I. — DE L'ÉCRIT SACRÉ INTITULÉ ACTES DES APÔTRES. Jésus n'ayant point existé, les apôtres n'ont point existé
non plus, du moins tels qu'on se les figure, c'est-à-dire l'âme enflammée par
les sublimités du Sermon sur Les Actes des Apôtres sont notre seul guide canonique dans ces ténèbres. Nous ne sommes pas forcés de les croire, mais nous sommes condamnés à les suivre. C'est, avec la littérature paulinienne, notre seule lumière dans la caverne des temps apostoliques, une toute petite lumière fumeuse, promenée deux siècles après les événements parfois davantage, par une main qui tremble de peur d'éclairer trop. Les faits ne sont pas seulement travestis, dénaturés, présentés sans ordre, ils sont tous antidatés, postdatés, contre-datés. Outre le souci d'éviter les témoignages contraires, il y a l'impossibilité, l'inutilité, le danger même de se colleter avec la chronologie. Et, puis à quoi bon ? Les Actes sont faits pour des gens qui déjà croient à l'Evangile. Cet écrit qui serait au premier plan de l'histoire si Jésus eût existé, passe au dernier plan de l'imposture ecclésiastique, n'étant qu'un voile de prudence et d'hypocrisie jeté sur le cadavre apostolique en décomposition. La littérature paulinienne est dans le même cas. Actes et Lettres se contrôlent réciproquement et se détruisent presque toujours. Sans se laisser abattre par le dégoût, il faut voir quels grossiers intérêts se cachent derrière ces niaiseries nauséabondes. Les Actes sont d'un juif hellène et jehouddolâtre à la solde de l'Eglise qui se crée à Rome pour exploiter la mystification évangélique. Ce qu'il veut envelopper dans ses filets, ce sont les Romains et les Grecs, il dénonce tous les Juifs qui refusent de se laisser prendre. Ce vendu parle d'eux en homme détaché de ce que leur ont fait Titus, Hadrien et Septime-Sévère. Le vrai Juda, c'est lui ! Il a renoncé à Jérusalem-capitale, tous ses intérêts sont à Rome. Il clôt ses impostures par un éloge implicite de la justice et de la tolérance romaines opposées à la malice et à la tyrannie juives. Tous les Romains qu'il met en scène, proconsuls, tribuns, centurions ou soldats, sont humains, policés, bienveillants. Il excuse Pilatus et même il le lave de la condamnation de Bar-Jehoudda qui en effet ne lui appartient pas. Tous les Juifs qu'il produit sont méchants et perfides. Pas un qui ne soit antipathique, à part les Apôtres, que cependant les Évangiles n'avaient pas placés au dessus de la discussion. Sous leurs pseudonymes Shehimon et Jacob sont déjà des personnages extra-juifs et surnaturels auxquels on ne peut toucher que d'une main sacrilège. L'auteur coupe le lien qui rattache la famille de Bar-Jehoudda aux Sicaires. Il travaille à dérouter l'historien, à le perdre dans un labyrinthe où courent devant lui, dans une lamentable clownerie, quelques déguisés qu'il ne peut attraper, qui lui échappent quand il croit les tenir, tous méconnaissables sous des noms supposés ou sous des masques, tous narguant déjà du haut de l'artifice évangélique le pauvre exégète à bout de souffle. Ce qui distingue les Évangiles des Actes, c'est que dans les premiers la fable se mêle à la vérité pour l'affaiblir, tandis que les seconds sont une œuvre de franche imposture dirigée contre l'histoire et contre ce qu'il en était resté dans les Évangiles, notamment celui de Cérinthe. C'est de la contre-histoire machinée à plaisir. Le but : concilier en Judée même ces deux inconciliables, réconcilier ces deux irréconciliables, Saül et Shehimon, afin de pouvoir réunir Pierre et Paul à Rome sous Néron. Pour satisfaite à ce plan, il a fallu, outre les faits de pure imagination, déplacer tous les évènements par lesquels Saül et Shehimon appartiennent à Josèphe, de manière à pouvoir disposer à volonté de l'un et de l'autre. Outre Josèphe, contemporain de Ménahem, il fallait démentir Juste de Tibériade, contemporain de Josèphe. Juste assurément, ne parlait pas plus de Jésus et des douze Apôtres que Josèphe, mais il faisait une part aux descendants de Jehoudda dans la genèse de la guerre qui emporta la nationalité juive. On ne peut croire qu'ayant à conter le dernier acte d'une tragédie qui avait commencé avec le Recensement, il ne soit pas remonté à ce prologue. Sur quoi se guider pour discerner le vrai du faux,
accepter ou rejeter et surtout dater ? Uniquement sur le faux lui-même. On ne
s'appuie bien que sur ce qui résiste. Le faux, voilà la base. Où est la
vérité ? D'abord dans l'Apocalypse et dans l'histoire, ensuite dans
les Évangiles purgés des deux grandes fraudes que l'Église y a
introduites (Nativité de Jésus et Décapitation
du Joannès baptiseur), enfin dans le contraire de ce que dit l'Église
sous le nom de Pierre et de Paul. Hors de l'Église, tout est salut. Le peu de
faits qu'elle évoque est d'une évidente fausseté. Aussi bien son but n'est-il
pas d'écrire une histoire, quoiqu'elle en ait les éléments et les moyens,
c'est de combattre dans quelques épisodes fabuleux assaisonnés de discours
funambulesques les objections de toute sorte que soulevait la question Jésus
telle qu'elle se posait dans les Évangiles. Sous apparence de naïveté, les Actes
sont un tissu de duplicités grosses et petites. Quoiqu'il dise : En ce temps-là, en ce jour-là quand il est trop
gêné, le gagiste — si toutefois l'œuvre n'est pas collective — n'ignore rien
ni des faits ni des dates. Nous possédons les mêmes éléments que lui pour
rétablir la chronologie à laquelle il manque volontairement : c'est l'histoire
juive raccordée avec les années consulaires. La critique est libre à l'égard
des Actes, à la condition de ne rien entreprendre contre ces points de
repère. Comme dans toutes les fraudes, constituées sur ce modèle, il y a
une fraude-mère. Quand on tient la
fraude-mère, on tient tous ses rejetons. Ce gagiste connaît son histoire à fond. Il travaille,
Josèphe en main. Il connaît tous les exploits de la secte jehouddique avec
leurs dates, la crucifixion de Bar-Jehoudda en 788, celle de Shehimon et de Jacob
en Outre Josèphe, Juste et les annalistes romains, il connaît
les divers Évangiles dont il est question dans le prologue du Troisième
et qu'on a plus tard attribués à Mathias, au Joannès-Marcos et à Luc. Mieux
que personne il connaît l'Évangile de Cérinthe ou Quatrième Evangile,
le seul où Jésus, ressuscité dans son prophète, souffle l'Esprit Saint aux
apôtres millénaristes, parmi lesquels est le crucifié lui-même, car le
roi-christ et ses frères sont morts sans avoir connu d'autre Esprit Saint que
le feu dont le Verbe igné devait les baptiser à Il convient donc de jeter bas la chronologie que l'Église attribue à la fabrication des Quatre Évangiles par elle baptisés Matthieu, Marc, Luc et Jean. II. — PRÉTENTIONS DE L'ÉGLISE QUANT AUX DATES DE FABRICATION DES ÉVANGILES. Je les cite dans leur ordre canonique, car selon le système de l'Église, l'Évangile dit de Matthieu est le premier : j'invoque l'autorité du Saint-Siège lui-même[1], car je me sens faible et comme isolé dans le monde, lorsque je ne m'appuie pas sur le Saint-Siège qui est celui de la vérité elle-même. Et d'ailleurs je m'ennuie loin de lui. Je cite donc : L'auteur du premier Évangile est l'apôtre saint Mathieu. Il n'y a qu'une voix à cet égard dans la tradition. Les Pères s'accordent également à dire que cet Évangile a paru avant tous les autres, que saint Matthieu l'a écrit en hébreu pour l'usage des chrétiens de Judée, avant de quitter ce pays pour aller prêcher la foi parmi les Gentils, entre l'an 45 (798 de Rome) et l'an 48 (801 de Rome), un peu avant que saint Paul écrivit ses premières Épîtres. Quant à la version grecque du texte hébreu de saint Matthieu, il est certain que, si l'auteur ne l'a pas faite lui-même, comme Josèphe a fait la traduction de sa Guerre des Juifs, elle date du moins du temps des apôtres et a dû être approuvée par eux : car dès le premier siècle, et avant la mort de saint Jean[2], elle était citée et reçue par toute l'Eglise avec l'autorité des textes inspirés ; et s'il en avait été autrement, on aurait peine à s'expliquer la disparition du texte hébreu. L'Évangile de saint Matthieu n'est pas proprement une histoire, une biographie... Les faits n'y tiennent pas une grande place ; ils sont peu circonstanciés. L'ordre chronologique fait défaut, aussi bien que les dates. C'est sans doute cette observation, scrupuleusement exacte, qui permet à l'Église d'assigner la date de 798-801 à la confection de cet écrit. Les caractères de cet Évangile
s'accordent sur tous les points avec le témoignage de la tradition. On ne
peut s'empêcher de reconnaître, en lisant, que l'auteur était juif, qu'il
avait été témoin des faits, qu'il écrivait pour les Juifs de Palestine, à une
époque peu éloignée de la mort du Sauveur, enfin qu'il avait bien le
caractère et les dispositions que devait avoir saint Matthieu. Il a composé son livre de bonne
heure, assez peu de temps après l'Ascension du Sauveur. Puisque l'auteur est
un apôtre, et qu'il destine son livre aux Juifs de Continuons, L'Évangile dit de Marc est le Second. D'après les Actes, Jean ou Jean-Marc était lié avec saint Pierre avant de se lier avec saint Paul. Saint Pierre l'appelle son fils[4]. Son Évangile, composé peu de temps après celui de saint Matthieu, dut être présenté à l'Église par le prince des apôtres comme objet de foi et livre inspiré. L'auteur était Juif d'origine et contemporain des apôtres. Il était particulièrement attaché à saint Pierre. Il écrivait pour tous les Gentils, quoique spécialement pour les Romains. Les caractères intrinsèques du Second Evangile justifient pleinement la croyance de l'Église sur l'origine et l'auteur de ce livre. Je m'en veux d'abréger et vous m'en voudrez aussi, car vous auriez été heureux de voir Joannès-Marcos à Rome en même temps que Shehimon, son père, y était pape ; mais ici nous nous bornons à établir sur les données du Saint-Siège la date de composition du Second Evangile. Disons 802 ou 803. Pour ce qui est de Luc, tous les
auteurs ecclésiastiques, sauf Clément d'Alexandrie, attestent que cet
Évangile a paru après celui de saint Marc, et qu'il vient en troisième lieu.
L'auteur dit lui-même qu'il n'est pas la premier qui ait essayé d'écrire Saint Luc n'avait pas connu
Notre-Seigneur, ni observé par lui-même les faits évangéliques ; mais il
avait à sa disposition les écrits de saint Matthieu et de sainte Marc, qui
pouvaient le guider dans la plupart de ses récits. Quant aux faits qu'il
rapporte seul, et aux circonstances qu'il ajoute aux récits de ses
devanciers, il a ou pour s'en assurer diverses autorités : 1° Saint Paul, si bien instruit de tout ce qui concernait le Sauveur soit par ses révélations, soit par les rapports des premiers disciples. On sait que saint Luc a longtemps vécu avec l'Apôtre, qu'il l'a suivi dans la plus grande partie de ses missions. Les premiers chrétiens étaient si persuadés de la part que saint Paul avait prise à la composition du troisième Évangile, qu'ils lui en faisaient honneur et que Tertullien l'appelle illuminator Lucæ[5]. 2° Plusieurs personnages apostoliques : saint Barnabé, l'un des premiers lévites convertis, qui devint fondateur de l'Eglise d'Antioche, où saint Luc apprit les éléments de la doctrine chrétienne ; saint Philippe, diacre de Césarée, chez lequel saint Luc logea avec saint Paul en se rendant à Jérusalem, et auprès de qui il demeura les deux premières années de la captivité de l'Apôtre ; saint Jacques le Mineur, évêque de Jérusalem ; saint Pierre et les autres apôtres, avec lesquels saint Luc fut en rapport. 3° La sainte Vierge et les parents de saint Jean-Baptiste. C'est à cette dernière source qu'a dû être puisé en particulier le récit des faits qui ont précédé la naissance du Sauveur ; récit dont la couleur tout hébraïque contraste avec le prologue de l'Évangile. Aussi saint Luc atteste-il qu'il a remonté jusqu'aux origines, et fait-il remarquer à deux reprises que la mère de Dieu conservait dans son cœur le souvenir de tout ce qu'elle voyait et entendait. Le troisième Évangile offre des marques très nombreuses d'authenticité. On sait que saint Luc était médecin, et qu'il avait fait par conséquent quelques études ; qu'il était Gentil d'origine, qu'il fut disciple de saint Paul, qu'il se consacra comme son maître à la conversion des Gentils, enfin qu'après avoir écrit son Évangile il a composé les Actes des Apôtres. Je m'arrête, mais c'est uniquement pour respecter la règle de Boileau : Qui ne sut se borner ne sut jamais écrire, car si je n'écoutais que moi, je ne cesserais de citer cette prose harmonieuse d'où il résulte invinciblement que le bienheureux Luc, auteur du Troisième Évangile et des Actes, a terminé ses deux ouvrages sous Néron ; le premier en 813 et le second en 815. Pour le Quatrième Évangile
la tradition est unanime à l'attribuer à l'apôtre saint Jean[6]. Tous les Pères qui parlent de l'auteur de cet Évangile,
désignent saint Jean. Saint Irénée nous apprend qu'il composa ce livre à
Éphèse, où il vécut jusqu'au règne de Trajan (98-117). Suivant saint Jérôme, il
fut le dernier des écrivains sacrés, et il se mit à l'œuvre au retour de
Pathmos, à la prière des pasteurs et des fidèles de l'Asie Mineure. Il avait
quatre-vingt dix ans suivant saint Epiphane, et probablement davantage. Dès le milieu du second siècle, cinquante ans après sa publication, le Quatrième Évangile était partout connu comme l'œuvre de saint Jean. ... Il a écrit vers la fin du premier siècle. Il faisait partie du collège apostolique. Enfin, il ne peut être que l'auteur de l'Apocalypse et de l'Epître catholique dite ad Parthos, le second des fils de Zébédée, le disciple bien aimé, le fils adoptif de Marie, en un mot l'apôtre saint Jean[7]. Un dernier indice, plus
convaincant encore, c'est l'amour tendre, délicat, religieux, qui respire
dans cet Évangile pour Jésus et pour Marie. Il suffit de lire le récit du
miracle de Cana, celui de la résurrection de Lazare ou de la dernière Cène,
et surtout l'entrevue suprême du Sauveur et de sa mère au Calvaire, pour
reconnaître l'affection pieuse, émue, reconnaissante de l'apôtre bien-aimé et
de l'enfant adoptif. C'est bien lui qui a dû nous transmettre ces touchants
détails : lui seul devait y attacher cette importance, les recueillir avec
cette sollicitude et nous les transmettra avec cette fidélité. Ainsi l'étude du Quatrième Évangile confirme pleinement le témoignage de la tradition. Il ne faut donc pas s'étonner si nos rationalistes n'osent plus en nier ouvertement l'authenticité, s'ils se réduisent à dire que les disciples de saint Jean ont pu l'écrire quelques années après sa mort, une trentaine d'années au plus. Ewald, plus décidé dans son langage, dit qu'il faut avoir perdu l'esprit pour en contester la propriété à celui dont il porte le nom. Je suis obligé de me ranger parmi ceux qui ont perdu
l'esprit, mais c'est une infériorité dont Ewald ne peut triompher sans
immodestie, car je me trouve être avec Jésus qui lui aussi a perdu l'esprit depuis que les exégètes le lui ont
enlevé. Mieux encore, et c'est le sceau de la souveraine intelligence, il se
trouve qu'au fond je suis d'accord avec le Saint-Siège sur l'identité de
l'auteur de l'Apocalypse et du plus éminent des fils du Zibdéos. Nous
ne différons que sur quelques points sans importance, comme d'avoir démontré
à tout homme de bon sens et de bonne foi que le Joannès de l'Apocalypse
et le Jésus crucifié par Pilatus sont un seul et même individu. Mais
qu'est-ce que ce détail négligeable ? Remettons-nous sous l'autorité du
Saint-Siège et disons avec lui que le Quatrième Évangile est d'environ 855 de
Rome, par conséquent postérieur de cinquante ans à la rédaction des Actes
par Luc. Je demande alors au Saint-Siège comment il se fait que Luc mentionne
dans les Actes écrits en 815 un fait qu'ignorent Matthieu et Marc,
qu'il ignore lui-même comme auteur du Troisième Évangile, et qui ne se trouve
que dans l'écrit de 855 : le don de l'Esprit-Saint aux Apôtres, trois jours
après Je lui demande aussi, pendant que je suis en train, comment il se fait que tout l'effort des Actes soit dirigé contre cette vérité recueillie par le seul Cérinthe dans le Quatrième Évangile, à savoir que la carrière du jésus a duré onze ans, au lieu de six mois comme il est dit dans les trois Synoptisés. Et tant que les disciples d'Ewald ne m'auront pas répondu de manière satisfaisante, je continuerai, dussé-je passer auprès d'eux pour avoir à jamais perdu l'esprit, à dire, mariant la logique à la chronologie : L'imposture des Actes, postérieure de beaucoup aux Quatre Évangiles, n'a d'autre but que de fortifier contre le Quatrième l'imposture des trois Synoptisés. III. — Les Actes des Apôtres se présentent comme la suite d'un premier ouvrage sur tout ce que le jésus s'était autrefois mis à faire et à enseigner jusqu'au jour où il fut enlevé (Assomption) au ciel le dimanche 18 nisan 789, c'est-à-dire le jour même de sa disparition du Guol-golta. Nous avons depuis de longues années dépassé le temps où avait cours cette version, que l'aveu de la mort du Joannès avait rendue nécessaire et qui est la seconde de la série. Ce premier ouvrage par lequel on aurait préludé aux Actes semble être celui que les manuscrits les plus anciens donnent à un Lucanus ou Loucas, devenu dans l'Église saint Luc[8]. On ne peut nier certains liens entre cet Évangile et les Actes. La participation d'Hérode Antipas à la sentence de Pilatus n'appartient qu'à Luc, et Pierre la confirme dans les Actes. La tendance de Pilatus à absoudre Bar-Jehoudda, très nettement indiquée dans Luc, réapparaît dans les Actes et s'augmente du souci de charger les Juifs, ce qui montre qu'on a rompu avec ces déicides. Mais nous avons montré que le faussaire connaissait
également La question est donc vidée. Le faussaire des Actes s'appelle l'Église. En tout cas il ne présente point son écrit comme étant de Dieu. C'est l'ouvrage de sa main, comme est celui qu'il dit avoir rédigé déjà pour le très excellent Théophile. Que celui qui a des oreilles entende ! Dresse les tiennes, très excellent Théophile, elles doivent être longues ! Des mécréants t'ont dit que Jésus de Nazareth était une christophanie, invention de mythologues ; que le prototype de ce Jésus et ses pareils étaient une bande de fanatiques gaulaunites, bathanéens et galiléens qui s'étaient illustrés par leur excès depuis Tibère jusqu'à Vespasien, que les nommés Pierre et Jacques notamment, frères et successeurs de Bar-Jehoudda, après avoir fui Saül jusqu'en Asie s'étaient ressaisis sous Claude et avaient été crucifiés à Jérusalem en 802 par Tibère Alexandre. Approche, très excellent Théophile, approche, mon ami, on va te montrer douze hommes vertueux qui ont ordre de ne pas quitter Jérusalem à partir de la crucifixion, qui ne mettent plus les pieds sur les bords du Jourdain et du lac de Génézareth, si tant est qu'ils soient originaires de cette contrée sauvage et déserte, douze hommes dont les organes sont impropres à lire ou à faire des Écritures, et dont les mains toujours ouvertes pour baptiser et pour bénir sont inhabiles à manier la torche et la sique ! Et d'abord apprends que Bar-Jehoudda n'a point été enterré
en Samarie, mais qu'il est ressuscité comme on le dit dans les écrits
antérieurs et qu'il a été transporté au ciel sans connaître les sombres
mystères de la décomposition ! Ensuite apprends que le ressuscité dont on va
t'entretenir n'est pas l'individu qui a été crucifié par Pilatus la veille de
En 789 sa famille avait quitté D'ailleurs on était lié par le caractère chronométrique de la dernière année que l'imposteur avait vécue. Nul ne pouvait nier que le châtiment n'eût été le point final d'une année sabbatique. Les Évangiles le constataient. Mais en dissimulant que cette année eût été en même temps jubilaire on gagnait sept ans sur l'histoire. On se rabattit sur la sabbatique 781 pour qu'elle ne répondit pas à la chronologie de Josèphe, tout en répondant à celle du lancement de l'Apocalypse. Au lieu de prêcher sept ans, Joannès n'aurait prêché que quelques mois pendant lesquels il aurait annoncé Jésus, mais il ne pourrait pas être l'imposteur dont parlait Josèphe comme ayant été crucifié à la fin de 788 après sa défaite au Sôrtaba. Telle est la fraude-mère dont nous avons parlé tout à l'heure. Ce n'est pas seulement pour dépister l'histoire que l'Église a reporté la crucifixion du jésus à 782, c'est pour se procurer un témoin de la résurrection comme il n'y en avait qu'un au monde : le crucifié lui-même sous son premier nom de Joannès ! L'intérêt dramatique des Évangiles avait eu des
inconvénients. Vingt questions surgissaient à la fois en dehors du dogme :
questions de fait très embarrassantes, celle-ci notamment : Qu'est devenu le traître Is-Kérioth ? Que sont devenus les
Douze dont vous nous parlez d'après Matthieu, Marc, et Luc ? Quels exemples
ont-ils laissés ? Quel usage ont-ils fait de l'Esprit-Saint et où l'ont-ils
porté ? Qu'est devenu notamment Shehimon dit Le scribe a résolu ces difficultés le plus simplement du
monde. Il a fait un bloc de tous les événements que nous avons contés dans le
Roi des Juifs : déclaration de messianisme davidique, emprisonnements,
assassinat d'Ananias et de Zaphira, lapidation de Jacob junior, négociation
avec Le Joannès qui dans ce système n'était mort ni décapité ni crucifié survivait à la résurrection dont il devenait un des douze témoins ; il disparaîtrait à la date qu'il plairait à l'Église d'inventer. Il est évident en effet que sous son nom d'Apocalypse il était présent à tous les événements qui ont marqué le septennat du Baptiseur. Sous le nom de Pierre, Shehimon, le principal auteur de son enlèvement au Guol-golta, devient lui aussi un témoin de premier ordre. On en fera un troisième avec Jacob junior lapidé par Saül en 787 : sous le nom de Stéphanos, il déposera publiquement d'une résurrection que les Actes présentent comme advenue le 18 nisan 782. Jacob senior, qui n'a été crucifié qu'en 802 avec Shehimon, ne saurait être récusé comme quatrième témoin que par la mauvaise foi la plus intense. Philippe l'Évangéliste fera un cinquième témoin et des plus sérieux, car il n'est mort que longtemps après son aîné. Jehoudda dit Toâmin, Évangéliste lui aussi, était tout indiqué comme sixième témoin. Enfin, s'il était permis d'invoquer, même sous un nom d'emprunt, le témoignage de Ménahem, nul ne serait mieux qualifié que le septième fils de Salomé, le septième démon de Maria Magdaléenne, pour faire un septième témoin ; mais vous le savez par une longue expérience des Écritures révélées, il est défendu de citer Ménahem[9]. Vous remarquez qu'en antidatant de sept ans la mort de Bar-Jehoudda, les sept fils de Salomé sont encore au complot lorsque la toile se lève sur la résurrection d'icelui. Quant à Saül, ce n'est pas pour poursuivre la bande du crucifié qu'il est allé à Damas une seconde fois, c'est pour persécuter celle d'un certain Stephanos, hellène lapidé on ne sait quand ni pourquoi. Tel est le plan dans lequel le scribe a disposé sa matière jusqu'au moment où Saül se met en marche pour Damas. Il ne reste plus qu'à convertir Saül en Paulos sur le chemin. C'est la matière de la seconde partie des Actes qui finit dans Antioche où l'on voit Saül sacré apôtre de la résurrection par Ménahem Ier, parrain du roi des Juifs de 819, après un séjour à Jérusalem pendant lequel, devenu Paulos, il est allé arranger ses affaires avec Shehimon, devenu Pierre. La troisième partie est un récit chaotique des Voyages de Saülas jusqu'à son arrivée à Rome sous Néron. Cette troisième partie se distingue en ceci que l'auteur du récit se met lui-même en scène, disant : Nous fîmes, nous allâmes, etc., ce qui ne se produit jamais dans les deux autres. Chose notable, c'est à partir du moment où un certain Sulas devient le compagnon de Saül que commencent ces : Nous allâmes, nous fîmes. Puis après diverses reprises de la forme impersonnelle, le Nous l'emporte une dernière fois et celui qui parle s'embarque à Césarée pour suivre Saül à Rome où le récit se termine. Il n'est pas difficile de voir que cette partie provient d'un écrit antérieur aux Actes et dans lequel on mettait en scène Saül lui-même, narrant sous le nom syriaque de Saülas, les Voyages qu'on lui faisait entreprendre à la gloire de la jehouddolâtrie. L'auteur des Actes qui n'a d'autre donnée que celle-là, copie, ajoute, retranche, arrange, laissant apparaître par mégarde les Nous qui dénoncent l'origine et l'emprunt : nous savons tout ce qu'a fait Saül à Jérusalem et à Rome, quoique Sulas ne l'accompagne ni dans l'une ni l'autre ville. L'imposture paulinienne a donc commencé par ces Voyages qui rentrent dans la collection des Voyages apostoliques fabriqués aux troisième et quatrième siècles pour donner un peu de vraisemblance aux paroles de Jésus dans l'Evangile : Allez prêcher aux nations. Paroles scandaleuses si on les confère avec les théories xénophobes de Bar-Jehoudda. Ce qui frappe le plus dans ce récit, et plus il est fabuleux plus il est probant à ce point de vue spécial, c'est, qu'aucun des frères survivants de Bar-Jehoudda n'apparaît nulle part comme ayant été vu hors de Jérusalem avec Saül. Quoiqu'on fût résolu à faire que Pierre eût rejoint Saül à Rome sous Néron, on n'avait encore aucun moyen de l'y montrer avant lui, comme aujourd'hui. En un mot l'Eglise n'avait pas encore envoyé Pierre à Rome sous Claude, les Voyages de Saülas rendaient ce mensonge impossible. Voilà un travail d'Eglise qui d'aucune façon ne peut être antérieur au troisième siècle. Deux siècles au moins se sont écoulés depuis la mort de Shehimon et celle de Saül. Shehimon a eu le temps de devenir Pierre, Saül a où le temps de devenir Paul, l'Eglise s'apprête à les faire mourir à Rome, ensemble et amis, et elle ne possède encore ni dans ce qui a pu être écrit sur Pierre ni dans ce qui a pu l'être sur Saül le moyen de les y montrer avant 819, date à laquelle Shehimon est mort depuis dix sept ans ! IV. — ACTES DES APÔTRES, CHAPITRE I. Que le très excellent Théophile à qui les Actes sont dédiés me permette de numéroter les impostures dont il a été dupe en son vivant, à moins qu'il n'en ait été le complice. En tout cas, rien n'est plus propre à flatter la vanité du faussaire. Ce collectionneur avait réuni un tel nombre de faux et si joyeux que souvent il s'arrête pour se tenir les côtes. Nous l'avons surpris plusieurs fois dans cette attitude familière. C'est pourquoi nous n'hésitons pas à qualifier Théophile de très excellent, comme il l'est dans Luc, car la super-excellence de sa crédulité ou de son hypocrisie éclate en cent endroits. Les Actes sont précédés d'une manière de prologue où il est fait mention de l'écrit dans lequel on assistait à l'Assomption du Joannès. Ce prologue, c'est l'état des Ecritures déjà résumé dans l'Avertissement de Luc[10] ! Imposture n° 1. - CONVERSION DE L'ASSOMPTION EN ASCENSION.Elle est capitale, disons cardinale pour employer une expression qui éveille des idées canoniques. But : Convertir le Joannès-jésus, tel qu'il est dans son Assomption, en Jésus-Christ, tel qu'il est dans les Evangiles ; faire croire que les Douze apôtres que lui donne la fable et parmi lesquels est, Bar-Jehoudda lui-même sous le nom de Joannès, fils de Zibdéos, ont existé, choisis par Jésus, comme il est dit dans la christophanie, que ces témoins de sa vie et de ses miracles ne sont pas la mère, les sœurs et les six frères de Bar-Jehoudda auxquels on a ajouté six autres parents pour atteindre le chiffre zodiacal commandé par l'allégorie solaire dans laquelle on l'a fait entrer ; faire croire enfin que si dans la fable ils s'enfuient on ne sait pourquoi du Mont des Oliviers lors de l'arrestation du Christ Jésus, ce fut en réalité pour rentrer à Jérusalem qu'ils n'ont pas quittés depuis, et où le crucifié leur est apparu pendant quarante jours, comme il était dit dans l'Assomption du Joannés. 1. J'ai parlé dans mon premier livre, ô Théophile[11], de tout ce que Jésus-Christ a fait et enseigné depuis le commencement, 2. Jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel[12] après avoir donné, par l'Esprit-Saint, ses commandements aux apôtres qu'il avait choisis[13], 3. Et auxquels, après sa passion, il se montra vivant par beaucoup de preuves, leur apparaissant pendant quarante jours, et leur parlant du Royaume de Dieu[14]. 4. Ensuite, mangeant avec eux[15] ; il leur commanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem[16], mais d'attendre la promesse du Père que vous avez, dit-il, ouïe de ma bouche[17] ; 5. Car Joannès a baptisé dans l'eau, mais vous, vous serez baptisés dans l'Esprit-Saint, sous peu de jours[18]. Sans reconnaître la dispersion de la bande christienne en
Samarie trois jours avant le supplice du roi des Juifs, les premiers Évangiles
avouaient que le Saint-Esprit avait commandé aux disciples de ne plus
s'aventurer en Judée et de se retrouver en Transjordanie pour une meilleure
occasion. Or a laissé dans Luc un passage qui met les Actes en opposition
complète avec ce premier dispositif, car dans ce passage l'absence de Pierre
hors de Jérusalem et même hors de Palestine pendant un laps de temps
considérable est formellement constatée. Voici ce passage : les apôtres font
leur repas allégorique avec Jésus ; une contestation s'élève parmi eux pour
savoir qui devait être le plus grand de Bar-Jehoudda, de Shehimon, de Jacob
ou de Ménahem. Mais le Seigneur leur dit : Les rois
maîtrisent les nations, et ceux qui usent d'autorité sur elles sont appelés
leurs bienfaiteurs. Mais qu'il n'en soit point ainsi pour vous ! Que le plus
grand soit comme le moindre ! et celui qui gouverne comme celui qui sert !Car
quel est le plus grand, celui qui est assis à table ou celui qui sert ?
N'est-ce point celui qui est à table ? Moi je suis au milieu de vous comme
votre serviteur[19]. Mais vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi[20] en mes épreuves (jusqu'à
la chute de Jérusalem). Aussi vous disposé-je
une royauté comme mon Père me l'a disposée, afin que vous mangiez et buviez à
ma table en mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, jugeant les
douze tribus d'Israël. — Le scribe oublie qu'Is-Kérioth est censé
présent parmi eux, partant un des douze juges promis à Israël —. Le Seigneur s'adressant ensuite à Pierre : Shehimon,
Shehimon, voici que Satan vous désire pour vous cribler comme le blé, mais
j'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas. — Ici se
trouvait un passage plus ou moins long où le Seigneur prophétisait après coup
les épreuves de toute la famille sur la terre d'Asie et de Syrie jusqu'au
retour offensif de Shehimon et de Jacob en 802 —. Et
toi, quand un jour tu seras revenu, confirme tes frères — dans la foi
millénariste et dans Ainsi le proto-Luc et tous les Évangiles dont on s'est servi pour fabriquer les Actes des Apôtres constataient unanimement l'absence du goël-ha-dam après le supplice de son aîné, et son retour marqué par la même fin cruciale. L'obligation de ne pas sortir de Jérusalem est donc un mensonge qui va jusqu'au scandale. A un moment donné, que nous savons être la procurature de Tibère Alexandre, Shehimon avait reparu en Bathanée avec Jacob, comme le veulent les Synoptisés et comme le montra le Quatrième Évangile[21] où nous voyons, dans une allégorie topographique, les sept fils de Jehoudda réunis autour du lac de Génézareth, se livrant à de merveilleuses pêches baptismales sous l'œil attendri de Jésus et recevant de sa main les Poissons dont le père de ces sept hommes avait fait le signe de la grâce juive. Le faussaire des Actes s'est donc trouvé en face de ces textes et de tous ceux qui s'y rattachent. Que faire ? Oh ! mon Dieu ; c'est bien simple. Prêter à Jésus dans Luc lui-même ce propos qui vise non plus seulement Pierre, mais ses onze compagnons de table : Je m'en vais vous envoyer la promesse de mon Père (sous la forme du Saint Esprit), mais vous, restez donc dans la ville jusqu'à ce que d'en haut vous soyez revêtus de force (par cet Esprit). Et ensuite introduire cette phrase à l'état de consigne dans les Actes. Les apôtres n'ont garde d'y manquer ; s'ils se retrouvaient en Bathanée, ils manqueraient le Saint-Esprit, car c'est à Jérusalem et non ailleurs que le Saint-Esprit doit leur être envoyé ! C'est ce que leur fait observer l'auteur des Actes.
La dispersion des disciples au Sôrtaba, la fuite du roi des Juifs, son
arrestation à Lydda, sa crucifixion la veille de D'où vient cette effroyable contradiction ? De l'inéluctable nécessité de mentir. En effet où asseoir la première Église ? En Gaulanitide ? En Bathanée ? Il n'y fallait pas songer. Il eût fallu l'asseoir à Gamala, chez le père et la mère des Sept, ou à Bathanea, chez Jaïr et chez Éléazar. C'était se colleter avec l'histoire, Josèphe dans les grandes lignes et Juste de Tibériade dans le détail, car, si ni l'un ni l'autre ne parlaient du Seigneur Jésus et pour cause, tous deux, Juste surtout à raison de son origine galiléenne, parlaient testimonialement de Jehoudda et de sa secte. Mais puisqu'on faisait des transfigurations humaines, pourquoi n'en pas faire de géographiques ? Puisqu'on baptise les gens, ne pont-on débaptiser les pays ? Ce détachement subit du Jourdain, cette rupture avec
Kapharnahum, Bethsaïda, Tyr, Sidon, Engan-Aïn, Damas, Afin de nous donner des hommes nouveaux, une secte où il
n'y a plus rien de gaulonite, on les a transplantés dans un nouveau pays. On
a biffé Toutefois ni dans Luc ni dans les Actes les apôtres
n'obéissent littéralement à l'ordre de rester dans Il leur faut un peu de temps à eux pour faciliter cette interprétation, et c'est pourquoi ils ne partent du Mont des Oliviers pour entrer dans Jérusalem qu'au bout de quarante jours. Si quelqu'un oppose l'ancien dispositif à l'Église, elle répondra que le mot Bathanée a été la cause d'une confusion chez les scribes, que par ne pas sortir de Jérusalem on doit entendre ne pas s'en éloigner et par Bathanea, Béthanie, de même que par frères il faut entendre cousins, par mère vierge, et par précipité pendu[22]. Ce sont des façons de parler propres à des récits dans lesquels il n'y a rien de vulgaire, sans quoi ils seraient dictés non par l'Esprit-Saint, mais par celui du monde, et vous savez assez que le monde est sous l'empire de Satan. C'est après avoir échappé aux ruses de Satan qu'on a accentué le texte de Luc dans le sens ratifié par l'Esprit-Saint, à savoir qu'en fait, non contents de ne pas s'éloigner de Jérusalem, Pierre et les autres apôtres statutaires n'en étaient pas sortis du tout, tant l'évidence de la résurrection s'imposait à tous les habitants de bonne foi. Et puis la constitution du Juif consubstantiel au Père lui conférant le don d'ubiquité, n'avait-il pas pu se montrer à ceux qui étaient à Bathanea du Jourdain en même temps qu'à ceux qui étaient à Béthanie de Jérusalem ? Voyons, très excellent Théophile ? L'Église n'a pas réfléchi qu'en ramenant les onze apôtres à Jérusalem le dimanche 18 nisan elle les exposait à un reproche plus grave encore que celui d'avoir fui dans un mouvement de panique. Tapis au plus profond de leur convent, où ils délibèrent gravement sur la conduite à tenir, ils manifestent la plus solennelle indifférence pour l'homme qui est en croix, à quelques mètres de là, depuis le mercredi 14. Pas un, alors que selon Luc il en était temps encore, ne s'est dérangé pour témoigner en sa faveur devant Pilatus, pas un n'a fait ce que font Joseph d'Haramathas et Nicodème, pas un ne lui a rendu les derniers devoirs et n'a pris soin de sa dépouille ; et malgré les habitudes matinales de la secte, sur ces onze personnages, un seul, Pierre est allé au Guol-golta pour en tirer le roi-christ[23]. Les dix autres, à l'abri des coups, se curent les ongles avec un piquant de lentisque en pensant au danger que court un apôtre quand il y a des soldats romains dans la forteresse Antonia. Mais, étant purement morales, ces considérations sont
complètement indifférentes à l'Église. A tous ceux qui disent : Nous le connaissons le Juif consubstantiel au Père, nous
connaissons ses compagnons, ce sont les fils de celui dont parle Josèphe
comme ayant introduit une nouvelle secte en Judée lors du Recensement de
Quirinius, nous savons quels criminels c'étaient et quels fourbes vous êtes,
on répondra : Pas du tout. Aucun rapport avec la
secte de Jehoudda. Les disciples étaient d'origine galiléenne sans doute,
mais ce ne sont pas les mêmes que ceux qui sont remontés vivement jusqu'à
Damas après la correction que leur administra Pilatus. Le Seigneur avait fait
défense aux nôtres de sortir de Jérusalem, ils ne pouvaient donc pas être en
Bathanée après Voilà pourquoi, après avoir simplement reçu l'ordre de ne
pas s'éloigner de Jérusalem, les apôtres ont reçu celui de ne pas sortir. La
faculté de s'éloigner, c'était encore trop, puisqu'on ne fixait pas la
distante. Car si les Actes sont consacrés tout entiers au mensonge, il y a çà
et là des lueurs de vérité qu'il a fallu étouffer. Les sept fils de Jehoudda
étaient plus que compromettants. Comment avouer de tels ancêtres ? On a le
mieux qu'on a pu effacé leurs effigies, on a retourné leurs portraits contre
la muraille ; enfin, à bout de ressources, on a trouvé le grand moyen :
l'alibi de Jérusalem. Mais on a eu beau faire : les fils de Jehoudda et les
héros des Actes sont les mêmes hommes, et ce sont bien eux qui, leur aîné
crucifié, ont ramené au combat les Zélateurs de En vain on leur avait lavé les pieds dans le Quatrième Évangile, ce n'était pas assez et Pierre le dit bien ! Toujours la tache originelle revenait sur tout le corps par la petite chronique zélote où souventefois percent des éclairs de sique, l'épisode d'Ananias, par exemple, qu'on a sottement maintenu. Pour tout homme sensible à la vraisemblance, le souvenir d'un doux Jésus est absent des Actes, et, tous ces héros sont conduits non par la consigne pacifique de l'Évangile, mais par des passions religieuses et des appétits politiques sur lesquels nul Maître divin ou même humain n'avait soufflé le bon Esprit. Ainsi, les Actes sont viciés dans leur essence et dans leur origine. Dès le début on se sent accablé de faux, et quand on poursuit, harassé d'impostures. Si on essaie de confronter ces fables ridicules avec l'histoire juive et l'histoire romaine, on est honteux pour la primitive Église des moyens qu'elle a employés pour se mettre en crédit. Si en veut les soumettre aux règles de la critique, on en sort hébété : mieux vaudrait tout croire. L'Eglise soutient que l'auteur des Actes est Luc, parce qu'elle a fait dans les Actes et chez Luc, la substitution du rendez-vous dans Jérusalem au rendez-vous en Bathanée, et pour une seconde raison encore. Luc étant présenté comme un compagnon de Saül dans le littérature paulinienne, et Saül étant représenté dans les Actes comme ayant eu des relations avec Pierre et Jacques, elle tire de ce rapprochement organisé par elle la preuve que les deux premiers Évangiles, Marc et Matthieu, sont contemporains de Pierre et de Jacques, que Luc est arrivé troisième dans cette course testimoniale, et qu'il a pu constater, sinon de visu du moins de auditu, l'étonnante harmonie des rapports de Saül avec les apôtres de Jérusalem. Imposture n° 2. - LES TÉMOINS DE L'ASCENSION.Pendant les quarante jours qu'il a passés à Jérusalem, — tel le Jonas chaldéen à Ninive — le Joannès juif, en sa qualité de fils de Dieu, s'est converti lui-même en Jésus tel qu'il l'a vu dans son Apocalypse. Il a cessé d'être un fils d'homme pour devenir le Fils de l'homme. C'est le dernier état de l'apothéose de ce Juif et l'Église l'y confirme par toutes les impostures qui vont suivre. 6. Ceux donc qui se trouvaient là assemblés l'interrogeaient en disant : Seigneur, est-ce en ce temps que vous rétablirez le Royaume d'Israël ? 7. Et il leur répondit : Ce n'est pas à vous de connaître les temps et les moments que le Père a réservés en sa puissance[25] ; 8. Mais
vous recevrez la vertu de l'Esprit-Saint, qui viendra sur vous, et vous serez
témoins pour moi, à Jérusalem, dans toute 9. Et quand il eût dit ces choses, eux le voyant, il s'enleva et une nuée le déroba à leurs yeux. Voilà qui est une Ascension et non une Assomption ; le
Joannès a été enlevé (Assomption),
Jésus s'élève de lui-même (Ascension).
Il regagne le ciel, la fable terminée : l'imposture ecclésiastique et la
bêtise humaine feront le reste. Les témoins
constitués par les Actes iront partout, excepté en Gaulanitide, pays natal de
Jehoudda, et en Bathanée où Bar-Jehoudda fut roi-christ. Qu'on les voie
uniquement dans L'Assomption avait eu un réel avantage : elle avait fait disparaître à jamais le corps du Joannès. Sans elle il y aurait eu quelque part, sous la terre, une preuve ostéologique de son existence, et il ne fallait pas qu'il y en eût, étant donné qu'on avait donné son corps à Jésus. Mais alors comment de son côté Jésus était-il retourné au ciel ? Par son pouvoir ascensionnel. Dans Luc l'Ascension a lieu le jour même de la
résurrection. Il en est ainsi dans Ainsi les évangélistes se divisaient selon qu'ils étaient d'humeur patiente ou pressée. Les témoins qu'ils produisaient n'avaient pas vu cela le même jour ou le même mois, ni la même année. Marc, Luc, Mathieu, Cérinthe sont morts sans savoir que Jésus était remonté au ciel le quarantième jour. C'est que l'Église de Rome n'avait pas encore statué sur l'échéance. Si l'on veut bien se rappeler que l'Ascension de Jésus a d'abord été l'Assomption du Joannès et que cette Assomption n'est elle-même entrée dans les Écritures juives qu'au deuxième siècle, on voit clairement que la primitive Ascension ne pouvait se passer un autre jour que l'Assomption, laquelle ne pouvait se passer que le jour de l'enlèvement, soit le dimanche 18 nisan. Ici l'Église la fixe au 28 mai. Cela ne me choque pas le moins du monde. Nous avons déjà vu Jésus naître une seconde fois dans Betléhem à vingt et un ans de la première, nous admettrons bien qu'il se soit enlevé deux fois, la seconde à quarante jours de la première. Au point de vue astrologique l'Ascension de Jésus est beaucoup plus facile le 28 mai que le 18 avril, il a beaucoup moins de chemin à faire pour monter vers son Père comme il le dit à Maria dans l'Assomption du Joannès. Mais ce n'est pas seulement pour cette raison que les
Actes ont adopté le quarantième jour au lieu du premier. C'est d'abord pour
empêcher qu'en grattant légèrement on ne retrouvât l'Assomption du Joannès
sous l'Ascension de Jésus. Mais c'est surtout parce que, placée le 18 nisan A la longue, le témoignage de Shehimon et de Cléopas avait paru un peu grêle. Un faux témoignage à deux, surtout entre deux parents du de cujus, est si facile ! Mais dix autres hommes, entre qui on a coupé tout lien de famille, c'est déjà quelque chose de plus confortable. Les Douze apôtres en chair, n'ont été faits que pour cela.
De même leurs Actes, monument d'imposture dont le but n'est pas très
difficile à saisir. La résurrection de Bar-Jehoudda n'avait eu que deux
témoins. L'Ascension n'en avait pas eu du tout. En effaçant de l'histoire les
sept fils de Maria, on les remplaçant dans la fable par les douze apôtres de
Jésus et en installant ceux-ci à Jérusalem dans le temps de Œuvre d'Église où tout est faux. Une grande vérité pourtant y circule. Au premier plan sont trois hommes : Pierre, Jacques et Joannès attestant la résurrection d'un quatrième personnage, Jésus de Nazareth, qui aurait été crucifié en 782 par Antipas et Pilatus. Aucune trace d'un Joannès Baptiseur à qui Antipas aurait coupé la tête auparavant. Cette imposture n'est pas encore dans les Synoptisés. Une seule institution, le baptême de Joannès ; un seul
jésus, une seule victime, Joannès ; un seul Joannès, Bar-Jehoudda. Une seule
Maria qui est bien la mère du crucifié, mais qui naturellement n'est plus
donnée comme étant Après avoir métamorphosé le nazir Bar-Jehoudda en Joannès et Joannès en Jésus de Nazareth, le problème est celui-ci : Métamorphoser Shehimon en un personnage nouveau, sous le nom de Pierre ; Couper le lien ombilical qui l'attache à Maria ; Couper ensuite ceux qui l'attachent au crucifié de Pilatus ; Couper enfin ceux qui l'attachent aux cinq autres fils de Maria, à tel point qu'il n'est même plus le frère de ce Jacob avec lequel il gouverna la secte après la mort de leur aîné ; Voilà en quoi consistait le travail. L'Église poursuivait un autre but, presque aussi important
: transformer Saül en témoin auriculaire de Le but politique a été de lever l'interdit que les disciples de Jehoudda et de ses fils avaient lancé contre tout ce qui n'était pas juif, et de faire la paix avec Rome. Les Actes ne sont donc qu'une compilation de fourberies portant non seulement sur les faits mais sur les sentiments et les idées, un trompe-foi dont l'Église est l'auteur et la bénéficiaire. V. — LES QUARANTE JOURS. Hénoch, Élie, Élisée passaient pour avoir été enlevés au ciel, Hénoch, par le bras de Dieu, — vous savez s'il est long ! — Élie sur un char de feu, Élisée dans un tourbillon, Jehoudda et Zadoc par ascension puis par assomption, Shehimon par assomption, Joannès le dernier par assomption convertie en ascension. Reste Jésus qui étant descendu dans les Écritures s'en échappe de lui-même, sans intervention de tiers, sans appareil ni accessoires, après quarante jours de villégiature sur le mont des Oliviers. Ces quarante jours, c'est, en somme, chez le grand-prêtre qu'il les eût vécus s'il avait eu chair. Relié au Temple par un pont jeté au-dessus du Kidron, le Mont des Oliviers était le lucus ou bois sacré de Jérusalem. On y voyait danse la pâle feuillée, au milieu de Juifs prosternés, les blancs tombeaux des prophètes et des héros, les sépulcres blanchis de l'Évangile. Sous des cèdres superbes les prêtres avaient installé quatre boutiques où ils vendaient des amulettes et des objets de piété, de ces mirolifiques dont les voyageurs du Moyen âge ont écrit. Les cèdres eux-mêmes étaient de rapport, et tout bruissants du roucoulement des colombes qu'on y venait acheter pour les purifications. Le revenu de ce bazar était à la famille saducéenne de Hanan et il n'était pas mince aux grands jours de fête. Hanan lui-même avait là une maison contiguë au bazar et sans doute un jardin de plaisance, car il n'y avait point de jardin dans la ville, et presque tous étaient au penchant de la colline. C'était une maison importante que celle de Hanan et de son gendre Kaïaphas. Entre le Temple et la montagne, c'étaient des allées et venues continuelles. Jésus n'a pas besoin de s'aller montrer à ceux de Jérusalem, ils viennent à lui en venant à la montagne. En moins de vingt minutes on allait de la porte de la ville au sommet le plus lointain ; en moins de vingt minutes on en descendait pour aller à Béthanie, sur le versant qui regarde le Jourdain et la mer Morte. Béthanie était le premier village qu'on trouvât sur la route de Jérusalem à Jéricho, la plus fréquentée, la plus populaire de toutes les routes de Judée. C'est là, entre le bazar de Hanan et les fermes de Béthanie, que, pendant quarante fois vingt-quatre heures, Jésus christophanise au milieu des disciples, partageant avec eux ses Poissons et son miel. Et tout Béthanie peut le voir. Tous les incrédules de la ville et tous ceux des villages enfouis dans les palmiers, et tous les prêtres, grands et petits, Hanan, Kaïaphas, et tous les docteurs, pharisiens, saducéens, esséniens, tous peuvent l'entendre. Pendant plus de six semaines, toute la débâcle de C'est que nous sommes en 782. Supposons, au contraire, que Jésus ait existé et qu'il soit ressuscité en 789. Tout Jérusalem le sait, puisqu'à cette occasion des saints juifs morts dans le siècle précédent, — on cite Charioth, essénien de Jéricho, — sont sortis du tombeau et entrés dans la ville. On ne sait ce qu'ils deviennent après leur résurrection et pourtant ils doivent devenir quelque chose, car il est peu probable qu'ils soient retournés d'eux-mêmes au tombeau. Ils ont jasé. Toute Vous vous rappelez que l'obscurité est absolument incompatible avec le Jésus millénaire et que, lui présent, les jours reviennent à leur constitution primitive, soit vingt-quatre heures de lumière ininterrompue[30]. Les Juifs ont caché qu'il n'y avait pas eu de nuit pendant quarante jours consécutifs, et c'est là un des effets les plus curieux de cette manie que le patriarche Photius a constatée chez eux de ne pas parler de Jésus et de ce qui est advenu en Judée sous son règne — éphémère, il est vrai, mais marqué par tant de prodiges ! Les Juifs ont eu quarante jours pour réfléchir sur leur ignominie déicide, quarante jours pour se convertir à Jésus. Certains scribes, comme pour aggraver la responsabilité de la nation, leur ont donné dix-huit mois[31]. Si vraiment ils ont eu dix-huit mois, ils dont autant de fois plus coupables qu'il y a de jours entre quarante et cinq cent quarante-sept. Dissimuler au monde cinq cent quarante-sept jours d'une lumière paradisiaque, c'est là un trait d'une noirceur qui paraîtrait incroyable, si on ne savait par Photius combien les Juifs se sont montrés avares de renseignements sur la personne et les miracles de Jésus. Aussi ne voudrais-je pas être à leur place. Jonas, issant de la baleine, ne donne que quarante jours aux Ninivites pour se repentir, Jésus en donne cinq cent quarante-sept aux Juifs, et ceux-ci les consument dans des occupations futiles sans avoir égard au Fils de l'homme ! Peut-on dire qu'ils n'aient pas connu les Quarante jours ? C'est comme si l'on disait que Louis XVIII n'a pas connu les Cent jours ! Que répondront-ils ? Oui, peuple au col roide, que répondras-tu ? Jusqu'à la résurrection ils ont parfaitement le droit de
douter que Jésus soit le Messie : ils en ont même le devoir. Sa mère en
doute, ses frères et ses sœurs en doutent, l'Évangile est formel. Croire sans
preuves et même sans signes, c'est encourager indistinctement tous les
imposteurs et les fous qui, se levant du sein de la nation, se prétendaient
envoyés de Dieu et la dupaient en ce nom. Même à partir de la résurrection,
en eussent-ils été vraiment témoins. C'est à bon droit qu'ils eussent hésité.
Mais l'Ascension eût pu les impressionner davantage. Ah ! si c'était de ces
choses banales envers lesquelles l'histoire n'est point tenue, on
comprendrait la réserve des Juifs. Mais c'est un phénomène qu'on peut
qualifier de précieux sans être accusé d'en vouloir diminuer le mérite. Un
ancien « charpentier, » galiléen qui monte au ciel, à la façon d'Élie moins
le tourbillon, ce n'est point un épisode qu'on puisse dissimuler à la
génération contemporaine ou même aux personnes éloignées du champ de
l'opération. Les Juifs n'avaient aucun intérêt à cacher une exception dont la
gloire rejaillissait sur toute la race. A la considérer sans prévention,
c'était un commencement de preuve de leur céleste origine, petit sans doute,
mais plutôt rare. Les Juifs de Kaïaphas étaient mille fois plus crédules que
ceux d'à présent. Comment se fait-il qu'ils n'aient pas été un peu ébranlés ?
Si quelque juif notoire s'enlevait à Montmartre, je ne dis pas au Sacré-Cœur,
lieu partial, mais au Moulin de Jésus étant ressuscité, l'escroquerie et l'abus de confiance apparaissaient chez Judas avec un relief saisissant. Il y avait même lieu à dommages-intérêts pour privation de jouissance du capital, car avec les trente deniers le Temple, sous Tibère, se proposait d'acheter le champ d'un potier pour y enterrer les étrangers, et n'est-ce point par la faute de Judas que le marché ne fut conclu que sous Claude ? En tout cas, il y a un homme qui n'eût pas manqué d'adorer Jésus sur l'heure, c'est Pontius Pilatus. Pilatus eût aimé, admiré ce Jésus qui est le contre-pied du Christ zélote, de ce Roi des rois que tout fils d'Israël couvait dans son cœur. Jamais il n'eût condamné Jésus. Il aurait fait ce que font
tous les procurateurs et tous les gouverneurs romains que nous connaissons
depuis Gallien jusqu'au proconsul de Syrie dont Lucien cite l'humaine
conduite à l'égard de Pérégrinus, qui pourtant s'était commis avec les
baptistes sous Hadrien ; il eût relâché l'homme que les Juifs lui amenèrent.
Jésus n'a renversé aucune idole, il n'a blasphémé nommément aucun des dieux
de Rome, il a conseillé de payer le tribut, la seule chose qui importât au
lieutenant de Tibère. Quel allié plus actif ? Quel sujet plus loyal ? Un
homme qui, traqué par des disciples qui le veulent faire roi, se dérobe à ce
patriotique honneur, fuit jusqu'à la tentation et arrache l'épée des mains de
Pierre ! Il est mille fois moins suspect que ses jugés parmi lesquels il y a
de ces pharisiens qu'en vit jadis mêlés aux revendications populaires. Dans
ce débat entre Rome et Jamais Pilatus, qui avait à Césarée la garde des intérêts
de l'Empire, n'eût souffert que les Juifs, unis à ses soldats, exécutassent
un homme qui avait nourri une première fois cinq mille personnages, une
seconde fois quatre mille avec cinq pains et deux petits poissons. Il faut
considérer, en effet, que le ravitaillement des armées à longue distance des
greniers de Rome a toujours été l'un des problèmes les plus difficiles à
résoudre de l'administration impériale, plus difficile encore que le
transport des troupes. Une légion au temps de Pilatus comprenait environ six
mille hommes. Le proconsul de Syrie n'en avait que trois sous ses ordres, en
y comprenant celles qui gardaient Les annales romaines, sous Claude notamment, relatent les horreurs de plusieurs disettes dont le préfet du prétoire n'eût pus manqué de faire remonter la faute à l'incapacité de Pilatus qui aurait acquis dans l'histoire de la famine une notoriété dont Ugolin n'aurait jamais pu le déposséder. Averti comme tout le monde de la résurrection d'un pareil homme et ayant quarante jours devant lui pour réparer ses torts, Pilatus serait inexcusable de n'avoir pas tenté l'impossible pour retenir cet homme au service de l'intendance. Il a laissé la renommée d'un administrateur insatiable jusqu'à l'exaction. Il n'est donc pas supposable qu'il ait perdu bénévolement une occasion unique de rendre le joug de Rome plus léger aux Juifs, et de provoquer leur reconnaissance au lieu d'allumer leur courroux. Par Jésus toute incompatibilité d'humeur entre l'élément aryen et l'élément sémite prenait fin. Il rendait superflu le percement de l'isthme de Corinthe auquel tant de Juifs furent employés sans profit par Néron. Sans doute Jésus ne se serait pas fait Romain, mais Pilatus se serait fait Juif. D'ailleurs il n'est pas certain que Pilatus fût espagnol. Je me suis souvent demandé s'il n'était pas gallo-romain et si à raison de la première ascension dont il avait été témoin et du voisinage de Jéricho, ville célèbre par ses roses, il n'aurait pas été surnommé par ses contemporains Pilate de Rosier. En ce cas il serait l'ancêtre de ce Pilâtre de Rozier qui — bon sang ne peut mentir — organisa la première ascension en ballon qui ait eu lieu chez nous. La presque identité du nom, le même amour du même spectacle, tout me porte à croire qu'il s'agit bien là d'une même famille. L'r qui différencie à dix-huit cents ans d'intervalle les titulaires de ce nom rare est plutôt un indice de descendance directe. Il y a des généalogies beaucoup moins sûres — celle de Bar-Jehoudda, par exemple, — et il a suffi de changer un iota en êta pour transformer les méchants christiens en bons chrestiens. La femme de Pilatus — car elle existe et on a écrit sa vie — vint certainement au Mont des Oliviers. Très friande de spectacles, comme toutes les Romaines, elle ne manqua pas cette représentation à bénéfice. Quel plaisir au retour de pouvoir conter cette sensation d'art nouveau à des amies sevrées d'exotisme. Pauvre Flora, quoi ! toujours la même atellane, toujours la même course, toujours le même combat de bêtes et d'hommes, toujours Plaute, toujours Térence ! Quant à Pilatus, homme grave évidemment et méthodique, quel bonheur eût été pour lui de pouvoir raconter la chose à Plinius senior pour documenter son Histoire naturelle et rabattre un peu le caquet de ce Thrasylle qui par ses songes en l'air accaparait toute la bienveillance des dames romaines, sans avoir une seule Ascension dans son répertoire. Le centurion préposé à la crucifixion n'a pas manqué de
venir lui aussi, qui, plus clairvoyant à lui seul que tous les apôtres
réunis, avait dit, secoué jusqu'au fond de l'être par les prodiges advenus
pendant D'où vient donc qu'en dépit de cette favorable ambiance, car les raisons d'ordre physique qu'on pourrait invoquer sont bien peu de chose, d'où vient, dis-je, que l'Ascension ne semble pas s'être pleinement réalisée ? C'est que l'intérêt public, qui n'est hélas ! que la somme des égoïsmes, s'y opposait. Jamais les Juifs de Kaïaphas et les Romains de Pilatus n'eussent laissé repartir un homme qui ressuscitait les autres hommes. De tels phénomènes auraient converti tous les Juifs et forcé l'admiration de tous les païens. Ne pas se soumettre, c'eût été conspirer contre l'évidence, et on ne saurait trop s'étonner qu'après avoir opéré de pareils miracles, Jésus eût été subitement incapable d'y faire croire. Cette insigne faiblesse succédant à une telle puissance est inadmissible chez un dieu : on aurait cru à tout païen qui eût ressuscité un autre païen devant témoins. Eusèbe réfute l'histoire d'Apollonius de Tyane qui ressuscita une jeune fille à Rome, par ce motif qu'un tel fait n'aurait pu échapper à l'Empereur et à ses sujets. Mais d'abord est-ce qu'Apollonius est juif ? Kaïaphas se fût opposé de toutes ses forces à l'Ascension
d'un homme à qui il devait la résurrection de sa fille, car Jésus avait
ressuscité la fille de Kaïaphas. Kaïaphas, aimant sa fille, aimait celui
qu'il l'avait ressuscitée[33]. Il savait, pour
en avoir mis la preuve dans son livre de raison, que Jésus était
incontestablement Dieu le fils, plus fort que Dieu le père, car jusque-la, de
mémoire de grand-prêtre, Dieu le père n'avait ressuscité personne. Jamais on
n'eût trouvé un seul saducéen, un seul pharisien pour le livrer à Pilatus.
Jamais un centurion n'aurait consenti à le mener au supplice. C'est à qui se
serait fait Juif immédiatement, il ne serait pas resté un païen dans les
légions qui gardaient A pareille distance des événements nous pouvons considérer la situation avec sang-froid. Sauf Jésus qui désirait rentrer au ciel, personne n'avait d'intérêt à l'Ascension. Cette Ascension, qui l'a dissimulée aux contemporains de
Tibère ? Sont-ce les Juifs ? Les Romains ? Non, ce sont les disciples
eux-mêmes. Ils n'en voulaient point. Il fut très difficile de la leur faire
accepter. C'est comme si on essayait de faire comprendre à un commerçant que
son caissier a bien fait de filer avec la caisse. Il fallut traiter avec eux,
comme on avait traité Simple prophète, le Joannès avait pu se tromper. Comme il n'était pas mort en 789, il lui restait toute une génération, tout le siècle, l'éternité même, pour s'exécuter. Mais Jésus montant au ciel, au lieu de se montrer venant sur les nuées, comme il l'avait annoncé, c'était la trahison pure envers les Douze apôtres à qui il avait promis qu'assis sur douze trônes ils jugeraient les douze tribus d'Israël ! Et c'est la raison, l'unique d'ailleurs, pour laquelle l'Ascension n'a point eu lieu. L'Ascension au bout de quarante jours, c'est le contraire de ce qui avait été entendu. Quarante jours de règne, c'est tout à fait insuffisant. Le Joannès avait annoncé un règne d'au moins mille ans, et Jésus lâchait pied au bout de quarante jours ! Le Joannès n'était donc pas bon prophète ? Les signes du Messie, c'est ceci ou cela, un miracle, si l'on veut, à défaut d'autre chose. Mais la preuve du Messie, c'était la durée du Royaume, c'étaient les Mille ans promis. Répétons-le donc avec l'infâme Cérinthe, auteur premier du Quatrième Évangile : De même que personne n'est monté au ciel, comme le dit fort crûment Jésus, personne ne s'est promené tout nu pendant quarante jours sur le Mont des Oliviers. Car l'homme eût été nu, aucun doute sur ce point. Avant de l'attacher à la croix les soldats s'étaient partagé ses vêtements, et pour sortir du tombeau il avait rejeté ses linceuls. Réduits par les ordonnances de Jésus à un seul vêtement, les disciples n'auraient pu lui en prêter qu'en se dépouillant du leur. Or, ce costume ne se portait plus depuis le Paradis terrestre ; s'il était édénique, il n'était point pascal. Heureux qui veille et garde ses vêtements, afin qu'il ne marche pas nu et qu'on ne voie pas sa honte, dit l'Apocalypse de Pathmos d'après le Joannès. Parlerait-elle de cette sorte si, pendant quarante jours ou pendant dix-huit mois, son auteur avait vécu à l'état adamique dans la banlieue de Jérusalem ? Imposture n° 3. - TRANSFIGURATION DE SHEHIMON ET DE JACOB SENIOR.But : convertir Shehimon ou Pierre et Jacob senior ou Jacques par le procédé employé pour leur frère aîné, de manière que, transfigurés, eux aussi, ils puissent être témoins de sa conversion définitive en Jésus. 10. Et comme ils le regardaient allant au ciel, voilà que deux hommes se présentèrent devant eux, avec des vêtements blancs, 11. Et leur dirent : Hommes de Galilée, pourquoi vous tenez-vous là, regardant au ciel ? Ce jésus, qui du milieu de vous a été enlevé au ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu allant au ciel[34]. Par suite de la conversion de leur frère en Fils de
l'homme, Shehimon et Jacob qui ont les vêtements blancs de leur propre Assomption, —
Shehimon n'est plus nu comme avant d'être assumé, il a le costume de
ciel promis aux Zélateurs de Imposture n° 4. -
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[1] Introduction à l'Évangile selon saint Mathieu dans la seule traduction approuvée par le Saint-Siège.
[2] Le plus que centenaire Joannès, l'auteur prétendu du Quatrième Évangile qui est, en réalité, de Cérinthe.
[3]
On arrange bien
[4] Première Lettre de Pierre, V, 13.
[5] C'est en effet dans Luc que Jésus remet à Saül l'Amalécite l'oreille que Shehimon lui a coupée avant la pâque de 789. Mais nous ne pensons pas que cette restitution puisse remonter en deçà du troisième siècle.
[6] Apôtre fictif tiré de la côte du Joannès-jésus par l'Église, comme Paul a été tiré de la côte de Saül.
[7] Ce qu'il y a de curieux, c'est qu'au milieu de ces erreurs comiques, la vérité que nous avons établie dans nos deux précédents volumes apparaît indiscutable : l'identité de l'auteur de l'Apocalypse, de l'aîné des fils de Zibdéos, de l'apôtre bien-aimé à qui Jésus avait dicté ses Révélations en 781, du condamné que Jésus restitue à sa vraie mère au pied de la croix, et du prophète sous le nom de qui Cérinthe a mis son Evangile selon Joannès, la réserve de la paternité de l'Épître ad Parthos, qui peut être du troisième siècle, du rang donné au Joannès dans la postérité du Zibdéos (Bar-Jehoudda était le premier et non le second des fils de Jehoudda, en Évangile le Zibdéos), du caractère attribué à sa filiation, (c'est lui et non Jésus qui est le fils réel de Salomé, en Évangile Maria ; Jésus, avons-nous dit, n'est fils de Marie que dans la fable futile pour le monde, c'est-à-dire pour les dupes des Juifs), tout le reste est exact. Le Saint-Siège en doute-t-il ?
[8] Nous pensons qu'on a mis cet Évangile sous le nom de Lucius, frère ou fils du Simon du Cyrène, pour lui donner un air d'authenticité.
[9] On lui préférera Mathias qui pourtant n'est qu'un neveu, le fils de Jehoudda Toâmin.
[10] Cf. le présent volume, Le forceps de l'Église, § II.
[11]
Théophile est le nom de la personne imaginaire à qui l'Eglise adresse
l'Évangile dit de Luc (I, 3), par elle refait, et différent des autres en ce
qu'il contient
[12] Il fut enlevé par Jésus. Il s'agit ici de l'ancienne Assomption du jésus, Assomption en plusieurs tableaux qui commence au Sôrtaba dans Luc et se termine au Guol-golta dans le Quatrième Evangile.
[13] Les Douze apôtres de l'allégorie. On ne donne pas leur nombre, mais il s'agit bien d'eux et de l'Esprit Saint qu'il leur donne dans le Quatrième Evangile (XX, 22, 23) : Il souffla sur eux et leur dit : Recevez l'Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.
[14] Les quarante jours de Jonas devant Ninive. Les quarante jours proviennent d'un Evangile qui a disparu ou plutôt ils ont disparu de l'Evangile, ils complétaient trop visiblement la similitude de Jonas à propos de laquelle Jésus, dans les Synoptisés, dit que la génération de Joannès devra se contenter de ce signe-là et qu'il ne lui en donnera point d'autre : Joannès sortant du tombeau après trois jours pleins. C'est pendant ces quarante jours qu'il contait aux millénaristes les paraboles sur le Royaume de Dieu qui sont aujourd'hui dispersées dans l'Evangile. Mais avant tout il leur disait ce qu'il avait vu dans les enfers durant les trois jours et les trois nuits qu'à l'instar de Jonas dans son poisson. Il avait passés au sein de l'abîme.
[15] Provient du Repas christophanique d'Ammaüs et de l'allégorie des Poissons dans l'épilogue du Quatrième Evangile, avec cette différence qu'il n'y mange pas, tandis qu'ici il mange comme un être de chair. Le menu contient les Poissons ; l'Agneau les mange pendant les trente jours de nisan.
[16] Mot d'ordre ecclésiastique qui date du troisième siècle au moins et qui est en contradiction absolue avec le rendez-vous que Jésus leur donne dans les premiers Evangiles, où il leur commande d'aller l'attendre en Galilée, et c'est là, en effet, qu'ils l'attendirent sous l'orme. Mais foin de l'histoire et de ce Jésus-là ! Si l'on admet un seul instant qu'ils sont revenus en Transjordanie à un moment donné, tout est perdu. Qu'importe qu'on donne un démenti à Jésus lui-même ? Et puis quand il dit cela dans l'Évangile, on n'en est encore qu'au début. Après quarante jours plus trois siècles de réflexion il est bien permis de changer d'avis. Quarante nuits, dont trois passées aux enfers, il n'y a rien de tel pour porter conseil.
[17] Joannès en effet a été la bouche de Jésus. Il prêcha la promesse du Père telle que le Fils la lui a révélée dans l'Apocalypse, et ses frères ont vécu comme lui, dans l'attente du baptême de feu. Il a baptisé d'eau en vue de ce Baptême qui n'est pas venu et qui a été remplacé dans l'histoire par l'incendie du Temple à la chute de Jérusalem. (823.)
[18] Voilà le grand expédient ecclésiastique. Bar-Jehoudda et ses frères n'ont pas connu le véritable Esprit Saint qui est resté au ciel, loin de descendre pour consumer l'Occident et l'Orient, comme ces misérables l'avaient espéré. Jésus va le leur envoyer sous la forme de langues de feu, expression fort mitigée et toute allégorique du baptême par le feu après lequel Bar-Jehoudda devait régner mille ans sur la terre enjuivée.
[19] C'est exact. Jésus lui sert et surtout il leur sert. C'est son rôle dans la fable, bien qu'il soit leur Seigneur.
[20] Il prend fait et cause pour eux comme s'il avait souffert en eux.
[21] Chapitre XXI.
[22] A propos d'Is-Kérioth.
[23] En effet Cléopas n'est pas sur la liste des douze. On n'y a pas porté non plus Éléazar à cause de la maladresse que Cérinthe avait commise en le ressuscitant avant Bar-Jehoudda.
[24] En effet, de même que l'Église a coupé la tête à Joannès pour qu'on ne puisse le retrouver sur la croix, de même elle a coupé celle de Jacques pour qu'on ne puisse retrouver en lui Jacob crucifié avec Shehimon en 802.
[25] Remise sine die de la descente du Christ, de celle des Douze Apôtres, des Trente-six Décans, des Douze tribus célestes et de l'Agneau millénaire. En même temps condamnation et très rude des Apocalypses de Jehoudda et de ses fils. Ce n'était pas à eux d'assigner la date de 789 au Renouvellement de la terre. Le Verbe ne leur a jamais rien révélé de pareil en dépit de leurs affirmations, il est lui-même aux ordres du Père, qui ne lui a pas encore fait connaître sa volonté. Vu d'en haut et vu d'en bas, le Joannès est un imposteur. Mais n'en dites rien, vous couleriez toute la religion naissante.
[26] Quatrième Evangile, VII, 1.
[27] Matthieu, X, 5.
[28] Cf. le présent volume, Le Guol-golta, § V.
[29]
Dans
[30] Cf. Le Roi des Juifs.
[31] Des Gnostiques, cités par Irénée, et parlant d'après certains Evangiles où Jésus passait dix-huit mois sur la terre. D'autres l'y faisaient passer douze ans pour l'instruction des disciples.
[32] Matthieu, XXVII, et Marc.
Il est vrai que dans Luc il le reconnaît seulement pour un homme juste, mais on a soutenu que cet adjectif devait en théologie s'entendre du Juste par excellence, c'est-à-dire du Christ qui jugera. Adoptons cette version, car ici nous mettons tout au mieux.
[33] Irénée est formel sur ce point. Dans les écrits dont il se servait Jésus avait ressuscité la fille du grand-prêtre qui était morte. (Livre V.) Il est impossible qu'Irénée ait pris Jaïr pour un grand-prêtre.
[34] Les deux opérations sont encore parfaitement distinctes, la première conforme à la version née sous Trajan ou sous Hadrien, la seconde qui naît ici par la volonté de l'auteur des Actes. On se conduit indignement avec Cléopas, témoin de la résurrection dans l'Assomption et remplacé par Jacques dans l'Ascension, car il n'est pas douteux que le second homme blanc ne soit Jacques, par droit de martyre.
[35] Exode, XXVI, 31. Vous ferez un voile de couleur d'hyacinthe, de pourpre, d'écarlate teinte deux fois, et de fin lin retors, où vous tracerez un ouvrage de broderie avec une agréable variété. Cf. le présent volume, Machéron, § VI.
[36] Matthieu, XXVII, 51, Marc, XV, 38, Luc, XXIII, 45.
[37] Marc, XIV, 15. Luc, XXII, 12.
[38] Apocalypse, XX, 4.
[39] Quatrième Évangile, XIV, 8.
[40] Quatrième Évangile, XIV, 5.
[41] Quatrième Évangile, XIV, 22.
[42] Quatrième Évangile, XIV, 2, 3.
[43] Les scribes grecs ont traduit Kannaïte qui veut dire Zélote par de Cana. En sorte que Shehimon est parfois dit de Cana, quoiqu'il fût simplement Kannaïte.
[44] La situation n'était pas meilleure après la retraite de Kaïaphas qui fut remplacé successivement par deux de ses beaux-frères, Jonathan d'abord, puis Théophile. Nous nous sommes trompé, plus haut, en mettant Théophile après Kaïaphas.
[45] La certitude des preuves du Christianisme, par Bergier, docteur en théologie. (Paris, 1771, in-12°.)
[46] Cf. Le Roi des Juifs.
[47] Hermann Janssens, Herméneutique sacrée, Paris, 1833, in-12°, t. III, p. 126.
[48] Cf. le présent volume, Le Guol-golta, § I.
[49] Matthieu, XXVII, 9, 10.
[50] Zacharie, XI, 12, 13.
[51] Chiffre obtenu sur les indications évangéliques par l'addition des Douze apôtres, des soixante-douze disciples indiqués dans l'allégorie de Luc, de la famille de Bar-Jehoudda, et des femmes qui sont autour de la croix dans Marc.
[52] Commencement de la série des faux discours attribués à Shehimon, à Gamaliel, président du sanhédrin, à Jacob junior (Stéphanos), à Saül (Paul), à Jacob senior, etc.
[53]
Le procédé de fabrication des Évangiles est très clairement révélé ici.
Jésus et les Douze ne sont entrés dans la christophanie que par la fantaisie
des scribes. Jésus vient d'en sortir par le même moyen, l'Ascension. Il est
certain que
[54] Il peut être question, selon l'état des Ecritures à ce moment, soit du baptême du Joannès par la colombe, soit du baptême de Jésus par le Joannès, seconde étape de l'imposture évangélique, soit simplement du septennat baptismal inauguré en 781 par le lancement de l'Apocalypse.
[55] Nouvelle trace, la troisième, de l'Assomption du Joannès.
[56] Forme grécisée de Joseph. (Mathieu, XIII, 55.)
[57] Nous avons déjà vu bien souvent le Juste employé en ce sens, appliqué notamment au père des Sept apôtres, à leur mère aussi. (Cf. les Nativités selon Matthieu et selon Luc dans le Charpentier). Nathanaël, qui est le pseudonyme de Ménahem dans le Quatrième Évangile, est dit de Kana, parce qu'il est Kannaïte. Simon de Kana (Pierre), de même.
[58] Cf. Le Roi des Juifs.
[59] Cf. Le Roi des Juifs.
[60] Actes, XV, 22.
[61] En biffant Lévi, porté sur la plus ancienne liste.
[62] Quatrième Evangile, XVII, 21.
[63]
Eusèbe, en deux endroits (Chronique, dans la traduction latine que
Jérôme en a faite et Démonstration évangélique, VIIIe livre). Georges le
Syncelle fait mieux : il cite le texte grec de
[64]
Notez que dans les Évangiles le voile se déchire cinquante jours avant
[65] Le faussaire est un homme gai qui s'amuse énormément.
[66] Eclipses et prodiges dans Tacite, dans Josèphe, armées s'entrechoquant au ciel, etc.
[67]
Apocalypse, VI, 12, Cf. le Roi des Juifs. Allusion aux deux
éruptions du Vésuve, la première sous Néron, la seconde sous Titus, la
destruction de Pompéi, d'Herculanum et de Stabies, aux tremblements de terre
d'Asie, à l'engloutissement de petites îles dans
[68] Le faussaire ne compte pas à la juive.
[69] Au verset 15, nous l'avons mise entre crochets.
[70]
Cf. Le Charpentier, et dans
[71] Gleucos, jus de raisin écrasé.
[72] Les trois Synoptisés montent déjà la garde autour de la mystification évangélique.
[73] Nous l'avons puni comme un imposteur qui n'a rien fait de ce qu'il avait promis. Pendant tout le temps qu'il a vécu il n'a rien fait de remarquable. (Le rabbin de Celse, l'Empereur Julien, le Talmud, Cf. le Roi des Juifs). Tous les miracles de la christophanie sont déjà en place.
[74] Condamné depuis cinquante jours lors de son arrestation et arrêté en pleine fuite, après avoir abandonné sa troupe.
[75] Par le moyen du Verbe Jésus. Même formule au verset 10 du Ch. IV et 30 du ch. V d'après la version primitive de l'Assomption recueillie par Cérinthe dans le Quatrième Évangile.
[76] Les scribes ont profité du conseil de Jésus à Shehimon et Cléopas : Lisez les Psaumes, puisque l'Apocalypse a raté.
[77] Et quels ! Le ressuscité lui-même, qui va entrer en lice dans un instant !
[78] On repousse l'honnête interprétation que Jésus donne à ce propos dans l'Evangile et que nous avons reproduite dans le Roi des Juifs. Jésus, en tant que Verbe de Dieu, est un hérétique.
[79] L'Esprit-Saint, c'est précisément la récompense de ce mensonge. Voulez-vous avoir l'Esprit-Saint ? Mentez à Dieu, mentez aux hommes. Qu'avant tout Dieu soit dupe !
[80] Interprétation du Saint-Siège.