Les grand'gardes françaises qui couvraient le front de l'armée, entre Clacy et Leuilly, n'entendirent rien du combat d'Athies. Le vent continuait à souffler de l'ouest et l'on tiraillait sans cesse sur toute la ligne des avant-postes. L'empereur qui s'était retiré à Chavignon resta ainsi toute la nuit du 9 au 10 mars dans la plus complète ignorance du désastre de Marmont. À l'heure même où le 6e corps, en pleine déroute, cherchait à atteindre le défilé de Festieux, Napoléon lui assignait son rôle dans la grande attaque qu'il projetait pour le lendemain au lever du jour. D'après la disposition, les divisions Charpentier et Boyer de Rebeval, soutenues par le corps du prince de la Moskowa, la vieille garde de Friant, les trois divisions de cavalerie de la garde et la réserve d'artillerie, devaient déboucher de Clacy et pousser les Alliés vers la Neuville. Le duc de Trévise, avec les divisions Porret de Morvan et Christiani, les dragons de Roussel et les Polonais de Pacz, formerait le centre de l'armée et se tiendrait prêt à appuyer l'attaque. À la droite, le duc de Raguse continuerait à manœuvrer ; de l'endroit où il se trouverait, pour menacer la route de Laon à Avesnes[1]. Le 10 mars, entre quatre et cinq heures du matin, Napoléon mettait ses bottes et demandait ses chevaux, lorsque deux dragons démontés, qui s'étaient échappés du champ de bataille d'Athies et qui avaient erré toute la nuit, sont introduits près de lui par l'officier de service. Ils racontent le hurrah, disent que tes troupes sont en pleine déroute, que le maréchal doit être pris ou tué. L'empereur doute d'abord. Il fait monter à cheval tous ses officiers pour courir aux nouvelles. Mais bientôt des rapports de reconnaissances viennent confirmer le récit des deux dragons. La défaite du corps de Marmont est trop certaine. Néanmoins le duc de Raguse n'est pas tué, il rallie ses troupes aux environs de Corbény[2]. L'événement était de nature à faire hésiter l'empereur. Sans la coopération de Marmont, le succès paraissait bien chanceux. Et, cependant, pour s'engager avec le 6e corps, l'ennemi n'avait-il pas dégarni Laon et ne pourrait-on pas s'en rendre maître par une attaque vigoureuse ? En tout cas, en n'abandonnant point le champ de bataille, on obligerait les Alliés à se concentrer et à arrêter la poursuite du maréchal. L'empereur se décida à rester devant Laon pendant la journée, résolu à se laisser guider par les circonstances pour garder la défensive ou prendre l'offensive. Au reste, malgré la résistance de la veille, malgré le hurrah de la nuit, l'empereur et ses lieutenants avalent toujours l'arrière-pensée que Blücher était prêt à évacuer Laon[3]. Conformément aux ordres envoyés à minuit du quartier général prussien, quatre corps alliés s'étaient mis en marche à la pointe du jour. York et Kleist, partis à la poursuite de Marmont, avaient dépassé Festieux, et Langeron et Sacken, manœuvrant pour couper la retraite à l'empereur, avaient leurs têtes de colonnes à Bruyères, lorsque chacun de ces généraux reçut soudain un contre-ordre le rappelant sous Laon[4]. Dans les dernières heures de la nuit, Blücher, déjà souffrant la veille et dont une journée entière passée sur un rempart, battu de tous les vents, n'avait point rétabli la santé, avait été saisi d'un très violent accès de fièvre. Le matin, il ne put se lever. Affaibli de corps et d'esprit et se sentant incapable de diriger les opérations, il délégua le commandement pour la journée à son chef d'état-major Gneisenau. Celui-ci n'accepta qu'à contre-cœur cette responsabilité, et quand arrivèrent les rapports des grand'gardes, annonçant que loin que l'armée française dessinât sa retraite, elle occupait les positions de la veille et semblait se préparer à une attaque, il fut véritablement pris de peur. — Il faut que la disposition de cette nuit soit tout de suite changée, dit-il à Müffling. Le plan projeté est trop hardi et peut nous perdre Les quatre corps doivent être rappelés sur-le-champ. Ceux de Bülow et de Winzingerode ne suffiraient ras pour résister à Napoléon. Müffling consterné tenta vainement de combattre les raisons de Gneisenau, le contre-ordre fut expédié[5]. Gneisenau renonçait à une manœuvre stratégique, qui pouvait amener la destruction totale de l'armée française, pour se limiter à une simple opération tactique où en raison de la forte assiette de sa position et de l'écrasante supériorité numérique de ses troupes, il était certain d'un petit succès. Si la prudence est la principale vertu militaire, le général Gneisenau était un grand homme de guerre. Winzingerode, qui couvrait le village de la Neuville, reçut vers neuf heures du matin l'ordre de débusquer les Français de Clacy. Woronzoff, chargé de l'attaque, fit d'abord canonner les maisons, puis, à dix heures la division Chowansky marcha sur le village, qu'occupait le général Charpentier avec une division et qu'il avait fortifié pendant la nuit. Deux des divisions de Ney vinrent s'établir, par un changement de front, parallèlement au chemin de Mons à Laon, à droite et en arrière du marais de Clacy, tandis que la brigade Pierre Boyer se maintenait toujours dans les premières maisons de Semilly. Le reste de l'armée française se déployait des deux côtés de la route de Laon, sa droite à Leuilly[6]. Charpentier laissa, sans tirer un coup de feu, les Russes s'engager en colonnes serrées sur l'étroite chaussée de Clacy ; quand ils furent à deux cents mètres du village, il les arrêta par une volée de mitraille aussitôt suivie d'une fusillade bien nourrie. Une seconde attaque de Chowansky, soutenue par une brigade fraîche et appuyée par une vaine charge de cavalerie à travers le marais à demi gelé, ne réussit pas davantage. Cinq fois encore, de midi à deux heures, l'infanterie de Chowansky, renforcée des divisions Laptew et Wuitzch revint à l'assaut, cinq fois elle fut repoussée. Une batterie établie par Ney au sommet de la butte de la Paillasse, sur le chemin de Mons, écharpait les colonnes russes. Malheureusement le feu de ces canons causa quelques pertes aux troupes de Charpentier, postées à l'avancée du village. L'empereur était venu à Clacy où, du clocher de l'église, il observait la montagne de Laon et le champ de bataille. On dit qu'il envoya un aide de camp au maréchal Ney afin que fût rectifié le tir de sa batterie[7]. Gneisenau voyant les attaques des Busses faiblir pensa à les faire soutenir par quelques régiments de Bülow, immobiles sur les crêtes et les versants de la montagne. Les mouvements des troupes prussiennes n'échappèrent pas à la longue-vue de l'empereur, et il en conclut que les Alliés se décidaient enfin à évacuer Laon. Pour presser leur retraite, il ordonna à Charpentier de faire une sortie et de pousser les Russes vers la Neuville, à Ney d'aborder Semilly, à Mortier de lancer une colonne sur Ardon. Ces trois points étaient fortement occupés. Les Français furent repoussés. À l'ouest de Semilly, néanmoins, un bataillon de Curial réussit à atteindre les premières rampes de la montagne. Les soldats criaient : victoire ! quand le feu d'une batterie, soudain démasquée, les contraignit à se replier sous une trombe de mitraille. Cette attaque générale ne fut point d'ailleurs tout à fait sans résultat. Les Alliés intimidés demeurèrent sur la défensive jusqu'à la fin de la journée[8]. Tant d'attaques repoussées depuis la veille et tant de cadavres amoncelés devant les positions ennemies témoignaient de l'impossibilité de la victoire. Napoléon cependant ne pouvait se résoudre à abandonner cette plaine de Laon. Peut-être sa ténacité accoutumée était-elle augmentée par la vision que cette partie perdue serait sans revanche. Drouot, puis Belliard, furent, dit-on, envoyés tour à tour, à la tête du bois de Clary, pour voir jusqu'où s'étendait la droite des Russes et si l'on ne pourrait point les déborder. Les deux généraux ayant répondu négativement, l'empereur se résigna à se retirer sur Soissons, qu'une petite garnison française avait réoccupé le 9 mars. Pour imposer à l'ennemi on continua à canonner. À la tombée du jour, l'armée se mit en marche vers Soissons : Charpentier et la cavalerie par Mons, Anisy et Laffaux ; Mortier et Friant par la grande route. Ney, général d'avant-garde le mutin des victoires et général d'arrière-garde le soir des défaites, reçut l'ordre de rester sur ses positions jusqu'au lendemain avec son corps, les dragons de Roussel et deux bataillons de Charpentier[9]. Il écrivait à Berthier : Ce n'est pas avec une poignée de monde qu'il est possible de bien faire une retraite devant une armée. Ce serait à la vieille garde même de faire la retraite[10]. D'ailleurs la nuit fut tranquille. Le 11 mars seulement, les Russes se décidèrent à inquiéter la retraite. Un parti de cavalerie attaqua Charpentier près de Pinon et lui lit quelques prisonniers. Sur la grande route, les Cosaques de Czernicheff, soutenus par quinze cents hommes d'infanterie et du canon, se mirent à la poursuite du corps de Ney. Deux bataillons, sous les ordres de l'adjudant-commandant Sémery, formaient l'extrême arrière-garde. Ennuyé par les Cosaques qui le harcelaient sans cesse, Sémery leur prépara une petite surprise. À la montée de Mailly, il fit embusquer son second échelon dans le bois qui borde la route, puis, dépassant ce point avec son premier échelon, il laissa les Cosaques le dépasser à leur tour. Comme ils précipitaient l'allure pour charger, le bataillon de Sémery fait demi-tour et marche contre eux, baïonnettes croisées. Les Cosaques prennent la fuite et redescendent la côte au petit galop, passant sous le feu à bout portant de deux ou trois cents fusils. Dès ce moment, les cavaliers ne suivirent plus la colonne qu'à la distance fort respectueuse de trois kilomètres[11]. L'armée opéra sa concentration à Soissons, sans être autrement inquiétée, dans l'après-midi et la soirée du 11 mars[12]. Les Français avaient perdu devant Laon plus de six hommes, tués, blessés ou prisonniers[13]. Mais deux jours durant, l'empereur, avec une poignée de combattants, avait imposé à l'ennemi, et le troisième jour, il avait quitté le champ de bataille comme on quitte un champ de manœuvres. La présence de Napoléon produisait toujours l'effet de la tète de Méduse : elle paralysait les Alliés en les terrorisant. Quel désastre menaçait la petite armée impériale si Blücher eût résolument lancé contre elle les masses énormes dont il disposait ! Les commandants de corps d'armée, au reste, furent singulièrement irrités du contre-ordre donné dans la matinée du 10 mars, et ne dissimulèrent pas leur mécontentement au quartier général. Woronzoff et Grolmann, chef d'état-major de Kleist, déclarèrent que c'était un grand malheur. Sacken, hors de lui, dit à Müffling : — Écoutez, monsieur le général, jusqu'ici j'ai toujours respecté les décisions du feld-maréchal, mais depuis quatre jours il a perdu la tête. Pourquoi avoir changé cette disposition qui nous aurait amenés à donner le coup de grâce à Napoléon ? Ce n'était pas seulement cette occasion perdue qui exaspérait les généraux russes. Les défiances et la jalousie étaient grandes entre les Alliés. Les Russes prétendirent que Gneisenau avait renoncé à l'attaque afin de ménager les troupes prussiennes qui étaient placées en première ligne. C'étaient les Russes seuls qui avaient combattu à Craonne. Blücher, frappé des grandes pertes qu'ils avaient subies, avait déclaré qu'à la première affaire les corps russes resteraient en réserve. Or, Gneisenau arrêtait l'opération projetée tout justement quand c'était aux Prussiens de marcher. York pensait avoir un autre motif de plainte. Il était en mésintelligence avec Gneisenau et il s'imaginait qua le chef d'état-major l'avais rappelé sous Laon afin de lui enlever l'honneur d'achever la défaite de Marmont. Trop fier pour récriminer, York se contenta de ne point paraître chez Blücher. Revenu s'établir entre Vaux et Athies le 10 vers midi, il passa cette journée au milieu de ses troupes, veillant aux mesures d'ordre et de discipline et faisant distribuer du pain aux malheureux habitants d'Athies que ses soldats avaient, la veille, pillés et incendiés. Dans une ronde de nuit, il aperçut une femme agenouillée. Il s'approcha avec son aide de camp pour chasser cette rodeuse, sans doute occupée à détrousser les morts. Mais celle-ci, une cantinière française du 6e corps, se dressant toute droite comme une Euménide, dit : J'ai bien le droit d'enterrer mon mari ![14] Le lendemain, de nouveaux ordres de Gneisenau en vertu desquels York devait prendre ses quartiers dans les environs de Corbény, qui étaient la contrée la plus ravagée du pays, achevèrent d'irriter lo vieux général. Il donna ses instructions à ses lieutenants pour la marche et les cantonnements ; cela fait, sans prévenir personne sauf son aide de camp. le comte de Brandeburg, il partit en voiture pour Bruxelles. Ce départ causa une grande émotion au quartier général et dans toute l'armée. Les officiers de Blücher voulaient qu'on déférât York à un conseil de guct.ro, mais ils n'osaient proposer une pareille mesure au feld-maréchal. On lui suggéra d'abord l'idée d'une lettre où, feignant de croire à une indisposition subite du général York, il lui exprimerait le vœu de son prochain rétablissement et de son prompt retour. Les amis d'York savaient que cette lettre ne ferait point fléchir sa résolution. Ils persuadèrent à Blücher d'écrire à York en ne prenant conseil que de son propre cœur. Atteint d'une sorte d'ophtalmie, le maréchal y voyait à peine ; il traça en grosses lettres ces trois lignes : Mon vieux camarade, l'histoire ne saurait raconter une chose pareille sur nous deux. Ainsi soyez raisonnable et revenez[15]. De son côté, le prince Guillaume de Prusse envoyait à York une lettre non moins honorable pour celui qui en était l'auteur que pour le général à qui elle était adressée : Le départ de Votre Excellence nous met, nous tous qui avions le bonheur d'être sous vos ordres, dans la plus profonde affliction. Nous connaissons votre caractère généreux et nous espérons que vous ne nous abandonnerez pas. Jamais la Prusse n'a eu besoin plus que maintenant, pour restaurer sa vieille gloire, de généraux tels que celui qui a donné le signal d'abattre la domination étrangère. Comme votre concitoyen et votre lieutenant, comme petit-fils, fils et frère de vos rois, je vous supplie de revenir parmi nous[16]. Si la discorde régnait à l'armée de Bohême, s'il y avait bien des jalousies, bien des défiances et bien des différends entre les Russes et les Autrichiens, les mêmes dissentiments se retrouvaient à l'armée de Silésie entre Russes et Prussiens et même entre Prussiens et Prussiens. C'est pourquoi Langeron voyant Blücher malade, presque aveugle, sans forces et sans volonté, et craignant, comme le plus ancien des généraux, d'avoir à assumer la responsabilité du commandement en chef, s'écriait au sortir de la chambre du feld-maréchal : Pour Dieu ! quoi qu'il arrive, emportons ce cadavre avec nous ![17] |
[1] Ordre du 9 mars, cité par Koch, I, 418-419. Cf. Fain, 171-172, et Correspondance de Napoléon, 21 480.
Ce plan d'attaque a été fort critiqué par les historiens militaires et nommément par Koch qui le déclare extraordinaire. En la circonstance, ces dispositions étaient-elles si condamnables ? Dans l'esprit de l'empereur, les choses ne s'étaient que peu modifiées depuis le matin, et s'il avait en alors des raisons pour attaquer l'ennemi, — il pensait que Blücher, déterminé à la retraite, ne défendrait pas Laon sérieusement, — ces mêmes raisons existaient encore. Blücher, en effet, n'avait engagé qu'une très faible partie de son armée, à peine la moitié du corps de Bülow et le tiers du corps de Winzingerode ; et par les positions assignées à ses troupes, il avait dissimulé à la vue de Napoléon quatre de ses corps d'armée sur six. Si, d'autre part, les Prussiens avaient fait une vigoureuse résistance, s'ils avaient repris Ardon, ils s'étaient cependant laissé débusquer de Clacy et des premières maisons de Semilly. La situation se trouvait donc telle qu'elle était le matin, supposé, bien entendu. — hypothèse confirmée par les faits, — que l'empereur ignorât le désastre d'Athies. À envisager leu choses de cette façon, il semble que Napoléon n'eût pas montré sa ténacité accoutumée si après cette journée passée en combats partiels et en tâtonnements il eût abandonné la partie. Ajoutez à cela que les nouvelles de Châtillon et de Troyes reçues l'avant-veille l'engageaient à tenter un coup de désespoir, que s'il refoulait Blücher, ce succès pouvait entraîner la retraite de toutes les armées coalisées ; qu'au contraire, s'il se retirait sans combattre, il allait lui-même se trouver dans la position la plus critique, entre Blücher invaincu et Schwarzenberg ranimé. Si donc, nous qui jugeons après coup, en connaissant et les effectifs de l'armée de Blücher et l'intention arrêtée du feld-maréchal de défendre Laon à tout prix, nous ne pouvons dire avec Thiers (p. 478) que la journée du 9 promettait de bons résultats pour le lendemain, nous devons admettre cependant que Napoléon, qui ne connaissait ni les desseins de l'ennemi ni les forces dont il disposait, était en droit de penser ainsi.
Vaudoncourt (II, 53-54...) ne se contente pas de critiquer cette disposition, il la considère comme apocryphe ou tout au moins comme devant s'appliquer à la journée du 9 mars. Sur ce dernier point, Vaudoncourt avance une grosse erreur. S'il s'agissait de la journée du 9. Napoléon ne dirait pas que Charpentier devra le matin déboucher de Clacy, puisque le 9, Charpentier était à la queue de la colonne et que, d'ailleurs, les Russes occupaient Clacy. Quant à (authenticité mime de l'ordre, nous devons avouer qu'il n'y a point trace de cette disposition dans le registre de Berthier, ce qui est tout à fait extraordinaire. Néanmoins l'assertion très vague du colonel Fabvier (Journal du 6e corps. p. 52), qui rapporte avoir entendu dire que Napoléon voulait faire un mouvement par le flanc droit et attaquer du côté d'Athies ne saurait être admise. Napoléon a toujours condamné les marches de flanc devant l'ennemi, et d'ailleurs il n'est pas plus question dans le registre de Berthier de cette prétendue disposition que de selle citée par Roch. Les paroles de Fain : Tout est prêt pour l'attaque, les ordres partent et le lendemain dès la pointe du jour l'affaire doit recommencer ; la lettre de Napoléon (21 460) : ... J'avais pris mes dispositions pour attaquer vigoureusement l'ennemi ; enfin les opérations, mêmes de la journée du 10, concordent parfaitement avec le dispositif que nous a conservé Koch. Il est vraisemblable que cet officier en tenait la copie du duc de Trévise qui lui avait communiqué une partie de sa correspondance militaire.
[2] Fain, 172. Rapport du poste de Nouvion, 10 mars, 2 heures et demie du matin. Arch. de la guerre.
[3] ... Il est probable que l'ennemi aurait évacué Laon sans l'échauffourée du duc de Raguse qui s'est comporté comme un sous-lieutenant. Chavignon, 11 mars. Correspondance de Napoléon, 21 461. — Le 10, à 9 heures du matin, Ney écrivait à Berthier, de la Tuilerie de Semilly : ... Le mouvement de l'ennemi semble se prononcer sur Vervins... Arch. de la guerre. Enfin, le 10, à 6 heures du soir, quand vraiment il n'était plus douteux que Blücher voulût se maintenir dans Laon, Berthier écrivait encore : Le prince de la Moskova maintiendra ses feux toute la nuit et partira une heure avant le jour. Il s'assurera, ayant de partir, que l'ennemi n'ait point évacué la ville... Registre de Berthier, Arch. de la guerre.
[4] Ordre de Blücher, Laon, 10 mars, cité par Plotho, III, 300 ; Müffling, Aus meinem Leben, 142, 144 ; Schels, I, 181-182.
[5] Müffling, Aus meinem Leben,
141 ; Bogdanowitsch, I, 352.
[6]
Ney à Berthier, tuilerie de Semilly, 9 heures du matin. Arch. guerre. Fain, 173 ; Schels, I, 183.
[7] Cf. Fain, 173 ; Correspondance
de Napoléon, 21 461 ; Koch, 120-121 ; Schels, I, 183 ; Wagner, III, 98, 99
; Bogdanowitsch, I, 350-391 ; Fleury, 384.
[8] Lettre de Blücher à Schwarzenberg, Laon, 10 mars, citée par Bogdanowitsch, I, 351, 510 ; Wagner, III, 98-99 ; Fain, 173.
[9] Registre de Berthier (ordres du 10 mars, bivouac devant Laon, 6 heures soir, et Chavignon, 8 heures et 9 heures). Arch. de la guerre.
[10] Ney à Berthier, Urcel, 11 mars, 5 heures du matin. Arch. de la guerre.
[11] Ordres de Ney, 10 mars. Rapport de Sémery à Ney. Rapport du général Rousseau à Ney. Lettre de Ney à Berthier, 12 mars. Arch. de la guerre.
[12] Registre de Berthier (ordres de 11 mars, Soissons, 4 et 5 heures du soir). Arch. de la guerre.
Des partis de cavalerie se montrèrent dans la journée du 11 aux bords de l'Aisne, entre Berry-au-Bac et Vic-sur-Aisne, sans rien entreprendra de sérieux contre nos troupes. Ils s'emparèrent seulement de quelques chariots de blessés sur les flancs de l'armée et délivrèrent un convoi de prisonniers russes. La veille, un pulk de cosaques trompant la vigilance des postes de cavalerie du général Grouvelle qui observait la route, à Laffaux, avait tenté un hurrah sur Soissons. Eu se retirant, ils avaient arrêté un petit convoi où se trouvaient, en voiture, le baron Malouet, préfet de l'Aisne, et à cheval le général Nansouty et quelques officiers qui étaient partis pour rejoindre Napoléon à Laon. L'escorte dispersée, le baron Malouet avait été fait prisonnier et Nansouty sabrant les cosaques avait gagné les bords de l'Aisne avec ses officiers. Vivement poursuivi, il allait y lancer son cheval, lorsque l'animal atteint d'une balle s'abattit, entraînant son cavalier dans sa chute. Les officiers étaient déjà de l'autre côté de la rivière. Le général se jeta à l'eau tout botté et traversa l'Aisne à la nage. — Proclamation de Blücher, Laon, 11 mars. Arch. de Laon. Fleury, 429-430 ; Bogdanowitsch, I, 453.
[13] Dans ce chiffre, sont naturellement comprises, les pertes de Marmont à Athies. Cf. la lettre de Ney à Berthier, Urcel, 11 mars, ou il dit que sa première division et la brigade de Boyer sont réduites en tout à 1.000 fusils. Arch. de la guerre. Plotho, III, 301-302 ; Wagner, III, 101 ; Schels, I, 186. — D'après les rapports étrangers, les Alliés auraient perdu seulement 3.500 hommes.
[14] Müffling, 144, 146 ; Droysen, III,
335, 362 ; Bogdanowitsch, I, 352, 354.
[15] Droysen, III, 356. Cf. Müffling,
146, et Bogdanowitsch, I, 355.
[16] Lettre citée par Droysen, III, 368. — À la suite de la lettre de Blücher et de celle du prince Guillaume, York vint reprendre bon commandement.
[17] Müffling, Aus meinem Leben, 148.