LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME VI — L'ÉVANGILE DE NESSUS

I. — L'ÉVANGILE DE CÉRINTHE.

 

 

CHAPITRE IX. — SÉMÉIOLOGIE DE L'AVEUGLE-NÉ.

 

En passant sous le Portique de Salomon, — nous en sommes sûr, bien qu'il ne soit pas nommé, — Jésus rencontre un aveugle-né qui mendie de la lumière.

L'aveugle-né est de la même famille que le paralytique-né. Tous deux souffrent du péché originel pour lequel leurs parents ont été chassés de l'Éden. L'un est privé du jour de vingt-quatre heures, image de la lumière continue ; l'autre est privé de la chaleur d'où naît le mouvement éternel. Ni l'aveugle-né ni ses parents immédiats n'ont péché par eux-mêmes ; mais par Adam ils sont sous le péché. Jésus fera tout ce qu'il pourra pour Cet infirme, il lui donnera le change.

1. Et comme il passait, Jésus vit un homme aveugle de naissance.

2. Et ses disciples l'interrogèrent ; Maître, qui a péché, celui-ci ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ?

3. Jésus répondit : Ni celui-ci n'a péché, ni ses parents, mais c'est pour que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.

4. Il faut que j'opère les œuvres de celui qui m'a envoyé, tandis qu'il est jour ; la nuit vient, pendant laquelle personne ne peut agir[1].

5. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.

6. Lorsqu'il eut dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, et frotta de cette boue les yeux de l'aveugle.

Nous l'en aurons entendu parler de cette lumière du jour pendant laquelle il opère avec ou sans les douze, et de ces ténèbres de la nuit pendant lesquelles il marche sans pouvoir agir ! Mais jusqu'à présent nous ne l'avions pas vu employer la boue. Cependant, si vous voulez bien vous reporter à la Genèse, vous y retrouverez cette boue sous le nom de limon dans la formation de l'homme. Jésus refait pour un instant la boue dont il s'est servi jadis pour faire le premier père de Bar-Jehoudda, La salive du Verbe ! Pourtant elle contient un élément mortel, la terre dont elle est mêlée. Comment faire disparaître cet élément ? Par l'eau. L'aveugle-né ne l'ignore pas, c'est un compère.

7. Et il lui dit : Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (ce qu'on interprète par Envoyé). Il s'en alla donc, se lava, et revint voyant clair.

8. De sorte que ses voisins et ceux qui l'avaient vu auparavant mendier, disaient : N'est-ce pas celui-là qui était assis et mendiait ? D'autres disaient : C'est lui.

9. Et d'autres : Point du tout, seulement il lui ressemble. Mais lui disait : C'est moi.

10. Ils lui demandaient donc : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ?

11. Il répondit : Cet homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, il a frotté mes yeux, et m'a dit : Va à la piscine de Siloé, et lave-toi. J'y suis allé, je me suis lavé, et je vois.

12. Ils lui demandèrent : Où est-il ? Il répondit : Je ne sais.

13. Alors ils amenèrent aux pharisiens celui qui avait été aveugle.

14. Or c'était un jour de sabbat que Jésus fit de la boue et ouvrit ses yeux.

 

CHANGE DONNÉ SUR LES MOTIFS DE LA CONDAMNATION DU RABBI.

 

Le fils aîné de Jehoudda et de Salomé, le prisonnier de la Loi et du système exploité dans l'Apocalypse, n'eût pas manqué au sabbat pour tout l'or de sa capitale millénaire. Sa mère a failli le laisser éternellement au Guol-golta plutôt que de violer le sabbat qui interdisait de faire plus de deux mille pas ce jour-là, de porter un fardeau, et par conséquent d'opérer l'enlèvement d'un cadavre. Mais pour Jésus qui est le maître du temps et le créateur de l'homme, pour Jésus qui écrit ce qu'il veut sur la terre où vécut Bethsabée, et qui est la lumière du monde, qu'est-ce qu'un sabbat ? Un jour comme un autre, un lendemain de celui où il a créé Adam avec un peu de boue et d'eau. Comment celui qui a fait le sabbat serait-il lié par la religion des Juifs ? N'est-ce pas lui qui liait et déliait avant que le Joannès s'attribuât ce pouvoir en administrant le baptême ? Mais les pharisiens de 788 ne peuvent rien comprendre à ce que dit l'aveugle guéri. Jésus a disparu pour éviter le juste châtiment qu'un homme eût mérité pour avoir violé le sabbat et que les sicaires du christ lui eussent appliqué sur l'heure. Auparavant il indique à tous la bonne adresse pour être sauvé ; cette adresse, c'est la piscine baptismale où doit se laver le troupeau dont David est le berger. L'eau de David, le baptême juif, voilà ce qui enlève le limon dont Jésus a dû se servir pour créer l'homme, et ici pour respecter le texte de la Genèse.

15. Les pharisiens lui demandèrent donc aussi comment il avait vu. Et il leur dit : Il m'a mis de la boue sur les yeux ; je me suis lavé[2] et je vois.

16. Alors quelques-uns d'entre les pharisiens disaient : Cet homme n'est point de Dieu, puisqu'il ne garde point le sabbat. Mais d'autres disaient : Comment un pécheur[3] peut-il faire de tels sèmeia ? Et il y avait division entre eux.

17. Ils dirent donc encore à l'aveugle : Et toi, que dis-tu de celui qui t'a ouvert les yeux ? Il répondit : C'est un prophète[4].

18. Mais les Juifs ne crurent point de lut qu'il eût clé aveugle et qu'il eût recouvré la vue, jusqu'à ce qu'ils eussent appelé les parents de celui qui avait recouvré la vue.

19. Et ils les interrogèrent, disant : Est-ce là voire fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ?

20. Ses parents leur répondirent et dirent : Nous savons que c'est notre fils et qu'il est né aveugle.

21. Mais comment il voit maintenant, nous ne le savons pas ; ou qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas ; interrogez-le ; il a de l'âge, qu'il parle pour lui-même !

22. Ses parents dirent cela, parce qu'ils craignaient les Juifs ; car déjà les Juifs étaient convenus ensemble que si quelqu'un confessait que Jésus était le christ, il serait chassé de la synagogue.

23. C'est pourquoi ses parents dirent : Il a de l'âge, interrogez-le lui-même.

Et surtout interrogez-le de manière qu'il ne dise rien ! Mais il ne dira rien, on peut être tranquille, car il a de l'âge, un âge qu'on ne peut guère évaluer à moins de cent cinquante ans. Il se gardera donc bien de dire que l'homme qu'il déclare prophète est celui dont parlent les Juifs comme étant le christ sous le nom de Jésus et qui baptisait sous le nom de Joannès. Tous les Synoptisés n'avouent-ils pas que le christ, c'était le baptiseur lui-même ? Est-ce que l'Église n'a pas été obligée de forger les ouvrages de Clément pour effacer cette vérité, tout en y laissant qu'au troisième siècle il y avait encore des Juifs, les Naziréens, qui tenaient le christ comme plus grand sous le nom de Joannès que sous celui de Jésus, c'est-à-dire étaient demeurés dans le millénarisme étroit de leur prophète et ne croyaient qu'en son baptême ?[5]

24. Ils appelèrent donc de nouveau l'homme qui avait été aveugle, et lui dirent : Rends gloire à Dieu ; pour nous, nous savons que cet homme est un pécheur.

25. Mais il leur dit : S'il est pécheur, je ne sais ; je sais une seule chose, c'est que j'étais aveugle, et qu'à présent je vois.

26. Ils lui répliquèrent donc : Que t'a-t-il fait ? Comment t'a-t-il ouvert les yeux ?

27. Il leur répondit : Je vous l'ai déjà dit, et vous l'avez entendu, pourquoi voulez-vous l'entendre encore ? Est-ce que, vous aussi, vous voulez devenir ses disciples ?

Il n'y a pas de danger ! Ils connaissent trop bien son dossier pour cela, quoique Ménahem ait brûlé tous les registres du sanhédrin en 819[6]. Ils savent bien qu'ils ont payé sa prophétie de leur ruine. Pécheur, s'ils y tiennent absolument, en tout cas prophète de la divinité des Juifs, voilà sur le christ l'opinion d'un de ses disciples au second siècle.

L'Evangéliste équivoque sur le mot sabbat comme il a équivoque sur les deux noms de Bar-Jehoudda : Joannès et Jésus. Le christ ayant été condamné eu une année sabbatique et pour avoir prêché l'Année de grâce par les moyens que l'on sait, on veut faire croire que c'est pour avoir violé à plusieurs reprises le sabbat qu'il fut traité en pécheur par les Juifs. Mais comme il est qualifié de scélérat par des païens à qui la violation de la loi juive n'importe guère, c'est qu'il y eut des motifs de condamnation étrangers à ceux qu'on invoque dans ce sèmeion apologétique.

Toutes ces niaiseries, c'est un roulement de toph[7] pour l'invention du baptiseur. Qu'importe maintenant que l'inventeur ait été condamné pour crimes publics ? Il faut sauver le baptême ! Et voilà pourquoi Cérinthe raconte aux dupes que c'est pour avoir péché contre le sabbat (encore était-ce pour le bien d'un particulier) que le Baptiseur a été puni de mort par ses contemporains. On n'avoue pas une seule des causes pour lesquelles il a été condamné et que les Synoptisés, notamment Luc, laissent transpirer dans leur version. Voyez quels monstres étaient ceux qui ont fait mourir un homme si bienfaisant qu'il manquait à la Loi écrite pour donner ses soins au paralytique et à l'aveugle !

 

MALÉDICTION DU RABBI ET DE SON DISCIPLE PAR LES JUIFS.

 

Tel est l'entêtement des Juifs qu'ils se laissent aller à maudire le disciple de leur christ, de leur roi, de leur Jésus ! Mais dans le disciple, c'est le maître qu'ils visent. Après plus d'un siècle de malheur et de dispersion, ils ne voient pas que leur salut est dans le rétablissement de la bergerie dont David est le pasteur et ils maudissent le Naziréen qui avoue le Rabbi pour son sauveur !

28. Ils le maudirent donc, et dirent : Sois son disciple, toi ; mais nous, nous sommes disciples de Moïse.

29. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d'où il est[8].

30. Cet homme reprit et leur dit : Mais il y a en cela une chose étonnante, c'est que vous ne sachiez d'où il est ! Et il a ouvert mes yeux !

31. Cependant nous savons que Dieu n'écoule point les pécheurs ; mais si quelqu'un honore Dieu et fait sa volonté, c'est celui-là qu'il exauce.

32. Jamais on n'a ouï dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né.

33. Si celui-ci n'était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire.

34. Ils répliquèrent et lui dirent : Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes ? Et ils le jetèrent dehors.

En effet, il enseigne au nom d'un homme né lui-même tout entier dans le péché originel, à quoi Bethsabée apporte encore le complément de l'adultère, ce dont au moins la pauvre Eve fut innocente !

Mais vous voyez combien, sous couleur de malédiction, les Juifs sont gentils dans le fond. Quoiqu'ils aient cent raisons pour traiter de pécheur le prophète dont le Naziréen exploite le baptême, et aussi pour repousser ce prophète né tout entier dans le péché, ils feignent de ne savoir ni comment s'appelle cet imposteur dans le monde de la circoncision ni d'où il est. L'aveugle-né ne peut s'empêcher de relever cette contradiction. Quant à Jésus, insensible à tout ce qui n'est pas la cause juive, il persiste à penser qu'après lui, c'est un pécheur qui est le plus consubstantiel au Père.

35. Jésus apprit qu'ils l'avaient jeté dehors ; et l'ayant rencontré, il lui demanda : Crois-tu au Fils de Dieu ?

36. Celui-ci répondit et dit : Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ?

37. Et Jésus lui dit : Mais tu l'as vu, et c'est lui-même qui te parle.

38. Et celui-ci reprit : Je crois, Seigneur ; et se prosternant, il l'adora.

39. Alors Jésus dit : C'est en jugement que je suis venu dans ce monde, afin que ceux qui ne voient pas, voient, et que ceux qui voient, deviennent aveugles[9].

40. Or quelques-uns d'entre les pharisiens, qui étaient avec lui, l'entendirent et lui demandèrent : Est ce que nous sommes aveugles, nous aussi ?

41. Jésus leur répondit : Si vous étiez aveugles, vous n'auriez point dépêché. Mais vous dites au contraire ; Nous voyons. Ainsi, votre péché subsiste.

Si c'est en jugement, c'est-à-dire pour faire l'épreuve de la justice de son pays, que Bar-Jehoudda est venu dans le monde, évidemment il n'a pas été heureux, car il a été condamné. Ses compatriotes ne l'ont pas entendu, pas compris, et ils ont été à leur tour punis pour s'être tournés en toute occasion contre la famille de leurs monarques légitimes, depuis le Recensement de Quirinius jusqu'au supplice de Ménahem. Ils continuent à être aveugles, qu'ils le restent !

 

 

 



[1] Nous allons retrouver cette image dans son discours préparatoire de la résurrection d'Éléazar.

[2] Non pas seulement les yeux, mais tout le corps. En un mot il s'est baptisé.

[3] Renommée laissée par le christ dans les milieux renseignés.

[4] Circonstance atténuante invoquée en faveur du crucifié, et conservatrice du baptême.

[5] Sur l'imposture de Clément le romain, cf. Le Gogotha, et plus bas, Chap. XIII, Réhabilitation d'Is-Kérioth et exécution de Shehimon.

[6] Cf. Le Gogotha.

[7] Tambour.

[8] Ce serait un peu fort tout de même, s'il n'était vrai au fond qu'ils n'ont jamais vu ni connu Jésus.

[9] Quel programme !