grecs, cette agrégation, au lieu de reposer sur des généalogies et des liens de parenté soigneusement conservés comme dans les tribus des Sémites ou les clans des Celtes, avait pour base le culte rendu à un héros ou ancêtre divinisé auquel tous les membres se rattachaient par une sorte d’adoption religieuse. Des clients, des esclaves affranchis trouvaient ainsi leur place dans le γενοσ autour d’une famille dominante. La période de formation de ces premiers éléments de la société n’a laissé en Grèce que fort peu de traces, et généralement les helléniques ne nous apparaissent dans l’histoire que comme faisant déjà partie de tout un ordre hiérarchique. Ils sont réunis dans la cité au moyen d’agrégations intermédiaires qui s’appellent la phratrie et la tribu. Les Grecs, dit O. Müller[21], nommaient φρατρια une union de races soit qu’elle fit naturelle et fondée sur une parenté réelle, soit qu’elle fut seulement politique et organisée d’après une certaine règle pour l’ordonnance de l’État. Elle comprenait ainsi des races (πατραί ou γενη) qui reposaient elles-mêmes sur une descendance réelle ou bien qui dans les temps anciens s’étaient unies civiquement et religieusement et qui par la suite avaient été constituées politiquement d’après certaines règles. Les trois tribus ethniques des Spartiates avaient pour nom les Hylléis, les Dymanes, les Pamphileis du nom des trois fils attribués par la légende à Doreus l’ancêtre de toute la race dorienne. On retrouvait des tribus du même nom dans tous les États Doriens. Ces trois anciennes tribus de Sparte, qu’il ne faut pas confondre avec d’autres tribus régionales au nombre de cinq établies plus tard, se subdivisaient en trente ôbes ou phratries. Toutes les fonctions qui avaient une origine antique, comme celles des trente gérontes et des trois cents chevaliers, étaient en rapport avec ces nombres[22]. Les races dont se composaient les ôbes étaient appelées τριαxαδεσ comme à Athènes[23]. Plusieurs avaient conservé leurs coutumes propres et l’histoire a notamment gardé le souvenir des Thallybiades et des Égides ; mais c’étaient surtout tes deux maisons royales qui représentaient fidèlement la vieille organisation du γενος. Les deux rois étaient chacun les chefs de leur γενος : ils avaient un vaste domaine situé dans les districts des Périœques et avec lesquels ils pourvoyaient à l’entretien de leurs nombreux parents[24]. Primitivement ils avaient été considéras comme les propriétaires de tout le pays, alors que le peuple entier n’était qu’une tribu patriarcale[25]. La succession au trône reposait sur le droit privé, de leur γενος et présentait plusieurs singularités. La couronne passait au fils aîné, mais les enfants : nés pendant la royauté du père étaient préférés à ceux nés avant. A défaut de descendants môles, le trône était dévolu au plus proche parent par les mâles. L’âge n’y faisait rien, et en cas de minorité, la tutelle était déférée au plus proche parent par les mâles[26]. Cependant plusieurs traits de la constitution politiques s’écartaient notablement des institutions, de l’époque homérique et montrent que Sparte avait marché, quoique d’un pas inégal, dans la voie qui avait conduit toutes les autres cités à l’abolition de la royauté. Ainsi les rois étaient complètement subordonnés à la gérusie. Les gérontes eux-mêmes, quoique choisis exclusivement dans les anciennes familles, n’étaient pas des chefs purement héréditaires : ils étaient élus par le peuple avec des formes naïves qui rappellent les pratiques militaires d’un camp[27]. Sparte établie par la violence au cœur du Péloponnèse et poursuivant, au milieu de guerres continuelles, l’asservissement du reste de la péninsule, devait être organisée comme une armée : le prestige de la race ne suffisait plus à ses chefs, il leur fallait y joindre la considération qui s’attache aux exploits guerriers. Évidemment, dès l’époque où nous commençons à avoir des notions sur l’histoire de Sparte, le régime patriarcal du γενος était en décadence. Les tribus ethniques, les 8bes, les races ne subsistaient plus qu’avec une importance amoindrie comme les restes d’un état social qui disparaît. La disposition qui subordonnait l’exercice des droits
politiques où paiement de la quote-part aux syssities ou repas publics, c’est-à-dire
à une condition de cens, achève de déterminer le véritable caractère de la constitution
de Sparte et de la ranger parmi les aristocraties pour emprunter la
terminologie des auteurs grecs. Les historiens anciens sont unanimes pour
attribuer ce caractère au gouvernement de Sparte[28], et à l’époque
où nous nous plaçons, cette forme politique était celle qui prévalait dans
toutes les cités grecques, sans distinguer entre colles qui se rattachaient à
la souche ionienne et celles d’origine dorienne. Les législateurs
contemporains de Lycurgue, Phidon, à Corinthe, Philolaüs, à Thèbes, ainsi que
plusieurs autres dont le nome péri, avaient établi des systèmes
aristocratiques. Ce sont là les véritables similaires de la constitution de
Sparte qui n’est pas une aussi forte anomalie dans l’histoire de Ce n’était nullement comme on pourrait se l’imaginer à
première vue, le gouvernement des chefs de races (γένη)
Βασιληες
inférieurs qui, après avoir détruit la royauté, de droit divin, continuaient
à exercer un pouvoir de mémo nature sur le peuple sous le nom d’Eupatrides,
en vertu du privilège religieux de leur naissance. Cette forme sociale, fondée
exclusivement sur la tradition et sur la coutume, se maintenait encore à l’époque
classique chez les Thessaliens, les Étoliens, les Arcadiens. Anciennement
elle avait existé dans toute Ces constitutions étaient très diverses, depuis celles qui n’avaient fait que comme, avec quelques changements extérieurs ; la domination des Eupatrides, jusqu’à la démocratie on le pouvoir appartenait au nombre et à l’ochlocratie où il était aux mains de la populace[29]. La πολιτεια, gouvernement tempéré, où les divers éléments politiques, naissance, nombre, richesse se pondéraient, était l’idéal cherché par les intelligences d’élite, mais presque jamais réalisé dans la pratique d’une façon durable. Aristote, voulant faire entrer dans une classification scientifique ces formes diversifiées presque à l’infini et après avoir posé se fameuse division tripartite des gouvernements exprime, par les termes d’ολιγαρχια, d’αριστοxρατια et de τιμοxρατια des nuances politiques que dans notre langage moderne nous réunissons sous la dénomination d’aristocratie. La timocratie, forme secondaire et postérieure dans l’ordre des temps, est une constitution où les droits politiques sont mesurés. proportionnellement à la richesse déterminée par un cens et en dehors de toute considération de naissance ou de vertu. L’oligarchie, au contraire, est un gouvernement où le pouvoir appartient à des familles nobles ou riches, peu nombreuses, qui forment une classe particulière. et non régulièrement accessible aux autres membres de la cité. Aristote reconnaît jusqu’à cinq espèces d’oligarchies, depuis celles où les magistratures sont héréditaires et qu’il appelle du terme expressif de dynasties, jusqu’à celles qui se confondent presque avec la timocratie. L’aristocratie proprement dite a pour but propre le développement de la vertu politique dans l’État. Elle donne le pouvoir aux citoyens réputés les meilleurs, en tenant compte à la fois de la richesse, de la naissance et des qualités civiques, que des lois appropriées au but de la constitution s’efforcent de propager par l’éducation, par la répartition de la fortune et par une immixtion incessante dans les relations de la vie privée[30]. La constitution de Sparte, telle que Lycurgue l’avait faite, rentrait dans cette catégorie de gouvernements placés au premier rang par tous les grands écrivains de l’antiquité, par Xénophon et Isocrate, par Polybe, Platon et Aristote. Nous en avons indiqué les principaux traits. Le maintien de la royauté n’en altérait pas le caractère et aucun des anciens ne s’y trompait. A l’intérieur, le rôle des rois était très subordonné, et le développement de la magistrature des Éphores leur enleva toute influence réelle. L’antagonisme constant des deux maisons royales achevait de rendre leur pouvoir inoffensif pour l’aristocratie[31]. Enfin, un des traits recommandables de l’esprit spartiate était l’amour et le respect des institutions antiques : il protégea jusqu’à la fin la vieille royauté aux formes homériques. |
[1] Pausanias, III, ch. 22, 14. (éd Didot). Sur les Périœques v. Ottfried Müller, Die Dorier, III, chap. II, tom. II, p. 21 et suiv.
[2] Hérodote, VI, c. 60 (éd. Didot). —Élien, Hist. var., XIV, c. 7 (éd. Didot). — Athénée, II, ch. III, p. 39 ; IV, ch. XXII, p. 173 ; XII, ch. XII, p. 550 (éd. Casaubon, Lugdunum, 1612).
[3] V. à ce sujet une anecdote caractéristique rapportée par Myron dans Athénée, XIV, c. XXI, p. 657.
[4] Probablement des
Hilotes étaient aussi attachés aux fonds de terre des Périœques. (V. Grote, Hist. de
[5] Lenormant, Manuel d’histoire ancienne de l’Orient, t. I, p. 429 et 440 (4u édit.). O. Müller, Die Dorier, II, p. 33. — Pausanias, III, ch. I.
[6] Plutarque, Instituta laconica, § 41 (éd. Didot). Remarquez que c’est le droit religieux qui protège les Hilotes et non pas quelque traité international. Ils n’avaient plus aucune existence nationale, mais ils faisaient sous un certain rapport partie de la cité. Cf. Plutarque, Lycurgue, ch. 28.
[7] Tyrtée, fragm. IV (édit. Bergmann). Ce que Plutarque dans la vie de Lycurgue nous dit des redevances que les citoyens retiraient de leur lot, en montre bien le caractère fixe dans la plupart des circonstances.
[8] Sur la richesse mobilière des Hilotes. V. Hérodote IX, 80. — Dans la vie de Cléomène par Plutarque, c. 23, on voit un grand nombre d’Hilotes racheter leur liberté au prix de 8 mines attiques chacun. V. O. Müller, t. II, p. 34. Sur la richesse des plantations dans le district de Sparte exclusivement cultivé par les Hilotes, V. Polybe, V, c. 19 (édit. Didot).
[9] Hésychius, v° Άργειος. Thucydide, IV, 80, V, 34. Athénée, VI, c. XX, p. 271. Vallon, Histoire de l’esclavage dans l’antiquité, partie I, chap. III. Surtout O. Müller, Die Dorier, t. II, ch. III, § 5. Nous ne nous écartons de ses opinions qu’en ce qui touche les Mothaces que nous ne pouvons regarder comme des Hilotes affranchis. Nous opposerons plus loin notre opinion sur ce point.
[10] Athénée, VI, c. XVIII à XX. Stephan Byzant., v° χιοσ. Harpocration, v° πενεσται. Phavorinus, v° θιραποντα. Polluo. Onomasticon, III, c. VIII, Amstelodam 1706. Aristote, Politique, II, c. VI, § 2 (éd. Barthélemy St Hilaire). V. dans Ottf. Müller, Die Dorier, p. 62 à 74, une belle élude, sur les races soumises dans les États grecs.
[11] Die Dorier, t. II, p. 47. Cf. Vallon, Hist. de l’esclavage dans l’antiquité, t. I, p. 109.
[12] Aristote, Politique, II, ch. VI, § 93. Isocrate, Panathennic., éd. Auger, t. II, p. 454
et 546. O. Müller, t. II, p. 190., Grote, Hist.
de
[13] Aristote, Politique, II, ch. II, § 11, cf. Xénophon, Gouvernement de Lacédémone, c. VII. Plutarque, Lycurgue, c. XXIV. Denys d’Halicarnasse, Ant. Rom., II, c. 28. Dans Athénée citations de Illyron,et de Sphœros, IV, p. 141 et XIV, p. 657.
[14] Aux textes cités dons les notes précédentes, ajoutez Plutarque, Agésilas, XXVI, et Pélopidas, XXIII.
[15] D’après M. Soripolos le mot de gérontes vient de γερασ prérogative et non de γηρασ vieillesse ; il signifie donc les notables, principes, et non pas les vieillards, comme on le croit communément.
[16] Sur les formes du
gouvernement dans l’antiquité grecque V. Grote, Histoire de
[17] Pausanias, III, a fait l’histoire des deux maisons royales.
[18] Hérodote, VI, c. 55 à 58. Aristote, Politique, III, ch. IX, § 2 et 7. Denys d’Halicarnasse, V, c. 75. Xénophon, Gouvernement de Lacédémone, ch. XV. Sur la royauté à Sparte et sa liaison avec les institutions des temps homériques, V. O. Müller, t. II, p. 97 et suiv.
[19] Hérodote, VI, 87. Xénophon, Gouvernement de Lacédémone, c. X. Aristote, Politique, II, c. Vf, §§ 17-19, III, c. I, § 7.
[20] Sur la nullité politique du Δήμος à Sparte. V. Tyrtée, fragm. dans Plutarque, Lycurgue, VI et XIX.
[21] O. Müller, Die Dorier, t. II, ch. V.
[22] Hérodote, I. V,
88. Étymologie Magn., v° τρεxαεxεσ.
Steph. Byzant., v° Υλλεισ, Δυμαν.
Demetrios Scepsios, dans Athénée, IV, ch. IX. Rhetra de Lycurgue, dans Plutarque,
ch. VI. Hésychius, v° οιβάτης.
Grote, Hist. de
[23] Hérodote, I, 65. Müller, l. cit.
[24] Xénophon, Gouvernement de Lacédémone, c. XV. Vie d’Agésilas, IV. Plutarque, Agis., c. IX. Hérodote, VI, c. 57.
[25] Aristote, Politique, VIII, c. VIII, § 5.
[26] V. les précieuses légendes des familles royales qu’Hérodote a conservées, V, 39-42, VI, 51-52, 63-71, VII, 3, 204-205. Xénophon, Hellenic., III, c. III. Plutarque, Lysandre, c. 24. V. dans Pausanias, III, les chapitres consacrés aux généalogies des deux maisons royales, notamment c. VI, § 2.
[27] Thucydide, I, 87. Plutarque, Lycurgue, 26. Cf. Hérodote, V, 92.
[28] Polybe, IV, c. 48. Isocrate, Panathenaïc, p. 634, t. II (éd. Auger). Aristote, Politique, II, ch. III, § 9 ; VI, ch. V, § 11 ; ch. VII, § 4 et 5 ; II, ch. VI, § 14.
[29] Il ne faut pas perdre de vue que même dans les cités les plus démocratiques, l’organisation du travail reposait sur l’esclavage domestique ou sur le servage des populations rurales ; il y a plus : le nombre des esclaves allait généralement croissant à mesure que les institutions devenaient plus démocratiques, car les citoyens abandonnaient le travail pour se livrer exclusivement à la politique. Aussi Aristote, exprimant en cela l’opinion commune des anciens, déclare que l’esclavage est nécessaire à la liberté. (Politique, I, ch. II, §§ 4, 14). Le mot démocratie, appliqué aux sociétés anciennes, a donc un sens et une portée tout différents de celui que nous lui donnons quand nous l’appliquons à nos institutions. De même les États sociaux des temps modernes que nous appelons aristocratiques n’ont rien de commun avec les aristocraties antiques : le travail livré exclusivement aux classes serviles, l’absorption des droits individuels et de la vie privée par l’État, sont les deux traits fondamentaux des sociétés ontiques ; ils rendent impossible toute comparaison avec les sociétés fondées sur l’idée chrétienne.
[30] Aristote, Politique, III, c. VI, § 2 et suiv. ; IV, c. VIII, § 4, c. XIII, § 20 ; VI, c. III, § 4 et suiv., c. IV, § 2 et suiv., c. V, § 1, c. X, § 11 ; VIII, c. VI, § 1, 9, c. X, §§ 2, 3, 5. Cf. Polybe, VI, c. III et IV.
[31] Aristote, Politique, l. II, c. VI, § 20, et l. VIII, c. X, § 1. — Hérodote, l. VI, ch. 51, 52.