I Davout s'était montré si ardent à éloigner l'empereur parce qu'il sentait de plus en plus la nécessité de subir les Bourbons et qu'il espérait, par une reconnaissance immédiate de Louis XVIII, obtenir des garanties pour le pays et pour les personnes. L'ajournement de sa proposition par la Commission, dans la séance du 27 juin, n'ébranlait pas sa volonté. Ce jour-là, 27 juin, il avait envoyé en mission secrète à Cambrai, où se trouvait Louis XVIII, le général Archambaud de Périgord[1], et le soir du 28 juin, après s'être concerté derechef avec Vitrolles[2], il renouvela dans une lettre à Fouché sa proposition faite verbalement la veille devant la Commission : ... Il n'y a pas de temps à perdre, écrivit-il, pour adopter ma proposition. Nous devons proclamer Louis XVIII, nous devons le prier de faire son entrée dans la capitale sans les troupes étrangères qui ne doivent jamais mettre le pied à Paris. Louis XVIII doit régner avec l'appui de la nation... J'ai vaincu mes préjugés, mes idées. La plus irrésistible nécessité et la plus intime conviction m'ont déterminé à croire qu'il n'y a pas d'autre moyen de sauver notre patrie[3]. Fouché pensait aussi qu'une seconde restauration était le seul dénouement possible, mais s'il désirait, comme Davout, des garanties d'ordre général, il souhaitait (le plus, et il les souhaitait âprement, certains avantages personnels. Ces garanties et ces avantages, il se croyait plus sûr de les obtenir par la diplomatie occulte de ses émissaires que par des négociations officielles. L'initiative prise par le prince d'Eckmühl traversait ses plans. Selon le mot de Pasquier, il entendait que rien ne se fit que par lui [4]. En outre, il se savait très suspect de bourbonisme non seulement parmi ses collègues, qu'il dominait d'ailleurs, mais dans la fraction la plus remuante de la Chambre. Il répondit à Davout qu'il l'autorisait à traiter promptement d'un armistice mais qu'avant de faire aucune ouverture relative à Louis XVIII, il fallait connaître les intentions de l'ennemi. Une conduite mal calculée, écrivait-il, produirait trois maux : 1° d'avoir reconnu Louis XVIII avant tout engagement de sa part ; 2° de n'en être pas moins forcé de recevoir les ennemis dans Paris ; 3° de n'obtenir aucune condition de Louis XVIII[5]. Le lendemain, 29 juin, dans la séance même où Fouché repoussa avec tant d'emportement la proposition de l'empereur, transmise par Beker, de reprendre le commandement, il donna lecture à ses collègues de la lettre de Davout et de la réponse qu'il y avait faite. Ceux-ci jugèrent que par les vues politiques qui y étaient indiquées cette réponse laissait encore trop de latitude à Davout. Sur leurs observations, Fouché dut aussitôt écrire au prince d'Eckmühl, en manière de rectification, que l'armistice devait être purement militaire et que la demande, devait en être portée par un général de la ligne et un général de la garde nationale[6]. Cette dernière recommandation avait trait indirectement au maréchal Grouchy. Informée que celui-ci était disposé à s'entremettre pour la conclusion d'un armistice, la Commission avait décidé qu'il serait écrit à Davout afin qu'il arrêtât sur-le-champ le départ de M. le maréchal Grouchy[7]. C'est Fouché lui-male qui avait eu l'idée de charger Grouchy d'une mission auprès des Alliés. Grouchy, arrivé à Paris vers quatre heures du matin, était accouru sans débotter au quartier général du prince d'Eckmühl, à la Fillette ; il avait à lui demander des instructions pour les emplacements des troupes qu'il ramenait, et il voulait aussi l'informer qu'il avait envoyé, la veille, le général Le Sénécal en parlementaire à Blücher[8]. Grouchy était très découragé[9], Davout l'était plus encore. Ils tombèrent d'accord que pour éviter une nouvelle occupation de Paris par les armées étrangères il fallait accepter Louis XVIII avec des garanties. Davout envoya Grouchy chez Fouché. Le duc d'Otrante voyant les bonnes dispositions du maréchal et apprenant qu'il avait entamé des pourparlers avec Blücher pensa à se servir de lui pour couvrir une mission particulièrement délicate dont il méditait de charger Vitrolles. Il s'agissait pour déterminer les états-majors alliés à un armistice immédiat de les désintéresser de la part de contribution à laquelle ils auraient droit s'ils entraient dans Paris. On avait supputé deux millions pour les Anglais et un million et demi pour les Prussiens, plus besogneux et par conséquent moins exigeants. Ouvrard offrait d'avancer toute la somme. Il en avait parlé la veille à Vitrolles qui n'avait pas répugné à la mission, sous la condition de ne point se charger de l'argent et de donner seulement des bons à payer. Fouché révéla-t-il entièrement son plan à Grouchy, comme il le fit croire à Vitrolles ? Il parait plus probable qu'il se borna à lui proposer de le députer avec un agent du roi, le baron de Vitrolles, au quartier-général des Alliés pour y négocier un armistice. Grouchy ayant accepté en principe, Fouché l'invita à retourner au quartier-général de Davout où irait le rejoindre le baron de Vitrolles qui serait accompagné du maréchal Oudinot[10]. Resté seul, le duc d'Otrante manda Vitrolles. Il le mit au courant de l'affaire et dit pour conclure : — L'autorité du roi sera reconnue, mais il faut que les Alliés arrêtent leur marche sur Paris. Le maréchal Grouchy vous accompagnera aux quartiers-généraux de Blücher et de Wellington ; mais vous seul pouvez emporter la question. Voici une lettre que j'écris à ce sujet au maréchal Davout, vous voudrez bien vous en charger. La lettre que Fouché lui remit toute ouverte était vague et obscure ; elle se bornait à quelques phrases sur la nécessité d'éloigner les dangers qui menaçaient la capitale. Vitrolles, tout déconcerté, fit observer à Fouché que ces prétendues instructions ne renseigneraient aucunement Davout. — Que voulez-vous que j'écrive de plus ? répondit Fouché. Cela suffit. Puisque vous êtes porteur de cette lettre vous saurez bien l'expliquer. D'ailleurs j'ai donné au maréchal Grouchy toutes les explications nécessaires. Oudinot, qui avait été appelé chez Fouché en même temps que Vitrolles, entra à ce moment. Ils partirent tous deux pour la Villette[11]. Là, conciliabule à mots couverts avec Davout et Grouchy,
et grand embarras. Sauf Vitrolles, nul ne savait exactement ce dont il
s'agissait ; et encore, si Fouché avait exposé à celui-ci l'objet de la
mission, il s'était gardé de lui indiquer les moyens d'exécution. C'était aux
autres à se débrouiller et à se compromettre. Oudinot gardait le silence.
Grouchy, qui paraissait fort gêné, se bornait à assurer Vitrolles de son
appui dévoué dans les négociations avec les Alliés. — La lettre du duc d'Otrante, dit Davout avec humeur, ne signifie rien. Que veut-il que je fasse d'après cela ?
C'était bien l'avis de Vitrolles, mais cet homme-là ne restait jamais court. —
Le président, répondit-il, a pensé que les instructions verbales qu'il a données à M.
le maréchal de Grouchy suffiraient pour expliquer ses intentions. Le
silence de Grouchy fut pris pour un acquiescement. — Fort
bien, reprit Davout, mais moi, d'après cette
lettre, quels ordres, quelle direction puis-je donner ? — Il me semble, dit Vitrolles, que vous pourriez donner au maréchal de Grouchy une
expédition de la lettre avec l'autorisation d'agir d'après vos pouvoirs et
conformément aux instructions verbales qu'il a reçues du duc d'Otrante.
Cet expédient qui mettait à l'abri sa responsabilité agréa à Davout. Il pria
Vitrolles de libeller lui-même cette pièce pour Grouchy seul. En même temps,
il minuta un ordre ostensible enjoignant à Grouchy et à Kellermann — il
pensait, on ne sait dans quel dessein, adjoindre pour cette mission
Kellermann à Grouchy — de se rendre près de
Wellington et de Blücher à l'effet de traiter avec eux des conditions d'un
armistice[12]. A ce moment, vers quatre heures environ, Davout reçut l'avis du gouvernement qui lui prescrivait d'arrêter le départ dû maréchal Grouchy et de faire porter la demande d'armistice par un général de la ligne et un général de la garde nationale[13], Davout biffa sur sa minute le nom de Grouchy et y ajouta celui de Tourton, chef de l'état-major de la garde nationale. La lettre aussitôt mise au net fut expédiée à Kellermann[14]. Que se passa-t-il ensuite ? Bien que, semble-t-il, elle n'eût plus d'objet, la conférence continua-t-elle entre Davout, Vitrolles, Grouchy et Oudinot ? ou se séparait-on pour se retrouver plus tard[15] ? On ne sait. Mais, ce qui est certain c'est que, à six heures du soir, Vitrolles était de nouveau avec Davout, au quartier-général de la Villette, dans une pièce du second étage, quand un aide de camp annonça au maréchal l'arrivée d'une députation des Chambres[16]. Contre la volonté de Fouché, la Chambre commençait à s'ingérer dans la question militaire. En vain l'officieux Manuel avait proposé, d'ajourner toute discussion qui n'eût pas pour objet la constitution[17], les faiseurs de lois étaient sans cesse ramenés par les renseignements sur la marche de l'ennemi à des préoccupations d'un ordre moins spéculatif. Le 28 juin, sur la motion du général Mouton-Duvernet, la Chambre avait voté une adresse à l'armée et décidé que ce manifeste patriotique serait communiqué aux troupes, le lendemain, par une délégation de cinq de ses membres revêtus de leur écharpe tricolore[18]. C'était, cette députation à laquelle s'étaient joints deux pairs désignés par la Chambre haute, et, de leur propre mouvement, plusieurs représentants, qui arrivait au quartier-général du prince d'Eckmühl[19]. Davout était libre de recevoir ces délégués dans la pièce du rez-de-chaussée. Mais il n'avait pas accoutumé de cacher ce qu'il faisait ni de dissimuler ce qu'il pensait. Il vit dans cette circonstance l'occasion de brusquer les choses en s'ouvrant de ses projets à la délégation des Chambres. Déjà il avait voulu les exposer franchement à la tribune, mais Fouché et la Commission exécutive l'avaient retenu. Nonobstant les objections de Vitrolles, qui ne paraissait pas du tout à son aise, Davout reçut donc les représentants dans la pièce où il se trouvait avec celui-ci[20]. Il commença par s'excuser de n'avoir pas fait prendre les armes à l'armée selon l'ordre qu'il en avait reçu de la Commission de gouvernement. Il dit que les troupes venaient seulement de s'établir dans les bivouacs, qu'elles n'avaient pas encore les distributions, que ce n'était pas le moment de leur imposer une prise d'armes. — La vérité c'est que Davout réprouvait comme contraire à la discipline la visite des représentants, et qu'il craignait que cette manifestation, renouvelée des procédés révolutionnaires, n'accrût l'exaltation des soldats qui, à son gré, était déjà beaucoup trop vive[21]. — Une dizaine d'officiers-généraux que les représentants avaient rencontrés dans les lignes étaient entrés avec eux. Gard donna lecture de l'adresse à l'armée. Davout y répondit par quelques banalités sur la gravité des circonstances et le chemin de l'honneur. Puis, pour préparer ses auditeurs à la proposition d'un armistice immédiat et à tout prix, il parla d'un rapport alarmant du maréchal Grouchy, du désordre et de la démoralisation des troupes qui arrivaient sous Paris. Mais au moment d'entrer dans le vif de la question, il se troubla, s'embrouilla en une phrase qu'il ne put achever, et, pour se tirer d'embarras, il dit brusquement en montrant Vitrolles qui se tenait au bout de la pièce : — Et voilà M. de Vitrolles qui peut nous faciliter des conventions avec les généraux des armées alliées[22]. La présence de cet agent royaliste au quartier-général fit la stupeur. On échangeait des regards étonnés et on les reportait sur Vitrolles, chargés de colère et de haine. Sans s'émouvoir autrement, Vitrolles expliqua que le duc d'Otrante l'avait mandé chez lui pour l'inviter à prendre part aux négociations, pensant que par ses relations personnelles il pourrait faciliter un armistice. Il avait consenti, dit-il, par dévouement aux intérêts de sa patrie. Vitrolles se garda bien d'ajouter que la condition essentielle de cet armistice devait être la reconnaissance du roi ; mais par cela seul que ce personnage allait se trouver mêlé aux négociations, il venait à l'esprit de tous qu'elles avaient pour objet une intrigue royaliste. Laguette-Mornay interpella Vitrolles avec véhémence, le général Fressinet lui mit presque le poing sous le menton. — Nous ne supporterons jamais les Bourbons, s'écria le jeune général Dejean. Nous nous ferons tuer jusqu'au dernier plutôt que de subir cette honte ! Davout qui avait attendu de son coup de théâtre un effet tout différent ne savait que dire. Il n'osait plus déclarer ses projets. Il se bornait à balbutier des paroles d'apaisement. Comme premier expédient, il entraîna Vitrolles au dehors en le conjurant de s'éloigner[23]. Rentré seul dans la pièce où les représentants et les généraux continuaient de discourir avec passion contre Fouché, contre Vitrolles et contre lui-même, Davout parvint il les calmer en leur disant très habilement que le devoir qu'il s'était tracé de ne leur rien cacher l'avait contraint à les mettre en présence de Vitrolles. Il ajouta force protestations de ne jamais agir contre les intérêts du pays et la volonté de la représentation nationale et de marcher toujours d'accord avec ses camarades de l'armée. Il fit entendre que les rapports dont il avait parlé sur la démoralisation de certains corps lui paraissaient exagérés, qu'il avait d'autres renseignements plus rassurants. Après cette sorte de rétractation, il conseilla aux députés de voir les troupes, de les haranguer, de leur distribuer eux-mêmes les exemplaires de l'adresse ; il allait donner l'ordre que l'on prît les armes à la tête des bivouacs[24]. Les représentants et leurs collègues de la Chambre des pairs parcoururent depuis Belleville jusque vers Saint-Denis les lignes qu'occupaient les débris des ter, 2e et Ge corps de l'armée du Nord, la vieille garde et les divisions provisoires formées avec les disponibles des dépôts. La garde, qui regardait tous les députés comme des traîtres ennemis de l'empereur et partisans des Bourbons, se montra d'abord défiante et farouche. Elle accueillit la délégation avec un silence hostile. Mais aux premières paroles patriotiques, ces rudes soldats s'apprivoisèrent. Quelques rares cris de Vive les représentants ! Vive la liberté ! s'élevèrent des rangs, mêlés aux cris vingt fois répétés : Vive Napoléon II ! Pas de Bourbons ! Vive Napoléon II ! Les troupes de ligne, qui paraissaient brisées de fatigue mais résolues, manifestèrent les mêmes sentiments. Les Vive Napoléon Il éclataient partout au passage de la députation. Des colonels, des capitaines, des lieutenants déclarèrent aux représentants qu'ils n'entendaient pas avoir versé inutilement leur sang pendant vingt-cinq ans pour la liberté, et que jamais ils ne se laisseraient imposer un roi amené par les Anglais et les Prussiens. Les soldats entouraient les députés. Ils disaient qu'ils avaient leurs vivres, leur solde, du vin, qu'ils ne manquaient de rien, que l'on pouvait compter sur eux ; mais ils invectivaient contre les Bourbons, exprimaient leur surprise et leurs regrets que l'empereur eût abdiqué et proclamaient leur dévouement à Napoléon II[25]. II L'ennemi avait poursuivi sa marche, il approchait, il était là. Bülow avait deux divisions au sud de Gonesse, deux divisions et la cavalerie du prince Guillaume au Bourget ; ses avant-postes observaient Saint-Denis, Aubervilliers, le Raincy. Le corps de Zieten se massait entre Blanc-Mesnil et Aulnay. Le corps de Thielman était à Dammartin. L'armée anglaise allait passer l'Oise[26]. Nul espoir désormais d'arrêter les Alliés par un armistice. Le beau projet imaginé par Fouché et que Vitrolles et Grouchy devaient exécuter était abandonné. Les généraux Kellermann et Tourton que, conformément aux instructions de la Commission Davout avait envoyés ce jour-là, 29 juin, à Blücher et à. Wellington, étaient rentrés dans Paris sans avoir même pu passer les avant-postes prussiens du Bourget[27]. L'ennemi s'obstinant à refuser toute trêve, il fallait se préparer à combattre. Davout, à la fois ministre de la guerre et général en chef[28], prit enfin des dispositions pour la défense. L'armée du Nord, rentrée dans Paris était encore de 56.000 hommes[29]. La garnison comprenait 5.300 hommes des dépôts de la garde[30], 10.000 des dépôts de la ligne[31], 4.000 canonniers de la marine et de la ligne[32]. Les forces totales s'élevaient ainsi à 75.000 baïonnettes et sabres[33]. Il y avait en outre les compagnies de sous-officiers de fusiliers et de canonniers vétérans, la gendarmerie, les canonniers invalides, les élèves de l'Ecole d'Alfort et de l'Ecole polytechnique, cinq bataillons de retraités de la Seine, de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne et de la Côte-d'Or, deux bataillons de mobilisés du Cher et d'Indre-et-Loire, un bataillon de volontaires lyonnais, une compagnie de volontaires de Bordeaux, le corps des volontaires de la Seine, 3.000 gardes nationaux de la banlieue, tous armés et bien disposés à se battre, 18.000 tirailleurs fédérés armés, ou qu'on pouvait armer, et 30.000 gardes nationaux parisiens dont le tiers était utilisable aux approches de la ville. C'était encore une masse de 40.000 combattants[34]. Davout répartit ainsi les troupes sur le périmètre de Paris : à Auteuil, les cuirassiers de Milhaud ; à Villiers, la garde à pied sous Drouot ; à Saint-Ouen, les cuirassiers de Kellermann ; à la Chapelle, la garde à cheval sous Lefebvre-Desnoëttes ; à la Villette, les 2e et 6e corps sous Reille et la cavalerie de Pajol ; entre Belleville et la route de Vincennes, le 1er corps sous d'Erlon et la division Beaumont ; sur la rive gauche de la Seine, les deux corps de Vandamme, un tiers des troupes entre le fleuve et la rivière des Gobelins, la plus grosse fraction entre cette rivière et le village de Vaugirard ; les dragons d'Exelmans à Gentilly. Chaque commandant de corps d'armée devait couvrir le front de sa position par de forts avant-postes d'infanterie ou de cavalerie. Un bataillon était détaché à Aubervilliers, un à Pantin, un à Romainville, un à Saint-Maur avec de la cavalerie. Il y avait cieux escadrons à Fontenay-sous-Bois, un régiment entier à Charonton, un escadron à Choisy, un escadron à Sèvres[35]. Un bataillon du 2e de ligne et deux escadrons de Polonais étaient à Boulogne et à Saint-Cloud avec le général de Pully[36]. Au pont de Neuilly, le général Grundler avait une brigade[37] ; deux bataillons formés des dépôts des 69e et 76e de ligne étaient dans Saint-Denis, bien fortifié, avec le général Allix[38]. Au fort de Vincennes, Daumesnil avait 1.400 canonniers[39]. Sur la rive gauche de la Seine, les fortifications étant à peine commencées, Davout voulut y suppléer par des masses d'artillerie. Il donna l'ordre de transporter sur la ligne des tracés le plus de pièces possible, dût-on les mettre en batterie sans plate-forme ni épaulements[40]. Il était temps d'opposer le fer au fer. Le 30 juin, au point du jour, les Prussiens attaquèrent. Quatre bataillons de la division Sydow (corps de Bülow) leurs flancs couverts par de la cavalerie, assaillirent Aubervilliers. Malgré la disproportion du nombre, le faible bataillon qui occupait ce village résista avec une belle ténacité. Il ne se replia qu'après une défense de deux heures. Maîtres d'Aubervilliers, les Prussiens poussèrent vers La Villette, mais ils furent vite arrêtés, pris d'écharpe par l'artillerie en position sur la ligne à redans et à courtines qui reliait ce faubourg aux ouvrages de Saint-Denis. Deux autres petites attaques opérées en même temps contre Saint-Denis et contre les retranchements du canal de l'Ourcq n'eurent point meilleur résultat. L'ennemi reconnut que les fortifications qui couvraient Paris au nord étaient trop redoutables pour être enlevées de vive force. Vers huit heures du matin, les Prussiens rompirent le combat. Ils avaient un autre projet[41]. III Les protestations de Davout et la visite aux bivouacs avaient effacé dans l'esprit des délégués des Chambres la mauvaise impression de leur rencontre avec Vitrolles. Ils s'abstinrent de mentionner cette scène dans leurs rapports à la tribune, et, s'ils en parlèrent dans les couloirs, ce fut comme d'un incident sans importance. Il n'en résulta pour Fouché et pour Davout aucune des très graves conséquences qu'ils pouvaient redouter. On mit tout sur le compte de Vitrolles. Dès le lendemain, à la séance de la Commission exécutive, Carnot interpella Fouché. Il l'accusa de conspirer avec Vitrolles, et de laisser cet agent royaliste libre d'intriguer ouvertement dans Paris. — Chose inouïe ! dit-il, on a vu M. de Vitrolles au quartier-général de la Villette où, d'accord avec vous, il était allé pour séduire le brave maréchal Davout ! Fouché se défendit à peine, très dédaigneusement, et ne défendit point du tout Vitrolles. Il laissa sans opposition, avec la plus parfaite indifférence, donner l'ordre de l'arrêter. En même temps, à la vérité, il le fit avertir par son secrétaire Fabri de chercher un asile pour se mettre temporairement à l'abri des gens de police[42]. Les délégués des Chambres ne dissimulèrent pas dans leurs rapports les vrais sentiments de l'armée. Laguette-Mornay dit que les soldats répondaient avec enthousiasme au mot de liberté mais que cet enthousiasme redoublait lorsque le mot de Napoléon II était prononcé. Garat ajouta : Il est vrai de dire que le nom de Napoléon Il était dans toutes les bouches. Ces déclarations retournèrent la Chambre. Les représentants qui depuis deux jours commençaient à reconnaître la nécessité pour le droit de la nation de s'appuyer sur la force militaire mesurèrent la puissance effective qu'avait encore sur les soldats le grand nom de Napoléon. — Eh bien ! s'écria un député, disons donc comme l'armée : Vive Napoléon II ! C'était, à ce moment, la pensée de l'assemblée. Elle se leva presque tout entière aux cris multipliés : Vive Napoléon II ! que répétèrent avec enthousiasme, debout et agitant leurs chapeaux, les spectateurs des tribunes[43]. Dans la même séance, ce nouvel esprit de la Chambre se manifesta à trois reprises. Un député, le baron de Malleville, ayant fait imprimer une brochure nettement royaliste, le régicide Garreau le dénonça à la tribune dans les termes les plus violents : — J'ai vu plusieurs de nos braves soldats terrorifiés par un écrit d'un représentant du peuple. Il a eu l'infamie... A ce mot, Garreau fut interrompu par des murmures que couvrirent des applaudissements plus nombreux. Il reprit. — Il a eu l'infamie, le terme n'est pas trop fort, de vous proposer de redemander Louis XVIII comme le seul gage du bonheur et de la tranquillité publique.... Je demande qu'il soit déclaré aliéné et qu'on l'écroue dans une maison de santé. Au milieu du tumulte, les royalistes et les libéraux du parti de Fouché réclamèrent l'ordre du jour pur et simple. Mais Ginoux-Defermon protesta. — Il faut, dit-il, que l'assemblée se prononce contre un homme qui a osé vous proposer de rappeler les Bourbons. Si M. de Malleville n'est pas poursuivi, c'est qu'il est inviolable en qualité de représentant du peuple. Je demande donc l'ordre du jour motivé sur ce que M. de Malleville est inviolable. Cet ordre du jour fut aussitôt voté[44]. Les ennemis de la royauté s'animaient de plus en plus. Durbach, prenant prétexte du projet de constitution que l'on venait de distribuer, fulmina un furieux réquisitoire contre les Bourbons. — Vous déclarerez aux puissances, dit-il pour conclure, que les Bourbons qui depuis un quart de siècle portent la guerre en France sont ennemis du peuple français et qu'ils sont proscrits de son territoire. Vous déclarerez qu'aucune proposition de paix ne pourra être faite ni écoutée si leur exclusion perpétuelle du trône français n'est adoptée comme préliminaire et comme condition sine qua non de toute négociation. Vous déclarerez que les Français sont résolus de combattre à mort pour leur liberté et leur indépendance et qu'ils périront tous plutôt que de supporter le joug humiliant qu'on voudrait leur imposer. Ces paroles qui avaient la résolution et le souffle puissant et terrible des harangues prononcées à la Convention soulevèrent l'assemblée. Sans que les royalistes atterrés osassent la moindre protestation, elle vota d'enthousiasme l'impression et l'envoi aux départements et aux armées du discours de Durbach[45]. Manuel monta ensuite à la tribune pour lire le projet d'adresse au peuple français qu'il avait rédigé sous l'inspiration de son maître Fouché. — Il n'avait même pas soumis sa rédaction à ses collègues de la commission[46]. — Ce laborieux manifeste dont chaque phrase n'avait pas moins d'une douzaine de lignes, et où chaque mot était pesé, manquait de chaleur et de clarté parce qu'il manquait de sincérité. Manuel s'était appliqué à diluer sa pensée avec des circonlocutions et des réticences et à suppléer par des professions de principes et des généralités à des déclarations précises sur l'état des choses. Il avait atteint le but indiqué par Fouché qui était exactement de parler pour ne rien dire. Jusqu'alors la Chambre avait bien accueilli ce genre d'éloquence qui convenait à la division et à la variabilité de ses opinions et s'accordait avec sa volonté indécise. Mais ce jour-là, enflammée par les rapports de ses commissaires à l'armée et les paroles de feu de Durbach, unie dans un sentiment ardent de patriotisme et de résistance, l'assemblée s'insurgea contre la phraséologie tortueuse et vide de Manuel. — Est-ce là le langage que nous devons au peuple, dit Bérenger ? On vous dit que l'armée demande Napoléon II, et vous avez déclaré il y a huit jours que Napoléon Il succédait à son père. Pourquoi ce nom n'est-il pas prononcé dans l'adresse ? A quel titre siégeons-nous ? Quel est notre mandat ? L'observation de la constitution. Or, elle repose sur deux bases ; l'exclusion des Bourbons et la possession du trône à Napoléon et à sa famille. Le père a abdiqué, le fils règne... Messieurs, il faut nous expliquer franchement, sinon l'armée hésitera, et dans nos villes l'incertitude peut entraîner les plus grands malheurs. On vous reproche déjà de n'avoir pas dans vos délibérations cette attitude hardie et énergique qui convient à la nation. L'adresse proposée donne des espérances à tous les partis. Je demande que les membres de votre commission revoient cette adresse, qu'ils y expriment vos véritables sentiments et qu'ils la terminent par ces mots : Vive Napoléon II ! Il y eut des murmures, mais plus encore d'applaudissements. Appuyé ! appuyé ! criait-on de tous côtés : — Je demande aussi l'ajournement, dit Regnaud qui voyait trop tard la faute et le malheur de son alliance avec Fouché. Vous connaissez les sentiments de l'armée qui veut combattre pour le maintien des engagements déjà pris. La meilleure adresse, c'est la publication de vos débats de ce jour. — Il est dans mon cœur, dit Lautrac, membre de la commission pour la rédaction de l'adresse, de voter l'exclusion des Bourbons et la reconnaissance de Napoléon II. Je demande le renvoi à la commission. — Si vous ne vous prononcez pas, dit Garat, l'armée dont les cris proscrivent les Bourbons demeure incertaine et hésitante. Le moindre doute aggrave nos malheurs et rend la guerre civile inévitable. Manuel tenta de défendre son adresse et lui-même, car il se sentait devenir suspect. Il la relut fragment par fragment en l'accompagnant de commentaires confus. Cette seconde lecture ne fit pas meilleur effet que la première. A une très grande majorité, l'assemblée renvoya le projet à la commission pour une nouvelle rédaction. La présence de Vitrolles au quartier-général de Davout, avait indigné et alarmé les chefs de l'armée plus encore que les délégués des Chambres. Ils en gardèrent une impression plus durable. Dans la nuit du 29 au 30 juin et dans la matinée qui suivit, ils tinrent des réunions en vue île parer aux menées royalistes. Ils accusaient Fouché et soupçonnaient le prince d'Eckmühl. — Fouché est un traître, dit Dejean. La première chose à faire est de le pendre. Des généraux proposèrent de cerner les Tuileries avec deux bataillons, d'y arrêter le président du gouvernement et de le fusiller incontinent dans la cour. A la réflexion, cette exécution salutaire parut tout de même trop difficile. Dans l'impossibilité de supprimer Fouché, on voulut s'assurer Davout en l'associant à une démarche collective qui le compromît irrémissiblement aux yeux des royalistes. D'accord avec ses camarades, le général Fressinet rédigea cette adresse à la Chambre pour protester contre un retour éventuel du roi. ... On voudrait nous imposer les Bourbons, et ces princes sont rejetés par l'immense majorité des Français. Ils ont traité l'armée en rebelle. Si l'on pouvait souscrire à leur rentrée, on aurait signé le testament de l'armée qui pendant vingt années a été le palladium de l'honneur français. Ce manifeste fut présenté à Davout qui se sentit contraint moralement d'y apposer sa signature. A se dérober, il eût couru le danger d'accroître les soupçons provoqués par la scène de la veille. Le maréchal regretta pourtant d'avoir cédé à cette crainte. Quand l'adresse, signée de dix-sept officiers généraux dont Vandamme, Boguet, Pajol, d'Erlon, Harlet, Christiani, Pelet, Ambert, Chartran, eut été lue au Corps législatif et que la Chambre en eut voté l'impression à vingt mille exemplaires, il pensa à protester publiquement contre l'abus de sa signature sous prétexte qu'elle lui avait été surprise. Il écrivit une lettre au président de la Chambre, mais après l'avoir écrite, il ne l'envoya pas. A la veille d'une bataille, a-t-il dit, je craignais que ce désaccord entre les chefs ne fût une cause de plus d'affaiblissement et de démoralisation pour l'armée[47]. Cette bataille, Davout était désormais résolu ou plutôt résigné à la livrer. Il écrivait au général Valée commandant l'artillerie de Paris : Nous allons ces jours-ci faire une grande consommation de cartouches. Il faut trouver le moyen d'en faire 600.000 à 700.000 par jour. Il écrivait à sa femme qui se trouvait à son château de Savigny-sur-Orge : Nous touchons, je l'espère, au moment de la fin de nies sacrifices. Le sort de notre patrie va être décidé probablement demain[48]. Wellington fait un mouvement et arrivera demain sur les hauteurs de Montrouge. Le corps du général Vandamme y est aujourd'hui. Je vais le renforcer demain, et j'espère que la plus juste des causes prévaudra sur l'habileté de Wellington[49]. Et cependant Davout gardait encore l'espoir de ne point tirer l'épée, tant il augurait mal des résultats, quels qu'ils fussent, d'une action générale. Une défaite, pensait-il, entraînerait le sac de Paris, et une victoire ne pourrait que retarder l'issue fatale de la campagne[50]. Informé par une dépêche télégraphique que Suchet venait de conclure une suspension d'armes sur la frontière des Alpes avec les Autrichiens, il prit prétexte de cette convention pour adresser à Wellington et à Blücher une nouvelle demande d'armistice. Toutes les raisons que vous auriez de continuer les hostilités sont détruites, écrivit-il, car vous ne pouvez avoir d'autres instructions de votre gouvernement que celles que les généraux autrichiens tenaient des leurs[51]. C'était depuis sept jours la sixième proposition d'armistice[52]. Dans Paris, le grondement du canon avait ranimé
l'espérance chez les gens qui voulaient se défendre et mis l'alarme chez ceux
qui estimaient que la paix serait toujours assez bonne pourvu qu'elle fût
prompte. Dans la bourgeoisie et parmi les commerçants, cette opinion
dominait. On n'avait d'espoir que dans la soumission, car si l'on
recommençait à combattre on serait peut-être vainqueur dans les premiers
engagements mais on finirait par succomber au nombre. Ces vaines tentatives
de résistance auraient pour unique effet de rendre plus onéreuses les
conditions de la paix. On admettait, sans révolte, l'idée de voir Wellington
à Paris. Il paraissait des brochures : Pour qui
nous battons-nous ! Qu'avons-nous à espérer ? Finissons-en !
prêchant la paix à tout prix. Toute personne possédant une maison, une
boutique, un mobilier de quelque valeur, regardait connue un crime une
défense qui pourrait entraîner le pillage et l'incendie. Sismondi protesta
chez Mme de Rumford qu'il serait honteux de capituler sans avoir combattu ;
il s'attira cette réponse : On voit bien que vous
avez votre écritoire pour toute fortune ! Le Conseil municipal,
devançant les vœux de ces bonnes gens, envoya à Fouché une délégation pour le
conjurer de ne point défendre Paris. Fouché assura qu'il n'y avait rien à
craindre, que l'armée se bornerait en tout cas à disputer les approches, et
que l'action ne s'étendrait même pas jusqu'aux barrières d'octroi[53]. Dans ce concert
de voix tremblantes et serviles, s'élève pourtant un cri d'homme. Ampère dit
à un ami : Je n'ai plus la force de supporter la vie...
Il faut que je fuie ceux qui me disent : Vous ne
souffrirez pas personnellement. Comme s'il pouvait être question de soi
au milieu de pareilles catastrophes ![54] La croyance que Fouché était d'accord avec les Alliés et
le départ de l'empereur tranquillisaient les Parisiens de bonne compagnie.
Leur quiétude eût été parfaite sans l'agitation populaire. Dans les
faubourgs, on ne paraissait pas d'humeur à capituler. Tirailleurs et fédérés
continuaient leurs processions tumultueuses dans Paris, des rameaux verts à
la main et des vociférations à la bouche : Vive
l'empereur ! Vive Napoléon II ! Mort aux traitres ! Mort aux royalistes !
Ils traitaient de traîtres Fouché et ses collègues qui avaient refusé à
l'empereur de combattre à la tête de l'armée, mais ils ne pouvaient croire
que Napoléon fût parti ; ils étaient sûrs qu'il allait reprendre le
commandement des troupes. Et alors on verrait !
D'autres disaient que l'armée autrichienne marchait au secours de Paris avec
le roi de Rome. Tout était menace dans leur attitude, dans leurs paroles,
dans leurs regards enflammés. On redoutait qu'avant d'aller au combat, ils ne
prissent contre les tièdes et les suspects des précautions à la façon des
massacreurs de septembre. Leur excitation, leurs colères étaient partagées
par les soldats. Déjà on comptait des victimes. Des royalistes qui trop
pressés de manifester leurs opinions avaient crié : Vive le roi ! sur le
boulevard Saint-Martin, au défilé d'une colonne de cavalerie, furent sabrés.
Aux avant-postes de Pantin, deux officiers émigrés s'étaient glissés dans les
lignes pour embaucher des soldats ; une patrouille du 7e hussards les arrêta
; des ouvriers qui abattaient les arbres de la route s'interposèrent,
arrachèrent ces malheureux des mains des hussards et les tuèrent à coups de
hache. Un perruquier surpris à Montmartre enclouant des canons fut attaché à
la queue d'un cheval et traîné par les rues au milieu des coups[55]. Jusqu'au 27 juin, Paris, nonobstant les manifestations des fédérés, avait à peu près conservé son aspect accoutumé. Le beau monde continuait de se promener aux Tuileries dans l'après-midi et de venir s'asseoir dans la soirée sur la double rangée de chaises du boulevard des Italiens. Les spectacles étaient ouverts, les cafés remplis. On avait peu d'inquiétude, car on espérait que les négociations arrêteraient les armées alliées au delà de l'Aisne et de l'Oise. Mais voici que les paysans des villages suburbains entrent dans Paris, conduisant leurs bestiaux et charriant leurs pauvres meubles, voici que les convois de blessés de l'armée du Nord défilent par les rues et les boulevards, voici que le canon tonne vers Nanteuil. On s'émeut, on s'effraie, on tombe dans la stupeur. Tous les travaux sont suspendus, les boutiques ferment. Dans les cafés désertés on parle à voix basse ; les grands théâtres font relâche ; seuls l'Ambigu et les Variétés ouvrent, mais les acteurs jouent dans une salle vide. Chacun se renferme chez soi. Paris a la physionomie d'une ville morte[56]. Il n'y a plus d'animation qu'à la Bourse. Là, on s'enflamme pour la politique du pire. A chaque mauvaise nouvelle, la hausse s'accentue. Le 28 juin, l'ennemi approche à dix lieues de Paris ; la rente monte à 59 francs. Le 29 juin, l'ennemi occupe Stains, le Bourget ; la rente monte à 63 francs. Le 30 juin, l'ennemi prend Aubervilliers et attaque la Villette ; la rente monte à 64 francs[57]. |
[1] Archambaud de Périgord a été envoyé par Davout pour faire connaitre les mesures que celui-ci avait recommandées à la Chambre des pairs afin d'amener ce corps à rappeler la famille royale. Le désir d'obtenir quelque sûreté future exprimé par Fouché et par Davout a été exaucé dans une proclamation du roi d'hier. Charles Stuart à Wellington, Cambrai, 29 juin (Supplementary Dispatches, X, 625). — Stuart confond la Chambre des pairs avec la Commission de gouvernement, mais, manifestement, il s'agit heu de la proposition de Davout faite le 27 juin à la séance de cette Commission.
[2] Beker (Relation, 47-49) rapporte que le soir du 28 juin, il se croisa au ministère de la guerre, oh il avait été mandé pour recevoir les dernières instructions relatives au départ de l'empereur, avec un personnage qui sortait du cabinet de Davout. Le ministre lui dit ensuite que cette personne était M. de Vitrolles, agent du roi et porteur de propositions acceptables pour le pays. — Si les miennes sont acceptées, ajouta Davout, je monterai demain à la tribune pour faire sentir la nécessité d'adopter mon projet.
[3] Davout à Fouché, 28 juin (Davout, Correspondance, IV, 578).
[4] Pasquier, Mémoires, III, 263.
[5] Fouché à Davout, 2 juin (lettre citée in extenso dans les procès-verbaux de la Commission de gouvernement, séance du 29 juin, onze heures du matin. Arch. nat., AF. IV, 1933).
[6] Procès-verbaux de la Commission de gouvernement, séance du 29 juin (Arch. nat., AF. IV, 1933).
[7] Procès-verbaux de la Commission de gouvernement, séance du 29 juin, onze heures du matin (Arch. nat. AF. IV, 1933).
D'où venait cette suspicion soudaine contre Grouchy, que la Commission avait nommé, six jours auparavant, commandant en chef de l'armée du Nord, de préférence à Soult ? Est-ce parce que l'on blâmait les pourparlers engagés par Le Sénécal avec Blücher, pourparlers dont Grouchy lui-même, comme on va le voir, avait rendu compte à Davout et à Fouché dans cette matinée du 29 ? Est-ce plutôt parce que Fouché avait un peu imprudemment dit quelques mots à la Commission de l'entretien qu'il venait d'avoir avec Grouchy, entretien dont il va être question ?
[8] Grouchy, Relation succincte, 56.
[9] Quelques heures auparavant, Grouchy avait écrit à Davout : ... Le gouvernement ne peut compter pour la défense de Paris que sur un très faible corps n'ayant nullement la volonté de ne battre et complètement désorganisé. Je crois de mon devoir de vous instruire de cette triste situation afin que le gouvernement ne se fasse pas illusion sur ceux des moyens de défendre Paris que je vais y conduire. (Claye, 28 juin. Arch. Guerre. Armée du Nord.) — Cette lettre écrite dans la soirée du 28 est datée : 29 juin. L'erreur est manifeste, puisque Grouchy annonce qu'il se remettra en marche à minuit, et qu'il arriva en effet à Paris avec la tête de colonne, le 29 juin au point du jour.
[10] Cf. Grouchy, Relation succincte, 58-89. Vitrolles, Mém., III, 79-8I (Cf. 147.) Pasquier, Mém., III, 272. Procès-verbaux de la Commission de gouvernement, séance du 29 juin. (Arch. Nat., AF. IV, 1933.)
Grouchy mentionne ses entrevues avec Davout et avec Fouché ; mais, je dois le faire remarquer, il affirme que loin de sr rendre à leurs idées et d'accepter leurs propositions, il les repoussa avec indignation. Il ajoute qu'il révéla les menées des deux traîtres à des députés de ses amis afin que ceux-ci les dénonçassent à la Chambre et requissent la dissolution du gouvernement provisoire et l'arrestation de Fouché et de Davout. Pourquoi Grouchy ne porta-t-il pas lui-même cette dénonciation à la tribune du Sénat où il monta le 1er juillet pour protester contre certaines insinuations des journaux relatives à ses rapports décourageants sur l'état de l'armée, et aussi pour expliquer qu'il avait demandé à résigner le commandement de l'armée par une défiance fondée de ses propres talents (Moniteur, 1er juillet.)
Les dénégations de Grouchy doivent être citées au débat, mais son récit, écrit en 1843, contient des inexactitudes et pis encore. Il dit, par exemple, que Davout lui demanda de faire prendre la cocarde blanche à l'armée du Nord. Or, à ce moment, Davout voulait une soumission au roi, mais à la condition précisément du maintien de la cocarde tricolore et du drapeau national. Grouchy assure avoir dit à Davout que l'armée du Nord était parfaitement réorganisée et animée du meilleur esprit . Or, dans sa lettre de la veille, que j'ai citée à la page précédente, Grouchy écrivait au contraire que les troupes étaient complètement désorganisées et n'avaient nulle volonté de se battre. Quelle crédibilité, après cela, peut-on accorder aux dires de Grouchy ?
En outre, il n'y a aucun témoignage, aucun document pour corroborer les dénégations de Grouchy, taudis qu'il y en a plusieurs pour les combattre, et par conséquent pour donner créance au récit de Vitrolles en ce qui regarde ce maréchal. Il y a Pasquier (III, 272) : A peine arrivé à Paris, Grouchy chercha les moyens de faire connaitre ses bonnes intentions pour la maison de Bourbon. Je le trouvai chez Vitrolles. Il y a Hyde de Neuville (II, 111) : Davout ostensiblement, Grouchy en secret et sans s'expliquer, avaient adhéré aux propositions émises. Il y a Barante (Souvenirs, II, 159-181) : Mieux que personne Grouchy voit que tout est perdu, que notre seule ressource est le prompt rétablissement de Louis XVIII. — Il y a Thibaudeau (X, 4511) : Grouchy parla dans le sens de la reddition à la Chambre des pairs. — Il y a enfin le procès-verbal de la séance du 29 juin de la Commission de gouvernement (Arch. Nat., AF. IV, 1933) : La Commission, informée des dispositions où serait le maréchal Grouchy de négocier un armistice où seraient filetées des questions politiques, déride que le ministre de la guerre arrête sur-le-champ le départ du maréchal Grouchy et les négociations qu'il veut entamer.
[11] Vitrolles, Mémoires, III, 80-82.
[12] Ordres de Davout à Grouchy et à Kellermann, La Villette, 20 juin [minutes] (Arch. Guerre).
Dans ces deux lettres, Davout prétend donner cet ordre d'après les instructions de la Commission de gouvernement. Il se trompe sciemment. Il se conformait non aux instructions de la Commission, dont il n'avait rien reçu encore à cet effet, mais à celles de Fouché, qui étaient vraisemblablement contenues dans la lettre que venait de lui remettre Vitrolles.
Vitrolles ni Davout, dans ses Mémoires manuscrits, ne parlent de cette double lettre à Grouchy et à Kellermann, qui cependant confirme le récit de Vitrolles.
[13] J'ai mentionné cette décision de la Commission au commencement du présent chapitre. Je dis que Davout en reçut l'avis vers quatre heures parce que la lettre de Fouché à Davout, écrite en exécution des instructions de la Commission, est datée : 29 juin, trois heures après-midi (Arch. Nat., AF, IV, 908).
[14] Sur la minute de la lettre de Davout à Kellermann (Arch. Guerre) le nom de Grouchy est biffé et on lit cet ajouté : Vous aurez pour adjoint M. le maréchal de camp Tourton. La copie de cette minute fut immédiatement expédiée à Kellermann puisque, comme on le verra plus loin, ce général se rendit ce jour-là même aux avant postes prussiens.
[15] Vitrolles (III, 83-84) qui d'ailleurs, je le répète, ne mentionne pas la réception de l'avis de la Commission, dit qu'il resta en conférence avec Davout jusqu'à la venue des délégués des Chambres, soit jusqu'à six heures du soir.
[16] Vitrolles, III, 84. — Davout dans ses Mémoires manuscrits passe sous silence cette scène, ainsi d'ailleurs que la discussion qui suivit entre Vitrolles et les délégués des Chambres.
[17] Séance du 27 juin (Moniteur, 28 juin).
[18] Séance du 28 juin (Moniteur, 29 juin).
[19] La Chambre avait désigné pour cette mission Arnaud, Jay et les généraux Pouget, Laguette-Mornay, Dumoustier (tous trois membres de l'Assemblée) ; la Chambre des pairs, le maréchal Lefebvre et le général Gazan. Les représentants Garreau et Garat accompagnèrent volontairement leurs collègues. (Moniteur, 29 juin et 1er juillet.)
Il était six heures du soir quand cette députation arriva à la Villette. (Procès-verbaux de la Commission de gouvernement, séance du 29 juin. (Arch. Nat., AF. IV, 19331. Moniteur, 30 juin.)
[20] Vitrolles, III, 84-85. — Dans ses Mémoires manuscrits, Davout mentionne la visite des représentants, mais il ne dit rien de la présence de Vitrolles qui est cependant hors de doute.
[21] Rapport à La Chamore de Laguette-Mornay, séance du 30 juin (Moniteur, 1er juillet). Cf. Mémoires manuscrits de Davout, et Davout à Fouché et Fouché à Davout, 29 juin. (Arch. Nat., AF IV, 908.)
[22] Vitrolles, III, 83. Cf. Rapports à la Chambre de Laguette-Mornay et de Garat. (Moniteur, 1er juillet). Rectification de Laguette-Mornay. (Moniteur, 4 juillet). Pasquier, Mém., III, 702. Hyde de Neuville, II, 108. Appels aux générations présentes et futures sur la capitulation de Paris (par le général Fressinet), 20-21.
[23] Vitrolles, III, 85-91. Général Fressinet, Appel aux générations, 21-22. Pasquier, III, 302. Hyde de Neuville, II, 108. — Pour Grouchy et Oudinot, à en croire Vitrolles, ils s'étaient esquivés dis qu'ils avaient aperçu les représentants et les généraux ; dans sa précipitation, Oudinot avait pris, au lieu du sien, le chapeau de Vitrolles.
[24] Pasquier, III, 202. Cf. Rapports de Laguette-Mornay et de Garat, à la Chambre, séance du 30 juin. (Moniteur, 1er Juillet.)
[25] Rapport à la Chambre de Laguette-Mornay, de Garat, de Mouton-Duvernet, de Bory Saint-Vincent. Séances du 30 juin et du 1er juillet. (Moniteur, 1er juillet et 2 juillet.) — Il y eut deux députations de la Chambre à l'armée. La première visita les troupes dans la soirée du 20 juin ; la seconde, dans la matinée du 30 juin.
[26] Ordre de Blücher, Senlis, 29 juin. Rapport de Bülow, Le Bourget, 29 juin (cités par von Ollech, 352, 354.) Ordres de Wellington, 29 juin. (Supplementary Dispatches, X, 621.)
[27] Davout à Kellermann, La Villette, 29 juin ; à Fouché, La Villette, 29 juin (Arch. Guerre). Rapport de Bülow à Blücher, Le Bourget, 29 juin (cité par von Ollech, 355) : J'ai renvoyé le comte de Valmy en lui disant que je n'étais pas autorisé à engager des pourparlers.
[28] Grouchy, nommé le 25 juin commandant en chef de l'armée du Nord en remplacement de Soult, avait écrit officiellement dès le lendemain qu'il regardait ce commandement comme au-dessus de ses forces et qu'il y fallait des mains plus habiles que les siennes. (A Davout, Soissons, 26 juin. Arch. Guerre.) En conséquence, dès qu'il eut ramené l'armée sous Paris, le 29 juin, Davout déjà chargé le 24 juin, par arrêté du gouvernement provisoire, de la défense de Paris, prit le commandement supérieur de toutes les troupes, armée et garnison. (Moniteur, 30 juin.)
[29] Il n'existe pas aux Archives de la guerre de situation générale pour les derniers jours de juin et les premiers jours de juillet. Il y a seulement des situations de corps d'armée, aux dates des 29 et 30 juin et 1er et 2 juillet, et quelques-unes sont même incomplètes. Pour les compléter, il faut recourir à des situations des 23 et 24 juin. C'est ainsi que j'ai pu établir ce tableau qui, d'ailleurs, en raison des pièces de dates diverses dont j'ai dû me servir, ne saurait être d'une exactitude absolue. Mais il y a tout au plus, j'en suis certain, une différence de 5 à 7 p. 100 avec les chiffres réels :
Infanterie, cavalerie, artillerie : officiers et soldats :
1er corps (Drouet d'Erlon) |
7.029 |
2e corps (Reille) |
9.428 |
6e corps (Reille) |
2.790 |
3e corps (Vandamme) |
9.912 |
4e corps (Vandamme) |
9.666 |
Division Teste |
1.546 |
1er corps de cavalerie (Pajol) |
2.162 |
2e corps de cavalerie (Exelmans) (environ) |
2.000 |
3e corps de cavalerie (Kellermann) |
1.335 |
4e corps de cavalerie (Milhaud) |
1.127 |
Garde impériale (Drouot) |
9.278 |
Soit un total de 56.273.
[30] Situation des troupes de la garde présente à Paris le 28 juin, signée d'Hériot. (Arch. Guerre).
[31] Situations des divisions Beaumont (2.240 hommes) ; Ambert (2.315 hommes, défalcation faite du 5e voltigeurs déjà compris dans les dépôts de la garde) ; Meunier (2.729) (Arch. Guerre, 1er et 2 juillet). Colonel Nisas à Pully, Saint-Cloud, 30 juin. Colonel Réjeaud à Davout, Saint-Germain, 30 juin. D'Erlon à Davout, 30 juin. Grundler à Guilleminot, Neuilly, 1er juillet. (Arch. Guerre).
Les 4e bataillons et dépôts de la ligne ne comptaient le 22 juin que 6.000 hommes environ. Depuis ce jour, il était arrivé à Paris 4.000 hommes au moins : détachements des dépôts de la 1re division militaire et 4e bataillon du 8e léger, 5e bataillon du 4e léger, 4e, 5e et 6e bataillons du 6e de ligne, dépôt du 84e lanciers polonais. (Procès-verbal du Conseil de défense du 24 juin. Emplacement des troupes de la défense, 30 juin. Arch. Guerre).
[32] 3.914 officiers et canonniers (déposition du général Valée au Cousait de guerre. 1er juillet. Papiers du général Valée, comm. par M. le général de Salles).
[33] C'est ce chiffre que Davout donna approximativement dans sa lettre du 29 juin, 2 heures du matin, à la Commission de gouvernement (Arch. nat., AF. IV, 908.) Il y aura de 53.000 à 60.000 hommes de troupes en ligne. J'espère réunir encore 20.000 isolés.
[34] Mémoire du général Valée sur la défense de Paris. Général commandant Versailles à Caffarelli, 17 juin. Ordres de Davout, 21 juin. Davout à Andréossy, 28 juin. Marchant à Davout, 30 juin. Emplacement des troupes au 30 juin (Arch. Guerre).
[35] Davout à Vandamme, 29 juin ; à d'Erlon, 29 juin ; à César Delaville, 30 juin, d'Erlon à Davout, 30 juin, Exelmans à Davout, Montrouge, 30 juin, Drouot à Davout, Villiers, 1er juillet. (Arch. Guerre). — Je donne les emplacements définitifs car, le 30 juin, certains ordres furent modifiés. Ainsi, le 29 juin au soir la garde était encore à Belleville.
[36] Colonel Nisas à Pully, Saint-Cloud, 30 juin. (Arch. Guerre.) Rapport de Pully à Davout, 4 juillet (Collection H. Houssaye).
[37] Grundler à Davout, Neuilly, 30 juin ; à Guilleminot, Neuilly, 1er juillet. (Arch. Guerre). — Grundler cite, sans dire le chiffre total, de l'artillerie, des détachements de trois régiments d'infanterie et une brigade d'infanterie.
[38] Emplacement des troupes au 30 juin. (Arch. Guerre).
Dans la séance du conseil de défense du 13 juin, la défense de Paris avait été subdivisée eu trois grands commandements. Valence avait la rive gauche, Sébastiani la rive droite de Bercy à la Villette, Grenier la rive droite jusqu'en aval de Paris. L'arrivée de l'armée du Nord supprima ces grands commandements. Les troupes de la garnison employées à l'extérieur passèrent sous les ordres de Vandamme, de d'Erlon et de Reille sans cependant être comprises dans leurs corps d'armée.
[39] Journal du blocus de Vincennes, 20.
[40] Ordres de Davout, 29 et 30 juin. (Arch. Guerre.) Valée à Pellegrin, 29 juin, (Papiers de Valée).
On avait pourvu à la solde et aux distributions. L'armée fut avertie par un ordre du jour que le payeur-général, établi à la Villette, paierait aux officiers leurs appointements de juin et à ln troupe la solde de la première quinzaine de juillet. (Comme on verra plus loin, ces paiements, faute de temps et surtout manque d'argent ne purent dire entièrement effectués que le 4 juillet.) 120.000 rations de toute nature furent mises à la disposition du l'ordonnateur eu chef tenir los journées des 29 et 30 Juin (Ordres, 29 juin, Arch. Guerre). Sur la demande de l'intendant général Dame, la gratification d'entrée en campagne, non encore payée, fut remise aux officiers les 2 et 3 juillet. (Daure à Davout, 30 juin. Commission de gouvernement à Davout, 1er juillet. Arch. Guerre.)
[41] Ordres de Blücher, Gonesse, 29 juin. Ordre de Bülow, Le Bourget, 29 juin, 11 heures du soir (cités par von Ollech, Geschichte des Feldzuges von 1815, 360, 361, 365, 367). Damitz, trad. française, III, 80-82. Von Ollech, 365-366. Allix à Davout, Saint-Denis, 30 juin. Desfourneaux à Davout, Montmartre, 30 juin. (Arch. Guerre.) — Le feu reprit rets trois heures sous Saint-Denis, Allix ayant fait une sortie avec sa petite garnison. Cet engagement dura jusqu'à la nuit, et Allix finit par être refoulé dans Saint-Denis.
[42] Vitrolles, Mémoires, III, 92-93. Cf. Hyde de Neuville, Mém., II, 108.
[43] (Séance du 30 juin.) Moniteur, 1er juillet. Thibaudeau, X, 449. Hobhouse, Letters, II, 143.
[44] (Séance du 30 juin). Moniteur, 1er juillet. Histoire des deux Chambres de Buonaparte, 248-209.
[45] Séance du 30 juin. (Moniteur, 1er juillet.)
[46] Réclamation du représentant Jacotot. (Moniteur, 1er juillet.)
[47] Général Fressinet, Appel aux générations, 23-37, 29. Mémoires manuscrits de Davout. Mlle Cochelet, Mém., III, 151451 — Davout prétend que le projet d'adresse qu'on lui avait soumis ne contenait qu'une déclaration de dévouement à la patrie et d'obéissance à la représentation nationale, et qu'il signa sur une feuille blanche où cette adresse devait être recopiée, mais qu'après son départ ou ajouta au texte primitif des diatribes contre les Bourbons.
Cette adresse qui est datée Au camp de la Villette, le 30 juin, trois heures après-midi fut lue à la Chambre dans la séance du juillet. (Moniteur, 2 juillet.)
[48] Davout à Valée, 30 juin (Papiers du général Valée).
[49] Davout à la princesse d'Eckmühl, 30 juin (citée par Mme de Blocqueville, Le Maréchal Davout, IV, 218-249). — On remarquera que Davout dit : Wellington quand il devrait dire : Blücher. Le soir du 30 juin les têtes des colonnes anglaises n'avaient pas dépassé Senlis et Chantilly. Mais Davout informé par un rapport d'Allix de ce soir-là (Arch. Guerre) que des troupes ennemies se portaient vers Argenteuil et Saint-Germain, pouvait croire que ces troupes appartenaient à l'armée anglaise.
[50] Davout à Belliard, 5 juillet. (Arch. Guerre.)
[51] Davout à Wellington, 30 juin ; à Blücher, 30 juin. (Arch. Guerre.) Cf. Rapport de Bory Saint-Vincent à la Chambre (Séance du 1er juillet, Moniteur du 2 juillet) : Hier, aussitôt après avoir reçu la dépêche du duc d'Albuféra, le prince d'Eckmühl a écrit et expédié sous nos yeux une lettre à lord Wellington. Ainsi, la lettre fut écrite par Davout spontanément et sans en référer à la Commission de gouvernement. II lui eu envoya la copie après avoir expédié l'original. — A parler exactement, le 30 juin, Davout écrivit seulement à Wellington. La même lettre à Blücher fut écrite le 1er juillet de grand matin, sur le conseil de Fouché : Nous avons lu votre lettre à Wellington. Il serait convenable que vous écrivissiez la même lettre à Blücher, à la date d'hier. (Fouché à Davout, 1er juillet, une heure du matin. Arch. Nat. AF. IV, 908.)
[52] Le 24 juin, à Zieten par le général Morand ; le 26 juin, à Blücher par la délégation des Chambres ; le 28 juin, à Wellington par les commissaires du gouvernement provisoire ; le 28 juin, à Blücher par Le Sénécal ; le 29 juin, à Bülow par Kellermann ; le 30 juin, enfin, par Davout à Wellington et à Blücher. Et je ne compte pas les missions secrètes des émissaires de Fouché, tels que Gaillard, Macirone, Tromelin.
[53] Note à Carnot, s. d. (28 ou 30 juin). (Papiers de Carnot, comm. par le capitaine Sadi Carnot). Rapports de Réal, 27, 28, 29, 30 juin. (Arch. nat., AF. IV, 1934.) Lettres de l'architecte Héron à un ami, Paris, 27 juin et 6 juillet. (comm. par M. Veuclin, de Bernay.) Journal manuscrit de Lechat (comm. par le vicomte de Grouchy). Hobhouse, Lettres, II, 59, 124, 126, 127, 136. Miss Helena Williams, Relation des évènements, 183, 187, 199, 193-191, 228. Bulletin de Paris, 286-287. La Bretonnière, Souvenirs du Quartier Latin, 279. Castellane, Journal, I, 292. Cf. Barante à sa femme, Paris, 26, 28 et 29 juin. (Souvenirs, II, 159-162.)
[54] A. M. Ampère à Breudin, juin. (Corresp. des deux Ampère, I, 91-92.)
[55] Rapports de Réal, 27, 29, 30 juin. (Arch. Nat., AF. IV, 1934.) Note à Carnot, Lettres de l'architecte Héron. Journal de Lechat (précités). Journal manuscrit du général Valée (comm. par M. le général de Salles). Garante à sa femme, 26, 28, 30 juin, 3 juillet. (Souvenirs, II, 159-165.) Rapport de police militaire, 29 juin. (Arch. Guerre.) Bulletin de Paris, 276-278, 282, 286, 289-290. Miss Helena Williams, 188, 200. Hobhouse, II, 59, 126, 127. La Bretonnière, 255-276. La Martelière, Conspiration de Buonaparte, 109. Dupuy, Souvenirs militaires, 295. Cf. Macdonald, Souv., 390.
[56] Rapports de Réal, 26, 27, 29, 30 juin, 1er, 2 juillet (Arch. nat., AF. IV, 1934.) Barante à sa femme, Paris, 29 juin (Souvenirs, II, 161). Helena Williams, 182, 187, 201. Bulletin de Paris, 278, 281, 282, 284. Hobhouse, II, 121, 127, 150.
L'Opéra cessa de jouer le 27 juin et la Comédie-Française le 28. Les deux dernières recettes avaient été à l'Opéra de 973 francs et de 675 francs ; aux Français, de 182 francs et de 104 francs. — Dix jours plus tard, le 9 juillet, lendemain de la rentrée du roi, l'Opéra allait encaisser 6.443 francs et la Comédie-Française, 1.602 francs. (Archives de l'Opéra, Archives de la Comédie-Française). Mais ce jour-là, il y avait dans les deux salles beaucoup d'officiers anglais et prussiens.
[57] Cours de la Bourse (Journal des Débats, 29, 30 juin, 1er et 2 juillet). — Sur l'esprit qui régnait à la Bourse, voir le rapport de Réal, du 1er juillet (Arch. nat., IV, 1934.)