I. — LA PÂQUE MANQUÉE (PRÉTENDUE MULTIPLICATION DES PAINS). Revenant d'un failli, Jésus est incapable de fournir le moindre des signes annoncés dans l'Evangile du Royaume. Il ne peut se tirer d'affaire que par des séméiologies, c'est-à-dire des semblants de signes. Les premiers sont relatifs à la pâque manquée, et les choses se passent tout à fait entre gens de la beth léhem. Nous retrouvons dans les Synoptisés la séméiologie connue sous le nom de multiplication des pains, mais elle n'est bien éclairée que dans Cérinthe. Celui-ci est formel : cette séméiologie est la pâque manquée en 789. Dans les Synoptisés Jésus estime inutile d'exécuter cet attrape-goym sur la montagne où il a opéré dans Cérinthe. L'Apocalypse stipule que cette montagne être celle de Sion ; il est permis de la transporter sur le Thabor, puisqu'on possède la foi qui transporte les montagnes, mais à quoi bon user de cette faculté quand on n'y est pas forcé ? La plaine, ou bien un lieu riverain du lac, suffisent amplement au besoin de la mystification. Ni Philippe, ni André ne sont nommés. Bar-Jehoudda assiste tous les jours à la scène, mais confondu parmi les douze ; il n'est plus le petit enfant qui offre à Jésus les cinq pains d'orge et les deux Zib, il a cinquante ans et c'est lui qui est censé opérer le miracle. On ne veut pas s'exposer à ce que Jésus, qui retient encore un peu du Verbe de vérité, dise : Si on lui a coupé le cou en 781, comme on le dit dans l'Église romaine, il m'est matériellement impossible, à moi qui suis son revenant de continuer mon rôle ou pour mieux dire le sien. Vous allez me demander de proroger le temps. Si vous voulez soutenir devant les goym que Joannès a été décollé, faites au moins disparaitre le petit enfant que Cérinthe a montré tenant en main les cinq pains et les deux poissons, et appuyant la tête, — toute sa tête, — sur mon sein au Banquet du 14 nisan 788 ! MARC, VI, 30. Or les apôtres, s'étant rassemblés auprès de. Jésus, lui rendirent compte de tout ce qu'ils avaient fait et enseigné. 31. Et il leur dit : Venez à l'écart en un lieu désert, et vous vous reposerez un peu. Car ceux qui allaient et venaient étaient si nombreux, qu'ils n'avaient pas meule le temps de manger[1]. 32. Ainsi, montant dans la barque, ils se retirèrent à l'écart, dans un lieu désert. 33. Mais beaucoup de gens les ayant vus partir et ayant connu leur dessein, y accoururent à pied de toutes les villes, et y arrivèrent avant eux. 34. Ainsi, en débarquant, Jésus vit une grande multitude, et il en eut compassion, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont point de pasteur, et il commença à leur enseigner beaucoup de choses. MATTHIEU, XIV, 14. Lorsqu'il sortait de la barque, ayant vu une grande quantité de personnes, il en eut compassion et il guérit leurs malades. LUC, XI, 10. Les apôtres, étant revenus, racontèrent à Jésus tout ce qu'ils avaient fait ; et, les prenant avec lui, il se retira à l'écart dans un lieu désert, qui appartient à Bethsaïda. 11. Lorsque le peuple l'eut appris, il le suivit ; et Jésus les accueillit, et il leur parlait du Royaume de Dieu, et il rendait la santé à ceux qui avaient besoin d'être guéris. MARC, VI, 35. Et comme déjà l'heure était fort avancée, les disciples s'approchèrent, disant : Ce lieu est désert, et il est déjà tard ; 36. Renvoyez-les, afin qu'ils aillent dans les voisins acheter de quoi manger. 37. Mais répondant, il leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Et ils lui repartirent : Irons-nous donc acheter pour deux cents deniers de pain, afin de leur donner à manger ? Il n'est question de ces deux cents deniers que dans Marc, ils proviennent de Cérinthe qui les tenait des Explications de Papias. On les a fait disparaitre dans Matthieu et dans Luc. LUC, IX, 12. Cependant le jour commençait à baisser[2], et les douze, s'approchant, lui dirent : Renvoyez le peuple, afin qu'il aille dans les bourgs et dans les villages d'alentour, pour y loger et trouver de la nourriture : car ici nous sommes en un lieu désert. MATTHIEU, XIV, 15. Or, le soir étant venu, ses disciples s'approchèrent de lui, disant : Ce lieu est désert, et déjà l'heure est avancée ; renvoyez le peuple, pour qu'ils aillent dans les villages acheter de quoi manger. 16. Mais Jésus leur dit : Il n'est pas nécessaire qu'ils aillent, donnez-leur vous-mêmes à manger. MARC, VI, 38. Alors il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Allez et voyez. Et lorsqu'ils eurent regardé, ils dirent : Cinq pains et deux poissons. LUC, IX, 13. Mais il leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui répondirent : Nous n'avons pas plus de cinq pains et deux poissons, à moins que nous n'allions nous-mêmes acheter des vivres pour toute cette multitude. MATTHIEU, XIV, 17. Ils lui répondirent : Nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons. 18. Jésus leur dit : Apportez-les-moi ici. Ces pains étaient des pains d'orge dans Cérinthe qui les avait mis, avec les deux poissons, entre les mains du christ enfant. L'Église a supprimé la nature de Ces pains ; et dans le but le plus honorable, — celui de le consubstantialiser avec le Père, — elle a supprimé l'enfant lui-même, quoique Jésus l'ait parfaitement vu dans Cérinthe sur les indications de Philippe, et qu'il lui emprunte les six éléments de la séméiologie. Male l'Église l'a assez vu, cet enfant, — elle ne demande pas à le revoir, — et même elle se prépare à lui couper le cou. MARC, VI, 39. Il leur commanda donc de les faire tous asseoir par groupes sur l'herbe verte[3]. 40. Et ils s'assirent par groupes de cent et de cinquante. LUC, IX, 14. Or ils étaient environ cinq mille hommes. Jésus dit alors à ses disciples : Faites-les asseoir par groupes de cinquante. 15. Et ils firent ainsi : ils les firent tous asseoir. MARC, VI, 41. Alors il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il les bénit ; puis il rompit les pains, et les donna à ses disciples, pour les mettre devant la multitude ; et il partagea les deux poissons entre tous. 42. Et ils en mangèrent tous, et ils furent rassasiés. 43. Et ses disciples emportèrent les restes, douze paniers pleins de morceaux et une partie des poissons. 44. Or ceux qui mangèrent étaient au nombre de cinq mille hommes. LUC, XI, 16. Jésus ayant donc pris les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel, et les bénit ; puis il les rompit, et les donna à ses disciples, pour les servir aux groupes. 17. Et tous mangèrent et furent rassasiés. Et l'on emporta, ce qui leur resta, douze corbeilles de morceaux. MATTHIEU, XIV, 19. Et après avoir ordonné à la multitude de s'asseoir sur l'herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il les bénit ; puis, rompant les pains, il les donna à ses disciples, et ses disciples au peuple. 20. Ils en mangèrent tous, et furent rassasiés ; et les disciples emportèrent les restes, douze paniers pleins des morceaux. 21. Or le nombre de ceux qui mangèrent fut de cinq mille hommes, [outre les femmes et les petits enfants][4]. Nous ne revenons pas sur l'explication que nous avons donnée de cette séméiologie millénariste qui est comme nous l'avons dit, une figure de la Prorogation du temps après la pâque manquée en 789[5]. Les synoptiseurs lui ont enlevé toute sa signification de poissonnade pascale. Ils ne pouvaient d'ailleurs pas faire autrement, ayant décidé que Bar-Jehoudda sous les traits de Jésus célébrerait la pâque avant sa crucifixion, non avec la scandaleuse poissonnade des églises primitives, mais avec l'agneau consacré. II. — LA BARQUE DES FILS DE ZIFIDÉOS AU LENDEMAIN DE LA PÂQUE MANQUÉE. Dans Cérinthe la séméiologie de la Prorogation temps est suivie d'une scène où la foule émerveillée veut enlever Jésus pour le faire roi. Les synoptiseurs connaissent parfaitement ce dispositif, ils l'ont sous les yeux, comme en témoigne le passage suivant, dans lequel ils ramènent Jésus seul sur la montagne (le Thabor dans Cérinthe), alors leur séméiologie a manifestement eu lieu en plaine, sur les rives du lac. De plus ils changent le motif pour lequel Jésus retourne seul sur le Thabor ; dans Cérinthe, c'est pour éviter d'être proclamé roi ; ici, c'est pour prier. MARC, VI, 45. Et aussitôt il fit monter ses disciples dans la barque, pour le précéder de l'autre côté de la mer, à Bethsaïda[6] pendant que lui-même renverrait le peuple. 46. Et après qu'il l'eut renvoyé, il s'en alla sur la montagne pour prier. MATTHIEU, XIV, 22. Aussitôt Jésus ordonna à ses disciples de monter dans la barque et de le précéder à l'autre bord[7] avant lui, pendant qu'il renverrait le peuple. 23. Après l'avoir renvoyé, il monta seul sur la montagne pour prier. Or, le soir étant venu, il se trouvait là, seul. Vous remarquez la différence que l'Évangéliste fait ici entre les disciples de Jésus et le peuple. Les disciples de Jésus, ce sont les quatre-vingt-quatre passagers invisibles du Gogotha, les douze mois et les soixante-douze demi-décans de l'année qui vient de passer avec la pâque. Tandis que Jésus se charge de souffler sur le peuple pour le faire disparaître, il ordonne à ces quatre-vingt-quatre disciples d'aller l'attendre à l'Orient pour se remettre à sa suite après son passage dans l'hémisphère boréal. C'est ainsi que cela se passe chaque année, sans quoi il arriverait ce que Bar-Jehoudda avait annoncé pour la Grande pâque : il n'y aurait plus de temps ! MARC, VI, 47. Lorsqu'il fut soir, la barque se trouvait milieu de la mer, et Jésus seul à terre. 48. Et voyant ses disciples qui se fatiguaient à ramer (car le vent leur était contraire), vers la quatrième veille de la nuit, il vint à eux, marchant sur la mer ; et il voulait les devancer. 49. Mais eux, dès qu'ils l'aperçurent marchant sur la mer, crurent que c'était un fantôme, et jetèrent un grand cri. 50. Car tous le virent, et ils furent épouvantés. Mais aussitôt il leur parla, et leur dit : Rassurez-vous : c'est moi ; ne craignez point. MATTHIEU, XI, 24. Cependant la barque était agitée par les flots au milieu de la mer : car le vent était contraire. 25. Mais à la quatrième veille de la nuit, il vint à eux marchant sur la mer. 26. Or, le voyant marcher sur la mer, ils se troublèrent et dirent : C'est un fantôme ; et ils poussèrent des cris de frayeur. 27. Mais Jésus aussitôt leur parla, disant : Ayez confiance : c'est moi ; ne craignez point. 28. Pierre, répondant, dit : Seigneur, si c'est vous, ordonnez-moi de venir à vous sur les eaux. 29. Et Jésus dit : Viens. Et Pierre, descendant de la barque, marchait sur les eaux pour venir à Jésus. 30. Mais, voyant la violence du vent, il eut peur ; et comme il commençait à enfoncer, il cria, disant : Seigneur, sauvez-moi ! 31. Et à l'instant même, Jésus, étendant la main, le saisit et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? La frayeur de Pierre se comprend parfaitement quand on réfléchit qu'étant Shehimon et plein de l'Apocalypse, il avait attendu la fin de la mer, comme celle un Satan, après cette année 788 que Jésus lui fait revivre par manière de passe-temps. Dès qu'il aperçoit le Fils de l'homme, il croit que la mer va s'enfoncer sous lui et il regrette d'être monté dans la barque. Mais Jésus, qui est Destructeur quand il s'agit d'un goy, est Sauveur quand il s'agit d'un prince de la maison de Juda ; il trouve le moyen de sauver Pierre, sans détruire la mer dont le lac de Tibériade joue le rôle avec un brio remarquable. MARC, VI, 51. Et il monta avec eux dans la barque, et le vent cessa, et leur stupeur en devint plus grande : 52. Car ils n'avaient pas compris ce qui s'était fait à l'égard des pains, parce que leur cœur était aveuglé. Entièrement aveuglé par l'Apocalypse, œuvre d'aveugle ! Ils en sont tous restés à l'Évangile du Royaume, à la fin du temps, à celle de la mer, au déchaînement des quatre Vents cardinaux, à l'apparition de l'Arche d'alliance dans une tempête comme seul le Maître du Sabbat peut en faire. Ils n'ont pas compris un traître mot à la séméiologie dans laquelle l'Évangéliste les a enveloppés. Il n'était point question de telles énigmes en 788, de sorte qu'au point de vue du déchiffrement ils ne sont guères plus avancés que les goym. Il n'a pas paru convenable à l'Église qu'un simple Évangéliste constatât publiquement l'irrémédiable imbécilité du Juif consubstantiel et coéternel au Père. Elle a remplacé le pénible aveu de Marc par cette triomphante conclusion de Matthieu : MATTHIEU, XIV, 32. Or, lorsqu'ils furent montés dans la barque, le vent cessa. 33. Alors, ceux qui étaient dans la barque vinrent et l'adorèrent, disant : Vraiment, vous êtes le Fils de Dieu. MARC, VI, 53. Et après avoir traversé la mer, ils vinrent vers [la terre de] Ghé-Nazireth[8] et y abordèrent. 54. Et dès qu'ils furent sortis de la barque, les gens de pays reconnurent Jésus. 55. Et parcourant toute la contrée, ils commencèrent à lui apporter de tous cités, dans leurs grabats, les malades, là où ils entendaient dire qu'il était. 56. Et partout où il entrait, dans les bourgs, dans les villages ou dans les villes, on mettait les malades sur les places publiques, et on le suppliait de les laisser seulement toucher la frange de son vêtement ; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris. MATTHIEU, XIV, 34. Lorsqu'ils eurent traversé la mer, ils vinrent dans la [terre de] Ghé-Nazir. 35. Et quand les hommes de ce lieu l'eurent reconnu, ils envoyèrent dans toute cette contrée, et lui présentèrent tous les malades ; 36. Et ils lui demandaient de toucher seulement la frange de ses vêtements ; et tous ceux qui la touchèrent furent guéris. Vous voyez que Barbilô la Sangsue[9] est un fournisseur de premier ordre : ses vêtements font de l'usage. III. — LA PÂQUE MANQUÉE, PRÉSENTÉE EN LA FORME SABBATIQUE. Lorsqu'on connaît bien la doctrine des sept fils de Jehoudda, on comprend que la séméiologie des cinq pains n'ait point satisfait les disciples de l'Agneau, qu'elle les ait même déçus complètement. Cérinthe est critiquable, et les synoptiseurs aussi, pour n'avoir pas donné la forme sabbatique à la Prorogation du temps. On en refit une seconde, réparatrice de la Première, et dans laquelle Jésus apparaît ce qu'il est réellement, le Maître du Sabbat et la Lumière héliaque du quatrième jour. MATTHIEU, XV, 29. Et lorsqu'il fut parti de là, Jésus vint le long de la mer de Galilée ; et, montant sur la montagne, il s'y assit[10]. 30. Alors s'approcha de lui une grande foule, ayant avec elle des muets, des aveugles, des boiteux, des infirmes et beaucoup d'autres ; et on les mit à ses pieds, et les guérit : 31. De sorte que la foule était dans l'admiration, voyant des muets parlant, des boiteux marchant, des aveugles voyant ; et elle glorifiait le Dieu d'Israël. 32. Cependant Jésus, ayant appelé ses disciples, dit : J'ai pitié de ce peuple, car il y a déjà trois jours qu'ils sont constamment avec moi, et ils n'ont pas de quoi manger ; et je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur qu'ils ne défaillent en chemin. MARC, VIII, 1. En ces jours-là, comme la multitude était grande encore et n'avait pas de quoi manger, il appela ses disciples et leur dit : 2. J'ai pitié de cette multitude : car voilà déjà trois jours qu'ils sont constamment avec moi, et ils n'ont pas de quoi manger ; 3. Et si je les renvoie à jeun dans leurs maisons, ils tomberont de défaillance en chemin, car quelques-uns d'entre eux sont venus de loin. Ces trois jours sont les trois premiers jours de le Genèse, et valent mille ans chacun : Le jour de l'Agneau ; Le jour du Taureau ; Le jour des Gémeaux. Les hommes qui en sont la monnaie viennent donc de plus loin les uns que les autres. Ceux de l'Agneau ont eu plus de chemin à faire que ceux des Gémeaux. Mais tous sont également disciples de l'Agneau, comme dit l'Apocalypse, c'est-à-dire que pour eus tous l'année, tant religieuse que civile, n'a qu'un rosch ha schanâ (commencement de l'année) ; dans les douze pains dits de proposition, offerts sur l'autel à la bénédiction de Iahvé, ils n'introduisent pas ce levain qui, pour les pharisiens et les hérodiens, consiste à faire commencer l'année civile à l'équinoxe d'automne, en dépit de la Loi millénariste dont les douze pains de proposition sont la tangible image. Pour les sectateurs de Jehoudda le Royaume doit se faire dans les quatre premiers signes de Dieu, et non à un autre moment ; les disciples de l'Agneau sont donc en règle lorsqu'ils arrivent sous le quatrième, ils mangeront le léhem du quatrième séa[11]. Il est à noter cependant qu'ils ne se pressent plus dans la beth de l'Économe chargé de la distribution. Cet Économe a fait faillite, la maison est, fermée. Mais que la foi leur reste ! Luc, dans une allégorie que je vous ai expliquée[12], nous a montré Jésus présent à la Pâque en sa douzième année et revendiquant sa part dans la gloire du Père, à partir du premier jour de la Création, contre les pharisiens qui ne l'y admettaient pas avant le quatrième. Jésus reprend ici cette thèse. C'est le quatrième jour qu'il redonnera la vie aux quatre mille affamés, mais il y a trois jours qu'ils sont avec lui pour avoir à manger : ils savent donc qu'il a en lui le pouvoir de les rassasier. Ce pouvoir n'éclate que le quatrième jour, mais le Fils est dans le Père, comme dit élégamment Cérinthe, et qu'est-ce qui sauvera de la faim ces malheureux ? La foi qu'ils ont que Jésus a en lui la faculté latente de les nourrir dès le premier jour. Et ils seront amplement récompensés. Et quand ils seront rentrés chez eux après trois autres jours, ils auront célébré la septmaine paschale, comme elle doit l'être, en bons Juifs de la kabbale asinaire. MATTHIEU, XV, 33. Les disciples lui répondirent : Où donc nous procurer, dans un désert, assez de pains pour rassasier une si grande multitude ? 34. Jésus leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Et eux lui dirent : Sept, et quelques petits poissons. MARC, VIII, 4. Ses disciples lui répondirent : Comment pourrait-on les rassasier de pain ici, dans le désert ? 5. Et il leur demanda : Combien de pains avez-vous ? Sept, répondirent-ils. Il semble qu'il y ait double emploi entre le miracle à cinq pains et le miracle à sept pains. Nullement. Les cinq pains que l'enfant-christ propose à Jésus dans la première séméiologie sont ceux du Secoua monde, ceux du monde en cours, le pain Balance, le pain Scorpion, le pain Sagittaire, le pain Capricorne et le pain Verseau. Ce sont des pains dans lesquels les pharisiens et les hérodiens du Temple ont mis le levain du monde, quand ils ont changé de mois leur Rosch ha schana ou commencement de l'année. Ce faisant, ils ont corrompu les Azymes et manqué à la Gnose des rois de Juda. Les sept pains employés dans la seconde séméiologie sont les pains qui n'ont pas reçu ce levain des pharisiens : 1. Le pain Agneau. 2. Le pain Taureau. 3. Le pain Gémeaux. 4. Le pain Anes. 5. Le pain Lion. 6. Le pain Vierge. 7. Le pain Balance. C'est ce dernier surtout qu'il s'agit de faire bénir par Jésus, car Adam et Satan son compère y ont mis un fâcheux levain, sous le fallacieux prétexte que le Père fermait l'œil pour se reposer après avoir fini son ouvrage. Ce levain, hélas ! c'est celui de la génération, et les Juifs de Jérusalem y ont encore ajouté par leur ingratitude envers leurs rois légitimes. MARC, VIII, 6. Alors il commanda au peuple de s'asseoir à terre ; Puis, ayant pris les sept pains et rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples pour les servir, et ils les servirent à la multitude. 7. Ils avaient en outre quelques petits poissons ; il les bénit aussi, et les fit servir. 8. Ils mangèrent donc, et ils furent rassasiés ; et ses disciples emportèrent ce qui était resté de morceaux, sept corbeilles. 9. Or ceux qui mangèrent étaient environ quatre mille ; et il les renvoya. MATTHIEU, XV, 35. Alors il commanda au peuple de s'asseoir sur la terre. 36. Et, prenant les sept pains et les poissons, et rendant grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, et ses disciples les donnèrent au peuple. 37. Et tous mangèrent et furent rassasiés. Et de ce qui resta de morceaux, ses disciples emportèrent sept corbeilles pleines. 38. Or ceux qui mangèrent étaient au nombre de quatre mille hommes [outre les petits enfants et les femmes][13]. Dans le premier cas, l'épreuve à cinq pains, il n'y a que Prorogation du monde en cours, c'est tout à fait insuffisant. Ici il y a promesse de retour au Monde édémique ; l'Apocalypse reçoit son exécution sur le papier. Dans la séméiologie à cinq pains il y a environ cinq mille personnes, représentatives des Æons dont le cinquième, le Zakhûri-Zibdéos, s'achève avec l'année 788. Dans la séméiologie à sept pains il y a environ quatre mille personnes, qui représentent les quatre premiers jours millénaires de la Genèse, les quatre premiers signes, finissant aux Ânes ; et c'est pour se trouver en coïncidence avec ce signe, jour de la création du Soleil et de l'avènement du Royaume, qu'ils suivent Jésus depuis trois jours. Déjà les Poissons n'ont plus la vertu spécifique qui leur est attribuée dans la Prorogation à cinq mille. Cependant ils sont indispensables, comme signe de l'Æon-Zib en cours depuis le 15 nisan 789, et de la poissonnade pascale en usage dans les églises. Il y a autre chose. Dès le moment que l'Evangéliste trouve à propos de refaire l'opération avec sept pains' c'est qu'il la juge mal faite avec cinq. Cérinthe ne s'est pas rappelé que les fils de Jehoudda étaient sept et non cinq, et que la fable les mettait en face du Maître du sabbat. Les pains de l'opération à quatre mille sont donc des pains sabbatiques. Ils tirent toute leur valeur de leur multiplication par sept : 7 * 7 = 49. C'est sur ce plan que l'Apocalypse est bâtie : sept années sabbatiques s'écouleront depuis la naissance de Bar-Jehoudda jusqu'à l'année jubilaire 789, et la Judée célèbrent les Noces de l'Agneau. Or ces sept années ont passé, les sept démons de Myriam aussi, et la Judée est toujours sans époux, ou plutôt, corne Jésus le dit si bien à la Samaritaine, celui avec qui elle vit n'est pas son époux. En sabbatisant les sept pains (et la présence de Jésus nous l'ordonne), nous reconstituons exactement la date de l'opération dans l'esprit de l'Evangéliste. C'est, placée en 788, une séméiologie de la pâque manquée en 789. Les quatre mille ne disent rien, mais ils sont fort mécontents, car Jésus vient de se moquer d'eux cyniquement. Non seulement les quatre mille affamés, ou pour mieux dire les quatre Mille d'affamés, n'ont rien eu du tout, mais encore ils ont remporté les sept corbeilles comme on remporte une veste, elles sont vides ! Pour qu'elles fussent pleines, il aurait fallu entrer dans l'Æon-Zib, autrement qu'en chronologie. Alors on aurait eu non seulement les sept corbeilles pleines d'années, mais les douze et toutes celles qui s'ensuivent, on aurait eu le pain unique, celui qui ne se divise ni ne se rompt, le pain de la vie éternelle. Le temps devait finir, et il continue ! MATTHIEU, XV, 39. Et, le peuple renvoyé, il monta dans la barque, et vint aux confins de Mégiddo[14]. MATTHIEU, XVI, 5. Or, lorsque ses disciples étaient venus de l'autre côté de la mer, ils avaient oublié de prendre des Pains. C'est un oubli d'autant moins concevable qu'ils ont leur douze corbeilles pleines depuis le premier miracle est bien vrai que Jésus a rassasié les cinq mille ; mais les douze corbeilles pleines sont restées entre les mains des douze apôtres et des soixante-douze demi' décans. Il est inutile que Jésus s'exténue à ces tours de force, si ni la première fois ni la seconde ces messieurs ne se donnent la peine d'emporter les pains dus à sa bienfaisante intervention ! De deux choses l'une, ou tout cela n'est qu'allégorie ou ils devraient avoir avec eux dix-neuf corbeilles de pain et de poissons. Et la barque qu'ils montent n'en peut contenir que douze à l'année ! Marc est plus exact que Matthieu, il reconnaît qu'ils avaient un pain à manger, un seul. MARC, VIII, 14. Or les disciples avaient oublié de prendre des pains, et ils n'avaient qu'un seul pain avec eux dans la barque. Sans doute. Après la pâque manquée, il ne leur restait que le pain-Zib. Encore ce malheureux pain était-il gâté par le levain qu'Hérode et ses enfants y avaient mis. Vous savez ce que c'était que ce levain, c'est la destitution de l'Agneau comme rosch ha schanâ (départ de l'année), et l'illégale promotion de la Balance à cet office. Ce n'était pas de ce bon levain molochiste que la veuve de Jehoudda pétrissait dans les trois séas. Afin que le sens de toute cette séméiologie n'apparaisse pas aux vils étrangers, l'Évangéliste représente les disciples comme privés de nourriture, parce qu'ils ont oublié de prendre des sept pains qui sont censés être dans les Sept corbeilles. Mais ces corbeilles étant passées, comme les quatre mille ventres qui comptaient sur le séa des Ânes pour être rassasiés, ils ont pu les oublier sans inconvénient. MATTHIEU, XVI, 6. Jésus leur dit : Gardez-vous soigneusement du levain des pharisiens et des saducéens. 7. Mais eux pensaient en eux-mêmes, disant : C'est parce que nous n'avons pas pris de pains. MARC, VIII, 15. Et il leur commandait, disant : Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et du levain d'Hérode. 16. De là ils s'entretenaient entre eux, disant : C'est parce que nous n'avons point de pains. Devant les goym l'Évangéliste ne veut pas avouer qu'il n'y a rien dans les sept corbeilles, puisqu'elles sont passées ; il préfère laisser croire que les disciples se reprochent d'avoir oublié les pains dont elles devaient être pleines. MATTHIEU, XVI, 8. Or Jésus, le sachant, dit : Pourquoi Pensez-vous en vous-mêmes, hommes de peu de foi, à ce que vous n'avez pas de pains ? 9. Ne comprenez-vous pas encore, et ne vous souvient-il point des cinq pains distribués aux cinq mille hommes, et combien de corbeilles vous avez remportées ? 10. Ni des sept pains distribués aux quatre mille hommes, et combien de corbeilles vous avez remportées ? 11. Comment ne comprenez-vous point que ce n'est pas au sujet du pain que je vous ai dit : Gardez-vous du levain pharisiens et des saducéens ? MARC, VIII, 17. Ce qu'ayant connu, Jésus leur dit : Pourquoi entretenez-vous de ce que vous n'avez point de pains ? n'avez-vous donc encore ni sens ni intelligence ? avez-vous donc toujours le cœur aveuglé ? 18. Ayant des yeux, ne voyez-vous point ? ayant des oreilles n'entendez-vous point ? et avez-vous perdu tout souvenir ? 19. Quand je rompis les cinq pains pour les cinq mille hommes, combien de paniers emportâtes-vous pleins de morceaux ? — Douze, lui dirent-ils. 20. — Et quand je rompis les sept pains pour les quatre mille hommes, combien emportâtes-vous de corbeilles pleines de morceaux ? — Sept, lui dirent-ils. 21. Et il ajouta : Comment ne comprenez-vous point encore ? C'est évident. Êtes-vous disciples de Jehoudda, oui ou non ? Êtes-vous millénaristes, fils des kanaïtes et des sicaires ? En un mot êtes-vous christiens ? Si vous l'êtes, vous devez comprendre. Si vous ne l'êtes pas, c'est que vous êtes aussi bouchés que les exégètes. Or, si on vous explique plus ouvertement ces énigmes, elles cesseront d'être efficaces pour la mystification et, espérons-le, la damnation des goym. Je vous traite d'imbéciles pour mieux les aveugler sur notre malice, mais les imbéciles, ce sont eux, vous le savez bien. Vous savez bien que si dans la première opération j'ai prorogé le temps, c'est uniquement à votre bénéfice, et pour attendre le Grand Sabbat que je vous ai promis dans la seconde. Que ceux qui ont des oreilles du Jourdain entendent ! J'entends bien, moi qui ne suis que de la Nièvre ! MATTHIEU, XVI, 12. Alors ils comprirent qu'il n'avait Fe dit de se garder du levain des pains, mais de la doctrine des pharisiens et des saducéens. Cette doctrine était la négation de la kabbale messianique et par conséquent du privilège accordé aux Juifs. Envers de telles gens Iahvé n'était pas tenu de son serment. Songez donc ! des gens qui ne célébraient plus leur genèse divine, et faisaient commencer l'année sous le septième signe, le signe sous lequel Satan avait usurpé le pouvoir ! Quoi d'étonnant à ce que Iahvé se fût séparé d'eux et n'acceptât plus le léhem dans lequel ils avaient introduit ce levain ? Comment avaient-il osé qualifier d'azyme, à la pâque, un pain qui ne correspondait plus mathématiquement au premier signe de la Création ? Comment avaient-ils continué à appeler pâque des Juifs une semaine pendant laquelle ils n'avaient pas craint de laisser des incirconcis pénétrer dans l'enceinte du Temple ? Qui, pendant ces temps de honte et de prostitution, avait défendu la loi violée ? Jehoudda et son sabbat de fils. La même loi qui punissait de mort ceux qui auraient introduit du levain dans l'azyme, les christiens l'avaient étendue à ceux qui introduisaient des païens dans le Temple. Ils avaient de leur propre main assuré l'exécution de cette loi par des assassinats en plein sanctuaire. Et c'est ce que Jésus rappelle à mots couverts. IV. — LE SIGNE DU ROYAUME REFUSÉ AU PEUPLE. Jusqu'ici personne n'a demandé à Jésus de signes du ciel. Convenablement stylé, Satan lui a fait la grâce de n'en pas souffler mot. Mais les hérodiens et les pharisiens contemporains du christ ne peuvent imiter la même réserve. Les voici qui viennent tenter Jésus. Sur le papier, avec des accessoires de physicien, Jésus peut faire tout ce qu'on veut, il n'attend même pas qu'on le demande. Il n'en est pas de même quand on lui demande, — ce sont des hérodiens, bien entendu, — de faire ou simplement de montrer dans le ciel un de ces prodiges comme Bar-Jehoudda en avait annoncé, la descente des Ânes par exemple, ou simplement celle de l'Agneau. Ils se contenteraient même, la faillite de Bar-Jehoudda et sa culbute au Guol-golta leur ayant appris à modérer leurs vœux, de voir le Zib et son Æon. Le peuple, qui connaît l'Évangile et qui d'ailleurs en a été victime voudrait bien un signe qui fût l'Âne, et non des fumisteries de scribe comme la Prorogation du temps. On a laissé dans Luc un passage où Jésus apostrophe ce peuple trompé, le bouscule, le rudoie pour étouffer ses légitimes réclamations. LUC, XII, 54. Il disait aussi au peuple : Lorsque vous voyez un nuage se former au couchant, aussitôt vous dites la pluie vient ; et il arrive ainsi. 55. Et quand vous voyez souffler le vent du midi, vous dites : Il fera chaud ; et cela arrive. 56. Hypocrites, vous savez juger d'après l'aspect du dell et de la terre ; mais cette occasion favorable[15], comment ne la saisissez-vous point ? 57. Comment ne discernez-vous pas de vous-mêmes ce qui est juste ? Cette occasion
d'agir, c'est l'année proto-jubilaire, c'est la veille du temps marqué pour
le redressement des choses, pour la rétribution, le temps du Jugement, en un
mot. Et ce qui est juste, c'est la
façon dont Dieu a jugé depuis le commencement du monde, c'est-à-dire préjugé
en faveur des Juifs[16]. Or le peuple a
laissé passer le moment favorable, il n'a point
connu le temps de sa visitation, comme dit ailleurs Jésus ; il ne
s'est point levé en 788, il n'est point fondé à réclamer des signes, il y a
prescription ! V. — LE MÊME, REFUSÉ AUX PHARISIENS. MARC, VIII, 40. Montant aussitôt dans la barque avec ses disciples, il vint dans le pays de Dalmanutha. 11. Alors, les pharisiens, étant venus, commencèrent à disputer avec lui, lui demandant un sèméion sortant du ciel[17], pour le sonder. Le quatrième signe notamment dans lequel devait se consommer le triomphe de Bar-Jehoudda ; ils se contenteraient de celui-là, qui les mettrait en possession de l 'Eden millénaire. Conséquents avec son système, ils demandent au revenant de Bar-Jehoudda ce que celui-ci leur avait promis à eux-mêmes. Jésus leur répond par des pantalonnades usitées en pareil cas. 12. Mais, gémissant au fond du cœur, il dit : Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? En vérité je vous le dis, il ne sera point accordé de signe à cette génération. 13. Et les laissant, il monta de nouveau dans la barque et sa de l'autre côté de la mer. VI. — LE SIGNE DES DEUX JOANNÈS PROPOSÉ AU PEUPLE. Se tirer d'embarras par la fuite n'est ni d'un dieu ni d'un homme brave. Marc ne l'avait pas senti, mais les synoptiseurs ont rectifié la position dans Luc, où Jésus fait front au peuple, non pour le consoler, bien entendu, mais pour se moquer de lui. LUC, XI, 29. Cependant, le peuple s'amassant en foules il commença à dire : Cette génération est une génération mauvaise ; elle demande un signe et il ne lui sera point donné de signe, si ce n'est le signe du prophète Jonas. Pas d'autre Zib que celui du prophète Jonas ! Lequel ? Le Joannès ninivite ? Ou le Joannès juif, celui qui s'était dit christ ? Celui-ci même, dont tous les interlocuteurs de Jésus connaissent depuis longtemps la disparition après trois jours et trois nuits. Jésus l'a déjà dit : cette génération a été trop adultère envers la Gnose magique, pour qu'il lui soit donné des signes venant du ciel. Il refuse, dit l'Église. Hé ! non, il voudrait bien, mais ne peut pas ! Le corps dans lequel il revient était en croix avant la pâque, et c'est, disent les jehouddolâtres, ce qui a empêché l'avènement du Royaume ! VII. — LE MÊME, PROPOSÉ AUX PHARISIENS ET AUX SADUCÉENS. Le désir de voir le signe de Juda est pourtant bien légitime ! Le peuple ne demande pas plus que Joannès et ses frères n'avaient promis. Jésus répond qu'il devra se frotter le ventre avec les Poissons, cela manque de sérieux. On ne se moque pas à ce point des pauvres gens ! Les synoptiseurs ont senti qu'il valait mieux mettre Jésus aux prises avec les pharisiens et les saducéens. Il pourra leur dire des choses plus dures. MATTHIEU, XVI, 1. Alors vinrent à lui les pharisiens et les saducéens, pour le sonder, et ils le prièrent de leur faire voir le signe sortant du ciel[18]. Comme toujours Jésus se tire d'affaire par une ruse de renard en accusant d'hypocrisie les interlocuteurs qui au contraire sont dans la vraie question et sur le bon terrain. 2. Mais Jésus, répondant, leur dit : Le soir venu, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge. 3. Et le matin : Aujourd'hui, de l'orage, car le ciel est sombre et rougeâtre. 4. Hypocrites,
vous savez donc juger l'aspect du ciel, et vous ne savez pas reconnaître les
signes de la plénitude jubilaire[19]. Une génération méchante et adultère demande un signe
et il ne lui sera point donné de signe, si ce n'est le signe du
prophète Jonas. Et les ayant quittés, il s'en alla. S'en aller pour éviter la discussion est un procédé recommandable. Néanmoins les synoptiseurs ont refait la scène pour donner une conclusion plus conforme à la puissance du Verbe divin. MATTHIEU, XIII, 38. Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens prirent la parole après lui, disant : Maître, nous voulons voir un signe[20] de vous. 39. Jésus, répondant, leur dit : Une génération méchante et adultère demande un signe, et il ne lui sera donné d'autre signe que celui du prophète Jonas. 40. Car, comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre de la Baleine[21], ainsi le fils de l'homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits. Rien que par cette indication de délai nous voyons que ce passage a fait partie du dispositif où Jésus ne célèbre pas la Pâque, et où Joannès ressuscite après trois jours et trois nuits, donc le quatrième jour. Mais comme dans le dispositif actuel on crucifie Joannès le lendemain de la pâque au lieu de la veille, et qu'on a été conduit à le ressusciter le troisième jour au lieu du quatrième, les synoptiseurs n'ont pas jugé prudent de reproduire dans Luc l'indication du délai. LUC, XI, 30. Car comme Jonas fut un signe pour les Ninivites, ainsi sera le fils de l'homme pour cette génération. Comme vous voyez, le délai cesse d'être la condition essentielle de la similitude des deux cas. MATTHIEU, XII, 41. Les Ninivites se lèveront au jugement avec cette génération, et la condamneront, parce qu'ils firent pénitence à la prédication de Jonas ; et cependant il y a ici plus que Jonas[22]. 42. La reine du Midi[23] se lèvera au jugement avec cette génération, et la condamnera, parce qu'elle vint des extrémités de la terre écouter la sagesse de Salomon ; et cependant il y a ici plus que Salomon[24]. LUC, XI, 31. La reine du Midi se lèvera au jugement avec les hommes de cette génération, et les condamnera, parce qu'elle vint des extrémités de la terre entendre la sagesse de Salomon ; et il y a ici plus que Salomon. 32. Les Ninivites se lèveront au jugement avec cette génération et la condamneront, parce qu'ils tirent pénitence à la prédication de Jonas ; et il y a ici plus que Jonas. De défaite en défaite, englué dans le mensonge, l'Evangéliste en vient à prétendre que, si le Royaume n'est pas venu, c'est non la faute de Bar-Jehoudda, mais de ses adversaires. Bar-Jehoudda n'a pas donné le signe, parce que la génération de la Grande Année était une mauvaise génération[25], il a donc bien fait de ne pas le donner ! Il n'en a donné qu'un, celui que les scribes ont trouvé dans Jonas. Et qu'est-ce que le signe de Jonas ? C'est le non-signe, l'impossibilité en Jonas s'est trouvé jadis d'en donner un aux Ninivites. Il y a une différence toutefois. Tandis que les Ninivites se sont amendés à la voix de Jonas, les Juifs de la génération apostolique sont restés sourds à la voix de Jehoudda et de ses fils : ils ont permis que Pilatus crucifiât leur Joannès, ils ne connaîtront pas la Première résurrection, le Premier jugement, la Jérusalem d'or et le Jardin aux douze récoltes. Au jugement dernier, ils ressusciteront avec les Ninivites comme des méchants et des adultères qu'ils sont, mais pas avant ! Et ceux-ci, — des goym ! — les jugeront. Ils ressusciteront avec la reine de Saba, mais pas avant ! Et celle-ci (une étrangère !) les jugera. Damnation certaine pour ces transgresseurs de la Loi. Bar-Jehoudda leur a pris la bourse et la vie, Jésus prend l'espérance à leur postérité. C'est complet. Jésus ne veut pas engager la discussion sur les signes messianiques devant les goym. Jésus ne fourni pas de signes, parce que l'individu dont il est le revenant n'en avait pu fournir aucun. Quand on lui en propose de dangereux pour sa personne, comme de se jeter du haut du Temple, il refuse énergiquement, et il a bien raison. Ce n'est point par la chute d'un corps qu'on mesure la hauteur d'un édifice. On sait bien que le Temple fût un monument très élevé. Il n'en est tombé que mieux, quand l'heure de sa chute fut venue, et elle était depuis longtemps écoulée. VIII. — LA SIMILITUDE DU CHRIST ET DE JONAS. Dès le moment qu'il s'agit de donner le change aux goym l'Évangéliste emprunte de toutes mains. Et même il fait un sacrifice qui doit coûter à son amour-propre, il emprunte aux incirconcis ! Il prend dans Jonas ce merveilleux conte du Zib, qu'il met dans la bouillabaisse christienne. Cependant le cas de Jonas, sortant de la gueule du Zib, par la grâce de Dieu, ne convenait en aucune façon à celui de Bar-Jehoudda qui était sorti de la terre du Guol-golta par l'industrie de sa mère, à force de bras. Mais il pouvait servir de modèle comme symbole du Soleil revenant dans l'hémisphère boréal, après avoir passé trois jours et trois nuits d'équinoxe au fond de l'Atlantide ! Bar-Jehoudda, tiré du Guol-golta le quatrième jour, est proposé aux Juifs comme un Jonas de terre. Eh bien ! pas plus à ce point de vue qu'aux autres, il n'est dans les conditions requises, DI, n'a passé que vingt-quatre heures dans le caveau provisoire du Guol-golta ![26] Les deux autres jours, 'es avait passés en croix ! Le Joannès juif n'offrait qu'un point de ressemblance absolue avec le Joannès ninivite : il était en fuite vers l'Occident, il tournait le dos à sa destination, il manquait à sa mission, il désobéissait à Dieu, lorsqu'il fut arrêté ! Il est vrai qu'il avait fini comme Isaïe, sinon de la même mort ; mais personne alors n'a pensé à ce rapprochement. Au contraire l'imagination se tourna vers Jonas dont il avait pris le nom dans son Apocalypse. Et cette similitude, d'où toute son Assomption est sortie, s'imposait d'autant plus impérieusement qu'en son vivant il réunissait les deux prophètes connus avant lui sous le nom de Jonas, et celui qui était d'Assyrie, et celui qui, galiléen, fils d'Amathi, né à Gath-Hépher[27], tout près de Kana, dans la tribu de Zabulon, avait premier assigné au royaume d'Israël les limites qu'il eut sous David, depuis l'entrée d'Hémath jusqu'à la mer du désert d'Égypte. Ce Jonas était l'ancêtre de tous les prophètes juifs : plus ancien qu'Osée et plus ancien qu'Amos[28]. C'était un Jonas aussi que le père de Bar-Jehoudda, et le plus grand de tous ! Mais loin de se réaliser en son fils, comme il l'avait annoncé, sa prophétie ne s'était même pas accomplie dans la mesure qu'avait prédite le Jonas de Gath-Hépher : au lieu de régner éternellement sur le monde, le pseudo-christ n'avait même pas pu s'implanter en Transjordanie. Voyons d'abord ce qu'était devenu l'apologue assyrien entre les mains des Juifs avant Bar-Jehoudda, et disons que le cryptogramme, le signe talisman de Ninive, c'est le Zib du Zodiaque. Les Juifs, en s'emparant du signe, avaient adapté le conte, qu'ils donnaient comme étant du fils d'Amathi, le Jonas de Gath-Hépher. C'est un de leurs plagiats coutumiers. L'hébreu de ce conte est mêlé d'un assez grand nombre de mots chaldéens qui trahissent son origine. Ce n'est pas une raison pour croire, comme beaucoup le font, qu'il a été composé après la captivité des Juifs dans Babylone et la destruction de Ninive. Ninive existe encore, avec cent vingt mille Hébreux, et si l'apologue datait de la fin de la captivité soufferte sous les Chaldéens, il refléterait les sentiments de toute la race, lesquels manquaient de la sereine philosophie qui le couronne. Enfin, dans aucun de ces deux cas on n'aurait pu l'attribuer à Jonas, fils d'Amathi qui vécut sous quatre rois de Juda antérieurs de beaucoup à la captivité. IX. — JONAS, CHAPITRE PREMIER. La scène se passe à la veille de cette fameuse Grande année que le Iaô-Shanâ-os chaldéen annonce depuis tant de siècles, et qui est dans les desseins d'Iaô, père la lumière, depuis l'instant même où il a créé le monde. Eh bien ! Jonas, voilà le Grand jour qui arrive pour la ville-Zib ! C'est sa dernière Baleine et la tienne ! Va le lui dire ! Jonas se gratte l'oreille, car s'il a de l'amour-propre pour sa prédiction, il tient encore davantage à la vie. Primo vivere, deinde prophetizari. S'il entre dans Ninive, il sera le premier pris, il le sent bien. Il n'éprouve aucun besoin de voir la face du Seigneur. Il se dirige vers l'Occident ; Tharsis en est le terme le plus éloigné, c'est à Tharsis qu'il ira. 1. Le Seigneur adressa sa parole à Jonas, fils d'Amathi, et lui dit : 2. Levez-vous, et allez dans la grande ville de Ninive, et y prêchez, parce que la voix de sa malice s'est élevée jusqu'à moi. 3. Jonas, donc, se mit en chemin ; mais il résolut d'aller à Tharsis pour fuir de devant la face du Seigneur ; il descendit au rivage de Joppé ; et ayant trouvé un vaisseau qui faisait voile sur Tharsis, il y entra avec les autres, et paya son voyage pour aller en cette ville, et fuir de devant la face du Seigneur. Jonas, qui se croit malin en fuyant l'Orient, avec ses trois cent cinquante-neuf compagnons, est au fond un pauvre calculateur. Il devrait savoir qu'on ne fuit pas la face du Seigneur, d'autant plus qu'en s'embarquant sur le vaisseau de l'année battant pavillon du Taureau, premier signe du Zodiaque assyrien, il sera fatalement ramené par le cours du soleil à son point de départ, ce qui aura lieu à la fin du Zib, douzième signe. Et en effet, arrivé sous le Zakhûri (Verseau), il fait naufrage, quoique jusque-là il eût vogué avec insouciance, en homme qui dit connaître les décrets d'Iaô et savoir pertinemment que la colère divine tombera sur Ninive et non sur Tharsis. 4. Mais le Seigneur envoya sur la mer un vent furieux et une grande tempête s'étant élevée, le vaisseau était en danger d'être brisé. 5. La peur saisit les matelots, chacun invoqua son Dieu avec de grands cris, et ils jetèrent dans la mer toute la charge du vaisseau pour le soulager[29] : cependant Jonas trait descendu au fond du navire, et dormait d'un profond sommeil. Nous avons ici la preuve qu'à l'origine l'apologue était pas juif. S'il l'était, il n'y aurait que des Juifs à bord, lesquels, se sachant perdus par la seule présence de goym et d'incirconcis, auraient refusé de s'embarquer avec eux. Au contraire, chacun a sa religion ; mais l'apologue ayant été judaïsé, il n'y a plus qu'un Dieu sauveur, et c'est naturellement celui de Jonas, fils d'Amathi. La même prétention s'affirme dans la traversée du Gogotha : l'élément juif, composé des quatre-vingt-quatre jehouddolâtres de la mystification évangélique[30], est le seul en état de conduire le vaisseau et d'échapper au naufrage. C'est pourquoi Jonas dort si tranquillement, au plus bas du navire ; il est ansé ![31] 6. Et le pilote s'approcha de lui, et lui dit : Comment pouvez-vous ainsi dormir ? Levez-vous, invoquez votre Dieu, et peut-être que Dieu se souviendra de nous et ne permettra pas que nous périssions. 7. Ils se dirent ensuite l'un à l'autre : Allons, jetons le sort pour savoir d'où ce malheur nous a pu venir. Et ils jetèrent le sort, et le sort tomba sur Jonas[32]. 8. Ils lui dirent donc : Apprenez-nous quelle est la cause de ce péril où nous sommes : à quoi vous occupez-vous ? d'où êtes-vous ? où allez-vous ? et quel est votre peuple ? 9. Il leur répondit : Je suis Hébreu, et je sers le Seigneur, le Dieu du ciel, qui a fait la mer et la terre. 10. Alors, ils furent saisis d'une grande crainte, et ils lui dirent : Pourquoi avez-vous fait cela ? car ils avaient su de lui-même qu'il fuyait de devant la face du Seigneur. 11. Ils lui dirent donc : Que vous ferons-nous pour nous mettre à couvert de la violence de la mer ? car les vague s'élevaient et se grossissaient de plus en plus. Jonas est assyrien, il est l'auteur de la prophétie que connaissent tous les passagers de la barque proto-jubilaire, En nous trompant sur l'origine de Jonas, le scribe juif enlève tout le sel de l'apologue. Non contents de s'attribuer le bénéfice des Sorts chaldéens par l'institution des Phurim[33], les Juifs s'en attribuent ici l'invention, c'est trop. Jonas sait très bien que du Verseau il tombera dans la Baleine de Ninive et que la Baleine le sauvera. C'est pourquoi il fait aux passagers la proposition que voici : 12. Jonas leur répondit : Prenez-moi, et me jetez dans la mer, et elle s'apaisera ; car je sais que c'est à cause de moi[34] que cette grande tempête est venue fondre sur vous. 13. Cependant, les matelots ramaient afin de gagner la terre ; mais ils ne le pouvaient, parce que la mer s'élevait de plus en plus et les couvrait de ses vagues. 14. Alors, ils crièrent vers le Seigneur, et lui dirent : Nous vous prions, Seigneur, que la mort de cet homme ne soit pas cause de notre perte ; et ne faites pas retomber sur nous le sang innocent, parce que c'est vous-même, Seigneur, qui faites en ceci ce que vous voulez[35]. 15. Et ils prirent Jonas, et le jetèrent dans la mer ; et elle s'apaisa aussitôt. 16. Alors ces hommes coururent pour le vrai Dieu une frayeur pleine de respect ; ils immolèrent des hosties au Seigneur et firent des vœux. En un mot ils célèbrent la fête des Phurim, et ils ne Peuvent faire autrement puisque l'adaptateur les a dit Juifs. Le vrai dieu, ce n'est plus celui des Assyriens, c'est celui de leurs plagiaires ! La propriété, c'est le vol ; et le vol, c'est la propriété ! Mais, malgré tout, c'est le signe du Jonas d'Assyrie, c'est la Baleine de Ninive qui va sauver le Jonas juif. Après trente jours de navigation sous ce Poisson, Jonas a fini par tomber dedans. Cela se passe très exactement le 14 nisan, dernier jour d'une année dont nous ne connaissons pas la date, mais qui est proto-jubilaire, comme celle des baptêmes christiens et de la traversée du Gogotha[36]. Nous sommes d'autant plus certains de ne pas nous égarer que, sous le nom d'Hercule, il est arrivé au Soleil ce qui arrive ici à Jonas, et dans les mêmes parages, à Tharsis, l'ultima Thulé de l'Occident. Vous savez qu'Hercule a renouvelé sur terre les douze travaux célestes que lui assigne la sphère des Mages ; il a dompté tour à tour les monstres des douze signes et des constellations figurées : Lion de Némée, Taureau, Centaure ou Sagittaire, Cerbère ou Chien, Typhon ou le Serpent, nous passons les autres pour ne point humilier Jonas. C'est dire qu'il a eu affaire au Zib, mais à la différence de Jonas il n'a invoqué personne pour s'en tirer. S'il a sauté tout armé dans la Baleine à qui il avait ouvert les colonnes d'Hercule, s'il y est resté trois jours et trois nuits, c'est avec la certitude d'en sortir sain et sauf, sans autre incommodité qu'une perte de chevelure[37] dans le genre de celle de Samson[38], perte peu sensible et facilement réparable. Iaô a donc permis que son serviteur Jonas renouvelât le douzième et dernier exploit d'Hercule et profitât de l'équinoxe pour pénétrer les mystères de l'au-dessous. C'était une idée reçue, et elle provient de la Genèse chaldéenne, qu'ayant été créé le quatrième jour seulement, le Soleil ou, si vous aimez mieux, Hercule, était arrêté au passage pendant trois jours lors du renouvellement dé l'année. On expliquait le phénomène de la précession équinoxiale par une arrestation momentanée, une rétrogradation même. Nous l'expliquerons à notre tour, et sur les mêmes données, lorsque nous en viendrons Li l'arrestation de Jésus au Mont des Oliviers et à la fuite des douze signes personnifiés dans les apôtres. Car le Fils de l'homme de l'Apocalypse, c'est l'Hercule juif, et Jésus, c'est ce mythe en action. Ne vous étonnez pal qu'on ait ressuscité Bar-Jehoudda le quatrième jour ; Jonas, à l'imitation d'Hercule, en avait déjà fait autant De même Jehoudda et son frère dans l'Apocalypse[39] et Eléazar dans l'Evangile de Cérinthe[40]. Matthieu nomme la Baleine comme ayant hébergé Jonas, — d'où il suit que c'était le douzième signe du Zodiaque assyrien, plutôt que le Poisson austral (Fomalhaut, étoile de première grandeur). Le Poisson austral ou Piscis Magnus avait servi de signe avant les deux petits Poissons actuels. Eratosthène dit de lui : le Grand Poisson dont naquirent les Poissons. On n'a pas toujours distingué aussi bien qu'aujourd'hui entre le Poisson austral, poisson sud de la constellation des Poissons, et la Baleine ou Kêtos qui est tout auprès. Les Hindous donnent le nom de Kettong (Baleine) au douzième signe de leur Zodiaque, et nous avons là la preuve que les Ninivites avaient fait comme eux. X. — JONAS, CHAPITRE II. 1. Dieu fit en même temps qu'il se trouva là un grand Poisson qui engloutit Jonas ; il demeura trois jours et trois nuits dans le ventre de ce Poisson 2. Où, adressant sa prière au Seigneur son Dieu, 3. Il lui dit : J'ai crié vers le Seigneur dans le fort de mon affliction, et il m'a exaucé ; j'ai crié du fond du tombeau, et vous avez entendu ma voix[41]. 4. Vous m'avez jeté au milieu de la mer jusqu'au fond des eaux ; j'en ai été inondé de toutes parts ; toutes vos vagues tous vos flots ont passé sur moi ; 5. Et j'ai dit en moi-même : Je suis rejeté de devant vos yeux ; mais néanmoins, je reverrai encore votre Temple saint[42]. 6. Je me suis vu à l'extrémité parmi les eaux qui m'environnaient ; l'abîme m'a enveloppé de toutes parts ; les flots de la mer ont couvert ma tête. 7. Je suis descendu jusques aux racines des montagnes ; je me vois comme exclu pour jamais de la terre par les barrières qui m'enferment, et vous préserverez néanmoins ma vie de la corruption, ô Seigneur, mon Dieu[43] ! 8. Dans la douleur profonde dont mon âme a été saisie, je me suis souvenu de vous, Seigneur : que ma prière monte jusqu'à vous, jusqu'en votre Temple saint ! 9. Ceux qui s'attachent inutilement à la vanité abandonnent la miséricorde qui les aurait délivrés. 10. Mais moi, je vous offrirai des sacrifices avec des cantiques de louanges ; je rendrai au Seigneur tous les vœux que j'ai faits pour mon salut[44]. 11. Alors le Seigneur commanda au Poisson, et celui-ci jeta Jonas sur le bord. Il n'en pouvait être autrement, et le conte assyrien nous épargnait certainement cette jérémiade imitée des Psaumes de David. Le bord sur lequel la baleine rejette Jonas, c'est le bord de l'hémisphère boréal. En trois jours et trois nuits ce héros solaire a fait le tour du monde par dessous, et il est revenu dans Ninive. Il est sorti vivant, plus vivant que jamais, de ce Poisson qui l'avait entraîné si loin sous les eaux australes qu'on doutait à Ninive de le revoir jamais. Ressuscité après cette passion, disons cette pâque, ce passage équinoxial du printemps, Jonas fera par reconnaissance le devoir devant lequel il avait reculé par peur : il annoncera le Grand Jour dans Ninive. Mais c'est un simple farceur, car l'échéance cyclique est déjà passée depuis trois jours, il n'arrivera rien cette année-là. Il est sorti du Poisson sans encombre, et dans quatre autres jours la septmaine pascale sera finie. Mais puisque Iaô lui ordonne d'annoncer la fin du monde, il dira que c'est pour la Pentecôte. XI. — JONAS, CHAPITRE III. 1. Le Seigneur parla une seconde fois à Jonas et lui dit : 2. Levez-vous et allez dans la grande ville de Ninive, et prêchez-y ce que je vous ordonne de leur dire. 3. Jonas partit aussitôt, et alla à Ninive, selon l'ordre du Seigneur : Ninive était une grande ville qui avait trois jours chemin. 4. Et Jonas y étant entré, y marcha pendant un jour[45] ; et il cria en disant : Encore quarante jours et Ninive sera détruite. 5. Les Ninivites crurent à la parole de Dieu ; ils ordonnèrent un jeûne public et se couvrirent de sacs, depuis le plus grand jusqu'au plus petit[46]. 6. Cette nouvelle ayant été portée au roi de Ninive, il se leva de son trône, quitta ses habits royaux, se couvrit d'un sac, et s'assit sur la cendre. 7. Il fit crier partout et publier dans Ninive cet ordre, comme venant de la bouche du roi et de ses princes : Que les hommes, les chevaux, les bœufs et les brebis ne mangent rien ! Qu'on ne les mène point aux pâturages, et qu'ils ne boivent point d'eau ! 8. Que les hommes et les bêtes soient couverts de sacs, et qu'ils crient vers le Seigneur de toute leur force ! Que chacun se convertisse, qu'il quitte sa mauvaise voie et l'iniquité dont ses mains étaient souillées ! 9. Qui sait si Dieu ne se retournera point vers nous pour nous pardonner ; s'il n'apaisera point sa fureur et sa colère, et s'il ne changera point l'arrêt qu'il a donné pour nous perdre ? 10. Dieu donc considéra leurs œuvres, il vit qu'ils étaient convertis en quittant leur mauvaise voie, et la compassion qu'il eut d'eux l'empêcha de leur envoyer les maux qu'avait résolu de leur faire. De toutes les ordonnances du roi d'Assyrie la plus curieuse assurément est la défense de boire, étendue même aux bêtes. C'est par le feu que le monde doit finir selon les prophéties de Jonas, il n'y aura jamais trop d'eau ce jour-là ! Car celui qui viendra après le baptisera dans le feu et dans l'Esprit-Saint ! Mais le roi d'Assyrie est moins atroce que l'auteur de l'Apocalypse jordanique : il n'envoie pas d'anges en Occident pour empoisonner les fontaines[47] ! De son côté, le Jonas chaldéen ne demande pas à être sacré roi par des gens qui ne veulent pas de lui. Ancêtre des Zibdéens, organe du Pêcheur d'hommes, inventeur du baptême assyrien, Jonas n'est pas malhonnête, il n'offre aucun moyen de sauver les Ninivites, il ne leur vend pas le salut en échange de la couronne. C'est un imbécile, si l'on veut, ce n'est pas un charlatan, il ne promet pas aux Chaldéens qu'ils régneront mille ans sur la terre enjuivée, il ne menace pas sous condition, il ne tue pas, il ne vole pas pour imposer cette théorie à ses compatriotes, il ne fait pas appel aux plus bas sentiments de la nature humaine, à la division dans les familles, à la haine de l'étranger ; il n'a aucune noirceur d'âme, il ne trahit pas son pays, il n'incendie pas, il ne commet pas de crimes publics comme le scélérat que le sanhédrin a condamné. La Pentecôte est venue, Iaô n'a point fait sa pêche d'hommes, et il a permis que les Ninivites repentants fissent leur moisson encore une fois, n'ayant point jugé qu'ils fussent prêts à le voir en face. Tout est pour le mieux. Néanmoins Jonas est piqué, il a de l'humeur, il va passer pour un mauvais prophète, s'il ne retourne immédiatement sa veste. C'est ce qu'il fait : après avoir annoncé tout le contraire de ce qui est arrivé, il se flattera d'avoir tout prévu, en même temps qu'il accusera Iaô de lui avoir fait manquer sa prophétie. Il le brave maintenant ! La vie, il s'en moque ! Pour un rien il se suiciderait ! XII. — JONAS, CHAPITRE IV. 1. Alors Jonas fut saisi d'une grande affliction, et il se fâcha ; 2. Et, s'adressant au Seigneur, il lui dit : Ô mon Dieu, n'est-ce pas là ce que je disais lorsque j'étais encore dans mon pays[48] ? C'est ce que j'ai prévu d'abord, et c'est pour cela que j'ai fui à Tharsis ; car je savais que vous êtes un Dieu clément, bon, patient, plein de miséricorde, et qui pardonnez les péchés des hommes. 3. Je vous conjure donc, Seigneur, de retirer maintenant mon âme de mon corps, parce que la mort m'est meilleure que la vie. 4. Le Seigneur lui dit : Croyez-vous que votre colère soit bien raisonnable ? Non certes, elle ne l'est pas. Jonas le sent, il va cacher sa honte et sa bouderie hors de la Ville-Poisson où l'on se rit de ses oracles en fêtant la bonté du Seigneur. D'ailleurs on verra bien ! Ce qui n'est pas venu sous le Taureau ni à la Pentecôte, peut encore venir au solstice, sous le Tharthak-Thakthar[49]. Mais cet homme qui prévoit tout, n'a pas prévu la canicule, et sans cette bonté divine dont il se plaint quand elle ne lui profite pas personnellement, il périrait. 5. Jonas sortit ensuite de Ninive, et s'assit du côté de l'Orient ; il se fit là un petit couvert de feuillage, où il se reposa à l'ombre, jusqu'à ce qu'il eût vu ce qui arriverait à la ville. 6. Le Seigneur Dieu fit naître alors un lierre[50] qui s'éleva au-dessus de la tête de Jonas pour lui faire ombre, et pour le mettre à couvert, parce qu'il était fort incommodé de chaleur ; ce qu'il reçut avec une extrême joie. 7. Le lendemain, dès le point du jour, le Seigneur envoya un ver qui, ayant piqué la racine du lierre, le rendit tout sec. 8. le soleil s'étant levé, le Seigneur fit souffler un vent chaud et brillant ; et le soleil frappa sur la tête de Jonas, qui tomba dans un abattement extrême, et demandait à mourir en disant : La mort m'est meilleure que la vie. 9. Alors le Seigneur dit à Jonas : Pensez-vous avoir raison de vous fâcher pour ce lierre ? Jonas lui répondit : J'ai raison de me fâcher jusqu'à souhaiter la mort ! 10. Le Seigneur lui dit : Nous vous fâchez pour un lierre qui ne vous avait point coûté de peine, qui a crû sans vous, qui est né en une nuit, et qui est mort la nuit suivante. 11. Et moi je ne pardonnerais pas à ta grande ville de Ninive, où il y a plus de cent mille personnes qui ne savent discerner leur main droite d'avec leur main gauche, et un grand nombre d'animaux ? Et d'où leur vient cette grâce ? Des Poissons ! On comprend que les Juifs aient renversé les sorts chaldéens et qu'ils se soient emparés de ce signe. Je ne voudrais pas désobliger les exégètes sacrés, mais je profite que je n'en suis point pour dire qu'ils n'ont jamais rien compris à ce petit drame astrologique d'une simplicité qui dessille les yeux des plus rebelles, et moins encore, s'il est possible, à la similitude que les évangélistes instituent entre le prophète assyrien le Joannès juif. Cette similitude, ils ne l'ont point cherchée, elle s'est imposée à eux. Les deux révélateurs invoquaient le signe. Tous les deux ont été avalés, l'un par le Guol-marra[51], l'autre par le Guol-golta, dans le même signe, le Zib, et à la même date, le 14 nisan, car le Poisson assyrien était lui-même depuis trois jours et trois nuits dans la gueule du Taureau[52] lorsqu'il déposé Jonas au bord du Tigre. Vous devez savoir, es effet, que dans le Zodiaque assyrien le Taureau crucifié fait sa nourriture du Poisson pendant trente jours. Voulez-vous me dire maintenant quelle différence chronométrique vous faites entre Jonas, qui après avoir passé trois jours dans son poisson, se retrouve à Ninive le quatrième, et Joannès qui resté trois jours dans le Ghé-Hinnom, en sort le quatrième ? Quand vous en aurez trouvé une, si légère soit-elle, je la signalerai dans la millième édition de ce livre, car votre incoercible amour de la vérité le poussera jusqu'à la millième, j'en suis convaincu. Toutefois, les imposteurs ecclésiastiques, notamment les auteurs des Actes des Apôtres[53], sont revenus sur l'ancien dispositif dans lequel le Joannès était enlevé du tombeau le quatrième jour ; mais liés par la similitude qui s'était imposée aux évangélistes, ils l'ont étendue au mythe de Jésus lequel, à l'instar de Jonas autour de Ninive, reste quarante jours autour de Jérusalem, se nourrissant de miel et de poissons[54] : de miel, parce que la Parole céleste est douce comme lui, et de poissons, parce que dans le Zodiaque judaïque les Poissons composent la nourriture exclusive de l'Agneau crucifié. La ressemblance était d'autant plus frappante que leur nom était le même ; et qu'en des temps différents ils avaient prêché la même Apocalypse, Jonas sur Ninive, Joannès sur Jérusalem, tous deux annonciateurs d'un Renouvellement du monde, l'un au bord du Tigre, l'autre au bord du Jourdain, et semblables en ceci que, Dieu n'étant pas venu à leur appel, ils avaient fait une faillite éclatante ! C'est à Joppé que Jonas s'embarque pour Tharsis. C'est sur le même rivage que Joannès avait aperçu la terrible Bête aux sept têtes qui avait fait alliance avec Satan contre les Juifs[55]. C'est vers ce même port que le 13 nisan 788 il se dirigeait, fuyant la cavalerie de Pilatus et espérant trouver une barque qui cette fois eût été celle du salut. De même que Jonas avait invoqué Dieu du fond de l'abime marin[56], Joannès lui avait posé sur la croix une question à laquelle il ne répond jamais quand il s'agit d'un païen, et à laquelle il répond toujours quand il s'agit d'un juif : Éloï, Éloi, lamma sabbachtani ; mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? Et en lui envoyant Jésus pour le tirer du Guol-golta, les évangélistes lui avaient montré que Dieu avait entendu. Le conte ne dit pas ce qu'est devenu Jonas après la paternelle semonce que Iaô lui adresse, mais nous le savons par l'Évangile, il est devenu Joannès. Sympathique à Ninive, le prophète ne l'est pas du tout en Judée. C'est un fort méchant homme, et s'il n'y avait pas le revenu du baptême où toute la race est intéressée, Jésus pourrait l'abandonner au jugement des païens eux-mêmes, ce qui est le comble du mépris. Le point de départ de la mystification évangélique, c'est donc Joannès ressuscité à l'instar de Jonas. Vous ne me croyez pas sous le vain prétexte que je ne suis pas juif et que je n'ai pas le caractère sacré ; peut-être croirez-vous Jésus, quoiqu'en général vous vous y refusiez lorsqu'il dit la vérité. XIII. — LE POISSON DE JONAS ET LES HERMÉNEUTES. Vous préférez croire que Jonas a été avalé par poisson gigantesque dans lequel il est resté trois jours et trois nuits, et qu'échoué vers Tharsis, entre les colonnes d'Hercule, il s'est retrouvé le quatrième jour sur les bords du Tigre ? C'est en effet l'opinion des exégètes sacrés, voire de ceux qui se livrent à l'herméneutique, cette science, disent-ils, qui a pour objet de donner une connaissance exacte des Livres Saints et de tracer des règles pour en chercher le véritable sens. Conclurons-nous contre l'herméneutique sans en exposer loyalement l'argumentation ? A Dieu ne plaise ! Sachez d'abord que, pour les herméneutes, ce que nous avons considéré jusqu'ici comme un apologue est une histoire authentique, on n'en peut douter que dans la mauvaise intention de renverser tous les fondements du catholicisme. Il est juste de reconnaître que l'histoire repose tout entière sur le poisson de Jonas, et que, si ce poisson n'a pas existé, s'il n'a pas avalé, conservé, promené son hôte pendant trois jours et trois nuits, si, dans cet intervalle relativement court, il n'a pas doublé le cap de Bonne-Espérance, s'il n'est pas entré dans l'Océan Indien, s'il n'a pas remonté le Tigre depuis l'embouchure jusqu'à Ninive et déposé Jonas sain et sauf devant le roi et tout le peuple d'Assyrie, il n'y a plus qu'a déchirer les Évangiles : Bar-Jehoudda ne peut être consubstantiel au Père que si Jonas l'est également. Car c'est être consubstantiel Père que de ressusciter après trois jours et trois nuits ; et tel est le cas de Jonas qui, ayant vécu au temps du roi Phul, du moins selon les herméneutes, a devancé de plusieurs siècles le Joannès de Gamala. Néanmoins je ne demande pas qu'on adore Jonas, — cela ne se peut, puisqu'il n'était pas juif, — je remarque simplement, c'est mon devoir de chronologiste, qu'il constitue un précédent sans lequel la résurrection de Bar-Jehoudda, quoique juif, est impossible. Nous admettons donc que les herméneutes ont sagement fait en concentrant tous leurs efforts sur ce cas ancestral. En effet, que peut-on opposer à la vérité historique du cas de Jonas ? Presque rien. Dans ce siècle déplorable se sont élevés des hommes qui, usurpant le beau nom d'exégètes ou de philosophes, ont renouvelé avec une incroyable audace les arguments fallacieux des anciens ennemis du christianisme, cachant adroitement les victorieuses réponses qui y avaient été faites, les altérant ou les affaiblissant avec une adresse perfide ! Sur les sophismes déjà connus entassant des sophismes nouveaux, ils ont présenté au monde les Livres saints comme autant de fables inventées pour le tromper ! De ce nombre sont ceux qui attentent, mais vainement, à l'historicité, si bien établie pourtant, de la résurrection de Jonas. Dans leur humeur contentieuse ces Thersites attaquent surtout la baleine — non en face et dans son élément, ils n'oseraient ! mais de loin —, par de petits quolibets hérétiques et sournois. Au lieu de combattre front à front, ils se tiennent prudemment sur la rive où ils s'excitent par des plaisanteries faciles, les uns niant la baleine comme ils nient tout, les autres l'admettant, mais contestant que le miracle dont elle est le moyen ait une fin digne de Dieu, d'autres elle invoquant contre le miracle lui-même la constitution de ce cétacé. Que disent ceux-là ? Que la dimension de son gosier où le hareng ne pourrait s'insinuer que par des ruses interdites à son intelligence, la rend incapable d'avaler un homme de taille élevée et majestueuse, comme doit être un prophète ; que sa masse lui défend d'approcher assez du rivage pour y déposer son hôte, et qu'au surplus elle n'habite point la Méditerranée au fond de laquelle cet épisode s'est déroulé à la barbe de toutes les autres baleines. Les malheureux ! Mais c'est précisément dans toutes ces impossibilités que git le miracle ! Rien n'est impossible à Dieu. Il s'agit ici d'une baleine qui lui est consubstantielle dans une mesure suffisante pour permettre à un élu d'y séjourner pendant soixante-douze heures ; et le sens hospitalier qui dilate les cœurs a pu communiquer à son gosier l'élasticité temporaire dont Jonas s'est accommodé d'autant mieux qu'il y a dans la vie des moments où on n'a pas toutes ses aises. Et qui sait si la preuve de flexibilité qu'elle a fournie jour-là n'a pas conduit l'observateur à tirer de ses fanons la souple armature des corsets et des parapluies ? Ainsi tomberaient peu à peu, si on les soumettait à l'esprit de foi, les misérables chicanes qu'on fait à Dieu pour cette baleine, car lorsqu'il choisit une baleine pour l'exécution de ses desseins, c'en est une qui sait se plier à toutes les exigences de son Créateur. Au surplus s'agit-il bien d'une baleine ? Ni le texte hébreu de Jonas ni la Vulgate ne déterminent l'espèce du poisson dans lequel Jonas est entré. Matthieu, il est vrai, nomme le Kêtos, mais par extension ne peut-on l'entendre d'un poisson qui, sans être la baleine, mérite de lui être comparé par sa grosseur ? Ce pourrait donc être le carnis carcharia, ou le lamia, le requin. N'a-t-on jamais vu les requins avaler des hommes ? Et objectera-t-on qu'en général ils ne les rendent pas ? Cependant Miller raconte qu'en 1759 de l'Erreur christienne lui matelot tombé à la mer disparut sur le champ (ou mieux sur l'eau), dans la vaste gueule d'un requin, comme dans un précipice ; mais que le monstre, ayant reçu dans le moment même un coup de fusil bien appliqué, rendit le matelot qu'il avait avalé, lequel en fut quitte pour de légères blessures[57]. Or ce requin dont on parvint ensuite à s'emparer avait dix coudées de long sur quatre de circonférence. N'a-t-on pas pris à Nice, Marseille, des requins dans l'estomac desquels on a trouvé des hommes tout entiers, et même un homme tout armé ? Ces hommes y étaient morts, parce qu'en tombant dans leur gueule ils ne se proposaient pas une fin digne de Dieu, ou que Dieu ne se proposait pas en eux une fin digne de lui. Mais Jonas ? Soutiendra-t-on contre les herméneutes qu'après trois jours et trois nuits il avait subi un commencement de digestion de la part de la baleine ? Dieu ne l'aurait po choisi s'il ne l'avait pas estimé idoine à cette épreuve ! Il n'était pas plus difficile à Dieu de le conserver soin et sauf dans l'estomac d'un poisson que de préserver les trois jeunes Hébreux de l'atteinte des flammes dans la fournaise de Babylone, et qu'il ne lui est de faire vivre les enfants neuf mois dans le sein de leurs mères. Celui qui n'aurait jamais entendu dire qu'un enfant vit et se développe dans le sein de sa mère, pourrait raisonner comme ceux qui s'appuient sur cette objection pour nier le séjour de Jonas dans le ventre du monstre marin. Ce poisson d'ailleurs ne devait pas pouvoir digérer si promptement un homme plein de vie, qui s'agitait et qui était couvert de ses vêtements ; et en respirant il fournissait à Jonas lui-même un air salutaire[58]. Tout le monde, en effet, sait la bienfaisante influence qu'exerce l'air marin sur les organismes débilités. Au fond, ce que Jonas a fait dans ce sanatorium, c'est une cure. Si son requin avait avalé une morue quelques jours auparavant et distillé convenablement l'huile essentielle que produit le foie de ce poisson, Jonas s'est présenté sous les murs de Ninive dans des conditions hygiéniques bien supérieures à celles où il était quand il s'est embarqué pour Tharsis. La seule chose que nous puissions reprocher aux herméneutes, c'est de n'avoir pas vu que le requin était transparent et projetait des rayons lumineux d'une puissance incalculable. Ce phénomène n'étonnera personne. Étant donné les réserves de phosphore que conçut l'élément marin, rien n'a été plus facile à Dieu que d'éclairer l'intérieur du requin, et à Jonas que de voir, comme il le dit si bien, le jeu des flots et les racines montagnes[59]. Car le texte est formel : ou Jonas n'est pas entré dans le requin, ou il a vu à travers. Nous pensons qu'il a pu faire l'un et l'autre, surtout si l'on considère que d'assyrien il était devenu juif en chemin. Que disent encore les détracteurs de la foi ? Que pour mettre le cas de Jonas au nombre des événements historiques, il faudrait que les auteurs profanes lui eussent, de leur côté, fait l'honneur de l'y inscrire. C'est subordonner les œuvres de Dieu à des témoignages qui, n'étant point juifs, sont par cela même irrecevables. Le sentiment de ceux qui voient dans l'histoire de Jonas une simple parabole est contredit par tous ses caractères, tels que les noms propres, comme celui de Joppé où Jonas entre dans le navire ; celui de Tharsis où il avait l'intention d'aller ; celui de Ninive où il a réellement prêché, et plusieurs autres détails circonstanciés qui ne sont pas du genre des paraboles. Car les paraboles, suivant la définition de saint Chrysostome, sont des récits où l'on introduit des faits comme exemples, mais où l'on supprime les noms propres. On n'y trouve pas celui du roi d'Assyrie ; son règne fut sans doute éphémère et sans relief. — Cependant il a été marqué par un miracle dont la résurrection de Bar-Jehoudda en qu'un vulgaire décalque. — Et puis cette lacune, ainsi que le silence des auteurs profanes, ne saurait être invoquée contre l'authenticité de cette histoire. En sommes-nous là vraiment, et sommes-nous descendue si bas qu'il faille contester la vérité d'une chose, parce qu'il a plu à des païens de la taire pour n'avoir pas à chanter la louange de Dieu ? Ce silence a sa source dans l'ignorance où ils ont vécu des faits particuliers à la petite nation juive et parmi lesquels sont les miracles. Et puis, la plupart du temps, c'est une tactique inspirée par les sentiments les plus vils ! Ils se sont tus même sur les événements dont ils avaient connaissance, quand ces évènements avaient pour objet de préparer le monde à la venue de Jésus ! Ils se sont tus par mépris des Juifs, ou simplement par incrédulité, disposition d'esprit plus condamnable encore ! Veut-on une preuve d'historicité qui dispense de toutes les autres ? Jésus-Christ n'aurait pas donné l'exemple de Jonas comme un fait réel et certain, si jamais pareille chose n'était arrivée ! Cessez donc de blasphémer, et humiliez-vous devant la face sacrée du juif coéternel et consubstantiel au Père ! XIV. — OBJECTION À L'HERMÉNEUTIQUE SACRÉE. Il est un point toutefois où nous ne pouvons suies les herméneutes sans nous exposer aux plus graves reproches, et même à la disqualification, de la part des mathématiciens. Appuyés sur les deux passages de Lue dans lesquels il est dit, à l'encontre de Matthieu, que Bar-Jehoudda est ressuscité le troisième jour[60], les herméneutes disent aujourd'hui qu'il en est de même de Jonas rendu à la vie par son poisson. Or vous avez entendu Matthieu : De même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du kêtos, ainsi le fils de l'homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits[61]. Et vous avez entendu Jonas : Il demeura trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson[62]. Nous ne saurions admettre que sous le prétexte d'honorer incidemment Luc, qui en dépit de toute son autorité ne fut point apôtre, les herméneutes s'insurgent contre Matthieu, qui l'est ; ils diminuent ainsi, dans un but intéressé, le mérite de réceptivité qu'ont eu la mer à l'égard de Jonas et la terre à l'égard de Bar-Jehoudda. Car ce n'est pas le troisième jour, c'est le quatrième, qu'à l'exemple de Jonas sorti du Guol-mara, Joannès fut tiré du Guol-golta. Ne diminuons pas Dieu dans ses œuvres ! Nous savons bien que l'Église est au-dessus de Dieu, et qu'elle peut allonger ou raccourcir les temps à son gré, sans que Dieu lui-même ait rien à y voir ; nous entendons bien qu'avouer les trois jours et trois nuits du Guol-golta, c'est ruiner toute la religions, puisque le christ est en croix lorsque Jésus institue l'Eucharistie ; mais l'arithmétique, jointe au respect que nous avons pour les textes apostoliques, nous empêche de nous associer à tout calcul tendant à restreindre la durée d'un miracle. Nous le voulons tel que Dieu l'a voulu. Pierre lui-même le dit : Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes[63]. L'Église romaine ajoute : A Pierre qu'à Jésus. Mais moi, je tiens irrévocablement pour Jésus, il doit savoir ce qui s'est passé, puisqu'il est le revenant du Juif coéternel et consubstantiel au Père. L'Église a falsifié le compte qu'il fait dans le dispositif original. XV. — LES ANCÊTRES DU POISSON DE JONAS. Ma foi est donc de qualité supérieure à celle des herméneutes, car s'ils se sont rejetés sur le requin, c'est pour avoir trop tôt désespéré de la baleine. Nous avons plus de persévérance, et nous n'abandonnons pas aussi facilement les cétacés pour les squales. Lucien de Samosate, qui a connu et la fable de Jonas et même la similitude que les apologistes juifs ont instituée entre leur Joannès et le prophète ninivite, Lucien a intimement connu la Baleine, mère du Piscis magnus, père des Poissons assyriens ; il l'a habitée sous Marc-Aurèle, un siècle et demi après l'enlèvement du Guol-golta ; il a écrit la narration de ce séjour[64], qui avait laissé dans son esprit curieux une trace ineffaçable. Il est très vrai qu'il nous exhorte à n'y ajouter aucune foi. Cela tient sans doute à ce qu'ayant compose le traité De la manière d'écrire l'histoire, il s'est trouvé lié par la règle qu'il y établit de tout sacrifier à la vérité, pris en quelque sorte dans ses propres filets. Mais puisque l'herméneutique nous délivre de ce scrupule païen, nous soutiendrons contre Lucien lui-même l'authenticité de ses rapports avec la Baleine de Jonas. Et d'abord il est constant qu'après avoir déposé Jonas sous les murs de Ninive, la Baleine était revenue à son point d'attache occidental, c'est-à-dire au delà des colonnes d'Hercule où Jonas a été jeté à la mer et où Lucien dit s'être embarqué pour voguer sur l'Océan d'Hespérie. En vain avoue-t-il qu'il s'inspire de certains contes merveilleux éclos spontanément sous le soleil de l'Inde, ce pays fabuleux où la Baleine personnifie le douzième signe du Zodiaque ; nous ne l'écoutons point. En effet il était accompagné de cinquante témoins qui, en dépit de leur origine païenne, deviennent croyables, puisqu'ils déposent d'un fait déjà consigné dans une Écriture juive. Ils ont vécu à bord de la même baleine que Jonas ; et selon la méthode scientifique qui prévaut aujourd'hui dans les ouvrages d'érudition ils ont mesuré cette reine incontestée de tous les poissons d'alentour : elle avait cinq cent mille stades. On refusera peut-être de me croire, dit Lucien, mais on ne m'empêchera pas de le dire. Elle était telle ouverte représente la sphère des Mages ; la gueule ouverte, elle montrait dans la blanche écume des flots une rangée de dents plus blanches encore, et d'un trait elle avala le vaisseau qui portait Lucien et ses compagnons. Ainsi tombent devant les dimensions relevées sur place, par des gens qu'on ne peut suspecter de partialité, toutes les objections formées contre l'étroitesse de son gosier. Elle était de taille à contenir une ville de dix mille habitants, une forêt, un temple dédié à Neptune, quantité d'épaves, et ce qui nous touche particulièrement pour l'alimentation de Jonas, du vin, de l'eau douce, d'excellents poissons que Lucien fit cuire, des huîtres, des oiseaux et de la venaison. Et même il rencontra des Chypriotes qui, portés en trois jours dans la mer Océane par la tempête, avaient fait naufrage dans la baleine et ne s'en trouvaient pas plus mal, car ils étaient là depuis vingt-sept ans. Lucien lui-même y passa plus de vingt mois. Il cite le nom d'un notable qui s'appelait Scintharus. Et maintenant qu'importe qu'on ignore celui du roi d'Assyrie au temps de Jonas. C'est une bien faible lacune en présence de cette documentation abondante, grâce à laquelle il n'est plus permis à un exégète sérieux de s'inscrire en faux contre le miracle de Jonas. Au surplus, si Lucien n'avait pas commis l'inutile cruauté de mettre le feu à la baleine pour en sortir, elle attendrait encore à Tharsis les infortunés voyageurs que les vents entraînent dans son étroit gosier de Gibraltar. XVI. — BAR-JEHOUDDA PLAGIAIRE DE L'APOCALYPSE ASSYRIENNE. Je ne vous propose pas d'adorer Lucien, quoique pour la durée du séjour dans la baleine il soit à Jonas dans la proportion de six cents à trois. Vous n'avez même pas voulu adorer Jonas avant qu'il ne fût juif et qu'il n'eût changé d'époque ; et Lucien n'était que Syrien. Toutefois nous pouvons entendre les Poissons comme témoins, car avant de passer en Judée où ils ont valu à Jehoudda le nom de Zibdéos, de Zakhûri ou de Baal-Zib-Baal, et donné à Jésus dans la fable l'idée d'appeler ses fils les pécheurs d'hommes, les Poissons de Ninive s'ébattaient librement en Phénicie et en Syrie. Le mythe de Jonas dans sa baleine n'est point particulier aux Juifs araméens qui ont fabriqué l'apothéose du Joannès baptiseur, puisqu'il repose sur le millénarisme assyrien. Le succès de l'Apocalypse et plus tard des Évangiles en Syrie tient à ce que les païens de cette contrée étaient beaucoup mieux préparés à la thèse baptismale que les Juifs de Jérusalem. Christiens à leur manière, leur année religieuse dans le plus célèbre de tous leurs temples, celui d'Hiérapolis, n'était qu'une longue Apocalypse jouée par des idoles. Lorsque les Juifs se firent marchands de christ, ils trouvèrent acheteur parmi les Syriens. Pour flatter Sémiramis, la grande reine de Babylone, les Assyriens disaient qu'elle était fille de Dercéto, la déesse-poisson[65], et Dercéto était la moitié féminine de Dagon le dieu-poisson, celui que l'Évangile appelle Baal-Zib-Baal. Les statues qu'elle avait en Phénicie la représentaient femme jusqu'au bassin et poisson depuis les cuisses. Vénus sortant de l'onde est une Dercéto qui a perdu ses écailles. Le temple d'Hiérapolis de Syrie avait été dédié à Dercéto, et ceux qui y adoraient cette divinité l'honoraient en s'abstenant de poisson. Au cours des temps l'affectation du temple avait changé pour rentrer dans la formule astrologique du millénarisme auquel Jehoudda avait emprunté les grandes lignes de son système. Des statues magnifiques représentaient les trois personnages principaux de l'Apocalypse, et d'abord la Junon assyrienne, Ichtar, la Vierge montée sur le Lion, sixième signe, la tête couronnée de rayons, portant une tour, et ceinte du diadème sidéral dont les anciens ne décoraient ordinairement que le front d'Uranie, par conséquent enfermant les douze signes. C'est la Reine des cieux sous les espèces de qui le Joannès a représenté sa mère dans la révélation où il se fait roi du monde. Jupiter, à qui les fidèles donnaient un autre nom — Iaô, Ieou, dont les Juifs ont fait Iahvé, — était porté sur le Taureau, le premier signe des Assyriens et des Mithriastes, converti en Agneau par les Juifs. C'est le Père tel que l'a vu le Joannès, à la différence du nom du signe qu'il a déterminé pour la fin du Diable. Entre les deux statues il s'en trouvait une troisième, d'or également, dont le sens était fort mystérieux pour un étranger de passage à Hiérapolis, mais qui eût paru fort clair au Joannès juif si la Loi lui eût permis d'arrêter les yeux sur une idole. C'était celle du Fils de l'homme, du Jésus assyrien. On l'appelait simplement le Sèméion, le Signe, évitant de lui donner un nom, de dire son origine et le rôle qu'il jouait dans cette mythologie figurée. Les profanes en étaient réduits à croire que c'était Deucalion, le Noé des Assyriens, ou Bacchus, ou bien encore, son sexe n'étant déterminé par rien, Sémiramis, à cause de la Colombe d'or qu'il avait sur la tête. Ceux qui émettaient nette opinion frôlaient sans s'en douter une vérité d'ordre joannique, car, étant fille de la déesse-poisson dans l'imagination populaire, Sémiramis portait sur la tête la colombe messagère du Sèméion. En d'autres termes elle était dans le secret des destinées réservées à la terre et du signe de salut promis aux Assyriens : l'Apocalypse du Iaô-Shanâ-os juif, c'est celle de la Iaô-Shanâ chaldéenne qui fut reine de Babylone. Nous dans déjà vu le Sèméion et la Iaô-Shanâ des Juifs dans la présentation de Bar-Jehoudda au Temple[66]. Je vous ai expliqué cette rencontre du Signe favorable et de l'Année qui vit la naissance du Juif consubstantiel et coéternel au Père, je vous y renvoie. Vous connaissez aussi la colombe qui apporte à ce Juif la promesse contenue dans l'Arche céleste, vous l'avez vue sortir de sa manche et se reposer sur lui au Jourdain, vous avez entendu la voix du Père dire d'après les Psaumes au futur Roi du monde : Je t'ai engendré aujourd'hui ![67] Deux fois par an, à des dates qu'on ne nous dit pas, mais que devine tout lecteur de l'Apocalypse, à l'équille d'automne (fête des Tabernacles pour les Juifs) et ni l'équinoxe du printemps (fête de la Pâque solaire), on allait puiser de l'eau à la mer, on la versait en souvenir du déluge dans un trou pratiqué sous le temple où on la rendait à la terre, tant on était sûr que Iaô ne recommencerait pas. Comme les Juifs et avant eux, les Assyriens pensaient que si les hommes devaient périr une seconde fois, ce serait par le feu. Ce n'est pas nouveau pour vous. Notre féal ami Jehoudda nous a déjà dit par la bouche de son fils aîné qu'un premier monde avait péri par l'eau, et que le second périrait par l'élément contraire. On n'oubliait jamais d'emmener le Sèméion à la mer et de l'en ramener pour se ménager ses bonnes grâces, car c'est lui, vous le savez assez, qui devait baptiser de feu les humains et qui avait créé le remède, l'eau sourdant de la terre. Le Joannès était dans le temple sous la figure d'Apollon, dieu des oracles. Personne n'aurait entrepris une affaire sans consulter Apollon qui, véritable régisseur de ce théâtre mythologique, annonçait le commencement et la fin de l'année, les quatre saisons solsticiales, et les échéances convenues pour les deux voyages du Sèméion à la mer. Son pouvoir d'ascension égalait celui de Bar-Jehoudda, et c'est le plus grand éloge qu'on puisse en faire. Ne fallait-il pas, pour savoir les intentions du Père, qu'il pût monter au troisième ciel avec la même facilité qu'un descendant de David ? Parfois, quittant les épaules des prêtres qui le portaient, il s'élevait tout seul. Entendez que, comme Sérapis dans le temple d'Alexandrie, on l'attirait en l'air par le moyen d'un aimant caché dans la voûte et qu'il y restait suspendu[68]. A peu de distance du temple il y avait un lac où vivaient, nourris de la main des prêtres, une quantité de poissons de toute espèce et dont le caractère sacré ne vous échappera pas. Ils avaient des noms particuliers et venaient quand on les appelait. Quelques-uns étaient d'une grosseur monstrueuse, en un mot de taille à avaler Jonas s'il était tombé dans le lac, car l'un d'eux jouait en conscience le rôle du Piscis magnus, de Zib précurseur du Taureau, et il portait non sans majesté une fleur d'or à la nageoire. Au milieu du lac était un autel de marbre, toujours couronné de guirlandes, fumant d'un encens perpétuel, et semblant porté sur les eaux. Moins grand que l'Eden juif tel que le concevait Bar-Jehoudda, cet autel était le terme promis aux mortels par toutes ces allégories, et chaque jour des personnes se jetant à la nage venaient dans un baptême spontané demander à Iaô, à la Vierge et au Sèméion de leur en permettre l'accès lorsque luirait le Grand jour. Chaque année, au retour du Taureau, tous les dieux du temple descendaient sur les bords du lac. C'est Junon qui venait la première, accompagnée sans doute du Sèmeion, pour sauver les Poissons, car si par malheur Iaô les eût perdus avant elle, c'en eût été fait du signe du salut pour les Assyriens : le Zib serait mort, cuit au court-bouillon ! Aussi, lorsque Iaô arrivait près du lac, Junon se plaçait devant pour l'empêcher de les voir, et, à force de supplications, réussissait à l'éloigner. Sur quoi le Taureau, amolli par la Vierge, poursuivait son chemin à travers le Zodiaque, tandis qu'en bas, dans le lac sacré, le Piscis magnus avec sa fleur d'or fendait l'eau d'une nageoire tranquillisée, entraînant dans son sillage la légion frétillante à laquelle il commandait. Iaô avait fait grâce, le temps continuait ! Tout ce que pourra faire Jésus dans la suite de la mystification
évangélique, ce sera de s'approprier la similitude de Joannès avec Jonas, en
disant à ses frères selon le monde : Je ne sais si
je pourrais recommencer ce que j'ai fait dans les temps anciens sous les noms
d'Hercule et de Jonas les temps héroïques sont passés. Sous ces deux noms je
fus autrefois avalé par le Poisson, ce grand Poisson qui a trente degrés de
long calculés sur le Zodiaque. Si je recommençais, je pourrais me trahir
moi-même, et je couperais tout l'effet, que dis-je ? tout le rôle de Judas
Iscariote qui répète avec zèle le rôle de traître qu'on lui a distribué. J'ai
déjà apaisé une tempête à laquelle vous n'auriez rien compris si je ne
l'avais pas déchaînée dans ce verre d'eau que vous appelez la mer de Galilée
: c'est une déchéance pour moi qui, au temps où je m'appelais Jonas, j'ai
déchaînée sur la mer Méditerranée, près des colonnes que j'ai taillées
lorsque j'étais Hercule. Je ne veux pas me plagier en demandant à être
immergé et mis dans un poisson. Il faut faire quelque chose pour les
terriens. J'accepte d'être avalé par le Guol-golta comme Joannès. Si je ne
sors pas du roc au bout de trois jours comme je suis sorti du Poisson, vous
pouvez me tenir pour un imposteur de plat pays. Ce n'est donc pas Jésus, c'est Joannès qui fut le christ ou plutôt qui disait l'être. En Afrique, sur quelques tombeaux de la province carthaginoise, à partir du quatrième siècle, on trouve l'ancre, le poisson de Jonas, la colombe, l'Alpha et l'Oméga constantinien, le rameau d'olivier noachique ; mais, malgré tous les beaux textes qu'on attribue aux Tertullien et aux Cyprien, textes fabriqués pour donner à croire que ces docteurs avaient égalé Bar-Jehoudda à Dieu, il ne reste pas une seule trace gravée du culte direct qu'ils auraient rendu à ce Juif nauséabond. Il en est de même dans les Gaules, malgré toutes les fariboles dont on a perverti le millénariste Irénée. La pierre et le marbre déposent puissamment contre l'écrit. Sans doute il y a des falsifications[69], car nulle matière n'a échappé à l'impudence ecclésiastique, mais elles sont peu nombreuses en comparaison des suppositions, interpolations et adultérations scripturales. La baleine a avalé Jonas, nous avons avalé la baleine. |
[1] Tantôt ils ne peuvent pas manger le pain-Zib, parce qu'ils sont trop pressés dans le même local (Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie), tantôt parce qu'ils n'ont pas le temps. Pour une raison ou pour une autre, ils n'ont pas pu y mordre.
[2] Le jour de mille ans ou Æon-Zibdéos baissait furieusement le 14 nisan 788, il n'avait plus qu'un jour de vingt-quatre d'heure à vivre !
[3] Il faut beaucoup d'herbe pour le troupeau, le probaton de la bergerie davidique.
[4] La présence de femmes et d'enfants à cette séméiologie est une preuve de plus que la Pâque du deux en un et un en deux n'a pas eu lieu. Elle n'est que dans Matthieu.
[5] Cf. L'Evangile de Nessus.
[6] La maison de pèche, Kapharnahum, où Bar-Jehoudda baptisa pendant l'année proto-jubilaire 788. Comme Cérinthe, Marc place Kapharnahum du même côté que Nazireth, sur la rive droite du lac, et non sur la rive gauche, comme le fait l'Eglise depuis la construction de Nazareth.
[7] On a supprimé l'indication de Bethsaïda qui aide à fixer la topographie.
[8] Terre de et Ghé sont un pléonasme. Jésus est en Nazireth.
[9] Cf. L'Evangile de Nessus.
[10] C'est le Thabor, comme dans Cérinthe.
[11] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.
[12] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.
[13] Cette addition de femmes et d'enfants ne se trouve jamais que dans Matthieu, le plus synoptisé par l'Église.
[14] Le texte grec porte Magadan ou Magédan, que le Saint-Siège dit être Magdala, aujourd'hui et-Medjdel, sur la rive occidentale du lac de Tibériade et à l'extrémité méridionale de la plaine de Génésareth, à une heure et un quart environ au nord de Tibériade. On croit que c'est là qu'était née Marie-Madeleine et que c'est de Magdala qu'elle tirait son surnom. Mais il s'agit très certainement du Hamm Méddigo qu'ont ont traversé tant de fois Bar-Jehoudda et ses frères, et dont l'Apocalypse parle comme du lieu où devait être prononcé le jugement.
[15] Tôn dè cairôn touton pôs ou dokimazété. Toujours mal traduit.
[16] Immédiatement après cette exécrable pensée, pour en pallier l'effet, pour détourner l'attention, les synoptiseurs ont placé le conseil que Jésus donne aux Juifs dans Matthieu, et qui vise non plus justice de Dieu, mais celle du goy.
[17] Apô tou ouranou, de la part du ciel, et non dans le ciel, comme le dit dans l'édition du Saint-Siège.
[18] Sémeion ec tou ouranou, un signe du ciel, et non un prodige dans le ciel, comme traduit le Saint-Siège.
[19] Sémeia tôn kairôn, le tô kairon, la joie des joies. la ruine de l'Occident et le Royaume des Juifs. Car il faut vous dire que l'hypocrite ici, le fourbe, le menteur, c'est le nommé Jésus. Le texte actuel porte cairôn que le Saint-Siège traduit par temps, mais c'est le résultat d'une sophistication dans le grec. A la vérité on ne peut bien rendre le mot qu'à la condition de connaitre à fond le système que prêchait Bar-Jehoudda. Le substantif kairon n'existe pas et pourtant l'Evangéliste, un millénariste fieffé, l'emploie au pluriel. C'est que cet aigrefin joue du verbe kairein, se réjouir, dont on connait quelques applications au participe neutre, dans Plutarque notamment, to kairon, la joie. Les sémeia tôn kairôn, ce sont les signes de la joie des joies, du jubilé des jubilés, de l'An de grâce dont l'échéance tombait en 789 selon les calculs de Bar-Jehoudda. La joie rêvée par lui consista surtout dans le mal éprouvé par les goym. C'est de la kairécakia, de la joie causée par le niai d'autrui. Odium generis humani (Tacite), haine du genre humain, voilà ce qui caractérise ce scélérat promu consubstantiel au Père par l'Eglise !
[20] Et non miracle, comme traduit le Saint-Siège.
[21] Kêtos, insuffisamment traduit par poisson dans l'édition du Saint-Siège.
[22] Bien sûr. Jonas n'était ni juif ni fils de David.
[23] La reine de Saba.
[24] C'est incontestable, D'abord il y a Salomon, dont le Joannès en le descendant, et puis il y a plus que Salomon, car Salomon n'a pas fait l'Apocalypse, qui l'eût égalé à Elie.
[25] C'est vrai, c'était la sienne !
[26] Cf. Les Marchands de Christ.
[27] On y montre aujourd'hui son tombeau.
[28] Livre IV Rois, ch. XIV, 25.
[29] C'est la manœuvre des passagers du Gogotha. Cf. Le Gogotha, t. VI du Mensonge chrétien.
[30] Les douze apôtres et les soixante-douze demi-décans. Cf. Le Gogotha.
[31] Sur l'anse, voir Le Gogotha et les Evangiles de Satan.
[32] Naturellement ! C'est lui qui les a entraînés.
[33] Sur les Phurim ou fête du renversement des Sorts chaldéens et bénéfice des Juifs, cf. Le Charpentier et L'Evangile de Nessus.
[34] Pour avoir cru qu'on pouvait fuir la face du Seigneur.
[35] Ils sacrifient Jonas pour avoir la paix, le reste regarde Iaô.
[36] Cf. Le Gogotha.
[37] Lycophron, Tragœdia Herculis ; Théophylacte, Commentarii in cap. II Jonæ.
[38] Cf. Le Gogotha.
[39] Cf. Le Roi des Juifs.
[40] Cf. L'Evangile de Nessus.
[41] De profondis clamavi ad te, Domine. Vous savez le reste.
[42] Trace de rédaction juive.
[43] Idée employée également par les Psaumes pour David et appliquée à Bar-Jehoudda par les évangélistes.
[44] Jonas est en état de naziréat.
[45] De manière à prendre la parole le quatrième jour, qui est celui de la création du soleil dans la Genèse. Ainsi a fait Jésus dans le dispositif de Luc où son père et sa mère, à qui il a échappé pendant trois jours, le retrouvent au Temple le quatrième. cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.
[46] Jehoudda et son frère s'étaient également couverts de sacs pendant les trois ans de leur prédication. Cf. Le Charpentier et Le Roi des Juifs.
[47] Cf. Le Roi des Juifs.
[48] Avant le voyage à Tharsis.
[49] Les Ânes.
[50] D'autres disent un ricin. Je pense que c'est le figuier, comme dans l'Évangile du Royaume des Juifs. Bar-Jehoudda est incapable d'inventer !
[51] Mara, amer, d'où est venu le mot mer.
[52] Tauros, qui marque le tav, la croix solaire du printemps. Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.
[53] Actes, I, 3. Cf. Les Marchands de Christ.
[54] Luc, XXIV, 42, et Quatrième Evangile, XXI, 11-13.
[55] Comme Bar-Jehoudda, Jonas avait prêché à la fin d'un cycle, en vertu du système millénaire. Mais il faisait son compte autrement, il avançait de mille ans sur le plagiaire davidique.
[56] Jonas II, 7.
[57] Versuch einiger
Unterhaltungstunden, Ausgbourg, 1792.
[58] Herméneutique sacrée ou Introduction à l'Ecriture Sainte, par J. Hermann Janssens, professeur de théologie à Louvain, (Paris, 1833, t. II, p. 318.) Je lui dois beaucoup.
[59] Jonas, II, 6 et 7.
[60] XXIV, 7 et 11. Pour préparer les fidèles à cette façon de compter. Lux dans le passage où il invoque cette similitude (XI, 29 et 30), supprime la durée du séjour de Jonas au sein de la baleine.
[61] Matthieu, XII, 40.
[62] Jonas, II, 1.
[63] Actes des Apôtres, V, 29.
[64] Lucien, Histoire véritable, l. I.
[65] De Kéto, d'où l'on a fait cetus et cétacé. Les hindous appellent la baleine le khettong.
[66] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.
[67] Pour peu que Bar-Jehoudda fût ventriloque, on entendait la voix.
[68] L'auteur de la Déesse de Syrie l'a vu faire à Hiérapolis. Sur le miracle du Serapeum d'Alexandrie voyez Suidas.
[69] Surtout en Espagne.