1815

LIVRE III. — WATERLOO

 

CHAPITRE I. — BLÜCHER ET GROUCHY.

 

 

I

Selon sa promesse[1], Blücher avait pris des dispositions pour seconder vigoureusement ses alliés. Des ordres expédiés dans la nuit enjoignirent à Bülow de marcher au point du jour sur Chapelle-Saint-Lambert, distant de Mont-Saint-Jean de sept kilomètres à vol d'oiseau, et à Pirch Ier de suivre le mouvement du corps de Bülow. A Chapelle-Saint-Lambert, ces généraux agiraient selon les circonstances. Si l'action ne paraissait pas encore sérieusement engagée, ils resteraient dans cette position en dissimulant leur présence ; au cas contraire, ils attaqueraient le flanc droit de l'armée française[2]. Quant aux corps de Zieten et de Thielmann, ils devaient demeurer jusqu'à nouvel ordre dans leurs cantonnements de la rive gauche de la Dyle. Blücher comptait les amener aussi au soutien des Anglais ; mais, avant de prendre cette détermination, il lui fallait attendre les rapports de la matinée[3]. Il ne pouvait dégarnir complètement la ligne de la Dyle sans avoir des indications positives sur la marche et les forces du corps français qui était signalé à Gembloux.

Si bien conçue que fût cette disposition, elle avait un défaut initial. Le corps de Bülow n'ayant point donné à Ligny, Blücher voulait l'engager le premier. Il sacrifia à cette préoccupation, d'ailleurs légitime, la rapidité des mouvements. Les corps de Zieten et de Thielmann bivouaquaient à Bierges et à la Bavette (huit et neuf kilomètres de Chapelle-Saint-Lambert) ; les corps de Pirch et de Bülow étaient à Aisemont et à Dion-le-Mont — dix et quatorze kilomètres de Chapelle-Saint-Lambert —. Manifestement c'étaient les troupes les plus rapprochées du champ de bataille qu'il fallait y porter d'abord, tandis que celles qui en étaient le plus loin seraient venues occuper provisoirement la ligne de la Dyle. En tout cas, l'état-major devait prévoir que le corps de Pirch resterait immobile sous les armes pendant tout le défilé du corps de Bülow. C'était donc à Pirch de faire tête de colonne. Si l'on eût agi ainsi, la moitié de l'armée prussienne se fût trouvée concentrée à Chapelle-Saint-Lambert bien avant midi.

Il en alla tout autrement. La division Losthin, avant-garde de Bülow, n'arriva devant Wavre qu'à sept heures du matin. Elle mit beaucoup de temps à traverser les ponts et à gravir la grande rue du village, étroite et très escarpée. Quand elle eut débouché, un violent incendie, tout fortuit, se déclara dans cette rue et en barra l'accès. Le gros du corps de Bülow dut attendre que le feu fût éteint. La marche du IVe corps subit ainsi un retard de plus de deux heures ; la division d'arrière-garde n'atteignit que vers trois heures les environs de Chapelle-Saint-Lambert[4]. Le IIe corps (Pirch) avait pris les armes dès cinq heures. Mais, comme il fallait laisser défiler le IVe corps, les troupes restèrent, piétinant sur place, à la tête de leurs bivouacs d'Aisemont jusque passé midi. A deux heures, la moitié du corps de Pirch était encore en-deçà de la Dyle[5].

Entre sept et huit heures du matin, le comte Gröben, de retour des avant-postes, avait fait le rapport que les Français, en position à Gembloux, ne s'étaient pas encore mis en mouvement, et qu'il n'évaluait leurs forces qu'à 15.000 hommes environ. — Je ne puis affirmer, avait-il ajouté, que les Français ne soient pas plus nombreux, mais fussent-ils même trente mille, un seul de nos corps d'armée suffirait à garder la ligne de la Dyle. C'est à Mont-Saint-Jean que va se décider le sort de la campagne. Il faut y porter le plus de monde possible. C'était bien l'avis de Blücher ; mais Gneisenau et Grolemann hésitaient encore à trop dégarnir la Dyle. — Cette question, dit Grolemann, avec l'assentiment formel de Gneisenau, sera résolue à midi ; si, d'ici là l'ennemi ne paraît pas devant Wavre en trop grandes forces, le 1er corps suivra les IIe et IVe corps, et peut-être le IIIe corps marchera-t-il aussi[6]. En attendant, Blücher écrivit à Müffling : Je vous prie de dire en mon nom au duc de Wellington que, tout malade que je suis, je me mettrai à la tête de mes troupes pour tomber sur l'aile droite ennemie dès que Napoléon aura engagé le combat. Si la journée se passe sans que les Français attaquent, je suis d'avis que nous les attaquions ensemble demain[7].

Avant d'expédier cette lettre que lui avait dictée Blücher, l'aide de camp Nostiz la communiqua à Gneisenau. La veille et le matin de la bataille de Ligny, celui-ci se défiait quelque peu des promesses de Wellington, qu'il regardait comme un maître fourbe[8]. La journée du 16 juin, où le duc n'avait envoyé à Brye ni un homme ni un canon, avait confirmé et accru les préventions de Gneisenau. Il craignait que les Anglais ne se repliassent sur Bruxelles sans combattre. Dans ce cas, l'armée prussienne se trouverait exposée à un désastre, prise en flagrant délit de marche et attaquée de front par Napoléon et de flanc ou à revers par le corps de Grouchy[9]. Gneisenau fit ajouter ce post-scriptum à la lettre de Blücher : Le général de Gneisenau est tout à fait d'accord avec le feld-maréchal ; mais il prie Votre Excellence de pénétrer les secrètes pensées du duc de Wellington et de savoir s'il a réellement la ferme résolution de combattre dans sa position ou s'il ne compte faire que de simples démonstrations, qui pourraient entraîner notre armée aux plus grands périls[10].

Le temps passait ; l'ardent Blücher voulait être aux premiers coups de canon. Laissant Gneisenau maître de décider les mouvements des autres corps d'armée, il quitta Wavre à onze heures pour rejoindre Bülow vers Chapelle-Saint-Lambert. Malgré tout ce que je souffrais de ma chute, dit-il plus tard, je me serais fait attacher sur mon cheval plutôt que de manquer à la bataille ![11]

 

II

Si Grouchy, dans la soirée du 17 juin, pouvait encore conserver quelques doutes sur la concentration de l'armée prussienne à Wavre, les renseignements qui lui parvinrent dans la nuit devaient les dissiper. Entre onze heures et minuit, il reçut un rapport du général Bonnemains et un autre du colonel du 15e dragons, annonçant tous deux que les Prussiens marchaient sur Wavre[12]. Vers trois heures du matin, on lui transmit de Walhain, ou de Sart-à-Walhain, l'avis que l'on avait vu passer, dans la journée de la veille, trois corps d'armée qui se dirigeaient sur Wavre, et que, d'après des propos d'officiers et de soldats, ces troupes allaient se masser près de Bruxelles pour livrer bataille[13].

Tous ces renseignements, qui confirment ceux du soir précédent, ne font qu'une lumière confuse dans l'esprit de Grouchy. Il ne doute plus que l'ennemi ne se soit dirigé sur Wavre ; mais, prenant à la lettre, sans réfléchir, les propos des Prussiens, il s'imagine que leur armée a fait là non une concentration stratégique, mais une simple halte et qu'elle va filer vers Bruxelles par la grande route[14]. Il sait que l'empereur a prévu une bataille contre les Anglais en avant de la forêt de Soignes[15], et il ne pense pas qu'au lieu de gagner Bruxelles les Prussiens peuvent, de Wavre, rejoindre directement leurs alliés par une courte marche latérale. Il ne voit pas que, pour empêcher cette jonction, il faut non point suivre les Prussiens par Walhain et Corbais, mais faire une poursuite de flanc par Saint-Géry et Mousty. A passer la Dyle au plus près et à manœuvrer par la rive gauche de cette petite rivière, il y a tous les avantages, il n'y a nul péril. Si les Prussiens sont restés à Wavre, qui est sur la rive gauche de la Dyle, cette position sera plus facile à attaquer par la rive gauche que par la rive droite. S'ils se dirigent vers Bruxelles, on les suivra quand on aura atteint Wavre. S'ils marchent directement aux Anglais, l'apparition de 33.000 hommes sur leur flanc arrêtera ou tout au moins retardera leur mouvement. Si, enfin, ils ont déjà opéré leur jonction avec les Anglais et menacent d'écraser l'armée impériale sous leurs masses réunies, on sera, du moins, sur la rive gauche de la Dyle, assez près de l'empereur pour lui porter secours en pleine bataille.

Grouchy n'eut aucune idée de tout cela. Il ne modifia rien à ses ordres de la veille. Il laissa même, bien qu'il fût dès alors résolu à se porter à Wavre, le corps de Pajol et la cavalerie de Vallin opérer le mouvement excentrique qu'il avait prescrit sur Grand-Leez[16]. Il écrivit à l'empereur que, tous les renseignements confirmant la marche des Prussiens par Wavre sur Bruxelles, afin de s'y concentrer ou de livrer bataille après s'être réuni à Wellington, il partait à l'instant pour Wavre[17]. Grouchy avait dans la main 33.000 soldats et 116 pièces de canon[18]. En s'attachant servilement aux traces de l'arrière-garde prussienne, au lieu de manœuvrer, dès le matin du 18 juin, par la rive gauche de la Dyle, il commit une grosse erreur stratégique. En laissant, dans des circonstances si pressantes et si graves, ses troupes au bivouac une partie de la matinée, il fit une faute irrémissible. Le 18 juin, le jour point à deux heures et demie ; à trois heures, il fait assez clair pour marcher. Or Grouchy avait prescrit à Vandamme et à Gérard de se mettre en marche l'un à six heures et l'autre à huit heures[19]. Le malheureux !

Par suite de retards dans les distributions, les troupes ne partirent même pas aux heures fixées[20]. Les dragons d'Exelmans, qui avaient passé la nuit à Sauvenière et devaient former la tête de colonne, montèrent à cheval seulement vers six heures[21]. Le corps de Vandamme ne se mit en route de Gembloux qu'entre sept et huit heures[22], et le corps de Gérard ne quitta qu'à la même heure ses bivouacs de la rive droite de l'Orneau[23]. Autre cause de retard, toutes ces troupes prirent la même route. En marchant en deux colonnes, l'une par Sauvenière et Walhain, l'autre par Ernage et Nil-Pierreux, les deux corps d'armée eussent été massés en même temps à Corbais[24].

Grouchy, il semble, ne quitta pas Gembloux avant huit ou neuf heures[25]. Il chemina lentement et rejoignit la tête du 3e corps un peu en-deçà de Walhain[26]. Parvenu à dix heures environ aux premières maisons de ce village, il laissa filer la colonne d'infanterie et entra dans la maison du notaire Hollërt pour écrire à l'empereur[27]. Son aide de camp, Pontbellanger, envoyé en reconnaissance sur les bords de la Dyle, vers Mousty, lui avait rapporté, parait-il, qu'aucune troupe ennemie ne se trouvait dans cette région[28] ; et un habitant, ancien officier dans l'armée française, ou se disant tel, venait de lui donner de nouveaux et importants renseignements[29]. Il assurait que la masse des Prussiens, qui avait passé par Wavre, était campée dans la plaine de la Chyse, près de la route de Namur à Louvain — trois lieues à vol d'oiseau au nord-est de Wavre[30].

Ce faux avis, que l'ancien officier donnait comme positif, était des plus satisfaisants pour Grouchy. Non seulement l'armée de Blücher ne cherchait pas à opérer sa jonction avec Wellington par une marche de flanc, mais, au lieu de se porter directement sur Bruxelles, elle avait commencé par faire un long détour pour se concentrer d'abord dans la direction de Louvain. Ainsi l'ennemi se mettait temporairement hors de cause. Grouchy pouvait se féliciter d'avoir si heureusement manœuvré. S'il n'avait pas atteint les Prussiens, il était sur leurs traces et il les avait éloignés des Anglais, ce qui était le principal objectif de son mouvement. Le soir, toutes ses troupes allaient se trouver massées à Wavre, en position entre les deux armées ennemies. Le lendemain, il serait maître soit d'aller combattre les Prussiens dans les plaines de la Chyse, soit de les attaquer dans leur marche de flanc s'ils se dirigeaient vers Bruxelles, soit de se porter lui-même sur cette ville pour se réunir au gros des forces françaises. Le maréchal s'empressa d'écrire à Napoléon afin de lui transmettre ces nouveaux renseignements. La fin de la lettre portait : ... Ce soir, je vais être massé à Wavre et me trouver ainsi entre Wellington, que je présume en retraite devant Votre Majesté, et l'armée prussienne. J'ai besoin d'instructions ultérieures sur ce que Votre Majesté désire que je fasse. Le pays entre Wavre et la plaine de la Chyse est difficile, coupé et en partie marécageux. J'arriverai facilement à Bruxelles avant tout ce qui sera arrêté à la Chyse... Daignez, Sire, me transmettre vos ordres ; je puis les recevoir avant de commencer mon mouvement de demain[31].

Demain ! Il s'agissait bien de demain !

Grouchy remit cette lettre au major La Fresnaye, ancien page de Napoléon, qui partit aussitôt[32]. Quant au maréchal, désormais libre d'inquiétudes, et se croyant une journée entière devant lui pour prendre une détermination, il se mit tranquillement à déjeuner.

 

III

Il en était aux fraises — manger des fraises n'est point d'ailleurs un cas pendable même un matin de bataille —, lorsque Gérard, qui avait devancé de deux ou trois kilomètres la tête du 4e corps, entra clans la pièce où il déjeunait[33]. Peu après fut introduit le colonel Simon Lorière, chef d'état-major de Gérard. En se promenant dans le jardin du notaire Hollërt, il avait entendu le canon gronder au loin ; il s'empressait d'en informer ses chefs. Il était un peu plus de onze heures et demie. Grouchy et Gérard descendirent dans le jardin. Le général Baltus, commandant l'artillerie du 4e corps, le général Valazé, commandant le génie, l'inspecteur aux revues Denniée s'y trouvaient avec de nombreux officiers d'état-major, tous très attentifs au bruit de la canonnade. Plusieurs d'entre eux étaient agenouillés, l'oreille contre terre, pour s'assurer de la direction[34]. Gérard écouta quelques instants et dit :

Je crois qu'il faut marcher au canon[35].

Grouchy objecta que ce n'était vraisemblablement qu'une affaire d'arrière-garde[36]. Mais le feu devint plus vif et plus nourri. Le sol en tremblait, rapporte Simon Lorière. On ne pouvait plus douter que deux armées fussent aux prises. Vers l'ouest, des nuages de fumée s'élevaient à l'horizon.

La bataille est à Mont-Saint-Jean, dit un paysan que Valazé avait pris comme guide. On serait là en quatre ou cinq heures de marche.

Le notaire Hollërt, appelé par Gérard, confirma les paroles du guide :

C'est sur la lisière de la forêt de Soignes, dit-il. Il y a d'ici environ trois lieues et demie.

Il faut marcher au canon, répéta Gérard.

Il faut marcher sur le canon, dit à son tour le général Valazé[37].

Grouchy a reconnu qu'il était vexé d'entendre ses subordonnés lui donner publiquement un avis[38]. C'était une raison pour lui de ne le point écouter. Il en avait une autre, la crainte de la responsabilité. Plutôt que suivre les conseils hasardeux de ses généraux, ne valait-il pas mieux s'en tenir aveuglément à la lettre des instructions de l'empereur, qui le couvriraient quoi qu'il advînt ? Il dit :

L'empereur m'a annoncé hier que son intention était d'attaquer l'armée anglaise, si Wellington acceptait la bataille. Donc je ne suis nullement surpris de l'engagement qui a lieu en ce moment. Si l'empereur avait voulu que j'y prisse part, il ne m'aurait pas éloigné de lui au moment même où il se portait contre les Anglais. D'ailleurs, en prenant de mauvais chemins de traverse, détrempés par la pluie d'hier et de ce matin, je n'arriverais pas en temps utile sur le lieu du combat[39].

Le général Baltus conclut comme Grouchy :

Les chemins seraient bien difficiles. L'artillerie ne s'en retirerait pas[40].

Avec mes trois compagnies de sapeurs, riposta le général Valazé, je me charge d'aplanir bien des difficultés[41].

J'arriverai toujours avec les coffrets ! s'écria Gérard[42].

Valazé, ayant de nouveau consulté son guide, qui attesta que la marche serait peu de chose, reprit :

Les sapeurs peuvent faire beaucoup de passages[43], Gérard s'animait de plus en plus :

Monsieur le maréchal, dit-il, il est de votre devoir de marcher au canon[44].

Offensé que Gérard se permît de lui faire la leçon, et cela à haute voix en présence d'une vingtaine d'officiers, Grouchy répliqua d'un ton sévère, de façon à clore la discussion[45] :

Mon devoir est d'exécuter les ordres de l'empereur, qui me prescrivent de suivre les Prussiens ; ce serait enfreindre ses instructions que d'obtempérer à vos avis[46].

A ce moment survint un aide de camp d'Exelmans, le commandant d'Estourmel. II annonça qu'une forte arrière-garde prussienne était en position devant Wavre. Cet officier était chargé de dire aussi que, d'après tous les indices, l'armée ennemie avait passé le pont de Wavre dans la nuit et la matinée pour se rapprocher de l'armée anglaise et que, en conséquence, le général Exelmans pensait à se porter par Ottignies sur la rive gauche de la Dyle. Ces nouveaux renseignements et l'avis exprimé par Exelmans étaient autant de raisons à l'appui du conseil de Gérard. Mais pour Grouchy, toujours persuadé que les Prussiens avaient gagné Wavre en vue d'une retraite vers la Chyse, la présence de leur arrière-garde dans cette ville confirmait ces présomptions. Il se félicitait d'avoir résisté à Gérard puisque les ordres de l'empereur étaient de suivre l'armée prussienne, et qu'il allait enfin pouvoir atteindre cette insaisissable armée. Il dit à d'Estourmel qu'il donnerait lui-même des ordres au général Exelmans et demanda ses chevaux[47].

Comme il mettait le pied à l'étrier, Gérard risqua une dernière tentative :

Si vous ne voulez vous porter vers la forêt de Soignes avec toutes les troupes, permettez-moi, du moins, de faire ce mouvement avec mon corps d'armée et la cavalerie du général Vallin. Je suis certain d'arriver, et d'arriver en temps utile[48].

Non, répondit Grouchy, ce serait commettre une impardonnable faute militaire que de fractionner mes troupes et de les faire agir sur les deux rives de la Dyle. J'exposerais l'une et l'autre de ces fractions, qui ne pourraient se soutenir, à être écrasées par des forces deux ou trois fois supérieures[49].

Il mit son cheval au galop[50]. Ceux des officiers de son état-major qui n'avaient assisté que de loin à la discussion, et qui entendaient le canon, croyaient qu'on allait manœuvrer pour se rapprocher de l'armée impériale[51].

 

 

 



[1] Blücher à Müffling, Wavre, 17 juin, 11 heures du soir. (Cité par von Ollech, Geschichte des Feldzuges von 1815, 187.) Müffling, Aus meinem Leben, 209.

[2] Ordres à Bülow et à Pirch, Wavre, 17 juin, minuit. Ordre de Bülow, Dion-le-Mont, 18 juin. (Cités par von Ollech, 188, 191.)

[3] Lettre précitée de Blücher à Müffling. Cf. von Ollech, 188 ; Wagner, V, 58.

[4] Rapport de Bülow (cité par von Ollech, 192). Wagner, IV, 58. Von Ollech, 191. Cf. Clausevitz (126) qui dit à tort que le IVe corps leva ses bivouacs seulement à 7 heures.

La tête du corps de Bülow arriva à Chapelle-Saint-Lambert vers 10 heures ; le gros, passé midi ; et l'arrière-garde (division von Ryssel), à 3 heures seulement.

[5] Von Ollech, 193. Cf. l'ordre précité à Pirch Ier, Wavre, 17 juin, minuit.

[6] Von Ollech, 188-189. Cf. Wagner, IV, 58, et C. de W. (Müffling), 22.

[7] Lettre de Blücher à Müffling. Wavre, 18 juin, 10 heures et demie. (Citée par von Ollech, 189.) Cf. Hügel au roi de Wurtemberg. (Cité par Ptister, Aus dem Lager der Verbündeten, 369.) Müffling, Aus meinem Leben, 289.

[8] Müffling, Aus meinem Leben, 184.

[9] Von Ollech, 190.

[10] Nostiz à Müffling, Wavre, 18 juin, 10 heures et demie du matin. (Citée par von Ollech, 189).

[11] Damitz, II, 248. Von Ollech, 190.

[12] Lettre de Bonnemains, Ernage, 17 juin, 10 heures et quart du soir, et Journal de la brigade Bonnemains. (Arch. Guerre. Armée du Nord.) Général Berton, Précis, 49.

[13] Renseignement recueilli à Sart-à-Walhain dans la nuit du 17 juin. (Arch. Guerre, Armée du Nord.) Cf. Lettre de Grouchy à Napoléon. Gembloux, 18 juin. (Arch. Guerre.) — Ce renseignement recueilli à Sart-à-Walhain est à tort numéroté premier renseignement. C'est en réalité le second. Il y est dit : 30 à 40.000 Prussiens sont passés à Sart-à-Walhain, hier, 17, de 9 heures du matin à 3 heures après-midi. On pense qu'il a passé trois corps, le IIe et le IIIe, bien sûrement, et probablement le Ier. Tout se dirige sur Wavre. Ils ont annoncé vouloir livrer bataille près Bruxelles où ils veulent se masser.

[14] Tous mes rapports et renseignements confirment que l'ennemi se retire sur Bruxelles. Grouchy à Napoléon, Gembloux, 18 juin, 6 heures du matin. (Arch. Guerre.)

[15] Ayant été prévenu par Votre Majesté, quand je la quittai à Ligny, qu'Elle marchait aux Anglais pour les combattre, s'ils voulaient tenir de ce côté-ci de la forêt de Soignes... Rapport de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 10 juin. (Arch. Guerre, Armée du Nord.)

[16] Bien loin d'annuler ces ordres, Grouchy les confirma par une nouvelle dépêche à Pajol. (Gembloux, 18 juin au matin. Arch. Guerre. Armée du Nord.) — Pajol était, à quatre heures du matin, au Mazy ; du Mazy à Grand-Leez il y a, à vol d'oiseau, 10 kilomètres ; du Mazy à Gentinnes il y en a 12. Pajol aurait donc pu être à Gentinnes pour se concentrer avec l'armée dans la direction de Mont-Saint-Guibert presque en même temps qu'il arriva à Grand-Leez, où il n'avait rien à faire, au lieu que, pour rejoindre l'armée de Grand-Leez à Gentinnes, il aurait eu encore 12 kilomètres à parcourir, au total 22. Donc ce mouvement était bien excentrique ; mais Grouchy ne pensait qu'à couvrir sa droite et nullement à éclairer sa gauche. Même remarque pour le mouvement de la cavalerie de Vallin, qui avait passé la nuit à Bothey, entre le Mazy et Gembloux, et qui fut dirigée aussi sur Grand-Leez. (Grouchy à Gérard, 17 juin, et à Vallin, 18 juin. Arch. Guerre.)

[17] Grouchy à Napoléon, Gembloux, 18 juin. (Arch. Guerre, Armée du Nord.)

Cette lettre, que je donne plus loin in extenso, n'a pas d'indication horaire ; mais on la trouve citée dans la Relation succincte de Grouchy (Appendice, II, 4), avec la mention : trois heures du matin. D'un autre côté, dans une lettre de Napoléon à Grouchy, du 18 juin, une heure après-midi (citée par Grouchy, Appendice, I, 21), il y a : Vous avez écrit ce matin à trois heures. Mais, dans la copie de cette même lettre de Napoléon (Arch. Guerre), on lit : Vous avez écrit ce matin à six heures. Il semble donc assez difficile de décider si cette lettre de Grouchy fut écrite à 3 ou à 6 heures. Toutefois, deux raisons me font croire que Grouchy l'écrivit à 6 heures. La première, c'est que, dans une lettre de l'empereur à Grouchy de 10 heures du matin, il n'est pas question de cette lettre. Or, si elle avait été écrite à 3 heures, Napoléon l'aurait indubitablement reçue avant 10 heures, et, s'il l'avait reçue, il en aurait certainement fait mention dans sa lettre. La seconde raison, c'est que, comme on le verra plus loin, Grouchy ne quitta pas Gembloux avant 8 ou 9 heures. Il ne pouvait donc écrire à l'empereur à 3 heures du matin : Je pars à l'instant. C'eût été lui donner une fausse indication d'une extrême gravité vu les circonstances.

[18] Infanterie de Vandamme : 13.960 hommes.

Infanterie de Gérard : 10.275 hommes.

Division Teste (détachée du corps de Lobau) : 2.960 hommes.

Division de cavalerie Maurin (passée sous le commandement du général

Vallin, Maurin ayant été blessé à Ligny) : 1.326 hommes.

Cavalerie d'Exelmans : 3.250 hommes.

Cavalerie de Pajol (moins la division Subervie) : 1.374 hommes.

Total : 33.145 hommes (défalcation des pertes à Ligny), et 116 pièces de canon, et comparer les effectifs à l'entrée en campagne et les pertes à Ligny.

[19] Grouchy à Vandamme, Gembloux, 17 juin. (Arch. Guerre) : Ainsi que nous en sommes convenus, je désire que vous vous mettiez en mouvement demain à heures du matin.

Grouchy à Gérard, Gembloux, 17 juin, 10 heures du soir (Arch. Guerre) : Je désire que vous vous mettiez en marche, demain 18 courant, à 8 heures du matin. Vous suivrez le corps du général Vandamme.

Dans ses divers écrits (Observat., 15 ; Fragm., 8 ; Relat. succ., 28), Grouchy prétend que, d'après ses ordres, Vandamme devait se mettre en marche à la pointe du jour, et Gérard de grand matin. Mais les lettres précitées font foi.

[20] D'après le rapport de Hulot (comm. par le baron Hulot), toutes les troupes avaient dû envoyer des détachements à Gembloux pour les distributions, lesquelles n'étaient pas terminées à 8 heures.

[21] Bonnemains, dans son Journal de marche (Arch. Guerre), rapporte que la cavalerie d'Exelmans, dont il commandait une brigade, arriva à Walhain à 7 heures. Or, de Sauvenière à Walhain (par Baudeset) il y a 5 kilomètres. Exelmans (lettre citée par Gérard, Nouvelles observ., 24-25) dit qu'il leva ses bivouacs seulement à 7 heures et demie. Mais le témoignage de Bonnemains paraît plus sûr.

[22] Berthezène (lettre citée par Gérard, Nouvelles Observ., 25) dit : 8 heures. Cf. le rapport de Hulot qui rapporte que, vers 9 heures, les troupes de Vandamme défilaient encore dans les rues de Gembloux. — Grouchy, dont la mémoire est décidément bien fautive, prétend que Vandamme se mit en marche avant le lever du soleil.

[23] Ordre précité de Grouchy. Rapport de Bulot.

[24] Gérard (Quelques Docum., 47) se plaint que Grouchy ait fait marcher les deux corps d'infanterie en une seule colonne. Grouchy a répliqué (Relat. succ., 28-29) qu'il avait prescrit à Gérard de prendre une autre route. Mais cet ordre était beaucoup trop tardif ; déjà Gérard s'était engagé à la suite de Vandamme, ainsi que le lui marquait l'ordre de mouvement de la veille.

[25] Dans ses divers écrits, Grouchy ne précise pas l'heure de son départ. Il dit seulement qu'il rejoignit en route, à 5 ou 6 kilomètres de Gembloux, la tête du corps de Vandamme (Relat. succ., 28), et son assertion est confirmée par les témoignages de ses officiers d'ordonnance, La Fresnaye et Legouest. (Relat. succ., Appendice IV, 13, 25.) Or, comme la première division de Vandamme ne commença pas son mouvement avant 7 heures du matin, le maréchal Grouchy ne dut pas quitter Gembloux avant 8 heures. En outre, comme, à ce que rapporte Grouchy, il écrivit à l'empereur dès qu'il fut arrivé à Walhain (ou Sart-à-Walhain) ; comme sa lettre est datée de 11 heures, et comme enfin il n'y a pas 7 kilomètres de Gembloux soit à Walhain, soit à Sart-à-Walhain, il est évident que non seulement le maréchal partit très tard de Gembloux, mais encore qu'il fit ce court trajet au plus petit pas de son cheval. La déclaration de Le Sénécal (App. IV, 6 ; que Grouchy partit avant le lever du jour est donc d'une insigne fausseté.

[26] Le village de Walhain et le hameau de Sart-à-Walhain, distants de 1,700 mètres, furent réunis en une seule commune en 1822. De Gembloux à Corbais, itinéraire de l'armée de Grouchy, il y avait quatre chemins, dont l'un passait par Walhain et un autre, le plus long des quatre, par Sart-à-Walhain.

Cela établi, je rappellerai que tous les historiens français, même Charrat et Quinet qui ont habité la Belgique, disent que Grouchy s'arrêta le 18 juin à Sart-à-Walhain. De fait, dans tous les ordres, rapports et relations de Grouchy, ainsi que dans les souvenirs écrits de ses officiers d'état-major, il est parlé constamment de Sart-à-Walhain et jamais de Walhain.

Mais Gérard (Quelques Documents sur la Bat. de Waterloo, 7) dit : Walhain ou Sart-à-Walhain, petit village entre Gembloux et Wavre, et, aux pages suivantes et dans ses autres écrits, il dit alternativement : Walhain et Sart-à-Walhain. Le colonel Simon Lorière dit : Walhain. Le général Berton dit : Walhain. Berthezène dit : Sart-à-Walhain ; mais ces mots : village situé peu avant Nil-Saint-Vincent, indiquent qu'il parle de Walhain. Lefol dit Walhain et Sart-à-Walhain. Le Belge Catoire, dans une lettre à Gérard, dit : Sart-à-Walhain, mais c'est manifestement un lapsus pour Walhain, car il parle du château du notaire Hollaërt (exactement Hollërt), qui habitait Walhain et non Sart-à-Walhain.

Faut-il donc croire que, comme Berthezène et Catoire, Grouchy et d'autres officiers ont confondu le hameau et le village et ont écrit : Sart-à-Walhain pour Walhain ? L'erreur serait d'autant plus facile à expliquer que sur la carte de Ferrari, qui servait à Grouchy, le nom de Sart-à-Walhain est inscrit presque au-dessus des clochers des deux villages, tandis que le nom de Walhain se trouve à gauche. A une lecture rapide, on peut se tromper. Grouchy, d'ailleurs, était coutumier de ces sortes de confusion. On verra lus loin qu'il écrivit : Dion-le-Val pour Dion-le-Mont, et Temploux pour Gembloux.

Il y a une indication d'une grande importance pour la discussion. C'est ceci : la maison du notaire Hollërt, où Gérard et ses officiers rapportent que Grouchy s'arrêta pour déjeuner, se trouve non pas à Sart-à-Walhain, mais à Walhain. Aussi lit-on dans l'Histoire des Communes belges, de Tartier et Wauters, que la discussion fameuse entre Grouchy et Gérard se passa à Walhain et non à Sart-à-Walhain.

Mais tout est problème en cette question. Ni dans sa lettre à l'empereur, ni dans ses Relations, Grouchy ne parle du notaire Hollërt. Il dit : Un ancien militaire décoré, chez qui je m'arrêtai pour écrire à Napoléon. J'ai pensé d'abord que l'ancien militaire décoré et le notaire de Walhain n'étaient qu'une même personne. J'ai pris des informations. Or flottée avait bien servi dans l'armée française de 1792 à 1795 (Campagne des Pays-Bas), mais comme officier de santé, et il n'était pas décoré. Grouchy, pour donner plus d'autorité aux avis qu'il transmettait à l'empereur, a-t-il donc transformé l'ex-médecin militaire en ancien officier décoré, ou, plutôt, comme semble le dire le major La Fresnaye, le maréchal, après avoir reçu d'un ex-officier ou d'un individu se donnant pour tel, de faux renseignements, est-il entré chez Hollërt pour en faire part à l'empereur ?

Ce qui est certain, c'est que, d'après les détails très circonstanciés donnés par Gérard, le colonel Simon Lorière, le général Valazé, l'intendant en chef Denniée, on ne peut douter que la discussion entre Grouchy et Gérard n'ait eu lieu dans une maison bourgeoise attenant à un grand jardin où s'élevait un kiosque peint en vert. Or, à Walhain, la ferme de la Marette (ancienne maison ou château de Longpré) répond à cette description, tandis que, au hameau de Sart-à-Walhain, il n'y a ni trace ni souvenir d'une habitation de ce genre. En outre, Gérard et Simon Lorière citent nommément Hollërt ; il est de notoriété publique dans le pays que Grouchy fut l'hôte d'Hollërt ; à la mort de celui-ci, cette circonstance fut rappelée dans son oraison funèbre (qui m'a été communiquée par son arrière-petit-fils, M. Vianvier, notaire à Nil-Saint-Vincent). Enfin ce discours funèbre nous apprend qu'Hollërt fut couché après sa mort, d'après son vœu formel, sur la civière qui avait servi à transporter, le soir du 18 juin 1815, dans sa maison de Walhain, le général Gérard blessé à Bierge et qu'il avait pieusement conservée pendant quarante ans. Or nous savons par une lettre de l'intendant général Denniée que Gérard fut en effet transporté, après sa blessure, dans la maison où avait eu lieu, à midi, sa discussion avec Grouchy.

En résumé, il est possible qu'en 1815 un officier décoré habitât Walhain ou Sart-à-Walhain, mais on n'a gardé de lui nul souvenir, au lieu que le notaire Hollërt a bel et bien existé et a maintes fois porté témoignage que Grouchy avait été son hôte le matin du 18 juin.

[27] Grouchy, Observations, 15 ; Relation succincte, 33. Cf. la note précédente.

[28] Grouchy, Relation succincte, 27. Cf. Déclaration de Le Sénécal et lettres de Grouchy à Marbot (App. IV, 6 ; App. VIII, 50, 51, 56).

La mission de Pontbellanger ne paraît pas certaine. En tout cas, cet officier l'avait mal remplie, puisqu'il ne signala pas à Grouchy la présence à Mont-Saint-Guibert du détachement du colonel Ledebur (2 bataillons et 4 escadrons) qui resta là jusque vers 1 heure. (Voir la lettre de Ledebur. Bülow, Mont-Saint-Guibert, 18 juin, midi et demi, citée par von Ollech, 207.)

[29] Grouchy, Observations, 15 ; Fragm. histor., 8 ; Relat. succ., 33. Déclaration de La Fresnaye. (App. IV, 13.)

[30] Renseignement recueilli à Sart-à-Walhain (Walhain). (Arch. Guerre.) Cf. Grouchy à Napoléon, Sart-à-Walhain (Walhain), 18 juin, 11 heures. (Arch. Guerre.) Cf. Déclaration de La Fresnaye (Relat. succ., IV, 13) : Un officier décoré vint près de vous et vous dit que des colonnes prussiennes s'étaient portées sur Wavre, bien qu'il pellet que Blücher réunissait son armée vers Louvain.

Comme je l'ai expliqué précédemment, ce renseignement, qui est faussement numéroté deuxième renseignement, est en réalité le troisième renseignement reçu. C'est là qu'il est pour la première fois question de la Chyse. De même Grouchy parle pour la première fois de la Chyse dans la lettre écrite de Walhain à 11 heures.

Voici ce troisième renseignement : Les blessés filent sur Liège, se dirigeant sur Beauwale, Jodoigne et Tirlemont. Les disponibles et ceux qui n'ont pas pris part à la bataille de Fleurus marchent sur Wavre et quelques-uns sur Tirlemont. — La masse est campée sur la plaine de la Chyse, près de la route de Namur à Louvain. La plaine de la Chyse est à 2 lieues et demie de Wavre sur la droite, près de Goddechins. — Ce dernier avis est positif. C'est là qu'ils paraissent vouloir se masser. Ils disent qu'ils ont conservé le champ de bataille (à Ligny) et qu'ils ne se retirent que pour livrer bataille de nouveau après leur réunion qui a été combinée entre Blücher et Wellington.

[31] Grouchy à Napoléon, Sart-à-Walhain (Walhain), 18 juin, 11 heures du matin. (Arch. Guerre.)

La première partie de cette lettre est quelque peu confuse. Grouchy dit : Les Ier, IIe et 111e corps de Blücher marchent dans la direction de Bruxelles. Un corps venant de Liège a opéré sa jonction avec ceux qui ont combattu à Fleurus. Quelques-uns des Prussiens que j'ai devant moi se dirigent vers la plaine de la Chyse. Il semblerait que ce serait à dessein de s'y masser ou de combattre les troupes qui les poursuivraient ou enfin de se réunir à Wellington, projet annoncé par les officiers.

Grouchy croit-il donc que trois corps prussiens marchent vers Bruxelles et qu'un quatrième se dirige vers la Chyse ? Mais quel serait ce corps-là puisqu'il dit que le corps de Liège a fait sa jonction avec ceux qui ont combattu à Fleurus ? Et si Grouchy suppose que la masse de l'armée prussienne est déjà en marche sur Bruxelles, comment peut-il dire : Je vais me trouver à Wavre entre Wellington et l'armée prussienne. Comment encore, s'il pense que le gros des Prussiens s'approche déjà de Bruxelles, parle-t-il d'aller chercher un simple détachement dans lu contrées marécageuses de la Chyse ? Comment enfin, s'il croit que trois corps prussiens se dirigent sur Bruxelles, ne les suit-il pas au plus vite ou ne se rapproche-t-il pas de Napoléon, et se propose-t-il de commencer son mouvement seulement le lendemain ?

Donc, à comparer le commencement de cette lettre avec la conclusion, il est évident que, si Grouchy avait bien compris les renseignements de l'ancien officier, il les avait mal résumés clans sa lettre. Manifestement, le 18 juin, à II heures du matin, Grouchy croyait que la masse de l'armée prussienne était concentrée vers la Chyse. Il ne pouvait d'ailleurs croire autre chose, puisque, malheureusement, il regardait comme positifs les renseignements qu'il venait de recevoir et qui portaient : La masse est campée sur la plaine de la Chyse.

[32] Grouchy à Napoléon (Walhain), 18 juin, 11 heures du matin, et Rosieren, 19 juin. (Arch. Guerre.) Déclaration précitée du major La Fresnaye. (Relat. succ., App. IV, 3.)

[33] Gérard à Simon Lorière, 10 août 1819. Simon Lorière au général Hulot, 16 août 1819. (Arch. Guerre.) Gérard au colonel de Grouchy. (Quelques documents, 24.) Cf. Grouchy, Relat. succ., 33. Lefol, Souvenirs, 76.

[34] Simon Lorière au général Hulot, 16 août 1819. Gérard à Lorière, 10 août 1819. Déclaration du capitaine d'artillerie Thouvenin, attaché à l'état-major du 4e corps. (Arch. Guerre, Armée du Nord à la date du 18 juin.) Lettre de Denniée et rapport de Simon Lorière (cités par Gérard, Quelques Documents, 12, 13 et 18). Lettre de Valazé (citée par Gérard, Dernières Observations, 31). Gérard au colonel de Grouchy. (Quelques Documents, 24.) Cf. Grouchy, Rapport à Napoléon, Rosieren, 19 juin. (Arch. Guerre.)

[35] Lettre de Valazé, citée par Gérard. (Dernières Observations, 31.) Gérard au colonel de Grouchy. (Quelques Docum., 24.) Cf. Grouchy, Rapport à Napoléon, Rosieren, 19 juin, et Relat. succ., 33.

[36] Questionnaire de Grouchy et réponse de Bella. (Grouchy, Relat. succ., Append. IV, 43-44, 49-50.) Grouchy, Fragm. histor., 26.

[37] Rapport de Simon Lorière (cité par Gérard, Quelques Documents, 12-13). Lettres précitées de Valazé et de Denniée. Cf. rapport de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin. (Arch. Guerre.)

[38] Questionnaire de Grouchy. (Grouchy, Relat. succ., App., IV, 45.)

[39] Grouchy, Relation succincte, 33, et Déclaration du colonel de Blocqueville. (Id., App. V, 5.) Lettre précitée de Valazé. Cf. Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin.

[40] Lettres de Valazé et de Deniée. Grouchy, Relat. succ., 33. — Thouvenin, qui bien que se trouvant dans le jardin n'entendit pas la discussion rapporte que Baltus lui redit ces paroles quand on quitta Walhain.

[41] Lettre de Valazé. Grouchy, Relat. succ., 34.

[42] Lettre de Valazé.

[43] Lettre de Valazé. Grouchy, Relat. succ., 34.

[44] Grouchy, Relation succincte, 33. Cf. Questionnaire à Bella. (Relat. succ., App., IV, 45.)

[45] Rapport de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin. (Arch. Guerre.) Questionnaire à Bella. (Relat. succ., App., IV, 34.)

[46] Grouchy, Relation succincte, 34.

[47] Lettre d'Exelmans à Gérard, 1er février 1830. (Citée par Gérard, Dernières Observations, 13 et 25.) Relation d'un officier de l'armée de Grouchy. (Papiers du général G.) Cf. Rapport de Grouchy à Napoléon, Rosieren, 19 juin. (Arch. Guerre.) Grouchy, Relat. succ., 34. Déclaration de Le Sénécal et Questions à Bella. (App. IV, 7 et 44.) — Comme on le verra plus loin, Exelmans, pour préparer le mouvement sur la Dyle, avait déjà porté une brigade de dragons à quinze cents mètres d'Ottignies.

[48] Grouchy, Relation succincte, 34. Déclaration de Blocqueville. Rapport de Simon Lorière. Cf. Gérard, Dernières Observations, 41.

[49] Grouchy, Relation succincte, 34. Déclaration de Blocqueville. Rapport de Simon Lorière.

[50] Déclaration de Thouvenin. (Arch. Guerre. Armée du Nord, à la date du 18 juin.)

[51] Déclaration de Thouvenin.