LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME VIII — LES ÉVANGILES DE SATAN (DEUXIÈME PARTIE)

IV. — LE SYNDIC DE LA FAILLITE.

 

 

I. — LES MAINS IMPURES DES SEPT FILS DE JEHOUDDA.

 

Vous souvient-il que, tout en refusant le pain millénaire à ses disciples, Jésus leur en a laissé emporter un comme viatique, et qu'ils l'ont avec eux dans la barque ? Bar-Jehoudda et ses frères mourraient de faim pendant l'année proto-jubilaire, s'ils ne mordaient sans scrupules dans le léhem que la munificence de Jésus vient d'offrir à leurs appétits posthumes.

Il arrive en effet que, par un privilège spécial et immérité, Jésus fait manger de ce pain à ces sept Juifs, de maison royale, il est vrai, mais dont les mains sont souillées de toutes sortes de crimes. Tenus à l'écart, les pharisiens risquent quelques observations sur ce singulier passe-droit.

Plus d'une fois d'ailleurs, au cours de l'année proto-jubilaire, les partisans de Bar-Jehoudda négligèrent de se laver les mains avant de manger le fruit de leurs pillages. C'était le moindre de leurs soucis, et cette horde infâme et sordide avait scandalisé tout le monde. Ceux-là mêmes qui tenaient pour David avaient déploré que le prétendant fût descendu aussi bas dans le choix des défenseurs du trône et de l'autel réunis en sa personne, Jésus va défendre de son mieux le christ et les christiens, en attaquant ceux qui font encore les dégoûtés. Si les Juifs de Jérusalem avaient honoré leur Père David et leur mère Bethsabée, s'ils avaient marché, en un mot, les fils de Jehoudda, de 788 à 819, n'auraient pas été obligés d'aller chercher des partisans sur les ports de Tyr et de Sidon. Mais qui veut la fin veut les moyens. Au lieu de faire des dons au Temple pour la réussite de l'entreprise, si les pharisiens avaient donne leurs biens au prétendant, les choses se fussent peut-être passées autrement.

Ces pharisiens viennent à lui pour lui tendre la perche' selon leur coutume ; et par leur intervention diplomatique la question va tomber au rang d'une petite affaire d'hygiène et de propreté rituelles.

MARC, VII, 1. Et les pharisiens et quelques scribes venus de Jérusalem s'assemblèrent auprès de Jésus.

2. Et ayant vu quelques-uns de ses disciples manger du pain avec des mains impures[1], c'est-à-dire qui n'avaient pas été lavées, ils les en blâmèrent.

3. Car les pharisiens et tous les Juifs ne mangent point sans s'être souvent lavé les mains, gardant la tradition des anciens.

4. Et lorsqu'ils reviennent de la place publique, ils ne mangent point non plus sans s'être lavés ; et il y a encore beaucoup d'autres pratiques qu'ils tiennent de la tradition, et qu'ils doivent observer, comme de laver les coupes, les cruches, les vases d'airain et les lits.

MATTHIEU, XV, 1. Alors s'approchèrent de lui les scribes et les pharisiens de Jérusalem, disant :

2. Pourquoi vos disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? car ils ne lavent pas leurs mains lorsqu'ils mangent du pain.

MARC, VII, 5. Les pharisiens donc et les scribes lui demandaient : Pourquoi vos disciples ne se conforment-ils point à la tradition des anciens, mais qu'ils mangent le pain avec des mains impures ?

La prétention des fils de Jehoudda et de ses disciples était de se saisir du léhem avec les mains de la violence. Ménahem officiant dans le Temple avait été l'exemple le plus odieux de ce scandale. Eléazar Il et Absadomon n'avaient pas été moins indignes[2].

 

II. — PLAIDOYER DE JÉSUS POUR SES FRÈRES SELON LE MONDE.

 

Poursuivant ses calomnies avec la même duplicité que dessus, Jésus va maintenant accuser les pharisiens de n'avoir pas donné tous leurs biens à la famille de celui dont il est le revenant, d'avoir fait leurs dons au Temple plutôt que d'en combler leur père David dont Jehoudda est le successeur, et leur mère Bethsabée dont Salomé était l'image, à l'adultère près. Le peu qu'ont eu Jehoudda et ses fils, il a fallu le prendre de force ! N'est-na pas une honte que des sujets aient laissé la famille de leurs rois légitimes périr d'une inanition relative, quand le Temple regorgeait de dons inutiles sur lesquels Ménahem n'a pu mettre la main que tardivement, et dont il a si peu joui, le pauvre cher homme ?

MARC, VII, 6. Mais, répondant, Jésus leur dit : Isaïe a bien prophétisé de vous, hypocrites, ainsi qu'il est écrit : Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi ;

7. Et il est vain le culte qu'ils me rendent, en enseignant des doctrines et des ordonnances humaines.

8. Car, laissant de côté le commandement de Dieu, vous observez la tradition des hommes, la purification des tasses et des coupes, et vous faites encore beaucoup d'autres choses semblables.

9. Et il leur disait : Vous rendez entièrement vain le précepte de Dieu, pour garder votre tradition.

10. Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère. Et : Celui qui maudira son père ou sa mère, qu'il meure de mort.

11. Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son pète ou à sa mère : Que tout corban (c'est-à-dire don) que je fais tourne à votre profit, il satisfait à la loi.

12. Et vous ne le laissez rien faire de plus pour son père ou pour sa mère,

13. Abolissant le commandement de Dieu par votre tradition, que vous-mêmes avez établie ; et vous faites encore beaucoup de choses semblables.

MATTHIEU, XV, 3. Mais Jésus leur répondit, disant : Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu pour votre tradition ? car Dieu a dit :

4. Honore ton père et ta mère et Quiconque maudit son père ou sa mère, mourra de mort.

5. Mais vous, vous dites : Quiconque dit à son père ou sa mère : Tout don que j'offre tournera à votre profit, satisfait la loi :

6. Et cependant il n'honore point son père ou sa mère : ainsi vous avez détruit le commandement de Dieu pour votre tradition.

7. Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous, disant :

8. Ce peuple m'honore des lèvres ; mais son cœur est loin de moi.

9. Et il est vain le culte qu'ils me rendent, enseignant des doctrines et des ordonnances humaines.

Ainsi ils avaient empêché ceux qui voulaient, comme Chouza, intendant d'Hérode Lysanias, et Joanna, sa femme, subvenir même par le vol aux finances du prétendant lors des levées d'hommes de 788. Tout pour l'autel, rien pour Juda, avaient-ils dit ! Quelle morale ! Et comment rétablir une monarchie dans de telles conditions ? Que fait à Joan devant la rôtisserie du Châtelet l'odeur des mets qu'on y prépare ? Ce sont les mets eux-mêmes qu'il faut pour sustenter un roi.

Les pharisiens ne disent mot, faisant semblant d'être accablés. Jésus profite de leur état pour expliquer ce discours où il manque volontairement de clarté. Mais, infidèle à son système qui est de parler d'abord au peuple, puis de tout expliquer en particulier à ses disciples[3], il appelle le peuple pour lui expliquer en particulier ce qui concerne l'accusation portée contre ses disciples. Il s'arrange toujours de manière que le débat ne soit jamais contradictoire.

MARC, VII, 11. Et appelant de nouveau le peuple, il leur disait : Ecoutez-moi, et comprenez.

13. Il n'est rien au dehors de l'homme, qui, entrant en lui, puisse le souiller ; mais ce qui sort de l'homme, c'est là ce qui souille l'homme.

16. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende !

MATTHIEU, XV, 10. Puis, ayant appelé à lui le peuple, il leur dit : Ecoutez et comprenez.

11. Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l'homme.

Nous avons déjà vu cette étrange théorie d'après laquelle un homme n'est pas jugé sur ses actes, mais sur ses paroles. Il lui suffit de nier pour n'être pas coupable, et de suborner quelques témoins ; mais qu'importe, pourvu que le but soit atteint ?

12. Alors ses disciples, s'approchant, lui dirent : Savez-vous que les pharisiens, cette parole entendue, se sont scandalisés ?

Ces pharisiens sont d'autant plus scandalisés qu'en ce qui les touchait personnellement, les fils de Jehoudda, à la fois princes du sang de David et kanaïtes intraitables, se seraient bien gardés de se mettre à table sans faire apporter le bassin traditionnel, ils ne se commettaient avec le bas peuple que pour l'employer à leurs intérêts. On abuse souvent de ces paroles, dit le Saint-Siège, pour autoriser la violation de l'abstinence prescrite par l'Eglise. Il est vrai que les viandes qui entrent dans le corps de l'homme ne peuvent souiller son âme ; mais le mépris des lois de l'Eglise établie par Jésus-Christ lui-même, la sensualité, voilà ce qui souille et rend coupable devant Dieu. C'est ainsi qu'Adam n'a pas été souillé par le fruit qui entra dans sa bouche, mais par sa désobéissance à la loi de Dieu.

Tout autre est l'intention de Jésus qui, voyant sourdre l'indignation des pharisiens, interpose une parabole, sa manière habituelle quand il ne peut répondre.

13. Mais Jésus, répondant, dit : Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée, sera arrachée.

14. Laissez-les : ils sont aveugles et conducteurs d'aveugles ; or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous deux dans une fosse.

Bar-Jehoudda n'est pas fâché de ce coup de patte contre le Sanhédrin de Tibériade qui depuis Vespasien conduit le peuple juif dans la voie de l'obéissance aux Romains ; mais au fond il est avec les pharisiens sur le chapitre des ablutions, il se demande ce que vient faire ici cette parabole imitée de celle de la femme aux trois séas et qui est sans aucun rapport avec la discussion engagée. Cette parabole, en effet, n'est que dans Matthieu, et nous allons savoir dans quel but elle a été intercalée.

 

III. — DEMANDE D'EXPLICATION DANS LA COULISSE.

 

MARC, VII, 17. Etant entré dans la maison après avoir quitté le peuple, ses disciples l'interrogeaient sur cette parabole.

La Parabole de la plante et des aveugles n'étant que dans Matthieu, il s'ensuit que la parabole dont il est question dans Marc, c'est le pain mangé avec des mains souillées par le fils aîné de Jehoudda et ses oie frères. Matthieu en a intercalé une autre pour donner le change, car dans le dispositif original c'est à Bar-Jehoudda que Jésus expliquait en particulier la parabole des mains impures, et cela se conçoit, puisque dans le système allégorique de l'Évangile, Bar-Jehoudda est l'Économe chargé de la distribution du quatrième séa[4]. On l'a remplacé par Shehimon.

MATTHIEU, XV, 15. Prenant alors la parole, Pierre lui dit : Expliquez-nous cette parabole.

16. Mais Jésus répondit : Et vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ?

17. Ne comprenez-vous point que tout ce qui entre dans la bouche va au ventre et est rejeté en un lieu secret ?

18. Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et voilà ce qui souille l'homme :

19. Car du cœur viennent les mauvaises pensées, les homicides, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes.

20. C'est là ce qui souille l'homme ; mais manger sans avoir lavé ses mains, ne souille point l'homme.

MARC, VI, 18. Et il leur dit : Ainsi vous aussi vous êtes sans intelligence ? Ne comprenez-vous point que toute chose du dehors entrant dans l'homme ne peut le souiller,

19. Parce que cela n'entre point dans le cœur, mais va au ventre, et est jeté dans le lieu secret qui purifie tous les aliments ?

20. Mais, disait-il, ce qui sort de l'homme, c'est là ce qui souille l'homme :

21. Car c'est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les homicides,

22. Les larcins, l'avarice, les méchancetés, la fraude, les impudicités, l'œil mauvais[5], le blasphème, l'orgueil, la folie.

23. Toutes ces choses mauvaises viennent du dedans et souillent l'homme.

S'il en est ainsi, ils sont dans un joli état, le Juif consubstantiel au Père, ses frères et ses disciples ! Et toi, Shehimon, qui te substitues à ton aîné pour lui sauver la mise, tu entends, n'est-ce pas ? Assassiner Ananias, Zaphira, Jehoudda Is-Kérioth, jurer par trois fois qu'on ne connaît pas son frère quand il est arrêté, injurié, souffleté et en marche vers la croix, voilà, mon bon ami, qui souille l'homme !

Aussi est-il un chaud partisan des ablutions qu'observent les pharisiens et qu'il observait lui-même au temps où il maniait la signe avec tant de dextérité. Il a assisté au banquet de purification dans Cérinthe ; il a vu Jésus demander un bassin et des serviettes, il a lui-même éprouvé le besoin d'avoir non seulement les mains lavées, mais les pieds, non seulement les pieds, mais le reste, il ne comprend rien au changement qui s'est opéré dans les idées apostoliques. D'ailleurs sa fonction dans les Écritures est de ne jamais rien comprendre à ce que Jésus fait ou à ce que dit Jésus.

 

IV. — LE REVENANT DE BAR-JEDOUDDA CONTRE LES PHARISIENS.

 

On ne saurait imaginer un défenseur plus ingrat que Jésus. Les pharisiens viennent de rendre à son client l'immense service de disparaître au moment où le témoignage l'aurait accablé. Il va les relancer jusque chez eux pour leur dire des injures, il pousse l'impudence jusqu'à s'asseoir à leur table avec ses mains souillées. Abusant de la loi d'hospitalité, il leur liure la perte de la patrie qui incombe à la secte de Jehoudda. La table est toujours présidée par Flavius Josèphe. Celui-ci ne peut s'empêcher de trouver qu'étant le revenant d'un aussi triste sire que Bar-Jehoudda, il pourrait bien se laver les mains avant de s'user à côté de gens qui, s'ils ont leurs défauts, n'ont les celui d'avoir trahi leur pays dans les plaines de Gamala. Si on ne lui demande pas de se laver les pieds, c'est qu' a déjà subi cette opération dans Cérinthe.

LUC, XI, 37. Pendant qu'il parlait, un pharisien le prie de dîner chez lui. Étant donc entré, il se mit à table.

38. Or le pharisien, pensant en lui-même, commença à se demander pourquoi il ne s'était point lavé avant le repas,

39. Et le Seigneur lui dit : Vous autres, pharisiens, veut nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais ce qui est au dedans de vous est plein de rapine et d'iniquité.

40. Insensés ! celui qui a fait le dehors n'a-t-il fait aussi le dedans ?

41. Toutefois faites l'aumône de votre superflu[6] et tout sera pur pour vous.

42. Mais malheur à vous, pharisiens, parce que vous payez la dîme de la menthe, de la rue, et de toutes les herbes, et que vous négligez la justice[7] et l'amour de Dieu ! Il fallait faire ces choses[8] et ne pas omettre les autres.

43. Malheur à vous, pharisiens, parce que vous aimez les premiers sièges dans les synagogues et les salutations dans les places publiques ![9]

44. Malheur à vous, parce que vous êtes comme les sépulcres qui ne paraissent point ! les hommes marchent dessus sans le savoir.

Cependant ils ont bien su trouver celui de Bar-Jehoudda[10], il est vrai qu'il leur a fallu du temps !

MATTHIEU, XXIII, 23. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui payez la dîme de la menthe et de l'aneth et cumin, et qui négligez les choses les plus graves de la loi, la justice, la miséricorde et la foi ! Il fallait faire ceci, pas omettre cela,

24. Guides aveugles, qui employez un filtre pour le moucheron, et qui avalez le chameau ![11]

25. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous nettoyez les dehors de la coupe et du plat, tandis qu'au dedans vous êtes pleins de souillures et de rapines !

26. Pharisien aveugle, nettoie d'abord le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors soit net aussi.

27. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrite parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui au dehors paraissent beaux aux hommes, mais au dedans sont pleins d'ossements de morts et de toute sorte de pourriture.

28. Ainsi, vous aussi, au dehors, vous paraissez justes aux hommes ; mais au dedans vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité.

Les synoptiseurs de Matthieu n'ont pas trouvé vraisemblable que Jésus injuriât et anathématisât les pharisiens chez eux, à leur propre table. Dans Matthieu il fait leur procès, en plein air, devant le peuple et les disciples, avec de nouveaux développements.

MATTHIEU, XXIII, 1. Alors Jésus parla au peuple et à ses disciples,

2. Disant : C'est sur la chaire de Moïse que sent assis les scribes et les pharisiens[12].

3. Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent ; n'agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent et ne font pas.

4. Ils lient les fardeaux pesants et difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas même les remuer du doigt.

5. Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements ;

6. Ils aiment la première place dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues,

7. Les salutations dans les places publiques, et à être appelés maîtres par les hommes.

Il n'en demeure pas moins que dans le dispositif original, celui de Luc, le revenant de Bar-Jehoudda est à la table des pharisiens avec des mains fort malpropres, lorsqu'il vomit contre eux ces invectives.

Elles sont une bien faible expression de sa vengeance, il est chez ceux qui l'ont condamné, après avoir tué son père dans le Temple ! Un docteur de la Loi ne peut s'empêcher de protester contre cette sortie, mais il se garde bien de donner ses raisons.

LUC, XI, 45. Alors un des docteurs de la loi, prenant la parole, lui dit : Maître, en disant cela, vous nous faites injure à nous aussi.

46. Mais Jésus dit : Et à vous aussi, docteurs de la loi, malheur ! parce que vous imposez aux hommes des charges qu'ils ne peuvent porter, et que vous-mêmes ne touchez pas les fardeaux du bout du doigt !

47. Malheur à vous, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, et vos pères les ont tués !

48. Certes, vous témoignez bien que vous consentez aux œuvres de vos pères : car eux les ont tués, et vous, vous leur bâtissez des sépulcres.

49. C'est pourquoi la sagesse même de Dieu a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres, et ils tueront les uns et persécuteront les autres :

50. Afin qu'on redemande à cette génération le sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la fondation du monde :

51. Depuis le sang d'Abel jusqu'au sang de Zakhûri[13], qui périt entre l'autel et le temple. Oui, je vous le dis, il sera redemandé à cette génération[14].

MATTHIEU, XXIII, 29. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui haussez les tombeaux des prophètes et ornez les monuments des justes,

30. Et qui dites : Si nous avions été du temps de nos pères, nous n'aurions pas été complices avec eux du sang des prophètes !

31. Ainsi vous êtes à vous-mêmes un témoignage que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes.

32. Comblez donc aussi la mesure de vos pères.

33. Serpents, race de vipères, comment fuirez-vous le jugement du Ghé-Hinnom ?

34. C'est pourquoi voici que moi-même je vous col des prophètes, des sages et des docteurs ; vous tuerez e crucifierez les uns, et vous en flagellerez d'autres dans les synagogues, et vous les poursuivrez de ville en ville :

35. Afin que retombe sur vous tout le sang innocent qui a été versé sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu'au sang de Zakhûri [fils de Barachie], que vous avez tué entre le Temple et l'autel[15].

36. En vérité je vous dis, tout ceci viendra sur cette génération.

LUC, XI, 52. Malheur à vous, docteurs de la loi, parce que vous avez pris la clef de la Gnose ; vous n'êtes pas entrés vous-mêmes ; et ceux qui entraient, vous les en avez empêchés !

La clef de la Gnose ou clef de David, c'est la kabbale apocalyptique. — On dit encore la Clavicule de Salomé —. Non seulement ils avaient enlevé la clef, mais ils avaient pris et tué ceux qui l'avaient. Comme c'était en deux mots l'histoire des luttes jehouddiques depuis le Recensement jusqu'à la chute de Jérusalem, on a mis au présent dans Matthieu ce qui était au passé dans le dispositif original.

MATTHIEU, XXIII 13. Mais malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le Royaume des cieux ! car vous n'entrez pas vous-mêmes, et vous ne souffrez pas que les autres entrent.

14. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que, sous le prétexte de vos longues prières, vous dévorez les maisons des veuves ![16] C'est pour cela que vous subirez un jugement plus rigoureux.

15. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un prosélyte et quand il est fait, vous faites de lui un fils du Ghé-Hinnom deux fois plus que vous !

Le fait est que cette sorte de Juifs est à jamais déplorable. Vrais fils de ceux qui ont livré Bar-Jehoudda aux horreurs du Ghé-Hinnom, ils discréditent sa sainte Église auprès des contribuables.

Ces malédictions tirent leur signification particulière de l'endroit où elles sont placées dans Luc : la maison d'un Pharisien. C'est pourquoi Matthieu les a transportées sous les murs de Jérusalem, au moment où Jésus se dispose à faire son entrée sur les Ânes. Devant tombeaux des anciens prophètes enterrés sur le mont des Oliviers le revenant voue au Ghé-Hinnom infernal les fils de ceux qui les ont tués. Mais dan Luc c'est pour se venger de ces malédictions que les pharisiens auraient conspiré contre Bar-Jehoudda.

LUC, XI, 53. Comme il leur disait ces choses, les pharisiens, et les docteurs de la loi commencèrent à le presser, et à l'accabler d'une multitude de questions,

54. Lui tendant des pièges, et cherchant à surprendre quelque parole de sa bouche.

 

V. — AUTRES SORTIES CONTRE LES PHARISIENS.

 

LUC, XII, 1. Cependant, une grande multitude s'étant assemblée autour de lui, de sorte qu'ils marchaient les los sur les autres, il commença à dire à ses disciples : Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l'hypocrisie.

2. Car rien de caché qui ne se révèle, ni de secret qui ne se sache[17].

3. Ainsi ce que vous avez dit dans l'obscurité se dira à la lumière ; et ce que vous avez dit à l'oreille dans l'office sera publié sur les hauteurs.

4. Or je vous dis à vous, qui êtes mes amis : Ne craigne point ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent plus rien faire[18].

5. Mais je vous montrerai qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir ôté la vie, a le pouvoir d'envoyer dans le Ghé-Hinnom infernal, oui, je vous le dis, craignez celui-là[19].

6. Cinq passereaux ne se vendent-ils pas deux as ? et cependant pas un d'eux n'est en oubli devant Dieu.

7. Les cheveux mêmes de votre tête sont comptés. Ne craignez donc point : vous valez plus que beaucoup de passereaux.

8. Or je vous le dis : quiconque m'aura confessé devant les hommes[20], le Fils de l'homme[21] aussi le confessera devant les anges de Dieu.

9. Mais qui m'aura renié devant les hommes, sera renié devant les anges de Dieu.

10. Quiconque parle contre le fils de l'homme[22] il lui sera remis ; mais pour celui qui aura blasphémé contre l'Esprit-Saint, il ne lui sera pas remis.

A l'époque de ce texte[23] on admet encore que le fils de l'homme qui s'appelait Bar-Jehoudda soit traité de scélérat, on ne peut décemment en vouloir à ceux qui le disent, ils ne peuvent pas faire autrement sous peine de nier l'évidence et de se solidariser avec le crime. Mais une affaire s'est édifiée sur son cadavre : cette affaire est une création de l'Esprit juif qu'on a qualifié d'Esprit-Saint à cause même de cette origine. Point de pardon pour  les Juifs qui contestent le pouvoir de rémission inclus dans l'un d'eux ! C'est logique, car ce pouvoir est la conséquence d'un principe : l'impossibilité pour le goy d'être sauvé sans le juif. Nous avons déjà vu cette thèse exprimée fortement dans Cérinthe[24]. Le salut est une marchandise : si les Juifs qui en sont les traitants n'y adhèrent pas de toutes leurs forces, ils seront évincés du marché. Outre cette peine temporelle, Bar-Jehoudda qui, nonobstant ses crimes, est assis à la droite du Père d'où il a chassé le Fils de l'homme, — un sot qui n'a pas su garder sa place ! Bar-Jehoudda ne les recevra ni dans la Jérusalem d'or, si le Royaume advient, ni dans le ciel, si l'Eden ne reparaît pas. A quiconque blasphème contre l'Eglise, authoress de l'Esprit, il ne sera jamais remis, parce que, comme le dit parfaitement le Saint-Siège, il mourra dans l'impénitence finale : car l'Eglise a le pouvoir de remettre toute sorte de péchés à quiconque se convertit sincèrement à Dieu.

 

VI. — GUÉRISON DE L'HOMME À LA MAIN SÈCHE.

 

Jésus n'est pas seulement le défenseur de Bar-Jehoudda. Il se transforme en un syndic qui, more nant falsification d'écritures, fait prendre aux goyim le passif du failli pour un actif. Dieu en effet n'avait les condamné que le pseudo-christ, il avait étendu la et' damnation à tous ses dogmes, ne voulant sous aucun prétexte être mêlé à d'aussi affligeantes stupidités.

Mais Jésus a fléchi son Père, et d'accord avec lui, dans un but resté jusqu'ici très mystérieux, il fait revivre la main de certain homme dont la guérison, un jour de sabbat, au milieu de l'année 788, excite au plus haut point l'indignation des pharisiens.

MATTHIEU, XII, 9. Etant parti de là, il vint dans leur synagogue.

10. Or voilà qu'un homme avait la main desséchée ; et ils l'interrogeaient, disant : Est-il permis de guérir les jours de sabbat ? afin de l'accuser.

11. Mais il leur répondit : Quel sera l'homme d'entre  vous qui, ayant une brebis, si cette brebis tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la prendra pas pour l'en retirer ?[25]

12. Or combien un homme vaut mieux qu'une brebis ! Il en donc permis de faire le bien les jours de sabbat.

13. Alors il dit à cet homme : Etends ta main. Il l'étendit, et elle devint saine comme l'autre.

MARC, III, 1. Jésus entra une autre fois dans la synagogue ; or il s'y trouvait un homme qui avait une main desséchée.

2. Et on l'observait pour voir s'il le guérirait un jour de sabbat, afin de l'accuser.

3. Et il dit à l'homme qui avait la main desséchée : Lève-au milieu.

4. Puis il demanda aux autres : Est-il permis, un jour de sabbat, de faire du bien ou du mal, de sauver une âme ou de la perdre ? Mais eux gardaient le silence.

5. Alors les regardant avec colère, et, contrasté de l'aveuglement de leur cœur, il dit à cet homme : Etends ta main. Il l'étendit, et sa main devint saine.

LUC, VI, 6. Il arriva, un autre jour du sabbat, qu'il entra dans la synagogue, et qu'il enseignait. Or il y avait là un homme dont la main droite était desséchée,

7. Et les scribes et les pharisiens observaient s'il le guérirait le jour du sabbat, afin de trouver de quoi l'accuser.

8. Mais il connaissait leurs pensées ; et il dit à l'homme qui avait la main desséchée : Lève-toi et tiens-toi là debout au milieu. Et, se levant, il se tint debout.

9. Alors Jésus leur dit : Je vous le demande, est-il permis, les jours du sabbat, de faire du bien ou du mal, de sauver une âme ou de la perdre ?

10. Et après les avoir regardés tous, il dit à l'homme : Etends ta main. Il l'étendit, et sa main redevint saine.

L'homme à la main sèche, c'est l'auteur de l'Apocalypse. La main qui a séché, c'est la droite. Le reste du corps n'a pas été mieux traité. Quoique royale, cette brebis a été jetée dans une fosse (quelle peine pour lui éviter la fosse commune !), et un jour de sabbat, le samedi 17 nisan. Il est juste qu'elle en soit tirée no jour de sabbat par celui qui est le Maître de tout sabbat. Le Verbe devait ce salaire à la main qui a révélé l'Année de Dieu, l'Iaô-Shanâ. En même temps il rend le mouvement à la Révélation elle-même.

MARC, III, 6. Or les pharisiens, étant sortis, tinrent aussitôt conseil contre lui avec les Hérodiens, comment ils le perdraient.

MATTHIEU, XII, 14. Cependant les pharisiens, étant sortis, tinrent conseil contre lui, comment ils le perdraient.

LUC, VI, 11. Mais eux, remplis de dépit, se consultaient sur ce qu'ils feraient à Jésus.

MARC, III, 7. Mais Jésus se retira avec ses disciples vers la mer ; et une troupe nombreuse le suivit de la Galilée et de la Judée,

8. De Jérusalem, de l'Idumée, et d'au delà du Jourdain, et une grande multitude des environs de Tyr et de Sidon, apprenant ce qu'il faisait, vint à lui.

MATTHIEU, XII, 15. Mais Jésus, le sachant, partit de là ; et beaucoup le suivirent, et il les guérit tous.

16. Et il leur ordonna de ne point le révéler,

17. Afin que soit accomplie la parole du prophète Isaïe, disant :

18. Voici mon serviteur que j'ai choisi, l'objet de ma dilection, en qui mon âme a mis toutes ses complaisances. Je ferai reposer mon Esprit sur lui, et il annoncera la justice des nations.

19. Il ne disputera point, il ne criera point et personne n'entendra sa voix dans les places publiques.

20. Il n'achèvera pas de rompre un roseau à demi brisé, et n'éteindra point une mèche encore fumante, jusqu'à ce qu'il assure le triomphe de la justice.

21. Et les nations espéreront en son nom.

Bar-Jehoudda avait crié sur toutes les places publiques où on avait voulu l'entendre. J'ai parlé publiquement au monde, dit son revenant dans le Quatrième Évangile[26]. Ailleurs, aux disciples : Montez sur les toits et criez pour vous faire entendre !

Que les davidistes aient un vieux compte à régler avec les Juifs latinisants, notamment ceux qui, comme les Gamaliel, ont occupé les plus hauts sièges au sanhédrin de Tibériade, cela se conçoit. Ils ne peuvent nourrir contre eux que des pensées de vengeance. Mais il n'est pas de plus vils moyens que le mensonge et la calomnie. Ce n'est pas pour avoir violé le sabbat dans un but de charité que Bar-Jehoudda et plusieurs membres de sa famille, à commencer par son père, ont été condamnés ; c'est, en ce qui concerne Bar-Jehoudda, pour avoir prêché le Grand jour pend l'année proto-jubilaire 788, avec accompagnement de pillages, d'incendies, de meurtres, et trahison au point d'orgue. La condamnation du christ n'ayant été prononcée qu'au mois d'adar, Jésus a tout le temps d'échapper aux pharisiens du sanhédrin et aux hérodiens de Saül, et en effet il échappe. Comme il le dit si souvent dans Cérinthe, son heure n'est pas encore venue.

 

VII. — SUBSTITUTION DE LA TRANSFIGURATION INTERNE AU BAPTÊME DE FEU.

 

Maintenant qu'il a rendu à Bar-Jehoudda l'usage de la main dont il s'était servi pour écrire tant d'inepties, Jésus va se consacrer à la révision des dogmes que cette main a couchés sur le papyrus.

Pour le dogme de la transfiguration par le baptême de feu, Jésus se borne à faire servir la parabole de la lampe et du chandelier[27]. Qu'on se transfigure soi-même par une lumière intérieure ! On ne deviendra pas lumineux au point d'émettre des rayons, et on devra se servir des mêmes organes que les goym pour emmagasiner un peu de lumière ; mais étant donné que ceux-ci ne voient goutte aux paraboles et qu'ils sont dans l'ombre du chandelier, c'est aux Juifs de savoir utiliser l'huile que leur dispense le Maître du sabbat.

LUC, XI, 33. Personne n'allume une lampe pour la mettre en un lieu caché, ni sous le boisseau, mais on la pose sur le chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.

34. La lampe de votre corps est votre œil. Si votre œil est clair, tout votre corps sera lumineux ; mais s'il est mauvais, tout votre corps aussi sera ténébreux.

35. Prenez donc garde que la lumière qui est en vous ne soit ténèbres.

36. Si donc votre corps est tout entier lumineux, n'ayant aucune partie ténébreuse, tout sera lumineux, et vous serez éclairés comme par la lampe qui brille.

Il ne semble pas que la jehouddolâtrie soit en état de réaliser dans l'homme cette transfiguration interne.

 

VIII. — SUPPRESSION DE LA PREMIÈRE RÉSURRECTION ET DU RÉACCOUPLEMENT ADAMIQUE.

 

Parmi les difficultés que Bar-Jehoudda avait léguées aux disciples, il y avait celle de la Première résurrection fixée par lui au 15 nisan 789. Le Premier jugement ayant pas eu lieu, cette résurrection n'a pas eu lieu non plus. Les saducéens ne sont pas fâchés de savoir si Jésus maintient ce dogme ou s'il le répudie. Mais Jésus est plus malin qu'eux, vous le savez, et ils préparent son triomphe par la façon dont ils posent la question ; ils suppriment la Première résurrection comme un article peu important du programme, et ils passent tout de suite à la Seconde, car ces saducéens sont des compères dont un seul en remontrerait à tous les auteurs de revue.

MARC, XII, 18. Alors vinrent à lui les saducéens, qui disent qu'il n'y a point de résurrection ; et ils l'interrogèrent, disant :

19. Maître, Moïse a écrit pour nous : Si le frère de quelqu'un meurt, et quitte ainsi sa femme sans laisser d'enfants, que son frère épouse sa femme et suscite des enfants à son frère.

20. Or il y avait sept frères : le premier prit une femme, et mourut sans laisser d'enfants.

21. Le second la prit ensuite et mourut, et ne laissa point non plus d'enfants, et le troisième pareillement.

22. Et ils l'ont ainsi épousée tous les sept, et ils n'ont point laissé de postérité. Enfin après eux tous est morte aussi la femme.

23. A la résurrection donc, lorsqu'ils ressusciteront, duquel d'entre eux sera-t-elle femme ? car tous les sept l'ont eue pour femme.

MATTHIEU, XXI, 23. Ce jour-là, vinrent à lui les saducéens' qui disent qu'il n'y a point de résurrection, et ils l'interrogèrent,

24. Disant : Maître, Moïse a dit : Si quelqu'un meurt n'ayant pas d'enfant, que son frère épouse sa femme et suscite des enfants à son frère.

25. Or il y avait parmi nous sept frères : le premier, ayant pris une femme, mourut, et n'ayant point eu d'enfant, il a laissé sa femme à son frère.

26. Pareillement le second et le troisième jusqu'au septième.

27. Enfin après eux tous la femme aussi est morte.

28. A la résurrection donc, duquel des sept sera-t-elle la femme, puisque tous l'ont eue pour femme ?

LUC, XX, 27. Quelques-uns des saducéens, qui nient qu'il y ait une résurrection, s'approchèrent alors et l'interrogèrent,

28. Disant : Maître, Moïse a écrit pour nous : Si le frère de quelqu'un meurt ayant une femme, mais étant sans enfants, que son frère prenne sa femme et suscite une postérité à son frère.

29. Or il y avait sept frères ; et le premier prit une femme, et mourut sans enfants.

30. Le suivant prit la femme, et mourut lui-même sans enfants.

 31. Et le troisième la prit ; et pareillement tous les sept, et ils n'ont point laissé de postérité, et ils sont morts.

32. Enfin, après eux tous, est morte aussi la femme.

33. A la résurrection donc, duquel sera-t-elle femme, puisque les sept l'ont eue pour femme ?

Relisez la question, estimables gogoym, elle n'est ainsi posée que pour vous tromper, et jusqu'à présent elle a rempli son objet. C'est, semble-t-il, une question de droit. Moise ordonne au Juif d'épouser la femme de son frère, si celui-ci est mort sans laisser d'enfant : une femme s'est trouvée dans ces conditions, elle a été successivement épousée par les six frères du mort, qui n'ont pas eu de chance non plus, car ils sont tous morts et tous sans postérité. Il est étrange qu'avec le désir d'avoir des enfants, puisque ç'a été le but de leur union, ils se soient précisément acharnés sur une femme d'une stérilité à toute épreuve ; c'est une fantaisie illogique, mais matériellement réalisable, et c'est ainsi que la chose vous apparaît au premier abord. Si cependant, vous ouvrez le Deutéronome au chapitre du mariage entre le frère du mort et la veuve de celui-ci[28], vous trouvez que pour qu'il y ait obligation, il faut que les deux frères demeurent ensemble. Or il n'est point dit ici que cette condition soit remplie ; il est évident qu'elle ne l'est pas, et que les six frères du mort se sont établis chacun de son côté, comme leur a plu, pour avoir des enfants. Car si la Loi force le Juif à épouser la femme de son frère, c'est dans le but contraire à celui qu'auraient poursuivis les six obstinés ; c'est que le nom du mort ne meure pas avec lui, et qu'il revive dans l'enfant de son frère. Et si le second des sept frères eût constaté que l'absence d'enfants chez le premier tenait à la stérilité de sa veuve, il l'eût remplacée avec l'autorisation du Lévitique et l'approbation de tous ses voisins, aucun défaut n'étant plus grave pour les Juifs, comme le constate la mère de Bar-Jehoudda qui, le jour où elle conçoit son premier-né, s'écrie qu'elle a enfin été délivrée de son opprobre[29] !

Les lecteurs du Mensonge chrétien sont trop habitués aux façons de l'Évangéliste pour ne pas voir qui est la femme, malheureusement stérile, épousée successivement par les sept frères, et qui sont ces sept frères mêmes. Ils savent par la séméiologie de la Samaritaine que l'Epoux n'est jamais venu, et que les sept frères qui ont épousé la femme dont il est ici question n'ont jamais pu la marier avec celui qui l'aurait destérilisée. La femme, c'est la Judée ; et les sept frères de Bar-Jehoudda, Shehimon, Jacob senior, Jacob junior, Philippe, Jehoudda Toâmin et Ménahem ; ils sont morts et après eux la Judée, sans que l'Époux lui ai fait des enfants immortels. C'est ce que se disent entre eux ces fumistes de saducéens en leur énigme : la Judée ne pouvant être réaccouplée qu'au Fils de l'homme, c'en est fait de la réadamisation. L'exemple qu'ils citent devant les gogoym est donc inapplicable au dogme formulé dans les Paroles du Rabbi.

MARC, XII, 24. Et Jésus, répondant, leur dit : N'êtes-vous point pour cela même dans l'erreur, ne comprenant ni les Écritures[30] ni la puissance de Dieu ?

25. Car, lorsqu'ils ressusciteront d'entre les morts, les hommes ne prendront point de femmes ni les femmes de maris, mais ils sont comme des anges dans le ciel.

MATTHIEU, XXII, 29. Mais, répondant, Jésus leur dit : Vous errez, ne comprenant ni les écritures ni la puissance de Dieu.

30. Car à la résurrection les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.

Cette réponse supprime la réadamisation. Il n'y aura pas reconjonction, puisqu'il n'y aura pas d'Eden. Bar-Jehoudda s'est trompé ; Jésus admet qu'il y a eu chose jugée là-dessus en 789. Au lieu de refaire le couple adamique dans le paradis terrestre, Dieu fera de chaque et de chaque juive un ange dans le ciel, à moins qu'il en fasse un démon dans l'enfer. Ce dispositif est conforme à celui de la Lettre aux Thessaloniciens et très probablement il en vient.

Mais en voici un nouveau qui n'appartient qu'à Luc.

LUC, XX, 34. Jésus leur dit : Les fils de cet Æon-ci se marient et sont donnés en mariage ;

35. Mais ceux qui seront trouvés dignes de jouir de cet Æon[31] et de la résurrection des morts, ne se marieront point et n'épouseront point de femmes :

36. Car ils ne pourront plus mourir, parce qu'ils sont égaux aux anges, et fils de Dieu, étant fils de la résurrection.

Tout est changé !

Dans le dispositif de Marc et de Matthieu, on ressue' cite parce que c'est dans l'Écangue du Royaume et on devient ange par la volonté de Dieu, mais on ne'. pas obligé de croire que le fils aîné de Jehoudda de Gamala soit ressuscité le 18 nisan 789. Au contraire, dans le dispositif de Luc, on est fait fils de Dieu par la résurrection du Juif consubstantiel et coéternel au père, et, on devient sinon semblable, du moins égal aux anges en ceci qu'ils ne meurent pas. La résurrection de Bar-Jehoudda n'est plus une question qui dépende des hommes, c'est une garantie et une condition de la vie éternelle.

Reste la question de principe : Dieu se propose-t-il de ressusciter les morts au second jugement qui devient ici le premier et le dernier ? Question tranchée d'avance par la résurrection de Bar-Jehoudda, qui est comme une répétition pour les Juifs seuls du spectacle réserve au dernier jour.

MATTHIEU, XXII, 31. Et touchant la résurrection des morts n'avez-vous point lu la parole qui vous a été dite par Dieu :

32. Je suis le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et Dieu de Jacob ? Or Dieu n'est point le Dieu des morts, mais des vivants.

33. Et le peuple l'entendant, admirait sa doctrine.

MARC, XII, 26. Et quant aux morts, en tant qu'ils ressuscitent, n'avez-vous point lu dans le livre de Moïse, à l'endroit du buisson[32], comment Dieu lui parla, disant : Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob ?

27. Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Vous donc, vous errez beaucoup.

LUC, XX, 37. Or que les morts ressuscitent, Moïse le montre l'endroit du buisson, quand il appelle le Seigneur le Dieu Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.

38. Or Dieu n'est point le Dieu des morts, mais des vivants : car tous vivent en lui[33].

39. Quelques-uns des scribes, prenant la parole, lui dirent : Maître, vous avez bien dit.

40. Et l'on n'osait plus lui faire aucune question.

 

IX. — CONSÉQUENCES DE LA NON-RÉADAMISATION DES JUIFS EN 789.

 

Parmi les solutions que Dieu avait refusé de donner au Prophète de la Régénération, la non-réadamisation des Juifs en 789 était naturellement fort en vue. On ne sait si les Juifs de la dispersion étaient gais, ils avaient bien des raisons de ne point l'être, mais enfin, si par hasard ils l'étaient, le Ben-Sotada qui prétendait régler la question de sexe par le retour à l'androgynisme, devait être un sujet de gaieté quotidienne, et il n'était pas besoin d'attendre un jubilé pour avoir une occasion de se réjouir honnêtement. Si le ridicule tuait, Bar-Jehoudda ne serait jamais ressuscité. Mais il a en Jésus un avocat qui se fait fort de le tirer de ce genre de Guol-golta.

Comme toujours ce sont les pharisiens qui l'interrogent, dans le vain espoir de l'embarrasser.

Les questions que Jésus se charge de résoudre sont toutes empruntées au système de Jehoudda. On ne les aborde que de biais, et toujours par le petit côté, afin de ne pas discréditer complètement le système. On cherche en même temps à cacher l'origine franchement adultérine[34] de l'homme dans lequel on a incarné Jésus sans son aveu. Les pharisiens la lui opposaient toutes, les fois qu'il passait les bornes de la modestie, et qu'il trouvait mauvais chez les Juifs ordinaires ce qu'il pardonnait à David et à tant d'autres rois de sa maison, dont aucun n'avait été monogame.

MARC, X, 1. Et les pharisiens, s'approchant, lui demandèrent s'il est permis à un homme de renvoyer sa femme : c'était pour le tenter.

MATTHIEU, XIX, 3. Et les pharisiens s'approchèrent de lui pour le tenter, disant : Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour quelque cause que ce soit ?

Si Jésus était Bar-Jehoudda lui-même, il serait tel de répondre : C'est tellement permis que, malgré le double adultère de mon père David et de ma mère Bethsabée, je prétends vivre mille ans pour commencer. Mais Jésus n'est que son revenant. Il ne se juge pas tenté de répondre pour Ben-Sotada. Il répond par une pétition déguisée du principe que Jehoudda avait énonce, à savoir qu'entre l'Agneau et les Ânes de 789, la femme devait rentrer dans l'homme pour ne faire quel seule chair avec lui, telle Eve avec Adam. Cependant comme il ne lui convient pas d'évoquer les Paroles du Rabbi en constatant leur faillite à ce point de vue comme aux autres, il répond par la Genèse. A pharisien, pharisien et demi ! Il répond en jésuite.

MATTHIEU, XIX, 4. Jésus, répondant, leur dit : N'avez-vous pas lu que celui qui fit l'homme au commencement, les fit mâle et femelle, et qu'il dit :

5. A cause de cela l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair ?

6. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Ce que Dieu donc a uni, que l'homme ne le sépare point.

7. Ils lui demandèrent : Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de lui donner un acte de répudiation et de la renvoyer ?

8. Il leur répondit : Parce que Moïse, à cause de la dureté de votre cœur, vous a permis de renvoyer vos femmes ; mais au commencement il n'en fut pas ainsi.

9. Aussi je vous dis que quiconque renvoie sa femme, si ce n'est pour cause d'adultère, et en épouse une autre, commet un adultère ; et celui qui épouse une femme renvoyée, se rend adultère.

MARC, X, 3. Mais Jésus, répondant, leur dit : Que vous a ordonné Moïse ?

4. Ils répliquèrent : Moïse a permis d'écrire un acte de répudiation, et de la renvoyer.

5. Jésus, leur répondant, dit : C'est à cause de la dureté de votre cœur qu'il vous a écrit ce précepte.

6. Mais au commencement de la création, Dieu vous fit homme et femme[35].

7. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, s'attachera à sa femme :

8. Et ils seront deux dans une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.

9. Ce que Dieu donc a uni, que l'homme ne le sépare point.

10. Dans la maison[36], ses disciples l'interrogèrent encore sur le même sujet.

11. Et il leur dit : Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à l'égard de celle-là.

12. Et si une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle se rend adultère.

C'est, nettement formulée par le scribe, l'indissolubilité du lien conjugal. Les disciples de Jehoudda n'avaient jamais rien pensé de pareil. Ils sont les premiers à faire l'objection que commandent à la fois la nature et l'intérêt social.

MATTHIEU, XIX, 10. Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l'homme à l'égard de sa femme, il n'est pas bon de se marier.

L'argument est sans réplique : rien de plus immoral que le ménage de deux parties qui se haïssent et se trompent. Jésus est ébranlé, mais s'il cède, il va contre la thèse de Jehoudda sur le retour forcé à l'androgynisme originel.

11. Jésus leur dit : Tous ne comprennent pas cette parole, mais ceux à qui il a été donné.

12. Car il y a des eunuques qui sont nés tels dès le sein de leur mère ; il y en a que les hommes ont fait eunuques ; et il y en a qui se sont eux-mêmes rendus eunuques, à cause du Royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre, comprenne.

Comprendre n'est facile qu'à ceux qui possèdent leurs Paroles du Rabbi sur le bout du doigt. Pour ceux-là rien de plus clair. Jésus ne peut les ramener dans l'Eden que s'il les retrouve tels qu'y était Adam avant le péché, c'est à dire la femme ne faisant qu'un avec l'homme, et, par ce moyen radical, le péché originel rendu impossible. Les eunuques par conformation, ceux de la première espèce, sont d'avance dans les conditions requises, ils naissent adamiques ; on comprend aussi les gens bien ou mal mariés, Dieu pourra les réaccoupler bon gré malgré : mais comment feront les autres qui se seront faits eunuques, soit par opération, soit par volonté, et avec qui Dieu les réaccouplera-t-il ? Voilà ce que Jésus néglige de nous dire, et c'est pourtant une chose qui eût énormément intéressé les pharisiens, puisque l'homme dans lequel il revient s'était précisément rendu eunuque à cause du Royaume des cieux. Que deviendra le fœtus de la femme enceinte ou même l'enfant non adulte au moment de la réadamisation ? Voilà également une question que Jésus ne résout point.

 

X. — LES CONDITIONS NOUVELLES DE L'ENTRÉE DANS L'ÆON-ZIB.

 

Soumis à de telles conditions, les malheureux Juifs semblent de plus en plus loin de l'Æon-Zib. Jésus lui-même a le sentiment qu'il est le revenant d'un méchant homme, il veut bien être qualifié de Maître parce qu'au temps de sa chair il était Rabbi, mais il ne veut pas qu'on l'appelle bon, c'est un blasphème. Il a lu les Lettres de Paul dans lesquelles le Saint-Esprit consiste à faire semblant d'abandonner l'ancien programme. Il n'y a plus d'Eden et de Jérusalem d'or, donc il n'est pas venu pour réaliser la communauté des biens. Il S aura encore des riches, des pauvres, et des aigrefins pour exploiter, soit, alternativement soit concurremment, les uns et les autres. Quel conseil donnera-t-il en face d'une situation qui prenait fin avec le Royaume ?

MARC, X, 17. Comme il se mettait en chemin, quelqu'un accourant et fléchissant le genou, lui demanda : Bon maître, que ferai-je pour avoir la vie éternelle ?

18. Jésus, lui répondit : Pourquoi m'appelles-tu bon ? Nul n'est bon, que Dieu seul.

19. Tu connais les commandements : Ne commets point d'adultère : ne tue point ; ne dérobe point ; ne rends point de faux témoignage[37] ; ne fais point de fraude ; honore ton père et ta mère.

20. Mais le jeune homme, reprenant la parole, lui dit : Maître, j'ai observé tous ces préceptes dès ma jeunesse.

LUC, XVIII, 18. Un des principaux l'interrogea, disant : Bon maître, que ferai-je pour posséder la vie de l'Æon ?

19. Jésus lui dit : Pourquoi m'appelles-tu bon ? Nul n'est bon que Dieu seul.

20. Tu connais les commandements : Tu ne tueras point Tu ne commettras point d'adultère : Tu ne porteras point faux témoignage : Honore ton père et ta mère.

21. Il répondit : J'ai observé tout cela depuis ma jeunesse.

En énonçant ce principe, malheureusement juste, que la perfection n'est point de ce monde, Jésus reconnaissait que le Rabbi dont il était le revenant ne pouvait pas être classé parmi les bons, étant déjà catalogué ailleurs parmi les pires. Cette concession à l'histoire ne pouvait être admise par les aigrefins qui l'éculaient sur son cadavre.

Les synoptiseurs ont modifié la question et la réponse dans Matthieu. Jésus ne dit plus : Pourquoi m'appelles-tu bon ? propos dans lequel il se montre ce qu'il est aux mains des Évangélistes, le revenant d'un failli, qui ne fut point bon, qui était faillible et qui a failli. Cet aveu n'étant plus à sa place dans la bouche d'un Juif qui a été déclaré consubstantiel au Père et qui par conséquent participe de l'essence du bien, l'Église l'a enlevé.

MATTHIEU, XIX, 16. Et voilà que quelqu'un, s'approchant, lui dit : Bon maître ; que ferai-je de bon pour avoir la vie éternelle ?[38]

17. Jésus lui répondit : Pourquoi m'interroges-tu sur ce qui est bon ? Dieu seul est bon... Mais si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements.

Quels commandements ? Ceux de Bar-Jehoudda ? Ou d'autres que les évangélistes ont trouvés depuis lui dans la Loi ?

18. Lesquels ? demanda-t-il. Jésus répondit : Tu ne tueras point ; tu ne commettras point d'adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne rendras point de faux témoignage ;

19. Honore ton père et ta mère, et aime ton prochain comme toi-même[39].

20. Le jeune homme lui dit : J'ai observé tout cela depuis ma jeunesse ; que me manque-t-il encore ?

MARC, X, 21. Jésus, l'ayant regardé, l'aima, et lui dit : Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel : puis viens, et suis-moi.

LUC, XVIII, 22. Ce qu'entendant, Jésus lui dit : Une chose encore te manque : vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; viens alors, et suis-moi.

MATTHIEU, XIX, 21. Jésus lui dit : Si lu veux être parfait, va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; viens ensuite, et suis-moi.

Si tu veux être parfait, dit Matthieu ! La perfection, qui tout à l'heure était impossible, devient ici à la portée de tous. Les pauvres, c'est l'Église, comme œ l'a vu dans les Actes des Apôtres[40]. L'enrichir pour jouir des biens communs, puis se séparer de la famille et se retirer de la société pour se libérer de toutes charges, telle est la perfection du régime.

MATTHIEU, XIX, 22. Lorsque le jeune homme eut entendu cette parole, il s'en alla triste : car il avait de grands biens.

23. Alors Jésus dit à ses disciples : En vérité, je vous dis qu'un riche entrera difficilement dans le Royaume des cieux.

24. Et je vous dis encore : Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille, qu'à un riche d'entrer dans le Royaume des cieux[41].

MARC, X, 22. Mais, affligé de cette parole, il s'en alla triste, car il avait de grands biens.

23. Alors Jésus, regardant autour de lui, dit à ses disciples : Qu'il est difficile que ceux qui ont des richesses entrent dans le Royaume de Dieu !

LUC, XVIII, 23. Mais lui, ces paroles entendues, fut contristé parce qu'il était fort riche.

24. Or Jésus, le voyant devenir triste, dit : Que ceux qui ont les richesses entreront difficilement dans le Royaume de Dieu !

25. Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille, qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu.

MARC, X, 24. Or ses disciples étaient tout étonnés de ce discours. Mais Jésus, prenant de nouveau la parole, leur dit : Mes enfants bien-aimés, qu'il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses, d'entrer dans le Royaume de Dieu.

25. Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille, qu'a un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu.

MATTHIEU, XIX, 25. Or, ces choses entendues, ses disciples s'étonnaient grandement, et disaient : Qui donc pourra être sauvé ?

26. Mais Jésus, les regardant, leur dit : Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible.

LUC, XVIII, 26. Et ils demeuraient encore plus étonnés, se disant l'un à l'autre : Et qui peut donc être sauvé ?

27. Mais Jésus, les regardant, dit : Aux hommes cela est impossible, mais non pas à Dieu : car tout est possible à Dieu.

LUC, XVIII, 26. Ceux qui l'écoutaient demandèrent : Et qui peut donc être sauvé ?

27. Il leur répondit : Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.

Hé quoi, non seulement le juif consubstantiel et coéternel au Père n'aurait pas été un sauveur, comme disent les maltôtiers du baptême, mais il ne serait sauvé au dernier jour que si Dieu lui fait grâce ! A ouïr de tels discours Bar-Jehoudda et ses frères font une grimace qu'une plume païenne ne peut rendre avec l'énergie nécessaire. Si Jésus continue à exiger ce genre de perfection qui consiste à donner au lieu de recevoir, ils vont éclater !

 

XI. — RÉCRIMINATIONS DE PIERRE.

 

Il faut que Jésus leur renouvelle l'assurance qu'il leur donne également dans Cérinthe, à savoir qu'ils auront un traitement de faveur en raison de leur royale origine. Car il semble vraiment qu'à la condition de donner tous ses biens à l'Église, le goy pourrait se créer un titre à la vie millénaire ! Dans Cérinthe c'est christ lui-même qui sous son nom de circoncision réclame une garantie contre l'égalité de traitement ; ici, c'est Shehimon. Nobles esprits tous deux et bien digne de l'adoration des peuples !

MATTHIEU, XIX, 27. Alors reprenant, Pierre lui dit : Et nous voici que nous avons tout quitté pour vous suivre : qu'y aura-t-il donc pour nous ?

28. Jésus leur dit : En vérité, je vous dis que vous qui l'avez suivi, lorsqu'à la Régénération le Fils de l'homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d'Israël.

29. Et quiconque aura quitté ou maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou fils, ou terre, à cause de mon nom, recevra le centuple, et aura pour héritage la vie éternelle.

30. Mais beaucoup de premiers seront les derniers, et beaucoup de derniers les premiers[42].

Ce n'est plus cela ! Juger seulement les douze tribus, c'est une telle restriction de compétence ! Ne devait-on pas juger toute la terre ? Les Juifs ne jugent que les la belle affaire ! Il est vrai que les sept fils de Jehoudda occupent sept sièges dans le tribunal, et par conséquent, sûrs de la majorité, ils pourront condamner tous leurs ennemis sans les entendre. Mais siéger à côté d'Is-Kérioth qui aura voix délibérative dans les choses de la tribu de Juda, Jésus déraisonne ! Ignore-t-il que l'Apocalypse de Pathmos a rayé Dan[43] de la liste des tribus ayant voix au chapitre ? Décidément il perd la tête ! Il faudra la lui couper un jour, ne fût-ce que sous les apparences du Joannès.

On a estimé qu'il allait trop loin et qu'il faisait trop de concessions aux églises Nicolaïtes[44] en promettant cent femmes à chaque élu dans le Royaume. Cet Eden, où les eunuques étaient réduits à leur condition ordinaire de gardiens de sérail, escomptait par trop celui da Mahomet. On a supprimé ces cent femmes dans Marc et dans Luc, comme contraires au dogme de l'un en deux et du deux en un. Pour les compenser on a insisté davantage sur la multiplication des terres et des maisons, réalisable par la vie monastique, immédiatement, sans soucis, au milieu même des persécutions qui atteignent les dupes.

LUC, XVIII, 28. Alors Pierre dit : Et nous, voici que nous avons tout quitté pour vous suivre.

29. Jésus leur répliqua : En vérité je vous le dis : il n'est personne qui ait quitté ou maison, ou parents, ou frères, ou femme, ou enfants à cause du Royaume de Dieu,

30. Qui ne reçoive beaucoup plus en ce temps même ; et, dans l'Æon à venir, la vie éternelle[45].

MARC, X, 28. Alors Pierre se mit à lui dire : Voici que nous avons, nous, tout quitté pour vous suivre.

29. Jésus, répondant, dit : En vérité je vous le dis, nul n'aura quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou fils, ou terres, à cause de moi et à cause de l'Évangile,

30. Qui ne reçoive maintenant, en ce temps même, cent fois autant de maisons, de frères, de sœurs, de mères, de fils et de terres, [au milieu des persécutions], et[46] dans l'Æon à venir, la vie éternelle.

31. Mais beaucoup de premiers seront les derniers, et beaucoup de derniers les premiers.

 

XII. — LE RÉGIME DE LA PROPRIÉTÉ.

 

Luc biffe les terres qui jouent un rôle trop important dans Matthieu et dans Marc. On finirait par voir où vont passer les biens du jeune homme riche, et quelle est cette classe nouvelle qui, sans rien faire et même en refusant de travailler, possède le moyen de donner du cent pour un à tous ceux qui se dépossèdent en sa faveur.

Le jeune homme riche, qui est un auditeur dans le genre du très excellent Théophile, commence à se perdre dans les variations de Jésus sur le principe et le régime de la propriété. Après avoir entendu toutes sortes de paraboles qui l'excitent à faire de l'usure son occupation habituelle et du vol le but même de toute sa vie, après avoir ouï toutes sortes de discours dans lesquels on reproche aux pharisiens de ne pas s'être suffisamment ruinés pour la famille de leurs rois légitimes, voilà maintenant qu'on lui demande de renoncer à ses biens, par amour de la paresse et de l'irresponsabilité. Ce jeune homme dont le cerveau ne semble pas très solide reçoit une succession de chocs capables d'anéantir l'esprit le mieux trempé.

Il n'y a pas longtemps qu'au lieu de lui conseiller de vendre sa terre, Jésus lui recommandait d'acheter un champ d'où dépend son salut[47]. Avec quoi paiera-t-il le champ, s'il donne le prix de ses biens à autrui ? Il ne pourra même pas l'avoir par voie d'échange ! Sa perplexité est d'autant plus grande qu'ayant creusé l'idée d'acheter le champ, il y a complètement renoncé pour ne pas être le complice de l'escroquerie que Jésus lui suggère. En effet, si Jésus lui propose d'acheter ce fonds, c'est parce qu'il y a un trésor dedans. Or le jeune homme riche, qui a la prescience de l'avenir comme tous les personnages de l'Évangile, a consulté le Code civil qui dispose :

LIVRE III, Art. 716. Le trésor est toute chose cachée ou enfouie sur laquelle personne ne peut justifier sa propriété, et qui est découverte par le pur effet du hasard.

La propriété d'un trésor appartient à celui qui le trouve dans son propre fonds ; si le trésor est trouvé dans le fonds d'autrui, il appartient par moitié à celui qui l'a découvert et pour l'autre moitié au propriétaire du fonds.

Le trésor dont parle Jésus ne rentre pas dans la définition du Code civil. Sa découverte ne sera point un pur effet du hasard ; son existence, son emplacement même dans le fonds d'autrui sont connus de l'acheteur. Si celui-ci, à l'instigation de Jésus, cache sa découvert, c'est pour se l'approprier tout entière, et ç'a été uniquement pour dépouiller le propriétaire du trésor qu'il a acheté le champ. C'est un homme d'autant plus malhonnête qu'il se promet de revendre ensuite le trésor au propriétaire, pièce à pièce, tout en gardant le champ. En supposant même qu'il tienne compte au propriétaire de la moitié, il est évident que, loin d'avoir acheté champ pour le donner à la communauté, il ne l'a ache que dans un intérêt de lucre. Il est infiniment plus coupable qu'Ananias qui, s'il garde la moitié du prix de son champ par devers lui, a au moins la générosité de donner l'autre moitié à Pierre[48]. Or Pierre assassine Ananias et sa femme uniquement parce que ceux-ci lui ont dissimulé le prix de la vente. Donc si le jeune homme riche achète le champ sans tenir compte au Propriétaire de la moitié du trésor, il sera coupable dune escroquerie manifeste. Si, au contraire, il achète le champ et donne au propriétaire du fonds la moitié du trésor, il sera infailliblement assassiné par Pierre pour ne lui en avoir remis que l'autre moitié.

Dans ces conditions il préfère s'abstenir. Car il lourde la disposition civile plus équitable et moins  à sa conscience que la jurisprudence apostolique. Le Code fait la part égale à l'inventeur comme au propriétaire ; un coup de pioche heureux fait de l'ouvrier l'égal du riche à qui il a révélé son propre bien. Ici rien de pareil, au contraire : Jésus prône un calcul ignoble comme une chose agréable à Dieu. Il est absolument certain que, s'il était établi, comme ici, que ce Juif n'a acheté le champ qu'après avoir eu connaissance du trésor, les tribunaux civils lui feraient rendre gorge avec des attendus peu flatteurs. Si ceux qui ont examiné toutes ces propositions avaient eu soin de les comparer entre elles, ils se seraient vite assurés par incohérence des Écritures qu'elles n'étaient ni du même temps ni de la même main, et par leur mauvaise foi qu'elles n'étaient ni d'un dieu ni même d'un brave homme, mais tantôt d'un publicain chassé des finances pour son indélicatesse, tantôt d'un sophiste expulsé des écoles pour son immoralité.

 

XIII. — JUSTIFICATION DU SURNOM DE PANTHORA DONNÉ AU PÈRE DU CHRIST.

 

Toutes les fois que Jésus se prononce contre la richesse, il condamne en même temps Bar-Jehoudda, sa capitale tout en or et ses jardins aux douze récoltes. Cependant, ne vous laissez pas surprendre par les apparences et vous verrez que, si d'une main il repousse l'argent, de l'autre il l'accapare. L'insatiable avarice des christiens est un fait constaté par l'histoire[49]. Ber Jehoudda n'aurait nullement établi la communauté des biens s'il eût régné sur les Juifs, et Ménahem garda tout quand il aurait pu tout donner[50]. Les pharisiens étant là pour servir de boucs émissaires aux christiens, ce sont eux qui vont porter le reproche d'avoir été avares : Mais, nous en avons la preuve, cette accusation n'a été rattachée que par artifice aux discours de Jésus sur la question des biens. On a eu pour but de masquer uns toute autre accusation portée contre les pharisiens, celle d'avoir été adultères envers la Loi que Jehoudda et ses fils avaient défendue.

Cette accusation est une des parties les plus, Or tiennes, la plus ancienne peut-être, de toutes les Écritures empruntées à Papias. On ne pouvait la laisser subsister sans justifier en même temps le surnom Panthora (Toute la loi) que les vrais christiens, les Ischaïtes, les Naziréens et les Ebionites, avaient trouvé pour Jehoudda[51], et qui fut longtemps le seul sous lequel fut connu dans la secte, ceux de Zakhûri, de Joseph, de Joannès et de Zibdéos n'étant faits que pour égarer les goym.

Jésus était encore kanaïte, sicaire, irréductible ennemi des goym, dans les Écritures ou il prononce les paroles suivantes :

LUC, XVI, 14. Or les pharisiens, [qui étaient avares] écoulaient toutes ces choses et se moquaient de lui.

15. Et il leur dit : C'est vous qui vous justifiez devant les hommes ; mais Dieu connaît vos cœurs : car ce qui est grand aux yeux des hommes, est en abomination devant Dieu.

16. La thora et les prophètes ont duré jusqu'à Joannès. Depuis, le Royaume de Dieu est annoncé, et chacun fait effort pour y entrer.

17. Le ciel et la terre passeront, plutôt qu'il ne tombe un seul point de la thora[52].

18. Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère ; et qui épouse une femme renvoyée par son mari, commet un adultère.

Il ne s'agit nullement ici de morale conjugale. La question est beaucoup plus haute, elle a été agitée par Cérinthe dans la séméiologie de la Samaritaine.

La femme, c'est la Loi juive, chère à Panthora : adultère, celui qui l'a répudiée pour en accepter une autre. Le mari de la loi, c'est Dieu : adultère, celui qui épouse une loi repoussée par Dieu, il a épousé une étrangère. Le vrai christien doit rester avec la loi : Eden pour celui-là et Jérusalem d'or ; Enfer pour qui a renvoyé la Loi !

C'est ce qu'explique la parabole du pauvre Eléazar[53] : un faux pauvre, bien entendu, il n'y en a pas d'autres dans l'Évangile.

 

XIV. — SUBSTITUTION DE LA PRIÈRE POUR LE PAIN QUOTIDIEN À LA PRIÈRE POUR LE PAIN MILLÉNAIRE.

 

Vous avez vu quel genre de prières Bar-Jehoudda avait adressées à Dieu pendant toute sa vie. La malédiction, la vengeance, la calomnie, la satisfaction de désirs insensés, tel était le fond de sa prière, et il la renouvelait toutes les trois heures, implorant du Père le concours du Fils pour la restauration de la monarchie davidique et la distribution du pain millénaire. Afin de prouver que les Valentiniens étaient des imposteurs en lui attribuant de telles invocations, et quoiqu'ils en eussent atténué l'odieux, voici ce que l'Eglise a mis dans la bouche de Jésus.

LUC, XI, 1. Il arriva que comme il priait en un certain lieu, un de ses disciples lui dit, après qu'il eut fini : Seigneur, enseignez-nous à prier comme Ieou-Shanâ-os lui-même l'a enseigné à ses disciples.

Naturellement il va répondre tout le contraire, en supprimant la malédiction et la calomnie qui faisaient le fond de la prière jehouddique. Il va même donner au Pain du quatrième séa un caractère de précarité qui contraste furieusement avec le programme de l'Econome chargé de sa distribution.

2. Et il leur dit : Quand vous priez, dites : Père, que votre nom soit sanctifié. Que votre règne arrive.

3. Donnez-nous aujourd'hui[54] notre pain de chaque jour[55].

4. Et remettez-nous nos péchés, puisque nous remettons nous-mêmes à tous ceux qui nous doivent ; et ne nous induisez point en tentation.

Que nous voilà loin de la Jérusalem d'or, de l'Eden aux douze récoltes, de la rémission avec invocation aux Grands démons et colombe lumineuse ! Eh bien ! si Joannès priait ainsi, comment se fait-il que dans le Sermon sur la montagne Jésus récite cette même prière et la donne comme étant de lui, au lieu de la rendre à son véritable auteur ?

 

XV. — MAINTIEN DU SERMENT JEHOUDDIQUE.

 

Jehoudda et ses fils juraient par le ciel quand ils faisaient un serment[56]. Les pharisiens avaient trouvé fort mauvais, et Dieu leur avait donné raison, que ces imposteurs mêlassent perpétuellement le ciel à leurs affaires. Jésus essaie de défendre cette façon de serment contre celle des Juifs qui juraient par le trésor du Temple — ce qui n'implique pas un respect moins profond de la divinité, au contraire. — Mais le trésor de Temple ayant été pillé tantôt par les ennemis d'Israël, tantôt par ses défenseurs, et emporté à Rome pour le triomphe de Vespasien, Jésus n'a pas de peine à démontrer que ce n'est point par les biens meubles, mais par leur contenant, le Temple, qu'il fallait jurer avant 823. Car si Dieu veut, il fera descendre le Temple d'or annoncé dans l'Evangile du Royaume.

MATTHIEU, XIII, 16. Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : Quiconque jure par le Temple, ce n'est rien ; mais quiconque jure par l'or du Temple, doit ce qu'il a juré !

17. Insensés et aveugles ! lequel est le plus grand, l'or ou le Temple qui sanctifie l'or ?

18. Et quiconque jure par l'autel, ce n'est rien ; mais quiconque jure par l'offrande déposée sur l'autel, est engagé.

19. Aveugles ! lequel est le plus grand, l'offrande, ou l'autel qui sanctifie l'offrande ?

20. Celui donc qui jure par l'autel, jure par lui et par tout ce qui est sur lui.

21. Et quiconque jure par le Temple, jure par lui et par celui dont il est la demeure.

22. Et celui qui jure par le ciel, jure par le trône de Dieu et par celui qui y est assis.

Voilà le bon serment, et il n'engage qu'envers Dieu' On peut toujours y manquer devant les hommes !

 

XVI. — SUBSTITUTION DE BAR-JEDOUDDA À DIEU LE PÈRE.

 

Voici encore l'un des passages les plus anciens de l'Évangile. Il contient les deux commandements de Jehoudda, le Rabbi des Rabbis. C'est à ces deux commandements qu'on reconnaît le fondateur de la secte christienne ; et d'après Flavius Josèphe lui-même, c'est le point de départ de tout son enseignement[57].

MATTHIEU, XXIII, 8. Pour vous, ne veuillez pas être appelés maîtres : car un seul est votre maître, et vous êtes tous frères.

9. Et n'appelez sur la terre personne votre père : car un seul est votre Père, lequel est dans les cieux.

Le Saint-Siège a parfaitement compris ce qu'il y avait de gênant dans ce principe pour les hommes qui se font appeler Saint Père ou Monseigneur. Mais s'il en était embarrassé, il cesserait par cela même d'être infaillible. Ce qui se lit dans ces deux versets veut dire que nous devons mettre incomparablement notre Père céleste au-dessus de tout père selon la chair, et que nous ne devons suivre aucun maître qui nous détourne de Jésus-Christ. Mais cela ne nous empêche pas d'avoir, conformément à la loi divine, tout le respect dû pour nos pères selon la chair, pour nos pères spirituels, pour nos maîtres et nos précepteurs.

Quand ceux-là sont jehouddolâtres ! Mais quand ils ne le sont point ou pas assez, il n'est permis ni de le respecter ni de les suivre.

L'Église ne pouvait laisser en place un principe qui ne lui permettait pas de glisser son Juif entre les hommes et elle en qualité de Dieu. Poussant contre le ciel une pointe hardie, elle proclame Bar-Jehoudda seul Maître en remplacement du Père.

10. Qu'on ne vous appelle point non plus maîtres, parce qu'un seul est votre maître, le christ.

11. Celui qui est le plus grand parmi vous[58] sera votre serviteur.

12. Car quiconque s'exaltera, sera humilié ; et quiconque s'humiliera, sera exalté[59].

Que veut dire cette logomachie ? Que le plus grand des fils de Jehoudda a été substitué à Dieu pour être le Maître des imbéciles et le serviteur de l'Eglise. L'Eglise fait de lui ce qu'elle veut, comme d'un esclave ; après quoi elle l'impose comme maître aux hommes. Non contente d'avoir supprimé le Fils, celui qui a créé le monde par l'ordre du Père, elle substitue Bar-Jehoudda au Père lui-même, car c'est incontestablement du Père qu'il est question dans les deux commandements de Jehoudda. Au Père de se pourvoir auprès de l'Église, veut être déclaré consubstantiel et coéternel à Bar-Jehoudda ! Le personnage de Jésus est entièrement absorbé par le christ. Celui qui, dans Cérinthe, parle du Père comme d'un maître sans l'ordre duquel il ne peut rien, est remplacé définitivement par le criminel dont il est l'avocat, par le malade dont il est le médecin, par le paralytique, l'aveugle, le sourd-muet, le possédé que la mort seule a pu guérir de toutes ces tares !

 

XVII. — RENONCIATION AUX DEUX GRANDS COMMANDEMENTS DU RABBI.

 

Dès le moment que tout change au pays de Bar-Jehoudda, la prière elle-même, il faut que les mœurs christiennes suivent le même cours, qu'elles se débarrassent de tout kanaïsme.

Le premier de tous les commandements, avait dit Jehoudda, c'est de refuser le nom de maître à l'Empereur et de père à Jupiter, pour ne donner celui de maître qu'au fils de David et celui de père qu'au dieu des Juifs. Ce principe implique le refus du tribut, et ce refus est an nombre des ordonnances que firent successivement Jehoudda en 761, Bar-Jehoudda en 788, Shehimon et Jacob en 802, et Ménahem en 819. Jésus va être amené n défendre sur ce point son père selon le monde. Comment s'y prendra-t-il ?

MATTHIEU, XXII, 34. Mais les pharisiens, apprenant qu'il avait réduit les saducéens au silence, s'assemblèrent ;

35. Et l'un deux, docteur de la loi, l'interrogea pour le tenter :

36. Maître, quel est le grand commandement de la loi ?

37. Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.

38. C'est là le premier et le plus grand commandement.

39. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

40. A ces deux commandements se rattachent toute la loi et les prophètes.

MARC, XII, 28. Alors s'approcha un des scribes, qui avait entendu les saducéens l'interroger ; et, voyant qu'il leur avait si bien répondu, il lui demanda quel était le premier de tous les commandements.

29. Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandements est : Ecoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est le seul Dieu ;

30. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton aime, de tout ton esprit et de toute ta force. Voilà le premier commandement.

31. Le second est semblable à celui-là : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Aucun autre commandement n'est plus grand que ceux-là.

 

XVIII. — SUBSTITUTION DE BAR-JEHOUDDA AU FILS DE DIEU.

 

Si Dieu est seul au ciel, quel est donc ce Fils que Bar-Jehoudda annonçait comme devant venir le 15 pisan 789, et régner mille ans dans le monde avant la descente du Père ? Qu'en faisons-nous ? Et si Dieu n'a pas de Fils, quel est donc cet Etre que Jésus invoque plus de cent fois dans le Quatrième Évangile, en disant que son Père est en lui et qu'il est dans son Père ? Le revenant de Bar-Jehoudda donne ici un tel démenti à son millénarisme, que l'Evangéliste n'a pas osé lui faire soutenir plus longtemps la doctrine du monothéisme. C'est le scribe orthodoxe qui achève la démonstration.

32. Et le scribe lui dit : Fort bien, maître ! vous avez dit en toute vérité qu'il n'y a qu'un seul Dieu, et qu'il n'y en a point d'autre que lui ;

33. Qu'on doit l'aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute son âme et de toute sa force ;

[Et qu'aimer le prochain comme soi même est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices][60].

34. Jésus, voyant qu'il avait sagement répondu, lui dit : Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu. Et personne n'osait plus l'interroger.

Le fait est qu'il est inutile d'interroger un revenant qui ne se rappelle même pas la première description qu'il a faite du Fils de l'homme dans son Apocalypse, et les nombreuses définitions qu'il a données du Royaume millénaire par tant de paraboles et de similitudes !

Cependant il est tout à fait regrettable qu'on n'ose plus l'interroger, car nous aurions entendu le scribe affirmer de nouveau, comme Sénèque, qu'aimer Dieu, c'est être bon, qu'être bon, c'est l'adorer, et qu'il n'a jamais réclamé de sacrifices et d'holocaustes, surtout dans le genre de ceux que la famille de Bar-Jehoudda offrait à Moloch quand elle régnait sur Jérusalem. Dans tout l'Évangile Jésus n'a pas un seul mot qui vaille celui-là. Et quel soufflet sur la joue de Bar-Jehoudda, au cas où celui-ci aurait réellement fait le sacrifice de sa vie ! Quel soufflet sur la joue des malheureux goym qui, sans profit pour le prochain, sont morts théâtralement dans les cirques, fumistes par les évêques au nom de l'horrible juif qui les eût martyrisés lui-même en 789 s'ils lui fussent tombés entre les mains !

Mais ne nous hâtons pas de féliciter le scribe. Jésus ne l'approuverait pas si l'intérêt du mensonge ecclésiastique n'était pas en jeu. Savez-vous pourquoi le scribe proclame que Dieu est seul au ciel ? Parce que c'est Bar-Jehoudda qui, par substitution au Fils, à celui qui devait le baptiser de feu, devient consubstantiel et coéternel au Père ! Le scribe est un complice du mystère de l'Incarnation.

 

 

 



[1] Quelques-uns seulement ? Quels sont donc ceux qui avaient les mains pures ?

[2] Cf. Le Gogotha.

[3] Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[4] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.

[5] La malédiction, le sort jeté.

[6] Du superflu seulement ? Il montrera plus d'exigences dans un instant.

[7] La justice, c'était le rétablissement de la monarchie davidique, contrairement aux vœux et à l'intérêt du pays.

[8] Comme elles sont loin ! Et puis comme elles étaient insuffisantes ! La dîme, c'était si peu.

[9] Ils sont bien modestes en comparaison de Bar-Jehoudda qui ne voulait un siège en Judée, le sien !

[10] En 362 de l'Erreur christienne. Cf. Les Marchands de Christ.

[11] Locution proverbiale. C'est nous qui, après la baleine, avons avalé le chameau !

[12] Réfugiés à Tibériade sous la présidence des Gamaliel, fils David, passés au pharisianisme hérodien depuis Tibère. Cf. Le Saint-Esprit.

[13] Jehoudda, tué au Recensement. Cf. Le Charpentier.

[14] Il lui fut en effet redemandé pendant près de soixante ans, de 761 à 819.

[15] Jehoudda, surnommé Zakhûri dans l'horoscope de son fils n'était nullement fils d'un certain Barachie, mais de Jacob. Mais comme, dans la transformation de son surnom séméiologique par l'Eglise, il s'appelle aujourd'hui Zacharie, on lui donne ici le même père qu'au prophète Zacharie. Au surplus l'infaillible admet mots : fils de Barachie, qui manquent dans le manuscrit du Sinaï, à cet endroit de S. Matthieu, ont été introduits par un des premiers copistes, qui aura cru qu'il s'agissait du dernier Zacharie.

[16] Il n'y en a que deux d'intéressantes pour l'Evangéliste, celle de Jehoudda et celle de Jaïr.

[17] C'est ce que nous avons pensé, lorsque nous avons fait le Mensonge chrétien.

[18] Ceux-là, ce sont les Romains au Ghé-Hinnom le 14 nisan 788.

[19] Celui-là, c'est celui qui devait prononcer le Premier jugement en 789, et envoyer les uns en enfer, les autres dans l'Eden.

[20] Lui, Bar-Jehoudda.

[21] Celui qui devait venir en 789.

[22] Le fils de l'homme davidique, Bar-Jehoudda.

[23] Nous l'avons déjà vu ailleurs, chapitre Ier du présent volume.

[24] Cf. L'Evangile de Nessus.

[25] Vieille similitude inspiré diverses paraboles sur Bar-Jehoudda. Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[26] Cf. L'Evangile de Nessus.

[27] Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[28] Deutéronome, XXV, 5-10.

[29] Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[30] Les Ecritures, ce sont les Paroles du Rabbi, Jésus se garde bien de le dire.

[31] Oi dé cataxionténtes lou aiônos ékeinou takein.

[32] Exode, III, 1 et suivants. On donne ce livre comme étant plus particulièrement de Moïse, parce qu'il avait été fait et refait d'après les Guerres du Mage.

[33] Et non pour lui comme traduit le Saint-Siège.

[34] Par Bethsabée. Cf. Le Charpentier et L'Évangile de Nessus.

[35] Et non Dieu fit un homme et une femme, comme on le dit l'édition du Saint-Siège. Arsen cai thèlu époièsen autous o Théos.

[36] La maison de Kapharnahum. On a ici la preuve, nous en avons fourni et en fournirons d'autres, que dans le prototype évangélique toutes ces questions se débattaient chez la veuve du grand Jehoudda. Il n'en pouvait être autrement. C'est à elle que Jésus dit : Deux en un, un en deux.

[37] Ah ! si on appliquait la loi aux évangélistes !

[38] Zôèn aiónion. Ici comme plus bas, verset 30, il faudrait traduire littéralement et même ne pas traduire le mot Aión qui est le cycle millénaire annoncé par l'auteur de l'Apocalypse, l'Æon-Zib, douzième et dernier des douze Æons dont les douze apôtres sont la figure dans la mystification ecclésiastique.

[39] Addition à Marc et à Luc.

[40] Cf. Le Roi des Juifs.

[41] Proverbe usité chez les Juifs et chez les Arabes, le Saint-Siège est obligé de le reconnaître. Toutes les fois qu'une image un peu saisissante ou une maxime respectable se trouvent sous la plume des gens qui ont fabriqué les Evangiles, cherchez au lieu d'admirer, et vous trouverez un plagiat. La règle est absolue.

[42] Ce propos revient souvent, plus ou moins obscur selon l'emplacement qu'il occupe.

[43] Cf. Le Gogotha.

[44] Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[45] En tô aiôni té erkoménô zôèn aiônion, que le Saint-Siège traduit par dans le siècle à venir. Mais le siècle est de cent ans, tandis que le Cycle ou Æon est de mille ans ; et la vie éternelle commençait dans le système de Bar-Jehoudda par la vie cyclique ou millénaire.

[46] Addition au texte de Matthieu.

[47] Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[48] Cf. Le Roi des Juifs.

[49] Cf. Le Charpentier et Le Gogotha.

[50] Cf. Le Gogotha.

[51] Sur les conséquences de ce surnom pour la réputation de Salomé, voir Le Charpentier.

[52] Circoncision, sacrifices sanglants, excommunication des étrangers, tout est encore maintenu dans ce texte, un des plus anciens de l'Évangile. Les incirconcis sont hors la loi.

[53] Elle vient après ce discours dans Luc. Nous l'avons réservée pour la placer à sa date dans l'année 738, c'est-à-dire lors de la mort d'Eléazar.

[54] Aujourd'hui, oui, mais autrefois ?

[55] Peuh ! qu'est-ce que cela ?

[56] Cf. Le Roi des Juifs, où Jehoudda dans l'Apocalypse jure par le ciel qu'il n'y aura plus de temps en 789.

[57] Cf. Le Charpentier.

[58] Dans un passage qu'on a supprimé, mais que Valentin a conservé, — nous l'avons cité plusieurs fois d'après lui, — Bar-Jehoudda est proclamé, avec sa mère, le plus grand des disciples de son père.

[59] Répétition et adaptation de cette idée que nous avons vue dans les paraboles. Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.

[60] Jésus n'a rien dit de pareil. Comparez.