1815

LIVRE II. — LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE ET LE RETOUR DU ROI

 

CHAPITRE I. — L'INVASION.

 

 

I

Les débris de l'armée foudroyée à Waterloo se ralliaient à Laon et aux environs[1]. Les 19 et 20 juin, Soult et Reille à Philippeville, Morand à Beaumont, Jérôme à Avesnes n'avaient réussi à arrêter dans le torrent des fuyards que quelques milliers de soldats[2]. Mais dès le 22 juin, plus de 15.000 fantassins et cavaliers, étaient rassemblés sous Laon[3], et, le surlendemain, 24 juin, il y en avait 27.000[4]. Soult s'occupa incontinent de la réorganisation de cette armée si réduite. Morand reçut le commandement de la garde à pied, Lefebvre-Desnoëttes celui de la garde à cheval. Le 6e corps fut réuni au 2e corps que Reille continua de commander ; D'Erlon garda le commandement du 1er corps ; Kellermann, Milhaud, Jacquinot, Domon et Subervie conservèrent ceux des 3e et 4e corps de grosse cavalerie et des 1re 3e et 5e divisions de cavalerie légère. Vathiez remplaça à la tête de la 2e division de cavalerie Piré accouru à Paris. Les cavaliers démontés et les chevaux blessés furent dirigés sur les dépôts, ainsi que les isolés de l'artillerie. L'arsenal de La hère fournit en trois jours deux batteries à cheval et trois batteries à pied ; on trouva dans les magasins militaires de Lion et de Soissons des fusils et des cartouches[5].

Mais pour reconstituer cette armée, il ne suffisait pas d'en rassembler les soldats et de leur donner fusils et cartouches. Il aurait fallu refaire leur moral. Comment les chefs y pouvaient-ils réussir, eux qui étaient pour la plupart aussi démoralisés, aussi indisciplinés que leurs hommes. La plus grande fermentation, écrivait Soult à l'empereur, le 22 juin, règne à l'armée surtout parmi les généraux. Elle est telle qu'un éclat semble prochain, et que l'on ne dissimule pas les projets anarchiques qu'on a conçus. Le général Piré me disait aujourd'hui qu'avant quinze jours le gouvernement serait changé. Cette opinion paraît générale, et je suis persuadé que sur vingt généraux il y en a dix-huit qui la partagent. Le nom de d'Orléans est dans la bouche de la plupart des généraux et chefs[6]. Dès le 20 juin, à Avesnes, plusieurs officiers généraux avaient parlé d'ôter le commandement à Napoléon[7]. A Laon, dit Kellermann, l'espoir de l'abdication agitait plus les esprits que l'approche méfie de l'ennemi. Des officiers déclaraient ne plus vouloir servir. D'autres envoyaient faire f.... la prévôté. Le colonel du 11e chasseurs, soutenu par tous les officiers du régiment, refusa formellement obéissance à son général, qui était Subervie. Les généraux Piré, Radet, Rogniat, Tromelin, d'autres encore, quittèrent l'armée sans autorisation et accoururent à Paris. Soult craignait que leur exemple ne fût suivi par nombre de leurs camarades et même par des chefs de corps et des officiers de tout grade[8].

Le lendemain et le surlendemain de Waterloo, la vue des fuyards courant éperdus sur les routes d'Avesnes, de Cambrai, de Vervins, de Rethel, de Mézières, bousculant et frappant leurs chefs, jetant leurs armes, vendant aux paysans leurs chevaux et leurs effets d'équipement[9], avait consterné et dégoûté les officiers. Maintenant, c'étaient les officiers qui par leur prostration, leurs propos alarmants, leur indiscipline, l'abandon où ils laissaient la troupe, démoralisaient les hommes de bonne volonté[10]. Les soldats perdaient de plus en plus le respect de leurs chefs et la confiance en eux. Persuadés qu'ils devaient leur effroyable défaite à la trahison, que l'armée avait été livrée depuis deux mois, et redoutant encore de nouvelles trahisons, ils voyaient des traîtres partout autour d'eux, dans les états-majors, à la tête des corps d'armée, des divisions, des brigades, des régiments[11]. Seul l'empereur échappait aux suspicions. C'était en lui, en lui seul, qu'avaient foi ceux qui voulaient encore combattre[12].

Le 23 juin, Soult, sur l'avis envoyé de Paris par Davout, mit à l'ordre l'abdication de l'empereur[13]. Encore qu'il eût recommandé aux chefs de corps de bien dire aux troupes que l'abdication était toute volontaire, l'effet fut désastreux. Les soldats de la garde rompirent les rangs en criant : Trahison ! Des officiers qui voulaient maintenir l'ordre furent menacés de mort. D'ailleurs, beaucoup d'entre eux avaient les mêmes colères que leurs soldats. Le commandant Loubers un des capitaines du bataillon de l'île d'Elbe, fut pris d'une sorte d'attaque de nerfs frénétique. Il se roulait à terre, dit un témoin, et écumait comme s'il avait été atteint d'hydrophobie. Ce jour-là, plus de mille chasseurs et grenadiers quittèrent l'armée par groupes pour aller à Paris où, disaient-ils ils pourraient encore être utiles à l'empereur[14]. Dans la ligne, les défections ne furent guère moins nombreuses. Les soldats criaient : Puisqu'il n'y a plus d'empereur, il n'y a plus d'armée[15].

Qu'il n'y eût plus ni empereur ni armée, Soult l'avait pensé dès le lendemain de la bataille de Waterloo. Il saisit le prétexte de l'abdication pour envoyer à Davout sa démission de major-général. Je vous prie, lui écrivit-il, le 23 juin, de regarder ma mission comme remplie. Je ne suis plus capable, pour raison de santé, de continuer mes services[16]. On a insinué que Soult prit ce parti pour se faire du prompt abandon de l'armée un mérite auprès des Bourbons[17]. Il semble plutôt que le duc de Dalmatie voyant l'armée en dissolution et jugeant vaine toute résistance, avait hâte de passer en d'autres mains la responsabilité du commandement. Au reste, malgré l'ancienneté de grade du maréchal Soult, ses talents militaires, et, mérite précieux en la circonstance, son habileté aux retraites défensives, Davout ne fit rien pour le retenir. Avant même de connaître les intentions de Soult, il avait pourvu au remplacement de Napoléon à la tête de l'armée. A Soult, il avait préféré Grouchy, ce qui ne laissa pas de surprendre un peu l'opinion[18]. Sur sa proposition, la Commission de gouvernement nomma, le 23 juin, Grouchy commandant en chef de l'armée du Nord[19].

Grouchy se trouvait alors en marche de la frontière belge sur Lion avec l'aile droite de l'armée — corps Vandamme, corps Gérard et corps de cavalerie de Pajol et d'Exelmans —. Après avoir échappé à l'enveloppement des Prussiens, le 19 juin, par la rapidité de sa retraite et arrêté leur poursuite, le lendemain, par sa belle résistance à Namur, le maréchal avait rassemblé sa petite armée sous le canon de Givet dans la soirée du 21 juin. Aucun ordre de l'empereur touchant sa direction de retraite ne lui était encore parvenu ; de lui-même, il pensa à se porter sur Laon[20]. Le 22 juin, il gagna Rocroi ; le 23, Maubert-Fontaine et Aubigny ; le 24, Rethel. Le 25 juin, ses têtes de colonnes atteignirent Reims[21]. La jonction avec les débris de l'armée de Waterloo, qui occupaient Laon, Soissons, Craonne, Junchery, pouvait être tenue pour faite[22].

Grouchy ramenait 25.000 hommes et 100 pièces de canon[23]. L'armée du Nord se trouvait ainsi reformée à plus de cinquante mille soldats[24]. C'était une belle masse de combattants, mais pour qu'ils redevinssent redoutables, il fallait leur laisser le temps de reprendre leur sang-froid et leur assurance. De l'avis des chefs, les troupes ne seraient pas, de quelques jours, moralement en état d'aller au feu[25]. Après le coup terrible de Waterloo, l'abdication avait donné un nouvel ébranlement à cette armée éperdue[26].

 

II

L'ennemi laissait quelque répit. Après sa grande victoire, il était resté plus de vingt-quatre heures sur la rive gauche de la Sambre. Le 20 juin seulement l'armée prussienne avait passé la frontière, se dirigeant sur Maubeuge, Landrecies et Avesnes, et, le lendemain, il avait fallu une invitation pressante de Blücher pour déterminer Wellington à suivre le mouvement en portant ses troupes de Binche sur Malplaquet[27]. Le 23 juin, les deux généraux en chef eurent une entrevue à Catillon. Ils savaient par leurs coureurs que les débris de l'armée française se ralliaient à Laon. Blücher dont les têtes de colonnes étaient maitresses des deux routes de Laon, par Avesnes et La Capelle et par Landrecies et Guise, pouvait rapidement se porter sur cette ville[28]. Mais on donna la préférence à un autre plan. Au lieu de prendre Laon pour objectif, on marcherait directement sur Paris par la rive droite de l'Oise : les Prussiens par Saint-Quentin, Chauny, Compiègne ; les Anglais par Cambrai, Péronne, Ham, Orvilliers, Creil. Les deux armées traverseraient l'Oise à Compiègne, à Pont-Sainte-Maxence et à Creil. Selon l'état-major allié, la marche par la rive droite de l'Oise présentait de grands avantages : d'abord, on se nattait, en tournant l'armée française rassemblée à Laon, d'arriver avant elle devant Paris et de lui en couper la route. Ensuite, on avancerait plus rapidement puisque, au moins jusqu'à Compiègne, on n'aurait pas de combats à livrer. Enfin, on parcourrait une région qui n'ayant pas été ruinée par les fuyards de Waterloo offrirait plus de ressources en vivres[29]. On pouvait craindre, il est vrai, que les Français prévenus de cette marelle latérale ne se saisissent des passages de l'Oise pour déboucher sur le flanc des Alliés. Mais Blücher et Wellington jugeaient les débris de l'armée impériale hors de cause pour plusieurs jours et incapables du moindre mouvement offensif. — Nous avons donné à Napoléon le coup de grâce, écrivait Wellington à lord Uxbridge. D'après tout ce que j'apprends, son armée est totalement détruite. Il ne peut nous tenir tête. Il n'a qu'à se pendre[30]. Au reste, Blücher avait envoyé vers Laon un fort parti de cavalerie avec du canon, figurant une avant-garde d'armée[31]. C'était assez pour donner le change à l'armée impériale en lui faisant croire qu'elle était suivie directement par le gros des Alliés.

Les armées anglo-prussiennes montaient encore à 145.000 ou 150.000 hommes[32]. Wellington et Blücher pensèrent qu'ils pourraient sans inconvénient laisser sur les derrières le lie corps prussien (Pirch) et le corps hollando-belge du prince Frédéric des Pays-Bas. Ces détachements, ensemble trente et quelques mille hommes, seraient employés au siège des places-fortes du Nord concurremment avec des corps de réserve allemands et prussiens qui allaient entrer en France[33]. Déjà les Alliés avaient pris Avesnes et investi Valenciennes, Maubeuge, Landrecies et Le Quesnoy[34].

Le 24 juin, les têtes de colonnes de l'armée prussienne atteignirent Guise et Bernoville ; le 25, Cérizy et Saint-Quentin ; le 26, Chauny et Noyon[35]. Ce jour-là, l'armée anglaise qui marchait plus lentement n'était encore qu'à Péronne[36]. Müffling ayant fait la remarque que les Anglais devraient régler leur marche sur celle des Prussiens afin que les deux armées se trouvassent toujours à la même hauteur, Wellington répliqua : — Si vous connaissiez mieux l'armée anglaise, vous ne me diriez pas cela. Je ne puis risquer de la séparer de son matériel de campement et de ses vivres. Il faut que mes soldats soient bien couchés et bien nourris pour rester dispos et disciplinés. Je préfère arriver devant Paris deux jours plus tard, mais avec des troupes en bon état[37].

Dès le 22 juin, le parti de cavalerie envoyé par Blücher vers Laon atteignit Vervins, et, le 24, il s'arrêta tout proche Made, à portée de carabine des vedettes françaises[38]. Cette démonstration trompa Soult pendant plusieurs jours. Les 23, 24 et 25 juin, il crut que l'armée alliée s'avançait par la route d'Avesnes à Laon[39], et il prit des dispositions pour retarder la marche de l'ennemi au nord-est de Laon et pour se replier ensuite sur Soissons et la rive gauche de l'Aisne[40]. Le duc de Dalmatie fut d'autant mieux trompé que le chef du parti de cavalerie prussienne, craignant qu'un combat ne trahit la faiblesse de son détachement, restait devant Made en position d'observation et faisait dire aux officiers des avant-postes français qu'il avait l'ordre de ne point attaquer si eux-mêmes n'engageaient pas le feu. Soult présuma qu'il y avait un armistice tacite, motivé par l'abdication[41]. C'est seulement assez tard dans l'après-midi du 25 juin qu'il apprit que l'ennemi occupait Saint-Quentin en forces et faisait filer des troupes vers Compiègne par la rive droite de l'Oise. L'armée française courait grand risque d'être débordée sur sa gauche. Soult donna en hâte l'ordre à la cavalerie de Domon, qu'il croyait à Bucy et qui se trouvait encore à Craonne, et aux cuirassiers de Milhaud et de Kellermann, qui étaient à Reims, de marcher rapidement sur Compiègne pour éclairer la route de Noyon et garder les passages de l'Oise jusqu'à Creil[42]. Le lendemain, 26 juin, Grouchy arrivé de très bon matin Soissons eut une conférence avec Soult qui lui remit le commandement. Grouchy approuva l'envoi à Compiègne de la cavalerie et compléta cette disposition en portant sur ce point toute l'infanterie de d'Erlon[43].

C'était deux jours plus tôt que Soult aurait dû penser à jeter des troupes dans Compiègne[44]. Quand le 27 juin, à cinq heures du matin, les Français débouchèrent devant Compiègne, cette ville qui n'avait pas fait ombre de résistance était occupée depuis le point du jour par une division du corps de Zieten[45]. Après un échange de coups de canon, d'Erlon jugeant que Compiègne était inabordable du côté de la route de Soissons, fit filer ses troupes à travers la forêt pour tenter un assaut au débouché de la route de Paris. Comme on opérait ce mouvement, il reçut un ordre de Grouchy qui, d'après de nouvelles instructions de Davout, lui enjoignait de se replier au plus vite sur Paris par Senlis[46]. Senlis était déjà au pouvoir de l'ennemi. Kellermann qui s'y enfourna en pleine nuit avec une brigade de cuirassiers faillit y rester prisonnier[47]. Toute la colonne de d'Erlon tourna la ville par Borest et atteignit le Mesnil-Amelot, entre Dammartin et Gonesse, dans la matinée du 28 juin[48].

Pendant ce temps, Grouchy, conformément aux ordres pressants de Davout, s'était lui-même mis en retraite de Soissons vers Paris par Villers-Cotterêts, Nanteuil et Dammartin. Le corps de Reille et les débris du corps de Lobau marchaient en tête, puis venait la garde à pied et à cheval[49]. Vandamme qui formait l'arrière-garde avec son corps et le corps de Gérard, passé sous son commandement, quitta Soissons le 28 juin à deux heures du matin[50]. Il arriva près de Villers-Cotterêts au moment ou la colonne de Grouchy était vivement pressée au sud de cette ville par la division Pirch II (corps de Zieten). A l'approche des renforts français, Pirch rompit son attaque et se replia vers Crépy. Ainsi dégagé, Grouchy put continuer sa retraite, non toutefois sans être assailli au delà et en deçà de Nanteuil par la cavalerie de Hobes et par celle du. prince Guillaume[51]. A la suite de ces combats successifs, le corps de Reille et la garde se trouvèrent séparés. La garde gagna Paris dans la nuit du 28 et dans la matinée du 29, par Claye, et Reille, qui avait rejoint d'Erlon, par Gonesse[52]. Pour échapper aux masses prussiennes qui débouchaient des ponts de l'Oise — le corps de Bülow par Pont-Sainte-Maxence, les corps de Zieten et de Thielman par Compiègne —, Vandamme fit un assez long détour. De Villers-Cotterêts, il marcha sur Paris, par la Ferté-Milon, Meaux, Lagny et Vincennes[53].

Malgré la négligence de Soult à faire garder les passages de l'Oise, et nonobstant les ordres niai assurés, contradictoires et toujours trop tardifs de Davout, les débris de la malheureuse armée française avaient échappé à la poursuite latérale qui les menaçait. L'ennemi n'avait point réussi, comme il s'en était flatté, à leur couper la retraite sur Paris.

 

III

Tandis que les Prussiens de Blücher et les Anglo-Néerlandais de Wellington approchaient de Paris[54], les armées autrichienne, bavaroise, wurtembergeoise, russe et piémontaise franchissaient la frontière. D'après le plan primitif, elles ne devaient entrer en France que du 27 juin au 1er juillet. Mais la nouvelle de la bataille de Waterloo leur fit avancer le mouvement. Les opérations vont être poussées avec beaucoup de vigueur, écrivait triomphalement Metternich à son ami le prince de Talleyrand[55].

Le 23 juin, le feld-maréchal de Wrède avec le IVe corps (Bavarois) de l'armée de Schwarzenberg passa la Sarre à Sarrbrück et à Sarreguemines, et le prince de Wurtemberg avec le corps (Wurtembergeois, Hessois, Autrichiens) de la même armée passa la Queich et marcha vers Wissembourg[56].

Rapp se trouvait là, établi derrière la Lauter avec 20.000 hommes d'excellentes troupes formant l'armée du Rhin[57]. Bien que très menacé sur son front par le prince de Wurtemberg et sur sa gauche par le corps bavarois, il demeura trente-six heures dans sa position. Il connaissait depuis l'avant-veille le désastre de Waterloo et il balançait entre plusieurs projets. Fallait-il défendre l'Alsace pied à pied, ou se retirer dans Strasbourg, ou gagner Paris par Saverne, Nancy et Vitry[58] ? Autour de lui quelques officiers énergiques pensaient que ce dernier parti serait le plus courageux et le plus utile[59]. Mais Rapp qui avait le commandement de l'armée du Rhin était-il en droit, sans nouvelles instructions, d'abandonner l'Alsace et Strasbourg[60] ? Ne serait-ce point enfreindre gravement ses ordres ? Il attendit, espérant quelque dépêche de l'empereur ou de Davout[61]. Aucune ne vint[62]. Le 24 au matin, il réunit ses généraux en conseil de guerre. La victoire de l'ennemi les avait démoralisés presque tous ; ils jugeaient tout perdu. Ils exprimèrent l'opinion de se rapprocher de Strasbourg. Au reste, pour marcher sur Paris on avait trop attendu. Les Bavarois occupaient Sarrbrück, Sarreguemines, Saint-Avold ; ils pouvaient arriver avant Rapp sur la route de Saverne à Sarrebourg[63]. L'armée se mit en retraite le long du Rhin. Plusieurs combats heureux contre le corps du prince de Wurtemberg signalèrent cette retraite qui se termina le 28 juin par la bataille de la Suffel, à deux lieues en avant de Strasbourg. Cette bataille, livrée pour l'honneur, car Rapp aurait pu l'éviter puisqu'il avait déjà le dessein de s'enfermer dans Strasbourg, ne fut pas sans gloire mais elle fut sans résultat. Après avoir repoussé partout l'ennemi, Rapp abandonna nuitamment ses positions pour se replier sous le canon de Strasbourg. Là, il déliait tous les efforts des Alliés, mais il s'était mis lui-même hors de cause. Le prince de Wurtemberg commença aussitôt l'investissement de Strasbourg pendant que le corps de Wrède occupait sans coup férir Lunéville et Château-Salins, et marchait sur Nancy[64].

Les trois autres corps de Schwarzenberg (Ier corps : Colloredo, IIe corps : Hohenzollern ; réserves : archiduc Ferdinand) s'étaient concentrés le 25 juin près de Bide. Ils passèrent le Rhin, le lendemain, entre cette ville et Rhinfeld. Le IIe corps et les réserves se dirigèrent vers Huningue, qui fut investi le 27, Mulhouse et Colmar[65]. Colloredo qui marchait sur Belfort se heurta le 26 juin, à Trois-Maisons, en avant d'Altkirch, contre le petit corps de Lecourbe ou armée du Jura. Après une très longue résistance, les Français se replièrent lentement, contenant l'ennemi. Le 27 juin, nouveau combat à Dannemarie ; combats encore le 29 à Chavannes, le 30 à Savoureuse, le 1er juillet à Besancourt et à Chévremont, le 2 à Montbéliard, le 4 sous Belfort[66]. Colloredo avait 24 500 hommes[67], Lecourbe n'en avait que 13.600 dont 10.000 gardes nationaux mobilisés[68]. Sa retraite pied il pied, marquée par des combats journaliers où tombèrent 2.000 Autrichiens, et sa tenace résistance autour de Belfort qu'il cessa seulement le 11 juillet, en vertu d'un armistice[69], sont dignes de mémoire. C'est justement que Davout proposa à la Commission de gouvernement de nommer Lecourbe maréchal de France[70].

Sur la frontière des Alpes, Suchet avait pris le premier l'offensive. Dès le 14 juin, sur l'avis de Davout que l'empereur commencerait ce jour-là les opérations[71], il avait mis en marche, de Chambéry vers la Savoie, les 17.000 soldats et mobilisés qui formaient sa très faible armée[72]. Tandis que le gros de ses forces chassait les Piémontais de Montmélian, la division Dessaix marcha sur Genève. En quelques jours, les troupes que Suchet avait sous son commandement immédiat occupèrent Maltaverne, Saint-Jean-de-Maurienne, Aiguebelle, Moustiers, Conflans. Dessaix, accueilli dans l'ancien département du Léman par des Vive l'empereur ! atteignit Carrouge, aux portes de Genève[73]. On n'avait eu encore qu'à combattre les Piémontais. L'armée autrichienne s'avançait de la Haute-Italie en deux colonnes ; l'une sous le général en chef Frimont par le Simplon, l'autre sous Bubna par le mont Cenis. Le 21 juin, Dessaix qui s'était porté en longeant le lac jusqu'au delà d'Evian refoula une avant-garde de Frimont. Les 26 et 27 juin, les têtes de colonnes de Bubna attaquèrent les positions prises par les Français dans la Maurienne et dans la Tarentaise. L'ennemi fut partout repoussé[74], mais déjà les nouvelles de la bataille de Waterloo et de l'abdication étaient parvenues à Suchet[75]. Il demanda un armistice. Bien que cette suspension d'armes, qui allait donner le temps de se concentrer aux Autrichiens en marche à travers les Alpes, fut surtout avantageuse à Bubna, celui-ci la refusa d'abord. Il avait de grands yeux et exigeait l'abandon de Lyon, de Bourg, d'Antibes. Il finit par rabattre de ces prétentions. Le 28 juin, un armistice fut conclu pour trois jours sous la condition que l'armée de Suchet rentrerait dans les limites du traité de Paris, c'est-à-dire évacuerait la Tarentaise et la Maurienne pour se replier dans le département du Mont-Blanc[76]. Pendant les négociations, le colonel Bugeaud, du 14e de ligne, montra ce que valaient encore les Français. Le 28 juin, 8.000 Autrichiens et Piémontais s'étant présentés soudain devant Conflans passèrent de vive force le pont de l'Isère. Le vieux général de brigade sous les ordres de qui se trouvait Bugeaud, lui ordonna de se mettre en retraite vers Montmélian. Bugeaud croyait encore à la victoire. Il discuta, et s'emportant à la fin, il dit à son général : — Allez vous faire f... ! Puis ralliant le régiment, il fonça à la baïonnette sur les masses ennemies, enfournées dans l'étroite rue de Conflans, les refoula, les dispersa et reprit le pont. 750 Autrichiens et Piémontais, restés sur la rive droite de l'Isère, se rendirent prisonniers[77].

 

IV

L'armée russe formait la réserve de toutes ces armées. Au début clos hostilités, les six corps dont elle se composait étaient échelonnés, depuis le Rhin jusqu'au cours supérieur du Mein, sur une étendue de près de quarante lieues. Le 27 juin, le IVe corps (Rajewsky) formant tête de colonne passa le Rhin à Manheim. Il se dirigea vers Haguenau où il arriva le 30 juin. Avec ce IVe corps russe, venaient les trois souverains alliés, le czar, l'empereur d'Autriche, le roi de Prusse, leurs états-majors, leurs suites, leurs ministres, la foule dorée des officiers, des diplomates et des gens de cour[78].

Les souverains avaient reçu le 21 juin, à leur quartier-général d'Heidelberg., la nouvelle de la grande victoire[79]. Ils ne jugèrent pas que la guerre pût être terminée par celle seule journée. Qu'allait-il se passer à Paris ? C'était pour eux la question essentielle[80]. Ils ne précipitèrent donc pas leur départ, croyant avoir tout le temps pour venir se mettre à la tête de leurs armées avant la fin de la campagne et diriger les premières négociations. En attendant, Metternich rédigea et fit signer par Schwarzenberg, général en chef des armées autrichiennes et alliées, une proclamation aux Français où il développait ce thème connu : L'Europe veut la paix avec la France ; elle fait la guerre à l'usurpateur du trône français... L'Europe ne veut pas empiéter sur les droits d'une grande nation, mais elle ne souffrira pas que la France, sous un chef proscrit naguère par elle-même, menace de nouveau le repus de ses voisins[81]. La première de ces déclarations était mensongère. L'Europe, les plénipotentiaires des Chambres françaises n'allaient pas tarder à s'en convaincre, faisait bel et bien la guerre à la France, qu'elle entendait châtier[82], en même temps qu'à Napoléon. La seconde déclaration était spécieuse. L'Europe ne prétendait pas empiéter sur les droits d'une grande nation, mais à la condition que cette grande nation ne voulût ni Napoléon, ni la République, ni Napoléon II[83], ni même encore le duc d'Orléans dont la candidature au trône, bien qu'admise par le czar comme une hypothèse désirable, eût rencontré les résistances de l'Angleterre et de l'Autriche[84].

Malgré bien des réserves et bien des réticences les cours alliées s'accordaient à rendre sa couronne à Louis XVIII, le roi légitime. Sans doute, au congrès de Vienne, le cabinet anglais pour ménager la délicatesse du Parlement avait fait une déclaration portant que Sa Majesté Britannique ne s'obligeait pas à poursuivre la guerre dans le but d'imposer à la France un gouvernement particulier[85]. Et les plénipotentiaires des trois cours du Nord avaient adhéré à cette déclaration. Sans doute aussi, le czar gardait rancune à Louis XVIII pour avoir prêté la main au traité secret du 3 janvier 1815 contre la Russie et la Prusse[86]. Sans doute encore, l'empereur Alexandre, Castlereagh, Metternich lui-même, n'avaient pas été satisfaits du système politique, trop personnel et trop souvent en désaccord avec les formes et les idées constitutionnelles, suivi par le roi de France pendant ses dix mois de règne[87]. Mais les Alliés n'en étaient pas moins déterminés, par nécessité, par intérêt et par principe, à restaurer la royauté légitime en la personne de Louis XVIII. Le 17 juin, Nesselrode écrivait à Pozzo : Le czar ne favorise que le retour de Louis XVIII. Le 24 juin, Metternich écrivait à Wellington : Nous nous prononçons dans le sens du rétablissement du pouvoir légitime[88]. Le 25 juin, le duc de Richelieu écrivait à Rochechouart : Tout le monde m'a paru bien disposé pour le roi. L'empereur Alexandre parle de lui avec intérêt, et l'Autriche est bien, très bien, soyez-en sûr[89]. Enfin, lord Liverpool, dans un Mémorandum, déclarait la restauration très désirable et concluait qu'il ne faudrait y renoncer que si elle était impossible[90].

Que d'ailleurs les négociations traînassent, que le roi ne rentrât pas à Paris avec l'armée anglo-prussienne ni surtout avant elle, qu'il y eût un assez long interrègne, peut-être était-ce le secret désir non seulement des Prussiens acharnés contre la France mais même des mieux intentionnées parmi les puissances. Pendant cette anarchie, les Alliés seraient terriblement armés pour imposer au roi sans royaume la promesse de cruelles concessions territoriales et certaines garanties constitutionnelles, et, dans la France sans gouvernement reconnu, ils pourraient tout à leur aise assiéger les places fortes, rançonner les villes, dépouiller les dépôts publics, ravager, dévaster et ruiner le pays[91].

Wellington déjoua ces projets, si tant est qu'ils existassent. Son éclatante victoire à Waterloo l'avait fait le maître de l'heure. Dès le 20 juin, à l'encontre des instructions ostensibles de son gouvernement, au mépris des déclarations faites au congrès de Vienne[92], et sans nul égard pour les scrupules du Parlement britannique, il mit à l'ordre de son armée que les souverains de l'Europe étaient les alliés de Sa Majesté le Roi de France[93]. Et, le même jour, il fit inviter Louis XVIII à quitter Gand pour rentrer en France incontinent[94].

 

 

 



[1] D'après l'ordre donné par Soult en conformité des instructions de l'empereur, les emplacements des troupes étaient fixés ainsi : Laon pour les 1er, 2e et 6e corps ; — La Fère pour l'artillerie ; — Marie, Saint-Quentin, Rethel, Vervins et Reims pour la cavalerie — Soissons pour la garde. (Ordre de Soult Philippeville, 19 juin. Arch. Guerre).

[2] Soult à Napoléon, Rocroi, 20 juin. Rapport du capitaine de Valry, 22 juin. Rapport du colonel de Bellina, 23 juin. (Arch. Guerre). Relation du général Petit. (Collection Morrison, de Londres). Curély, Souvenirs, 420.

[3] Soult à Napoléon, Laon, 22 juin. (Arch. Guerre.)

[4] Situations des 23 et 24 juin. (Arch. Guerre) : garde à pied : 5.211 ; garde à cheval : 1.887 ; artillerie de la garde et train : 876. 1er corps : 4.132 ; 2e corps : 7.418 ; 6e corps : 3.008 ; 3e corps de cavalerie : 1.333 ; 2e division de cavalerie légère : 879. Total : 24.744, sans compter le 4e corps de cavalerie, et les 1re et 5e divisions de cavalerie légère, ensemble seize régiments dont je n'ai put trouver les situations pour ces jours-là, mais qui, si grandes que fussent leurs pertes, devaient bien avoir encore 150 sabres chacun en moyenne.

[5] Lettres et ordres de Soult, du 21 au 25 juin. (Registres d'ordres du major-général, Bibliothèque nationale, manuscrits F. Fr. 4360.)

[6] Soult à Napoléon, Laon, 22 juin (Arch. Guerre). Cf. Mémoires manuscrits de Mme de X : Un tiers des généraux étaient pour le duc d'Orléans.

[7] Relation de Kellermann (Arch. Guerre). — Kellermann cite au nombre de ces généraux le prince Jérôme lui-même et des bonapartistes notoires comme Lallemand et Lefebvre-Desnoëttes.

[8] Soult à Napoléon, Laon, 12 juin ; à Subervie, 23 juin. Lettre interceptée, 2 juin, Colonel de gendarmerie à Soult, Laon, 12 juin. Relation de Kellermann. (Arch. Guerre.)

[9] Note confidentielle pour Davout, Avesnes, 20 juin. Soult à Napoléon, Rocroi, 20 juin et Laon 21 juin ; à Davout, Laon, 21 juin. Rapport de la Grande Prévôté, Laon, 22 juin. Rapport du colonel de Bellina à Davout, 23 juin (Arch. Guerre).

[10] Note confidentielle pour Davout, Avesnes, 20 juin. Rapports de Valenciennes, Maubeuge, Douai, etc., Soult à Davout, Laon, 21 juin ; à Napoléon, Laon 22 juin. Rapport de la Grande Prévôté, Laon, 22 juin. Commandant de Saint-Quentin à Davout 25 juin. Grouchy à Davout, Soissons, 26 juin (Arch. Guerre). Mauduit, II, 495, 501. Rapport de Mouton-Duvernet, t'avis, 28 juin. (Arch. nat., AF. IV, 1938).

Envoyé le 25 juin en mission officielle à Laon et à Soissons pour renseigner le gouvernement et les Chambres sur l'étal matériel et moral de l'armée du Nord, Mouton-Duvernet dit dans son rapport : On n'a presque ibis donné de soins pour rallier l'armée... l'indiscipline est au comble... Il faudrait faire permuter les généraux... Il faudrait ordonner que dans chaque division, il fût fuit des exemples en commençant par les officiers, car beaucoup d'officiers ont domine mauvais exemple.

[11] Lettre interceptée d'un soldat. Laon, 22 juin (Arch. nat., AF. IV, 1934). Soult à Napoléon, 22 juin. Général commandant Laon, à Soult, 23 juin. Subervie à Seuil, 24 juin (Arch. Guerre). Rapport de Mouton-Duvernet, 28 juin. (Arch. nat., AF. IV, I9 :18). Mauduit, II, 501-502.

[12] Lettre interceptée d'un soldat, Laon, 22 juin. Rapport de Mouton-Duvernet. (Arch. nat., AF. IV, 1934 et 1935). Relation du général Petit (collection Morrison, de Londres). Cf. Dion des Loches, Mes campagnes, 468-469. Mauduit, Les Derniers Jours de la Grande Armée, II, 502, et lettre du général Briqueville à un camarade, s. d. [du 23 au 26 juin], papiers de Carnot) : Nos hommes ont encore le feu sacré de la patrie.

Soult et Grouchy connaissaient si bien ces sentiments des troupes, que le premier prit des précautions pour leur faire annoncer l'abdication. (Soult à Reille, Soissons, 24 juin, Arch. Guerre), et que le second écrivit : Il a été donné connaissance de l'abdication aux troupes. Je ferai tout ce qui dépendra de moi pour que cette nouvelle n'amène pas parmi elles la désorganisation. Grouchy à Davout, Rethel, 24 juin (Arch. Guerre).

[13] Soult à Davout, Soissons 23 juin (Registre d'ordres du major-général).

Dès le 22 juin, Davout s'était hâté d'envoyer à Soult et à Grouchy l'avis de l'abdication en les invitant à la communiquer nue troupes. La dépêche à Grouchy fut portée par un aide de camp que Soult rencontra près de Soissons. Le major-général la décacheta et s'empressa de mettre l'abdication a l'ordre. Quant à la dérègle à lui adressée, il n'y a pas trace dans les documents qu'elle lui soit pat venue. Cf. Davout à Soult et à Grouchy, 22 juin. Soult à Davout et à Grouchy, 23 juin (Arch. Guerre).

[14] Soult à Morand, 24 juin (Registre du major-général). Corbineau à Davout, Soissons, 25 juin. Grouchy à Davout, Soissons, 26 juin. Pelet de la Lozère a Davout, 26 juin (Arch. Guerre), Mauduit, II, 516-525. Rapport de Mouton-Duvernet à Davout, Paris, 28 juin (Arch. nat., AF. IV, 1938). Relation du général Petit (Collection Morrison, de Londres).

La plupart de ces déserteurs de la garde rejoignirent leurs corps le lendemain et les jours suivants, à l'annonce de la proclamation de Napoléon II.

[15] Rapport de Mouton-Duvernet (Arch. nat., AF, IV, 1938). Soult à Davout, 21 juin. Corbineau à Davout, Soissons, 25 juin. Kellermann à Soult, Reims, 25 juin. Grouchy à Soult, Soissons, 26 juin (Arch. Guerre).

Dans les garnisons de l'intérieur, il y eut aussi de nombreuses désertions à la nouvelle de l'abdication. (Rapports des généraux commandant les divisions militaires et les places de guerre, du 24 au 28 juin. Arch. Guerre.)

[16] Soult à Davout, Soissons, 23 juin. (Registre du major-général).

[17] Grouchy, Relation succincte, I, 50.

[18] Lettre interceptée à Lahaye de Cormenin, auditeur au Conseil d'État, Paris, 20 juin. (Arch. Guerre).

[19] Procès-verbaux de la Commission de gouvernement, séance du 23 juin (Arch. Nat., AF. IV, 1933). Davout à Grouchy, 23 juin. (Arch. Guerre.)

[20] Grouchy ne reçut pas la lettre de Soult, datée de Philippeville. 19 juin (Registre du major-général). En réponse à une seconde lettre de Soult, Soissons. 22 juin Grouchy lui répondit, d'Aubigny, le 23 juin : Les points de direction que j'avais pris pour marcher sur Laon se sont trouvés d'avance être ceux sur lesquels Sa Majesté voulait que je me portasse. (Lettre reproduite dans la Relation succincte, de Grouchy, III, 71).

[21] Ordres et lettres de Grouchy, du 21 au 23 juin (cités dans la Relation succincte, III, 44-103),

[22] Ordres et lettres de Soult, des 24 et 23 juin (Registre du major-général). Kellermann à Grouchy, Reims, 25 juin (Arch. Guerre). — Les 24 et 25 juin, Kellermann occupait Reims avec le 3e corps de cavalerie. Il quitta cette ville à rapproche des troupes de Grouchy pour se porter à Junchery.

[23] Dans sa lettre à Napoléon, de Rocroi, 22 juin (Arch. Guerre), Grouchy annonce qu'il ramène au moins 20.000 hommes de bonne infanterie, 5.000 à 6.000 chevaux et une artillerie bien attelée soit environ 27.000 hommes. — Dans une autre lettre au major-général (Soissons 26 juin, Arch. Guerre), Grouchy écrit : J'ai 20.000 hommes d'infanterie et 5.000 chevaux — Soult (registre du major-général, à la date du 23 juin) dit : 25.000 hommes. — Le capitaine Latapie, envoyé par Davout é-minière : 22.000 fantassins et 6.000 cavaliers (Rapport à la commission de gouvernement. 26 juin. Arch. Nat., AF, IV, 1936).

[24] Comme on l'a vu, l'armée de Waterloo réunie à Soissons et à Laon sous le commandement de Soult s'élevait à plus de 27.000 hommes. Duit jours plus lard, elle devait atteindre, grâce aux isolés et aux déserteurs qui rejoignirent, le total de 31.000 hommes. (Situations du juillet. Arch. Guerre.)

[25] Rapport de Mouton-Duvernet, 28 juin (Arch. nat., AF, IV, 1538). Cf. Grouchy à Davout, Soissons, 26 juin (Arch. Guerre).

[26] La nouvelle de l'abdication a produit un très mauvais effet sur les troupes. Soult à Davout, 24 juin (Registre, du major-général). — L'abdication a fait mauvais effet sur la troupe. Corbineau à Davout, Soissons, 25 juin. Arch. Guerre. — Le moral était tout à fait remonté, la troupe reprenait courage, lorsque la nouvelle de l'abdication vint de nouveau décourager les troupes. Relation du général Petit (Collection Morrison, de Londres). — La désertion qui a été effrayante a été causée par l'annonce trop brusque de l'abdication de l'empereur. Elle a été arrêtée par la proclamation de son fils. Rapport de Mouton-Duvernet, Paris, 28 juin (Arch. Nat., AF. IV, 1938).

[27] Clausewitz, der Feldzug von 1815, 197, 198, 203, Damitz (trad. française), II, 4, 8, 3, 20.

[28] Clausewitz, 199, Damitz, II, 17, 23.

[29] Clausewitz, 199-200, Cf. Damitz, II, 23.

[30] Wellington à Uxbridge, le Cateau, 23 juin (Wellington, Dispatches, XII, 499).

[31] Damitz, 23-24. Clausewitz, 200.

[32] A l'entrée en campagne le 15 juin, l'armée anglaise (non compris les troupes de garnison qui ne devaient pas bouger de Furnes, Ostende, Anvers), était forte de 93.000 hommes ; l'armée prussienne de 116.000 hommes. Mais sans même parler des fuyards, malades, déserteurs et trainards, les pertes en tués, blessés et prisonniers des 15, 16, 17, 18 et 19 juin avaient réduit ces deux armées de plus d'un quart. Voir pour les effectifs au début des hostilités et les totaux des pertes, le volume II de 1815.

[33] Damitz, II, 24. Clausewitz, 200. Van Löben, 356-365. — Le corps du prince Frédéric des Pays-Bas avait été détaché à Hal la veille de la bataille de Waterloo. Il rejoignit l'armée anglaise le 15 juin, dans la soirée, à Nivelle.

[34] Wellington à Bathurst, Le Cateau 22 juin (Dispatches, XII, 467). — Les Prussiens prirent Guise le 24 juin ; les Anglais prirent Cambrai le 23 et Péronne le 26. Du 24 au 27 du même mois, l'ennemi investit Marienbourg, Philippeville, Douai, Givet, Bouillon, Sedan, Landau, La Fère.

[35] Clausewitz, 199. C'est sur de faux renseignements que le général français commandant à Saint-Quentin annonçait dès le 22 juin (Arch. Guerre) que les Prussiens étaient déjà entrés à Guise et les Anglais à Nouvion.

[36] Clausewitz, der Feldzug von 1815, 199.

[37] Müffling, Aus meinem Leben, 217. — Müffling, qui était commissaire prussien auprès de Wellington, ajoute qu'il régnait dans l'armée anglaise un ordre inimitable.

[38] Soult à Morand, Soissons 25 juin (Registre du major-général).

[39] L'ennemi avant occupé Vervins, il est possible lue dans la matinée, il se présente devant Laon... Soult à Lefebvre-Desnoëttes 23 juin. — Divers rapports me font présumer qu'une partie de l'armée ennemie est arrivée à Vervins. Soult à Davout, 21 juin. — J'ai indiqué la rivière de la Serre, qui passe à 3larle, comme limite des avant-postes des deux armées. Soult à Davout, 25 juin. (Arch. Guerre et Registre du major-général).

[40] Soult à Lefebvre-Desnoëttes, à Reille, à d'Erlon, à Davout, 23 juin ; à Morand, à Davout, 24 juin : à Domon, au colonel du 64e, à Davout, 25 juin. (Registre du major-général et Arch. Guerre.)

A la demande de Davout, le général Haxo avait proposé un plan de défense à peu près analogue. sauf qu'il voulait qu'avant de se replier sur Soissons on tint sérieusement sur la ligne Filain-Anisy, avec Laon devant le front, de forts partis de cavalerie à Craonne et à Coucy-le-Château, mie bonne garnison à Compiègne et un gros détachement à Pont-Sainte-Maxence. (Lettre de Davout à Grouchy, 25 juin, citée par Grouchy, Relation succincte, III, 86-91). — Je doute que l'armée fût assez nombreuse et assez raffermie pour un pareil déploiement.

[41] Soult à Morand et à Davout, Soissons, 25 juin (Registre du major-général).

Selon des instructions de Davout, Soult avait fait remettre le 24 juin ait commandant prussien une proposition d'armistice. Celui-ci avait répondu qu'il allait la transmettre an quartier général des Alliés. La réponse, qui était négative, ne fut remise aux avant-postes français que le 25 à onze heures du soir. Morand à Soult, Urcel, 24 juin (Arch. Guerre), Soult à Davout, Soissons, 23 et 26 juin. (Registre du major-général.) Cf. Damitz, II, 30.

[42] Soult à Davout, Soissons, 25 juin (au soir). Cf. Damon à Grouchy, Craonne, 26 juin (Arch. Guerre).

De Bucy à Compiègne il y a, à vol d'oiseau, 37 kilomètres ; de Reims à Compiègne, 83 ; et de Compiègne à Creil, 30. Soult demandait beaucoup à sa cavalerie !

[43] Grouchy à Davout et à d'Erlon. Soissons, 26 juin (Arch. Guerre).

[44] C'est une très grande faute, écrivait Davout, de n'avoir pas fait occuper Compiègne en forces, (à Grouchy, 27 juin, 3 heures du matin, Arch. Guerre). — Mais cette grande faute, que le ministre de la guerre imputait à Soult, lui-même n'en était-il pas un peu responsable ? N'aurait-il pas dû s'enquérir, dès le 23 ou le 24 juin, si Compiègne était occupé, et, dans le cas contraire, prescrire à Soult d'y envoyer des troupes.

Au reste, Davout ce jour-là, parait avoir en l'esprit quelque peu troublé. En quarante heures, du 25 juin au matin au 26 juin dans la nuit, il envoya à Grouchy quatre ordres contradictoires : d'abord de prendre position entre Soissons et Compiègne, puis de se replier sur Paris, ensuite de conserver les positions de l'Aisne, enfin de gagner Paris à marelles forcées. (Lettres de Davout citées par Grouchy, Relation succincte, III, 83, 85, 86, 121.)

[45] Damitz, II, 30-40, Clausewitz, 203.

D'après les documents allemands. Compiègne fut occupé sans coup férir. Aux Archives de la guerre, je n'ai trouvé qu'une seule pièce relative à cet événement. C'est cette dépêche éplorée du sous-préfet à Davout, datée du 26 mars : Je n'ai aucun ordre, l'ennemi approche. Je ne sais que faire. — Il est d'autant plus inexplicable que Compiègne ait été laissé sans nulle garnison, que l'année précédente, cette ville où commandait le major Otenin, avait soutenu plusieurs jours un siège en règle. Compiègne était donc défendable. Si cette ville avait été occupée le 25 juin 1815, et si les ponts de Creil et de Puni-Sainte Maxence avaient été détruits, les Prussiens auraient été arrêtés sur la rive droite de l'Oise jusqu'à l'arrivée des équipages de pont de l'armée anglaise qui était encore en arrière de Péronne.

[46] D'Erlon à Grouchy, Pont de Berne, 27 juin, Cf. Grouchy à d'Erlon, Soissons, 27 juin, 7 heures du matin ; Davout à Grouchy 21 juin, 3 heures du matin. (Cités par Grouchy, Relat. succ., III, 121, 127, 131). Damitz, II, 39, 41.

[47] D'Erlon à Grouchy, Le Mesnil-Amelot, 28 juin (cité par Grouchy, Relation succincte, III, 150). Curély, Souv., 421-423. Damitz, II, 49-51. — Il y eût cette même nuit deux combats dans Senlis. Sur les neuf heures, la 1re brigade de cuirassiers de la division Gousset, qui avait de beaucoup devancé la colonne, entra à Senlis sans savoir qu'un régiment prussien sous les ordres du major Blankenburg occupait déjà cette ville, eut un engagement daim les rues à la suite duquel les Prussiens repoussés évacuèrent la ville, tandis que les Français la traversaient pour gagner la route de Paris. Mais, une heure plus tard, Senlis fut réoccupé par un régiment de hussards et un bataillon de landwehr, tête d'avant-garde de Bülow. C'est alors que la 2e brigade de Roussel, ayant avec elle Kellermann, s'enfourna dans Sculis, y tomba dans une embuscade, et put à grand'peine se retirer par la porte qu'elle avait prise pour y entrer.

[48] D'Erlon à Grouchy, Le Mesnil-Amelot, 28 juin. (Cité par Grouchy, Relat. succ., II, 150). Curély, Souv., 423. — Pendant sa retraite, qui s'opéra en désordre, d'Erlon fut suivi de très près et parfois harcelé par la cavalerie prussienne.

[49] Lettres et ordres de Grouchy, Soissons, 27 juin, (cités par Grouchy, Relat. succ., III, 125-144. Cf. Davout à Grouchy, 27 juin, 3 heures du matin. Arch. Guerre).

[50] Vandamme à Grouchy, Soissons 27 juin (cité par Grouchy, Relat. succ., III, 143) : ... Les ordres de marcher demain à 2 heures sont donnés... — Comme on sait, Gérard, commandant le 4e corps, avait été blessé le 18 juin près de Wavre.

[51] Damitz, II, 55-62, Grouchy, Relation succincte, 54-55.

[52] Grouchy à Reille, Dammartin, 28 juin ; à Davout, Claye, 28 juin ; à Davout, Claye, 29 juin, (Arch. Guerre). Journal du général Valée (comm. par le général de Salles).

Dans cette nuit du 28 au 29 juin, les avant gardes prussiennes poussèrent jusque vers Stains, le Bourget et Claye. (Ordre de Bülow, 28 juin, et rapport de Groben, 29 juin, 2 h. après minuit. Cités par Von Ollech, 338-339. Rapport de Doumere, Saint-Denis, 28 juin (Arch. Guerre).

[53] Grouchy à Vandamme, Villers-Cotterêts, 28 juin (Relation succincte, III, 149). Damitz, 57, 63. — Damitz prétend que Vandamme fut contraint par la débandade de ses troupes, qui s'enfuyaient vers leur gauche, à prendre le détour sur La Ferté-Milon et Meaux. Mais pour démentir l'assertion de l'historien allemand, il existe l'ordre de Grouchy qui prescrit ce mouvement à Vandamme.

[54] Le 29 juin, les têtes de colonnes prussiennes atteignaient Aulnay, le Bourget et Dammartin. Les Anglais étaient près de Pont-Sainte-Maxence où ils allaient passer l'Oise pour marcher sur Louvres et Gonesse. (Clausewitz, II, 201.)

[55] Metternich à Talleyrand, Manheim, 24 juin (Cité dans les Mémoires de Metternich, II, 310, 520. Cf. Clausewitz, 220 et Pfister, Aus dem Lager der Verbündeten : La nouvelle de Waterloo galvanisa l'armée du Rhin. Ce fut comme une course au clocher.

[56] Damitz, II, 153-156.

[57] 23.097 hommes (Situation de l'armée du Rhin au 20 juin. Arch. Guerre). — Si je dis seulement : 20.000 hommes, c'est que la division de 3.000 gardes nationaux mobilisés du général Berckheim se trouvait à Colmar (Soult à Davout, Soissons, 23 juin, Arch. Guerre).

L'armée du Rhin était concentrée derrière la Lauter depuis la fin de mai. A la nouvelle de la bataille de Ligny, reçue le 19 juin, Rapp se porta sur Germesheim, qui commandait un des passages du Rhin et qu'occupait une assez forte garnison. Chemin faisant, il s'empara de Hann, d'Ausveiller et de tous les gros villages riverains de la Queich. L'attaque de Germesheim était liée au 22 juin. Dans la nuit du 21, comme les troupes destinées à former les colonnes d'assaut étaient déjà en mouvement, Rapp apprit la défaite de Waterloo. Renonçant aussitôt à l'offensive, il se replia dans sa position primitive, sur la rive droite de la Lauter (Opérat. de l'armée du Rhin, 103. Rapp, Mém., 360-361. Général Boulart, Mém., 341-342).

[58] Rapp, Mémoires, 362.

[59] Général Boulart, Mémoires, 343. Cf. 344.

[60] Le général Boulart (Mém., 344-345) dit qu'en cas de revers de l'armée du Nord, l'armée du Rhin devait se replier sur l'intérieur de la France. Il semble bien que c'était l'idée de l'empereur. Mais avait-il donné à Rapp des ordres précis à ce sujet ?

[61] Rapp à Davout, Wissembourg, 24 juin (Arch. Guerre).

[62] Gourgaud dit (Camp. de 1815, 130-131) que l'empereur fit envoyer de Philippeville, le 19 juin, l'ordre à Rapp, à Lamarque et à Lecourbe, de se porter sur Paris à marches forcées. Cela parait très vraisemblable, mais il n'y a pas trace de ces ordres dans le Registre du major-général, ni aux Archives de la Guerre, et, s'ils furent réellement envoyés, ils ne parvinrent pas aux destinataires.

[63] Rapp à Davout, 24 juin (Arch. Guerre). Rapp, Mém., 362. Général Boulant, Mém., 343. Damitz, II, 156-157.

[64] Opérations de l'Armée du Rhin, 7, 10-14. Rapp, Mém., 362-374. Damitz, II, 150, 160-170. Clausewitz, 225.

[65] Damitz, II, 171. Cf. Metternich à Talleyrand, 23 juin (Mém., II, 520).

[66] Rapports et lettres de Lecourbe, 27 juin, 29 juin, 4 et 11 juillet (Arch. Guerre. Armée du Jura). Cf. Damitz, II, 171-174.

[67] Plotho, der Krieg im Jahre 1815, Annexes, 73.

[68] Situation de l'armée du Jura au 30 juin (Arch. Guerre).

[69] Rapport de Lecourbe, 11 juillet (Arch. Guerre). Damitz, 171-174.

[70] Davout à la Commission de gouvernement, s. d. (Arch. Guerre). — Il est juste de remarquer, toutefois, qu'une part de l'honneur de cette belle retraite revient au général Abbé. Du 26 au 29 juin, il contint avec sa seule division d'infanterie toutes les attaques des masses autrichiennes. C'est seulement le 30 juin que Lecourbe entra en ligne avec sa cavalerie et ses mobilisés et prit le commandement effectif.

[71] Napoléon, Correspondance, 22040.

[72] La situation de l'armée des Alpes au 15 juin (Arch. Guerre), porte : 26.905 soldats et gardes nationaux mobilises, mais presque tous les mobilisés formaient les garnisons de Grenoble, Briançon et autres places-fortes.

[73] Suchet à Davout, 16, 18, 19 et 21 juin (Arch. Guerre).

[74] Suchet à Davout, 25 et 30 juin (Arch. Guerre). Cf. Damitz, II, 183-186. — Damitz attribue aux Autrichiens le succès dans l'affaire du 21 juin.

[75] Suchet à La Salcette, 25 juin (Arch. Guerre).

[76] Suchet à Davout, 26, 27, et 30 juin (Arch. Guerre). Cf. Moniteur, 2 juillet, et Girod de l'Ain, Souvenirs militaires, 382, 388.

[77] Suchet à Davout, 30 juin. Girod de l'Ain, Souv. milit., 287-280, note. Cf. H. d'Ideville, Le maréchal Bugeaud, I, 163.166. Damitz, II, 186.

[78] Damitz, II, 177-178. Cf. 182.

[79] Pfister, Aus dem Lager der Verbündelen, 376.

[80] Comtesse Edling, Mém., 237-238. — La comtesse Edling qui connaissait intimement le czar et qui, un mois auparavant lui avait présenté Mme de Krudner, se trouvait avec lui, à Rohrbach, près Heidelberg, le 23 juin. C'est seulement à la nouvelle de l'abdication, le 25 juin, que les souverains pressèrent leur départ. Lettre de Richelieu, Manheim, 25 juin, citée dans les Souvenirs de Rochechouart, 337.

[81] Metternich à Talleyrand, Manheim, 21 juin et proclamation y annexée. (Metternich, Mém., II, 519-521).

[82] Metternich, I, 209. Steewart à Castlereagh, Manheim, 20 juin. Liverpool à Castlereagh, Londres, 15 juillet. (Wellington, Supplemenlary Dispatches, X, 92 et XI, 32). Pfister, Aus dem Lager der Verbünedeten, 388.

[83] L'Autriche est loin de désirer la régence, parce qu'une longue minorité du souverain offre des chances de désordre et que l'Autriche ne se soucie pas d'exercer une influence directe en France. Metternich à Ottenfels, 9 avril. (Metternich, Mém., II, 515). — La régence est en opposition avec les principes qui arment les Alliés. Nesselrode à Pozzo, Heidelberg 17 juin (Pozzo di Borgo, Corresp., I, 168). Cf. Talleyrand à Louis XVIII, Vienne, 13 et 23 avril. (Corresp., avec Louis XVIII, 381 et 407), et Gentz, Dépêches, II, 170.

[84] Lettres précitées de Talleyrand à Louis XVIII et de Nesselrode à Pozzo.

Les cabinets de Saint James et de Vienne regardaient la substitution de la branche cadette à la branche aillée comme une usurpation, Ainsi que l'avait écrit Porto, dès que Bonaparte n'était pas le souverain de la France aux yeux des alliés, Louis n'avait pas cessé de l'être (Corresp., I, 150).

[85] Delivary Parliamentary. Castlereagh à Clancarty, 8 avril. (Castlereagh, Letters and Dispatches, II.)

[86] Sur la déclaration de l'Angleterre au congrès de Vienne et sur le traité du 3 janvier et la divulgation qui en fut faite au czar, voir le volume II de 1815.

[87] Metternich à Ottenfels, 9 avril. (Mém. de Metternich, II, 515.) Nesselrode à Pozzo, 3 mai, et Pozzo à Nesselrode, 23 mai. (Corresp. de Pozzo, I, 127, 130, 133 et 135-136.) Rapport de Talleyrand à Louis XVIII, juin (Corresp. avec Louis XVIII, 474).

[88] La première de ces lettres est citée dans la Corresp. de Pozzo (I, 168) la seconde dans le Supplementary Dispatches de Wellington (X, 587). Lune et l'autre contiennent quelques réserves, de pure forme, conformes aux principes émis dans la contre-déclaration du congres de Vienne, que les puissances ne poursuivraient pas la guerre dans le but d'imposer à la France un gouvernement particulier.

[89] Richelieu à Rochechouart, Manheim, 25 juin (Rochechouart, Souv., 397).

[90] Liverpool à Castlereagh, Londres, 30 juin (Wellington, Supplem. Dispatches, X, 630). Cf. le discours de Liverpool à la Chambre des lords, du 19 février 1816. Seuls les Prussiens ne n'arquaient aucune bonne disposition pour Louis XVIII. Peu leur importait ! ils ne voulaient que saccager et ruiner la France, la saigner à blanc et lui prendre en argent et en territoire le plus qu'ils pourraient. Mais Frédéric-Guillaume n'en était pas moins le féal d'Alexandre, et ce que la Russie voudrait, la Prusse le voudrait aussi.

[91] Tout cela qu'une conjecture fondée sur certains propos et certains actes des Alliés, et principalement sur la conduite odieuse qu'ils tinrent, nonobstant la reconnaissance de Louis XVIII et l'état de paix implicitement déclaré, pendant les quatre mois que durèrent les négociations sur le traité. Quelles eussent été leurs exactions et leurs violences si le roi ne se fût pas trouvé aux Tuileries avec un gouvernement constitué ! — Le 17 juillet, le Préfet de l'Ain, écrivait à Talleyrand : Les généraux autrichiens défendent de laisser afficher les numéros du Moniteur relatant la rentrée du roi à Paris. Ils profitent de l'état d'anarchie pour réquisitionner, piller, etc., etc. (Arch. Aff. étr., 691). — Le 21 juillet, Fagel, ministre des Pays-Bas, écrivait de Paris : Les Prussiens soutiennent qu'il eût mieux valu tout finir à Paris avant d'inviter le roi à remonter sur le trône. Je crois démêler qu'ils regrettent de ne pas pouvoir tirer tout le parti que la conquête semblait leur assurer. (Revue d'Histoire diplomatique, X, 38.) Cf. Commandant de place de Nanteuil, 22 juillet : Les Prussiens affectent donc par reconnaître l'autorité du roi de France. (Arch. Guerre.) — Commandant de place de Bavay, 11 août : Le commandant prussien fait arracher les affiches officielles des ordonnances du roi, en sorte que les habitants ne savent plus à qui obéir. (Arch. Guerre.) — Note de d'Hauterive, 26 novembre : Les gouvernements étrangers ont fait sertir la force militaire à méconnaître, avilir et annuler l'autorité du roi. (Arch. Affaires étrangères, 647.)

[92] Déclaration de l'Angleterre, du 25 avril. Office uniforme des Cabinets de Vienne, de Saint-Pétersbourg et de Berlin, mai. Protocole de la séance du 12 mai (D'Angebert, 975, 1176-1177, 1184).

[93] Ordre général, Nivelle, 20 juin, (Wellington, Dispatches, XII, 403). — Par cette déclaration publique, Wellington semblait reconnaître l'accession de Louis XVIII au traité d'alliance conclu le 25 mars entre les quatre grandes puissances. Or ces puissances et principalement l'Angleterre ne cessèrent pas de protester contre la validité de cette accession. (Voir sur cette question le discours de Liverpool à la chambre, des Lords du hi février 1816, et les remarques de d'Hauterive. Arch. des Aff. étrangères, 617.)

[94] Je crois que le temps est arrivé où le roi doit se mettre en mouvement. Que Sa Majesté passe par Gramont, Ath et Mons. Faites-moi dire si elle passera demain ou après-demain. (Wellington à Clarke, Nivelle, 20 juin.) — Je reçois votre lettre du 21 et je me réjouis que le roi s'approche de si près. La présence du roi est importante. (Wellington à Clarke, le Cateau, 22. juin. Dispatches, XII, 482 495.)

Wellington écrivit aussi le 21 juin au duc de Berri, commandant la petite armée royale : Comme je compte passer la frontière demain, je vous prie de vous mettre en marche pour vous joindre à nous. (Dispatches, XII, 492.) C'était encore agir dans l'intérêt des Bourbons, mais contre les vues ,les puissances qui avaient formellement déclaré qu'elles entendaient opérer sur la frontière du nord sans la coopération des royalistes.