I. — REDRESSEMENT DE SALOMÉ LIÉE PAR SATAN. Dans sa famille selon le monde il ne devait plus y avoir de malades d'aucune sorte après le 15 nisan 789. s jouissaient des mêmes avantages que les gens valides, puisqu'ils étaient, eux aussi, transsubstantialisés par le baptême de feu pour vivre mille ans avec le christ. De même qu'aucun mort ne pourra voir Jésus sans ressusciter, aucun malade ne pourra comparaître devant lui sans être immédiatement guéri. La première guérison de Jésus a le grand avantage d'être datée. On se rappelle que, dans Luc, Bar-Jehoudda débute à l'âge de trente ans qui, comptés de 738, nous reportent à 768, huit ans après la mort de son père au Recensent. Voici une séméiologie qui n'est que dans Luc paiement, et qui se passe dix-huit ans après la mort de Jehoudda, par conséquent en 778. On a eu beau la déplacer[1], Cérinthe qui fait commencer son évangile en 776[2] nous aide à la remettre en place. Elle est d'un évangéliste pour qui Jésus ne passait pas moins de dix ans sur la terre. Nous la mettons donc avant la manifestation de Bar-Jehoudda comme baptiseur, puisque Luc, à le prendre au mot, date cette manifestation de l’année sabbatique 781, quinzième de Tibère[3]. Cette date n'est pas moins fausse que celle de la pseudo-nativité du pseudo-Jésus dans le même Luc. L'Église va nous en donner la preuve elle-même dans le traité de Tertullien, Adversus Marcionem, où elle ne fait aucune difficulté d'avouer que, dès la douzième année de Tibère, Bar-Jehoudda manifestait déjà : Dominus a XII Tiberii Cœsaris revelatus est[4]. LUC, XIII, 10. Or Jésus enseignait dans leur synagogue les jours du sabbat. 11. Et voici venir une femme qui avait un esprit d'infirmité depuis dix-huit ans ; et elle était courbée et ne pouvait aucunement regarder en haut. 12. Jésus, la voyant, l'appela et lui dit : Femme, vous êtes délivrée de votre infirmité. 13. Et il lui imposa les mains, et aussitôt elle se redressa, et elle glorifiait Dieu. Cette femme, c'est l'illustre veuve de Jehoudda, c'est Salomé. Non seulement elle n'était pas courbée au point de ne pouvoir se redresser, mais au contraire elle ne cessait de regarder en haut vers son homme de lumière[5]. Tel n'est pas l'avis du Saint-Siège : Elle était, dit-il, possédée d'un démon qui la rendait infirme. Nous voyons dans l'Écriture une foule de maladies causées par les démons. Faut-il ajouter ce démon-là aux sept démons qui ont occupé le corps de Myriam Magdaléenne, ou rentre-t-il dans le compte ? Le pape devrait bien nous tirer d'embarras par une encyclique, et même nous nous contenterions d'un bref. 14. Or le chef delà Synagogue prit la parole, s'indignant de ce que Jésus l'eût guérie pendant le sabbat ; et il dit au peuple : Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc ces jours-là vous faire guérir, et non pas le jour du sabbat. 15. Mais le Seigneur, lui répondant, dit : Hypocrites, chacun de vous ne délie-t-il pas [son bœuf ou] son âne de la crèche, le jour du sabbat, pour les mener boire ? 16. Et cette fille d'Abraham que Satan a liée, voici dix-huit ans, ne fallait-il pas qu'elle fût délivrée de ses liens le jour du sabbat ? Certes, il le fallait absolument, étant donné qu'elle se
confond dans l'Apocalypse avec le sixième Jour génésiaque qui est La sagesse, la science (c'est
le même mot) n'est point dans ce fatras de grands principes et de
petites ordonnances qu'Esdras a prises à Hammourabi. La science, c'est ce qui
doit être révélé au monde quand viendra le Grand jour ; et ce qui doit être
révélé, c'est la divinité du Juif, son onction, jusque-là secrète, pour la
royauté universelle. Tout ce qu'enseigne la synagogue en dehors de cela,
c'est cacologie. Que font les scribes de La clef de Pourquoi était-elle liée par Satan avant l'entrée de Jésus dans cette Écriture ? Parce que Satan, c'est la mort, et que cet affreux bonhomme la tenait liée depuis dix-huit ans en la personne de Jehoudda avec qui elle ne fait qu'un : deux en un, un en deux ! Or, puisqu'il n'avait pas été possible que Bar-Jehoudda fût retenu dans les liens de la mort[9] en 789, il n'était pas possible non plus que, revenant dans son pays natal, il laissât sa mère dans de tels liens. C'est tout naturellement par elle qu'il doit commencer. A-t-il le pouvoir de délier, oui ou non ? Il l'avait déjà en son vivant, puisqu'il remettait les péchés. Gomment l'aurait-il perdu au ciel où il s'est identifié avec le Fils de l'homme ? Le chef de la synagogue est donc un compère, et pour tout dire il n'est autre que Jaïr, le beau-père de Shehimon. Il assiste impassible à cette violation apparente du sabbat, il ne requiert aucune sanction pénale contre le coupable. Tout le peuple est également complice : pas un seul Juif qui vienne se faire guérir un jour ouvrable, tous choisissent le jour où tout travail est défendu ! Jésus l'a dit dans Cérinthe, il est comme son Père, il agit sans cesse et ne se repose jamais[10]. Que deviendraient les Juifs s'il ne devait pas les guérir au Grand Sabbat ? La comédie terminée, le chef de la synagogue et le revenant de Bar-Jehoudda s'en vont bras dessus bras dessous, heureux d'avoir mystifié les goym. Ces cas de collusion sont perpétuels. Ne verrons-nous pas tout à l'heure le père de Jésus selon le monde, jouer le rôle d'un chef de publicains ? 17. Lorsqu'il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient couverts de confusion et tout le peuple se réjouissait de toutes les choses qu'il faisait avec tant d'éclat. II. — GUÉRISON DE Après avoir redressé sa mère selon le monde, Jésus va guérir de la fièvre la femme de Jaïr, beau-père de Shehimon. Il semble que la femme de Jaïr fût veuve, comme était celle de Jehoudda, et que dans les dernières années elle habitât Kapharnahum avec son gendre[11]. Héritier des formules magiques de Salomon, plus égyptiennes encore que chaldéennes, Bar-Jehoudda les avait introduites dans la médecine. Avec sa croix tatouée sur le bras droit, ses invocations dans la langue des démons, la vertu qu'il attribuait aux nombres et aux lettres, avec son nom surtout, ce nom de fils de David qui valait mille ans d'oracles, il en avait imposé facilement à la tourbe juive, plus malade d'esprit que de corps, d'ignorance constitutionnelle que de fièvre intermittente. Dans Cérinthe, nous avons vu son revenant au pays du kanaïsme guérir sans ordonnance une fièvre tierce ou quarte, on a le choix, par un moyen qu'on ne dit pas et qu'on n'a pas besoin de dire, car Hippocrate, Galien et Sammonicus ont dénoncé ce genre d'imposture qui consiste, après s'être enquis de la périodicité des accès, à les combattre par l'invocation de la puissance séméiologique (numérale ou littérale) qui y répond cabalistiquement. Telle est la recette de Sammonicus Serenus, contemporain de Septime Sévère. Sammonicus, parmi les recettes médicales qu'il a laissées, dit tenir des Mages un remède contre la fièvre tierce qui consiste à écrire le mot Abracadabra sur l'ordonnance. Évidemment, ce remède n'a de valeur qu'à la condition de coïncider avec le jour où l'accès prend fin. Ce qui est curieux, c'est le mot Abracadabra qui vient d'Abraxa, nom cabalistique de Dieu dans Basilide et Valentin, gnostiques juifs, tous deux fort au courant du système de Bar-Jehoudda et de ses formules. Mais un tel charlatan ne se contentait pas de se présenter comme médecin, il s'annonçait comme médiateur entre le malade et Dieu ! MARC, I, 28. Et sa renommée se répandit promptement dans tout le pays de Galilée. 29. Et aussitôt, sortant de la synagogue, ils vinrent dans la maison de Simon et d'André, avec Jacques et Joannès. 30. Or la belle-mère de Simon était au lit, ayant la fièvre : et incontinent ils lui parlèrent d'elle. 31. Alors s'approchant, il la fit lever en prenant sa main ; et sur-le-champ la fièvre la quitta, et elle les servait. Dans Luc et dans Matthieu on a fait disparaître Shehimon, André (Jacob junior), Jacob senior et le Joannès lui-même, tous quatre témoins de la cure dans Marc. Il a paru trop fort de montrer le christ assistant en personne à une guérison faite par son revenant dans la maison de la Pierre, premier pape ! LUC, IV, 38. Etant sorti de la synagogue, Jésus entra dans la maison de Simon. Or la belle-mère de Simon avait une grosse fièvre ; et ils le prièrent pour elle. 39. Alors, étant debout auprès d'elle, il commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta. Et se levant aussitôt, elle les servait. MATTHIEU, VIII, 14. Jésus, étant venu ensuite dans la maison de Pierre, vit sa belle-mère gisante et ayant la fièvre. 15. Il lui toucha la main, et la fièvre la quitta ; aussitôt elle se leva, et elle les servait. III. — GUÉRISON DE L'HYDROPIQUE ANONYME. Refoulée dans Luc au chapitre XIV, trois jours avant la crucifixion de Bar-Jehoudda, au moment où Jésus se dispose à faire son entrée dans Jéricho, cette guérison devait être placée parmi les premières. Elle n'est pas datée, mais elle fait suite à la parabole des trois séas, et le repas où assiste Jésus a précisément pour but d'accepter le pain dont la veuve de Jehoudda a mis le levain dans ces trois mesures. LUC, XIV, 1. Il arriva que, comme Jésus était entré un jour de sabbat dans la maison d'un chef des pharisiens pour y manger le pain, ceux-ci l'observaient. 2. Et voilà qu'un certain homme hydropique était devant lui. 3. Or, prenant la parole, Jésus dit aux docteurs de la loi et aux Pharisiens : Est-il permis de guérir le jour du sabbat ? 4. Mais ils gardèrent le silence. Alors Jésus, prenant cet homme par la main, le guérit et le renvoya. Le repas auquel assiste Jésus, c'est, comme à Kana, le repas des Noces de l'Agneau manquées. Le pain, le léhem de Jésus à cette table, c'est le sixième pain ou pain-Zib, le pain millénaire que devait manger Bar-Jehoudda, si Dieu eût accepté les pains d'orge offerts à sa bénédiction sur le Thabor. L'homme hydropique, c'est-à-dire qui contient de l'eau, c'est son père, sous la figure du Zibdéos, le Verseau faiseur du Zib. Le scribe dit pour les goym qu'il était hydropique, afin que voyant ils ne voient point et qu'entendant ils n'entendent point, mais l'homme n'en a que la figure, il est Hydrôpis, comme Minerve Athènè est Glaucôpis dans Homère. Jésus le guérit comme il a guéri sa veuve il n'y a qu'un instant, et comme elle, un jour de sabbat. Comme le chef de la synagogue, le chef des pharisiens est un compère, avec tous les pharisiens qui sont avec lui. C'est quelque Cléopas, et sa maison, c'est une beth lehem. Il ne fait même pas l'avocat du diable, comme Jaïr à Kapharnahum. Son silence est un acquiescement. Le Grand Sabbat viendra pour tous ceux qui ont suivi l'Hydropique et ses fils. A la longue ces séméiologies ont pu avoir pour effet, par
l'interprétation qui leur a été donnée, un certain relâchement dans
l'observation du sabbat, mais le but des scribes, juifs jusqu'aux dents, n'a
jamais été de l'attaquer, comme le dit Proudhon, par exemple. Au contraire,
Jésus ne cesse de répéter qu'il vient confirmer Le sens du sabbat n'a pas toujours été saisi par les latins. Un seul, notre Rutilius, préfet de Rome sous Honorius, en a bien compris le caractère, parce qu'il a bien connu la superstition christienne. Quoique tout soit froid dans le sabbat des Juifs, leur cœur est encore plus froid que leur religion. Ils se condamnent le septième jour à un honteux repos, à l'image de leur Dieu fatigué de son travail[12]. Une chose m'émerveille beaucoup plus que les miracles, c'est la faiblesse de la logique chez les rationalistes, chez ceux mêmes dont le soupçon est éveillé, Proudhon, par exemple. Ce mot d'hydropique appelle pourtant l'idée d'un homme inguérissable par le moyeu employé. L'hydropique est un malade qui ne se guérit pas par l'attouchement, à moins qu'on ne profite de la circonstance pour le mettre en perce. Pas un instant Proudhon ne s'arrête devant cet obstacle dirimant, il ne voit que le sabbat violé : Jésus, dit-il, faisait le métier d'infirmier, il distribuait quelques ordonnances, sans distinction des jours, et, conclut-il, il ne lui a pas fallu un grand effort pour reprocher aux pharisiens de lui défendre non de soigner, mais de guérir le jour du sabbat. De là au miracle il n'y avait qu'un pas[13]. Si au lieu de s'égarer sur le sabbat, de prendre le change en un mot, Proudhon eût porté son attention sur l'hydropique, il aurait vu tout de suite qu'il n'y avait pas de guérison, partant pas de miracle. Les miracles que Jésus opère sont d'ordre politique, il guérit des réputations malades. 5. Puis, s'adressant à eux, il demanda : Qui de vous, si son âne (ou son bœuf), tombe dans un puits, ne l'en retire pas aussitôt, même le jour du sabbat ? 6. Et ils ne pouvaient rien répondre à cela. Rien du tout, d'autant plus que l'âne qui est tombé dans le puits, c'est l'Âne de Juda, signe du roi dont la capitale éventuelle est tombée un jour de sabbat. Dans sa chute il a entraîné le sixième bœuf de Salomon, le bœuf Zib, qui a bien besoin, lui aussi, d'être relevé. Pour cela il faut que le Maître du sabbat, dérogeant à ses habitudes, consente à ne pas se reposer ce jour-là[14]. Immédiatement après la séméiologie de l'Hydropique dans Luc, vient la parabole de la distribution des places au repas des Noces de l'Agneau. Aussitôt guéri, cet hydropique prend d'autorité la place qui lui revient à ce repas, la première, celle que tant de tribus lui dénient, à lui qui a dressé la table ! On l'a ravalé, Jésus l'exalte, et au jour des Noces attendues, c'est cet hydropique qui s'assiéra à côté de l'Æon-Zib dont il est le père zodiacal. Cet hydropique, vous l'avez déjà vu dans le personnage de l'Architriclin de Kana, c'est lui qui détient, répartie en six cruches, l'eau de la rémission dont son fds a lavé ses contemporains[15]. Et Celui qui invite, c'est-à-dire le Fils de l'homme, ne le mettrait pas à sa vraie place ? IV. — RÉMISSION DES PÉCHÉS DU CHRIST PARALYTIQUE. Nous avons vu que les synoptiseurs connaissaient parfaitement les Noces de Kana ; mais pour n'avoir pas à s'expliquer sur le mot kanaïte qui est le nom même de la secte fondée par Jehoudda, laquelle aboutit à Ménahem et aux sicaires qui tuaient jusque dans le Temple, ils l'ont supprimé, ainsi que les formes séméiologiques de ces Noces. Nous allons voir maintenant qu'ils ne connaissaient pas moins bien la scène de la piscine probatique, qui se passe à Jérusalem dans Cérinthe et qui montre Bar-Jehoudda à la fontaine de Siloé dès 776[16]. Mais comme ils ont décidé de n'amener Jésus à Jérusalem qu'une seule fois et pour renouveler sur lui la crucifixion de son corps selon le monde, ils suppriment la date indiquée par Cérinthe. De cette façon, au Heu de séjourner douze ans dans les Ecritures, Jésus n y séjourne plus qu'un an, l'année proto-jubilaire à la fin de laquelle le corps qu'il a pris dans la fable a été mis en croix. On gagne douze ans sur l'histoire. Ce n'est pas tout. Nous apprenons que, dans le dispositif
original de Cérinthe, le paralytique aujourd'hui présenté comme un vague
pécheur christien, n'était autre que Bar-Jehoudda lui-même dont l'âge est, en
effet, celui du sujet guéri : trente-huit ans. Le dispositif adopté par les
synoptiseurs n'a pour but que de faire disparaître cette identité. Pour y
arriver, ils ont supprimé toute la séméiologie des Cinq portiques de la
fontaine de Siloé. Enfin, au lieu de guérir le paralytique dans la beth-saïda de Jérusalem, en 776, Jésus le
guérit maintenant dans la maison de Dans Marc la scène se passe à Kapharnahum où demeurait Bar-Jehoudda pendant la période baptismale. Là était la maison de David quand elle émigra de Gamala. Pour les gens de 776 qui avaient été nourris dans la kabbale, c'était la beth léhem où devait venir Jésus, le Sérapis (celui qui guérit) des Juifs. MARC, II, 1. Or, il entra de nouveau dans Capharnaüm quelques jours après. 2. Et lorsqu'on apprit qu'il était dans la maison, il s'y assembla une si grande foule de personnes, que l'espace, même en dehors de la porte, ne pouvait les contenir ; et il leur prêchait la parole. L'Évangile du Royaume, tel que le Joannès l'avait prêché. Il y a tant de monde pour voir Jésus dans sa quatrième maison, que la porte Âne, transportée de Jérusalem à Kapharnahum pour la circonstance, ne laisse plus passer personne, il y a embarras d'bommes ! LUC,
V, 17. Et il arriva qu'un de ces jours il était assis, enseignant. Or, des
pharisiens et des docteurs de la loi, qui s'étaient rendus de tous les
villages de 18. Et voilà que des gens portaient sur un lit un homme paralytique, et cherchaient à le faire entrer et à le poser devant lui. Luc, mon ami, j'ai le regret de vous le dire, de deux choses l'une, ou on a touché à votre texte ou vous ne connaissez pas le premier mot de votre métier. Ce paralytique ne guérira jamais, si quelque autre évangéliste ne lui fait une ordonnance qui soit plus en rapport avec le diagnostic. Mais cet évangéliste existe, c'est Marc. MARC, II, 3. Alors on lui amena un paralytique qui était porté par quatre hommes. Ah ! à la bonne heure ! Ainsi cardinalisé, placé entre les bras de la croix, ce paralytique est sauvé d'avance, de même que Pierre en prison dans les Actes était délivré par anticipation[18], et que le Gogotha, battu par la tempête, était certain d'y échapper[19]. Il ne reste à Jésus qu'à anser le signe, conformément à la figure gravée sur les murs du Temple[20]. Mais par où l'individu privé de mouvement pourra-t-il entrer dans l'anse, si toute la foule ne s'écarte pour livrer passage aux quatre porteurs ? Il se trouve que cette foule se compose uniquement de Juifs qui sont de mèche avec l'Évangéliste, tous fils de ces honnêtes christiens qui assassinaient et volaient sous les ordres du paralytique, quand cet envoyé de Dieu possédait assez de mouvement pour leur remettre ces peccadilles dans l'eau du Jourdain. Leur intérêt est donc qu'il soit anse. D'autre part, apercevant l'Aigle, le Veau, le Lion, et l'Homme qui gardent les points cardinaux dans l'Apocalypse du paralytique[21], ils se pressent tellement autour de ce signe éternel de leur éternel Royaume, que les quatre chérubins sont amenés fatalement à se servir de leurs ailes et à trancher par l'aviation les difficultés d'accès que l'évangéliste accumule devant eux. Ces difficultés sont d'autant plus grandes que, par la translation de la scène en Nazireth, les cinq portiques de la piscine de Siloé se trouvent remplacés par des terrasses dont on ne nous dit pas le nombre, mais que nous savons ne pouvoir être supérieures à cinq : Première terrasse : Deuxième terrasse : Le Scorpion (Psinother). Troisième terrasse : Le Sagittaire (Thernôps). Quatrième terrasse : Le Capricorne (Nopsither). Cinquième terrasse : Le Verseau (Zakhûri). LUC, V, 19. Mais, ne trouvant point par où le faire entrer, à cause de la foule, ils montèrent sur le toit et, par les terrasses, ils le descendirent avec le lit, au milieu de l'assemblée, devant Jésus. MARC, II, 4. Et comme ils ne pouvaient le lui présenter à cause de la foule, ils découvrirent le toit au-dessus du lieu où il était[23], et y ayant fait une ouverture, ils descendirent le grabat où gisait le paralytique. Le voilà dans l'anse, il est guéri ! On parlera encore de ses péchés, mais on ne parlera plus de sa paralysie, il est dans le mouvement perpétuel ! En effet, ce qu'avait espéré le paralytique, on l'a vu
dans Cérinthe, c'est qu'il entrerait sous le sixième Portique millénaire,
représenté sur la terre par le portique de Salomon situé à l'Orient du
Temple. Mais comme ici l'Évangile transporte la scène en Nazireth où il fait
venir les gens de Jérusalem, le paralytique n'a plus aucun portique à sa
disposition pour y attendre La foi transportant les montagnes, les synoptiseurs peuvent
à leur gré changer les portiques en terrasses. Les quatre chérubins descendent
le paralytique dia tôn keramôn, à
travers les terrasses, de manière qu'il se trouve sous celle qui répond au
portique de Salomon, par où Jésus doit venir dans le Temple, au témoignage de
l'Apocalypse et de toutes les prophéties. Les exégètes du Saint-Siège, sans
méconnaître le sens des mots grecs, ont saisi que la manœuvre n'était
acceptable qu'à la condition de donner au toit du sixième kéramos une certaine divisibilité ; ils
traduisent kéramos par tuile, parce qu'en effet il n'eût pas été
impossible, avec des échelles et surtout des précautions, de hisser le lit de
douleur sur le toit d'une maison et de le descendre dans l'intérieur en
déplaçant les tuiles sur un espace adéquat. Cette manœuvre toutefois n'est
guère recommandable en temps de pluie, et il semble qu'elle ne doive
s'accomplir qu'avec l'autorisation écrite du propriétaire. Les toits, dit le
Saint-Siège, étaient en plate-forme, et l'escalier
qui y conduisait se trouvait souvent hors de la maison. Les maisons des
villages en Orient sont basses, souvent adossées à des collines. Le toit
formant terrasse est en terre battue supporté par d'épais branchages sans
parapet. Dans les maisons aisées, la terrasse est couverte de dalles et
entourée d'un parapet. On monte sans aucune peine sur ces toits. Les parents
du malade firent un trou dans la terrasse de terre pour le faire descendre
devant Jésus. Ils avaient monté le malade sur le toit par l'escalier extérieur
que les rabbins appellent la voie par le toit, afin de la distinguer
de celle qu'ils nomment la voie par la porte ordinaire de la maison.
On pouvait pénétrer ordinairement dans la maison, sans faire le tour par
l'escalier extérieur, au moyen d'une porte ou ouverture qui conduisait
directement de la terrasse dans les appartements intérieurs mais, cette
ouverture n'étant pas assez grande pour y faire passer le grabat sur lequel
les quatre hommes portaient le paralytique, il fallut enlever une partie de
la terrasse. Notre-Seigneur devait se trouver immédiatement au dessous de la
terrasse formant toit, dans l'appartement que nous avons pris l'habitude
d'appeler cénacle et que les écrivains du Nouveau Testament appellent
en grec anagaion ou hyperôon. C'est là que les Orientaux
avaient coutume de recevoir leurs hôtes, de prendre leurs repas et de se
retirer pendant le jour Pour s'isoler, lire ou méditer. Quant au grabat,
c'était un petit lit dont se servaient les pauvres, composé ordinairement
d'un réseau de cordes étendu sur un châssis. Quoique rien ne satisfasse mieux l'esprit que ces explications et qu'elles soient revêtues du sceau de l'infaillibilité, nous persistons dans les nôtres, elles nous semblent plus conformes aux idées du Juif consubstantiel et coéternel au Père. Les chérubins qui jonglent avec le paralytique ont fait le signe, comme Paul en mer quand le Gogotha est en péril. LUC, V, 20. Jésus, voyant leur foi, dit : Homme, tes péchés te sont remis. MARC, II, 5. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Mon fils[24], tes pêchés te sont remis. Ce n'est donc pas à un paralytique que nous avions affaire, mais à un pécheur. Pourquoi est-il désormais sans péché ? Parce que, depuis la suppression du toit de liaison, il reçoit pleinement la lumière d'en haut. Cependant, si Jésus lui remet les péchés pour lesquels il a été condamné par le sanhédrin, ce n'est pas du tout à cause de lui, c'est par considération pour la foi des disciples, entendez le commerce du baptême. Personnellement le paralytique ne mérite aucune rémission. Pécheur il était dès le ventre de sa mère, — étant né tout entier dans le péché, dit Cérinthe ![25] — pécheur il a vécu, pécheur il est mort ; mais dès le moment que, malgré tout, ses disciples persistent dans une foi qui commence à rapporter, Jésus peut d'autant moins refuser de le guérir de ses péchés — il n'est nullement question de paralysie, relisez ses paroles ! — qu'il n'est descendu sur la terre que pour cela. Cette grâce si peu méritée est bien faite pour provoquer les réclamations de compères embauchés spécialement pour s'étonner. La maison où, avant la descente du paralytique par les cinq terrasses, personne ne pouvait pénétrer à cause de la foule qui obstruait la porte, se trouve tout à coup remplie de scribes et de pharisiens assis en rond. C'est à croire qu'eux aussi ont été descendus par le toit ! Quant à Bar-Jehoudda, ayant cessé d'être pécheur en cessant d'être paralytique, il a cessé d'être paralytique en cessant d'être pécheur. Il est inondé de la lumière céleste, rempli de l'Esprit-Saint, transfiguré ; il peut jouer les dieux au naturel. Il profite de ce que Jésus lui a rendu l'usage de ses mouvements pour mener la suite de l'affaire devant les compères assemblés pour appuyer son jeu. Jésus disparait, et ceux-ci n'ont plus devant eux que le christ réhabilité, réintégré dans sa fonction de remetteur de péchés. C'est Bar-Jehoudda qui désormais aura guéri le paralytique ! MARC, II, 6. Or il y avait là quelques scribes, assis, qui pensaient dans leurs cœurs : 7. Pourquoi celui-ci parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut remettre les péchés sinon Dieu seul ? LUC, V, 21, Alors les scribes et les pharisiens commencèrent à réfléchir, disant : Quel est celui-ci qui profère des blasphèmes ? Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? Comme vous voyez, ces honnêtes gens nous ont donné le change. Car l'homme qui remettait les péchés au temps où l'action se passe, ce n'est pas Jésus, c'est le Joannès. Jésus, lui, n'en remet qu'un seul, le péché originel d'où viennent la maladie et la mort. Joannès est un sacrilège e t un blasphémateur, les Juifs ont pleinement raison, en outre, c'est un paralytique et' un mort. Mais puisqu'il a plu à Jésus de le tirer du même coup de ces quatre états pour mystifier les goym, qu'est-ce que les scribes et les pharisiens ont à dire ? MARC, II, 8. Jésus, aussitôt, ayant connu par son Esprit ce qu'ils pensaient en eux-mêmes, leur dit : Pourquoi pensez-vous ces choses dans vos cœurs ? 9. Lequel est le plus facile, de dire au paralytique : Tes Péchés te sont remis ; ou de lui dire : Lève-toi, emporte ton grabat, et marche ? 10. Afin donc que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés (il dit au Paralytique) : 11. Je te le commande, lève-toi, emporte ton grabat, et va en ta maison. 12. Et aussitôt celui-ci se leva ; et ayant pris son grabat, s'en alla en présence de tous : de sorte que tous s'étonnaient et glorifiaient Dieu, disant : Jamais nous n'avions rien vu de semblable. LUC, V, 22. Mais dès que Jésus connut leurs pensées, il prit la parole et leur dit : Que pensez-vous en vos cœurs ? 23. Quel est le plus facile de dire : Tes péchés te sont remis ; ou de dire : Lève-toi et marche ? 24. Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, il dit au paralytique : C'est à toi que je parle[26] ; lève-toi, prends ton lit et va-t-en en ta maison. 25. Et aussitôt, se levant devant eux, il prit le lit où il était couché, et s'en alla en sa maison, glorifiant Dieu. 26. Et la stupeur les saisit tous, et ils glorifiaient Dieu. Et ils furent remplis de crainte, disant : Nous avons vu des merveilles aujourd'hui. En effet, ils ont vu quelques merveilles, mais ils les
connaissaient déjà par Cérinthe chez qui elles sont beaucoup plus éclatantes,
puisqu'elles ont lieu un jour de sabbat. Les Synoptiseurs n'ont pas voulu
qu'elles se passassent un tel jour, à cause de l'infernal travail que demande
la perforation des cinq terrasses qui surplombent celle de Salomon. Pour
passer le lit du paralytique, il aurait fallu que toute Notons que les synoptiseurs connaissent parfaitement la
séméiologie de MATTHIEU, IX, 1. Jésus, étant monté dans la barque, traversa la mer et vint dans sa ville. 2. Et voilà que les gens lui présentaient un paralytique[27] gisant sur un lit[28]. Or Jésus, voyant leur foi, dit à ce paralytique : Mon fils, aie confiance, tes péchés te sont remis. 3. Et voici que quelques-uns d'entre les scribes dirent en eux-mêmes : Celui-ci blasphème. 4. Mais, comme Jésus avait vu leurs pensées[29], il dit : Pourquoi pensez-vous mal en vos cœurs ? 5. Lequel est le plus facile de dire : Tes péchés te sont remis ; ou de dire : Lève-toi et marche ? 6. Or, afin que vous sachiez que le fils de l'homme[30] a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés : Lève-toi, dit-il alors au paralytique, prends ton lit et retourne en ta maison. 7. Et il se leva et s'en alla dans sa maison. 8. Mais, voyant cela, la multitude fut saisie de crainte, et rendit gloire à Dieu, qui a donné une telle puissance aux hommes. Mais il n'a pas suffi aux synoptiseurs de supprimer les chiffres cinq et trente-huit qui, dans Cérinthe[31], trahissent d'une manière si évidente l'identité du christ avec le baptiseur et le paralytique. Dans Matthieu, qui est le plus travaillé de tous les évangélistes, on a supprimé le toit par où la lumière d'en haut descendait sur le personnage dédoublé de Jésus, de sorte que maintenant on ne reconnaît ni la séméiologie telle qu'elle est dans Cérinthe, ni la christophanie telle qu'elle est dans Marc et dans Luc. C'est la perfection[32]. Vous voyez le progrès de l'imposture et les précautions qu'on prend à la fois contre Cérinthe, contre Marc et contre Luc. Ce n'est plus Jésus qui a fait le miracle, c'est l'abominable coquin dont il est le revenant dans la fable. Le paralytique est devenu le médecin, le condamné du sanhédrin est devenu Jésus Créateur du monde ! Mais avec quelle peine ! Les Évangiles ne sont pleins que de sa réhabilitation par les aigrefins du salut, de la rémission de ses crimes par les maltôtiers du baptême ! V. — GUÉRISON DU CHRIST MALVOYANT. Nous allons faire encore une découverte fâcheuse, sinon pour l'honneur de Bar-Jehoudda, du moins pour son intelligence. De même que dans le dispositif original de l'Évangile le pécheur paralytique n'est autre que le christ, de même le pécheur aveugle-né de la piscine probatique ! Je commence à comprendre la haine dont l'Église a poursuivi Cérinthe et les Cérinthiens passés au valentinianisme. Comme pour le paralytique, les synoptiseurs ont changé le lieu de la guérison. Dans Marc Jésus ne rencontre plus l'aveugle à la beth-saïda de Siloé, on a décidé que Jésus n'irait à Jérusalem qu'une fois, pour y reprendre le rôle de Bar-Jehoudda crucifié. On place donc cette beth-saïda dans la Ghé-Nazireth, près de Gamala ou de Kapharnahum au choix. Il y a une différence capitale entre l'aveugle de Cérinthe et celui de Marc : chez Cérinthe, le christ est aveugle-né à cause de son péché mortel[33] ; chez Marc, il a vu pendant sa vie, il a même vu dans l'avenir et dans le passé. Il a mal vu, quoiqu'il s'imaginât voir mieux que tout le monde, et cette vision, il l'a consignée dans les écrits apocalyptiques où il a annoncé que, réédénisés sous le Figuier aux douze fruits, les croyants seraient semblables à cet arbre merveilleux. L'expérience a montré qu'il était aveugle ! Mais que de choses il avait vues quand il était encore dans le monde !
Il a sur la conscience toute la secte qui s'est formée à l'ombre de cet Arbre, et il est responsable des ignominies par où elle s'est illustrée. En terre christienne l'Arbre n'a produit que de mauvais fruits, et il a fait preuve en ce genre d'une déplorable fécondité. Couper l'arbre, Jésus ne le peut sans interrompre la génération en cours ; mais rouvrir les yeux du malvoyant, c'est dans ses moyens, à la condition que ce malvoyant revienne. Le voilà précisément qui arrive ; à l'instar de Ménahem[36] dans Cérinthe, il occupe la place d'Adam sous le figuier : à peine a-t-il vu Jésus qu'il fait acte de foi et hommage, et salue en lui le Jardinier du Paradis terrestre, il l'a reconnu du premier coup. Voilà celui qui a planté l'Arbre de la science du bien et du mal sous lequel Adam et Eve vivaient, vêtus de ses feuilles immortelles, avant le péché qui les a tués. Nous l'avons vu déjà remettre à un autre jubilé la section du figuier, sous le verrons frapper d'une éternelle stérilité celui de Jérusalem, l'arbre qui a refusé ses fruits à Dieu, le jour où le roi des Juifs avait eu si faim ![37] Mais il n'en demeure pas moins le Jardinier de l'Apocalypse, et quand Myriam Magdaléenne est allée au Guol-golta pour enlever son fils du tombeau, et que Jésus lui a dit cette désolante parole : Ne me touche pas, elle a répondu, pleurant la réédénisation perdue : Pardon, je vous prenais pour le Jardinier ! MARC, VIII, 22. Lorsqu'ils arrivèrent à la beth saïda, on lui amena un aveugle, et on le priait de le toucher. 23. Or, prenant la main de l'aveugle, il le conduisit hors du bourg, mit de la salive sur ses yeux ; et, lui ayant imposé les mains, il lui demanda s'il voyait quelque chose. 24. Celui-ci regardant, dit : Je vois les hommes qui marchent semblables à des arbres. Il voit donc ce qu'il voyait, étant homme et né du limon de la terre, — memento quia pulvis es ! — légèrement additionné du principe humide représenté ici par la salive de Jésus. On a supprimé ce limon qui figure avec honneur dans le texte de Cérinthe[38], de sorte que l'image de la création d'Adam est aujourd'hui privée d'un élément sur deux. On n'en a gardé que l'élément liquide utilisé dans le baptême. Ce serait tout a fait insuffisant, si l'Évangile ne sous-entendait que Bar-Jehoudda est à Machéron où il goûte la corruption inhérente à tout ce qui est de la terre ; il représente donc avec une rare perfection l'élément aride qui semble manquer à Jésus pour exécuter son miracle, mais, quoiqu'il ait en main les deux éléments de la création de l'homme, Jésus ne peut reformer le christ autrement qu'il n'a formé Adam ; il faut une seconde opération pour que ce fils d'homme puisse voir autre chose que les arbres dont son père était entouré dans l'Eden. 25. Jésus lui mit de nouveau les mains devant les yeux, et il commença à voir, et il fut guéri, de sorte qu'il voyait clairement toutes choses. 26. Alors il le renvoya à sa maison, disant : Va dans ta maison ; et si tu entres dans le bourg, ne dis rien à personne ! Pour aller dans sa maison il ne pouvait pas faire autrement que d'entrer dans le bourg, où d'ailleurs il y a plus personne au moment que l'Évangéliste choisit. Mais s'il y était entré en 776, par exemple, et voyant clair, c'est-à-dire postvoyant, il y aurait trouvé es gens qui, sur sa propre révélation, croyaient voir clair eux-mêmes en prévoyant qu'ils seraient semblés aux arbres édéniques à partir des Ânes de 789. est pourquoi Jésus recommande au postvoyant de ne rien n dire. Ou se moquerait de lui, c'est lui qui aurait air de n'avoir pas prévu ! Vous avez également remarqué les précautions que prend Jésus pour que le malvoyant n'ait pas la honte d'être guéri devant la population à laquelle il s'était présenté comme l'envoyé et le confident de Dieu. Jésus l'a pris par la main et l'a conduit hors du bourg, jusqu'à ce qu'ils se trouvassent seul à seul, loin des ouailles de 776. Après lui avoir rendu la vue, il lui a conseillé de ne rien leur dire ; c'est afin de ménager son amour-propre. D'ailleurs s'il entrait dans ce bourg, qui est mis là pour Jérusalem, il lui faudrait traverser la place où il trouverait des gens peu satisfaits de n'avoir vu ni le fleuve d'eau vive ni l'Arbre de vie, pas même le pavé d'or qu'ils devaient fouler d'un pas millénaire à partir du 15 nisan 789. Cette déconvenue, accompagnée de plusieurs autres, pourrait bien armer leurs bras de quelques gourdins empruntés aux figuiers du voisinage, et le prestige du Juif consubstantiel au Père en serait notablement diminué dans les églises. Décidément, puisque par bonheur pour lui sa guérison a eu lieu sans témoins, il vaut mieux qu'il n'entre pas du tout, et qu'il retourne à Machéron où le ver qui ne meurt point commence à s'ennuyer sans lui. Voilà surtout ce que Jésus recommande au postvoyant de ne pas dire. Les goym pourraient comprendre que, si en son vivant Bar-Jehoudda se flattait d'être la langue du Verbe juif, il n'en était pas la salive, et qu'entre Jésus et le christ il y a tout l'espace qui sépare le ciel du Guol-golta ! VI. — GUÉRISON DE DEUX AUTRES MALVOYANTS DE LA FAMILLE. Mais comment les malvoyants pourraient-ils ne pas voir, ayant devant les yeux celui qui est la lumière du monde[39] et par qui tout a été fait ?[40] Mathieu, IX, 27. Comme Jésus sortait de là, deux aveugles le suivirent, criant et disant : [Fils de David], ayez pitié de nous[41]. 28. Et lorsqu'il fut venu dans la maison, les aveugles s'approchèrent de lui. Et Jésus leur dit : Croyez-vous que je puisse faire cela ?[42] Ils lui dirent : Oui. Seigneur. 29. Alors il toucha leurs yeux, disant : Qu'il vous soit fait selon votre foi. 30. Aussitôt leurs yeux furent ouverts. Et Jésus les menaça, disant : Prenez garde que personne ne le sache. 31. Mais eux, s'en allant, répandirent sa renommée dans tout ce pays-là. Ce n'est pas à cause de lui qu'il leur recommande de se taire, c'est à cause d'eux. Comme les choses sont censées se passer avant 789, s'ils parlent, s'ils racontent lu ils ont été guéris, eux aussi, personne ne pourra comprendre qu'après cette date ils aient transmis un enseignement dans lequel ils continuent à se montrer aussi aveugles que leur maître. Car je ne vous ai pas encore présenté ces deux aveugles : l'un est Philippe, l'autre Jehoudda Toâmin, tous deux frères et secrétaires de l'aveugle de la beth saïda. Tous deux sont morts persuadés, comme Nathanaël (Ménahem) dans Cérinthe, qu'ils verraient Jésus sous le Figuier et qu'ils seraient semblables aux arbres édéniques. Et ils ont consigné ce dogme superlatif dans les Paroles du Rabbi. Si donc les Naziréens, Ebionites, Ischaïtes, et autres christiens orthodoxes apprenaient que, du temps même de leur maître commun, ces égarés — c'est le nom poli que donne à tous ces malheureux le rabbi Elisée ben Abbouya dans le Talmud — étaient guéris de leur erreur et en prévoyaient l'issue, l'admiration qu'ils conservent pour la doctrine christienne pourrait recevoir un choc capable de déterminer un ébranlement dans leur foi, peut-être une révolte contre toute cette imposture. Il convient donc qu'eux-mêmes soient jusqu'à un certain point dans la situation des goym, c'est-à-dire que voyant ils ne voient point, et que, traités par cette méthode génératrice d'hésitation et de perplexité, ils ne puissent opposer aucune résistance à la mystification universelle. Disons catholique, puisque c'est le même mot. Je désire que vous touchiez du doigt l'esprit de ruse et de duplicité qui a produit cette Ecriture. Jésus ne veut s'engager à guérir Philippe et Toâmin que s'ils l'en croient capable. Oui, disent-ils, et en effet ils croyaient que rien n'était impossible à Dieu. Qu'il vous soit fait selon votre foi, répond Jésus. Et pivotant sur cette foi, il leur fait voir juste le contraire des visions qui l'avaient formée ! Mais il ne lui servirait de rien d'avoir ouvert les yeux du christ, s'il ne rendait le même office aux deux autres aveugles de la maison. VII. — GUÉRISON DU LÉPREUX DOMESTIQUE. Bar-Jehoudda, en sa qualité de Nazir, ne se serait pas
approché d'un lépreux pour tout l'or qu'il comptait fouler dans LUC, V, 12. Or il arriva, comme il était dans une des villes, qu'un homme couvert de lèpre, voyant Jésus, se prosterna, la face contre terre, et le pria, disant : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir. 13. Et étendant la main, il le toucha, disant : Je le veux, sois guéri. Et sur-le-champ, sa lèpre le quitta. 14. Et Jésus lui commanda de ne le dire à personne : Mais va, dit-il, montre-toi au prêtre, et offre pour ta guérison ce que Moïse a ordonné, en témoignage pour eux. MARC, I, 40. Or un lépreux vint à lui, le suppliant, et se Jetant à genoux, il lui dit : Si vous voulez, vous pouvez me guérir[43]. 41. Jésus, ému de compassion, étendit sa main, et le touchant, lui dit : Je le veux, sois guéri. 42. Lorsqu'il eut parlé, la lèpre disparut soudain de cet homme, et il fut guéri. 43. Mais Jésus le renvoya aussitôt, le menaça, 44. Et lui dit : Garde-toi de rien dire à personne ; mais va et montre-toi au prince des prêtres, et offre pour ta guérison ce que Moïse a ordonné, en témoignage pour eux. MATTHIEU, VIII, 1. Or, lorsqu'il fut descendu de la montagne[44], une grande foule le suivit. 2. Et voilà qu'un lépreux venant à lui l'adorait, disant : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir. 3. Et Jésus, étendant la main, le toucha, disant : Je le veux, soit guéri. Et à l'instant sa lèpre fut guérie. 4. Alors Jésus lui dit : Prends garde, ne le dis à personne ; mais va, montre-toi au prêtre, et offre le don prescrit par Moïse, en témoignage pour eux. C'est-à-dire afin que ce soit pour eux un témoignage et une preuve incontestable de ma puissance et de ma fidélité à faire observer la loi. C'est ainsi que le Saint-Siège apprécie ce miracle qui, violation radicale de la loi à laquelle était soumis Bar-Jehoudda, est par cela même frappé d'impossibilité. D'abord le lépreux ne devrait point être au milieu de gens
qui sont censés purs, il devrait en être séparé par le jugement du prêtre[45], et pour leur
éviter toute souillure, crier à tous son impureté[46] : il a donc
contrevenu à la loi pour être guéri. Jésus veut qu'il y rentre en allant se
montrer au prêtre, et en offrant le don prescrit par Moïse, c'est-à-dire deux
passereaux vivants dont il est permis de manger, du bois de cèdre, de
l'écarlate et de l'hysope ; après quoi il sera lavé une première fois et
relavé le septième jour. C'est au prêtre en effet qu'il appartient de le
purifier, mais que lui reste-t-il à faire depuis que le malade a été touché
par celui qui devait baptiser de feu tous les Juifs et le baptiseur lui-même
? Jésus est le seul qui puisse le guérir en le touchant et le toucher sans
être impur. Un mort aussi est impur aux yeux de A chaque prodige un peu important, à chaque prophétie faite pour revenir sur le passé, Jésus recommande aux compères de n'en rien dire à personne. Quant à sa mère selon le monde, à chaque invention de l'Évangéliste, elle s'arrange de manière à garder la chose dans son cœur. Entendez qu'elle la garde pour elle. C'est pour expliquer qu'aucun des contemporains n'en ait rien vu et même qu'ils aient su tout le contraire. S'il eu était autrement, on ne pourrait que blâmer un homme qui, ayant le pouvoir de guérir toutes les maladies d'Israël, donnerait ordre aux bénéficiaires de garder pour eux son nom et son adresse. Il est bien vrai que telle est l'intention de l'Évangéliste, et que Jésus réserve à l'Église seule le bénéfice de toutes ces impostures, car le jour approche où les évoques vont se dire héritiers des apôtres dans le privilège de guérir et de ressusciter. Avant de se retirer il recommande au lépreux de ne dire à personne qu'il l'avait touché. De cette façon, les contemporains du Nazir ont ignoré qu'il se fût souillé aussi abominablement. Et devant les goym dupés, bafoués, volés, il aura le mérite d'avoir bravé la loi du naziréat pour être utile à un malade ! Changer, et avec assez d'habileté pour tout recevoir sans rien donner, voilà la raison d'être de Jésus. On s'est aperçu plus tard que toutes ces guérisons dans le
secret, hors des bourgs, près des fontaines, étaient contraires au but
poursuivi, puisqu'il n'y en avait jamais de témoins. Pourquoi empêcher le
lépreux, notamment, d'aller conter son affaire dans MARC,
I, 45. Mais celui-ci, étant parti, se mit à raconter et à publier partout ce
qui s'était passé ; de sorte que Jésus ne pouvait plus paraître publiquement
dans LUC, V, 15. Cependant sa renommée se répandait de plus en plus ; des troupes nombreuses venaient pour l'écouter et pour être guéries de leurs maladies. 16. Mais il se retirait au désert, et priait. Et maintenant, très précieux jehouddolâtres, voulez-vous savoir pourquoi Jésus recommande le plus profond mystère autour de cette guérison sensationnelle ? C'est que le lépreux, — tenez-vous bien, vous allez recevoir un choc ! — le lépreux n'est autre que votre Seigneur, le Juif consubstantiel et coéternel au Père ! Est-ce à dire que Bar-Jehoudda ait été personnellement atteint de lèpre ? Il ne lui manquerait plus que cela ! Mais la lèpre est dans son sang par Myriam Magdaléenne[47], dont sa mère porte le nom, il est fils de lépreux par Azarias mort de cette affreuse maladie, et ce ne sont évidemment pas les seuls cas qu'on puisse relever dans son auguste famille. Or, lui appliquant sa théorie sur l'expiation héréditaire, les évangélistes mettent sur lui tous les péchés et toutes les maladies, non, seulement de son ascendance directe, mais encore de toute sa tribu : Il a pris sur lui nos maladies et nos langueurs, disent-ils[48] ; ils en font l'Agneau, qui enlève les péchés[49] d'Israël, ils ont donc un intérêt religieux à ce que Jésus le purifie, puisqu'en même temps il purifie tous ceux pour lesquels il a été sacrifié. De son côté, Jésus ne se soucie pas d'assumer dans les hauteurs un individu qui, outre le péché mortel dont est mort Adam, incarne toutes les tares et toutes les lèpres accumulées en Israël depuis le commencement du monde. Il lui a lavé les pieds dans Cérinthe, mais cela ne suffit pas : le nouveau dispositif, où Bar-Jehoudda joue le rôle d'agneau émissaire, exige qu'il soit sans aucune tache. Or il lui en reste encore beaucoup, même après la guérison de sa paralysie, de son aveuglement et de la lèpre domestique. On va les lui enlever une à une, avant de le produire devant les goym comme créateur du ciel et de la terre. Jésus n'a été inventé que pour celai Dans toutes ces guérisons, Jésus montrait une telle partialité pour sa maison selon le monde, que le nom du lépreux purifié n'aurait rien appris de plus aux initiés, il était sous-entendu. Dans Luc, Jésus a éprouvé le besoin d'étendre son action thérapeutique à des lépreux Samaritains qui se présentent au nombre de dix. Cette multiple cure au milieu d'un pays dont il interdit l'accès aux disciples dans le dispositif original, sous peine de damnation, nous a paru trop éloignée de ses intentions premières pour rentrer dans la catégorie des cures familiales. Elle a un sens que cette classification détruirait. VIII. — Puisque Satan a promis de se tenir tranquille pendant toute la logophanie, on ne le mettra pas personnellement en scène, mais on convoquera de nombreux démons, ses fils, à qui Jésus fera subir de retentissantes défaites. A peu près nulle dans Cérinthe, la kabbale d'exorcisme est
extrêmement développée dans les Synoptisés. Ce ne sont que démons fuyant
devant Jésus, à sa seule vue. Et c'est en effet ce qui devait se passera
l'entrée du monde dans le douzième Æon, c'est-à-dire au Renouvellement des
choses. Pour bien comprendre les victoires de Jésus, il faut se reporter à
l'idée que Bar-Jehoudda se faisait de Satan, de son Royaume et de ses forces.
On oublie toujours que, dans le système de l'Apocalypse, Satan tire sa
puissance de ce fait qu'il occupe le premier ciel, celui que nous voyons de
nos yeux, et qui par conséquent a pour la terre l'inconvénient d'être mitoyen
avec elle. Satan n'en a pas été précipité en 789 avec ses anges, il y est
encore. Le Fils de l'homme, qui occupe le second ciel, et le Père
le-troisième, sont sûrs de l'écraser un jour, ils n'ont qu'à se laisser
tomber dessus ! Mais ce jour, qui devait commencer le 15 nisan 789, n'est pas
venu. Jésus, pour traverser le premier ciel, n'a-t-il pas été obligé de se déguiser
chez Barbilo Comme le Fils de l'homme, Satan a ses anges aussi nombreux
que ceux du Père, mais mâles et femelles : douze Æons, trente-six Décans et
cent quarante-quatre mille guerriers en lutte constante chez les Juifs.
Ce-sont ces puissances que chassait Bar-Jehoudda par la méthode égyptienne,
en attendant le renfort prochain de Valentin nous a conservé dans ses Sagesses quelques-unes des gloses d'exorcisme dont usait Bar-Jehoudda. La triple répétition du mot Amen, comme dans l'Apocalypse, le nombre des anges invoqués, la disposition des lettres de leur nom, tout concourait à leur efficacité. Toute cette défroque magique venait de la garde-robe de Salomon, grand docteur en ces matières, d'où le nom de Sage qu'il a laissé parmi les Juifs. Si vous voulez voir de ces conjurations écrites sur des poteries par les Juifs de Babylone, ouvrez le livre de Layard[51] : Ceci est une lettre de divorce que je donne au diable et à Satan, et à Nérig, et à Zachiah, et à Abitar de la montagne, et aux monstres de la nuit... J'annule les desseins de ces diables et le pouvoir du chef des monstres de la nuit. Je vous ordonne à tous, monstres maies et femelles, de prendre la fuite. Je vous ordonne, par le sceptre de celui qui seul est puissant, de quitter ces habitations... Amen, amen, amen, selah ! Amen est, comme vous savez, le nom cabalistique de Jésus dans l'Apocalypse : Jésus est Hyper (au-dessus d') Amentô, et l'Amentô est le ciel de Satan dans Valentin. L'Amen est répété trois fois comme dans l'Apocalypse, une fois contre Abitar, une fois contre Zachiah, une fois contre Nérig. A la quatrième, régie par l'Âne, signe de la venue du Soleil à la terre, et quatrième veille de la nuit, Satan est divorcé d'avec le corps qu'il possède, et l'exorciste célèbre cette victoire par le mot Selah qui veut dire paix. C'est pourquoi Jésus a ce mot à la bouche. Selah ! la paix soit avec vous ! lorsque, le quatrième jour (et non le troisième, comme dit l'Église), il apparaît, ressuscité, devant les apôtres. Même lettre approuvée, confirmée et scellée[52] par l'autorité divine, dont l'efficacité se fera sentir à ceux qui la liront, à tous ceux qui habitent Pasikiah ; pour préserver du nidra, et de la sorcellerie, et des enchanteurs, et de ce levatta... et de tous les mauvais Esprits mâles et femelles, et du mauvais œil... C'est pourquoi Dieu dit aux ouvriers qui réclament contre leurs collègues de la onzième heure : Ton œil est-il mauvais parce que je suis bon ? Aucun œil ne peut être mauvais contre des Juifs ou chez des Juifs qui ne font qu'un avec leur Père. Voici une autre conjuration : Remède céleste pour guérir les
maladies et pour chasser les démons... Ce remède garantira tous les enfants
des hommes des charmes des enchanteurs et en délivrera vos habitations...
Cette amulette met fin au levatta, qu'il soit vieux ou nouveau. Elle protège
contre les magiciens[53], au nom de
Batiel et de Gatuel, et par la protection d'un ange qui a onze noms : ss. bb. hs. rig, ccc. acs. acs. id. rih. hrih. ih. oini.
hch. qph. ang. paa. nsc. csc. ici. cvv. nha. ii[54]. Par ces noms
les captifs seront délivrés de leur captivité[55] et de tout nidra, de tout levatta,
de tout patiki, de tout isarta, aussi bien que de tout autre mauvais
Esprit... Amen, amen, selah,
amen, amen, amen, amen, selah, hallelluiah, hallelluiah[56], V.
V. V. Prends garde, V. V. V. V... Celle-là est irrésistible. Je l'ai essayée contre les
exégètes possédés du démon, ils n'ont pas tenu une seule minute devant cette
formule, ils étaient divorcés d'avec le sens commun, à l'instant même ils ont
été réunis à Les rois de Juda, Manassès notamment, disaient que les
Anges avaient été les instituteurs des patriarches dans La faillite du Royaume avait fait de Satan le rival heureux
du Fils de l'homme, puisque la lutte qui devait se livrer entre eux n'avait
pas eu lieu. On convint alors que la bataille annoncée dans l'Apocalypse,
et gagnée d'avance par Michaël, se serait livrée réellement, que Satan aurait
été précipité du ciel pendant le séjour de Jésus sur la terre, et que
celui-ci aurait été le témoin de ce foudroiement : J'ai
vu, dit-il, Satan tomber du ciel comme un
éclair ; et l'auteur de Non seulement Jésus fait sienne toute la kabbale par laquelle Bar-Jehoudda et ses six frères exorcisaient[64], mais encore il démontre aux Juifs qu'en ravalant ces exorcismes au niveau des pratiques analogues chez les païens, ils se dénient à eux-mêmes leur propre élection. Vous l'entendez : c'est par Iahvé que Bar-Jehoudda et ses frères chassaient les démons. Là-dessus il ne transige pas. Les Juifs ne sont pas dieux, si Bar-Jehoudda n'était pas qualifié pour l'exorcisme ! Si ce n'est par Iahvé, par qui vos fils chassent-ils les démons ? Par Satan ? Non. C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges ! Parfaitement. Et ceux dont il est question ici, fils de Jacob en ligne directe, seront assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus. Oui, Jehoudda Is-Kérioth lui-même ! Entendez-vous, Juifs qui vous débattez contre votre divinité ? IX. — LES DÉMONS DU FOYER JEHOUDDIQUE. Les scribes de MARC, IX, 13. Et venant vers ses disciples, il vit une grande foule autour d'eux, et des scribes disputant avec eux. 14. Aussitôt tout le peuple, apercevant Jésus, fut saisi d'étonnement et de frayeur : et, accourant, ils le saluaient. 15. Alors il leur demanda : De quoi disputez-vous ensemble ? 16. Et un homme de la foule, prenant la parole, dit : Maître, je vous ai amené mon fils, qui a en lui un esprit muet ; 17. Lequel, partout où il s'empare de lui, le brise contre terre, et l'enfant écume, grince des dents, et il se dessèche. J'ai dit à vos disciples de le chasser, mais ils ne l'ont pu. Cet enfant est le peuple juif tout entier. Il est muet, parce qu'il n'a pas le Verbe, il ne l'a jamais eu. Au pouvoir de Satan (en qui il y a beaucoup de feu, — comme dans Moloch ! — mais point d'eau), il s'est desséché. Les fils de Juda, qui sont par cela même fils de Moloch,
n'ont pas été capables de le guérir, ils l'ont passé au feu pendant leur
règne ! Ainsi d'ailleurs a fait tout Israël. Il est facile de comprendre que
les fils de Jehoudda n'aient pas mieux réussi, attendu que le dieu de leurs
pères ne dispose pas des deux éléments de MARC, IX, 18. Jésus, s'adressant à eux, dit : Ô race incrédule, jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi. 19. Et ils le lui amenèrent. Or, sitôt qu'il eut vu Jésus, l'Esprit le tourmenta ; et, brisé contre terre, il se roulait en écumant. 20. Jésus demanda à son père : Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? — Depuis son enfance, dit le père. 21. Souvent il l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr ; mais si vous pouvez quelque chose, ayez pitié de nous et secourez-nous ! 22. Jésus lui dit : Si tu peux croire, tout est possible à celui qui croit. 23. Et aussitôt le père de l'enfant s'écria, disant avec larmes : Je crois, Seigneur ; aidez mon incrédulité. N'allons pas plus loin sans admirer la robuste
constitution de l'enfant qui, précipité dans le Nil avec Moïse et tous les
mâles des Hébreux[66], ou dans le feu
comme tous les premiers-nés de Juda, n'en est pas moins arrivé jusqu'à la fin
du second siècle sans avoir d'autre maladie qu'une certaine sécheresse. Il ne
lui manque que 24. Et Jésus, voyant une foule qui accourait, menaça l'Esprit impur, lui disant : Esprit sourd et muet, je te le commande, sors de cet enfant et n'y rentre plus ! 25. Et, poussant un grand cri et le déchirant violemment, il sortit de l'enfant, qui devint comme mort ; de sorte que beaucoup disaient : Il est mort. 20. Mais Jésus prenant sa main et le soulevant, il se leva. 27. Et lorsque Jésus fui entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent en secret[67] : Pourquoi, nous, n'avons-nous pu le chasser ? 28. Il leur dit : Ce genre de démons ne peut se chasser que par la prière et le jeune. Ce n'est pas que les disciples n'eussent prié et jeûné selon les rites, mais il s'agit ici de la prière et du jeûne célestes. Seul Jésus peut prier son Père sans avoir à s'excuser du péché originel, seul il peut n'avoir jamais ni mangé ni bu. Quant au père terrestre, celui qui amène son enfant à Jésus, c'est purement et simplement le nommé David, ce digne homme que les habitants de Jérusalem appellent notre père David[68] quand ils aperçoivent Jésus monté sur les Ânes de Juda. Jésus le purifie en la personne de son rejeton. Je suis le rejeton et la racine de David, disait le Juif consubstantiel et coéternel au Père[69]. Matthieu présente la chose de manière à ménager davantage l'amour-propre de Bar-Jehoudda dont l'impuissance à modifier sa nature et celle de ses ancêtres est nettement constatée ici. A cet effet, il a remplacé l'enfant sourd et muet de naissance par un lunatique, c'est-à-dire un épileptique soumis aux phases de la lune, ce qui transforme la surdité et le mutisme congénitaux de l'enfant en une maladie périodique, mais accidentelle. MATTHIEU, XVII, 14. Lorsqu'il fut venu vers le peuple, un homme s'approcha de lui et se jeta à ses pieds, disant : Seigneur, ayez pitié de mon fils, parce qu'il est lunatique et qu'il souffre cruellement ; car il tombe souvent dans le feu et souvent dans l'eau. 15. Je l'ai présenté à vos disciples, et ils n'ont pu le guérir. 16. Et répondant, Jésus dit : Ô race incrédule et perverse, jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi ici. 17. Or, Jésus ayant gourmande le démon, il sortit de l'enfant, qui fut guéri à l'heure même. 18. Alors les disciples s'approchèrent de Jésus en secret, et lui dirent : Pourquoi, nous, n'avons-nous pu le chasser ? 19. Jésus leur répondit : A cause de votre incrédulité. En vérité, je vous le dis, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à celle montagne : Passe d'ici là, et elle y passerait, et rien ne vous serait impossible. 20. Mais ce genre de démons ne se chasse que par la prière et le jeûne. On a modifié cette guérison dans Luc où elle perd toute signification. Le malade n'est plus ni sourd-muet de naissance, ni lunatique qualifié. Il est atteint d'une affection qui, si nous étions sur le terrain pathologique, serait incontestablement l'épilepsie. Bar-Jehoudda savait l'art d'en provoquer les accès pour se donner le mérite de les guérir, — car, dit Josèphe, il ne se faisait conscience de rien pour abuser le peuple[70] ; c'est un imposteur, il trompe le peuple, dit le Quatrième Évangile[71], — et cet acte d'inhumanité lui était compté pour une preuve de puissance, nous devrions dire de démonisme, puisqu'il était le plus grand des sept démons que Jésus avait extraits des flancs de Salomé ! Ce secret pouvait en être un pour les malheureux auxquels ce charlatan avait affaire, mais tous les marchands d'esclaves le connaissaient, il consistait à soumettre le sujet suspect de mal caduc à l'épreuve de la pierre de jayet ou à l'examiner devant un tour de potier. Mais il ne s'agit point ici d'un exorcisme de ce genre. LUC, IX, 37. Il arriva que le jour suivant, comme ils descendaient de la montagne, une foule nombreuse vint au-devant d'eux. 38. Et voilà que de la foule un homme s'écria, disant : Maître, je vous supplie, jetez un regard sur mon fils, car c'est le seul que j'aie. 39. Et voilà qu'un Esprit se saisit de lui, et aussitôt il crie, puis l'Esprit le brise contre terre, le déchire en le faisant écumer, et à peine le quitte-t-il après l'avoir tout déchiré. 40. J'ai prié vos disciples de le chasser, et ils ne l'ont pu. 41. Jésus, répondant, dit : Ô race infidèle et perverse, jusques à quand serai-je avec vous, et vous supporterai-je ? Amène ici ton fils. 42. Et comme il approchait, le démon le brisa contre terre et le déchira. 43. Alors Jésus gourmanda l'Esprit impur, guérit l'enfant, et le rendit à son père. X. — LE DÉMONIAQUE DE Après avoir chassé les démons hors de sa maison, selon le monde, il se dirige vers ce qui restait alors de la synagogue de Kapharnahum. Elle était pleine de gens-impurs au temps où Bar-Jehoudda y prêchait l'Évangile-du Royaume. Ils sont revenus avec le revenant, tous-peu rassurés sur leur sort, car ils ont devant eux le-Juge, celui qui selon les cas réaccouple ou divise. Or, Bar-Jehoudda est certain d'être divisé ; sa virginité ne lui sert plus de rien, et, la réadamisation n'ayant pas eu lieu en 789, il est ben-Sotada, fils de l'adultère, comme-devant. MARC, I, 21. Ils vinrent ensuite à Capharnaüm ; et d'abord, entrant le jour du sabbat dans la synagogue, il les instruisait. 22. Et ils s'étonnaient de sa doctrine : car il les enseignait comme ayant autorité, et non comme les scribes[72]. 23. Or il y avait dans leur synagogue un homme possédé de l'Esprit impur, et il s'écria, 24. Disant : Qu'est-ce que vous nous voulez, Jésus de Nazireth ? Êtes-vous venu pour nous perdre ? Je sais qui vous êtes : le Saint de Dieu. 25. Et Jésus le menaça, disant : Tais-toi, et sors de cet homme. 26. Alors l'Esprit impur, le déchirant, et criant d'une voix forte, sortit de lui. 27. Et ils furent tous saisis d'étonnement, de sorte qu'ils s'interrogeaient entre eux, disant : Qu'est ceci ? quelle est cette doctrine nouvelle ? car il commande avec empire, même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. LUC, IV, 31. Et il descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et là il les enseignait aux jours du sabbat. 32. Et ils s'étonnaient de sa doctrine, parce qu'il leur parlait avec autorité[73]. 33. Or il y avait dans la synagogue un homme ayant en lui l'Esprit du démon impur, et il cria d'une voix forte, 34. Disant : Laissez-nous ! Qu'y a-t-il entre nous et tous (qu'est-ce que vous nous voulez ?), Jésus de Nazireth ? Êtes-vous venu pour nous perdre ? Je sais qui vous êtes : le Saint de Dieu. 35. Et Jésus le gourmanda, disant : Tais-toi, et sors de cet homme. Et le Démon, l'ayant jeté à terre au milieu de l'assemblée, sortit de lui et ne lui fit aucun mal. 36. Et l'épouvante les saisit
tous, et ils se parlaient entre eux, disant : Qu'est-ce
que ceci ? il commande avec puissance et force aux esprits impurs, et ils
sortent. 37. Et sa renommée se répandit de tous côtés dans le pays. C'est bien extraordinaire, avec toutes les précautions qu'il prend pour que rien ne se sache ! Le premier sentiment de l'homme possédé de l'Esprit impur, c'a été la peur, la peur que Jésus ne fût venu pour accomplir l'Apocalypse, car dans ce cas-là ce malheureux eût été précipité dans l'abîme. Il exprime le même sentiment que l'homme-légion possédé de deux mille diables dont nous ferons la connaissance plus tard. Mais il rachète l'impureté de son esprit par son hypocrisie. Le démon pourrait fort bien le pousser à dire quelle mystification se prépare contre les goym, et quel est au fond l'individu dont Jésus de Nazireth est le revenant sur terre. Aussi l'Église juge-telle prudent de débarrasser immédiatement toute la synagogue de ce genre de démons-là. Il est entendu que personne ne dira rien. FIN DU SEPTIÈME TOME |
[1] On l'a repoussée au ch. XIII, au moment où le revenant de Bar-Jehoudda monte à Jérusalem pour y ressusciter.
[2] Cf. L'Evangile de Nessus. Nous avons jusqu'ici daté de 777, mais comme, d'autre part, nous datons la nativité de 738 au lieu de 739, nous devons avancer d'un an certains faits de la carrière de Bar-Jehoudda.
[3] Luc, III, 1.
[4] Livre I, ch. XV.
[5] Son mari dans les Évangiles valentiniens.
[6] Matthieu, XXIII, 13, et Luc, XI, 52.
[7] Sur cette clef qui ouvre et ferme le Royaume et qui appartient à la maison de David, cf. la fin du chapitre précédent.
[8] À la bataille de Gamala, cf. Le Roi des Juifs.
[9] C'est l'expression même des Actes des Apôtres. Cf. Les Marchands de Christ.
[10] Cf. L'Évangile de Nessus.
[11] On a vu que Shehimon avait eu au moins deux enfants, Jehoudda dit Marcos et une fille nommée en grec Rhodè, Rose. Cf. Le Saint-Esprit.
[12] Itinéraire, I, 389-392.
[13] Les Évangiles annotés, Bruxelles, 1866, in-12°.
[14] Est-ce que Salomé, Shehimon, Cléopas et sa femme n'ont pas quelque peu violé le sabbat lorsqu'ils ont machine l'enlèvement de Bar-Jehoudda du Ghé-Hinnom ?
[15] Cf. L'Évangile de Nessus.
[16] Cf. L'Évangile de Nessus.
[17] Elle opérait thérapeutiquement. On ferait beaucoup mieux d'appeler Sérapis Thérapis.
[18] Cf. Le Saint-Esprit.
[19] Cf. Le Gogotha.
[20] Nous l'avons donnée dans le Gogotha.
[21] Cf. Le Roi des Juifs.
[22] Elle est anonyme dans l'invocation cabalistique de Bar-Jehoudda.
[23] On a supprimé les terrasses dans Marc. Dans Matthieu on supprimera le toit.
[24] Son fils aîné, car il en a six autres.
[25] Cf. L'Évangile de Nessus.
[26] Jésus est le Verbe, ne l'oublions pas.
[27] L'accès de la maison n'est plus encombré. On a supprimé la porte Âne et les terrasses.
[28] Il est au même plan, au même niveau que Jésus, on ne le descend plus par le toit, et les porteurs ne forment plus la croix.
[29] Il n'est plus prévenu par son Esprit comme dans Marc.
[30] Le fils aîné de l'homme qui s'appelait Jehoudda, et non le Fils de l'homme qui est dans l'Apocalypse le Verbe incarné.
[31] Cf. L'Évangile de Nessus.
[32] Le toit semble avoir été supprimé lorsque l'Église, pour obtenir que Mathias-bar-Toâmin eut été témoin de Jésus, eut pris le parti de l'asseoir au bureau des impôts de Kapharnahum en remplacement de l'imaginaire Lévi. En effet, l'élection de Matthieu par Jésus (IX, 9-13), celte millième fourberie, vient immédiatement après la guérison du paralytique dans l'Évangile que l'Église a attribué à Mathias, fils de Jehoudda Toâmin.
[33] Cf. L'Évangile de Nessus.
[34] Rome sur la Louve.
[35] Jérusalem.
[36] Sous le nom de Nathanaël, cf. l'Évangile de Nessus.
[37] Il était en état de jeune de trois jours lorsqu'il fut arrêté.
[38] Cf. L'Évangile de Nessus.
[39] Cf. L'Évangile de Nessus.
[40] Cf. L'Évangile de Nessus.
[41] On a ajouté fils de David lorsque l'Église eut combiné l'élément Jésus avec l'élément Bar-Jehoudda dans la formule Jésus-Christ.
[42] Après avoir pitié de leur aveuglement et les en guérir.
[43] Déjà on dissimule que la scène se passe dans une villa.
[44] La scène se passe après le Sermon sur la Montagne dans Matthieu.
[45] Lévitique, XIII, 45.
[46] Lévitique, XIII, 44.
[47] Cf. Nombres, XII, 10 ; Deutéronome, XXIV, 9.
[48] Nous verrons tout cela dans la suite.
[49] Cf. L'Évangile de Nessus.
[50] Cf. l'Évangile de Nessus.
[51] Discoveries in the ruins
of Nineveh and Babylone, p. 512-520.
[52] Des sept sceaux de l'Apocalypse, cf. Le Roi des Juifs.
[53] Les magiciens sont les Chaldéens dont les sorts nuisent aux Juifs, de même que les devins dans les Ecritures sont les prophètes contraires aux Juifs.
[54] Vingt-deux combinaisons sur certaines des vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu. L'Apocalypse, composée de vingt-deux chapitres, est régie par ces vingt-deux lettres.
[55] Formule chère à Bar-Jehoudda pendant l'année sabbatique 788, nous verrons cela bientôt.
[56] Fréquent emploi de ce mot dans l'Apocalypse.
[57] L'invocation tétragrammatique de Bar-Jehoudda, cf. le présent volume, ne contient également que onze noms.
[58] Cf. la Pistis Sophia de Valentin, p. 195. J'ai déjà cité quelques-unes de ces gloses, il y en a d'autres. Espérons que, parmi les exégètes exorcisés, quelqu'un se rencontrera pour déterminer mathématiquement les rapports de la kabbale christienne avec ce qu'on appelle à tort le système de Valentin. Valentin n'a d'autre système que celui de Bar-Jehoudda, il en diffère dans l'accomplissement, c'est tout.
[59] Cf. Le Charpentier, t. I du Mensonge chrétien.
[60] Cf. Le Roi des Juifs.
[61] Sous le nom d'Eliphas Lévi, Histoire de la magie, p. 105 de l'édition de 1860.
[62] Deuxième Lettre de Pierre, II, 4-10.
[63] Cf. Le Charpentier.
[64] Quelques-uns, Shehimon et Jacob senior, jusque dans Ephèse. Cf. Le Saint-Esprit.
[65] Cf. L'Évangile de Nessus.
[66] Pharaon fit ce commandement à tout son peuple : Jetez dans le fleuve tous les enfants mâles qui naîtront parmi les Hébreux et ne réservez que les filles. Exode, I, 22.
[67] Naturellement !
[68] Cf. Marc, XI, 10.
[69] Cf. Le Roi des Juifs.
[70] Cf. Le Roi des Juifs.
[71] Cf. L'Évangile de Nessus.
[72] Les scribes ici désignés sont ceux de la génération apostolique, Bar-Jehoudda, Philippe et Toâmin, et leurs écritures sont les Paroles du Rabbi.
[73] On a supprimé et non comme les scribes de la génération apostolique.