LA SAINTE FAMILLE

 

TROISIÈME PARTIE. — LA SAINTE FAMILLE DANS LE TALMUD

II. — ÉCHEC AU TALMUD DANS JOSÈPHE.

 

 

I. — LE FLAVIUS JOSÈPHE DE L'ÉGLISE.

a. — Faux témoignages introduits dans Josèphe contre les vérités historiques du Talmud

Pendant longtemps, l'Église, toute puissante de par les Barbares contre les écrits historiques des Latins, des Grecs et des Égyptiens, ne put rien contre le Talmud, qui défiait ses atteintes, embusqué derrière l'Euphrate. D'ailleurs, ces écrits en hébreu corrompu, mêlé de toutes sortes d'idiomes chaldéens, n'étaient pas dangereux pour elle, ses ouailles immédiates étant incapables de les lire et de les comprendre. L'homme redoutable, plus que tous les rabbins de Sura et de Poumbédita, c'était Flavius Josèphe, contemporain de Barabbas, à trente ans près, et qui, ayant vu le règne de Ménahem, était mort à Rome, on ne sait plus comment, mais après Domitien.

Flavius Josèphe était de la famille royale des Asmonéens qui, au siècle de Juda ben Péréja, avait crucifié plus de davidistes en un jour, que les procurateurs romains dans toute leur carrière. Il avait laissé derrière lui les deux monuments d'histoire juive les plus importants : les Antiquités judaïques, et, ce qui importait bien davantage à l'Église, la Guerre des Juifs contre les Romains, avec la genèse de l'Évangile et de l'Évangélisation depuis le recensement de Quirinius et en deçà, jusqu'à la prise de Jérusalem par Titus et au-delà.

Ce dernier livre n'avait pas pour titre Guerre des Juifs contre les Romains, mais Sur la prise (Péri alôseôs) de Jérusalem.

L'historien reprenait les choses de fort loin, à la tentative des descendants de David pour reprendre la couronne sous son ancêtre Iannaos. Et il développait, avec une documentation exacte, le principe qu'il avait posé à plusieurs reprises dans les Antiquités judaïques : la Sainte Famille a perdu la patrie. C'est à quoi conclut également le Talmud.

L'Église comptait sur les Perses et sur les Arabes pour la débarrasser des Juifs du Talmud. Quant à Josèphe, elle l'avait sous la main, comme elle avait Philon et Juste de Tibériade.

b. — Procédés employés pour rendre la Sainte Famille irresponsable de la chute de Jérusalem

Un aigrefin comme il y en avait tant dans l'Église, Rufin d'Aquilée, se chargea de tout bouleverser et de tout refaire : il excellait non pas seulement à supprimer, (il suffit d'une paire de ciseaux), mais à substituer, à brouiller les pistes, à égarer les chercheurs[1].

Dans tous les passages qui, de près ou de loin, touchent à la Sainte famille, le Josèphe actuel est de Rufin, lui-même revu et corrigé par l'Église au cours des temps, et selon la nécessité.

Il commença par rejeter dans les Antiquités judaïques une partie des matières traitées dans la Guerre des Juifs. Avant toutes choses, il supprima radicalement tout ce qui concernait le sotisme de Cléopâtre avec Hérode et ses conséquences sur la conduite de la Sainte famille. Il refit tout ce qui avait trait au Recensement de Quirinius, laissant néanmoins la date, et remplaça le nom de Siméon, père de Salomé, par celui de Zadoc, qui cessa d'être le frère de Juda Panthora. Il laissa toutefois le fait que Juda était Gamaléen. Grande faute, car la femme de Juda restait la Gamaléenne.

Il supprima tout ce qui avait trait à Juda bar-Abba, leur fils aîné, à son séjour en Égypte, à ses prétentions messianiques, à l'année des baptêmes, à l'Évangélisation, aux crucifixions de Pilatus.

Il avait supprimé au préalable la lapidation de Jacob junior, pour n'avoir point à découvrir Saül, qui depuis Josèphe était devenu Paul, Paul au nom de qui on avait littéralement constitué l'Église romaine.

En même temps qu'il supprimait à peu près complètement le rôle messianique de Juda bar-Juda dit Barabbas, ne le retenant dans le texte que sous les vagues espèces d'un imposteur anonyme, il le faisait disparaître dès la Samarie, au Sôrtaba, pour n'avoir point à dire quand, comment, et par qui il avait été arrêté à Lydda.

Il fabriqua deux passages : l'un sur un nommé Jean-Baptiste, homme plein de vertus, emprisonné par Hérode Antipas, sans avoir pu être mêlé à la Journée des Porcs, l'autre sur un nommé Jésus, homme digne du titre de Dieu, crucifié par Pilatus avec une incroyable légèreté, et qui était le Christ.

Il dissimula Juda Toâmin sous le nom de Theudas, conformément aux Actes des Apôtres, de manière qu'on ne sût pas qu'il s'agissait du frère cognominal de Barabbas. Il réduisit à deux lignes la crucifixion de Simon et de Jacob senior par Tibère Alexandre, reconnaissant toutefois, (c'est une grande faute), qu'ils étaient fils de Juda le Gamaléen[2].

Il transporta sous le gouvernement d'Albinus, procurateur antenne de Néron, la lapidation de Jacob junior, qui avait eu lieu sous Pilatus, de manière que Saül, promu Paul, n'y pût être mêlé, avouant toutefois (ce qu'il n'avouait ni de Simon, ni de Jacob senior, ni de Theudas, ni de Ménahem), que Jacob junior était frère de Jésus, nommé christ.

Il supprima presque tout le rôle de Ménahem, avouant toutefois qu'il était fils du Juda du Recensement, et manœuvra de telle sorte qu'on ne pût savoir d'où il venait quand il se fit roi-christ.

Il introduisit dans l'histoire du siège un certain Jésus, prophète à la vérité, mais fils d'un paysan, et qui pouvait passer pour avoir inspiré Ménahem, sans appartenir à la même famille.

Il fabriqua le discours dans lequel Eléazar bar-Jaïr, avant de succomber à Massada, fait l'éloge de l'administration romaine, avouant toutefois qu'il était de la famille du Juda du Recensement, ce qui permet de le rattacher à celle d'Eléazar bar-Jaïr, tué en 789.

Après avoir ainsi traité l'histoire de la Sainte famille, dont presque toutes les traces se trouvent rejetées dans les Antiquités judaïques, il en vint à la Guerre des Juifs.

Le pseudo-Josèphe le dit très nettement dans le Prologue du Péri Alôséôs, il veut bien étudier les causes qui ont amené la destruction du Temple de Jérusalem, mais il ne parlera pas de la tentative faite par Siméon et Juda, au Recensement, pour rétablir la monarchie davidique. Cette affaire ne lui paraît pas rentrer dans les causes en question ; il passe de Varus à Cestius Gallus, soit cinquante ans d'histoire, sans nommer ni Siméon ni Juda, ni aucun membre de leur famille. Cette discrétion dans les grandes lignes nous en promet une plus grande encore lorsque nous pénétrerons dans les chapitres.

e. — Camouflage de Juda (Ieschoua) ben Péréja, le Jesséen qui prophétisa pour la Sainte Famille contre Alexandre Iannaos

Or, le vrai Josèphe n'attendait pas l'année 760, où manifestèrent Siméon et son frère, le papas Iehoudda, pour parler de l'Évangile. C'est près de cent ans auparavant que la question se posait à propos du Juda qui s'appelle aujourd'hui Ieschoua ben Péréja dans le Talmud, et qui avait prophétisé contre Alexandre Iannaos.

Ce Juda n'avait pas prophétisé que contre les Asmonéens, il avait anathématisé tous les peuples avec lesquels ils avaient fait alliance, notamment les Romains. Rufin réduisit son rôle à la prédiction de la mort d'Antigone, tué par son frère Aristobule, sans qu'il soit possible actuellement de voir dans cette prédiction l'ombre d'un intérêt dynastique.

A ce propos (la mort d'Antigone), comment ne pas admirer Juda ?

Il descendait de Jessé, qui ne s'est jamais trompé dans ses prédictions, et n'a jamais menti. Comme Antigone traversait le Temple, à peine l'eût-il aperçu qu'il s'écria, parlant aux notables qui étaient là, (car il n'avait pas peu de disciples et de gens qui le consultaient) : Papaï (pères), je n'ai plus qu'à mourir, puisque la vérité est morte avant moi, et qu'il se trouve quelques mensonges dans mes prédictions. Car il vit, cet Antigone, qui devait être tué aujourd'hui ! Le lieu assigné à sa mort par le destin était la Tour de Straton, et le voici à six cents stades de là ! Il est quatre heures, le temps de ma prophétie est passé ! Ayant ainsi parlé, le vieillard, montrant un visage attristé, repassait toutes ces choses en son cœur.

Mais peu après on annonça qu'Antigone avait été tué en un lieu qui, comme aujourd'hui Césarée de la mer, s'appelait Tour de Straton : le devin ne s'était trompé qu'en cela[3].

Ce Juda disparaît en même temps qu'Antigone, et on ne le revoit plus jamais, surtout fuyant en Égypte après avoir vainement conspiré contre Alexandre Iannaos. Toute cette partie a été rejetée, après les suppressions nécessaires, dans les Antiquités judaïques. Par conséquent, les Talmudistes auront beau montrer que ce Juda, connu d'eux sous le nom de Ieschoua ben Péréja, est l'ancêtre de Barabbas et son précepteur dans la Kabbale asinaire, aucun lecteur du néo-Josèphe ne les voudra croire, puisque ni Ieschoua ben Péréja ni Juda bar-Abba ne sont nommés dans les Antiquités judaïques.

De ce Juda jusqu'à Siméon Cléopas, premier mari de la Sota, et grand-père de Barabbas, le pseudo-Josèphe perd volontairement la trace des descendants de David. Et d'ailleurs il semble que ce roi n'ait jamais été connu sous le nom de David, mais simplement de fils de Jessé, car on ne prononce jamais son nom à propos des Juda Péréja.

d. — Camouflage de Siméon Cléopas, premier mari de Cléopâtre et père de la Gamaléenne

Siméon était sans doute un grand prophète, Barabbas le dit. Pourtant il y a une chose qu'il n'avait certainement pas prédite, quoique fils de Jessé, c'est qu'après un légitime un en deux, deux en un, avec lui, sa femme en ferait un autre, mais adultère, avec Hérode.

Aussi, entre les prophéties qu'il avait faites contre Hérode, il en est une qui lui tenait particulièrement à cœur, et que Josèphe rapportait, celle-là au moins s'étant réalisée : il avait annoncé qu'après avoir épousé neuf femmes, Hérode serait empêché par la mort d'en avoir une dixième. L'événement lui a donné raison : le second mari de Cléopâtre est mort avant le premier ; Cléopâtre elle-même est morte avant son second mari[4]. Vous l'avez vu dans le Toledoth dit de Matthieu[5], c'est quand ceux qui voulaient la mort de l'enfant (Barabbas) sont morts  que la Sainte famille revient d'Egypte, mais ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée, elle va se fixer à Gamala.

§. 1. Ses prophéties contre Hérode et Cléopâtre la sota, transportées sous Archélaüs

Rufin a rejeté dans les Antiquités la liste des neuf femmes d'Hérode, il a biffé tout ce qui concernait le premier mariage de Cléopâtre, disant simplement qu'elle était de Jérusalem[6]. Ce n'est pas le moment de revenir sur tout cela dans la Guerre des Juifs !

Siméon n'aura donc pas prophétisé sous Hérode, mort en 750, il ne se sera produit que sous Archélaüs, et encore dans la dixième année, la dernière de ce prince, donc en 760, la veille du Recensement. Par conséquent, dans la néo-Nativité, celle que l'Église date du Recensement, Siméon aura encore pu prendre dans ses bras l'enfant-messie, lorsque ses parents le présentent au Temple.

C'est maintenant un certain Siméon, descendant de Jessé, et qui par conséquent jouit du privilège réservé par le falsificateur à la Sainte famille, de ne pouvoir ni errer ni mentir. Son apparition est préparée par une prophétie qui, au premier abord, semble fort insignifiante, mais à laquelle l'Église tient tellement, qu'après l'avoir mise dans les Antiquités judaïques[7], une autre fois dans la Guerre des Juifs[8], elle l'a reportée dans les Antiquités, après les corrections que l'impudence de Rufin, dans la première version, l'a obligée de faire ?

Voici cette première version :

On dit qu'un peu auparavant, Archélaüs eut un songe, dans lequel il vit neuf grands épis, fort pleins de grains, que des bœufs mangeaient ; et que, des Chaldéens qu'il consulta pour lui interpréter ce songe, le lui ayant diversement expliqué, un nommé Siméon, descendant de Jessé, lui dit que ces neuf épis signifiaient le nombre des années qu'il avait régné, et ces bœufs le changement de sa fortune, parce que ces animaux, en labourant la terre, la renversent et lui font changer de face. Qu'ainsi, neuf ans s'étant passés depuis qu'il avait été établi tétrarque, il devait se préparer à la mort. Et cinq jours après que Siméon eut ainsi expliqué ce songe, Archélaüs reçut l'ordre d'aller trouver Auguste.

N'en déplaise à Rufin, cette interprétation est présentée d'absurde façon. Archélaüs est un pur imbécile, si à la fin de la dixième année de son règne, il ne comprend pas que les neuf épis mangés par les bœufs sont les neuf années écoulées. Il doit même avoir dix épis, si vraiment il s'agit des années de son règne, car il a régné dix ans, et non neuf. Les Chaldéens, appelés pour le moins de Babylone, sont encore plus bêtes que les bœufs, ces bœufs fussent-ils modelés de la même argile que la colombe lumineuse. Et quant à Siméon, n'en parlons pas, il est au-dessous de tout.

Mais, si nous considérons que le roi Hérode, père d'Archélaüs, eut neuf femmes successivement ; qu'une de ces neuf femmes fut la davidique Cléopâtre, déjà mère de Salomé ; que cette Sota eut ensuite d'Hérode les princes Philippe, tétrarque de Bathanée, et Lysanias, tétrarque d' Iturée et de Trachonitide, nous pouvons nous passer de Rufin pour l'interprétation des neuf épis et des neuf bœufs ; ce n'est pas des neuf premières années du règne d'Archélaüs qu'il était question dans le texte primitif de Josèphe, mais des neuf femmes d'Hérode. De ces neuf femmes, il y en a au moins une qui est morte divisée, c'est-à-dire hors d'état de réaliser l'un en deux, deux en un réadamique avec son mari légitime. C'est dans le chiffre neuf qu'était l'explication historique du songe, et dans la division de Cléopâtre qu'était sa portée évangélique. La Sota ne mangera pas le lehem (pain) millénaire. Aussi un aigrefin, encore plus prudent que Rufin, a-t-il changé le chiffre dans une seconde version, celle des Antiquités judaïques ; il le porte à dix, le nombre exact des années qu'a régné Archélaüs[9].

Dans les Antiquités, ce n'est pas cinq jours après l'explication du songe, mais cinq jours après le songe lui-même, qu'Archélaüs est appelé à Rome par la Bête dont le nom est un nombre. Et c'est lui-même qui le raconte à ses amis, sans s'apercevoir qu'il le retarde d'un an. Il ne fait pas venir de Chaldéens ; Siméon, descendant de Jessé, demande la permission d'expliquer le songe ; il est au palais avec les courtisans, on peut même croire qu'il y demeure[10].

§ 2. Le Songe de la Sota dénaturé

Restait à effacer le sens évangélique de la malédiction prononcée par Siméon contre Cléopâtre, à savoir que, ressuscitée par son petit-fils en 789, la Sota serait jugée par lui et condamnée, et qu'elle connaîtrait la seconde mort, auprès de laquelle sa première mort, si terrible fût-elle, n'aurait été qu'un exercice de physique amusante. Un nouveau songe vient compléter le premier, et qui naturellement n'a point eu lieu sous Hérode et chez Hérode, mais sous Archélaüs et chez Archélaüs. Mais cette fois, ce n'est pas Siméon, descendant de Jessé, qui l'explique, c'est sa femme elle-même, sous le nom de Glaphyra, femme d'Archélaüs. Là encore deux versions, comme pour le songe du mari : l'une dans la Guerre des Juifs, l'autre dans les Antiquités judaïques. Celle-ci est certainement la plus ancienne :

La princesse Glaphyra, sa femme, eut un autre songe. Nous avons vu comme elle avait épousé en premières noces Alexandre, fils du roi Hérode. Après sa mort, le roi Archélaüs, son père, la maria à Juba, roi de Mauritanie, qui mourut aussi ; et étant veuve de lui, elle retourna en Cappadoce auprès de son père. Alors Archélaüs l'Ethnarque conçut une si violente passion pour elle qu'il répudia Marianne, sa femme, et l'épousa. Étant donc avec lui, elle eut un tel songe : a Il lui sembla qu'elle voyait Alexandre, son premier mari, et qu'étant toute transportée de joie, elle voulut l'aller embrasser[11] ; mais qu'il lui avait dit avec reproche : Vous avez bien fait voir que l'on a raison de croire qu'il ne faut point se fier aux femmes, puisque, m'ayant été donnée vierge, et ayant eu de moi des enfants[12], le désir de passer à de secondes noces vous a fait oublier l'amour que vous deviez me conserver inviolable[13] ; que, ne vous contentant pas de m'avoir fait un tel outrage, vous n'avez point eu de honte de prendre un troisième mari, et de rentrer impudemment dans ma famille[14], en épousant Archélaüs mon frère. Mais mon affection sera plus constante que la vôtre. Je ne vous oublierai pas, comme vous m'avez oublié ; et en vous retirant à moi, comme une chose qui m'appartient, je vous délivrerai de l'infamie dans laquelle vous vivez ! Cette princesse raconta ce songe à quelques-unes de ses amies et mourut cinq jours après[15].

En effet, le premier mari de Cléopâtre, celui qui l'a eue vierge, l'avait condamnée à mort, mais ce n'était nullement pour la reprendre en lui, comme Alexandre en menace ici Glaphyra, c'était au contraire pour la laisser divisée de lui, ressuscité, baptisé de feu et vivant mille ans avec son petit-fils.

Rufin sait bien que ces deux songes sont dirigés contre l'identité des personnes, la vérité des situations et des dates :

J'ai cru, dit-il, qu'il n'était pas hors de propos de rapporter ceci sur le sujet des rois et des grands, parce qu'il peut servir non seulement d'un exemple, mais d'une preuve de l'immortalité de l'âme et de la divine providence. Que si quelques-uns trouvent que de semblables choses doivent passer pour incroyables, ils peuvent demeurer dans leur sentiment, sans trouver étrange que d'autres y ajoutent foi, et qu'en étant touchés, elles leur servent pour s'exciter à la vertu.

Autant dire : Je mens, et vous le sentez bien, mais c'est pour le bon motif et toujours le même : tirer d'affaire le Juif de rapport, et vous empêcher de comprendre pourquoi dans le Talmud il est appelé ben Sotada (fils de la fille de la femme adultère).

e. — Ce qui reste de l'histoire du Recensement dans La guerre des Juifs. Falsifications relatives à Siméon et à Juda Panthora

Après avoir, par le déplacement chronologique de ces deux songes, éloigné l'idée que Siméon pût être le vieillard Siméon de la Présentation au Temple, ou mieux Siméon le Zachen — l'Ancien, par rapport à son fils, Siméon, et à Siméon dit la Pierre, son filleul —, Rufin passe au Recensement où périrent ce Siméon et son frère Juda Panthora.

Lorsque les pays possédés par Archélaüs eurent été réduits en province, Auguste en donna le gouvernement à Coponius, chevalier romain.

Pas un mot de Quirinius, dont le nom est inséparable du Recensement, ni du Recensement lui-même, que Rufin se flatte d'avoir traité avec assez de développement dans les Antiquités. Rufin préfère ne pas attirer l'attention sur cette opération, car depuis que Juda, sous le nom de Joseph, et Salomé, sous celui de Marie, vont se faire recenser à Bethléhem, où la Gamaléenne accouche maintenant de  Jésus, il convient de laisser planer un certain mystère sur la dite dame.

Durant son administration, un Galiléen[16], nommé Juda, porta les Juifs à se révolter, leur reprochant de payer tribut aux Romains, et leur disant que c'était égaler les hommes à Dieu, puisqu'ils les reconnaissaient pour maîtres aussi bien que lui.

Pour la même raison que dans les Antiquités, pas un mot dans la Guerre des Juifs sur la façon dont Siméon et Juda ont quitté la terre. Cela tient à ce que la mort de ces deux prophètes est toute entière dans l'Apocalypse de l'Évangile éternel, et celle de Juda, sous le nom de Zacharie, dans les Toledoth canoniques.

On sait que, dans les Antiquités, Juda est présenté comme l'auteur de la secte des Kanaïtes (Jaloux de la Loi), et c'est la vérité.

Juda est accompagné d'un pharisien nommé Zadoc, que nous ne retrouvons plus dans la Guerre des Juif s, si ce n'est sous le nom de Siméon. Il n'y avait pas de Zadoc dans le texte original, et Siméon venait avant Juda comme étant l'auteur principal de la secte des Kanaïtes[17]. On l'a supprimé soit sous le nom de Zadoc, soit sous celui de Siméon, et Juda reste seul à la tête de la secte.

Ce Juda fut l'auteur d'une nouvelle secte entièrement différente des trois autres, dont la première était celle des Pharisiens, la seconde celle des Saducéens, et la troisième celle des Esséniens, qui est la plus parfaite de toutes.

Rufin veut faire croire, comme dans les Antiquités judaïques, qu'il y a réellement eu une quatrième secte : celle des Esséniens, indépendante de la secte des Jesséens, qui sont avant tout le parti de la Sainte Famille appuyée sur l'Even- guilayon.

 

II. — LES ESSÉNIENS.

a. — Substitution d'une secte appelée Esséniens à celle des Jesséens (Davidistes)

En conséquence, après avoir présenté les Kanaïtes ou Sicaires comme étant une quatrième secte, différente des trois autres, Rufin les laisse de côté pour passer immédiatement à celle de son invention, ces mystérieux Esséniens, encore plus différents des Sicaires que ceux-ci ne l'étaient des Pharisiens et des Saducéens.

Il s'agit d'abord de dissimuler les Sicaires, sur qui on n'a que trop de renseignements, pour mettre en avant les Esséniens, dont on est censé n'avoir pas suffisamment parlé dans les Antiquités judaïques, en un mot d'inventer de toutes pièces un milieu où le personnage de Jésus ait pu évoluer sans se heurter à Barabbas, et y puiser au besoin des disciples, plus ou moins nombreux ; ils ne le sont pas assez pour être nommés dans les Mahazeh et Toledoth, où les rabbins évangélistes ne parlent que de deux sectes opposées à la Sainte Famille : les Pharisiens et les Saducéens. Rufin (il a eu bien tort !) ne s'est pas senti assez fort pour introduire, ne fût-ce que par un mot, les Esséniens dans le Nouveau Testament !

Comme les Talmudistes ne peuvent avoir connu les Esséniens fabriqués par Rufin, il convient que cette secte ait vécu pour ainsi dire dans l'espace.

Ecoutez, je vous prie.

b. — Règles de la prétendue secte des Esséniens

§ 1. Race

Ils sont Juifs de nation.

Mais dans quelle tribu se recrutent-ils de préférence ? S'ils sont Juifs, on les circoncit à huit jours, leurs mères se font purifier selon la Loi par les prêtres. Ils vont au Temple à douze ans, nous devons les y retrouver aux Tabernacles, à la Dédicace, aux Phurim, à la Pâque. D'où vient que personne ne les y a jamais vus, sauf Rufin ; d'où vient aussi que ni la Guerre des Juifs ni les Antiquités ne constatent leur existence avant 760 ? Quelle attitude ont-ils eue pendant le Recensement ? Sont-ils allés avec Siméon et le papas Juda, ou bien avec le Temple hérodien ?

§ 2. Voués au célibat, mais incapables d'édicter l'arrêt de l'acte génésique chez autrui pendant l'Année des baptêmes

Ils vivent dans une union très étroite, et considèrent les voluptés comme des vices que l'on doit fuir, et la continence et la victoire de ses passions comme des vertus que l'on ne saurait trop estimer. Ils rejettent le mariage, non qu'ils croient qu'il faille détruire la race des hommes[18], mais pour éviter l'intempérance des femmes, persuadés qu'ils sont qu'elles ne gardent pas la loi à leurs maris.

Tout cela parce que Cléopâtre n'a pas gardé la sienne à Siméon I Voilà des enfants aimables pour leurs mères ! Mais puisqu'ils sont Juifs, ils doivent croître et multiplier selon leur Loi. D'où vient qu'ils se vouent au célibat, comme le Nazir Barabbas ? S'ils vivent dans le célibat, ils ne peuvent se recruter que dans les familles. D'où vient que dans le Talmud aucune famille n'a de fils Essénien, mais que celle de Jessé a un fils Nazir ?

Depuis qu'aux Noces de Kana, Jésus dit à sa mère selon le monde Femme, qu'y a-t-il de commun entre toi et moi ? tous ces Juifs ont juré de rester vierges.

§ 3. Génération tolérée, mais élevée en vue du célibat

Laissez venir à moi les petits enfants, dit Jésus aux brutes apostoliques qui les repoussent dans les Toledoth. Combien différents sont les Esséniens !

Ils ne laissent pas néanmoins de recevoir les jeunes enfants qu'on leur donne pour les instruire, et de les élever dans la vertu avec autant de soin et de charité que s'ils en étaient les pères. Et ils les nourrissent et les habillent tous d'une même sorte.

Il y a là des pères et des novices, nous sommes au couvent ? Où sont ces couvents ? Si on y envoyait Flavius Josèphe lui-même, quand il sera en âge ?

§ 4. Incapables de nourrir l'idée de piller le trésor du Temple Ils méprisent les richesses.

Ah ! les braves gens ! Ce sont autant d'Apollonius. Ce n'est pas à eux qu'il faudrait proposer le pillage du trésor du Temple, une Ville toute d'or et de pierreries, avec des portes d'une seule perle !

Toutes choses sont communes entre eux, avec une égalité si admirable que, lorsque quelqu'un embrasse leur secte, il se dépouille de la propriété de ce qu'il possède, pour éviter par ce moyen la vanité des richesses, épargner aux autres la honte de la pauvreté, et par un si heureux mélange vivre tous ensemble comme frères.

§ 5. Incapables de s'attribuer le bien d'autrui par la violence

Si nous ne nous trompons, au lieu de déposer leurs biens aux pieds de Barabbas et de ses frères, comme firent les Kanaïtes en 788, ils s'organisent selon les ordonnances contenues dans les Lettres de Paul, et cela dès 760. Hélas ! s'ils fonctionnent en 789, lorsque Barabbas se proclamera Roi-christ, ils peuvent s'attendre à être volés comme Ananias et sa femme !

§ 6. Incapables de se rallier à un homme qui aurait été fait Christ par la Parfumeuse du Talmud

D'autant plus que, par leur règle, ce sont des ennemis acharnés de tout chrisme et de tout christ.

Ils ne peuvent souffrir de s'oindre le corps avec de l'huile ! Mais si cela arrive à quelqu'un, quoique contre son gré, ils essuient cette huile comme si c'était des taches et des souillures.

En disant : Pouah ! Ainsi, supposez qu'ils se trouvassent avec ceux qui dans le Mahazeh de Cérinthe cherchent Jésus pour le faire roi, — oh malgré lui, car là il leur échappe —, eh bien ! ils ne voudraient ni le voir oint, ni participer à son onction. Tout au plus consentiraient-ils à l'essuyer, non certes de leurs cheveux, comme fait la Gamaléenne dans ce Mahazeh ou dans les Toledoth, mais par un autre moyen à leur portée. D'ailleurs qui ne sait que, s'il y a eu un certain Barabbas, que sa mère oignit roi en 789, à l'aide d'un vase rempli d'huile parfumée, Jésus, dans les Ecritures, n'a pas voulu entendre parler de cela, et a simplement accepté sur les pieds l'onction qu'une femme de mauvaise vie lui a faite ? Et encore est-ce parce qu'il n'a pas pu l'éviter !

§ 7. Pas de pourpre chez eux

Ils se croient assez propres et assez parés, pourvu que leurs habits soient toujours bien blancs.

Eh ! oui, ils ont pour tous les vêtements de couleur, notamment la pourpre, un mépris qui touche à la haine ! Si donc Jésus qui, on le sait, n'a pas le moindre rapport avec Barabbas, et qui, seul peut-être, a connu les Esséniens, si ce Jésus, toujours de blanc vêtu depuis la Transfiguration, — de ce côté, quel Essénien ! — endosse au prétoire la pourpre de Barabbas, ce ne pourra être qu'avec une répugnance indicible ! Il subira cela comme une humiliation nouvelle, et Dieu sait ce qu'il en a souffert !

§ 8. Leurs économes incapables de voler, comme l'économe-type dans les Toledoth canoniques

Ils choisissent pour économes des gens de bien, qui reçoivent tout leur revenu et le distribuent selon le besoin que chacun en a.

Oui, oui, c'est là leur caractéristique ! Ils ne voudraient pas ressembler à cet économe du Toledoth de Luc, qui vole ouvertement son Maître (Dieu), de cinquante pour cent, de trente pour cent, de vingt pour cent, sur ce qui lui est reconnu par ses débiteurs ![19] Car celui-là, c'est Barabbas, lui-même condamné pour vol, et on n'avoue plus un tel maître.

§ 9. Goym reçus sans conditions

Ils n'ont point de ville certaine dans laquelle ils demeurent (comme qui dirait Gamala). Mais ils sont répandus en diverses villes, où ils reçoivent ceux qui désirent d'entrer dans leur société ; et encore qu'ils ne les aient jamais vus auparavant, ils partagent avec eux ce qu'ils ont, comme s'ils les connaissaient depuis longtemps.

Comme il est fâcheux qu'il n'aient point d'adresse fixe ! Mais aussi quelle aubaine pour une ville, lorsqu'elle a le bonheur de les posséder dans ses murs ! Et comme ces Juifs Esséniens font honte à ces vilains Kanaïtes qui avaient déclaré la guerre à tous les goym !

§ 10. Esséniens défenseurs de la population contre les voleurs tels que Barabbas remis en circulation par Pontius Pilatus

Lorsqu'ils font quelque voyage, ils ne portent autre chose que des armes pour se défendre des voleurs.

Quelques siques, il est vrai, mais uniquement contre les voleurs. Ah ! ces voleurs, c'est qu'il y en avait ! Surtout dans un pays où l'on voit Barabbas, leur roi, remis en circulation par le gouverneur, qui pourtant le tenait si bien ! Vous comprenez, il a fallu se défendre contre un pareil gredin ! Les Esséniens, qui avaient prévu cela, s'étaient armés dès 760 ; et l'innocent Jésus lui-même, après avoir inventé l'Eucharistie, a bien été obligé de recommander aux apôtres de vendre leur manteau pour s'acheter des épées !

§ 11. Attendus dans toutes les villes, ils n'ont pas besoin de les prendre

Ils ont dans chaque ville quelqu'un pour les recevoir et loger ceux de leur secte qui y viennent, et leur donner des habits et les autres choses dont ils peuvent avoir besoin.

Oh ! vous voyez ! ce ne sont point les Esséniens qui se serviraient de leurs armes pour prendre les villes, piller les greniers publics et particuliers, comme ben Nézer et ses partisans dans le Talmud. Rien par force, telle est leur devise.

§ 12. Mis dans l'impossibilité de se camoufler

Ils ne changent point d'habits, sinon quand les leurs sont déchirés ou usés.

Pour rien au monde ils ne se commettraient avec des gens qui se camouflent en pharisiens pour s'insinuer dans le Temple et s'emparer du sanctuaire. Ce sont là des procédés qui ne répugneraient peut-être pas aux Jesséens, mais dont les Esséniens sont incapables, à raison même de leur règle, puisque pour changer de vêtements, ils attendent qu'on voie leur peau.

§ 13. Échappant aux opérations du Cens romain

Ils ne vendent et n'achètent rien entre eux, mais se communiquent les uns aux autres, sans aucun échange, tout ce qu'ils ont.

Ni vente, ni achat, ni échange. Échappant radicalement à l'impôt que la Bête dont le nom est un nombre va faire percevoir sur les transactions de cette nature, ils n'iront avec les Kanaïtes ni en 760 ni en 789. Ils n'auront jamais à voir ou à toucher de la monnaie à l'effigie de la Bête. Ils peuvent déjà vivre en Palestine sans habiter nulle part, les voici maintenant qui ne peuvent sous aucun prétexte être mêlés à des histoires de Cens et de tribut !

§ 14. Contraires aux invocations ayant pour but l'extinction du soleil et de la lune

Ils sont très religieux envers Dieu[20], ne parlent que des choses saintes avant que le soleil soit levé, et font alors des prières qu'ils ont reçues par tradition[21] pour demander à Dieu qu'il lui plaise de le faire luire sur la terre. Après, ils vont travailler chacun à son tour, selon qu'il leur est ordonné.

N'allez pas leur parler de ce Barabbas qui se proposait d'éteindre le soleil et la lune par tiers ! Non, non, ils veulent la lumière pour toute la terre, sans excepter l'Italie, les Gaules ou l'Espagne. Dieu tiendrait sa promesse envers son fils, eh bien ! cela contrarierait les Juifs Esséniens ! Quand l'Apocalypse de l'Even-guilayon paraîtra, ils ne la liront pas : sa bêtise et sa méchanceté les révolteraient !

§ 15. Pour éviter toute confusion avec la bande de Barabbas en 789, ils se baptisent eux-mêmes, ont des cellules et des réfectoires

A onze heures, ils se rassemblent, et couverts d'un linge, se lavent le corps dans de l'eau froide. Ils se retirent ensuite dans leurs cellules, dont l'entrée n'est permise à nuls de ceux qui ne sont pas de leur secte. Et étant purifiés de la sorte, ils vont au réfectoire comme en un saint temple, où, lorsqu'ils sont assis en grand silence, on met devant chacun d'eux du pain et une portion dans un petit plat.

Tout petit, le plat ; toute petite, la portion ; quotidien, le pain. Nous ne sommes pas ici dans la beth-léhem millénaire, chez la Reine-mère des voleurs.

§ 16. Ayant leurs prêtres et sacrificateurs, ils sont étrangers à ce qui se passe dans le Temple

Un Sacrificateur bénit les viandes, et on n'oserait y toucher jusqu'à ce qu'il ait achevé sa prière.

Point de zib sur la table (l'heure de la Baleine n'est jamais venue), mais des viandes. Quelles ? Et quel est ce sacrificateur, assez ignorant ou assez contempteur de la Loi pour sacrifier des animaux, l'agneau lui-même, s'il lui a plu, sans passer par le Temple de Jérusalem et sans avoir offert la part des lévites ? Ici les Esséniens se conduisent comme des Kanaïtes, avec cette différence qu'ils n'affichent pas l'intention de s'emparer du Temple et d'en chasser les prêtres après leur avoir volé leur trésor.

Il en fait une autre après le repas pour finir comme il a commencé, par les louanges de Dieu, afin de témoigner qu'ils reconnaissent que c'est de sa seule libéralité qu'ils tiennent leur nourriture.

Ils n'ont jamais entendu dire qu'un certain Juda bar-Abba, prétendant être le Messie des Juifs, dût leur donner la terre pendant mille ans par procuration de son Père.

Ils quittent alors leurs habits, qu'ils considèrent comme sacrés, et retournent à leurs ouvrages.

§ 17. Ils admettent les goym à manger avec eux et à coucher

Ils font le soir à souper la même chose, et font manger avec eux leurs hôtes.

Quoique les Esséniens n'aient point d'adresse dans les villes où ils sont, leurs hôtes savent bien les trouver, et l'incirconcision de ceux-ci (car Rufin déclare qu'il y a des goym parmi eux), ne les empêche pas d'être reçus comme s'ils étaient de la tribu de Juda ou de celle de Lévi.

§ 18. Ils frappent d'admiration cette semence de bétail

On n'entend jamais de bruit dans ces maisons : on n'y voit jamais le moindre trouble[22]. Chacun n'y parle qu'en son rang[23], et leur silence donne du respect aux étrangers.

Car, au rebours de ce qu'on pourrait croire en lisant l'Apocalypse de l'Évangile éternel et même les Toledoth canoniques, ces maisons de Juifs comme on n'en a jamais vu, regorgent de goym, venus là pour apprendre les belles manières et les recettes de la bonne cuisine.

Rufin ne s'est pas rappelé qu'en 760 et en 789, personne chez les Juifs de la Loi n'avait encore levé l'interdiction de manger avec les goym. Il a simplement lu dans les Actes des Apôtres, dont il connaît la fausseté, que Simon dit la Pierre a été obligé par le pseudo-Paul, d'aller chez le centurion Cornélius et d'y consommer, sous cette réserve que, pour ses frères et lui, c'était une abomination d'entrer chez un goy, à plus forte raison de manger avec lui.

Une si grande modération est un effet de leur continuelle sobriété, car ils ne mangent ni ne boivent qu'autant qu'ils en ont besoin pour se nourrir.

Ce ne sont pas des gens de mauvaise vie, comme ceux qu'aujourd'hui encore on voit mangeant et buvant à Képhar-aïn dans les Toledoth canoniques.

§ 19. Rien pour leurs parents

Il ne leur est permis de rien faire que par l'avis de leurs supérieurs[24], si ce n'est d'assister les pauvres, sans qu'aucune autre raison ne les y porte que leur compassion pour les affligés[25]. Car, quant à leurs parents, ils n'oseraient leur rien donner, si on ne leur permet.

Mais leur permet-on ? Que nenni ! On sait d'ailleurs que la Sainte famille (Salomé, Barabbas et Cie), n'aurait jamais rien accepté pour elle, si les Esséniens s'étaient avisés de leur porter quelque chose.

§ 20. Parole de Juif Essénien

Ils prennent un extrême soin de réprimer leur colère : ils aiment la paix, et gardent si inviolablement ce qu'ils promettent, que l'on peut ajouter plus de foi à leurs simples paroles qu'aux serments d'autrui.

On n'a pas idée d'une telle bonne foi ! Les goym la connaissent bien d'ailleurs, c'est la foi judaïque. Les rabbins évangélistes avaient eu des Juifs Esséniens pour maîtres, voilà ce que Rufin veut dire ; il faut les croire sur parole : parole d'Évangile.

§ 21. Ils méprisent ceux qui font des serments

Ils considèrent même les serments comme des parjures, parce qu'ils ne peuvent se persuader qu'un homme ne soit pas un menteur, lorsqu'il a besoin, pour être cru, de prendre Dieu à témoin.

Mon Dieu ! oui, et c'est le sentiment qu'on éprouve dans les Toledoth canoniques, lorsqu'on voit un membre de la Sainte famille, — et quel ? Simon dit la Pierre ! — assurer avec d'exécrables serments[26], qu'il ne connaît point son frère, aujourd'hui Jésus-Christ. On est ennuyé aussi lorsqu'on voit le Paul qui tient la plume pour Saül, mort depuis deux siècles, écrire toutes les fois qu'il ment un peu plus que de coutume : Je jure devant Dieu que je ne mens point !

§ 22. S'ils connaissent les talismans, c'est sans esprit de Kabbale

Ils étudient avec soin les écrits des anciens[27], principalement en ce qui regarde les choses utiles à l'âme et au corps, et acquièrent ainsi une très grande connaissance des remèdes propres à guérir les maladies, et la vertu des plantes, des pierres et des métaux.

Cependant ils n'aimeraient pas façonner des figures d'argile pour envoûter les goym.

e. — L'apprenti Essénien pendant l'Année des baptêmes

Ils ne reçoivent pas à l'heure même dans leur communauté ceux qui veulent embrasser leur manière de vivre, mais les font demeurer durant un an au dehors.

L'année sabbatique et proto-jubilaire 788, par exemple. Libres de leur mouvements, ces apprentis Esséniens ont pu grossir le nombre de ces fameux disciples de Jésus, qui ont avec eux ce point commun que personne ne les a jamais vus, ni eux ni leur maître ; ou bien ils ont pu, si ça été plutôt leur humeur, se mêler à ces non moins fameux disciples de Jean qui, après avoir longtemps hésité sur la conduite à tenir, ont adhéré à Jésus, éblouis par l'éclat de ses miracles et vaincus par l'évidence de ses résurrections.

§ 1. Ils avaient une pioche, mais nullement pour creuser le tombeau des gens envoûtés

(au dehors), ils ont, chacun avec un petit lot, une pioche, le linge dont nous avons parlé, et un habit blanc.

§ 2. Soumis à la discipline essénienne, après l'année d'apprentissage

Ils leur donnent ensuite une nourriture plus conforme à la leur, et leur permettent de se laver comme eux, dans l'eau froide, afin de se purifier.

Se purifier seulement. Car pour ce qui est de la rémission des péchés, — le grand mystère ! — à Barabbas de l'octroyer ou de la refuser selon son bon plaisir.

§ 3. Admis au réfectoire des anciens, après deux ans

Mais ils ne les font point manger au réfectoire, jusqu'à ce qu'ils aient encore durant deux ans[28] éprouvé leurs mœurs, comme ils avaient auparavant éprouvé leur continence.

Cette continence est certaine, puisqu'ils se trouvent alors sous l'Ane, quatrième signe de la période sabbatique.

d. — Après trois ans d'apprentissage. Vertus que l'Ane leur assure

Alors on les reçoit, parce qu'on les en juge dignes : mais avant que de s'asseoir à table avec les autres, ils protestent solennellement d'honorer et de servir Dieu de tout leur cœur :

Tout leur cœur non. Ils en gardent bien un peu pour le fils, lequel ne saurait tarder de se manifester au inonde, puisque nous sommes en 760. Alors, grâce à l'Esprit, incarné dans sa mère, il sera permis d'honorer et de servir le fils dans le Père et le Père dans le fils, comme le dit si pieusement Cérinthe en son Mahazeh.

D'observer la justice envers les hommes :

Tous les hommes, oui Monsieur. (Voir les hommes-pourceaux nés dans les Gaules).

De ne faire jamais volontairement de mal à personne, quand même on le leur commanderait :

Mais qui l'oserait ? Quelqu'un de la Sainte famille, lorsqu'elle organisa les assassinats en plein Temple par les Naziréens de la gheoullah ? Fi ! la vilaine pensée !

D'avoir de l'aversion pour les méchants :

Après avoir excepté du nombre les barabbalâtres, si chrestiens, si bons, si utiles, si moraux !

D'assister de tout leur pouvoir les, gens de bien :

N'y manquons pas !

De garder la foi à tout le monde et particulièrement aux Souverains, parce qu'ils tiennent leur puissance de Dieu.

Très bien, lisez Paul ! Mais ne lisez pas l'Évangile  éternel, où tout roi, toute puissance qui n'est point Barabbas, est une bête condamnée à périr dans l'abîme.

A quoi ils ajoutent que, si jamais ils sont élevés en charge, ils n'abuseront point de leur pouvoir pour maltraiter leurs inférieurs ;

Ils en sont incapables ! bien que dans les Toledoth on voie les apôtres repousser les petits enfants avec une brutalité suspecte.

Qu'ils n'auront rien de plus que les autres, ni en leurs habits, ni clans le reste de ce qui regarde leurs personnes ;

Pas de danger.

Qu'ils auront un amour inviolable pour la vérité, et reprendront sévèrement les menteurs ;

C'est cela, aimons la vérité et reprenons les menteurs, comme l'Église n'a cessé de le faire depuis sa fondation ! Détestons et méprisons par avance l'auteur du Mensonge chrétien, dont la conscience est fermée au remords !

Qu'ils conserveront leurs mains et leurs âmes pures de tout larcin et de tout désir d'un gain injuste ;

Oui, frères, ne nous volons pas, ne nous exploitons pas entre nous ! Qu'on ne voie jamais, parmi nous, de pères vendant à leurs fils d'injustes sacrements au nom d'un homme condamné pour vol, assassinat et trahison Ce serait très mal.

e. — Le secret professionnel : Barabbas adoré sous le nom de Jésus

Qu'ils ne cacheront rien à leurs confrères des mystères les plus secrets de leur religion, et n'en révéleront rien aux autres (les ouailles), quand même on les menacerait de la mort pour les y contraindre ;

Souhaitons même la mort de ceux qui, ayant percé à jour ces mystères si honorables et si flatteurs, — Barabbas adoré sous le nom de Jésus, — osent les révéler aux dupes de l'Église, car ils s'occupent ainsi de théologie, c'est-à-dire de ce qui ne les regarde pas.

f. — N'avouez jamais

Qu'ils n'enseigneront que la doctrine qui leur a été enseignée, et qu'ils en conserveront très soigneusement les livres, aussi bien que les noms de ceux de qui ils l'ont reçue.

N'en doutons pas, les livres (entendez les Toledoth canoniques) sont bien des quatre évangélistes sous le nom desquels l'Église les a mis. Elle tient le tout des Esséniens.

Telles sont les protestations qu'ils obligent ceux qui veulent embrasser leur manière de vivre, de faire solennellement, afin de les fortifier contre les vices.

g. — L'excommunication des traîtres : Une fâcheuse contradiction

Que s'ils y contreviennent par des fautes notables, ils les chassent de leur compagnie, et la plupart de ceux qu'ils rejettent de la sorte meurent misérablement, parce que, ne leur étant pas permis de manger avec des étrangers[29], ils sont réduits à paître l'herbe comme des bêtes, et se trouvent souvent ainsi consumés de faim : d'où il arrive quelquefois que la compassion que l'on a de leur extrême misère fait qu'on leur pardonne.

Mais ce doit être bien rare !

h. — Esséniens incapables d'obéir à un homme qui, comme Barabbas en 789, se déclarerait juge unique

Ceux de cette secte sont très justes et très exacts dans leurs jugements leur nombre n'est pas moins de cent, lorsqu'ils les prononcent ; et ce qu'ils ont une fois arrêté demeure immuable.

Cependant, si Barabbas en 789 les condamne à la première mort, que deviendront-ils eux-mêmes ?

i. — Le nom du Législateur des Esséniens

Ils révèrent tellement, après Dieu, leur législateur qu'ils punissent de mort ceux qui en parlent avec mépris.

Alors comment se fait-il que le prétendu Josèphe ne nous donne pas le nom de ce Législateur ? Nous pouvons être exposés à la mort en péchant par ignorance, car il est évident qu'il ne s'agit pas de Moïse. Mais l'article suivant va nous dire qui Rufin a voulu désigner.

Pour bien le comprendre, car ce n'est pas commode, il faut rappeler la scène des Toledoth synoptisés[30], ou Jésus, montant à Jérusalem pour y remplacer Barabbas sur la croix, rencontre sa mère selon le monde, que les rabbins évangélistes lui présentent sous le nom de Mère des fils du Zibdéos (Zébédée) :

La mère des fils du Zibdéos s'approcha de lui avec ses fils, l'adorant et lui demandant quelque chose.

Jésus lui dit : Que voulez-vous ? Elle lui répondit : Ordonnez que mes deux fils que voici soient assis, l'un à votre droite, l'autre à votre gauche, dans votre Royaume.

Mais répondant, Jésus dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je vais boire ? Ils lui répondirent : Nous le pouvons.

Il leur dit : Vous boirez en effet mon calice ; mais d'être assis à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient pas de vous l'accorder à vous, mais à ceux à qui mon Père l'a préparé.

Or, en entendant cela, les dix s'indignèrent contre les deux frères. Mais Jésus les appela à lui, et leur dit : Vous savez que les princes des nations les dominent, et que les grands exercent la puissance sur elles. Il n'en sera pas ainsi parmi vous : mais que celui qui voudra être le plus grand parmi vous, soit votre serviteur ! Et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera votre esclave.

Ce passage est le seul de tous les Mahazeh et de tous les Toledoth, où la mère de Barabbas figure sous le nom de mère des fils du Zibdéos, il établit l'identité de ce- Zibdéos avec le Joseph de la Nativité ; enfin, on y voit Barabbas refuser de céder sa droite ou sa gauche à deux de ses frères que sa mère juge dignes de s'y asseoir, et tout cela devant les dix tribus qui ne sont ni Juda, ni Lévi, dont il est.

A cette signification Rufin substitue la suivante :

Ils (les Esséniens) considèrent comme un très grand devoir d'obéir à leurs anciens et à ce que la pluralité leur ordonne. Ils se rendent une telle déférence les uns avec les autres, que, s'ils se rencontrent dix ensemble, nul d'eux n'oserait parler si les neuf autres ne l'approuvent : et ils réputent à grande incivilité d'être au milieu d'eux (les anciens), ou à leur droite.

Par conséquent, lorsque Jésus refuse de céder aux dix réclamants que nous avons vus, il ne fait que les rappeler aux principes de la civilité en vigueur chez les Esséniens depuis 760. Salomé, tête vide, ne les connaissait pas, ou, tête folle, les avait oubliés. En tout cas, les dix se sont inclinés devant le rappel de Jésus aux usages d'une secte dont il appréciait les statuts, au moins depuis 760 ; et, de leur côté, les fils du Zibdéos n'ont pas insisté.

C'est donc à Jésus que Rufin pensait en parlant du Législateur des Esséniens.

j. — Un change anticipé : L'affaire des vases aux Tabernacles de 788 attribuée à l'inobservation par le Temple d'un détail de la règle essénienne

Ils observent plus religieusement le sabbat que nuls autres de tous les Juifs : et non seulement ils font la veille cuire leur viande, pour n'être pas obligés, dans ce jour de repos, d'allumer du feu ; mais ils n'osent pas même changer un vase de place.

A cela nous reconnaissons les ordonnances- de Barabbas, son culte pour le sabbat et les années sabbatiques. On sait également (par le Toledoth de Marc tout au moins), qu'il ne souffrait pas qu'on transportât de vases à travers le Temple. Puisque Jésus montre la même hostilité, il n'est pas mauvais qu'il l'ait apprise des Esséniens ou qu'il la leur ait transmise. C'est un lien de plus entre la secte et lui.

k. — Change donné sur la fosse à ordures pour l'infernalisation des envoûtés

Et ils n'osent satisfaire aux nécessités de la nature que s'ils y sont contraints.

Qu'est-ce à dire ?

Aux autres jours, ils font dans un lieu à l'écart, avec cette pioche dont nous avons parlé[31], un trou dans la terre d'un pied de profondeur, où après s'être déchargés, en se couvrant de leurs habits (comme s'ils avaient peur de souiller les rayons du soleil que Dieu fait luire sur eux), ils remplissent cette fosse de la terre qu'ils en ont tirée, parce qu'encore que ce soit une chose naturelle, ils ne laissent pas d'e la considérer comme une impureté dont ils se doivent cacher, et se lavent même pour s'en purifier.

 

III. — LES ESSÉNIENS APRÈS L'ANNÉE DES BAPTÉMES.

a. — Point de contact honteux de maître à disciple[32]

Ceux qui font profession de cette sorte de vie sont divisés en quatre classes, dont les plus jeunes ont un tel respect pour les anciens que, lorsqu'ils les touchent, ils sont obligés de se purifier, comme s'ils avaient touché un étranger.

b. — Pourquoi les Esséniens meurent centenaires

Ils vivent si longtemps que plusieurs vont jusqu'à cent ans : ce que j'attribue à la simplicité de leur vivre, et à ce qu'ils sont si réglés en toutes choses.

Rufin se propose d'expliquer par là, que le Ioannès, sur lequel, depuis la crucifiction de Jésus, on a greffé Ioannès, quatrième évangéliste, ait vécu jusqu'à cent ans et plus. Ce Ioannès était Essénien évidemment... comme Jésus.

e. — Toujours suppliciés à l'état d'innocence, comme le Juif de rapport

Ils méprisent les maux de la terre, triomphent des tourments par leur constance, et préfèrent la mort à la vie, lorsque le sujet en est honorable.

C'est-à-dire toujours : elle n'est jamais la juste expiation de quelque crime. Rufin excite les ouailles à bien considérer que la lapidation de Jacob junior, sous le nom de Stéphanos, la crucifixion de Barabbas sous le nom de Jésus, celle de Simon dit la Pierre et de Jacob senior, et les autres cas du martyrologe, sont le résultat de sentences iniques ou de malentendus déplorables, et que tous ces scélérats, au lieu de fuir devant la mort toutes les fois qu'ils l'ont pu, ont fait le sacrifice de leur vie pour l'avancement des sciences et des arts libéraux.

d. — Le nom de leur Législateur après 789

Quelle a été l'attitude des Esséniens pendant que les Jesséens, comme les fils du papas Iehoudda, mettaient la Judée à feu et à sang en 789 ? On le sait, la question du tribut ne les intéressait point.

Ils ont été du côté de Jésus lorsqu'il a dit : Rendez à César ce qui est à César. Cependant ils semblent bien avoir eu un autre Législateur, qu'ils mettaient au niveau de Dieu dans leur culte, et même au-dessus. Mais encore une fois comment s'appelle ce Législateur ? Voilà ce qu'il est impossible de savoir. Ne serait-ce point le fils acné du papas Iehoudda, surnommé Panthora ?

La guerre que nous avons eue contre les Romains, a fait valoir en mille manières que leur courage est invincible. Ils ont souffert le fer et le feu, et vu se briser tous leurs os, plutôt que de vouloir dire la moindre parole contre leur Législateur[33], ni manger des viandes qui leur sont défendues[34], sans qu'au milieu de tant de tourments ils aient jeté une seule larme, ni dit la moindre parole pour tacher d'adoucir la cruauté de leurs bourreaux. Au contraire, ils se moquaient d'eux, leur souriaient, et rendaient l'esprit avec joie, parce qu'ils espéraient de passer de cette vie à une meilleure.

Qu'est-ce que les Esséniens avaient donc pu faire pour être traités comme les Sicaires exterminés en Egypte par Tibère Alexandre ?

Leur Législateur n'est-il pas le même que l'assassin de son peuple, comme dit le Talmud ?

e. — Les Esséniens disparaissent sans avoir connu l'Apocalypse de l'Even-guilayon et son auteur

Rufin sent le besoin de les différencier sans confusion possible. Les Esséniens ne croient pas à la résurrection des corps à une date fixe, elle n'a pas assez réussi pour cela sous les Anes de 789 ! Cependant on peut espérer qu'ils se convertiront un jour à celui de leurs coreligionnaires qui méritait tant de ressusciter personnellement : le Juif de rapport, le divin Juif de rapport. D'ailleurs ont-ils jamais entendu dire que Barabbas eût paru et baptisé, annonçant le Royaume universel des Juifs pour le 15 nisan 789, à six heures de relevée ? Jamais, au grand jamais !

Ils croient fermement que, comme nos corps sont mortels et corruptibles, nos âmes sont immortelles et incorruptibles ; qu'elles sont d'une substance aérienne très subtile, et qu'étant enfermées dans nos corps ainsi que dans une prison, où une certaine inclination naturelle les attire et les arrête, elles ne sont pas plutôt affranchies de ces liens charnels qui les retiennent comme dans une longue servitude, qu'elles s'élèvent dans l'air et s'envolent avec joie[35].

En quoi ils conviennent avec les Grecs, qui croient que ces âmes bienheureuses ont leur séjour au delà de l'Océan, dans une région où il n'y a ni pluie, ni neige, ni une chaleur excessive, mais qu'un doux zéphire rend toujours très agréable ; et qu'au contraire les âmes des méchants n'ont pour demeure que des lieux glacés et agités par de continuelles tempêtes où elles gémissent éternellement dans des peines infinies.

Quelles précautions pour que les Esséniens n'aient pas lu l'Apocalypse de l'Even-guilayon, et n'y aient pas vu, pour les Juifs Kanaïtes, le Jardin aux douze récoltes avec la ville toute d'or et de pierreries, pour les goym l'abîme de feu et de soufre !

Car c'est ainsi qu'il m'apparaît que les Grecs veulent que leurs héros, à qui ils donnent le nom de demi-dieux, habitent des îles qu'ils appellent fortunées, et que les âmes des impies soient à jamais tourmentées dans les enfers, ainsi qu'ils disent que sont celles de Sisyphe, de Tantale, d'Ixion et de Tytie.

Ces mêmes Esséniens croient que les âmes sont créées immortelles pour se porter à la vertu et se détourner du vice ;

Que les bons sont rendus meilleurs en cette vie par l'espérance d'être heureux après leur mort, et que les méchants qui s'imaginent de pouvoir cacher en ce monde leurs mauvaises actions, en sont punis en l'autre, par des tourments éternels. Tels sont leurs sentiments touchant l'excellence de l'âme, et on ne voit guère s'en départir ceux qui en sont une fois persuadés.

f. — Pourquoi les Esséniens peuvent prédire l'avenir sans connaître l'Even-guilayon

Il y en a parmi eux qui se vantent de connaître les choses à venir, tant par l'étude qu'ils font des livres saints et des anciennes prophéties, que par le soin qu'ils prennent de se sanctifier : et il arrive rarement qu'ils se trompent dans leurs prédictions.

Eh ! mais, ceci est le propre des membres de la famille de Jessé, si nous en croyons ce qui a été dit de Juda ben-Péréja sous Ioannos et de Siméon sous Hérode. Rufin insinue qu'il y avait parmi les Esséniens des hommes aussi doués que les Jesséens sous le rapport de la divination, et que dans ce milieu un Jésus avait pu se former, s'entraîner. Il est évident que le revenant de Barabbas ne se trompe pas, quand, sur le Mont des Oliviers, d'où l'on pouvait découvrir le Temple, il prédit, un siècle après l'événement, la ruine de cet édifice

g. — Pourquoi il y a des Esséniens mariés

Avant de quitter les Esséniens, et avec regret, — on tient toujours à ses inventions, — Rufin doit compter avec les membres de la Sainte famille qui, pendant l'Année des baptêmes, suivirent les ordonnances de Barabbas sur l'arrêt complet de l'acte génésique, et avec ceux qui, dans le même but, s'abstinrent de contracter mariage. Il faut que les frères et beaux-frères du Juif de rapport aient pu être Esséniens, tout en ayant eu femme. Les voici :

Il y a une autre sorte d'Esséniens, qui conviennent avec les premiers dans l'usage des mêmes viandes, des mêmes mœurs et des mêmes lois, et n'en sont différents qu'en ce qui regarde le mariage. Car ceux-ci croient que c'est vouloir abolir la race des hommes que de ne pas se marier, puisque, si chacun embrassait ce sentiment, on la verrait bientôt éteinte.

A moins cependant que, réadamisés par Barabbas, certains ne vécussent pendant mille ans, un en deux, deux en un, comme Adam. Mais les goym périssaient dans la division où ils étaient encore le 15 nisan 789. C'est là ce que Rufin dissimule, pour ne pas aliéner de sympathies au Juif de rapport. Les Esséniens à marier vont donc se conduire comme des gens qui n'ont point régné mille ans ; ils le regrettent évidemment, puisqu'ils sont Juifs, mais il leur faut masquer leur déconvenue.

h. — Change donné sur les raisons chronométriques des ordonnances de Barabbas prescrivant l'arrêt de l'acte génésique

Ils s'y conduisent néanmoins avec tant de modération, qu'avant que de se marier, ils observent durant trois ans[36] si la personne qu'ils veulent épouser paraît assez saine pour bien porter des enfants[37] : et lorsqu'après être mariés, elle devient grosse, ils ne couchent plus avec elle durant sa grossesse[38], pour témoigner que ce n'est pas la volupté, mais le désir de donner des hommes à la république, qui les engage dans le mariage.

i. — Le baptême des femmes

Et lorsque les femmes se lavent, elles se couvrent avec un linge comme les hommes.

En attendant le règne de Barabbas, qui sera, disait ce Législateur à sa mère, lorsque vous aurez foulé aux pieds le vêtement de la pudeur : un en deux, deux en un, ni homme, ni femme.

On peut voir par ce que je viens de rapporter quelles sont les mœurs des Esséniens.

Ce qu'on peut voir encore mieux, ce sont celles de l'Église, où les Rufin se comptent par centaines, alors que nul n'a jamais vu un seul Essénien

j. — Josèphe chez les Esséniens : Banès

Il fallait que quelqu'un les eût vus. Pourquoi ne serait-ce pas Flavius Josèphe lui-même, descendant des rois Asmonéens et fils d'un de ces princes des prêtres dont il est si souvent parlé dans les Mahazeh et dans les Toledoth ?

Un homme dans le genre de Rufin composa une Vie de Josèphe, écrite par lui-même, où ce Josèphe déclare que, dès l'âge de treize ans, par conséquent en 803 (Josèphe serait né en 790, première année de Caligula), il a voulu faire l'épreuve des sectes dont il faut être pour n'avoir pas suivi Simon dit la Pierre et Jacob senior, crucifiés, précisément en 803, par Tibère Alexandre : il spécifie qu'elles sont trois, y compris les Esséniens, dont il est censé avoir parlé suffisamment dans les Antiquités judaïques et dans la Guerre des Juifs[39]. Il est même censé n'avoir pas entendu parler de Barabbas, mais de Jean-Baptiste, et aussi de Jésus, lequel était le Christ.

Et sans dire positivement qu'il s'agisse d'un Essénien, mais le donnant à croire, il nous présente Banès[40] :

Après beaucoup de travail (le maniement de la pioche sans doute !) et de privations, ayant appris qu'un nommé Banès[41] vivait si austèrement dans le désert, qu'il n'avait pour tout vêtement que les écorces des arbres, pour nourriture que ce que la terre produit d'elle-même, et que, pour se conserver chaste, il se baignait plusieurs fois le jour et la nuit dans de l'eau froide, il décide de l'imiter. Et après avoir passé trois ans avec lui, il retourne, âgé de dix-neuf ans, à Jérusalem.

Il a donc seize ans lorsqu'il apprend l'adresse de Banès, qui, dans l'esprit du faussaire, est une manière de disciple de Jean-Baptiste, comme ceux qui dans les Toledoth canoniques sont envoyés en ambassade à Jésus. Le pseudo-Josèphe ayant été seul à connaître cet Esséno-Banès, on doit regretter qu'il ait oublié de dire à quel endroit du désert fonctionnait ce Rétablisseur, qui n'est point vêtu de poils de chameau, et n'a point le Kosti de cuir qui lie et délie, parce qu'il n'a point qualité pour remettre les péchés. Il n'en est pas moins vrai que, par cet Esséno-Banès, Josèphe frôle dans l'espace les disciples de Jésus, et s'exerce, lorsqu'un Rufin interpolera les Antiquités judaïques, à reconnaître de Barabbas que celui-là était le Christ !

k. — Un romain constitué témoin de l'existence des Esséniens : Interpolation de Pline l'Ancien

S'il n'était pas mauvais qu'un Juif comme Josèphe eût connu les Esséniens et vécu trois ans avec l'un d'eux, il était bon aussi qu'un Romain comme Pline, au courant de tant de phénomènes, eût, sans avoir passé trois ans avec son contemporain Banès, parlé des Esséniens, ne fût-ce qu'à raison de leur prodigieuse indifférence pour les questions de Recensement et de tribut.

L'Église charge Pline[42] d'expliquer comment il se faisait que cette secte eût pu subsister sans argent et sans être connue des talmudistes. Elle s'en tire fort mal, car après avoir ramené les Esséniens à une seule secte, celle qui ne se marie pas, elle donne pour raison de la perpétuelle renaissante d'une confrérie où il n'y a pas de naissances du tout, ce fait que ses membres se recrutent parmi les étrangers dégoûtés de la vie civile, de sorte que, strictement Juifs dans Josèphe, ils sont uniquement goym dans Pline !

l. — Entrée des Esséniens dans l'histoire ecclésiastique

Quand les Philon et les Pline furent ainsi, et de bien d'autres manières, transformés en témoins de l'existence et des vertus, étonnamment privées, des Esséniens, les Histoires ecclésiastiques, signées : Eusèbe et autres, ne doutèrent point que les premiers christiens ou chrestiens, modèle incontesté de toutes les perfections humaines, ne fussent en partie des Esséniens convertis à celui qu'il convient d'appeler Notre Seigneur Jésus-Christ, si toutefois on aime Dieu de tout son cœur.

 

IV. — SAINTE FAMILLE, PLACE AUX ESSÉNIENS !

a. — Du Recensement (760) à la crucifixion de Barabbas (789)

L'introduction des Esséniens dans la Guerre des Juifs a entraîné la suppression à peu près complète de tout ce qui concernait la Sainte-Famille depuis le Recensement de Quirinius.

Les vingt-neuf ans d'histoire qui s'écoulent de 760 à la crucifixion de l'aîné des fils de Panthora, sont traités en dix lignes. Tout ce qui regarde ce scélérat et l'Évangélisation a été enlevé. Tout le passage sur Pilatus est substitué. Rufin n'a pas même eu l'idée de rappeler en une ligne les passages qu'il a introduits dans les Antiquités pour faire croire à la coexistence de Jean-Baptiste et de Jésus : Josèphe est censé l'avoir admise, et Rufin se dispense d'y revenir.

b. — De la crucifixion de Simon et de Jacob (803) au sacre de Ménahem (819)

La crucifixion de Simon et de Jacob par Tibère Alexandre, passée sous silence dans les Antiquités, est traitée en deux lignes dans la Guerre des Juifs.

Josèphe est censé l'avoir désapprouvée, puisque, dans sa Vie écrite par lui-même, il déclare s'être mis ensuite avec un Essénien qui ressemble au Jean-Baptiste actuel.

On sait que, pendant tout le règne de Néron, les Naziréens de la vengeance, armés par les frères survivants de Simon et de Jacob, souillèrent le Temple d'assassinats commis avec une incroyable astuce, et que, Ménahem régnant, Saül (aujourd'hui Paul) eut beaucoup de peine à leur échapper. L'auteur de la Vie de Josèphe écrite par lui-même déclare donc que, sept ans après avoir quitté Banès, Josèphe, éprouvant le besoin de changer d'air, s'est embarqué pour aller voir Néron et soutenir la cause de quelques sacrificateurs de ses amis, envoyés à Rome pour un très léger sujet. Sans dire positivement qu'il est monté sur le même vaisseau que Paul, il fait naufrage dans la mer Adriatique, comme Paul. Après avoir nagé toute la nuit[43], il se trouve sauvé, avec quatre-vingts personne[44] sur six cents, par un vaisseau venu de Cyrène, débarque à Pouzzoles, comme Paul, va vers Néron, comme Paul, obtient facilement la grâce de ses amis par le crédit d'un comédien juif, nommé Alitur[45], et revient à Jérusalem dans le temps que des factions, il ne sait plus lesquelles, allaient s'emparer de la tour Antonia.

En un mot, il trouve le moyen d'être absent de Judée quand Ménahem s'y fait roi-christ.

c. — Escamotage de Ménahem dans la Vie de Josèphe

De tous les frères de Barabbas, Ménahem est celui qui gênait le plus l'Église, à raison de l'exécration qu'il avait vouée à Saül, et du cas extraordinaire qu'en faisaient les synagogues évangélisées[46].

Dans sa Vie écrite par lui-même (oh ! combien), dès le moment qu'il semble avoir connu Paul, Josèphe ne peut parler de Saül. Quant à Ménahem, c'est un personnage très vague sur qui on trouvera des renseignements ailleurs. Evidemment Josèphe a su qu'il avait existé, il l'a même évité en se retirant dans le sanctuaire[47], mais, après sa mort et celle des principaux auteurs de la révolte (il ne se rappelle pas très bien leur nom), il est sorti avec les sacrificateurs de marque, si peu diminués dans leur nombre, qu'il semble bien y avoir parmi eux ceux-là mêmes que Ménahem avait fait assassiner dans les égouts. Au fond, le faussaire escamote Ménahem.

 

 

 



[1] Erasme est l'un des premiers qui aient signalé à l'attention de la critique les procédés de Rufin.

A la vérité, je ne pense pas qu'il soit équitable de n'accuser que Rufin et de rejeter sur lui seul toute la responsabilité des innombrables faux dont est farci le texte actuel de Flavius Josèphe. Il est évident que la plupart de ces faux sont postérieurs à Rufin, quelques-uns même à l'invention de l'imprimerie et faits en vue de l'édition.

[2] Il réussit à n'avoir dit qu'une seule fois, à l'article du Recensement, que ce Juda était de Gamala.

[3] Guerre des Juifs, l. I, ch. 3, édition de Sigismond Gelenius.

Pour celui qui a fabriqué ce passage, les Jesséens ne sont pas encore la secte qu'un autre faussaire inventera sous le nom d'Esséniens : ce sont les fils de Jessé, père de David.

[4] On aimerait à savoir comment.

[5] Cf. le Toledoth dit de Matthieu.

[6] Peut-être pour ne pas dire qu'elle était plutôt d'Alexandrie.

[7] Livre II, ch. XI.

[8] L. XVII, ch. XV, p. 414 de l'édition de Sigismond Gelenius.

[9] Archélaüs, avant que de recevoir l'ordre d'aller trouver Auguste, avait eu un songe qu'il avait raconté à ses amis. Il lui sembla qu'il voyait dix épis de blé tout mûrs et extrêmement remplis de grain, et que des bœufs les mangèrent. S'étant éveillé, il crut ne devoir pas négliger ce songe, et envoya quérir ceux qui passaient pour les plus capables de le lui interpréter : mais comme ils ne s'accordaient point entre eux (pas même sur le chiffre !), un nommé Siméon, descendant de Jessé, le pria de lui pardonner s'il prenait la liberté de lui en donner l'explication, et lui dit ensuite que ce songe présageait un changement dans sa fortune, qui ne lui serait pas favorable, parce que les bœufs sont des animaux qui passent leur vie dans un travail continuel, et qu'en labourant la terre ils lui font changer de forme et de place ; que ces dix épis marquaient dix années, parce qu'il ne se passe point d'année que la terre n'en produise de nouveaux par une révolution continuelle, (interrompue par les années sabbatiques, pendant lesquelles il est défendu de semer) : et qu'ainsi la fin de la dixième année serait la fin de sa domination. Cinq jours après que Siméon eut ainsi expliqué ce songe, Archélaüs reçut l'ordre d'aller trouver Auguste.

[10] Ce fut le cas du fils qu'il eut de Cléopâtre : Siméon, frère de Salomé, élevé avec les autres fils que Cléopâtre eut d'Hérode.

[11] Au point de se confondre avec lui : un en deux, deux en un.

[12] C'est la seule analogie possible entre Glaphyra et Cléopâtre.

[13] Même après ma mort. C'est l'interdiction des secondes noces, prononcée au nom de l'individu qui a fabriqué les Lettres de Paul. Ce propos ne s'explique que dans la bouche d'un homme abandonné, de son vivant, par sa femme, ce qui est le cas de Siméon.

[14] Ce que Siméon reprochait à Cléopâtre, c'est d'en être sortie pour porter ses droits dans la famille d'Hérode !

[15] Voici la seconde version du songe de Glaphyra, celle de la Guerre des Juifs. On y remarquera des différences sensibles, notamment dans le discours d'Alexandre. Glaphyra meurt deux jours, au lieu de cinq, après le songe, et on a retranché le passage dans lequel Rufin autorisait les lecteurs à mettre son récit en doute :

J'estime devoir aussi rapporter un autre songe qu'eut la princesse Glaphyra, sa femme, fille d'Archélaüs, roi de Cappadoce, qui avait épousé en premières noces Alexandre, fils du roi Hérode qui le fit mourir. Cette princesse épousa après sa mort Juba, roi de Lybie ; et en étant encore demeurée veuve, elle retourna chez le roi, son père, où Archélaüs l'Ethnarque, l'ayant vue, fut touché d'une si violente passion pour elle qu'il répudia Marianne, sa femme, pour l'épouser. Peu de temps après que Glaphyra fut retournée en Judée pour ce mariage, il lui sembla qu'elle voyait Alexandre, son premier mari, qui lui disait : Ne vous suffisait-il donc pas d'être passée à de secondes noces sans vous marier encore une troisième fois, et n'avoir point de honte d'épouser mon propre frère ? Mais je ne vous pardonnerai pas un si grand outrage : et malgré que vous en ayez, je vous reprendrai. Cette princesse raconta ce songe à ses amies, et mourut deux jours après, laissant quarante-huit heures à ses amies pour transmettre le songe à la postérité.

[16] Il n'est plus Gaulonite, comme dans les Antiquités, ni de Gamala, depuis que Marie n'est plus Gamaléenne.

[17] Son nom est même encore dans le titre latin du chapitre XII du Livre II, p. 784 de l'édition donnée par Gélénius : De Simone Galileo, et à la table, avec cette mention catégorique : Proprice secte sophista erat, il était l'instructeur de sa secte.

[18] Comme le voulait faire aux goym l'estimable Barabbas, porteur de la verge de Jessé.

[19] Cf. Le Mensonge chrétien, pet. édit., p. 395.

[20] Ils ne lui soupçonnent point de fils, et cependant celui-ci est né depuis 739 !

[21] Ils n'invoquent point les démons, comme fera ce fils de Dieu, ils n'entendront jamais parler du Tharthak-Thakthar.

[22] Ce n'est pas comme dans les Toledoth, où l'on ne voit que rixes, et où l'on n'entend que querelles, invectives, récriminations, malédictions, vomissements d'injures.

[23] Il ne s'y élève pas de disputes pour savoir qui d'entre eux est le plus grand, comme en pleine Cène dans les Toledoth. Cf. Luc, XXII, 24.

[24] Ils en reconnaissent plusieurs. Il ne leur est pas encore recommandé par Barabbas de ne reconnaître d'autre Maître que lui.

[25] Ce n'est jamais pour se constituer une bande de partisans qu'on tient par le ventre. Désintéressement absolu de cœurs qui se donnent.

[26] Comme le faisait Barabbas dans ses invocations. Aujourd'hui Jésus défend le serment.

[27] Mais la Kabbale satanique de Juda ben Péréja et de ses descendants, ils ne voudraient pas !

[28] Ils ont ceci de commun avec les Kanaïtes, qu'ils se trouvent ainsi sous la protection du quatrième signe : les Anes, celui du triomphe des Juifs.

[29] Comment ! mais leurs couvents sont pleins de goym assis à la table commune.

[30] Matthieu, XX, 20-27, Marc, X, 35-45. Je prends le texte dans Matthieu.

[31] Cette pioche, rapprochée des trous que font les disciples de Jésus dans les Évangiles de l'Enfance montre assez que les scélérats rangés autour de Barabbas creusaient d'avance la fosse des gens envoûtés par lui. Les Juifs évangélisés d'Alexandrie avaient creusé celle de Flaccus.

[32] Sur ce point, qu'il ne convient pas de développer, cf. Le Mensonge chrétien, grande édition, t. X.

[33] Celui dont le revenant dit dans les Toledoth : Vous serez en exécration à tous à cause de mon nom, (Juda-bar-Juda), dit Barabbas.

[34] Il y en avait donc ? Rufin ne nous en a pas parlé lorsqu'il nous a montré les Esséniens accueillant indistinctement tous les goym à leur table.

[35] Imité de Virgile.

[36] Trois années, c'est beaucoup, Barabbas n'en exigeait qu'une, l'Année proto-jubilaire 788. Encore se contentait-il de neuf mois ! Cependant il est difficile de blâmer ces Esséniens, si l'on considère qu'ils tiennent à placer leur union sous le signe de l'Ane.

[37] Et assez sage pour n'en pas porter. C'est là surtout ce qui meut ces Esséniens.

[38] Ils ne semblent pas très au courant de leur devoir, qui est d'éviter cette grossesse même à leur femme dans le délai imparti par leur Législateur.

[39] Le passage des Antiquités judaïques sur les prétendus Esséniens n'est qu'une réduction de celui que Rufin a placé dans la Guerre des Juifs. D'ailleurs, Rufin lui-même y renvoie, disant : Nous en avons parlé dans le Second livre de la Guerre des Juifs. (Comme si Josèphe avait connu les divisions et le titre qu'il a plu à l'Église de donner au Péri alôseôs). Cependant il est à propos d'en dire quelque chose ici.

[40] Avant cela, pour faire croire à l'authenticité de la scène où Jésus, âgé de douze ans, pérore dans le temple au milieu des docteurs, le faussaire nous montre Josèphe, âgé de quatorze ans (il faut bien que Jésus ait l'avantage de la précocité), consulté par les sacrificateurs et les principaux de Jérusalem sur l'intelligence de nos lois.

[41] Je pense que le faussaire tire ce nom du verbe banoh (rétablir, établir). Ce Banès, lui aussi est partisan du rétablissement de la monarchie davidique en Judée et de l'établissement du Royaume des Juifs dans le monde.

[42] Histoire naturelle, l. V.

[43] Nous ne dirons pas comme Paul, car celui-ci a fait plus, il est resté tout un jour et toute une nuit au fond de la mer.

[44] Il en manque quatre pour faire le compte des passagers invisibles que le vaisseau de Paul transporte en Occident. Cf. Le Mensonge Chrétien, pet. édit. p. 657.

[45] Qu'on entretient, qu'on nourrit. C'est du latin. Le faussaire s'amuse aux dépens de ceux qui le lisent. Il pense à Alibi (ailleurs) et à Aliter (autrement). Le chapitre des Actes des Apôtres sur la traversée de la Méditerranée par Paul n'est qu'un recueil de calembours du même genre. La sottise des ouailles est un sujet éternel de gaieté pour tous ces aigrefins. Voyez l'évêque Milon dans l'Ane d'Or.

[46] Cf. Troisième partie, et plus loin les Vaurien de l'étranger, et le targum du Talmud sur Ménahem dans Le Mensonge Chrétien, pet. édit., p. 222.

[47] C'eût été le bon moyen d'être pris et assassiné, puisque Ménahem occupait les lieux saints en qualité de roi-christ.