I. — NÉCESSITÉ DE L'INVENTION DE LA CÈNE. Jusqu'au dernier tiers du second siècle, aucun Évangile ne contient de Cène. Dans Cérinthe Jésus remonte au ciel sans avoir institué de sacrement en remplacement de l'agneau pascal. Il ne donne encore sa chair et son sang pour qui que ce soit, pas même pour les Juifs. Bar-Jehoudda crucifié, voilà, pour les millénaristes, quel est l'agneau de la Grande pâque manquée. Comment, depuis la chute du Temple, le commémore-t-on parmi les sectaires qui ne sont ni molochistes ni nicolaïtes, et qui ne pratiquent pas la christophagie bisexuelle ? Par le pain-chair du Zib, par la poissonnade pour laquelle Apulée fut poursuivi[1]. Nous sommes sous Antonin et il n'y a d'autres pâques christiennes que celles-là, monstrueuses, répugnantes, punies par les lois païennes. On en est resté à la rémission des péchés par Peau ; cette formule est discréditée par la faillite du baptiseur et l'indignité de ses disciples. Le baptême appartenait à l'Ancien Testament. La faillite de l'héritier ayant été clôturée faute d'actif, il faut un Nouveau Testament aux expectants du Royaume. Les formules pascales employées jusqu'ici par les jehouddolâtres, le sacrifice de soi sous la forme de pilules sémino-menstruelles, l'immolation des enfants, la poissonnade sont des formules condamnées, les unes par la morale, les autres par les tribunaux, les autres par l'expérience, et pourtant les aigrefins de Rome n'entendent point renoncer aux bénéfices du baptême. Qu'inventer qui permette d'exploiter les hommes sans les conduire nécessairement au crime ? Retarder d'un jour la crucifixion de Bar-Jehoudda pour qu'il eût pu célébrer la pâque, et soutenir que, s'étant donné lui-même en sacrifice, ce sacrifice impliquait la grâce des douze tribus. Pour que le sacrifice produisit ses effets, il fallait que ce fût celui d'un homme innocent comme le premier-né que les ancêtres de Bar-Jehoudda immolaient jadis à Moloch. Or, Bar-Jehoudda était un premier-né, et Jésus avait dit dans Cérinthe[2] : Qui de vous me convaincra de péché ? Par conséquent, à la condition de supprimer son casier judiciaire, le corps du scélérat condamné par le sanhédrin pouvait être donné en remplacement des fâcheuses espèces sous lesquelles-ses disciples avaient célébré la pâque jusqu'à la fin du second siècle. Voici ce que disposèrent les aigrefins de Rome. II. — L'HOMME À LA CRUCHE. Rappelons que le mercredi 14 nisan, dernier jour de l'année 788, Bar-Jehoudda, arrêté aux environs de-Lydda par Is-Kérioth, fut amené à Jérusalem dans la nuit, déposé dans la prison dite le Hanôth, conduit à Hérode Antipas et à Pontius Pilatus dès le matin, enfermé dans le haut palais, exposé devant le prétoire, et crucifié au Guol-golta vers deux ou trois-heures de l'après-midi, tandis que les habitants de Jérusalem faisaient leurs préparatifs ordinaires pour manger l'agneau le soir, aux premières heures du 15 nisan Mais cette année-là Jésus devait admettre à la pâque-les sept fils de Jehoudda. Refusera-t-il, parce qu'ils ont échoué dans leurs entreprises, de les faire communier en lui dans une pâque qui ne coûte rien, une pâque pour-rire ? Non, à cette ombre de pâque il appellera leurs ombres, il ira détacher Bar-Jehoudda de la croix, il réchauffera dans son sein cet apôtre préféré pour qui il réservait ses pensées de fortune et de gloire universelles, il lui rendra l'esprit de vie, le pneuma. Shehimon n'est mort qu'en 802, il utilisera ses services, et tirant Is-Kérioth de la Poterie, il lui recoudra le ventre. Telle sera cette pâque de morts. Tout le monde savait, — et les Actes des Apôtres le disent bien haut après tous les Évangiles, — que les Juifs ne devaient pas exécuter quelqu'un pendant la Pâque. Bar-Jehoudda en croix pendant la Pâque, c'est le scandale religieux que le Temple avait donné et dont les mythologues se sont emparés pour identifier la victime avec l'agneau lui-même. Mais quand Jésus fut entré dans le christ, non plus simplement pour l'enlever à la mort, mais pour le changer du tout au tout, celui-ci souffrit le lendemain de la Cène juive. Les synoptiseurs avaient à lutter contre l'Évangile de Cérinthe qui distingue à cinq reprises entre la fête de pâque, qui commençait le 15 nisan, et le jour de la préparation, où l'on cuisait les azymes et où on immolait l'agneau. Résolus à soutenir que Bar-Jehoudda -avait mangé la pâque, les synoptiseurs de Marc font rentrer la préparation dans le premier jour des Azymes. Mais Luc fait encore très nettement la même distinction que Cérinthe, et Matthieu n'y contredit pas formellement. LUC, XXII, 7. Cependant vint le jour des azymes où il était nécessaire d'immoler la pâque[3]. 8. Jésus donc envoya Pierre et Ieou-Shanâ-os, disant : Allez nous préparer la pâque, afin que nous la mangions. 9. Mais eux lui demandèrent : Où voulez-vous que nous la préparions ? En effet il n'y a plus de Temple depuis 823, plus de prêtres pour immoler l'agneau, plus d'agneaux même, puisque Jésus a chassé leurs mères du sanctuaire. — Cela d'ailleurs juge l'allégorie de la dispersion des animaux, on n'immolait point de brebis. — Mais Jésus ne serait pas un bon revenant, s'il n'avait lu et relu l'Apocalypse qu'il avait faite en son vivant et où il disait : Je ne vis point de temple dans la ville, parce que le Seigneur tout-puissant et l'Agneau en sont le temple[4]. L'étonnement du Joannès et de Pierre n'était que trop justifié ; Matthieu et Marc suppriment leur mission préparatoire, leurs noms et le sentiment qu'ils ont exprimé dans Luc, ils font rentrer le jour de la préparation dans le cadre de la fête et disent du premier jour des azymes que c'était celui où ou immolait l'agneau. Or, l'agneau était immolé depuis la veille, et le 15 nisan au matin il n'en restait plus rien dans aucune maison de Jérusalem. La loi voulait qu'il fût mangé tout entier avant le jour. MATTHIEU, XXVI, 17. Or, le [premier] jour des azymes, les disciples s'approchèrent de Jésus, disant : Où voulez-vous que nous vous préparions ce qu'il faut pour manger la Pâque ? MARC, XIV, 12. Or, le [premier] jour des azymes, auquel on immolait la pâque, ses disciples lui dirent : Où voulez-vous que nous allions vous préparer ce qu'il faut pour manger la pâque ? 13. Et il envoya deux de ses
disciples, et leur dit : Allez dans la ville ; vous
rencontrerez un Homme portant une cruche d'eau,
suivez-le ; 14. Et, quelque part qu'il entre, dites au maître de la maison : Le Maître dit : Où est le lieu où je pourrai manger la pâque avec mes disciples ? 15. Et il vous montrera une grande chambre haute étendue d'un tapis, toute prête : faites-y les préparatifs pour nous. 16. Ses disciples s'en allèrent donc ; ils vinrent dans la ville, trouvèrent les choses comme il leur avait dit, et préparèrent la pâque. Mais Matthieu et Marc ont eu beau supprimer les noms de Pierre et de Joannès, ce sont bien eux qui dans le dispositif original, conservé par Luc, objectaient à Jésus l'impossibilité matérielle de manger l'agneau. LUC, XXII, 10. Et il leur répondit : Voici qu'entrant dans la ville, vous rencontrerez un Homme portant une cruche d'eau ; suivez-le dans la maison où il entrera. 11. Et vous direz au père de famille de la maison : Le Maître vous dit : Où est le lieu où je pourrai manger la pâque avec mes disciples ? 12. Et il vous montrera une grande chambre haute étendue d'un tapis, faites-y les préparatifs. 13. S'en allant donc, ils trouvèrent comme il leur avait dit, et ils préparèrent la pâque. Ne vous étonnez pas que l'Évangéliste, ayant le choix .des préparateurs, y ait mis le christ lui-même. Il vous souvient que dans la version de Shehimon et consorts le roi des Juifs avait échappé au supplice[5], et que dans celle de Cérinthe il vivait encore en 802[6]. Il est donc disponible en tant que Joannès, disciple préféré du Verbe, car il est entièrement déchargé du rôle du christ qui appartient à Jésus depuis la Transfiguration. Enfin, si on examine de très près la chronologie, on voit que s'il était en croix depuis le 14, il ne devait mourir que le 16 : il était donc utilisable. Dans Matthieu, qui est le plus moderne et qu'on a fait ensuite passer pour le plus ancien, on a supprimé l'Homme à la cruche. MATTHIEU, XXVI, 18. Jésus répondit : Allez dans la ville, chez un tel, et dites-lui : Le Maître dit : Mon temps est proche ; je veux faire chez toi la pâque avec mes disciples. 19. Et les disciples firent comme Jésus leur commanda, et ils préparèrent la pâque. Pourquoi Matthieu a-t-il supprimé l'Homme à la cruche ? Parce qu'il a supprimé Pierre et Joannès, qui expliquent et complètent la séméiologie. Il fallait ou les laisser en place ou les biffer tous les trois. On a préféré ce dernier parti que la prudence commandait impérieusement. Allez prendre un agneau dans chaque famille, et immolez l'agneau, disait la Loi[7]. Or, la maison où l'Homme à la cruche les a menés, celle de David, est en même temps celle de la famille de l'agneau-homme dont les Romains ont répandu le sang en la forme rituelle, comme s'ils avaient agi consciemment pour le compte des Jérusalémites. Ils prendront de son sang et ils le mettront sur les deux poteaux[8]. Ainsi était-il advenu de Bar-Jehoudda. Et sur le haut des portes où ils le mangeront[9]. Ainsi avait fait l'Homme à la cruche, et c'était là le signe que la pâque devait se faire ensuite chez lui. Car le sang dont sera marquée chaque maison où vous serez servira de signe en votre faveur[10]. La maison de l'Homme à la cruche est donc, paraboliquement, la maison du corps de l'agneau immolé le 14 nisan 788. Qu'est-ce maintenant que l'Homme à la cruche, et à quelle porte de la ville devait-il se tenir ? Au temps des rois de Juda il y avait eu douze portes à Jérusalem, avec les douze signes peints ou gravés comme ils étaient brodés sur le voile du sanctuaire. La porte des Poissons est restée célèbre, et naturellement elle précédait celle de l'Agneau, si le premier signe était déjà l'Agneau, ce qui est douteux. L'Éternel dans Sophonie menace le peuple de son jour, ce fameux jour où tout devait être puni et récompensé : Il y aura ce jour-là des cris retentissants du côté de la porte aux Poissons, des hurlements du côté du deuxième District[11] et un grand fracas du côté des collines. Lamentez-vous, habitants du Makhtêch[12], car c'en est fait de toute cette population de marchands, ils sont perdus tous ces chargés d'argent[13]. La porte des Poissons était à l'orient[14], face à l'Assyrie d'où ils étaient originaires et dont les Juifs s'appliquaient la kabbale astrologique. Or, Bar-Jehoudda avait annoncé que, sous son règne, Jésus amènerait d'en haut l'original des douze portes dont celles de Jérusalem étaient une infime et basse reproduction, et naturellement Jésus n'en avait rien fait. Que restait-il de la porte des Poissons après la prise de Jérusalem par Titus et sa seconde chute sous Hadrien ? Probablement rien. Mais à eux deux le christ et Shehimon en figureront d'autant mieux le signe, qu'ils sont les deux ainés des sept fils du Zibdéos. Car l'Homme à la cruche, l'homme dans la maison de qui Jésus veut qu'ils célèbrent la pâque cyclique de l'Æon-Zib, vous l'avez reconnu sans qu'il soit besoin de le nommer, c'est Jehoudda ; et sa maison, c'est celle de David. C'est là, dit Jésus. Parfaitement. C'est là aussi qu'ont lieu les Noces de Kana dont le Maître d'hôtel ou Architriclin n'est autre, il vous en souvient, que l'Aquarius, grand verseur de l'eau que Jésus transforme en vin dans les six cruches[15]. Et l'Aquarius ou Zibdéos (c'est tout un), est lui-même une de ces six cruches, la cinquième. Vous avez déjà vu ce gros plein d'eau dans la guérison de l'Hydropique[16]. Ici il a sa cruche sur la tête, et c'est ainsi qu'il était représenté sur la porte du Zibdéos. Vous savez comme il est ingambe en dépit de la mort, vous l'avez vu grimper sur le figuier de Jéricho avec l'alacrité d'un pithécanthrope. C'est incontestablement lui qui fait entrer les Poissons dans l'Agneau ! Si par hasard en allant à l'eau, — on sait le proverbe, — sa cruche se casse, l'Eucharistie n'aura point lieu, c'en sera fait du salut de trente-huit millions de Français ! On tremble en pensant à quoi tiennent les destinées ! Mais, aposté par Marc à l'entrée de Jérusalem en un temps où la ville s'appelait Ælia Capitolina, le Zibdéos attend les deux Zib, ses deux fils sur le Zodiaque comme dans la vie, pour les conduire à l'Agneau. C'est lui qui, préposé par Jésus à la garde de l'eau du baptême, guidera les Douze vers la maison où la Pâque se prépare, et qui est l'unique maison, hélas ! où elle puisse se célébrer. Car pourquoi les Douze auraient-ils une maison depuis la chute du Temple et l'interdiction de la Pâque par Hadrien, alors que Jésus n'a plus d'endroit en Judée où reposer sa tête ? Le Zibdéos est d'autant mieux à sa place que, dans la kabbale millénaire, dans le zodiaque cyclique, il est la figure de Mon qui a fini son temps le jour même de la préparation à la pâque de 789. Cet Æon est, vous le savez, le onzième ou le cinquième, selon qu'on compte depuis le premier ou le sixième jour de la Genèse. La présence du Zibdéos suffirait à dater l'événement. La pâque qui devait se célébrer le soir de la crucifixion n'était ni une pâque ordinaire ni une pâque sabbatique, c'était la Grande pâque de l'entrée dans l'Æon jubilaire, l'Æon-Zib. Sans le Verseau, sans l'Homme à la cruche, comment ces deux Poissons baptismaux pourront-ils connaître la maison du rendez-vous ? Cette maison, c'est celle du Soleil dans l'Agneau. L'Agneau, c'est le Temple, le tabernacle de son corps, — le temple de pierre n'existe plus ! — et lorsqu'y arrivent les Poissons, sous la forme de Bar-Jehoudda et de Shehimon, tout est prêt sans que personne sur terre y ait mis la main. Voyez-vous le temple vendant l'agneau à l'Agneau lui-même, au Maître de la maison ? Le Soleil obligé de payer pour entrer chez lui ? Il n'y a que les gens d'église pour supposer qu'après avoir chassé les vendeurs du Temple, Jésus envoie Pierre et le christ acheter un agneau, le conduire à l'autel des sacrifices, le faire cuire et le servir, cependant que mitonne sur un feu doux la trahison de Judas. C'est en effet une erreur et grossière de croire que Jésus entre à Jérusalem pour manger l'agneau. On frémit de l'effroyable cécité des experts en Dieu, historiens et théologiens, dont aucun n'a vu que dans aucun Evangile Jésus ne dévorait son signe. Jésus est tout ici, d'autant plus tout qu'il n'y a plus rien ! Le Temple détruit, la table aux douze pains de proposition et le chandelier à sept branches emportés par Titus, les Juifs dispersés par Vespasien, la pâque abolie par Hadrien en tant que fête nationale, il est à lui seul le corps de tout cela ! Vous connaissez également la salle du festin et le tapis dont elle est étendue. C'est le ciel et sa nappe[17], cette nappe que Pierre à Césarée voit venir à lui du haut de sa terrasse. Ici c'est plus particulièrement le voile du Temple avec les signes dont ii était orné. Mais vous doutez, je le sens, et vous voulez avoir l'avis de l'Infaillible. Le voici : Saint Épiphane, dans son livre des Mesures, raconte que l'empereur Adrien trouva Jérusalem détruite, à l'exception de quelques maisons et de l'église de Dieu, qui était petite et se trouvait à l'endroit où les Apôtres étaient montés au cénacle : c'est là qu'elle avait été bâtie, dans cette partie de Sion qui avait échappé à la dévastation. En 1551, l'église du Cénacle fut convertie en mosquée et reçut le nom qu'elle porte encore aujourd'hui de Nebi-Daoud ou le prophète David. D'après la tradition, la maison où était le cénacle appartenait à saint Joseph d'Arimathie. Elle avait probablement deux étages, divisés chacun en deux parties, comme on l'a toujours vu. La première partie de l'étage supérieur est le cénacle ou salle de l'institution de la sainte Eucharistie, et la seconde, la salle du Cénotaphe de David. Aujourd'hui la salle du cénacle a quatorze mètres de long sur neuf de large, et elle est en style gothique du quatorzième siècle parfaitement caractérisé. Deux colonnes correspondant aux piliers qui supportent l'étage inférieur la divisent dans le sens de sa longueur en deux nefs parallèles. L'étage inférieur est formé de substructions anciennes et divisé en deux salles, dont la plus grande est considérée comme la salle du Lavement des pieds ; c'est une vaste salle, dont la voûte est supportée par des piliers dans la direction de l'est à l'ouest. A l'est de cette dernière salle se trouve celle du Cénotaphe inférieur de David. Laissons cela, et notons une autre raison pour laquelle l'Évangéliste a choisi la terrasse la plus voisine du ciel, c'est qu'il est près de neuf heures lorsque le repas commence et que toutes les parties basses de Jérusalem sont dans l'ombre. Or, en cette saison, Jésus qui éclaire tout homme venant au monde, comme vous l'a dit Cérinthe[18], conserve encore un peu de son pouvoir jusqu'à la première veille de la nuit. Le repas a donc lieu au sommet de la ville de David. Ce sommet était occupé par le palais d'Hérode, devenu le prétoire de Pilatus, comme on le verra tout à l'heure, ce qui augmente encore les difficultés. III. — L'AGNEAU, LES HERBES AMÈRES, LE PAIN ET LE VIN. Bar-Jehoudda et Shehimon avaient à fournir l'agneau, rais en croix et rôti, les herbes amères[19] avec lesquelles on le devait manger, le pain azyme et le vin, soit quatre choses. Or, dans les ruines du Temple ils n'avaient rien trouvé de tout cela. Néanmoins, Jésus étant là, si sa mère selon le monde eût été présente, elle n'aurait pas manqué de dire comme à Kana : Laissez-le faire, rien ne manquera. Car, comme dit également Philippe lors de la Multiplication des pains, il savait bien ce qu'il devait faire[20]. MARC, XIV, 17. Le soir étant venu, il vint avec les douze (Æons ou patriarches célestes). MATTHIEU, XXVI, 20. Le soir donc étant venu, il était à table avec les douze (Æons.) LUC, XXII, 14. Et quand l'heure fut venue, il se mit à table avec les douze apôtres[21]. Is-Kérioth est mort depuis la veille, mais qu'importe ? Avec une ponctualité bien rare chez un artiste qui a mangé son mois et qui n'a plus rien à recevoir, il est, le premier au lieu du rendez-vous. Que penserait le Père à la ressemblance de colombe, si Judas allait manquer son entrée ? De leur côté, Bar-Jehoudda et Shehimon se gardent bien de l'exclure ; s'il ne venait pas, tout serait à recommencer. De même que Jésus est l'Alpha et l'Oméga de la lumière, Judas est l'Alpha et l'Oméga des ténèbres. Il est entré dans le monde avec Satan, lorsque de vingt-quatre heures éclairantes, le jour est descendu à douze. Sur la foi des images et des fresques, on voit Jésus assis au milieu des douze également assis. Il n'est pas douteux que l'Évangéliste ne se les soit représentés debout, la ceinture aux reins, des souliers aux pieds, un bâton à la main, et mangeant à la hâte, car c'est la pesach, c'est-à-dire le passage du Seigneur[22], et les douze doivent se donner à eux-mêmes l'impression de passants. Dans Luc l'Église a marqué un effort spécial pour faire croire aux dupes que le christ avait mangé l'agneau avant de souffrir, ce qui équivalait à dire qu'il n'avait été mis en croix qu'après la pâque. LUC, XXII, 15. Et il leur dit : J'ai désiré d'un grand désir manger cette pâque avec vous avant de souffrir. 16. Car je vous le dis, je ne la mangerai plus désormais, jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le Royaume de Dieu. La pâque est présentée comme étant la dernière de Bar-Jehoudda, mais elle ne fait point obstacle à la Grande pâque. Au contraire, une fois dans le ciel d'où il doit revenir quand il aura tout à fait évincé le Fils, il insistera auprès du Père pour qu'il envoie l'Agneau du Royaume qui n'est pas venu à l'échéance fixée par l'Apocalypse. Aussi, bien qu'il ait été question de l'agneau lors de la préparation de la Cène, ne voit-on pas figurer cette bête sur le menu. Jésus fera croire tout ce qu'il voudra, excepté que Bar-Jehoudda et ses frères aient mangé l'agneau de cette pâque-là. Il aurait été plus facile à Pontius Pilatus d'en avoir un morceau, quoique incirconcis, qu'à Bar-Jehoudda ! Le plat ou mieux le plateau[23] qui devait recevoir l'Agneau, y est bien, mais où est l'agneau ? Les convives se brossent donc énergiquement le ventre. Pendant qu'ils font semblant de manger à cause de l'allégorie commencée, Jésus dans Marc et dans Matthieu annonce pour la vingtième fois depuis la Transfiguration qu'il sera livré aux Romains, mais il omet complètement de dire qu'il est le revenant d'un homme en croix depuis trois heures de l'après-midi, et que celui qui va le livrer a été ramassé la nuit précédente à la Poterie, les entrailles hors du ventre : condition défavorable pour se mettre à table dans la chambre la plus haute de tout Jérusalem ! MARC, XIV, 18. Et comme ils étaient à table et qu'ils mangeaient, Jésus leur dit : En vérité je vous le dis, un de vous qui mange avec moi me livrera[24]. 19. Alors les disciples commencèrent à s'attrister, et à lui demander chacun en particulier : Est-ce moi ? 20. Il leur répondit : Un des douze, qui trempe avec moi dans le plat. 21. Pour le fils de l'homme, il s'en va, ainsi qu'il est écrit de lui[25] ; mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme sera livré ! Il vaudrait mieux pour cet homme qu'il ne soit pas né. Dans la plupart des traductions, notamment celle du Saint-Siège, Is-Kérioth est représenté mettant la main dans le plat avec Jésus qui n'a pas plus de mains pour prendre que de bouche pour manger. Cette traduction est insoutenable en face du terme employé dans le grec : embaptoménos met'émou. Nous avons traduit comme le texte le commande, et plus encore l'intention de l'évangéliste. Car ce que celui-ci veut dire positivement, c'est qu'Is-Kérioth trempe, dans le même plat que le baptiseur. Afin de consacrer, de naziréer l'agneau qu'on mangeait à la pâque, on le dressait sur deux broches de bois passées l'une à la poitrine dans le sens de la longueur, l'autre aux jambes de devant dans le sens de la largeur, de telle manière qu'il se présentât en croix. En cet état il était l'image du Soleil crucifié à l'équinoxe, et les quatre pointes de la broche représentaient les quatre points cardinaux. Celui qui avait mangé l'agneau dans ces conditions pouvait se croire assuré de la même vie que le Soleil, au moins jusqu'à la pâque suivante. Or l'agneau de 789 avait été un homme, et le seul fait que Bar-Jehoudda passe auprès des christiens pour avoir été cet agneau-là suffit à prouver qu'il n'a pu manger la pâque : l'agneau était crucifié le jour dit de la préparation, jour où Bar-Jehoudda fut crucifié lui-même. Voilà donc l'agneau, mais où sont les herbes amères avec lesquelles on l'assaisonnait ? Comptez-vous pour rien Is-Kérioth ? L'herbe amère, c'est lui. La pâque n'est lévitique qu'à cette condition, et c'est une chose curieuse de voir que, jusque dans les allégories les plus fermées aux go} m, les scribes juifs respectent étroitement le rituel. Cette allégorie laissant encore passer trop de lumière, les synoptiseurs de Matthieu ont donné à Is-Kérioth et en même temps à Jésus la main qui leur manque dans Marc. De cette façon ils ne baptent plus dans le même plat, et Jésus a l'air d'avoir un corps. En Orient, dit le Saint-Siège, les assiettes sont inconnues ; chacun prend immédiatement dans le plat, à mesure qu'il mange, chacun de ses morceaux, en se servant de 'son pain en guise de cuiller et de fourchette. Tous les apôtres mettaient donc la main dans le plat avec le Sauveur. Mais comment auraient-ils pu diviser l'agneau avec leur pain ? Luc a senti l'objection. Il a supprimé complètement l'image de ce plat où les herbes amères trempent avec la victime. MATTHIEU, XXVI, 21. Et pendant qu'ils mangeaient, il dit : En vérité je vous dis qu'un de vous doit me livrer. 22. Alors, grandement contristés, ils commencèrent à lui demander chacun en particulier : Est-ce moi, Seigneur ? 23. Mais Jésus, répondant, dit : Celui qui trempait la main[26] avec moi dans le plat, celui-là me livrera. 24. Pour ce qui est du fils de l'homme, il s'en va, selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme sera livré ! Il vaudrait mieux pour cet homme qu'il ne soit pas né. Ni Marc ni Luc ne produisent les articulations de Matthieu contre Judas dans la scène de Béthanie, ni le prix (trente sicles) qu'il donne à ce moment, ni le mobile qu'il assigne à la trahison[27], ni l'accusation de tenir la bourse et d'être un voleur portée dans le Quatrième Évangile préalablement enlevé à Cérinthe[28]. Ce que nous entendons aujourd'hui par les trente deniers de Judas, la trahison de Judas, c'est l'explication, intéressée et mensongère, que l'Eglise a trouvée pour dissimuler la véritable cause de la conduite d'Is Kérioth à Lydda. Le motif, voilà ce qu'à aucun prix — même trente sicles d'argent — l'Eglise ne veut avouer. Le rôle du livreur est si peu infamant que par un je de scène analogue à celui de la Multiplication de pains[29], les Douze feignent d'ignorer qui d'entre e le jouera, quoique tous aient vu Judas recevoir se trente deniers et les dépenser consciencieusement jour par jour sans en rien garder jusqu'au vingt-neuvième[30]. Tous, à tour de rôle, demandent quel est celui d'entre eux qui fera le traître, alors que d'un commun accord le rôle est distribué à Judas, et qu'ils répètent avec lui depuis un mois. On s'en tient là, personne n'insiste, Judas participe à la Cène comme les autres ; il communie avec le pain et le vin comme les autres ; la pâque finie, après avoir chanté l'hymne, il va au Mont des Oliviers comme les autres. Les herbes amères sont inséparables de l'agneau. Celui qui trempe dans le plat avec Jésus, c'est, en termes astrologiques, celui qui joint l'Agneau sur le plat zodiacal et par qui l'Année finissante touche à sa dernière heure. Est-ce la faute du pauvre Judas si on lui a distribué finalement le rôle du Zib qui appartenait à son homonyme davidique ? On n'avait qu'à lui distribuer celui du Zibdéos et sa réputation était sauve. Car pour lui, — hors du théâtre, — Jésus est toujours le Seigneur ; pour le Seigneur, Judas est toujours le disciple et l'ami. Jésus passe pour lui comme pour les autres, et quelle injustice ce serait qu'il en fût autrement ! Pauvre Judas ! quelle panne on lui fait jouer Pour livrer le Seigneur il faut qu'il trempe dans le même plat ; pour l'arrêter, il faut qu'il l'embrasse ! IV. — LE DISPOSITIF MODERNE DE LA MYSTIFICATION EUCHARISTIQUE. Le dispositif original de la Cène a fini par disparaître sous l'effort séculaire de l'Église. Mais il n'est pas impossible de le reconstituer. Et d'abord il n'est pas possible de nier que les douze n'aient été représentés mangeant l'agneau. MARC, XIV, 22. Et pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, et puis l'ayant béni, il le rompit, le leur donna, et dit : Prenez, ceci est mon corps. MATTHIEU, XXVI, 26. Or, pendant qu'ils soupaient, Jésus prit le pain, le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples, et dit : Prenez et mangez : ceci est mon corps. Cette écriture a subi des altérations profondes, dont le texte actuel porte encore la marque : le pain n'était pas le corps du repas, puisque les douze sont en train de manger lorsque Jésus se décide à le prendre et à le rompre. Il y a ici une nourriture autre, et qui n'a pas toujours été sous-entendue. Cependant il était permis de dire en parabole que Bar-Jehoudda était la figure du pain-Zib et réciproquement, puisque dans la Prorogation du temps, connue sous le nom de Multiplication des pains, il tient en main le double Zib qui est la figure du douzième pain millénaire, celui qu'il devait faire manger aux Juifs à cette pâque-là. La séméiologie est d'autant plus régulière qu'il est ici dans la beth léhem, la maison de David. Mais en l'An mille après 788, il a complètement cessé d'être la figure de ce pain : à plus forte raison n'en peut-il plus être le corps : chronométriquement il est forclos. MARC, XIV, 23. Et, ayant pris le calice et rendu grâces, il le leur donna, et ils en burent, tous. 24. Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang du nouveau testament, qui sera répandu pour un grand nombre. 26. En vérité je vous le dis, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai nouveau dans le Royaume de Dieu. MATTHIEU, XXVI, 27. Et prenant le calice, il rendit grâces, et le leur donna, disant : Buvez-en tous. 28. Car ceci est mon sang, le sang du nouveau testament, qui sera répandu pour un grand nombre en rémission des péchés[31]. 29. Or, je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu'au jour où je le boirai nouveau avec vous[32] dans le Royaume de mon Père. LUC, XXII, 17. Et ayant pris le calice, il rendit grâces, et dit : Prenez, et partagez entre vous. 18. Car je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce que le Royaume de Dieu vienne. Bar-Jehoudda n'avait jamais bu de fruit de la vigne, même sous forme de vinaigre sur la croix. Son naziréat l'en empêchait. Mais maintenant qu'il est transfiguré, dénaziréé par les marchands de christ, maintenant que le fils de l'homme est venu buvant et mangeant, comme il dit[33], il fait croire aux gens qu'il n'est plus Nazir, tout en étant de Nazareth, et que depuis les Noces de Fana, il a bu du vin tous les jours avec les publicains et les pécheurs. Toutefois il est certain que le personnage de Jésus buvant et mangeant avec les publicains et les pécheurs n'étaient point encore en forme lors de la fabrication de la Cène. Le fait de boire du vin n'a qu'un but : prouver que Bar-Jehoudda avait pu manger la pâque sans faillir à son naziréat. Son vœu prenait lin le 15 nisan à la première heure : ce jour-là voyait les Noces de l'Agneau, et Bar-Jehoudda attachant son âne à la Vigne buvait du vin, — et quel vin ! — pour la première fois de sa vie. Pour le peuple juif la Grande pâque s'est trouvé ramenée aux modalités d'une pâque avec agneau et vin ordinaires, mais ce n'est pas la faute de Bar•Jehoudda, c'est celle de Dieu qui n'a pas envoyé son Fils avec les Douze, les Trente-six et les Cent quarante-quatre mille. Comme on ne peut faire publiquement le procès de Dieu et qu'on ne veut pas rappeler celui de Bar-Jehoudda, on fait celui d'Is-Kérioth qui devient le bouc émissaire de la trahison et de la lâcheté du prétendant. Le bouc émissaire trouvé, Bar-Jehoudda, sous les espèces de Jésus, devient innocent de tout crime et même du péché originel, il est blanc et sans tache comme l'agneau qu'on sacrifiait à la pâque. Et puisqu'il a été placé par les circonstances dans la position de l'agneau de la pâque de 789, son corps crucifié efface devant Dieu les péchés de son peuple. L'agneau était d'un an ; c'est pourquoi les synoptiseurs ont réduit à un an la vie publique de Bar-Jehoudda qui n'en dure pas moins de douze dans ce monstre de Cérinthe. Dans Cérinthe il monte plusieurs fois à la pâque ; les synoptiseurs entendent qu'il n'y soit allé qu'une fois, celle-là. Dans Cérinthe il est crucifié avant la pâque, tandis que dans les synoptiseurs Jésus la fait manger quand même aux disciples. Le corps que Jésus donne à manger ici, sous les espèces du pain, c'est Bar-Jehoudda lui-même, consacré à Dieu par son père, comme au temps où le chef de la famille, sacrificateur bénévole, immolait l'agneau de sa propre main. Le revenant va plus loin, il soutient qu'il s'est immolé lui-même, suicidé ! L'Église ira plus loin que le revenant, elle soutiendra qu'il s'est mangé lui-même ! On voit bien qui sont l'agneau, les herbes amères et. le
pain-Zib, mais, direz-vous, d'où le vin peut-il provenir, puisqu'il est
constant que Bar-Jehoudda n'a point attaché l'âne à la Vigne et que le sang
de cette Vigne n'a point rougi ses lèvres augustes ? Permettez-moi de vous
dire en la forme qu'emploie Jésus pour gourmander les disciples : Ô inintelligents et durs de cœur ! Aurez-vous
toujours des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre ?
Ne vous rappelez-vous point l'Homme à la cruche chez qui se célèbre la Cène ?
— Si, dites-vous, nous nous le rappelons bien, mais la cruche est pleine
d'eau, puisque Jehoudda qui la porte est l'image du Zibdéos, l'Aquarius,
comme eût dit Pilatus, s'il l'eût rencontré en cette posture. — Sans doute, mais depuis les Noces de Kana où ce même
Zibdéos joue le rôle de maître d'hôtel, l'eau de sa cruche a été changée en
vin ! Par conséquent, si les goym, pour
qui tout se passe en paraboles, afin que voyant ils ne voient point et
qu'entendant ils n'entendent point[34], ont cru voir de l'eau dans la cruche, les disciples
à qui Jésus explique tout en particulier
ont parfaitement vu qu'elle était pleine de vin.
Jésus n'a qu'à verser pour remplir le calice. Vous voyez également que, pareil à l'agneau, Bar Jehoudda fut mis en croix, mais vous ne voyez pas qu'il ait été rôti au feu, comme l'ordonne la Loi[35], et vous pensez que cette similitude s'éloigne par trop des rites. C'est parce que vous n'avez pas encore les oreilles très ouvertes. Depuis sa transfiguration en Jésus, Bar-Jehoudda est baptisé de l'Esprit-Saint. Or, l'Esprit-Saint, c'est le feu de Moloch ainsi que vous l'a expliqué le baptiseur d'eau quand il était encore au Jourdain. Moloch n'a pas besoin d'être passé au feu. Ce rôtisseur des enfants nazirs et des agneaux n'a que faire d'être rôti. Le vin n'était pas la seule consommation que Jésus se permit dans cette artificieuse mystification ; le revenant ne faisait pas que de boire le vin, image de la Vigne du Seigneur, il mangeait le pain-Zib, image du douzième pain millénaire. Car le pain dont il est question ici n'est le corps du christ que comme figure de l'Æon-Zib. La nourriture du christ ressuscité, ce n'était nullement le pain et le vin, ç'avait été jusqu'ici le poisson et le miel[36]. Pour la première fois on soutenait que la pâque était réelle, que Bar-Jehoudda l'avait célébrée, qu'il y avait même mangé de ce qui était dans le plat, à savoir sa part d'agneau, la commémoration restant toutefois dans le pain et dans le vin. Après avoir dit du pain : Ceci est mon corps, Jésus ajoutait : Qui est rompu pour vous[37], et cette stipulation a passé dans la Première aux Corinthiens où le pseudo-Paul déclare la tenir de l'intéressé lui-même par tradition orale, en réalité par lecture. Ces cinq mots désignent très clairement la rupture du corps de Bar-Jehoudda en cinq endroits au moins, les deux mains, le flanc et les deux pieds, peut-être en sept endroits, s'il subit le crucifragium comme ses acolytes de droite et de gauche. Mais même en ce cas il n'y aurait eu de valables que les cinq plaies par où l'effusion du sang s'était faite, les coups ne comptant pas en matière de sacrifice molochiste. On a fait disparaître également un passage d'une importance capitale que cite textuellement l'auteur de la Première de Paul aux Corinthiens[38] et qu'il ne citerait pas s'il ne l'eût pas copié dans un dispositif ancien : Faites ceci — c'est-à-dire mangez le pain rompu et buvez à la coupe de vin — en mémoire de moi. Car toutes les fois que vous mangerez de ce pain, et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Rabbi, jusqu'à ce qu'il vienne. Nul ne peut douter que, dans l'esprit des imposteurs qui ont fabriqué cette communion, les douze assistants y participassent personnellement, directement, à titre égal, et que par conséquent Is-Kérioth en bénéficiât comme les onze autres. Il reste encore un peu de cet ancien dispositif dans Luc. LUC, XXII, 19. Et ayant pris du pain, il rendit grâces, et le rompit, et le leur donna, disant : Ceci est mon corps, qui est donné[39] pour vous, faites ceci en mémoire de moi[40]. 20. Il donna de la même manière le calice, après qu'il eût soupé, disant : C'est le calice, le nouveau testament de mon sang, qui sera répandu pour vous. Le Saint-Siège a bien vu que le calice réglementaire était différent du calice testamentaire dont Jésus se sert au verset 20. Le calice du verset 17, dit-il, est simplement la coupe que le maître du repas bénissait en cérémonie, dont il buvait et qu'il passait ensuite à tous ceux qui étaient à table. Il faut donc bien le distinguer du calice contenant le sang du Sauveur et dont il est question au verset 20. En effet le calice qui a reçu le sang de Bar-Jehoudda, c'est la terre vue du ciel. Au verset 17 il a donné le contenu, au verset 20 il le donne contenant ; son héritage n'a d'autres bornes que les quatre extrémités de la croix, laquelle est dans forme parfaite le 15 nisan. Is-Kérioth participe au contenu et au contenant. Cette participation est tout à fait dans l'esprit des aigrefins qui ont inventé le sacrifice de Bar-Jehoudda. Is-Kérioth, c'est Dan. Après l'avoir biffé par vengeance de l'Apocalypse de Pathmos[41], on le rétablit ici par diplomatie. On ne se soucie pas d'avoir sur les bras la réclamation d'une tribu qui peut entrainer les autres. Quoique Dan ait arrêté celui qui remettait les péchés par l'eau, il sera de ceux qu'a rachetés le sang de la victime. Mais devant cette grâce, et, s'il le veut, devant la faculté de participer aux bénéfices de l'émission du salut, qu'il se taise ! qu'il accepte sans broncher le rôle ignoble qu'on lui fait jouer dans l'intérêt de toute la race ! Jésus donne le sang de Bar-Jehoudda, Is-Kérioth donne son honneur, il n'y a sacrifice ni d'un côté ni de l'autre, mais au contraire profit, puisqu'on mystifie le goy. Car qu'y a-t-il dans la coupe que boit Jésus ? Rien que lui-même. Qu'est-ce que la coupe que son Père lui a donnée ? La plus grande de toutes les coupes connues, n'en déplaise à Gordon Bennett : l'hémisphère boréal. Il lui faudra six mois pour l'épuiser ! Il était d'usage absolu de boire quatre fois à la coupe, de la faire circuler quatre fois : hommage direct au Soleil qui lors de la création était venu le quatrième jour et avait apporté à la terre la chaleur infuse dans le vin. Jésus boira-t-il quatre fois à la coupe et la fera-t-il circuler quatre fois comme le commun des Juifs ? Non, car s'il est l'Agneau, il est aussi l'Âne ; il ne la portera qu'une fois à ses lèvres, il ne la tendra qu'une fois aux Douze, il ne cessera d'y boire que pour parler, il l'a sur lui au mont des Oliviers cette Coupe immense que la faillite du christ a transformée en calice d'amertume. Avant que le jour naisse : Mon Père, dit-il, écartez de mes lèvres le breuvage d'amertume, — un amer-Judas simplement, — mais puisque vous le voulez, que votre volonté soit faite ! Sitôt que par la croix héliaque, Jésus sera la figure complète de l'Agneau, il sera ipso facto le gage d'immortalité promis à la race juive, et pas un christien ne se serait levé pour démentir les évangélistes. C'est d'une bouche purement astrologique qu'assis au milieu des douze mois de l'année il mange le pain sans levain, c'est avec les trois cent soixante dents du Zodiaque qu'il broie l'agneau rôti, avec les deux lèvres de l'équateur céleste qu'il boit la coupe de vin. Pas un seul instant les initiés n'ont compris qu'il s'agit d'une vraie pâque, de vrais azymes, de vrai pain et de vrai vin. En revanche, ce que Jésus démontre, après avoir fait semblant de manger l'agneau avec les herbes amères, c'est qu'il est lui-même son propre Agneau, son propre corps, sole l'espèce du pain, et son propre sang, sous l'espèce de vin. Loin d'abolir la pâque juive, il la maintient formellement et par des raisons de principe. Avant tout, être juif par la circoncision et par la pâque, mais la pâque originelle, la pâque où les Juifs ont été faits dieux, le passage solaire, la venue du Seigneur chez ses enfants et non la pâque étroite du Temple, anniversaire fumeux d'un simple épisode de l'histoire juive : le passage de la mer Rouge. Conserver la Pâque au milieu de toutes les ruines et de tous les périls, voilà le salut des Juifs ! Que nul d'entre eux n'aille avec les dieux étrangers ! Qu'on n'objecte point la chute du Temple et les ordonnances d'Hadrien pour rompre l'alliance avec Iahvé ! ! Puisque les pâques sémino-menstruelles. les pâques de poissons bisexuels et les pâques d'enfants nazirs ne produisent aucun effet, puisque d'autre part Hadrien a chassé Iahvé de la ville de David, puisqu'il n'y a plus d'espoir dans l'âtre où l'agneau grésille, dans le four où cuit l'azyme, dans la cruche où le vin vieillit, que le corps du scélérat mué en Jésus devienne le signe du Royaume ! C'est lui désormais qui sera l'Agneau sans lequel on ne peut aller vers l'Âne ! Toutefois il n'est pas probable que les aigrefins qui ont mis la Cène dans sa forme définitive fussent purement juifs. Nul peuple n'a versé plus de sang dans ses sacrifices. Nul n'a été plus pénétré de cet axiome que la colère du Dieu des armées ne pouvait être apaisée que par la mort soit de l'homme soit de la bête. Nulle religion n'a ressemblé davantage à une boucherie ; le Temple fut toujours machiné comme un abattoir. L'idée de prendre le corps du crucifié pour base de la rémission et de l'adorer sous les espèces du pain et du vin est une idée égyptienne. Il était tout naturel que Jésus, Sérapis juif, empruntât à son modèle l'offrande bénigne que les alexandrins lui consacraient, à l'exclusion de tout sacrifice animal. Cet emprunt s'explique d'autant mieux que, peu de temps après la destruction du Temple, le culte de Sérapis s'introduisit officiellement à Jérusalem, qu'il y eut un monument[42], et qu'il y florissait sous Trajan. C'est seulement après l'invention de la Cène qu'on commença d'identifier Jésus avec le corps qu'il avait pris dans la fable, en l'appelais Jésus-christ. A Marcion qui connaissait comme tout le monde l'inexistence charnelle de Jésus on répond par ceci dans Tertullien : Jésus-christ ayant pris du pain et l'ayant distribué à ses disciples le fit être son corps disant : Ceci est mon corps, c'est-à-dire la figure de mon corps. Or ce ne serait point une figure, si son corps n'était pas véritable[43]. Et dans le même traité mis sous le nom du même Tertullien : Jésus-christ a appelé le pain son corps, afin que par là tu entende qu'il a donné au pain d'être la figure de son corps[44]. Au fond, que pouvait croire l'individu de bonne foi qui acceptait le pain rompu et la rasade de via de mains d'un aigrefin eucharistique ? Qu'ingérant le corps et le sang du crucifié, il participerait au léhem-Zib, et mordrait à la grappe de la vigne de l'Eden. Mais le testateur ne pouvant léguer plus qu'il n'a, tout ce que l'héritier pouvait espérer, c'était ou d'être millénarisé s'il était vivant au retour de Bar-Jehoudda, ou d'être ressuscité, s'il était mort. Dans les assemblées primitives le pain de commémoration n'était pas toujours consommé là où il avait été distribué. C'était un fétiche domestique. Dans Tertullien et dans Cyprien on voit des jehouddolâtres, tant hommes que femmes, qui l'emportent chez eux, enveloppé dans un linge, et le mettent au buffet d'où ils le tirent pour le manger à leur appétit. Beaucoup croyaient avoir le christ lui-même dans leur garde-manger. Dans Matthieu[45], Jésus les reprend de ce fétichisme qui devenait gênant pour l'Église lorsque celle-ci revendiqua pour elle seule, contre ses dupes mêmes, la propriété et l'administration du corps de Bar-Jehoudda : Si l'on vous dit : Il est dans les garde-manger[46], ne le croyez point. Pour la plupart, rien de sacré dans ce pain. Ce qui est sacré, ce n'est pas la matière dont il est fait, c'est la promesse qu'il contient et qu'il remémore. Car, dit le jehouddolâtre qui a mis sous le nom d'Origène le traité In Matthæum, et qui y cite la parole de Jésus sur le pain-Zib[47], de même que tout ce qui entre en la bouche va au ventre et est envoyé au retrait, de même cette nourriture qui est sanctifiée par le verbe de Dieu et par la prière, va au ventre selon ce qu'elle a de matériel et est envoyée au retrait... Entendez cela des espèces du corps symbolique. V. — AVANCES À IS-KÉRIOTH ET EXÉCUTION DE SHEHIMON. Dans le dispositif actuel, ce que Jésus trouve mauvais, c'est qu'Is-Kérioth ose le livrer après le bienfait de la rémission par le sang. Mais dans le dispositif ancien, chacun restait sur ses positions et faisait valoir ses droits. Luc, qui compose avec quelque art, institue une discussion protocolaire où chacun expose ses titres et s'estime le plus grand. Le plus grand, quel est-il ? Est-ce Jacob junior ou Bar-Jehoudda ? Shehimon ou Jacob senior ? Ménahem ou Éléazar ? Ou bien ne serait-ce pas tout simplement. Is-Kérioth, protagoniste de la tribu de Dan et chef de l'école égalitaire ? Cette question, déjà discutée sur la route de Bathanée à Jérusalem[48], est encore mieux sa place chez l'Homme à la cruche, c'est lui qui réveillé la Kabbale millénariste. Jésus, avant de remonter au ciel, recommande aux douze le sens qui leur a 1 plus manqué, celui de la concorde. Chose remarquable au plus haut point ! il n'excepte en aucune façon Judas des cadres apostoliques. Judas est confirmé dans se pouvoirs de judicature. Il n'a donc pas reçu trente sicles d'argent à Béthanie pour livrer le prétendant ; Jésus, dans les thèmes antérieurs à Mathieu, ne le désignait pas comme étant un traître. On voit par ces contradictions combien de temps é. de peine il a fallu aux évangélistes pour établir le Judas, combien de versions il a fallu combiner pour parvenir, combien on a peu réussi. LUC, XXII, 24. Il s'éleva aussi parmi eux une contestation lequel d'entre eux devrait être estimé le plus grand. 25. Mais il leur dit : Les rois des nations les dominent, ceux qui ont puissance sur elles sont appelés bienfaiteurs[49]. 26. Pour vous, ne faites pas ainsi ; mais que celui qui est le plus grand parmi vous soit comme le moindre, et celui qui a la préséance, comme celui qui sert[50]. 27. Car lequel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert ? n'est-ce pas celui qui est à table ? Or moi je suis au milieu de vous comme celui qui sert. 28. C'est vous qui êtes demeurés avec moi dans mes tentations[51]. 29. Aussi moi je vous prépare le Royaume comme mon Père me l'a préparé. 30. Afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon Royaume, et que vous siégiez sur des trônes, pour juger les douze tribus d'Israël[52]. Cabalistiquement, Jésus donne aux douze tribus le léhem du Zib et la terre. A elles de savoir en tirer au spirituel le parti qu'elles en auraient tiré au temporel, si le Royaume fût venu. Si Bar-Jehoudda revient, Is-Kérioth sera du Royaume dans la proportion d'un douzième, ayant participé à la rémission, et comme, selon la doctrine de Jésus, il lui sera d'autant plus remis qu'il sera plus redevable, c'est à lui que nous devons nous recommander plus spécialement dans nos prières. Sancte Judas, ora pro nobis ! Judas a assisté à toutes les tentations que Jésus aurait pu avoir de dire aux goym quel est au fond le Zakhûri, le Zibdéos, Joseph le Charpentier, l'Architriclin des Noces de Kana, l'Hydropique, le Zakhaios de Jéricho et l'Homme à la cruche. Soit parce qu'il a été assassiné la veille, soit parce qu'on lui promet un trône, Judas, de son côté, ne dit rien. Mais si son assassin allait, parler, quoique l'intérêt de sa réputation lui commande de se taire ? 31. Le Seigneur dit encore : Simon, Simon, voilà que Satan vous a demandés pour vous cribler comme le froment ; 32. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; et toi, quand tu seras revenu[53], confirme tes frères. Quoi ! Shehimon est donc parti après l'enterrement de son frère ? Jésus sait donc où il est allé ? Il sait dol qu'il est revenu quatorze ans après, et comment il fini[54] ? Mais avant cela, notamment dans la nuit de veille, la nuit de l'arrestation, qu'a fait Shehimon ? Comment s'est-il comporté ? 33. Pierre lui dit : Seigneur, je suis prêt à aller avec vous et en prison[55] et à la mort. 34. Mais il lui répliqua : Je te le dis, Pierre, un coq aujourd'hui[56] ne chantera point, que trois fois tu n'ais nié me connaître. Il a paru scandaleux que Marc et Matthieu, l'un l'antre neveu de Shehimon, évoquassent en pleine C la conduite de leur père et oncle pendant la nuit du et que l'acte de l'arrestation finit, comme d Cérinthe, par le tableau démoralisant d'un frère 91 renie trois fois son frère. On est sur le chemin du Mont des Oliviers lorsque Jésus postdit le triple reniement de Pierre, venant couronner, à un intervalle qu'il se garde bien d'indiquer, — deux jours, — la fuite générale des christiens au Sôrtaba. MATTHIEU, XXVI, 31. Alors Jésus leur dit : Je vous serai à tous une occasion de scandale pendant cette nuit car il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées. 32. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée[57]. MARC, XIV, 27. Et Jésus leur dit : Vous vous scandaliserez tous de moi cette nuit car il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis se disperseront. 28. Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai, en Galilée. Ceci est conforme à la réalité. Shehimon et ses frères ont pris le chemin de l'Asie immédiatement après l'enterrement de leur aîné à Machéron, et ils ne sont revenus en Gaulanitide que quatorze ans après[58]. Jésus l'apostait déjà, s'adressant à Shehimon : Quand un jour tu seras revenu, confirme tes frères. Dans ces conditions, le revenant peut les précéder au lac de Génésareth, et c'est ce qu'il a fait dans Cérinthe que-les synoptiseurs ont sous les yeux et où Jésus vient assumer Shehimon en 802, laissant sur terre Bar-Jehoudda qui est censé avoir survécu aux exécutions de. Pilatus. Nous avons déjà vu plusieurs fois l'expression scandaliser, et nous la verrons encore. Se scandaliser dans le langage des Evangélistes, c'est avoir donné scandale soit aux autres Juifs soit aux goym. La fuite de Bar-Jehoudda devant Pilatus a été un scandale pour les disciples, celle des disciples un scandale pour Bar' Jehoudda, le reniement de Shehimon dans la cour du Hanôth un scandale pour tous. Le nom seul de Jehoudda et de Salomé est un scandale. Bienheureux celui qui ne se scandalisera pas de moi, dit Jésus lorsqu'on lui fait grief de sa famille selon le monde[59]. Donc Shehimon a donné scandale, sinon à Lydda où après tout il a défendu son frère en coupant l'oreille droite de Saül, du moins dans la cour du Hanôth dit l'a renié par trois fois. Cette nuit-là, sa chair a été faible. MATTHIEU, XXVI, 33. Or Pierre, répondant, lui dit : Quand tous se scandaliseraient de vous, pour moi jamais je ne me scandaliserai. 34. Jésus lui répondit : En vérité je te dis que cette nuit même, avant qu'un coq chante, tu me renieras trois fois. 35. Pierre lui dit : Quand il me faudrait mourir vous, je ne vous renierai point. Et tous les disciples dirent aussi de même. MARC, XIV, 29. Pierre lui dit, alors : Quand tous les autres se scandaliseraient de vous, moi, non. 30. Et Jésus lui repartit : En vérité je te le dis, aujourd'hui, cette nuit même, avant qu'un coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois. 31. Mais Pierre insistait : Quand il me faudrait moi avec vous, je ne vous renierai point. Et tous disaient de même. Pierre insiste, c'est tout naturel dans des écrits met sous le nom de son fils et de son neveu, mais propose plus de suivre son frère en prison, comme Luc. Entre temps, l'Eglise a décidé que Bar-Jehoudda n'aurait point été enfermé au Hanôth, puisqu'aujourd'hui son revenant n'a fait aucun mal à son pays soit par trahison soit autrement, et qu'au contraire il guérit une foule innombrable de malades. VI. — CONVERSION DU SIGNE DE L'INFÂMIE EN SIGNE DE SALUT. On voit que la situation morale de Shehimon était cent fois pire que celle d'Is-Kérioth. Jésus n'insiste pas sur cette douloureuse constatation, il lui est pénible que son frère cadet selon le monde ait eu de si bonnes jambes dans la cour du Hanôth. Il se borne à résumer les opérations depuis l'année proto-jubilaire 788 jusqu'au retour de Shehimon et de Jacob senior en 802[60]. LUC, XXII, 34. ... Il leur dit ensuite : 35. Quand je vous ai envoyés sans sac, sans bourse et sans chaussure, quelque chose vous a-t-il manqué ? 36. Ils répondirent : Rien[61]. Il ajouta donc : Mais maintenant, que celui qui a un sac ou une bourse, les prenne ; et que celui qui n'en a point, vende sa tunique, et achète une épée. Ce passage est l'un des plus anciens de l'Evangile kanaïte. Jésus laisse à ses frères selon le monde le soin de le venger sur les habitants de Jérusalem, et vous savez avec quel zèle ils s'en sont acquittés[62], Ménahem surtout[63]. Il y a une chose que Jésus n'ose pas dire, mais qu'il pense : en 789 le Père a trahi le fils qu'il s'était donné au Jourdain. Lui et son Fils céleste se sont tellement mal conduits que l'Eglise se prépare à les remplacer tous les deux par son juif. Mais ici Jésus ne se doute pas encore de ce qui les attend. Il donne aux christiens les conseils du sicariat les plus caractérisés. Loin de leur recommander de ne pas tirer l'épée, il leur donne l'ordre d'en avoir chacun une, soit douze, comme au bon temps de l'Homme à la cruche. Qu'il pleuve du sang 37. Car je vous le dis, il faut que ceci encore qui a été écrit s'accomplisse en moi : Il a été mis au rang des scélérats. Car ce qui me regarde touche à sa fin. Scélérat est le mot propre. Il était écrit non seulement par les historiens juifs et par les premiers talmudistes, mais encore par tous les écrivains païens. Apulée et Minucius Félix que nous avons cités n'en emploient point d'autre, parce qu'il n'y en a pas d'autre. Mais les synoptiseurs vont tenter un effort pour qu'au lieu de résulter des actes et de la condamnation de Bar-Jehoudda, l'opinion universelle semble tenir uniquement au préjugé qu'elle nourrit contre le supplice de la croix, fin ordinaire de tous les criminels. Comme toujours ils donneront le change. 38. Mais eux lui dirent : Seigneur, voici deux épées. Il leur répondit : C'est assez. Ces deux épées sont celles de Shehimon et de Jacob senior. Ménahem a trouvé qu'elles ne suffisaient pas, puisqu'il a tiré la sienne en 819. Mais celle-là, Jésus ne veut pas qu'on en parle. Les disciples ont là deux épées apportées tout exprès par Jésus, et ils ont l'air de ne savoir qu'en faire. Eh bien ! qu'ils les mettent en croix, et elles formeront le signe du Royaume promis au peuple juif[64]. Qu'en apparence ils se bornent là devant les goym ! mais que dans leurs cœurs ils repassent toutes ces choses, comme disent les évangélistes, et qu'ils aiguisent toutes les épées qu'il faudra pour le Grand jour 1 Puis vienne Satan, prince de la mort, il fuira devant le signe, comme une simple basse chantante vêtue du rouge pourpoint de Méphistophélès ! Il résulte de tout cela qu'avant d'être crucifié Bar : Jehoudda aurait converti le signe de l'infamie en signe de salut pour son peuple, vous voyez comme était bon ce prétendu scélérat ! Et cette croix il la forme autour de la sienne avec les épées de Shehimon et de Jacob senior qui ont été crucifiés, eux aussi ![65] Est-il possible d'être meilleur, et en même temps de se moquer plus joyeusement du monde ? VII. — JUDAS ET LE PAPE CLÉMENT, SUCCESSEUR DE PIERRE. Il faut croire qu'en dépit de la main que Matthieu lui prêtait, Is-Kérioth continuait encore à tremper dans le même plat que le baptiseur, car les synoptiseurs de Luc ont jugé plus prudent d'escamoter le plat, et de ne laisser que la table. C'est le seul expédient qu'ils aient trouvé pour faire disparaître l'allégorie des herbes amères, dans laquelle, sauf le respect dû aux choses sacrées, Is-Kérioth et Jésus sont ensemble comme Te-derrière et la chemise. Ici Is-Kérioth est promu traître à l'unanimité. LUC, XXII, 21. Cependant voici que la main de celui qui livre est avec moi à cette table. 22. Pour ce qui est du fils de l'homme, il s'en va, selon qui a été déterminé[66] ; mais malheur à cet homme par qui il sera livré ! 23. Et ils commencèrent à se demander l'un à l'autre, qui était celui d'entre eux qui devait faire cela. Ils ne se doutent de rien ; étant donné que la veille ils étaient les hôtes de Simon Is-Kérioth qui avait quitté exprès la tribu de Dan pour venir s'installer avec son fils dans celle de Juda. De son côté Judas n'a pas trahi Jésus, bien qu'il ait eu trois jours devant lui pour prévenir la police. Le bon Judas s'en est abstenu, de peur de faire échouer toute la combinaison. L'occasion est favorable pourtant, et d'autant plus urgente que, depuis la veille, il ne lui reste plus un seul denier. Il y est de sa poche ! C'est lui qui a avancé le denier de la pâque. MATTHIEU, XXVI, 25. Mais prenant la parole, Judas, qui le livra, dit : Est-ce moi, maître ? il lui répondit : Tu l'as dit. Qu'est-ce que cela peut faire à Is-Kérioth ? Il a déjà reçu l'assurance qu'assis sur un des douze trônes il jugerait les douze tribus d'Israël, tout au moins la sienne, comme le lui a promis Jacob dans l'horoscope de Dan. Dans Cérinthe Jésus lui a lavé les pieds comme au christ, ici il lui donne le pain et le vin de la pâque, il lui laisse même un douzième dans la propriété du calice qui contient le précieux sang versé la veille. Que manque-t-il à la grâce d'Is-Kérioth ? Rien du tout, d'autant plus que ce jour-là il a fait connaissance avec le vrai bonheur : il a embrassé Clément, successeur de Pierre à Rome ; il a vu, de ses yeux vu cet apôtre fameux la tête appuyée sur le sein de Jésus pendant le repas, cela remet de tous les déboires ! Manger l'agneau avec ce goy, — infaillible déjà, quoique cousin de Domitien, — c'est une sensation qui n'est pas ordinaire ! Qui a remanié pour la cinquième ou sixième fois la Cène et inventé le foudroyant : Tu l'as dit de Jésus à Judas ? Le coquin qui s'est servi du nom de Flavius', Clémens et a inventé Clément, premier pape après ; Pierre. Lui seul, en effet, sous le nom de Clément, prétend avoir entendu le : Tu l'as dit[67]. Au temps de l'imposteur qui a forgé les écrits de Clément, notamment les Constitutions apostoliques, la liturgie comportait de la part des fidèles ce répons qui provient de l'Apocalypse : Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu des armées ! Le ciel et la terre sont plein de ta gloire ![68] Ce qu'on croyait recevoir en l'eucharistie, ce sont les signes ou symboles du corps et de sang de Christos[69], devenu fils de Dieu par la résurrection. Et après les paroles de consécration prononcées selon l'Écriture, l'officiant disait : A toi, Roi et Dieu, nous offrons ce pain et ce vin[70]. Ainsi le seul individu qui ait eu l'audace de prétendre que la Cène est réelle et qu'il y assistait, c'est le pseudo-Clément, aigrefin d'une taille fort au-dessus de la moyenne, ce qui lui a permis de se faire pape et successeur de Pierre. Je ne doute pas que ce faussaire soit l'auteur de presque toutes les Lettres de Paul, car on retrouve sa prétention dans la Première aux Corinthiens[71], par où le pseudo-Paul se rattache à Clément, qu'il nomme ailleurs comme ayant été son principal collaborateur en Macédoine, au début l'apostolat. Il y a là comme une famille d'imposture qui procèdent du même milieu, du même intérêt de l'exploitation, des mêmes procédés de mensonge. Et pour tout dire, c'est la même famille qui opère sous le nom de Clément dans les deux Lettres de Clément aux Corinthiens, et sous le nom de Paul dans les deux Lettres de Paul à ces mêmes Corinthiens sur lesquels il déverse la grâce avec une générosité inquiétante. Car le faux témoignage de Clément n'a pas seulement pour but d'établir que Jésus avait eu chair : il a d'autres visées. Il était dit à l'article premier de l'institution de la pâque : Le culte de la pâque s'observera de cette sorte : nul étranger n'en mangera[72]. On était donc certain qu'au cas même où il aurait mangé l'agneau, le roi des Juifs, hier révolté contre le tribut à César, n'aurait admis à la pâque aucun incirconcis, à fortiori un membre de la famille impériale, comme était Flavius Clémens. Clément, en affirmant qu'il faisait partie des douze et qu'il reposait sur le sein de Jésus pendant la pâque levait d'un coup tous ces impedimenta. Désormais l'Eglise pouvait faire des dupes parmi les romains de Rome, et Clément lui-même a célébré ce glorieux résultat. VIII. — L'HYMNE DU RABBI. La pâque sauvée du naufrage de la religion juive, tous entonnent le cantique, l'hymne solaire dont parle Valentin d'après l'Apocalypse et qu'on chante dans la liturgie de Clément. MARC, XIV, 26. Et chantant l'hymne[73], ils s'en allèrent au Mont des Oliviers. MATTHIEU, XXVI, 30. Et chantant l'hymne, ils s'en allèrent à la Montagne des Oliviers. Dans Luc, point d'hymne. On l'a enlevée à cause de son auteur, car le Saint-Siège assure que selon beaucoup de théologiens, c'était un cantique composé par le Sauveur lui-même pour la circonstance. Pour la circonstance ? Pas précisément. En tout cas, cette hymne n'a pu être chantée (à treize voix, s'il vous plaît), qu'après quelques répétitions. C'était une hymne céleste, puisque l'auteur était consubstantiel et coéternel au Père. A elle seule elle valait toute la musique ancienne et d'avance toute la musique moderne. D'o vient qu'il ne s'est pas trouvé un seul des douze pour transmettre à la postérité ce morceau d'une inspiration si élevée au-dessus du niveau de la mer ? N'est-il point permis d'exprimer un doute sur leur compétence en matière de révélation ? Car enfin voilà des gens, choisie spécialement par Jésus pour vulgariser son enseignement, et non contents de faire disparaître toutes les Paroles du Rabbi, ils ne se donnent même pas la peine de recueillir ses compositions musicales, quoiqu'ils les aient apprises pour les chanter en chœur ! Il semble tout au moins que Pierre aurait bien dû les apprendre Clément ! Mais Pierre ne goûtait pas ce qui est de Dieu, il ne goûtait que ce qui est des hommes[74]. Retire-toi de moi, Satan ! Ah ! que Jésus te connaissait bien ! L'hymne chantée à plaisir de gorge, ils manquent de la façon la plus damnable à la Loi, en sortant de la maison de l'agneau pour aller au Mont des Oliviers. Que nul de vous ne sorte de sa maison jusqu'au matin[75]. Vous garderez cette coutume qui doit être inviolable à jamais tant pour vous que pour vos enfants[76]. Mais il y a ici plus que le Temple, comme dit très élégamment Jésus, et plus que la Loi écrite à laquelle tous semblent faire injure. Il y a la Loi céleste : cette nuit-là, il faut que le Seigneur passe et que Jésus regagne sa position à l'Orient, pays cardinal des résurrections perpétuelles. IX. — LE PRESSOIR D'HUILE. De même que la Cène est la parodie de la pâque manquée, de même la veillée nocturne à Gethsémani est la parodie du passage qui n'a pas eu lieu. Quelle raison Jésus a-t-il pour aller hors de la ville ? Une raison constitutionnelle. Il est le Seigneur, il s'établit à l'Orient, et en face de la porte orientale du Temple, qui lui est réservée. Chaque soir, dans la nuit obscure, il est revenu à son point de départ astronomique, et chaque matin il s'y est levé pour entrer dans Jérusalem. Pas une seule fois il n'a couché dans cette ville où on lui fait l'injure de compter le temps par la lune. Et puis la Malédiction est sur le Temple depuis que son père selon le monde y a été tué entre l'autel et le parvis[77]. Tandis que les prêtres saducéens capitulaient devant l'Occident, les christiens lui tournaient le dos dans toutes leurs cérémonies, dans toutes leurs prières. Tandis que les lévites officiels consentaient à admettre les Gentils dans la Cour du Temple, à converser avec eux, à sacrifier et peut-être à prier pour eux[78], les christiens étendaient leur malédiction à tous les hommes sans distinction d'origine. Le jour des Tabernacles, les prêtres, après avoir fait le tour du Temple, arrivés à la porte orientale, tournaient leurs torches de l'Orient vers l'Occident, et prononçaient ces paroles : Nos pères en cet endroit, le dos tourné au Temple et la face vers l'Orient, ont adoré le Soleil ; mais nous, nous tournons nos faces vers Dieu[79]. Les christiens, le dos tourné à l'Occident et la face vers l'Orient, vomissaient l'anathème et appelaient la colère sur tous les païens. Jésus chasse les vendeurs du Temple, s'écrie l'Église, quelle pureté de doctrine ! Quelle douceur au fond dans cet acte de violence ! Quelle magnifique image que cet homme avec son fouet ! Il chasse du Temple ceux qui vendaient Israël à Rome et achetaient le sacerdoce aux Romains. Il culbute les boutiques du Temple, mais c'est parce que les ma chands juifs consentaient à vendre aux païens, malgré la Loi. Il arrête les vases et les ustensiles du sacrifice, mais c'est parce que ces vases et ces ustensiles étaient des dons païens, au mépris de la Loi ; c'est parce que des yeux païens les souillaient de leurs regards. Il se révolte, mais c'est pour replacer les tables de la Loi dans le sanctuaire. Il reste avec tous les sacrifices, tous les rites et toutes les cérémonies ; il veut que l'agneau soit sacrifié, selon la Loi, par des Juifs pour les Juifs, que son sang soit répandu pour les Juifs contre les païens. Honneur à Jehoudda, honneur à tous ses fils, à Ménahem surtout, le dernier prince des Juifs, dont le premier acte en 819 fut celui que Jésus renouvelle dans les Évangiles ! Il chasse les changeurs, quels changeurs ? Ceux qui acceptaient les sicles des Juifs ? Point, mais ceux-là seulement qui prenaient la monnaie frappée à l'effigie de la Bête. Il chasse les vendeurs de pigeons, quels vendeurs ? Ceux à qui Myriam Magdaléenne dans Luc achète les tourterelles de sa purification ? Nullement, mais ceux qui, pour grossir la recette, comme les Hanau, les Kaïaphas et leur exécrable famille saducéenne, ont consenti à recevoir l'argent des étrangers en échange de ces oiseaux de Dieu. Quant au troupeau de Iahvé, les agneaux dont la cour était pleine, les agneaux qu'achetaient les Juifs étrangers l'avant-veille et la veille de la Pâque, dites-moi, est-ce qu'il les disperse ? Est-ce qu'au contraire il ne les sauve pas expressément du désastre qui a emporté le reste ? Tout est perdu, fors l'Agneau. En un instant il dessèche un figuier qu'il rencontre à son lever, parce qu'il a faim et que ce figuier n'a pas de fruits. Qu'est-ce à dire ? Voilà un homme qui punit ce figuier de n'avoir pas de fruits au mois d'avril. Mais c'est l'arbre qui est dans son droit et Jésus dans son tort l Non, le Jardinier est dans son droit en exerçant sa puissance contre le figuier de Jérusalem qu'il a planté et qui, au lieu de donner des fruits à son Seigneur et maître, ne lui offre, l'ingrat ! que des feuilles à peine bonnes pour les païens. Et voilà comment Jérusalem récompense celui qui a planté l'arbre de vie ! Voilà un homme qui est chez lui à Jérusalem, et qu'on laisse avoir faim à la porte de sa maison ! Le vrai miracle eût été de donner des fruits au figuier et de les distribuer à ceux qui avaient vraiment faim, et il y en avait ! Mais les miracles de Jésus ont tous le caractère de la mystification ou de la stérilité. Il était défendu de sortir de la ville pendant les sept jours qui commençaient le 15 nisan. Or voici Jésus et les douze qui s'en vont coucher sur le Mont des Oliviers ! En apparence ils rompent la pâque, eux dont le maître a dit que pas un iota de la Loi ne tomberait que l'Agneau céleste ne vint avec les Douze, les Trente Six et les Cent quarante-quatre mille. Il est vrai que, donnant de l'élasticité aux Écritures, les prêtres avaient autorisé les paschants à sortir cl' leurs maisons lors de la seconde veille, pour aller remercier Dieu dans le Temple. Si donc il s'agissait de la Pâque de 789, à minuit Jésus et les disciples seraient allés au Temple dont toutes les portes s'ouvraient au peuple pour le sacrifice d'actions de grâces, — visite de digestion non moins essentielle à la fête que la manducation de l'agneau. Mais Jésus est un tel personnage qu'il ne lui est pas permis de s'écarter de la ligne où il entraînait le temps. Pour la même raison il néglige d'aller voir Bar-Jehoudda qui fait sa pâque au Guol-golta dans le cimetière des criminels. Mais l'Évangéliste a bien soin qu'il ne dépasse pas Gethsémani qui était un enclos sacré appartenant au Temple et rentrant dans l'enceinte, même en temps de pâque[80]. Il est donc en règle. Pendant que cette pécore de lune se prépare à proclamer l'année 789, Jésus, agité de pressentiments que confirment deux siècles d'histoire, s'ouvre de sa déconvenue à ces Douze Heures de jour qu'il entraine dans l'Æon-Zib, très lasses et privées de la lumière qui inspire les bonnes résolutions. Il sait combien de fois il sera abandonné et par qui. Tous les disciples le savent. Matthieu notamment est là qui a presque vu compter les trente sicles à Judas. Dans quelques instants Jésus va être livré, il a demandé qu'on s'armât, on a deux épées, de quoi tuer deux Judas. Shehimon, qui porte l'une d'elles, est prévenu que la trahison sera consommée avant que le coq chante. Le plus élémentaire sicariat leur ordonne de supprimer Judas. Le plus rudimentaire souci de la conservation commande à Jésus d'évacuer le Mont des Oliviers ; mais il ne peut pas. Il est obligé de coucher où il a couché la veille et les jours précédents, de retourner le matin à la position qu'il occupe depuis la Genèse, de manière que de son côté Judas ne puisse manquer son coup. LUC, XXII, 39. Et étant sorti, il alla, selon sa coutume, à la montagne des Oliviers ; et ses disciples le suivirent. MARC, XIV, 33. Etant venu à une maison de campagne nommée Gethsémani, il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici pendant que je prierai. MATTHIEU, XXVI, 36. Alors Jésus vint avec eux à une maison de campagne qui est appelée Gethsémani, et il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici, pendant que j'irai là et que je prierai. Jésus, et ceci est fort comique, emmène les douze au pressoir qui fournissait l'huile pour le chandelier à sept branches et pour les autres lampes du Temple, qui ce soir-là était magnifiquement éclairé, puisqu'à minuit il recevait la visite d'action de grâces de toute la ville. Pour Jésus, il lui répugne profondément que le lieu de ses pieds soit éclairé par des moyens si vulgaires, car comme il le disait si bien quand le Joannès s'amusait à écrire, la Ville n'a pas besoin de soleil ni de lune pour l'éclairer, parce que la gloire de Dieu l'éclaire et que sa lampe est l'Agneau[81]. Jésus est donc sa propre lampe à lui-même. Reste à savoir si ses douze disciples de jour pourront s'en accommoder, car voici la nuit venue. Et Jésus se moque d'être sans aucune pitié. Il sait que toute l'huile disponible a été emportée par Kaïaphas pour l'éclairage du Temple et que par conséquent les douze à l'inconvénient d'être morts depuis longtemps vont joindre celui d'être plongé dans une obscurité qu'ils ne pourront même pas combattre par les moyens artificiels. Les cinq vierges sages viendraient avec leurs lampes qu'elles ne trouveraient pas une seule goutte d'huile à y mettre pour veiller en attendant l'Époux[82] ! Rien n'amuse plus Jésus que ce genre de plaisanteries. Mais si les disciples étaient en état de les lui retourner, les rieurs ne seraient plus longtemps de son côté, car à ce passage-là Jésus devait amener des cieux toute la légion des patriarches des anciens d'Israël ; ici il se borne à fumister les trois grands crucifiés de sa famille selon le monde. Il les constitue veilleurs dans un endroit où il n'y a pas de lumière possible, alors que s'il avait tenu la parole qu'il leur avait donnée, que dis-je ? le serment qu'il avait fait à leurs pères, il n'y aurait plus eu de nuit ce jour-là ! C'est donc ce qu'on appelle une sale farce ! Mais les disciples n'en diront rien, puisqu'au fond il n'y en aura d'autres victimes que les goym. X. — LES TROIS VEILLEURS DU PRESSOIR D'HUILE. Depuis toujours, et notamment depuis six heures du soir, Jésus sait que le Grand Jour, le Jour aux vingt-quatre Heures de lumière ne viendra pas ! Déjà la Nuit dispose pudiquement ses voiles autour d'elle. Les Douze Patriarches ne sont pas descendus, ni les Vingt-quatre Vieillards[83]. Que faire des douze mortels qui l'entourent ? Il y a là quatre escouades de trois Heures correspondant aux quatre branches de la croix diurne, de six heures du matin à six heures du soir, conformément à la division juive. Au milieu, trois des frères que le Verbe avait établis guetteurs pour la maison d'Israël, comme dit Ezéchiel : le Joannès, crucifié depuis la veille, Shehimon et Jacob senior crucifiés en 802. Leur chair a été faible, comme dit Jésus, surtout celle du Joannès au Sôrtaba, et celle de Shehimon dans la cour du Hanôth. Ils ont mal veillé, mais au moins ont-ils veillé, entre tant d'autres qui ont prostitué la Loi. Mais c'est à Jésus seul de les juger, lui qui devait juger le monde. Il laisse dans le rang les neuf autres Heures de jour dont la douzième, Is-Kérioth, a pour mission constante de livrer le jour à la nuit ; l'Heure indécise, l'Heure trouble, l'Heure des Hanan et des Kaïaphas, l'Heure des Pilatus, des Cuspius Fadus et des Tibère Alexandre, l'Heure par qui tout a toujours manqué, notamment le Grand Jour. Pour veiller il faut voir. Les trois veilleurs appartiennent au Monde en cours, ils ne peuvent pas veiller avec l'Etre qui voit tout, qui ne dort pas, et a en lui vingt-quatre heures de lumière ininterrompue. MARC, XIV, 33. Et il prit avec lui Pierre, Jacques et Ieou-Shanâ-os, et il commença à s'effrayer et à tomber dans l'abattement. 34. Et il leur dit : Mon âme est triste jusqu'à la mort ; demeurez ici et veillez. MATTHIEU, XXVI, 37. Et ayant pris avec lui Pierre et [les deux fils de Zibdéos][84], il commença à s'attrister et à être affligé. 38. Alors il leur dit : Mon âme est triste jusqu'à la mort demeurez ici et veillez avec moi. LUC, XXII, 40. Lorsqu'il fut arrivé au lieu[85], il leur dit : Priez, de peur que vous n'entriez en tentation. En tentation de dormir au lieu de veiller, ou plutôt de se réveiller au lieu de dormir, comme ils le font depuis deux siècles. En effet pour Jésus la mort n'est qu'un sommeil. Éléazar et la femme de Shehimon dormaient quand il les ressuscite[86]. MARC, XIV, 36. Et, s'étant avancé un peu, il tomba la face contre terre ; et il demandait que, s'il était possible, cette heure s'éloignât de lui. 36. Et il dit : Abbas (Père)[87], toutes choses vous sont Possibles, éloignez ce calice de moi ; toutefois, non ma volonté, mais la vôtre (soit faite) ! MATTHIEU, XXVI, 39. Et s'étant un peu avancé, il tomba sur sa face, priant et disant : Mon Père, s'il est possible, que ce calice passe loin de moi ; toutefois, non comme je veux mais comme vous (voulez). En effet si Jésus boit au calice comme il y boit en entrant dans la croix solaire à chaque Agneau, il en a pour Six mois avant de l'épuiser. S'il y boit comme un Simple revenant de Bar-Jehoudda, il va bien falloir aller sur une autre croix, la croix patibulaire, et là il videra le calice en trois jours. Il insinue ici que son père lui a donné cet ordre barbare, et il tient la parole 78 deux fils du Zibdéos qui, le voyant décidé à jouer le rôle de leur frère aîné, se sont déclarés capables de Ader la même coupe que lui[88]. Première veille (neuf heures)On peut être certain que, dans le dispositif original des trois veilles, Jésus adressait à Bar-Jehoudda toutes les objurgations qu'il adresse aujourd'hui à Shehimon. Aucun des trois crucifiés de la famille n'avait plus ma veillé, et lors de la fabrication de ce dispositif il dormait encore depuis plus longtemps que Shehimon et Jacob. MARC, XIV, 37. Il revint ensuite, et, comme il les trouva dormant, il dit à Pierre : Simon, tu dors ? tu n'as pas veiller une heure ? 38. Veillez et priez, afin que vous n'entriez point en tentation. L'esprit est prompt, mais la chair est faible. 39. Et, s'en allant de nouveau, il priait, disant les mêmes paroles. MATTHIEU, XXVI, 40. Ensuite il vint à ses disciples, et il les trouva endormis, et il dit à Pierre : Ainsi, vous n'avez pas veiller une heure avec moi ? 41. Veillez et priez, afin que vous n'entriez point en tentation : à la vérité, l'esprit est prompt, mais la chair faible. L'Esprit qui a inspiré l'Apocalypse avait été prompt, mais combien faible la chair de l'auteur ! Seconde veille (minuit).MATTHIEU, XXVI, 42. Il s'en alla encore une seconde fois et pria, disant : Mon père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté se fasse. 43. Il vint de nouveau, et les trouva dormant, car leurs yeux étaient appesantis. MARC, XIV, 40. Étant revenu, il les trouva encore dormant (car leurs yeux étaient appesantis), et ils ne savaient que lui répondre. A cette veille-là, après la Cène, la lune étant pleine, en Opposition avec le soleil, et passant au méridien vers minuit, le Temple proclamait la nouvelle année[89]. Grave injure au Seigneur ! Assurément la lune est fort régulière dans son cours, mais quand elle ne parait pas ? quand il n'y a pas de lune ? Au contraire, que le Soleil paraisse ou non, il est par sa lumière une base sensible de la supputation du temps. Tout l'effet est dans l'opposition voulue par l'Évangéliste : les Juifs montant au Temple avec des transports de folle joie pour consulter la lune, pendant que leur Seigneur à tous s'apprête à passer douloureusement. Adorateurs de Moloch, par conséquent héritiers de la tradition ancestrale, les davidistes opposaient la métrique héliaque des aïeux à la métrique lunaire du Temple, amenés ainsi à la réaction religieuse par la révolution solaire. Aucun paradoxe là-dedans. C'est le point secret de l'idée qui les souleva contre le sacerdoce saducéen. En reniant le Chronocrator, le Temple par voie de conséquence contestait le pouvoir de vie que les christiens lui prêtaient et qui, selon eux, allait jusqu'à ressusciter les corps. Après avoir compté solairement, les Juifs comptaient lunairement : méconnaissance du rang occupé par le Fils de Dieu dans la hiérarchie sidérale et de son rôle dans la Création, — d'où schisme dans lequel l'hérésie est du côté du Temple et l'orthodoxie du côté des christiens. Pour eux l'année était de trois cent soixante jours ; et cette interprétation, ils la tiraient des plus anciennes Écritures, de la Genèse notamment qui, en comptant cent cinquante jours pour cinq mois, donne implicitement trente jours à chacun. Mais par ce calcul ils tenaient le Temple en échec sur un point capital : ils enlevaient au sanhédrin le bénéfice et le prestige de la chronocratie. Les mois selon le Temple allaient environ du 15 au 15. Je veux dire que le 15 correspondait à notre 1er. C'est la pleine lune qui marquait le 1er, auquel cas le mois avait vingt-neuf jours et demi, à moins que, cette planète plutôt mal lunée ne se montrant pas, on ne donnât mathématiquement trente jours au mois. Les mois étant alternativement de 29 ou de 30 jours et jamais de 31, — Judas reçoit-il trente et un deniers ? — il en résultait finalement une année à laquelle il fallait mettre des rallonges pour la raccorder avec le cours du soleil. Moralité : le Soleil était à la discrétion de la lune, et le calendrier, — travaux et fêtes, — à la merci du Temple. Il semblait vraiment que le Temple fût le maître du temps, le Chronocrator, et que le Soleil jadis adoré par les Juifs fût un astre surnuméraire. C'était se moquer du Fils de Dieu. On peut être certain que les kabbalistes christiens attribuaient à cette façon de compter, à l'incertitude et à l'arbitraire qu'elle portait en elle, le fatal dénouement de toutes les tentatives des Juifs pour recouvrer leur indépendance. Jésus qui est toute lumière est obligé, par le corps qu'il a pris, de subir l'affront d'un subalterne : voilà le fin mot du thème. La vraie Pâque, le vrai jour, la fête de Pâque, ce n'est pas quand la lune est pleine, c'est quand le Soleil passe sur la Judée ; et après tant d'épreuves, c'est un crime de ne point fêter le Fils-Verbe de Dieu au moment où il éclaire le premier des peuples, que dis-je ? le seul peuple qu'il reconnaisse ! Juifs, vous voulez savoir pourquoi vous avez été vaincus et dispersés ? Voilà pourquoi. Tandis qu'à minuit le Temple ouvre ses portes et que tout Jérusalem est dehors, exultant aux lumières, Jésus, abandonné dans la nuit, déplore l'aveuglement de ces malheureux que la vengeance du Père a livrés à leurs ennemis. Comment ! disent les kabbalistes, nos Pères ont adoré le Soleil, c'est le Soleil qui nous a tout donné, lumière et vie, c'est lui qui chaque année nous sauve par le signe de la croix, vous le reconnaissez vous-mêmes en célébrant son passage, sa Pesach dans notre patrie ; c'est lui qui fait le jour et les saisons, et quand il s'agit de compter l'année et les mois, au lieu de vous adresser à la Lumière, vous vous adressez à son reflet, à cette lune capricieuse et légère, dont la tête, les trois quarts du temps fêlée, trouble dans la même proportion les nôtres ? Vous êtes des ingrats et des sots, vous avez abandonné le Fils de Dieu, le Père vous a abandonnés ! Voilà pourquoi Jésus ne va pas au Temple à minuit. Depuis quand a-t-on vu le Soleil se régler sur la lune, Le Maître sur sa servante ? Savez-vous bien que s'il lui plaisait il n'y aurait plus de Lune, de même que, quand il l'a voulu, il n'y a plus eu de Temple ? Troisième veille (trois heures.)MATTHIEU, XXVI, 44. Et les ayant laissés, il s'en alla encore, et pria une troisième fois, disant les mêmes paroles. 45. Alors il revint à ses disciples, et leur dit : Dormez maintenant, et reposez-vous voici que l'Heure approche et le Fils de l'homme sera livré aux mains des pécheurs. 46. Levez-vous, allons : voici qu'approche celui qui me livrera. MARC, XIV, 41. Il vint une troisième fois, et leur dit : Dormez maintenant et reposez-vous. C'est assez ; l'Heure est venue : voilà que le Fils de l'homme sera livré aux mains des pécheurs. 42. Levez-vous, allons : voici que celui qui me livre approche. Voilà dans le même instant deux commandements furieusement inconciliables : Dormez, levez-vous ! Ils ne répondent pas. Ils dorment comme il convient des Heures de jour qu'on veut astreindre au service de nuit en dépit de leur constitution. Veiller, c'est l'affaire des Vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse et non la leur. Trois fois Jésus est allé vers eux, trois fois il les a trouvés dormant. Impossible d'en rien tirer. Ne recevant plus sa lumière, que voulez-vous qu'ils fassent ? A eux trois, ils n'ont pu tenir une heure, et leurs yeux ne voient point. Jésus leur parle, ils n'ont pas la force de répondre. Au Pressoir d'huile Pierre ne renie pas. Es que ses deux frères renient ? Et les neuf autres, est-ce qu'ils renient ? Pierre et ses compagnons ne renie pas plus que Judas ne trahit. Chacun remplit ici son office. Loin de s'en offenser, après trois prières qui répondent aux trois veilles classiques, — il est seul en état de prier, — Jésus va trouver les trois dormeurs : Dormez dorénavant, dit-il, et vous reposez. Je crois bien ! Il va se lever, il n'a pas besoin d'eux ! Il est la lumière du monde, il est leurs yeux, il est leurs oreilles, il est leurs pieds ! Pour n'être pas visible il n'en est pas moins toujours veillant. Lui seul voit, Lui seul prie, Lui seul marche. Autour de lui, dorment toutes les Heures de jour. Une seule voit sans distinguer très bien : Is-Kérioth, qui a gardé dans les yeux un peu du crépuscule de la veille. Les paroles : Dormez maintenant, se prennent généralement dans un sens ironique, dit le Saint-Siège : ce n'est pas une permission que le Sauveur donne à ses apôtres, mais un reproche qu'il leur fait de ce qu'ils se mettaient si peu en peine de l'approche du péril qu'il leur avait annoncé. Le fait est que leur indifférence est aussi absolue que celle de l'Infaillible pour la vérité. Par acquit de conscience, à la fin de la troisième Jésus les a secoués : Levez-vous, s'est-il écrié, marchons ! Mais ils ont encore un petit somme à faire, la grasse matinée jusqu'à six heures. Allez chercher les vingt-quatre vieillards du Premier monde ! grogne Bar-Jehoudda, nous sommes du Second monde nous autres, nous dormons la nuit. Si vous voulez des disciples qui veillent jour et nuit, allez chercher les Vingt-quatre vieillards ! ! C'est vous-même qui m'avez révélé tout cela dans le temps. Allez chercher les Vingt-quatre Vieillards ! En voilà une tenue pour des gens qui il n'y a qu'un instant ne parlaient que de mourir pour le Seigneur ! Ô faiblesse du Second monde ! Ô présomption des Heures mortelles ! Cependant voici le jour qui approche, l'étoile du matin, l'helel ben schâhar, qui se lève. Il semble qu'ils devraient ouvrir les yeux. Mais pour cela il faudrait que Jésus les ressuscitât pour tout de bon ! XI. — LE PASSAGE. Le dispositif de Lue est moins mathématique et plus. prudent. Les synoptiseurs ont supprimé radicalement les trois veilles, cette division suffisant à livrer tout le plan de l'allégorie. D'ailleurs l'attitude des trois veilleurs, parmi lesquels est le christ lui-même, semblé celle de gens qui ont trop bu de vin et trop mange d'agneau. Il ne faut pas confondre la passion de Jésus avec celle du christ. Celle du christ avait commencé le 14 et continuait. Celle de Jésus commençait le 15 à six heures du soir et finissait avec le jour. Son passage devait être entièrement consommé avant l'apparition de l'étoile du matin, et c'est pourquoi de son côté l'agneau devait l'être entièrement au lever du soleil. Il fallait brûler ce qu'il en restait, afin qu'il eût été tout entier au Seigneur et à sa pesach. Quant à Jésus, il continue sa marche dans la nuit, mais au lieu de se porter eu avant, il rétrograde. Chose incroyable ! les disciples qui pourtant sont ses créatures sont en avant par rapport à leur maître, ils le précèdent, endormis, sur le plan terrestre. Jésus s'en éloigne de la distance d'un jet de pierre, tandis que les forces de Satan gagnent du terrain. LUC, XXII, 41. Puis il s'éloigna d'eux à la distance d'un jet de pierre ; et, s'étant mis à genoux, il priait, 42. Disant : Mon Père, si vous le voulez, éloignez ce calice de moi ; cependant que ma volonté ne se fasse pas, mais la vôtre. 43. Alors lui apparut un ange du ciel, le fortifiant ; et étant entré en agonie il priait encore plus. 44. Et il lui vint une sueur, comme des gouttes de sang découlant jusqu'à terre. 45. Et, s'étant levé de sa prière, il vint à ses disciples, et les trouva endormis par suite de leur tristesse. 46. Et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous, priez, de peur que vous n'entriez en tentation[90]. Ici il est plus raisonnable que dans Marc et dans Matthieu, il ne leur donne pas à la fois l'ordre de dormir et de se lever. Il comprend qu'ils se soient endormis quand il eût fallu veiller, quand les larmes roulent en caillots de sang sur les joues de leur Maître ! Ils sont si fatigues, depuis douze mois qu'ils courent de toute la vitesse de leurs jambes. Laissons-les se coucher, étendre les bras, dormir, les poings dans ces yeux qui ne voient plus. Jésus n'a plus besoin d'eux, son réveil est fait de leur sommeil ! Au moment même où il les adjure de prier, tous les héliocoles de Phrygie se lèvent pour fêter le Réveil du Seigneur endormi depuis l'automne, et plus frais, plus dispos que jamais. Si Jésus avait existé, on pourrait affirmer qu'il n'appartenait pas à l'école de Socrate. Pour un homme qui a mangé de l'agneau rôti, du pain, des herbes amères, et bu du vin de première qualité, il parait peu disposé à faire allègrement le sacrifice de sa vie. Sa pleutrerie est encore accusée par l'Evangéliste qui au lieu de montrer Jésus entrant en lutte avec le Prince des ténèbres qui lui dispute le passage, le dépeint tombant en agonie ! Déjà dans les Synoptisés son âme est triste jusqu'à la mort : les douleurs qu'il endure, dit le Saint-Siège, sont au-dessus des forces humaines et capables de faire mourir. Car, dit encore le Saint-Siège, le
calice signifie les douleurs de la passion. La douleur est considérée comme
une liqueur amère renfermée dans une coupe qu'il faut boire. De leur
côté, les disciples, qui ne sont plus spécialement Bar-Jehoudda, Shehimon et
Jacob, mais les douze, s'endorment pour un
tout autre motif que dans Marc et dans Matthieu. Ce n'est point parce que les
trois veilleurs de nuit n'ont pas pu répondre à l'appel, c'est par excès de
tristesse. Ô somnifère tristesse apostolique ! Des goym en pareil cas
n'auraient p fermer l'œil ! Quel est donc la cause de cette tristesse posthume Que veut dire cette entrée en agonie qui arrache à Jésus ces appels désespérés à son Père, ces sueurs de sa dont les caillots roulent jusqu'au sol ? Si Jésus avait eu chair, on pourrait trouver qu'il ressemble par trop à Languille de Melun qui crie avant qu'on ne l'écorche[91]. Qu'est-ce qui meurt donc en lui ? Le Royaume. D'où vient donc cette crise de douleur, d'orgueil blessé à mort, de déception inconsolable ? De ce que, si Bar-Jehoudda a manqué sa pâque, le Roi des rois a passé comme à l'ordinaire. Cette journée-là il ne devait plus y avoir d'équinoxe. Jésus ne devait plus passer, il devait venir. Vêtu d'une robe teinte de sang[92], le glaive à deux tranchants sortant de sa bouche pour frapper les nations[93], foulant dans le pressoir le vin de sa fureur[94], appelant les Juifs au grand souper de Dieu[95], d'une seule rasade il devait boire dans sa coupe profonde tout le sang de l'humanité païenne ! Or tout s'est passé comme on a vu équinoxialement pour lui, crucialement pour Bar-Jehoudda. Voilà comment le supplice de son christ est devenu le sien propre. Voilà pourquoi, comme un enfant à qui on ôte son jouet, il s'est jeté la face contre cette terre qu'il arrose dans la nuit de ses larmes de sang Ah ! le bon petit cœur ! N'ayant pu être Moloch, il est devenu Jésus. Et ce n'est pas tout, il lui a fallu passer pour les païens comme de coutume, faire lever leurs moissons, mûrir leurs raisins, reluire leurs boucliers. Fut-il jamais croix plus douloureuse depuis la Création du soleil ? Dans la pâque astrologique, le phénomène de l'équinoxe devait couper la tête en deux parties égales de trois jours et demi chacune. L'arrestation de Jésus devait donc se placer dans la nuit du troisième au quatrième jour, par cette raison que, dans la semaine de la Création, il avait subi la même offense pour vainc les ténèbres et leur substituer la lumière. Il reste quelque chose de ce dispositif dans Luc où Jésus demande trois jours pour arriver à son terme et trois jours pour le franchir[96]. C'est cette indication qu'on a suivie dans le thème des Synoptisés où Jésus est depuis trois jours à Jérusalem lorsque vient la nuit du passage. Car c'est sa première lutte contre Satan que Jésus renouvelle ici : son passage à la terre, après trois jours de combat contre les mauvaises Puissances d'en haut, son arrivée le quatrième jour, et son triomphe le septième jour, après trois jours de nouveaux combats contre l'Esprit du monde. En puissance dans son Père le premier jour de la Création, il entre en charge le quatrième jour, et souffre de la terre pendant trois jours avant de pouvoir prendre sa place à la tête de la première septmaine organisée. Nous l'avons déjà vu sous-entendre cette donnée dans deux allégories, dont la plus claire précède la Multiplication des Pains selon la formule sabbatique. Il imite le Soleil dans toutes les opérations que l'astronomie chaldéenne lui prête lorsqu'il passe dans l'Agneau. Devant la pompe funèbre des Césars marchait toujours un acteur vêtu comme le défunt, imitant ses gestes, son allure et jusqu'aux habitudes de son maintien. Jésus est un mime solaire irréprochable. C'est quand Jésus est l'Agneau que la croix de vie est en forme. La sphère est alors partagée en quatre parties égales comprises entre le montant et les branches de la croix zodiacale. Chaque année, au printemps, Dieu crucifie son Fils, le Roi des Rois, le Seigneur des Seigneurs, pour sauver la terre des ténèbres de la mort. Les gens du Temple auraient laissé aller Bar-Jehoudda, que le Père n'eût pas manqué son Fils, car c'est lui-même qui le condamne, depuis l'origine de la lumière, à cette mort périodique immanquablement suivie d'une résurrection glorieuse ! XII. — L'ACCOMMODATION DU MYTHE SOLAIRE. La nuit du Mont des Oliviers était dans la nature, C'est là que les évangélistes l'ont prise. J'accorde que vous ne sentiez pas du premier coup ce qu'il y a de dramatique dans l'équinoxe du printemps. Cependant si vous faites par la pensée un retour vers les opinions que les peuples pastoraux nourrissaient sur la vie du Soleil par rapport à la terre, si vous réfléchissez aux intérêts qui en dépendent, si vous considérez les hommes tremblant à l'idée qu'il pouvait leur manquer un jour, et que ce jour, selon toutes les supputations, devait coïncider avec le signe de l'Agneau, vous apercevez au fond du mystère équinoxial un sujet de tragédie sacrée autrement émouvant, autrement large que e supplice d'un imposteur le dernier jour de l'année 788. En effet, c'est à l'équinoxe du printemps que Jésus court le plus de dangers du côté de la terre. Le Fils de l'homme est retardé, arrêté même dans sa marche. Lors de la Création il lui a fallu sept jours pour triompher des mauvaises puissances. Chaque année encore il lui faut sept jours pour passer victorieusement d'un hémisphère à l'autre. Il n'est pas juste de dire qu'Hipparque ait le premier déterminé le moment précis des équinoxes. Les deux principales fêtes juives, les Tabernacles et la Pâque, qui se font équilibre aux deux bouts de la ligne équatoriale, montrent assez par l'égalité de leur durée, — sept jours, — que les Hébreux avaient reçu des Chaldéens la notion des deux époques équinoxiales. Ne pouvant expliquer scientifiquement le phénomène dit de précession qui pèse à ce moment sur la vie de la Terre, les christiens n'en étaient que plus encline à y voir une lutte sourde où les démons, jaloux du Fils Verbe, le retenaient comme enlacé dans des liens étroits et tentaient de l'accabler sous la puissance de leurs ténèbres. Nul doute que pour obéir au Père, et lui ordonnait de continuer sa course, le Fils de Dieu ne souffrit des maux dont sa marche embarrassée trahissait le douloureux secret. Là-bas, plus loin que l'œil ne pouvait porter, il se passait quelque chose comme s'il déchirait un peu de sa divine substance en frottant contre la terre inerte. Impies et aveugles ceux qui sentaient pas le supplice crucial par lequel il passait pour le salut des hommes ! Ce n'était pas qu'il y eût cessation de vie. Au ce traire, parvenu à l'Agneau, il s'exaltait dans sa propre jeunesse. Il échappait à l'Empire des morts, il faisait revivre le temps et les heures de lumière. C'était dont une faute de pleurer le Soleil pendant le passage : seuls, des morts comme les païens pouvaient enterrer des morts comme Adonis et Sérapis, mais les Juifs qui croyaient au dieu vivant, des vivants en un mot, devaient célébrer, sans aucune cérémonie idolâtrique, sans aucune parade tragique, le triomphe de Jésus sur les légions de Satan. Comment y aurait-il mort là cil au contraire il y a accroissement ? Toutes les Eglises d'Orient ont fait le signe de la croix en portant la main du front à la poitrine, de la Poitrine à l'épaule droite et de là à l'épaule gauche, le Levant passant toujours avant l'Occident, selon la loi de la charité la mieux ordonnée[97]. On faisait le signe dans les principaux actes de la vie domestique, notamment quand on allumait les lumières : ante de foi dans la souveraineté du Seigneur et très humble hommage de l'artifice qui y suppléait. Tertullien, qui parle de cet usage, convient que la tradition en est l'unique auteur[98]. Tradition dont la croix de Bar-Jehoudda n'est qu'une tardive étape et nullement le Peint de départ. Quand les Minucius Félix et les Tertullien reconnaissent implicitement le culte qu'ils rendent à la croix, il n'y a dans ces propos aucune allusion au Guol-golta. Le signe a toujours son véritable sens : la croix astrologique, c'est la marque du Ciel ferme sur ses quatre points cardinaux, la firme du firmament. Et il en fut ainsi jusqu'à ce qu'Ambroise de Milan le détournât de son sens naturel, en disant : Ce n'est pas la croix que nous adorons, c'est le christ mort sur la croix ![99] Combien de passions avant celle que les Juifs ont prêtée à Jésus ! Combien de mythes dans lesquels un héros, un dieu, subit l'épreuve de la mort qui attend tous les êtres et trahit le secret de la nature en leur montrant par sa rénovation, sa résurrection, son ascension, une image sensible de la vie éternelle ! Tous les mystères païens sont des Passions. Cora enlevée par Hadès, mais bientôt rendue à la lumière féconde ; Flacchos d'Eleusis ; Dyonisos déchiré par les esprits du mal, mais ranimé par Zeus, Osiris qui meurt chaque soir dans le soleil couchant pour renaître chaque matin dans la gloire d'Horus, Adonis, Attis, éventrés par le sanglier hibernal, mais rendus à la terre par la Bonn déesse, sont autant de Passions et qui ont fait couler plus de vraies larmes que la passion de Jésus. Aux mystères d'Adonis il fallait que le prêtre calmât les fidèles : Initiés, reprenez vos sens et consolez-vous de l'épreuve du dieu, votre salut est fait de ses peines ! Firmicus Maternus, à cet Ite, missa est, sent le coup et s'écrie Le Diable a donc ses christs ! Oui, mon ami, et c'est à lui que les Juifs ont pris Jésus, incapables qu'ils étaient de l'inventer. Ces déplorations feintes, ces deuils périodiques convenus, ces comédies de la mort solaire jouées par les prêtres, étaient évidemment déplacés, mais ils ont cette supériorité sur la Passion de Jésus qu'ils ne faisaient point de victimes : ce n'était point un juif stupide et scélérat qu'on adorait par égoïsme ou par peur, c'était la nature sous des voiles trop grossiers, mais à travers lesquels on la reconnaissait encore ! La grande force de l'imposture évangélique, c'est qu'elle repose sur un fait vrai, indiscutable : l'existence d'un juif qui passe sur la croix patibulaire la nuit que le Seigneur passe sur la croix solaire. Il n'en a pas fallu davantage, étant donné les prétentions omnipotentes qui s'affirment dans son Apocalypse, pour que, son cadavre ayant été enlevé clandestinement, il ait passé à la longue pour être ressuscité et monté au ciel. La bêtise humaine a fait le reste. Au lieu du simulacre en cire que les prêtres de Mithra et d'Adonis portaient la nuit dans le tombeau, au lieu de cette image glacée qu'on ne pleurait pas moins (l'ailleurs que si on eût connu l'original, l'Église promenait le cadavre mal refroidi d'un homme qui avait parlé, écrit, exorcisé, et laissé en héritage la spéculation du baptême. Puisqu'il se trouvait presque partout des foules innombrables pour suivre la pompe funèbre d'un mannequin, au milieu des larmes et des gémissements, puisque, par une simple onction sur l'image, les prêtres de Mithra et d'Adonis faisaient croire aux initiés que leur dieu était ressuscité pour leur salut, il se trouverait bien des goym assez sensibles pour pleurer sur facture un bon Juif, un Juif unique en son genre, et que d'autres Juifs, aussi méchants qu'il était charitable, avaient empêché d'étendre ses bienfaits à toute l'humanité dolente ! Les marchands de christ n'eurent qu'à le rouler dans le mythe solaire, à le farcir de prophéties, à prendre pour drapeau son linceul, à le broder de miracles apolloniens, à l'ourler de guérisons esculapiennes, à le soutacher d'apparitions. Il eut sur tous les dieux voisins l'avantage d'avoir vécu, et, quoiqu'au temps où furent composés les Évangiles, tous les témoins du premier siècle fussent en poussière, la légende de sa survie protégea la fable contre les accusations d'imposture. Qui a vu votre Mithra ? demandent les apologistes comme Firmicus[100], ce n'est qu'une idole ! Sa mort est connue : mais sa vie n'est pas prouvée, il n'y a pas de prophéties qui garantissent sa résurrection, il ne s'est pas montré aux hommes après sa mort. Pourquoi tromper les hommes par de fausses promesses ? En d'autres termes, prenez notre Juif ! Il était connu partout avant d'être arrivé ! On s'explique sans apôtres que tant d'héliocoles en Syrie, en Asie, en Phrygie, en Égypte, en Grèce et à Rome aient été si facilement jehouddolâtrisés sur le papier par les écrivains d'Église, et que tant de philosophes ou d'empereurs, Athénagore, Justin, Clément d'Alexandrie, Constantin et Julien, par exemple, aient été représentés post mortem comme ayant adoré le scélérat de l'Évangile, ils avaient pour dieu le Soleil sauveur ! |
[1] Cf. Les Evangiles de Satan, première partie.
[2] Cf. L'Évangile de Nessus.
[3] On immolait et on mangeait la pâque le 14 nisan, dit le Saint-Siège en conformité de ce faux. Nullement. On immolait bien l'agneau le 14, mais c'est le 15 qu'on le mangeait, puisque la journée juive commençait à six heures du soir.
[4] Cf. Le Roi des Juifs.
[5] Cf. Les Marchands de Christ.
[6] Cf. L'Évangile de Nessus.
[7] Exode, XII, 7.
[8] Exode, XII, 21.
[9] Exode, XII, 7.
[10] Exode, XII.
[11] II Rois, XXII, 14. C'était certainement le quartier riche, car le gardien des vêtements du Temple sous le roi Josias y demeurait.
[12] Le Mortier ; sans doute le nom d'une dépression de terrain à Jérusalem, dit M. Zadoc Kahn. Mais est-ce le Mortier quant à la forme ?
[13] Le quartier des marchands ou deuxième district (Le Taureau) était à l'est-nord de celui du Temple (l'Agneau) ou harem (enceinte sacrée). Cf. Le Roi des Juifs.
[14] En effet, on lit dans le livre II des Chroniques, XXII, 30 : Ce fut Ezéchias qui boucha l'issue supérieure des eaux du Ghihôn (Siloé) et les dirigea, par en bas du côté occidental, vers la cité de David... Et au même livre, XXIII, 14 : Après cela Manassé bâtit un mur extérieur à la cité de David, à l'ouest, vers le Ghihôn, dans la vallée, jusqu'à la Porte des Poissons. Il le fit contourner l'Ophel et lui donna une grande hauteur.
[15] Cf. L'Évangile de Nessus.
[16] Cf. Les Evangiles de Satan, première partie.
[17] Cf. Les Marchands de Christ et Le Saint-Esprit.
[18] Cf. L'Évangile de Nessus.
[19] Ou laitues sauvages. Exode, XII, 8.
[20] Cf. L'Évangile de Nessus.
[21] Luc est le seul qui emploie le mot.
[22] Exode, XII, 11.
[23] Jérusalem est le plateau central de la terre dans l'Apocalypse. Cf. Le Roi des Juifs. Et aujourd'hui encore on en montre l'endroit précis avec une foi parfaite. Si vous en doutez, ouvrez Bœdecker.
[24] Oli eis ex umôn paradôsei me. Toujours le verbe paradidômi que nous avons déjà vu employer pour la livraison du Joannès. Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[25] Dans l'histoire et chez les évangélistes antérieurs. Nous avons déjà vu cet aveu enregistré dans la Transfiguration de Joannès en Jésus. Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[26]
Embapsas
tén keira.
[27] Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[28] Cf. L'Évangile de Nessus.
[29] Cf. L'Évangile de Nessus.
[30] Il a été assassiné avant la fin du trentième.
[31] Addition à Marc, et capitale. Ce n'est plus par l'eau du baptême, c'est par le sang du baptiseur transfiguré que la rémission se fait.
[32] Addition à Marc ou vestige d'une rédaction plus ancienne, car il est parfois difficile de se prononcer.
[33] Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[34] Cf. Les Evangiles de Satan, première partie.
[35] Exode, XII, 8-9.
[36] Cf. Les Marchands de Christ et Les Evangiles de Satan, 1re partie.
[37] Klôménon, qui doit se traduire en latin par quod frangitur. Avec sa mauvaise foi ordinaire, la version latine de l'Eglise romaine traduit par quod pro nobis tradetur, ce qui est aussi contraire au sens qu'a l'étymologie, voire au mode, qui est présent dans klômenon et futur dans quod tradetur.
[38] Cf. XI, 24-26.
[39] On a remplacé le clômenon de la Première aux Corinthiens par didoménon qui ne spécifie plus la rupture du pain et ne signifie plus que le don du corps.
[40] On a laissé cette partie du dispositif relevé par la Première aux Corinthiens, mais on a supprimé toute la suite.
[41] Cf. Le Gogotha.
[42] On en a retrouvé une pierre avec une inscription latine et on l'a encastrée dans la paroi Est de la porte de Sion.
[43] Contre Marcion, l. IV, ch. XL.
[44] Contre Marcion, l. III, ch. XIX.
[45] Matthieu, XXIV, 26.
[46] En fois tameiois, qu'on traduit de toutes sortes de façons, sauf la bonne. Le sens strict de tameion, contraction de tamieion, c'est lieu où l'on serre les provisions de bouche, en l'espèce, la huche.
[47] Dans le chapitre XV de Matthieu.
[48] Cf. Les Évangiles de Satan, deuxième partie.
[49] Déjà vu. Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[50] Déjà vu. Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[51] Ces tentations sont celles que Satan, les Hérodiens, les pharisiens, les scribes, les membres du sanhédrin, etc., lui font éprouver au cours de la fable. Is-Kérioth lui-même, comme représentant un douzième de l'esprit d'Israël, l'a empêché de succomber à l'envie aurait pu avoir de dire la vérité devant les goym. Mais cette tentation ne lui est pas venue.
[52] Déjà vu. Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[53] Le Saint-Siège traduit par converti. Qu'est-ce à dire ? Shehimon était-il hérétique ?
[54] Cf. Les Marchands de Christ, Le Saint-Esprit, L'Evangile de Nessus.
[55] Le Hanôth ou Bar-Jehoudda fut enfermé pendant toute la nuit du 14. Avant l'aube Shehimon s'était enfui de la cour du Hanôth.
[56] Aujourd'hui, non, mais la veille. Ce passage provient d'un Évangile qui, pareil à celui de Cérinthe, se terminait le 14, en deçà de la pâque, par le banquet de rémission.
[57] Cf. L'Évangile de Nessus.
[58] Cf. L'Évangile de Nessus.
[59] Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[60] Cf. Le Saint-Esprit.
[61] Absolument rien, c'était le bon temps. Ils prenaient tout, en vertu du droit de réintégrande. Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie, et Le Roi des Juifs.
[62] Cf. Le Saint-Esprit.
[63] Cf. Le Gogotha.
[64] Comme les deux chemins qui s'entrecroisent devant La maison des deux dues. Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[65] Comme vous l'avez pu voir par l'accusation portée contre Apulée, le commerce des bois de croix florissait déjà en Afrique sous Antonin. (Cf. Les Evangiles de Satan, première partie.) Et cependant on n'avait pas encore découvert la vraie croix fabriquée avec du vieux bois par les mercantis de Jérusalem. Les papes finirent par être jaloux de cette exploitation qui leur échappait pour enrichir les évêques d'Asie. Gélase (Décret romain, XVe distinction, canon Sancta Romana) met les catholiques en garde contre le livre qui avait paru De l'invention de la vraie croix, et en même temps contre un autre écrit qui pouvait avoir des conséquences beaucoup plus graves : De l'invention de la tête du Joannès baptiseur. Il n'y avait d'inconvénient à la découverte de la croix de Bar-Jehoudda qu'au point de vue du détournement de la recette, mais si quelqu'un eût véritablement retrouvé sa tête, il eût été difficile à l'Eglise de soutenir plus longtemps l'imposture de la décapitation. Découvrir la tête de Joannès, c'était la remettre sur les épaules du crucifié de Pilatus !
[66] Ce n'est plus, comme il n'y a qu'un instant, selon ce qui a été écrit de lui, c'est selon ce qui a été établi par les imposteurs dans le nouveau dispositif.
[67] Cf. L'Évangile de Nessus.
[68] Constitutions apostoliques, l. VIII, ch. XVI.
[69] Constitutions apostoliques, l. VIII, ch. XVI.
[70] Constitutions apostoliques, l. V.
[71] XI, 23-27.
[72] Exode, XII, 43.
[73] Umnésantès, que le Saint-Siège traduit par l'hymne dit, affaiblissant ainsi le sens du mot et l'intention du scribe.
[74] Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[75] Exode, XII, 22.
[76] Exode, XII, 24.
[77] Cf. Le Charpentier.
[78] Josèphe le dit.
[79] Talmud (Succah, ch. V, 2).
[80] Comme Bethphagé. Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie, et Le Gogotha.
[81] Apocalypse, XXI, 23.
[82] Cf. Les Evangiles de Satan, première partie.
[83] Ou Anciens du jour de vingt-quatre heures de lumière. Cf. Le Roi Juifs.
[84] En remplacement de Jacob senior et du Joannès nommés dans Marc. Pierre n'était pas moins fils de Zibdéos que les deux autres, mais les aigrefins de Rome, par une manœuvre que nous avons déjà vue et relevée, (Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie) lui enlèvent ce père qui a eu trop d'enfants au gré de l'Eglise.
[85] Il y avait là sur Gethsémani une explication qui a disparu.
[86] Cf. L'Évangile de Nessus et Les Évangiles de Satan, 1re partie.
[87] On sait que Bar-Jehoudda disait être Bar-Abbas (fils du Père) et fut joué sous ce nom par les Alexandrins. Cr. L'Evangile de Nessus, Les Marchands de christ, et plus loin tout le chapitre intitulé l'Illustre Bar-Abbas.
[88] Cf. Les Évangiles de Satan, deuxième partie.
[89] Envisagée au point de vue religieux.
[90] Il leur a déjà dit cela dans le même Luc, au verset 40.
[91] Proverbe français d'autant plus populaire que peu de gens en connaissent l'origine. On écrit toujours l'anguille.
[92] Apocalypse, XIX, 13.
[93] Apocalypse, XIX, 15.
[94] Apocalypse, XIX, 15.
[95] Apocalypse, XIX, 17.
[96] Cf. Les Evangiles de Satan, deuxième partie.
[97] On sait que les Eglises latines firent passer l'Occident avant le Lavant : adultération évidente du signe originel et l'une des causes du schisme avec les Églises d'Orient.
[98] Tertullien, De corona militis, III.
[99] In obitum Theodorii. Nous sommes au quatrième siècle.
[100] Cité par Dupuis, Origine de tous les cultes.