I. — LA COLOMBE EUCHARISTIQUE ET LA CÉRÉMONIE BAPTISMALE. Nous avons démontré[1] que la scène où Joannès baptise Jésus avait été fabriquée longtemps après l'apparition de l'Évangile de Cérinthe et des Écritures valentiniennes. Dans le dispositif original, tiré de l'Apocalypse, ce n'est pas à Jésus, c'est à Joannès que le Père envoie la colombe qui le fait christ et le dit fils de Dieu. Dans la pratique baptismale la colombe ne fut point un symbole vague et imperceptible, ce fut un signe visible, offert à l'admiration des partisans du Roi des Juifs. La colombe faisait partie du magasin des accessoires où Bar-Jehoudda puisait tous les éléments de sa mise en scène. C'est une grave erreur de croire qu'il opérât simplement et qu'il lui suffit de dire : Me voici. Bien au contraire, il lui fallait frapper les esprits et les yeux par l'étalage d'une pompe charlatanesque relevée de signes extérieurs où se marquait l'intervention des démons avec lesquels il était en rapport. Un homme qui se serait présenté sans les oripeaux du despote et du pontife n'aurait attiré personne à lui. Celui qui avait donné rendez-vous aux tribus sur le mont Garizim, pour y découvrir les vases qu'il y avait enterrés la veille[2], était étranger à toute candeur, ouvert à tout subterfuge. Il avait façonné, avec de la terre cuite, un oiseau qu'il faisait voler au grand ébahissement des naïfs. Ces petits jouets n'étaient point rares, surtout dans Alexandrie ; ils étaient sans doute actionnés par l'eau, comme l'œolopyle d'Héron, et en manœuvrant adroitement une machine de ce genre, surtout avec des compères comme les Shehimon et les Philippe, on pouvait impressionner facilement les rustres gaulonites perdus d'ignorance et de crédulité. A chaque séance baptismale, la colombe eucharistique, déployant ses ailes hors de la manche de l'opérateur adossé à l'orient, venait se reposer doucement sur la tête de ce fils bien-aimé en qui Dieu mettait toutes ses complaisances. Ce tour d'adresse est resté dans la mémoire des Arabes du roi Arétas comme une preuve de la sublimité du prétendant, et Mahomet l'a consigné dans ses Écritures. Bar-Jehoudda ayant débauché les soldats d'Antipas envoyés contre les Arabes[3], ceux-ci devaient leur victoire à cette trahison. Qu'ils lui en aient su gré, c'est tout naturel. Mais que le sanhédrin en ait jugé différemment, c'est encore plus facile à comprendre ! Mahomet tient pour impies et sacrilèges tous ceux qui ont
fait de ce Juif un dieu[4], et la vérité est
avec lui. Mais la vénération qu'il a pour l'homme est de politique profonde.
Nul n'a nourri pour les Occidentaux et leurs images plus de haine que
Bar-Jehoudda. Cette haine, il ne la tirait pas que de ses mauvais instincts,
il l'avait formulée d'après la vieille kabbale abrahamique, commune aux
enfants d'Ismaël dont était Mahomet comme à ceux d'Israël dont était le
baptiseur. C'est le kabbaliste, le magicien que Mahomet admire, et il accuse
les Juifs d'avoir manqué à leur propre loi en le condamnant. Ce point de vue
est merveilleusement juste. Bar-Jehoudda possédait le véritable Esprit depuis le berceau, dit Mahomet, jusqu'à la vieillesse.
Lorsque Dieu rassemblera les prophètes et leur demandera ce que les peuples
ont répondu à leurs exhortations : Seigneur, diront les prophètes, la science
n'est point notre partage, toi seul connais les secrets. Eh bien !
ces secrets, un homme les lui a presque dérobés ! Dieu
dira au jésus, fils de Marie : Je t'ai enseigné l'Écriture[5], la Sagesse[6] (3), le Pentateuque, l'Évangile[7] ; tu formas de boue la figure d'un oiseau, et ton souffle
l'anima par ma permission... Je détournai de
toi les mains des Juifs. Au milieu des miracles que tu fis éclater à leurs
yeux, obstinés dans leur incrédulité, ils s'écriaient : Tout cela n'est que
prestige ![8] La Colombe eucharistique était le symbole de Dieu par la blancheur. Le Père à la ressemblance de Colombe, disait Bar-Jehoudda dans les Paroles du Rabbi[9]. C'est un rapport que les Assyriens avaient trouvé dans leur imagination, et ils l'avaient traduit par l'image de cet oiseau sur leurs enseignes. Les Samaritains leur avaient emprunté ce symbole auquel ils rendaient les honneurs divins comme aux Séraphins (Téraphim) que Rachel avait emportés de chez Laban[10] et que Jacob enterra, dit-on, mais peu profondément car plusieurs siècles après lui on les adorait comme au premier jour. C'est aussi la figure de la grande Sémiramis qu'on disait avoir été nourrie par la Colombe dans la science des choses du ciel et qui, morte, est à son tour devenue Colombe, ce qu'il faut entendre de son retour dans le feu et l'Esprit-Saint dont elle avait été baptisée. Les colombes qu'avait façonnées Bar-Jehoudda — il y en avait sans doute de rechange pour le cas où l'une d'elles aurait refusé le service — devenaient lumineuses au moment opportun. La colombe employée contenait une lampe, la lampe de David[11], et d'une telle vertu que, transfiguré par la lumière d'une huile non moins vierge que l'opérateur, le Jourdain lui-même s'enflamma. Nous savons cela par le dialogue intitulé Tryphon, écrit si respectable par sa véracité[12]. Dans Luc il reste une trace de ces grotesques cérémonies. LUC, III, 21. Or il arriva que, tout le peuple recevant le baptême, [et Jésus, lui aussi, ayant été baptisé][13] comme il faisait sa prière, le ciel s'ouvrit. 22. Et le Saint-Esprit descendit sur lui en forme corporelle à la ressemblance d'une colombe[14] ; et on entendit du ciel cette voix : Vous êtes mon fils bien-aimé, c'est en vous que rai mis toute mon affection ! Lorsque l'Église a synoptisé les Évangiles pour transformer les baptêmes en un cas unique, le baptême de Jésus par Joannès, elle a supprimé de Matthieu et de Marc ce membre de phrase qu'elle a laissé dans Luc : Comme il faisait sa prière. C'est que cette invocation existait dans les Paroles du Rabbi et qu'elle était encore employée dans les églises valentiniennes à l'époque où l'Église romaine entassait faux sur faux pour décharger Jésus de toutes ces inepties et de toutes ces turpitudes. La seule différence entre le Rabbi et les Valentiniens, c'est que ceux-ci appliquaient au baptême de fumée la prière de Bar-Jehoudda pendant le baptême d'eau. Au mot Ethpethah (Ouvre-toi !), prononcé par Bar-Jehoudda comme il l'est aujourd'hui par son revenant dans les Synoptisés[15], la colombe prenait son vol, le ciel s'ouvrait assez pour la laisser passer et, comme Jésus dans les Sagesses valentiniennes[16], le roi-pontife s'écriait : Iaphtha[17], Abbas[18], Père de toute paternité, Infini de lumière, Aôi, Iaô, Oia, Iouô. Psinother, qui régis le Scorpion. Thernopsin, qui régis le Sagittaire. Nopsither, qui régis le Capricorne. [Zackûri, qui régis le Verseau. Dagouri - Ouridag qui régissez les Poissons][19]. Nephomaôth[20], qui régis l'Agneau. Nephiomaôth - Thobarrabaôth qui régissez les Gémeaux. Maratharthak - Marathakthar qui régissez les Ânes. Arrivé aux Ânes, signe du quatrième jour de la Genèse et de l'entrée dans le Royaume, Bar-Jehoudda n'allait pas plus loin dans l'énumération des signes, puisqu'après celui-là il n'y avait plus de temps. Mais il éclatait en cris de triomphe dont le sens est difficile à déterminer en l'état actuel du texte. Ioishanâ ![21] Ménahem ![22] Amenii du ciel I Israïl[23]. Amen, Amen ! Coubaïbaï Abbababba[24]. Amen, Amen ! Deraaraï[25]. Amen, Amen ! Sarsarsartaoû. Amen, Amen ! Koukiminminaï. Amen, Amen ! Iaï, Iaï tonap. Amen, Amen ! Maïr, Maril, Marei[26]. Amen, Amen, Amen ! Nous supposons qu'à ce moment de l'invocation les gens entraient dans l'eau, tout nus, tels Adam et Ève. Écoute-moi, mon Père, ô Père de toute paternité ! Je vous invoque aussi, vous qui pardonnez les péchés, qui purifiez les iniquités ! Pardonnez les péchés des âmes[27] de ces disciples qui m'ont suivi et purifiez leurs iniquités ! Rendez-les dignes d'être comptées dans le Royaume de mon Père, le Père du trésor de lumière, car ils m'ont suivi et ont gardé mes commandements ! Les gens entrés dans l'eau, Bar-Jehoudda poursuivait avec la gravité que commandait un tel spectacle : Maintenant donc, ô mon Père, Père de toute paternité, que viennent ceux qui pardonnent les péchés, dont voici les noms ! Giphirepsinikh-ieou, Zenei, Berimou. Sokhabrikhir, Euthari, Nanaïdieis balmîrich, Menaipos[28], Khirie, Entaïr, Mouthiour, Smour, Peukhîr, Ououskhous, Minionor, Isokhobortha, Écoutez-moi, je vous invoque ! Pardonnez les péchés de ces âmes ! Effacez leurs iniquités ! Qu'elles deviennent dignes d'être comptées dans le Royaume de mon Père, le Père du trésor de lumière, car je connais les Grands démons et je les invoque ! Aouir. Bebrô. Athroni. Ioureph. Iove. Souphen. Knitoûsokhreôpit. Maouônbi. Mneuôr. Souôni. Khôkheteôph. Khôkhe Eteôph. Memôkh. Anîmph. Nous trouvons là trente noms, qui seraient trente-six à multiplier par douze, s'il s'agissait des trente-six décans de l'année, mais il s'agit simplement des trente facteurs du quatrième mois de la Kabbale, les Ânes, signe de la création du soleil et de son arrivée à la terre. C'est à bon droit que Bar-Jehoudda les qualifiait de Grands démons, il n'y en avait pas de plus grands parmi les autres facteurs du sabbat génésiaque ! Pardonnez les péchés de ces âmes, effacez les iniquités qu'elles ont faites consciemment et celles qu'elles ont faites inconsciemment, celles qu'elles ont commises dans la fornication et dans l'adultère, jusqu'à ce jour des jours[29] ! Pardonnez-les leur et rendez-les dignes d'être comptées dans le Royaume de mon Père, de recevoir cette offrande ! Si donc, ô mon Père Saint, tu m'as exaucé, si tu as pardonné les péchés de ces âmes, si tu as effacé leurs iniquités et si tu les as rendues dignes d'être comptées dans ton Royaume, donne-moi un signe en cette offrande. Et le signe que Jésus avait dit fut fait, dit Valentin. Mais on ne sait plus en quoi il consistait. Tryphon nous le dit. La lampe de David s'allumait, la Colombe devenait lumineuse[30] ! Alors Ber-Jehoudda s'écriait : Réjouissez-vous,
soyez dans l'allégresse, car vos péchés vous sont remis, vos iniquités sont
effacées, et vous avez été comptés dans le Royaume de mon Père ! Sur quoi la bande de sodomistes et de prostituées qui composaient le plus souvent son auditoire se retirait jugeant avec sévérité le reste du genre humain. Quelle avait été l'offrande mystérieuse dont parle Valentin sans spécifier sa nature ? Les six pains du Thabor jusqu'au pain Zib ? On n'est fixé que sur le but : le retour au lieu où il n'y a ni mâle ni femelle[31], le lieu de l'un en deux et du deux en un. II. — LA NÉCESSITÉ DU BAPTÊME DE JÉSUS PAR LE CHRIST. Qu'on raconte au très excellent Théophile que, si le baptiseur a péché, ce fut toujours par excès de morale, c'est bon pour une dupe de ce calibre ! Mais Jésus, qui est le Véridique de par l'Apocalypse, sait parfaitement ce dont il retourne. Jouer le rôle d'un individu qui a un casier judiciaire ne lui convient qu'à demi, mais enfin, puisqu'il a accepté, il faut que ses péchés lui soient remis. Il n'y a pas de meilleur moment que celui où Bar-Jehoudda s'envoyait l'Esprit-Saint sous la forme de la Colombe de feu. MATTHIEU, III, 13. Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Ieou-Shanâ-os, pour être baptisé par lui. 14. Or Ieou-Shanâ-os le détournait, disant : C'est moi qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi ! C'est incontestablement la version la plus ancienne. Bar-Jehoudda y fait l'objection que tout le monde attend de lui. Il vient de dire qu'il devait être baptisé de feu à la fin de l'année par le Fils de l'homme, et voici que le Fils de l'homme vient, sous les traits de Jésus, lui demander le baptême de rémission, comme s'il avait commis de nombreux péchés depuis le péché d'Adam ! C'est le monde renversé ! 15. Mais, répondant, Jésus lui dit : Laisse maintenant, c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice. Alors Ieou-Shanâ-os le laissa. Que faut-il entendre, ici, par la justice ? La justice, c'est ce qui sert l'intérêt ecclésiastique. La justice commande d'abord qu'à l'égard des goym Bar-Jehoudda ne soit pas dépouillé du privilège qu'il a de lier et de délier. Car si Jésus qui est l'image du Créateur lui conteste le pouvoir enfermé dans la ceinture de cuir, c'en est fait de la recette. Mais il n'y a rien à craindre de pareil, puisque, pour les initiés, il y a identité charnelle entre le baptiseur et le baptisé. Si le fils de David n'avait pas le droit de se remettre les péchés lui-même, il n'en aurait aucun de les remettre à autrui. Si le médecin ne pouvait se guérir lui-même, c'est qu'il ne pourrait guérir les autres. Et comme Jésus a pis le corps d'un pécheur avéré, nul plus que lui n'a besoin de la rémission qu'il a inventée sous Tibère, au temps où il n'était encore que le Signe de l'An d'Ieou-Shanâ-os. Il est donc de toute justice, comme il le dit très bien, qu'en tant que roi des Juifs il vienne demander l'absolution de ses crimes. C'est d'une logique irréfutable, Jésus entend commencer par là, au rebours du baptiseur qui, lui, est mort sans baptême. N'ayant pu se baptiser lui-même, Bar-Jehoudda était mort dans ses péchés ; le revenant ne veut pas aller plus loin avant de recevoir son propre sacrement. III. — AUTRE RAISON. Il est une autre raison, tout aussi puissante, par laquelle on fut obligé de baptiser Jésus. Dans ses généalogies, Bar-Jehoudda descend d'Adam et d'Abraham. On devait revoir Adam et Abraham lors de la Résurrection annoncée pour le 15 nisan 789, et naturellement on n'avait revu ni l'un ni l'autre. Argumentant sur la faillite du Royaume des Juifs, Tatien, qui était de Syrie, fit observer qu'Adam, ayant été maudit par Dieu lui-même et chassé du paradis terrestre, ne pouvait être compris dans le salut, qu'il en était ainsi de tous ses descendants[32]. De son côté, Marcion, qui était du Pont, porta le même jugement sur les prétentions christiennes : Abraham, fils d'Adam, ne ressusciterait pas au Grand jour, n'ayant point été baptisé. Jésus, qu'on présentait dans la fable comme un homme distinct de Joannès, n'avait donc pas pu ressusciter, puisqu'il était mort sans baptême. Tatien et Marcion étaient bien durs vraiment ! Sous le coup de la nécessité, l'Église empoigna Jésus qui ne lui opposait jamais de résistance, et le précipita dans le Jourdain, au risque de le noyer tout à fait. Tout en maintenant ce cas d'auto-baptême dans Marc et dans Matthieu, on a supprimé l'objection qu'y fait le baptiseur au nom du bon sens, et l'explication qu'en donne le baptisé au nom de la justice. On a également supprimé l'indication formelle de Luc que la colombe avait un corps et que par conséquent elle était un article essentiel de la cérémonie. MARC, I, 9. En ce même temps Jésus vint de Nazireth en Galilée[33] et fut baptisé par Ieou-Shanâ-os dans le Jourdain. 10. Et aussitôt qu'il fut sorti de l'eau, il vit les cieux s'ouvrir et l'Esprit, en forme de Colombe[34] descendre et demeurer sur lui. 11. Et une voix se fit entendre du ciel : ci Vous êtes mon êtes mon fils aimé ; c'est en vous que j'ai mis toute mon affection. MATTHIEU, III, 16. Or, ayant été baptisé, Jésus sortit aussitôt de l'eau ; et voici que les cieux lui furent ouverts : vit l'Esprit, de Dieu descendant en forme de colombe[35] et venant sur lui. 17. Et voici une voix du ciel disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances. Le tour est joué, le Verbe juif en a plus d'un dans sa gibecière ! Désormais Jésus revivra sans remords le personnage de Bar-Jehoudda. Baptisé dès le début de l'année 788, résolu à ne commettre aucun des crimes pour lesquels son corps a été condamné en 788, il sera en état d'innocence absolue quand il arrivera devant l'ombre de Pilatus. Personne ne pourra rien prouver contre lui, pas même qu'en son vivant il se soit dit roi christ ! Le premier qui ait relevé cette énorme friponnerie, c'est le rabbin cité par Celse le platonicien. Ce rabbin, dans la première partie de son discours, s'adressait au christ lui-même, dans les suivantes à ceux qui, de superstition en superstition, en étaient arrivés à croire que ce charlatan était Dieu. Nombre d'imposteurs et de démoniaques se prétendent fils de Dieu, descendus du ciel. S'il est vrai que nos prophètes ont annoncé la venue du Fils de Dieu sur la terre pour juger les bons et les méchants, à quels signes reconnaît-on que la prophétie s'est réalisée en toi ? Tous ceux qui se l'appliquent deviennent tes accusateurs[36]. Tant que la fable s'est tenue dans les limites du genre, les Juifs n'ont rien dit, et même beaucoup de synagogues sont devenues églises à cause des profits au baptême ; mais voici que, cessant de baptiser au nom du Verbe, les christiens se permettent de faire baptiser Jésus par un scélérat ! C'est trop fort et trop bête ! Aussi le rabbin, indigné de cette pantalonnade ridicule et impie : Tu dis, s'écrie-t-il, qu'après que tu fus baptisé par Joannès, une figure d'oiseau vint d'en haut voler sur toi. Personne que toi n'a vu cela, toi et celui dont tu invoques le témoignage et qui a fini comme toi. Et comment ce rabbin n'aurait-il pas vu qu'étant le même homme ils avaient fini sur la même croix[37] ? Ceux qui commençaient à battre monnaie avec le cadavre ne pouvaient répliquer que par de nouveaux mensonges, additionnés de quelques injures pour ce Juif étourdi qui parlait sans savoir. C'est ce qu'on fait dans l'Anticelse : Puisque ce Juif s'ingère d'équivoquer sur la personne de Jésus, il est nécessaire de montrer combien ce Juif est peu au courant de ce qui s'est passé, car les Juifs distinguent bien deux personnes[38], ils ne confondent pas le supplice de Joannès avec celui de Jésus. Ils confondaient, au contraire ; ils confondaient si bien qu'entre la publication du Discours du rabbin et celle de la réfutation dite Anticelse il a fallu couper le cou à Joannès dans les Synoptisés ! — L'évangile de Cérinthe a été annexé trop tard pour y introduire cette opération. — J'ajoute, ô réfutateur malavisé, que si la décollation de Joannès eût été dans les Évangiles contemporains du rabbin, tu aurais fait passer un vilain quart d'heure aux Juifs, car comment auraient-ils pu donner à Jésus pour compagnon de croix un homme à qui on aurait eu coupé la tête avant sa condamnation par le sanhédrin ? C'est précisément pour fermer la bouche aux Juifs renseignés que l'Église a supprimé Joannès par le glaive avant sa crucifixion ! Par la substitution de Jésus en chair au Joannès, l'Église mettait à néant tous les autres baptêmes d'Assyrie et d'Égypte. Les Juifs restaient toujours la peuple élu, mais il y avait maintenant cette garantie pour les goym que le Verbe s'était fait Juif pour racheter leurs péchés ! Après le baptême de Jésus on va pouvoir mâter les coquins qui fondent leur espoir sur la vertu. Comment répondre à ces Grecs dont les philosophes tiennent que l'âme seule est immortelle ? A ces Égyptiens dont le corps voyage tant après la mort qu'il court risque de s'égarer ou de se perdre ? Par Jésus baptisé, ressuscitant dans le même corps. La résurrection du corps, vous en doutez, bons Grecs qui en êtes restés à l'immortalité de l'âme selon Platon ? Mais elle est infaillible par la méthode juive. Ou l'âme périt avec le corps, ou le corps ressuscite avec l'âme. Le contenu meurt avec le contenant ou tous deux revivent, s'il plaît à l'Église. Quoi ! chez tous, même chez ce forgeron qui bat son fer, ce savetier qui ressemelle sa chaussure, ce boulanger qui pétrit son pain, cet esclave qui tourne sa meule ? Passe encore pour un héros dont le nom survit au temps, un Socrate, un Périclès, un Aristote, un Cimon ! Mais un foulon, un chamelier, un balayeur ? Oui, tout homme et toute femme. Et, tenez, dit l'Église, voici Jésus qui était charpentier. Tout le monde naît ressuscitable et meurt immortel. — Est-ce possible ? — Prenez et lisez, puis payez et faites-vous juif, à la circoncision près. Jésus fut la preuve qu'on pouvait acheter la résurrection sur le marché, qu'il y avait là-dessus contrat passé entre Dieu et son peuple. Nations qui réclamez l'impôt aux Juifs, c'est à vous de payer tribut. Tel fut le dogme des jehouddolâtres dispersés. Revanche terrible qui dure toujours ! Ruiner ceux qu'on n'a pu vaincre ! Ni Pompée, ni Vespasien, ni Trajan, ni Hadrien n'avaient prévu cela. Qu'est-ce, en face de cette géniale usure, que les Juifs restés avec le Père à la ressemblance de colombe ? De tout petits prêteurs à la semaine. On n'en parlera plus que pour les brûler de temps à autre. Il n'y a qu'un baptême sauveur, celui des Juifs. Considérez les apôtres. Vit-on jamais dans les gorges du Liban et de l'Hermon bandits souillés de plus de crimes ? Assurément non. Eh bien ! ils sont tous dans le ciel ou aux environs. Et pour le prouver on attacha sur la croix, à côté de celle où était mort Bar-Jehoudda, un abominable escarpe à qui Jésus promet toutes les félicités paradisiaques par la seule raison qu'il était Juif de la foi nouvelle ! En Jésus le christ devient la démonstration de la puissance infinie du baptême. Baptisé, un homme peut tout, guérir les malades, chasser les démons, changer l'eau en vin, multiplier les pains, ressusciter, monter aux cieux : il est à nouveau fils de Dieu comme au premier jour d'Adam. A partir du baptême rien ne lui résiste plus, il n'y a plus de muets, plus d'aveugles, plus de sourds, plus de paralytiques, plus de mort même. Il est la preuve éternellement vivante de la force éternelle du sacrement. On le crucifiera et il ne mourra pas. Car la vie est en lui. Aucun homme au monde n'est capable des prodiges que Jésus va faire, et si le Père à la ressemblance de colombe est descendu au Jourdain, s'il a pris la peine d'annoncer son fils à la Judée, c'est que ce fils émane directement de lui : Parole, Lumière et Vie. Cérinthe bien raison de dire que, s'il voulait rapporter tous les miracles opérés par Jésus, il ferait un livre que la terre ne pourrait contenir[39]. Il n'exagère point, car il lui elle fallu reprendre les choses dès l'origine du monde, en y comprenant les douze travaux d'Hercule et les victoires de Bacchus. IV. — LA RACE DE VIPÈRES. Bar-Jehoudda aurait l'air de n'avoir baptisé que pour les gens perdus, si l'Évangéliste ne lui amenait pharisiens indépendants ou hérodiens, et même quelques-uns de ces saducéens qui, suivant la doctrine des Hanan et des Kaïaphas, niaient que Jehoudda tombé au Recensement et Jacob junior lapidé en 787 dus sent ressusciter le 15 nisan 789. MATTHIEU, III, 7. Mais voyant plusieurs des pharisiens et saducéens qui venaient à. son baptême, il leur dit : Race de vipères[40], qui vous a appris à fuir la colère qui doit tomber sur vous ? Ton Apocalypse, eussent-ils pu répondre. Autrement, pourquoi serions-nous venus ? Ce n'est pas une citation d'Isaïe et de Malachie, faite par l'Évangéliste deux cents ans après l'année proto-jubilaire, qui aurait pu déterminer un pareil mouvement. D'ailleurs, s'il est venu à toi des pharisiens, c'est que tu étais toi-même pharisien de l'école kanaïte. Mais tu n'as pas vu de saducéens à tes baptêmes, puisque les saducéens niaient la résurrection, tout au moins la première ! Les saducéens ont été ajoutés, c'est de toute évidence. Vous ne les trouverez pas dans Marc, non plus que la fameuse apostrophe : Race de vipères ! L'Évangéliste emprunte le mot à Flavius Josèphe qui l'applique aux sectateurs de Jehoudda[41] ; et par la bouche du baptiseur il le retourne à ce porte-parole des saducéens et des pharisiens non davidistes. Dans Luc on fait tomber le mot sur le peuple tout entier, de manière à rendre l'emprunt moins sensible, au prix d'une injustice. LUC, III, 7. Il disait donc au peuple qui venait en troupes pour être baptisé par lui : Race de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère qui doit tomber sur vous ? V. — QUI A ÉTÉ LE CHRIST EN CHAIR ? EST-CE JOANNÈS OU UN NOMMÉ JÉSUS ? Y avait-il en même temps deux christs au Jourdain, l'un qui sous le nom de Joannès remettait les péchés et ne pouvait les remettre qu'à la condition d'être christ, comme l'observent judicieusement les envoyés du Temple dans Cérinthe, et un autre qui sous le nom de Jésus devait être crucifié prochainement ? Et que pensaient de la question ainsi posée les contemporains de Bar-Jehoudda ? Réponse : LUC, III, 15. Or le peuple croyait, et tous pensaient en leurs cœurs, que Ieou-Shanâ-os pourrait bien être le christ. Oui, tous croyaient cela. Et il n'y en avait pas un qui dit à Joannès : Il y a près d'ici un nommé Jésus de Nazareth, qui n'a même pas besoin de baptiser pour montrer qu'il est le christ, tant il est, lui aussi, fils de David ! Avant de nous prononcer pour toi, attendons au moins que cet autre christ, le vrai, nous expose ses titres ! Le mieux en ce cas est que le baptiseur ne confie qu'à l'Évangéliste le soin de répondre pour lui. Celui-ci a déjà prévenu toute demande indiscrète en supprimant son dossier. L'ambassade du Temple à Joannès n'existait pas encore dans Cérinthe ; on l'a fabriquée pour infirmer les scènes où soit Jésus soit le peuple reconnaît que le christ en chair avait été Joannès ; que s'il n'avait pas régné comme on l'espérait, il avait été l'Élie du Renouvellement ; et que ce rôle d'annonciateur, joint à son extraction davidique, validait le baptême d'eau, sinon pour la rémission des péchés, du moins pour la préparation au baptême de feu. VI. — LA MANIFESTATION DE BAR-JEHOUDDA AVANCÉE DE SEPT ANS. Ayant supprimé tous les chiffres qui dans Cérinthe empêchaient d'attribuer moins de douze ans à la carrière politique de Bar-Jehoudda, les synoptiseurs de Marc et Mathieu étaient allés droit à l'année proto-jubilaire 788 et commençaient leur action par les six derniers mois. Mais afin de ne pas se colleter avec l'histoire et la chronologie réelles, qui font mourir cet imposteur à l'âge de cinquante ans, dans l'année jubilaire 789 qui fut la dernière de la procurature de Pilatus, il a été décidé qu'on avancerait de sept ans sa crucifixion. Dans Luc comme dans les Actes, c'est l'année sabbatique 781 qu'on donne à la prédication de l'Évangile du Royaume. Mais on a longtemps hésité, et nous avons montré qu'au temps du traité Contre Marcion (troisième siècle, à tenir cet écrit pour authentique), l'Église datait cette prédication de 778, douzième année de Tibère[42]. Il importe extrêmement de remarquer qu'en faisant débuter Bar-Jehoudda dans l'année 778, l'Église ne lui donnait pas moins de dix ans de carrière politique. Elle se rapprochait sensiblement de la chronologie de Cérinthe qui lui en donne douze, puisqu'il le fait débuter en 776. Nous avons montré que les synoptiseurs, tant ceux des Évangiles que ceux des Actes, ont parfaitement connu ce dispositif. En ces temps bénis de Dieu on pouvait mentir dans les coins, comme on voulait. On était encore entre Juifs de langue hellène. Il n'y avait pas, comme aujourd'hui, deux traditions sur l'âge du christ, la dernière créée par l'unique Luc, et d'où il résulte que Jésus a trente ans lorsqu'il vient se faire baptiser au Jourdain, l'autre, la première et la seule vraie, celle de Papias et de Cérinthe, confirmée par les Irénée de Lyon et les Polycarpe de Smyrne, et d'où il résulte que le Rabbi avait cinquante ans lorsqu'il prêcha le Royaume. Il n'y avait partout qu'une seule et unique tradition, à savoir que l'homme crucifié sous Tibère et qui s'était dit christ s'appelait en circoncision Jehoudda Bar-Jehoudda, et en Évangile Ieou-Shanâ-os dont on avait fini par faire un nom propre. Et il n'y avait qu'une tradition, parce qu'il n'y avait eu qu'un homme. Il y maintenant deux traditions, parce que l'Église a mis deux hommes, Joannès et Jésus, là où il n'y en avait eu qu'un, Bar-Jehoudda. Mais le fait absolu, indéniable, irréfutable, constaté et par le Quatrième Évangile que l'Église attribue aujourd'hui à un témoin oculaire, et par toute la tradition d'Asie, c'est que, si la mort du christ à trente ans avait été dans Luc, comme elle y est aujourd'hui, Papias, Cérinthe et tous les Juifs d'Asie ne se seraient pas avisés d'apprendre au monde qu'il avait cinquante ans lorsqu'il enseignait. Encore moins, si la décollation du baptiseur à l'âge d'environ trente ans avait été dans quelques Évangiles du temps du juif Salomon que l'Église appelle Irénée et qui disparait, évêque in partibus porcorum, à Lyon, au troisième siècle. On comprend que Luc, à lui seul, l'ait emporté sur toute la tradition d'Asie et sur tout l'ancien dispositif. Avec les trente ans que Luc lui donnait, Jésus, tout en mourant sous Caïphe et sous Pilate comme le christ, ne pouvait plus être confondu avec Bar-Jehoudda crucifié sous le même Kaïaphas et par le même Pilatus, mais sept ans plus tard. Luc mettait l'année proto-jubilaire 788 sous clef dès l'année sabbatique 781. On faisait de même dans les Actes des Apôtres, en y avançant de sept la Crucifixion du christ. L'harmonie établie entre le faux de Luc et celui des Actes explique que l'Église ait tenu pour seule valable la version de Luc, postérieure à Marcion qui est du troisième siècle, peut-être même à Lactance et à Eusèbe qui sont du quatrième, et on ensevelit, de manière qu'elle ne ressuscitât point, la tradition des sept évêchés d'Asie qui avait été la seule bonne jusqu'à la fin du troisième siècle. LUC, III, 1. L'an quinzième du règne de Tibère César[43], Pilatus étant gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de Galilée Philippe son frère[44] tétrarque d'Iturée et du pays de Trachonite, et Lysanias tétrarque d'Abylène ; 2. Hanan et Kaïaphas étant grands-prêtres[45], le Seigneur fit entendre sa parole à Ieou-Shanâ-os, fils de Zakhûri, dans le désert. L'Église de Rome, qui a intercalé ce passage dans l'Évangile primitif, évite soigneusement de se servir du nom de Zibdéos pour désigner le père de Bar-Jehoudda elle emploie le mot Zakhûri qu'elle trouve dans le thème de Nativité d'Ieou-Shanâ-os et qui est un équivalent. VII. — SUPPRESSION DU DOSSIER DE BAR-JEHOUDDA. A peine a-t-elle fait ce faux magistral que l'Église trahit la préoccupation qui l'a dicté. C'est pour sur primer le dossier du Juif consubstantiel au Père qu'elle a avancé de sept ans la manifestation politique de cet aimable scélérat. Il n'a pas de casier judiciaire en 781, il en a un en 788. Aussi le passage suivant n'est-il que dans l'écrit qui contient ce 'faux chronologique, il en est la conséquence' LUC, III, 10. Et le peuple lui demandant[46] : Que ferons nous donc ? 11. Il leur répondit : Que celui qui a deux tuniques en donne une à celui qui n'en a point, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. 12. Des publicains vinrent aussi pour être baptisés, demandèrent : Maître de l'enseignement[47], que ferons-nous ? 13. Et il leur répondit : Ne faites rien de plus que ce qui vous a été prescrit. 14. Et des soldats aussi l'interrogeaient, disant : Et nous, que ferons-nous ? Et il leur dit : N'usez de violence ni de fraude envers personne, et contentez-vous de votre paye. Bien fin celui qui dans ces trois réponses reconnaîtra l'individu qui à tous prêcha la liquidation des biens, aux publicains le détournement du tribut, et aux soldats d'Antipas la désertion devant l'ennemi. LUC, III, 18. C'est ainsi qu'en lui apprenant beaucoup d'autres choses, il évangélisait le peuple[48]. Parfaitement, il évangélisait le peuple. Ce faisant, il créait et le mot et la chose. Et qu'est-ce que l'Evangile comme il l'entendait ? L'Apocalypse va répondre pour lui. C'est l'Evangile éternel de la domination juive. VIII. — LE MAÎTRE DE LA MOISSON ET SES DOUZE CHEFS D'ÉQUIPE. Avec l'année proto-jubilaire 788, Jésus entre dans la peau du christ pour n'en sortir qu'au Guol-golta. Il est de service pendant toute l'année. Peut-être n'est-il pas mauvais de faire observer qu'à cette date, si nous adoptons la chronologie fabriquée par l'Eglise pour les grands événements de l'Evangile, Bar-Jehoudda était crucifié depuis six ans sous le nom de Jésus ! Et pourtant nous allons voir qu'à cette même date, il n'était pas encore décapité sous le nom de Joannès le baptiseur ! Mais rien n'est impossible à Dieu. MATTHIEU, IV, 23. Et Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l'Évangile du royaume, et guérissant toute langueur et toute infirmité parmi le peuple. 24. Sa réputation se répandit aussi dans toute la Syrie, de sorte qu'on lui présenta tous les malades, tous ceux qui étaient atteints de souffrances et de maux divers, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques, et il les guérit. 25. Et une grande multitude le suivit de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et d'au delà du Jourdain. MATTHIEU, IX, 35. Et Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leur synagogues, prêchait l'Évangile du royaume, guérissant toute maladie et toute infirmité. 36. Or, en voyant cette multitude, il en eut compassion parce qu'ils étaient accablés et couchés comme des brebis n'ayant point de pasteur[49]. 37. Alors il dit à ses disciples : La moisson est abondante, mais il y a peu d'ouvriers. 38. Priez donc le Maître de la moisson qu'il envoie des ouvriers à sa moisson. LUC, X, 2. Il leur disait[50] : La moisson est certainement grande, et les ouvriers en petit nombre. Priez donc le Maître de la moisson qu'il envoie des ouvriers en sa moisson. Salomé avait mis le levain judaïque dans les trois séas, Bar-Jehoudda était prêt à manger le léhem du quatrième séa, mais la moisson ne devant pas commencer avant le 15 nisan 789, Jésus, en choisissant ses ouvriers une année à l'avance, risque fort de les trouver fourbus quand viendra l'heure de manier la faulx, et c'est en effet ce qui arrivera au Mont des Oliviers la veille de l'échéance. Néanmoins le mythe commande qu'il ne s'arrête pas à de pareils détails. MARC, III, 13. Étant monté sur la montagne[51], il appela à lui ceux que lui-même voulut ; et ils vinrent à lui. 14. Il en établit Douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher, 15. Et il leur donna le pouvoir de guérir les malades et de chasser les démons[52] : 16. D'abord Simon, à qui il donna le nom de Pierre ; 17. Puis Jacques, fils du Zibdéos, et Joannès, son frère, auxquels il donna le nom de Boanergès, c'est-à-dire fils du tonnerre ; 18. André, Philippe, Bar-Toâmin (Matthias), Toâmin, Jacques, fils d'Alphée, Simon le kanaïte. 19. Et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra[53]. LUC, VI, 12. Or il arriva qu'en ces jours-là il se retira sur la montagne pour prier, et y passa toute la nuit à prier Dieu. 13. Et quand le jour fut venu, il appela ses disciples, et choisit Douze d'entre eux (qu'il nomma aussi apôtres) : Simon, auquel il donna le surnom de Pierre, et André son frère ; Jacques et Joannès ; Philippe et Bar-Toâmin ; 15. Matthias et Toâmin, Jacques, fils d'Alphée, et Simon, appelé le Zélote ; 16. Judas, frère de Jacques, et Judas Iscariote, qui le livra. MATTHIEU, X, 1. Et ayant convoqué ses douze disciples, il leur donna puissance sur les esprits impurs, pour les chasser, et pour guérir toute maladie et toute infirmité. 2. Or voici les noms des douze apôtres : le premier, Simon, appelé Pierre, et André son frère ; 3. Jacques, fils de Zibdéos, et Joannès son frère ; Philippe et Bar-Toâmin, Toâmin et Matthieu le publicain, Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée ; 4. Simon le kanaïte, et Judas Iscariote, qui le livra[54]. Ces douze noms représentent les Æons, mais comme, étant hommes, ils sont fils du péché, ils n'équivalent en réalité qu'aux six Æons à racheter de Satan, c'est-à-dire : L'Æon-Balance. L'Æon-Scorpion. L'Æon-Sagittaire. L'Æon-Capricorne. L'Æon-Zibdéos. L'Æon-Zib. C'est pourquoi ils sont accouplés, chacun étant doublé d'un Æon représentatif d'un des six Æons antérieurs à la genèse d'Adam : L'Æon-Agneau. L'Æon-Taureau. L'Æon-Gémeaux. L'Æon-Anes. L'Æon-Lion. L'Æon-Vierge. Par le simple jeu du système paternel, Bar-Jehoudda se trouvait être le premier, comme issu de l'Æon-Vierge, et le dernier, comme issu de l'Æon-Zibdéos. L'ordre apostolique a été renversé lors de l'irruption de l'Eglise romaine dans les Ecritures. Le dernier Æon, c'était, vous l'avez vu dans Cérinthe, L'Æon-Zib, Bar-Jehoudda lui-même, et c'est en cette qualité qu'il repose dans le sein du Verbe Sauveur au Banquet de rémission. Un instant, au quatrième siècle, le pape Clément s'était attribué ce rôle devant les goym[55]. Les évangélistes, après la faillite de son système, l'avaient doublé de son Æon contraire, Jehoudda qui se trouve aujourd'hui accouplé à Shehimon. Bar-Jehoudda étant passé hors cadre sous le nom de Jésus, c'est Shehimon qui a pris sa place dans le mécanisme apostolique et est ainsi devenu le premier des douze. Il ne pouvait en être autrement, puisqu'il était le cadet du christ et son successeur dans la gheoullah jehouddique. La machine millénariste n'ayant jamais fonctionné, son prophète ayant été mis en croix la veille du jour où elle devait entrer en mouvement, les douze apôtres sont réduits au rôle ironique et mesquin des douze mois de l'année proto-jubilaire 788, chacun d'eux valant trente deniers comme Is-Kérioth qui se trouve avoir rempli, au douzième mois, le rôle du Zib que Bar-Jehoudda devait jouer au douzième Æon. C'est ainsi que par un bouleversement complet de la distribution primitive les premiers ont été les derniers, et les derniers les premiers. Nous avons par le seul chiffre des deniers appliqués à Is-Kérioth la preuve que, dans le plan des premiers scribes, Jésus ne procédait pas à l'élection des douze avant la pâque de 788. Au fond, à part Is-Kérioth, engagé spécialement pour jouer le rôle de traître, les douze se réduisent à sept, tous fils du même père et de la même mère, plus Jacques, fils d'Alphée, et Mathias bar-Toâmin qui sont des petits-fils, et Theudas qui remplace Eléazar, martyr avant Bar-Jehoudda. En effet nous retrouvons : 1° Joannès, devenu distinct du christ baptiseur par raison d'Eglise, et relégué au quatrième rang ; 2° Shehimon ; 3° Jacob junior, dit Andréas dans Cérinthe et Stéphanos dans les Actes des Apôtres ; 4° Jacob senior, dit Oblias (démon du peuple) dans d'autres Ecritures ; 5° Philippe, Evangéliste des Paroles du Rabbi ; 6° Jehoudda junior, dit Toâmin, également Evangéliste des Paroles du Rabbi ; 7° Le Nathanaël de Cérinthe, qu'on a remplacé par Mathias bar-Toâmin, afin que les goym n'y pussent retrouver Ménahem. Simon le Cananéen n'est, avons-nous dit, autre que Shehimon le Kanaïte ; et pour cette raison on le dit parfois de Kana. S'il en était autrement, il y aurait treize apôtres, puisqu'à la liste dressée dans Luc il faudrait ajouter Theudas. Comme vous le voyez, l'élection de ces douze ouvriers moissonneurs n'est qu'une figure de la Moisson annoncée dans l'Apocalypse. Jésus est lui-même la figure du Moissonneur décrit dans cette prophétie. Les douze Æons ou patriarches célestes qui devaient juger les nations et faire paître le troupeau de David sont remplacés par douze noms d'hommes tirés des maisons de Jehoudda et de Jaïr, tous de la tribu de Juda, à part Is-Kérioth qui est de la tribu de Dan. Si nous ne connaissions pas le programme de Bar-Jehoudda : l'établissement de la monarchie davidique en sa personne, avec aggravation du chrisme divin, nous pourrions croire qu'il avait songé à laisser voix délibérative aux onze autres tribus d'Israël. En ce cas l'apostolat eût été une manière de conseil aulique dans lequel chaque tribu aurait été représentée par un membre. La composition seule de la liste actuelle suffit démontrer qu'une pareille idée ne lui est pas venue et qu'il n'y a jamais eu plus de sept disciples de premier plan, tous de la même beth. Encore a-t-on été obligé à en dédoubler quelques-uns pour arriver au chiffre de douze, après y avoir annexé pour la conduite de l'intrigue Is-Kérioth qui était de l'école égalitaire. Onze tribus sur douze étaient hors de la combinaison ; politique, et rien n'explique mieux l'indifférence, voire l'hostilité que le prétendant a rencontrée parmi elles. Biffons résolument les douze apôtres dont Jésus est entouré dans l'Évangile. Il n'y en avait encore que sept deux cents ans après la mort de Bar-Jehoudda. Papias n'a pas connu d'autres Douze que les Douze Æons de
Cérinthe et de Valentin, et Celse dit qu'à considérer la fable, on n'y voit qu'un individu[56], accompagné de dix ou onze autres infâmes, publicains voleurs,
mariniers ravageurs, avec lesquels il vagabonde, quêtant honteusement sa
misérable vie[57]. Les Douze n'existaient donc qu'à l'état astrologique, dans le ciel d'où ils ne sont pas plus descendus que le Fils de l'homme et les cent quarante-quatre mille Anges. Et le nombre des disciples n'a été porté Douze que pour faire croire à l'existence corporelle de Jésus. Encore les scribes n'ont-ils jamais pu se mettre d'accord sur la composition de cet apostolat imaginaire. Mais sur celle de l'apostolat réel et sur sa valeur morale il n'y a qu'une voix, mal étouffée par l'Église. A Celse qui déroulait l'interminable série de leurs crimes, l'Anticelse n'a pu répondre qu'en supprimant Celse lui-même, ce qui lui permet de s'écrier avec l'accent du mensonge triomphant : Ni Celse ni ceux qui sont avec lui n'ont pu mettre une seule sédition à la charge des christiens ![58] En effet, il n'y en a presque plus trace dans les Evangiles, et elles sont toutes à la charge des Kanaïtes dans Josèphe. Reste néanmoins à identifier ces Kanaïtes ; nous l'avons fait[59], ce sont les christiens eux-mêmes : et c'est pourquoi Shehimon, leur chef après le christ, est dit Kananitès dans le grec des Évangiles et dans la traduction copte de Valentin[60]. Il peut être bon de connaître le parti commercial que l'Église a tiré de ces douze noms, disposés de manière que Shehimon fût le premier par substitution à son frère aîné, qui jusqu'à la fin du second siècle joua le rôle du disciple préféré de Jésus. 1. Simon, appelé Pierre[61]. Ce pêcheur, originaire de Bethsaïde, destiné à devenir le premier pape et le chef de l'Eglise est qualifié premier à cause de sa primauté. Après la Pentecôte, il agit aussitôt comme chef de l'Église : il baptise le premier gentil converti, établit ensuite sa chaire à Antioche, puis à Rome, où il est martyrisé sous Néron, en 67. 2. André, son frère, le premier disciple du Sauveur. Il prêcha la foi en Scythie et en Achaïe, et mourut martyr sur une croix à Patras, en Achaïe[62]. 3. Jacques, surnommé le Majeur, pécheur galiléen, comme Simon Pierre, fut un des premiers disciples du Sauveur et des plus privilégiés. Après la Pentecôte, il prêcha l'Évangile en Judée et en Samarie. De là, la tradition le conduit en Espagne. De retour à Jérusalem, il subit le martyre en l'an 44, avant Pâques, par l'ordre d'Hérode Agrippa Ier, fils d'Aristobule. Il fut le premier des apôtres qui versa son sang en témoignage de sa foi[63]. 4. Jean, son frère, le disciple bien-aimé du Sauveur et le plus jeune des apôtres, fut, avec André, le premier qui s'attacha à Jésus-Christ. Son histoire, pendant la vie du maître, est racontée dans les Évangiles. Les traits principaux de sa vie, après la Pentecôte, sont, outre la composition de son Evangile, de ses trois Epîtres et de son Apocalypse, son premier séjour à Ephèse, son martyre à Rome, où il fut plongé dans une chaudière d'huile bouillante, d'où il sortit sain et sauf, pendant la persécution de Domitien, puis sa condamnation aux mines, ensuite son exil dans l'île de Pathmos, et enfin, sous Nerva, son retour à Ephèse et sa mort dans cette ville à un âge très avancé[64]. 5. Philippe, né à Bethsaïde, un des premiers apôtres. Le Quatrième Évangile rapporte quelques paroles de lui. Le bréviaire romain dit qu'il subit le martyre à Hiérapolis, en Phrygie. 6. Barthélemi[65] est, d'après l'opinion commune, le Nathanaël[66] de Jean. Il était de Cana en Galilée. Il porta l'Evangile dans l'Inde et en Arménie, et mourut écorché vif. 7. Thomas[67] ou Didyme, c'est-à-dire le Jumeau, célèbre par son incrédulité au moment de la résurrection de Jésus. Il prêcha en Perse, à Edesse et dans l'Inde. Il consomma son martyre percé d'une lance. 8. Matthieu, le publicain de Capharnaüm[68], s'appelait aussi Lévi et était fils d'Alphée. Il exerça d'abord son apostolat en Judée, puis en Ethiopie, où il subit le martyre. 9. Jacques, fils d'Alphée[69], surnommé le Mineur, cousin de Notre-Seigneur. Jésus lui apparut après sa résurrection. (I Cor., XV, 7.) Il occupa une place importante dans la primitive Eglise et devint le premier évêque de Jérusalem. Hégésippe nous a conservé le récit de son martyre : il fut précipité du haut du temple, puis lapidé, et un foulon lui brisa la tête. 10. Thadée, appelé Jude par les autres évangélistes. Il était frère de saint Jacques le Mineur. Il porta l'Évangile à Edesse et en Mésopotamie, puis en Perse, où il fut martyrisé[70]. 11. Simon le Cananéen[71], ainsi surnommé, d'après saint Jérôme, parce qu'il était de Cana en Galilée ; mais le plus grand nombre des commentateurs croient que Cananéen signifie Zélote ou zélé, et marque le zèle de Simon pour la loi. Il évangélisa l'Egypte et la Perse, et subit le martyre dans ce dernier pays. 12. Judas Iscariote, c'est-à-dire de Carioth, ville de la tribu de Juda[72]. Il vendit son maître par avarice, et se pendit ensuite de désespoir[73]. IX. — LES SOIXANTE-DOUZE DEMI-DÉCANS DE LA MOISSON. LUC, X, 1. Après cela, le Seigneur désigna encore soixante-douze autres [messagers] et les envoya par deux devant lui dans toutes les villes et tous les lieux où lui-même devait venir. Il est bien vrai qu'il devait venir, mais pas cette année-là, l'année suivante seulement ; et s'il fût venu, ce n'est pas de soixante-douze demi-décans qu'il aurai été précédé, mais de trente-six Décans, en serre-file des trois cent soixante jours de lumière continue. C'est précisément parce qu'ils ne sont pas venus que l'Évangéliste est obligé de les diviser en demi-décans, chez qui les ténèbres hélas ! alternent avec la lumière, tout comme dans le temps où nous sommes, car telle est notre fâcheuse condition que le jour nous est encore disputé par la nuit. Dans Luc, qui seul mentionne les soixante-douze demi-décans, leur nomination par Jésus est placée plusieurs chapitres après celle des douze, mais nous le savons qu'en réalité elle a lieu le même jour, à la même heure. S'il en était autrement il n'y aurait pas eu d'année. Nous pensons même qu'ils ont été nommés avant les douze : autrement il n'y aurait pas eu de mois, car, tout au moins dans l'ordre mathématique' le facteur vient avant l'addition, l'heure avant la eire née, total d'heures, la journée avant le décan, total dix journées, et le décan avant le mois, total de trois décans. Vous pouvez me contester ce principe, parce que je n'ai pas l'Esprit-Saint, mais, entre nous, vous êtes bien forcé de reconnaître qu'il est juste. Les soixante-douze messagers, monnaie charnelle des trente-six Décans célestes, sont entrés dans la fable en même temps que la figure des douze mois de l'année 788. Le mythe de Jésus et la chronométrique s'opposent à ce qu'il en soit autrement. Les soixante-douze étaient dans l'Évangile qui a été divisé en trois par les imposteurs de Rome ; on les a laissés par mégarde dans Luc, mais ils ont été biffés de Marc et de Matthieu. Ils forment avec les douze les quatre-vingt-quatre passagers de droit[74], à la suite desquels le pseudo-Paul fait la traversée de la Méditerranée sur le Gogotha, dont il complète le chargement séméiologique (les trois cent soixante jours de l'année) avec les deux cent soixante-quinze faux témoins qu'il amène au très excellent Théophile en Occident. Ces soixante-douze demi-décans, Jésus les envoie deux par deux, mais l'un relayant l'autre sans interruption, de douze heures en douze heures, conformément à la division des vingt-quatre heures juives. Il est à remarquer que le demi-décan de service pendant la nuit n'a pas vu clair une seule fois pendant toute l'année 788, situation intolérable pour un messager du Verbe. Par une faveur inconcevable, le demi-décan de service pendant le jour a joui d'abondantes clartés, mais il a trahi son maître de la façon la plus abominable, en répandant sur Pilatus et sur Is-Kérioth la lumière qui a permis à l'un de tomber sur les apôtres au Sôrtaba, et à l'autre d'appréhender au col le Juif consubstantiel et coéternel au Père. Que penseriez-vous de moi si je ne soumettld5 les
soixante-douze demi-décans à l'appréciation chi Saint-Siège apostolique et
romain, dispensateur de toute grâce et de toute vérité ? Oyez ! La liste des soixante-douze disciples ne nous a pas été
transmise' Un petit nombre seulement sont connus avec certitude. On sait
qu'ils furent choisis parmi ceux qui suivaient habituellement le Sauveur, et
que le divin Maître les associa aux apôtres pour les aider à instruire le
peuple et le préparer à sa venue. Il est certain qu'ils étaient inférieurs aux
douze, puisque Mathias, l'un d'entre eux, fut promu à l'apostolat à la place
de Judas[75]. Saint Ignace les assimile aux diacres, et saint Jérôme
aux prêtres. Leur ministère fut transitoire et purement personnel : ils ne
transmirent à personne les pouvoirs qu'ils avaient reçus. Au lieu de
soixante-douze disciples, la plupart des manuscrits grecs portent
soixante-dix mais on peut croire que c'est un nombre rond employé pour
soixante-douze, comme lorsqu'il s'agit des inter prêtes de l'Ancien Testament,
ou des personnes dont se composait la famille de Jacob à son entrée en
Égypte. On a fait cette remarque, que ce nombre répond à celle des peuples
dont Moïse fait le dénombrement dans la Genèse, de même que le nombre
douze répond à celui des tribus d'Israël : car, d'après les Juifs, l'humanité,
se composait de soixante-dix (ou
soixante-douze) peuples : quinze de Japhet,
trente de Cham et vine sept de Sem. Cet accroissement du nombre des ouvriers
apostoliques, de douze à soixante-douze, semblait annoncer l'extension
prochaine de la prédication à l'univers entier. L'élection des soixante-douze demi-décans a été déplacée par les synoptiseurs et transportée au chapitre X de Luc où elle a lieu trois jours avant la crucifixion de Bar-Jehoudda. L'année n'a plus que trois jours à vivre lorsque Jésus se décide à lancer devant lui les trente-six Décans ! Il est en retard de trois cent cinquante-sept jours ! Quoi d'étonnant à ce que les exégètes n'aient jamais vu clair dans cette année-là ni depuis ! A la vérité, l'Église ne pouvait pas laisser les trente-six Décans à leur place sans avouer en même temps c da étaient restés inoccupés, par la faute des Douze Æons. On a été obligé, pour justifier la nomination des soixante-douze, de leur donner les mêmes instructions qu'aux douze dans Matthieu, dont le texte a été transcrit presque littéralement dans Luc. Nous ne faisons qu'un des instructions reçues par ces quatre-vingt-quatre personnages fictifs, ainsi que des proclamations adressées aux cent quarante-quatre, mille anges, présentés sous le nom de peuple ou de foule dans la mystification évangélique. Afin de montrer l'évolution de l'idée jehouddique à travers le temps, nous réservons le tout pour le chapitre intitulé Somme morale de l'Évangile. X. — LA JOIE DE MENTIR. A peine mobilisés, les soixante-douze demi-décans reviennent de leur mission après avoir chassé une telle quantité de démons qu'on s'étonne qu'il en reste encore. LUC, X, 17. Or, les soixante-douze revinrent avec joie, disant : Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en votre nom. 18. Et il leur dit : Je voyais Satan tombant du ciel comme la foudre. 19. Voilà que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les Serpents et les scorpions, et toute la puissance de l'ennemi ; et rien ne vous nuira. C'est vrai ! Bar-Jehoudda avait vu Satan précipité de ciel[76], comme il avait vu les hommes-arbres et tout le reste. On évoque le plus d'Apocalypse qu'on peut, sans indiquer cette source peu sympathique aux goym, désignés ici, comme dans la vision originale, sous le nom de Serpents et de scorpions. Ces images pourraient ne pas plaire à des gens qu'on se propose d'exploiter copieusement. Mais vous voyez que, semblable à tous les prophètes, mahdis, révoltés de Thala et autre lieux, Bar-Jehoudda disait à ses partisans qu'ils vaincraient sans armes, par le jeu des puissances célestes, par une sorte de déclenchement de toute la machine. Morts de cette prédication, abandonnés par le prophète, battus et dispersés sans même avoir pu enterrer leurs morts, que leur consolation soit d'être inscrits au livre de vie, transnominés sur la pierre blanche ![77] Ce Livre, c'est la lecture favorite du Dieu de la vengeance. 20. Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis : mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux[78]. 21. En cette heure même, il tressaillit de joie par l'Esprit-Saint, et dit : Je vous rends gloire, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux gens instruits et sages, et que vous les avez révélées aux ignorants. Oui, Père, car il vous a plu ainsi. MATTHIEU, XI, 25. En ce temps-là, Jésus, prenant la parole, dit : Mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, je vous rends gloire de ce que vous avez caché ces choses aux gens instruits et sages, et de ce que vous les avez révélées aux simples et aux ignorants. 26. Oui, Père, parce qu'il vous a plu qu'il en fût ainsi ! On comprend sa joie : tous les goym sont en passe d'être abominablement mystifiés, ils ne comprennent rien à ce Père, à ce Fils, à ces douze, à ces soixante-douze, à toute cette ménagerie symbolique. On commence à pouvoir s'en féliciter à leur nez et à leur barbe. Seuls les Juifs dispersés à travers les nations savent lire ces Ecritures cryptiques. Minerve n'y voit goutte ! Quel abîme de félicités ! Déjà l'Evangéliste prédit les exégètes contemporains. MATTHIEU, XI, 27. Mon Père m'a mis toutes choses entre les mains, et nul ne connaît le Fils que le Père ; comme nul ne connaît le Père que le Fils, et celui à qui le Fils a voulu le révéler. LUC, X, 22. Toutes choses m'ont été données par fie Père. Et personne ne sait quel est le Fils, sinon le Père ; quel est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils a voulu le révéler. Ils sont trois dans la confidence de ce rébus le Père, le Fils, et le Juif que l'Eglise va consubstantialiser un jour avec le Père en passant par-dessus le Fils. Mais elle a eu beau faire, l'Eglise ! Il y a encore là trois personnes inconsubstantialisables : le Père, le Fils, et un Juif qui n'est pas le Fils, mais simplement le Joannès, l'Hermès, le révélateur du Fils. Si véritablement ce Juif est le Fils de Dieu et le Créateur de monde, — et il n'y a pas de doute, puisque les Conciles l'ont décidé, — c'est que Dieu a deux fils dont Bar-Jehoudda n'est que le cadet. Je demande à faire la connaissance de l'aîné, si le Juif qui l'a évincé ne s'y oppose pas ! D'autant plus que si celui-ci est assis à la droite du Père, — et l'Infaillible l'affirme, — l'autre est certainement assis à la gauche[79], qui est la direction des Gaules par rapport à la Judée, et j'espère qu'il y rétablit l'équilibre rompu à notre détriment. Voilà celui que je veux voir sur nos autels ! Mais Jésus espère bien que nous en serons réduits pour toute religion nationale à l'adoration d'un juif imbécile et scélérat. 23. Et se tournant vers ses disciples, il dit : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! 24. Car, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont point vu ; entendre ce que vous entendez, et ne l'ont point entendu[80]. Il est clair que les prophètes, les rois molochistes et surtout celui qui se disait christ, eussent été enchantés de voir Satan tomber du ciel sur les goym, et, derrière lui, l'avalanche des douze Æons, des trente-six Décans et des Cent quarante quatre mille anges hauts de soixante-douze mètres ! Mais, à défaut de ce spectacle, se contentent de voir les nations à plat ventre devant l'un d'eux condamné pour trahison et crimes publics ! Ce n'est pas le Royaume que les Juifs avaient espéré, mais c'est tout de même quelque chose de flatteur pour leur amour-propre[81] ! Telles sont les nouvelles que les soixante-douze rapportent des extrémités de la terre. Or, connaissant leur constitution mathématique, nous savons qu'ils n'ont pu revenir à Jésus avant l'expiration de l'année 788 ; leur nombre nous est garant que nous ne nous trompons pas. Il y a donc là les six demi-décans dont les trente deniers d'Is-Kérioth ne sont que la monnaie. Ces six demi-décans ont donc collaboré de toutes leurs forces à la déconfiture de Bar-Jehoudda ; et le dernier, celui du 10 au 15 nisan, est personnellement responsable de l'arrestation et de la crucifixion d'icelui. Voue voyez que non seulement Jésus ne lui adresse aucun blâme, mais qu'au contraire il ne peut retenir un long cri de triomphe et de joie. C'est donc qu'il n'envisage la mort de ce Juif que comme une heureuse spéculation dont les agents, à tous les degrés de l'échelle, sont dignes d'estime et d'intérêt. Toutefois, comme ces demi-décans n'ont pu faire que demi-besogne, étant mi-nocturnes par leur constitution, ils ont dû renoncer à chasser une masse de démons que, de son côté, Bar-Jehoudda n'a pu exorciser tout à fait en 788, puisqu'il participe humainement de l'infirmité du demi-décan. Ces démons sont les latins qui étaient avec Pontius Pilatus. Notre situation n'est donc pas tout à fait désespérée. C'est ce qui a paru au synoptiseur de Matthieu. If célèbre le triomphe des Juifs à un autre endroit, moine voyant que celui-ci, et avec une addition remarquable où se retrouve l'esprit de l'Ecclésiastique de Jésus ben-Sirach[82]. MATTHIEU, XI, 28. Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés et je vous soulagerai. 29. Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes. 30. Car mon joug est doux et mon fardeau est léger. La différence entre Jésus ben-Sirach et celui de l'Évangéliste, c'est que celui-ci applique ce passage, aux effets du baptême, qui furent d'étouffer le cri de la conscience et de favoriser le vice par l'abolition du remords. |
[1] Cf. Le Charpentier, t. I du Mensonge chrétien.
[2] Cf. Le Roi des Juifs.
[3] Cf. Le Roi des Juifs.
[4] Le Coran, ch. V, la Table, verset 116. Dieu ayant demandé à Jésus, fils de Marie, s'il avait commandé aux hommes de l'adorer, lui et sa mère, comme des dieux : Seigneur, répondit-il, leur aurais-je ordonné un sacrilège ? Si j'en étais coupable, ne le saurais-tu pas ? Tu connais ce qui est dans mon cœur, et j'ignore ce que cache ta majesté suprême. La connaissance des mystères n'appartient qu'au Très-Haut.
[5] Les Paroles du Rabbi. Il y en eut des copies arabes.
[6] Dans le sens où Bar-Jehoudda lui-même employait le mot. C'est la Gnose. Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.
[7] L'Évangile du Royaume.
[8] Le Coran, ch. V, la Table, versets 108-110.
[9] Cf. La Sagesse de Valentin, éd. Amélineau, p. 1.
[10] Épiphane, Contra hœreses, l. XI, ch. VIII.
[11] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.
[12] Cf. Les Marchands de Christ.
[13] Ajouté quand l'Eglise pour raison de commerce eut décidé que Jésus serait baptisé par Joannès, c'est-à-dire par lui-même.
[14] Sômaticô eidei, osei peristéràn.
[15] Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.
[16] Pistis Sophia, éd. Amélineau, p. 195. Nonobstant les erreurs copistes et les arrangements des moines, nous pensons que le texte actuel ne s'éloigne guère de celui des Paroles du Rabbi.
[17] Écoute-moi.
[18] Père. Bar-Jehoudda se disait Bar-Abbas, et c'est sous ce nom que les Alexandrins l'ont mis en scène dans la parodie du sacre, trois ans après sa crucifixion. D'où le nom de Bar-Abbas donné au double émissaire du crucifié dans Cérinthe. Cf. L'Evangile de Nessus.
[19] Les moines coptes ont supprimé ces deux noms, parce qu'ils sont employés dans les Evangiles, pour désigner le père de Bar-Jehoudda : l'un, Zackûri, presque sans changement, dans la Nativité selon Luc (cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie) ; l'autre : Dagouri, sous l'équivalent chaldéen Zibdéos, dans l'allégorie de la barque baptismale. Nous les rétablissons.
[20] On lit Netmomaôth ailleurs (p. 185 de la Pistis Sophia) dans cette même invocation que nous avons déjà citée à l'occasion de la Nativité. Cf. Les Evangiles de Satan, 1re partie.
[21] Armée de Dieu.
[22] Consolateur.
[23] Victoire.
[24] Père.
[25] Derrière moi, dit Jésus après ce mot. Bar-Jehoudda se tournait sans doute à ce moment vers l'Occident.
[26] Mélange des mots Maran, Seigneur, et Myriam, dont a été fait Maria.
[27] Dans le sens de vies, comme l'emploient les Évangiles synoptisés.
[28] Ne pas oublier qu'avant de passer dans le copte l'invocation avait été traduite en grec.
[29] Les crimes ne comptent pas, ils ne font pas obstacle au retour à l'androgynisme. Et d'ailleurs on avait besoin de criminels.
[30] Ce signe n'ayant pas été couronné de succès au Jubilé de 789, les Nicolaïtes faisaient éteindre la lampe Âne par le Chien. Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.
[31] Pistis Sophia, p. 106. Placé sur la terre par le baptiseur, au ciel par Valentin.
[32] Tatien niait totalement la résurrection des corps dans l'avenir et celle de Bar-Jehoudda dans les fables judaïques, car nier qu'Adam fût ressuscitable, c'était nier que tous ses fils le fussent. Avec une pareille théorie, comment Tatien qui, vers 170 de l'E. C., combattait l'erreur christienne par un argument ad hominem, a-t-il pu être compté parmi les jehouddolâtres ? Tatien a été jehouddolâtrisé par l'Eglise lorsqu'elle en a fait autant à Justin. Comme l'auteur du Quatrième Évangile et tous les gnostiques, Tatien connaissait l'inexistence de Jésus et refusait de croire à la résurrection de Bar-Jehoudda. Il n'est ni prosélyte juif ni jehouddolâtre, et s'il eut à s'occuper de l'Evangile, comme le prétend l'Eglise, ce ne fut que pour le combattre. Commue Justin, Tatien est une victime des fraudes ecclésiastiques. Il est mort comme il a vécu, en homme de sens.
[33] Bathanée, dit Cérinthe. Cf. L'Evangile de Nessus.
[34] Manque l'adjectif sômaticos, corporel.
[35] Manque l'adjectif sômaticos.
[36] Notamment Apollos. Cf. Le Saint-Esprit.
[37] Ais te a Joanne lotum ex aere simulacrum avis involasse. Contra Celsum, l. Ier, n° 41, dans les Œuvres d'Origène.
Égarés par l'Eglise, qui attribue l'Anticelse à Origène (de manière à faire remonter Celse au second siècle en le confondant avec le philosophe épicurien du même nom, ami de Lucien), les hommes les plus distingués de l'Université, M. Pélagaud, M. Aubé, se sont absolument trompés sur l'époque à laquelle a vécu Celse. Le noble auteur de la Vérité sur les christiens est du quatrième siècle, il est contemporain et, je le crois, collaborateur de l'empereur Julien. Pour la démonstration je prie les lettrés de me faire crédit jusqu'à la publication du volume consacré plus spécialement aux fraudes de l'Eglise.
[38] Certes, l'une fictive, l'autre réelle.
[39] Cf. L'Évangile de Nessus.
[40] L'identité charnelle de Jésus et du Joannès est pour la millième fois démontrée par le fait que, dans la plupart des cas où le revenant de Bar-Jehoudda est aux prises avec ses ennemis selon le monde, il se sert de cette expression pour les anathématiser.
[41] Cf. Le Gogotha.
[42] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.
[43] Par conséquent 781. Cf. Le Charpentier, t. I du Mensonge chrétien.
[44] Mort en 787. Cf. Le Roi des Juifs.
[45] Hanan ne l'était plus ni en 788 ni même en 781. Mais s'il ne l'était plus au temps de la manifestation du fils, il l'avait été pendant celle du père.
[46] A Joannès que les publicains appellent plus bas Maître, et qui l'était, du moins dans sa théorie.
[47] Didascalé, le mot seul est une définition.
[48] L'Évangile de Joannès, voilà ce qu'ont connu les baptisés.
[49] Sur la bergerie davidique, cf. L'Évangile de Nessus.
[50] Aux soixante-douze demi-décans.
[51] C'eût été Sion, si l'Agneau de 789 fût venu.
[52] Mais pas de ressusciter les gens.
[53] Os eai parédôken auton. Toujours le verbe paradidomi employé par Marc et par Mathieu pour la livraison du Joannès et par tous les évangélistes pour celle de Jésus : identité d'homme, identité de terme, rien de plus logique.
[54] O eai paradoùs auton. Toujours le verbe paradidômi dont on se sert dans Matthieu et dans Marc pour désigner la façon dont le Joannès a disparu de la circulation.
[55] Cf. L'Évangile de Nessus.
[56] Et non deux, comme il aurait fallu si le baptiseur eût été autre que le christ.
[57] A en croire l'Anticelse, il dit cela pour jeter le discrédit sur les Evangiles tout entiers et pour ne pas confesser le caractère divin de ces livres. Il aura sans doute puisé ses renseignements dans la Lettre de Barnabé où les apôtres sont représentés comme étant de la pire espèce d'hommes ! Il est fâcheux en effet que cette lettre ait été mise sous le nom d'un cousin de Bar-Jehoudda, mais à part cette fausse attribution, l'opinion qu'elle exprime est celle de tout le monde.
[58] Anticelse, III, 7.
[59] Cf. Le Saint-Esprit.
[60] Traduction faite sur le grec.
[61] Crucifié Guol-golta en 802 avec Jacob senior. Cf. Le Saint-Esprit.
[62] Lapidé à Jérusalem, peut-être à Haggan-Aïn, par le prince Saül en 787. Cf. Le Roi des Juifs et Les Marchands de Christ. À propos de Patras, on tient que Lucius de Cyrène, sous le nom de qui on a mis l'Evangile dit de Luc, aurait été martyr dans Patras même. Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie. Cette exécution se rattache sans doute à la mission de Saül en Achaïe sous le proconsulat de Gallion. Cf. Le Saint-Esprit.
[63] Crucifié en 802 avec Shehimon, quinze ans après l'exécution de Jacob junior. Cf. Le Saint-Esprit.
[64] C'est complet, comme vous voyez !
[65] Mathias bar-Toâmin.
[66] Surnom de Ménahem.
[67] Jehoudda dit Toâmin.
[68] C'est Mathias bar-Toâmin.
[69] Jacob junior, lapidé par Saül en 787.
[70] Battu et décapité en Judée sous la procurature de Cuspius Fadus en 798. Cf. Le Saint-Esprit.
[71] Shehimon le Kanaïte, dit la Pierre.
[72] Dan.
[73] Assassiné par Shehimon. Cf. Les Marchands de Christ.
[74] Cf. Les Actes des Apôtres dans Le Gogotha, t. V du Mensonge chrétien.
[75] Nous avons éclairci cette imposture dans Les Marchands de Christ.
[76] Cf. Le Charpentier.
[77] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.
[78] Cf. Les Évangiles de Satan, 1re partie.
[79] A moins toutefois que Dieu n'ait deux droites, rien ne lui est impossible.
[80] Renouvelé de l'exposition du système parabolique. Cf. Les Evangiles de Satan, Première partie.
[81] Tertullien, ou celui qui écrit pour lui, sent que, succédant aux paraboles, cette joie de mentir entache quelque peu l'honneur de Jésus. Aussi combat-il de son mieux cette fâcheuse impression : Jésus n'usait pas toujours de paraboles, dit-il, et n'en usait qu'avec quelques-uns, car c'était ne parler qu'à quelques-uns de ne parler qu'aux Juifs. Jésus, ô Tertullien, n'a jamais parlé à personne, faute de bouche et Bar-Jehoudda n'a jamais ouvert la sienne que pour les surjuifs !
[82] Particulièrement au ch. XXIV, pp. 26 et suiv.