WALA ET LOUIS LE DÉBONNAIRE

 

CHAPITRE QUATRIÈME.

 

 

INFLUENCE CROISSANTE DE JUDITH.-DEUXIÈME CHUTE DE WALA.-POUVOIR DESPOTIQUE DE BERNARD, DUC DE SEPTIMANIE.

 

La première femme de Louis, Irmengarde, était morte en 818[1], une année à peine après le meurtre de Bernard. Louis avait eu l’idée d’abord de cacher sa douleur dans un monastère[2] ; mais il n’avait pas tardé à céder aux suggestions des courtisans, intéressés à ce qu’il régnât, et, dès l’année suivante, il avait épousé en secondes noces la jeune et noble Judith, fille du comte agilolfingien Welf[3].

Judith était d’une beauté ravissante ; les pieux évêques de la cour de Louis sont unanimes à l’attester[4]. Mais elle n’était pas belle seulement : gracieuse et enjouée, douce et insinuante, elle réunissait toutes les qualités qui captivent le cœur des hommes ; courageuse et sensée, instruite et spirituelle, elle avait tout ce qui enchaîne leurs esprits[5].

C’était, en tout cas, bien plus qu’il n’en fallait pour maîtriser la faible volonté de Louis, qui, à partir de ce mariage, ne fut que l’esclave docile des caprices de sa femme. Elle devint le centre de toute grâce et de toute faveur ; vers elle affluèrent les demandes et les requêtes ; on s’adressait à elle pour acheter son pardon ou obtenir un bienfait[6] ; la collation des plus riches abbayes dépendait de ses volontés[7].

L’aristocratie franque ne trouva rien à redire à l’influence de Judith, aussi longtemps qu’elle respecta ses droits et gouverna d’accord avec elle[8] ; mais un événement inattendu, bien que facile à prévoir, vint subitement rompre cette bonne harmonie : Judith accoucha d’un fils, celui-là même qui depuis s’appela Charles le Chauve (823)[9]. L’amour d’une mère, qui d’ailleurs pouvait invoquer en sa faveur l’ancienne coutume germanique, ne pouvait permettre que cet enfant, aussi légitime qu’aucun de ses frères, fût exclu de l’héritage paternel ; d’un autre côté, l’intérêt de l’aristocratie, qui de la constitution de 817 avait fait son palladium, exigeait impérieusement la déshérédation du nouveau-né : tôt ou tard une lutte était inévitable.

Judith, qui réunissait en elle les deux qualités principales du chef départi, esprit d’intrigue et énergie de caractère, essaya d’abord de ruser avec l’aristocratie, pour en obtenir par la douceur ce qu’elle n’osait encore lui demander par la force. Elle s’adressa personnellement à Lothaire, empereur désigné, héritier présomptif de l’empire presque entier, et, à force de prières, de sollicitations, d’importunités, elle lin arracha enfin le serment de servir de tuteur et de défenseur à son jeune frère envers et contre tous, quel que fut d’ailleurs le royaume que son père lui assignerait[10]. Pour plus de sûreté, elle fit en sorte que Lothaire devînt le parrain et père spirituel de son enfant[11].

Mais ce n’était pas là le compte de l’aristocratie. Hugues, Matfried et les autres chefs du parti étaient trop avisés pour ne pas voir qu’une seule infraction au pacte de 817 renversait tout l’édifice si péniblement élevé par eux ; et, à leur tour, ils se mirent à agir dans un sens opposé sur l’esprit faible et vacillant de Lothaire. Ils le firent avec tant d’habileté, que le jeune prince, bien qu’il n’osât ouvertement reprendre sa parole, fit tout pour prouver à son père qu’il ne se croyait plus lié par le serment antérieurement prêté[12].

Il ne pouvait rester longtemps douteux pour Judith que le revirement d’idées de Lothaire devait être attribué à l’influence qu’exerçait sur lui la faction aristocratique ; à partir du jour où elle en eut acquis la certitude, la perte de ce parti fut résolue dans son âme. Elle n’eut pas grande peine à ranger Louis à son opinion ; l’empereur n’avait jamais aimé ni Wala ni les siens. Mais ce n’était pas tout d’obtenir le consentement de l’empereur ; il fallait trouver une occasion favorable pour attaquer avec succès le pouvoir de l’aristocratie ; qui avait grandi de toute la faiblesse de Louis ; cette occasion, ce furent les affaires d’Espagne qui la donnèrent.

La frontière des Pyrénées avait été assez tranquille pendant les premières années du règne de Louis le Débonnaire, par suite du peu de goût que les chefs supérieurs des deux cotés avaient pour une guerre de pillage, aussi peu glorieuse que peu profitable[13]. Mais lorsque le comte goth de Barcelone, Béro, marquis de la frontière espagnole depuis la prise de cette ville[14], eut été accusé et convaincu, les armes à la main, du crime de haute trahison[15], les comtes de la Marche, de peur que leur indolence ne reçût la même explication, reprirent les hostilités avec plus de vigueur[16]. Parmi tous se distinguait par sa bravoure et son audace Bernard, le nouveau comte de Barcelone.

La fortune fut loin cependant de favoriser les Francs ; leurs échecs se succédèrent avec une rapidité effrayante. En 823, Bernard fut défait et repoussé jusque dans Barcelone. En 824[17], une armée franque envoyée en Navarre périt en grande partie dans la vallée de Roncevaux. En 826 enfin, la Marche presque entière fut soulevée par le Goth Aïzon[18], auquel ne tardèrent pas à se joindre les principaux d’entre la nation gothique, mécontents de la préférence accordée sur eux aux leudes francs[19].

Le dernier échec était trop grave pour que le gouvernement central ne prît des mesures énergiques. Le placite général réuni à Ingelheim (octobre 826) envoya sur-le-champ à la frontière espagnole le chancelier Hélisachar[20] avec ordre d’arrêter, à tout prix, le mouvement insurrectionnel des Goths, et d’annoncer de prompts renforts à Bernard, qui seul tenait les ennemis en échec derrière les fortes murailles de Barcelone. Hugues et Matfried, les deux chefs militaires de l'aristocratie, recevaient en même temps la mission de réunir pendant l’hiver une armée puissante qui pût entrer en campagne dès les premiers jours du printemps[21]. Les deux ducs levèrent en effet des troupes innombrables et se mirent en mouvement vers la frontière (827), accompagnés du roi Pépin. Mais ils détestaient trop Bernard, dont la gloire militaire leur faisait ombrage, pour désirer le tirer trop tôt d’embarras : ils avancèrent donc avec une telle lenteur[22], que l’armée arabe put ravager à loisir les environs de Barcelone, et s’en retourner paisiblement à Saragosse sans même avoir vu de loin l’avant-garde du hériban franc[23].

La conduite de Hugues et de Matfried, attribuée généralement à la lâcheté, causa une indignation universelle en France[24] ; Judith en profita habilement pour perdre ses ennemis. Elle les fit accuser de trahison et de lâcheté devant le placite réuni à Aix en février 828, et arracha aux leudes, tout émus encore de ce honteux désastre, une sentence de dégradation[25]. C’était donner à moitié gain de cause à l’impératrice ; il ne lui restait, pour abattre complètement le parti aristocratique, qu’à vaincre l’influence de Wala, puissante encore dans le placite des Francs. L’entreprise était difficile ; mais un premier succès la rendait plus confiante, et elle n’était que trop bien soutenue d’ailleurs dans ses intrigues tortueuses par tout l’entourage immédiat de l’empereur, tant courtisans qui tenaient à se venger des hauteurs du ministre, que clercs du palais que l’abbé de Corbie avait toujours poursuivis comme des intrigants avides[26].

Wala crut pouvoir mieux affronter l’orage en le brusquant, et au lieu d’attendre qu’on l’attaquât, il attaqua lui-même, avec une véhémence inouïe, la cour et l’empereur, au placite convoqué à Aix en décembre 828, pour délibérer sur les moyens les plus propres à faire cesser les maux de l’empire[27]. S’adressant directement à Louis, l’abbé de Corbie, qui avait eu soin de mettre d’avance par écrit un certain nombre de faits scandaleux, imputables aux conseillers intimes de l’empereur[28], annonça à son maître, dans les termes les plus durs, que les maux les plus grands fondraient sur lui s’il osait porter la main sur ce qui avait été édifié en commun. Que le roi, s’écriait-il, prenne, pour diriger son peuple, des hommes probes et expérimentés, haïssant U avarice et craignant Dieu, et qu’il se garde de choisir à son caprice ceux qui lui plaisent. Car, je te le dis, ô Roi, si tu ne remplis pas ces préceptes, il l’attend des malheurs plus grands encore que ceux qui déjà t’ont frappé, et nous tous nous périrons avec toi. Ainsi ne néglige pas tes devoirs, vu qu’en toi, selon Salomon, est la force de l’empire[29]. Puis, s’attaquant à la politique de Judith, qui tâchait d’attirer à elle une partie du clergé en disposant des dignités ecclésiastiques en faveur de ses créatures[30], il continuait : Que l'empereur et roi se contente de son office, et ne se mêle que de ce qui rentre dans ses attributions, laissant aux évêques et aux ministres du culte le soin d’ordonner les affaires divines[31]. Et encore : Je voudrais, grand Empereur, que tu nous dises de quel droit tu disposes des honneurs ecclésiastiques ? Les biens des églises reçus en aumônes leur appartiennent de droit, et si tu crois pouvoir transmettre l’Esprit saint, sache que tu transgresses ton office. C’est avec le clergé et le peuple et les saints prélats que tu as à faire les élections, sans te laisser guider par aucune considération autre que l’intérêt divin. Que le roi se serve des revenus de l’Etat pour l’usage de ses soldats, mais que le Christ conserve les biens de ses églises pour l’usage de tous les indigents et sous la garde de ses ministres ; le devoir du roi est de les confier à des dispensateurs fidèles. Car l'apôtre dit que les ravisseurs n’auront pas le règne éternel : combien moins l’auront ceux qui volent les biens de Dieu et des églises[32].

Quelques-uns des évêques présents, du parti de l’empereur sans doute, tout étourdis de la véhémence de ces attaques, crurent embarrasser Wala, en lui demandant comment il entendait donc réorganiser l’Eglise ? Mais après sa philippique on ne put plus rien en tirer[33] ; l’impression qu’d avait désiré produire sur le placite était faite. Sous le coup de son ardente parole, on venait de voter la réunion de quatre synodes provinciaux[34], qu’il comptait bien diriger au profit de son parti, avec l’aide de ses amis, maîtres des principales chaires archiépiscopales de l’empire.

Il avait bien calculé. Les quatre conciles, réunis en juin 829, délibérèrent sous la pression du parti aristocratique, et présentèrent à l’empereur, au grand placite de Worms (août 829), des propositions qui, sous un ton humble et soumis, cachaient un esprit d’opposition des plus dangereux[35]. A chaque page les évêques y suppliaient respectueusement le roi de ne pas courir à sa damnation éternelle, en persévérant dans la voie dans laquelle il s’était engagé ; mais sous les supplications perçaient les menaces. En tête du chapitre relatif à la puissance royale, on lisait les paroles significatives que voici : Le roi est appelé de ce nom pour agir avec rectitude. S'il règne pieusement, miséricordieusement, justement, il s'appelle roi à juste titre. Sinon, il n'est pas roi, mais tyran[36].

Ainsi l’aristocratie jetait hautement, parla bouche des évêques, le défi et l’insulte à la face de la femme audacieuse qui osait songer à défaire ce qui, d’un consentement unanime, avait été fait à Aix, onze ans auparavant. Il fallait que Judith renonçât aux rêves qu’avait caressés son cœur maternel, ou qu’elle hasardât une lutte à outrance. Son orgueil de femme, son amour de mère ne lui permirent pas d’hésiter. Au moment même où ses ennemis, forts de leur nombre, forts de la sympathie des trois princes impériaux, songeaient à annuler la condamnation qu’on leur avait surprise contre quelques-uns des leurs, et à réintégrer dans leurs honneurs Hugues et Matfried[37], devenus ses ennemis irréconciliables, elle risqua audacieusement un coup d’état. Un simple édit impérial, sans concours du placite, assigna l’Alémanie au jeune Charles, et lui donna comme protecteur, avec des pouvoirs illimités, le duc de Septimanie Bernard, nommé camérier du palais[38]. Ainsi, dit Pascase Radbert, le caprice d’une femme osait briser la volonté de l’aristocratie franque[39].

Bernard, duc de Septimanie, est, après Wala, le caractère le plus fortement accentué du règne de Louis le Débonnaire. Mais tandis que le chef du parti ecclésiastique a eu le bonheur de trouver dans l’ami de toute sa vie un biographe plein d’amour pour son héros, Bernard ne nous a été dépeint que par des hommes qui lui voulaient du mal. Sa position exceptionnelle, à l’écart de tous les partis, a attiré sur sa tête les anathèmes de tous les camps. Tandis que Pascase Radbert[40], organe de l’aristocratie, ne le traite que de scélérat et de monstre, les partisans de Louis et de Charles le Chauve, oublieux de ses premiers services à l’encontre des deux princes, ne se souviennent dans leurs portraits que de ses querelles postérieures avec l’empereur, et de sa mort tragique sous le poignard de Charles le Chauve[41]. Ce concert d’invectives et de calomnies ne doit pas aveugler le jugement impartial de l’histoire, et la faire souscrire sans appel à la condamnation de Bernard. Le duc de Septimanie fut un homme d’une trempe supérieure, qui n’eut qu’un grand tort, celui de vouloir tout être par lui-même et ne rien devoir à personne. Tout le monde se ligua contre lui, et il succomba à la fin sous les coups de tout le monde.

Et pourtant sa naissance paraissait appeler Bernard à jouer un autre rôle. Il était le fils de ce duc de Toulouse que l’histoire[42], la légende[43] et le roman[44] se sont également plu à illustrer sous le nom de saint Guillaume ou de Guillaume au Court-Nez, le marquis de Narbonne. Son père, après avoir dû à ses exploits guerriers, plus encore qu’à son illustre naissance, le premier rang à la cour de Charlemagne[45], avait, sur la fin de ses jours (806), quitté le monde et fondé le monastère de Saint-Guilhem du désert, afin de racheter par les occupations les plus humbles les péchés de sa vie antérieure[46]. L’admiration du monde l’avait suivi dans sa solitude, et de son vivant déjà sa réputation de faire des miracles avait fait de lui un saint révéré dans tout l’empire.

Fils aîné d’un homme que son origine, ses exploits et sa sainteté mettaient tellement en évidence au milieu de l’aristocratie franque, Bernard paraissait destiné à briller à sa tête. Sa parenté avec Wala, qui avait épousé sa sœur[47], semblait le rattacher davantage encore au parti puissant dont l’abbé de Corbie était le chef. Mais il en arriva tout autrement ; Bernard, qui ne voulait suivre aucune autre route que celle de son ambition, refusa de rattacher ses destinées à celles du parti aristocratique, dans l’espoir sans doute d’arriver plus vite et plus haut en agissant pour son propre compte.

En effet, la faveur de l’empereur, dont il était le filleul[48], lui fit obtenir, jeune encore, le comté de Barcelone, auquel était attaché le titre de duc de Septimanie et la présidence de la Marche gothique[49], séparée depuis 817 du royaume d’Aquitaine[50]. Là, au milieu d’expéditions aventureuses contre les Arabes, il développa davantage encore le caractère indépendant et hautain que lui avait donné la nature[51]. Sa fierté manqua lui être fatale, lorsque Hugues et Matfried, pour satisfaire à de vieilles rancunes, laissèrent, par une lenteur calculée, peser sur lui seul tout le poids de la guerre (827). Mais ce qui devait le perdre fut la cause de sou élévation : tandis que sa résistance héroïque portait au plus haut degré sa réputation militaire, ses deux ennemis recevaient dans l’exil le prix de leur Lâcheté ou de leur mauvais vouloir[52].

L’accusation et la poursuite des deux leudes mirent sans doute Judith et Bernard en relations plus intimes, et révélèrent à l’impératrice tout le parti qu’elle pouvait tirer de l’appui d’un homme aussi entreprenant que l’était le duc de Septimanie. Elle hésita cependant à se jeter dans ses bras aussi longtemps qu’elle espéra obtenir par des intrigues le consentement de Lothaire à un nouveau partage, ou entraîner le placite à modifier la succession établie en 817. Ce ne fut que lorsque la diète de Worms de 829 lui eut définitivement démontré que les moyens légaux étaient insuffisants pour la faire arriver à ses fins, qu’elle en appela à l’audace de Bernard contre la fermeté de Wala.

Les écrivains du parti aristocratique ont répété à satiété que Bernard fut l’amant de Judith[53]. Je ne veux pas m’inscrire en faux contre un bruit universellement accrédité parmi les contemporains, accepté sans hésitation par les écrivains postérieurs[54], et confirmé, à ce que prétend la tradition, par le fils même de l’impératrice[55] ; mais j’affirme que l’amour ne fut pas la cause principale de l’alliance intime de Judith et de Bernard. Le véritable motif de leur liaison, ce fut leur intérêt à tous deux. Elle, elle voulait conquérir un royaume à son fils, et avait besoin d’un homme énergique et entreprenant pour briser la résistance de l’aristocratie[56]. Lui, il désirait à tout prix le pouvoir, et savait qu’il ne pouvait s’en saisir qu’en s’appuyant sur la femme toute-puissante du faible empereur[57]. L’alliance conclue par eux pour des motifs politiques ne dura qu’aussi longtemps que ces motifs subsistèrent ; lorsque, plus tard, leurs chemins divergèrent, ils devinrent ennemis acharnés.

Les vues de Judith en contractant cette alliance, sont si simples et si naturelles, qu’il est inutile d’insister. Plus ambitieuse pour son fils que pour elle-même, elle prodiguait tout ce que le ciel lui avait donné de grâce et d esprit pour lui acquérir une belle couronne ; c’était son amour maternel qui lui inspirait ses intrigues, comme il la conduisit plus tard à commander des armées[58]. Quant aux plans de Bernard, ils sont plus difficiles à déterminer. En tout cas, je ne puis croire qu’il ait voulu rester sa vie durant l’instrument de Judith ; pour un homme de sa trempe, il faut être le premier ou ne rien être, il n’y a pas de milieu. Lorsque plus tard, déchu de la faveur impériale, Bernard se retira en Septimanie, il s’y rendit si complètement indépendant, qu’il ne négocia pas seulement d’autorité à autorité avec Louis, mais qu’il put même paraître, tout comme un des quatre rois carlovingiens, avec une armée à lui, dans les champs de Fontenay[59]. Pourquoi, je le demande, n’aurait-il pas essayé, au commencement de sa carrière, sur un champ plus vaste, ce qu’il accomplit avec succès dans le midi de la Gaule pendant la seconde moitié de sa vie ? Le moine de Saint-Bertin n’a pas tort, quand, racontant la mort de Bernard, par l’ordre, peut-être par la main même, de Charles le Chauve, il dit : Le comte de la Marche espagnole, Bernard, qui depuis longtemps préparait de grands projets et prétendait à ce qu’il y a de plus haut, fut accusé de lèse-majesté[60]. Oui, depuis son premier pas dans la carrière politique, Bernard visa au souverain pouvoir, et, en s’alliant à Judith, il n’aspirait à rien moins qu’à devenir le maître absolu de l’empire franc. Ses ennemis l’ont accusé d’avoir voulu assassiner l’empereur et écraser ensuite l’un après l’autre les princes impériaux et les leudes les plus puissants[61] ; en cas d’échec, il se serait réfugié avec Judith auprès des Arabes[62]. Jamais la haine politique, je me hâte de le dire, n’a inventé mensonge plus absurde. Non que je veuille me faire le champion de la haute moralité de Bernard, et soutenir qu’il était incapable des crimes de meurtre et de trahison. L’histoire de sa nation lui enseignait à chaque page que le meurtre était vertu royale, et l’exemple de Béra ou d’Aïzon lui montrait le chemin pour passer aux Arabes. Mais comment supposer qu’un homme de la portée de Bernard eût méconnu sa position au point d’assassiner celui dont le prestige impérial était sa seule arme contre la haine de l’aristocratie ?

Son pouvoir, en effet, reposait, exclusivement sur la faveur impériale. Ses fonctions de camérier impliquaient en elles-mêmes une position fort secondaire : celle d’un espèce de majordome chargé de la police du palais, de la surveillance des ornements royaux et de le réception des dons annuels[63] ; mais, par ses rapports intimes avec l’empereur, au lieu d’être un officier du second ordre, Bernard était la seconde personne de l’empire[64]. Louis par sa faveur l’avait investi de la toute-puissance royale[65], et c’était au nom de la royauté qu’il allait attaquer en face l’aristocratie franque.

Une pareille entreprise était une tentative inouïe dans l’empire franc. Louis avait, il est vrai, renversé en 8i4 le parti aristocratique pur représenté par Wala ; mais il n’en avait pas moins continué de gouverner conjointement avec l’aristocratie, dont le placite était l’expression légale. Rien de pareil en ce moment. Bernard avait été investi d’un pouvoir discrétionnaire, non-seulement sans l’assentiment, mais contre la volonté formelle de l’aristocratie. Le but qu’on se proposait ouvertement d’atteindre, c’était le renversement de la charte de 817. L’aristocratie, qui voyait dans cette charte le palladium de ses droits, ne pouvait manquer de protester contre des mesures tyranniques qui ne tendaient à rien moins qu’à l’écraser tout entière. Le conseil impérial, fidèle aux traditions de Wala, montra dès les premiers jours au nouveau favori une hostilité non équivoque. Mais Bernard n’était pas homme à se laisser arrêter par si peu ; il releva hardiment le gant, en supprimant le conseil du palais et en privant de toute influence politique ceux qui jusqu’alors avaient passé pour les premiers d’entre les Francs[66]. Eginhard lui-même, si longtemps favori de Charlemagne et de Louis, n’échappa pas à la proscription générale des anciens serviteurs des deux empereurs. Malade, dégoûté de la vie, prévoyant la guerre civile, il alla dans son abbaye de Seligenstadt, prier pour l’empereur, qu’il ne pouvait pas défendre et qu’il ne voulait pas attaquer[67]. Tel était l'abattement du vieux disciple de Charlemagne, que, laissant tomber de sa main la plume de chroniqueur, qu'il tenait depuis sa première jeunesse, il ne voulut plus rien inscrire dans ses annales après la nomination de Bernard, dont son expérience lui disait à l'avance toutes les suites calamiteuses[68]. Avant que de quitter la cour cependant, il crut de son devoir d'adresser un dernier avertissement à son ancien bienfaiteur[69], et lui prédit, par la bouche de l'archange Gabriel tous les maux qui allaient fondre sur lui. Ce fut peine inutile ; ses conseils n'eurent pas plus de succès auprès de Louis que n'en avaient eu ceux de Wala : si l'empereur n'était pas fasciné par des sortilèges, comme le prétendait la foule, il était au moins aveuglé par les charmes de Judith.

Il faut le dire, du reste, il était difficile de croire à des prédictions sinistres, au milieu du calme apparent qui régnait dans tout l'empire. Bernard semblait complètement victorieux ; rien ne résistait à sa volonté ; il distribuait à son gré les dignités du palais et les offices de l'empire à ses seules créatures[70]. Tout allait donc à souhait ; un peu de patience encore, et rien n’empêcherait plus d’assigner à Charles la part la plus belle dans l’héritage paternel. Sous le prestige de leur ardent désir, Louis et Judith voyaient déjà l’aristocratie définitivement vaincue, et la charte de 817 lacérée sans retour.

Ils présumaient trop de Bernard et des forces qu’ils avaient remises entre ses mains. Les ressources dont disposait le ministre n’étaient certes pas à mépriser ; d’abord, par son alliance intime avec Judith, dont la volonté était la volonté de l’empereur, il possédait toute la puissance impériale, c’est-à-dire non-seulement la force matérielle du gouvernement central, mais encore le prestige attaché aux titres de roi chrétien et d’empereur romain. Il était sûr ensuite des sympathies de la Germanie proprement dite, qui voyait en lui non-seulement le favori d’un monarque bien aimé, mais encore le défenseur du principe essentiellement germanique de l’égalité des droits de tous les enfants. Enfin, s’il ne comptait que des créatures dans son parti, il ne faut pas oublier que son génie valait bien des alliés. Mais Bernard avait en face de lui un homme qui ne lui cédait pas en talents, et qui pouvait jeter dans la balance des forces plus formidables encore que les siennes.

Jamais descendant de la famille d’Héristal n’avait eu l’âme plus inflexible que Wala ; ni espoir du présent, ni crainte de l’avenir, ni promesse des biens, ni menace des supplices, rien n’était capable de le détourner de ce qu’il appelait l’amour du Christ, de la patrie et de l’empereur[71]. L’idée qu’il embrassait avec ferveur depuis sa jeunesse, celle de l’unité de l’Eglise et de l’Etat, il l’avait peut-être gravée plus profondément encore dans son cœur le jour où il était entré au couvent. Auparavant, il l’avait défendue comme homme politique, comme duc, comme élève de Charlemagne ; depuis lors, il la défendait en outre comme prêtre, comme abbé, comme soldat du Christ. Sa conviction, poussée jusqu’au fanatisme, lui donnait une force irrésistible ; persuadé lui-même qu’il servait Dieu, l’empereur, ses fils, la patrie, les églises, la religion, les leudes, le peuple, en défendant les principes dont il s’était constitué le champion, il faisait passer sans peine son énergique conviction dans les cœurs de tous ceux qui l’entouraient[72]. Ses dehors étaient humbles, mais son âme était de fer ; et si souvent on l’entendait s’écrier les yeux baignés de larmes : Malheur à moi, ô ma mère, de ce que tu mas mis au monde pour être une cause de discorde par toute la terre[73], il n’en restait pas moins inflexible dans la voie qu’il s’était tracée ; et, au milieu des prières, des jeûnes, des gémissements, des torrents de larmes qui remplissaient ses jours et ses nuits[74], il dirigeait avec un calme imperturbable les desseins de son parti.

Ce parti était peut-être moins nombreux que celui qui, pour le moment, obéissait à Bernard ; mais il lui était infiniment supérieur en lumières et en talents, parce qu’il comprenait tout ce que la France comptait alors d’hommes distingués, hormis Bernard lui-même[75]. La bannière sous laquelle Wala les avait tous ralliés, c’était l’idée de l’unité politique et religieuse de l’empire franc, sous la double suprématie de l’empereur et du pape[76]. Et ce drapeau ne pouvait être déserté ni par le haut clergé ni par les leudes puissants qui lui avaient prêté serment ; car, en y renonçant, les grands vassaux, dont le pouvoir reposait sur l’unité de l’empire ; les évêques, qui ne voyaient pas d’autre digue à la barbarie que l’alliance du Saint-Siège et de l’empire, se suicidaient eux-mêmes en faveur de l’anarchie ou de la barbarie.

La résistance de l’aristocratie franque aux desseins arbitraires de Bernard fut retardée quelque peu par une maladie grave que fit Wala au sortir même du placite d’Aix[77]. Mais à peine fut-il entré en convalescence, que son couvent se remplit des chefs laïques et ecclésiastiques de son parti, qui venaient raconter avec indignation les histoires les plus scandaleuses sur ce qui se passait au palais[78]. Wala, qui était peu ami des mesures violentes, voulut, avant que de prendre un parti énergique, essayer une-dernière fois la voie de la douceur, et se rendit lui-même à Aix-la-Chapelle ; mais en vain épuisa-t-il son éloquence à l’égard de Louis et de Bernard lui-même ; l’un était trop content d’être délivré de la tutelle de l’aristocratie, l’autre trop aveuglé par l’ambition, pour qu’ils prêtassent l’oreille à ses paroles[79]. Il s’en retourna donc à son monastère concerter avec les siens le plan à suivre en pareille conjoncture ; les conseillers et leudes, autrefois les premiers du palais, alors dépouillés de leurs honneurs ; les comtes, les évêques les plus illustres de l’empire ne tardèrent pas à affluer à Corbie, et il se forma comme un comité permanent de révolte dans l’enceinte du monastère[80].

Cependant Wala hésitait encore ; il savait le prestige du nom impérial, et craignait de compromettre son parti en appelant le peuple aux armes, pour la seule raison que le palais servait d’asile à l’adultère ; les Francs, depuis longtemps, ne faisaient que rire des amours adultères de leurs rois[81]. Mais lorsqu’on vint lui annoncer que le bruit populaire accusait Bernard de vouloir assassiner l’empereur et ses fils, il déclara le moment d’agir arrivé ; je doute qu’il ajoutât foi lui-même à l’existence d’un plan pareil[82], mais en tout cas c’était là un excellent prétexte de révolte ; on prenait les armes contre l’empereur pour lui sauver la vie[83].

Il ne s’agissait plus, pour engager la guerre civile, que de s’assurer de la coopération d’un pouvoir tout constitué, en impliquant dans le complot l’un ou l'autre des fils aînés de Louis, déjà rois eux-mêmes[84]. Celui qui avait le plus à se plaindre de l’élévation de Bernard, c’était Lothaire, sur la part duquel on avait pris l’apanage de Charles ; mais Lothaire avait été envoyé en Italie par le prudent camérier (829)[85] ; trop éloigné, par conséquent, du centre de l’empire pour pouvoir à l’improviste conduire une armée contre son père, il ne pouvait que promettre sa coopération postérieure à un complot qui remplissait ses vœux les plus ardents[86]. Le jeune roi de Bavière, Louis le Germanique, remplissait moins encore les conditions nécessaires pour donner un chef à la révolte : car, sans compter le dévouement personnel des Germains à l’empereur, Louis, dont l’impératrice se défiait, malgré son mariage avec sa propre sœur[87], se trouvait pour lors sous bonne garde au palais paternel[88]. Wala ne pouvait donc s’adresser qu’au roi d’Aquitaine, Pépin, pour en faire le chef nominal du mouvement ; mais il pouvait le faire d’autant mieux, que le jeune homme remplissait à merveille toutes les conditions requises pour jouer le rôle qu’on lui destinait. Son royaume d’Aquitaine, assez éloigné de la cour d’Aix pour être complètement en dehors de sa surveillance, touchait cependant aux confins de la Neustrie ; quant à lui-même, il avait, pour l’engager à la révolte, de vieux griefs à faire valoir contre son père.

Bien que marié, par ordre de son père, à une femme franque (822)[89], Pépin était devenu complètement Aquitain, et avait pris, avec les mœurs polies et légères du Midi, toutes les habitudes d’indépendance qui distinguaient les habitants d’outre Loire. D’une beauté remarquable, il se livrait jour et nuit à la chasse, à l’ivresse, à la débauche[90], et s’était par là attiré au plus haut point les mauvaises grâces de son père ; mais Louis lui reprochait plus amèrement encore, et comme empereur et comme père, l’isolement où il se tenait et ses rares apparitions aux placites francs. On avait voulu le forcer à sortir de sa réserve, en exilant les conseillers accusés de le pervertir[91] ; on avait essayé de parler à sa conscience, en lui faisant dédier, par l’évêque d’Orléans Jonas, un livre des devoirs des rois[92] ; mais ni les menaces ni la douceur n’avaient eu prise sur ce caractère indomptable, et il ne respirait que vengeance pour tous les ennuis qu’on lui avait causés. Il ne demanda donc pas mieux que d’entrer dans un complot qui, entre autres avantages, lui offrait la perspective d’assurer son indépendance et d’augmenter son royaume[93]. Il crut ou ne crut pas les nouvelles alarmantes que lui mandait Wala ; à savoir, que, sous prétexte de combattre les Bretons, Bernard méditait une expédition contre lui pour les premiers mois de l’année 830, et ne songeait à rien moins qu’à le tuer, après avoir au préalable assassiné son père ; toujours est-il qu’il promit aux conjurés d’envahir la Neustrie au premier mouvement insurrectionnel[94].

 

 

 



[1] Éginhard, Ann. ad 818. Vita Ludovici, c. 31. Thégan, c. 25.

[2] Vita Ludovici, c. 32.

[3] Éginhard, Ann. ad 819. Vita Ludovici, c. 32. Thégan, c. 26.

[4] Thégan, c. 26. — Epistol. Freculphi episcop. Lexoviens. ad Juditham (Bouquet, VI, p. 385).

[5] Ann. Mett. ad 829. — Agobardi Lib. Apologet. (Bouquet, VI, p. 248). — Ruban. Fuld. Abb. Epist. ad Judith (Bouquet, VI, p. 855). — Walafrid. Strab. de Juditha (Bouquet, VI, p. 268).

[6] Ermold Nigelles, IV, 763 sq. — Cllg. Froth. Epist., n. 7, 17 (Bouquet, VI, p. 386 sq.).

[7] Sa mère devint abbesse de Chelles. Hist. transl. S. Bathild. (Mabillon, IV, i, p. 450).

[8] Agob. Lib. Apolog.

[9] Vita Ludovici, c. 37. Chron. elnon., mosciac., etc., ad 823 (Bouquet, VI, p. 239). Ann. Xant. ad 823 (Pertz, II, p. 226).

[10] Nithard, I, c. 5.

[11] Nithard, II, c. 1, 2.

[12] Nithard, I, c. 3. — Thégan, c. 28.

[13] Ann. Loisel., ad 812, Chron. Moissac, ad 812. Vita Ludovici, c. 20. — Vita Ludovici, c, 25. — Éginhard, Annal., ad 815, 816, 817. Vita Ludovici, c. 27.

[14] Ermold Nigelles, I, v. 231. Vita Ludovici, c. 13, 14, 15. Chron. Moissac, ad 803.

[15] Ann. Éginhard ad 820. Vita Ludovici, c. 33. — Ermoldus Nigellus donne (III, v. 543-620) la description détaillée du duel, qui eut lieu à cheval et au javelot.

[16] Ann. Éginhard ad 820, 821, 822. Vita Ludovici, c. 34, 35.

[17] Éginhard, Ann. ad 824. Vita Ludovici, c. 37.

[18] Éginhard, Ann. ad 826. Vita Ludovici, c. 40. Ann. Fuld. ad 826.

[19] Éginhard, Ann. ad 827. Vita Ludovici, c. 41.

[20] Éginhard, Ann. ad 826, 827.

[21] Vita Ludovici, c. 41.

[22] Éginhard, Ann. ad 827.

[23] Ludovici et Lothar. impp. Epist. Encycl. ann. 828 (Baluze, I, p. 653).

[24] Vita Ludovici, c. 42.

[25] Éginhard, Ann. ad 828. Vita Ludovici, c. 42.

[26] Vita Walæ, p. 495.

[27] Éginhard, Ann. ad. 828. Vita Walæ, p. 491.

[28] Vita Walæ, p. 491.

[29] Vita Walæ, p. 492.

[30] Vita Walæ, p. 494.

[31] Vita Walæ, p. 492.

[32] Vita Walæ, p. 492, 493.

[33] Vita Walæ, p. 494.

[34] Ludovici et Loth. impp. Epist. encycl. de Conciliis episcoporum in IV partib. imp. congreg. (Baluze, Capitulaires, I, p. 657.) — La Vita Walæ, p. 494, ne parle que de trois synodes.

[35] Le texte même du rapport des évêques à l’empereur, copié en grande partie sur un ouvrage de l’évêque d’Orléans, Jonas, Ep. ad Pipp. reg. Aquitan. ann. 828 (Bouquet, VI, p. 351), se trouve dans Benedicti Levitœ Capit. Add. sec. (Pertz, IIII, part, sec.) — Les Constitutiones Wormatienses (Pertz, III, p. 331), composées dans un esprit un peu moins exclusivement clérical, contiennent les articles de loi votés par le placite, sur le rapport des évêques.

[36] Constitutiones Wormatienses, p. 346.

[37] Vita Ludovici, c. 43.

[38] Nithard, I, c. 3. — Ann. Weissemburg., ad 829 (Pertz, I, p. 111). — Cllg. Thégan, c. 35. Éginhard, Ann., ad 829.

[39] Vita Walæ, p. 497.

[40] Vita Walæ, p. 496 et passim.

[41] Nithard, I, c. 3. Ann. Bertin, ad 844. — Cllg. Ann. Xantens. ad 844.

[42] Vita Ludovici, c. 5, 13. Chron. Moissac, ad. 798. Ermold. Nigelles, l. I.

[43] Vita S. Willelmi, ducis ac monachi gellonensis (Mabillon, IV, I, p. 70, sq.).

[44] Les Chansons de geste de Guillaume au Court-Nez : Mss. 6985 anc. fonds, 71863, Colbert, 27, Fonds Lavallière, à la Bibliothèque nationale. V. leur analyse, dans le savant recueil de M. Paulin Paris, Les Manuscrits français de la Bibliothèque du roi, 1836, sq., t. III, p. 72, 113 ; t. VI, p. 135.

[45] Vita S. Benedicti (Mabillon, IV, I, p. 207). Vita S. Willelmi (id., p. 78). Dipl. Ludovici Aquit. regis (id., p. 90).

[46] Chron. Moissac, ad 806. Vita S. Willelmi, p. 83. Vita S. Bened., p. 208.

[47] Vita Walæ, p. 498.

[48] Thégan, c. 36. — Mabillon avait même supposé (IV, I, p. CLIII) qu’il avait épousé une sœur de Louis le Débonnaire. Mais cette hypothèse, basée sur une leçon vicieuse du Lib. Manual. Dodanæ, Bernardi Septimaniœ ducis uxoris, fut plus tard désavouée par lui-même. V. Hist. litt. de la France, V, p. 17.

[49] Éginhard, Ann. ad 829.

[50] Par suite de l’acte de partage de cette année.

[51] Vita Ludovici, c. 44.

[52] V. le commencement du chapitre.

[53] Vita Walæ, p. 496, 498. Cllg. Agobardi Lib. Apolog. pro filiis Ludovici Pii (Bouquet, VI, p. 248), passim.

[54] Regin. Chron., ad 838.

[55] Fragm. Odon. Ariberti (Preuves de l’Hist. gén. du Languedoc, de D. Vaissette, t. I) fait assassiner Bernard de la main de Charles.

[56] Vita Ludovici, c. 43.

[57] Vita Walæ, p. 501.

[58] Nithard, l. II, III, IV, passim.

[59] Nithard, l. III, c. 2.

[60] Ann. Bertinian., ad 844.

[61] Vita Walæ, p. 498.

[62] Vita Walæ, p. 502.

[63] Hincmar., Ep. ad Proc, regni pro instit. Carolom. Regis, c. 22 (Bouquet, IX, p. 263).

[64] Nithard, I, c. 3.

[65] Vita Walæ, p. 499.

[66] Vita Walæ, p. 496, 499. — L’inspection des chartes de Louis le Débonnaire corrobore le témoignage de Pascase Radbert : à partir de 829, on y trouve les signatures d’un nouveau chancelier et d’un nouvel archichapelain.

[67] V. Vie d'Eginh., par Perte (II, p. 426). — Cllg. Epist. Eginh., 40, 41, 42, 47 (Bouquet, VI, p. 369 sq.).

[68] Eginhard, Ann. ad 839.

[69] Annal. Fuldens. ad 874.

[70] Vita Walæ, p. 497.

[71] Vita Walæ, p. 495.

[72] Vita Walæ, p. 503.

[73] Vita Walæ, p. 456.

[74] Vita Walæ, p. 471.

[75] Vita Ludovici, c. 56.

[76] Vita Walæ, p. 504.

[77] Vita Walæ, p. 496, 497.

[78] Vita Walæ, p. 497.

[79] Vita Walæ, p. 497, 498.

[80] Vita Ludovici, c. 44. — Vita Walæ, p. 498.

[81] Agob. Lib. Apol. (Bouquet, VI, p. 248).

[82] Pascase Radbert, p. 498, s’avance fort en prétendant que Wala avait entre les mains les preuves du complot.

[83] Vita Walæ, p. 499.

[84] Vita Ludovici, c. 44.

[85] Éginhard, Ann. ad 829. Vita Ludovici, c. 43.

[86] Thégan, c. 35.

[87] Appendix Ann. Xantens., ad an. 827 (Pertz, II, p. 286).

[88] Vita Walæ, p. 500.

[89] Éginhard, Ann. ad 822.

[90] Chron. Saxonic. ad 838. Vita Walæ, p. 507. Voir les vers du flatteur de Pépin, Ermoldus Nigellus, Carm. Sec., v. 49 (Pertz, II, p. 500). — Cllg. Vita Ludovici, c. 61.

[91] Entre autres Ermoldus Nigellus. V. Carm. Sec. ad Pippinum.

[92] Epistol. Jonœ Episc. Aurel. ad Pipp. reg. Aquit. ann. 828 (Bouquet, VI, p. 351).

[93] Vita Ludovici, c. 44.

[94] Vita Walæ, p. 500.