I. — QUELQUES SURNOMS DE JEHOUDDA : JOSEPH, JOANNÈS, ZACHURI. On n'était rien en Judée sans un manifeste prophétique. Jehoudda écrivit ce qu'il avait appris à l'école de Joshua ben Peraïa, l'Apocalypse des Apocalypses, l'Horoscope des Juifs, le Livre des destinées du monde. C'est de lui que parle le satirique Lucien comme ayant été le premier législateur des christiens[1]. Et ses lois, ce sont les fameuses Paroles du Rabbi qui devinrent le code de l'apostolat jusqu'à la chute de Jérusalem et au-delà. Jehoudda est le maître de tous les personnages qu'on
appelle disciples dans l'Évangile. C'est la grande figure christienne de Jehoudda n'est pas seulement le père du christianisme, il est le père de l'horrible petit Juif que l'humaine imposture a mué en Jésus-Christ et que trois cent soixante-cinq millions d'hommes civilisés adorent comme étant le Fils de Dieu. Les Révélations de Jehoudda lui ont valu toutes sortes de surnoms, qui tous rentrent dans le caractère de son système et de ses prophéties. C'est lui que certains Evangiles appellent Joseph, d'autres le Charpentier, d'autres Zibdeos, d'autres Jonas ou Joannès, d'autres Zachûri, jamais Jehoudda, on verra pourquoi. Le nom de Joseph s'explique tout naturellement. Joseph
était fils de Jacob dans Le nom de Jonas ou Joannès lui est donné quatre fois par les Evangiles, une fois dans Mathieu, trois fois dans le Quatrième Évangile[5]. Joannès est un équivalent de Joseph. A l'origine des choses, tous les êtres animés étaient nés
de l'eau. Le premier être capable de révéler les secrets de la pensée
créatrice était donc en forme de poisson et s'appelait chez les Chaldéens
Oannès ou Ioannès. Jonas dans son poisson est un de ces Ioannès. Oannès
apparut dès la première année du monde. C'était un confident, un disciple du
Soleil, lequel savait tout en sa qualité de lumière universelle. Il se levait
dans les flots de l'Orient, comme le Soleil son maître, et s'enfonçait dans
ceux de l'Occident pour ne reparaître que le lendemain. Néanmoins on l'avait
vu d'assez près pour fixer sa figure, celle d'un homme encastré dans un
poisson. Il avait écrit sur les destinées du monde une Apocalypse
qu'il remit aux Chaldéens[6]. Entendez qu'il
avait mis Les Joannès ne différaient entre eux que par les
conclusions, et ces conclusions variaient selon les latitudes. Celui de
Chaldée promettait l'empire du monde aux Chaldéens, celui d'Egypte aux
Egyptiens, Joseph et le Ieou-annès aux Juifs. Indifférents aux systèmes
qu'ils ne comprenaient pas, les peuples n'en retenaient que l'affolante
moralité. A ce jeu les Joannès gagnaient parfois des couronnes ; celui
d'Egypte en eut une ; Jehoudda doit à ses facultés joanniques d'avoir eu deux
fils rois des Juifs pendant une cinquantaine de jours. De toutes les.
prophéties qui concernaient Israël, une seule était en train de se réaliser,
celle de Balaam. Prophétie affligeante : tous les enfants de Seth détruits[11], les chefs
d'Italie venant dans leurs vaisseaux, défaisant les Assyriens et ruinant les
Hébreux[12].
Balaam annonçait bien qu'à la fin ces Italiotes périraient eux-mêmes[13], mais Israël
succombait le premier. Balaam ne pouvait donc être qu'un faux prophète : les
Ecritures christiennes sont pleines d'amertume contre l'erreur de Balaam,
l'impudence aveugle de Balaam[14]. L'Apocalypse du
Joannès gaulonite, c'est la réponse à Balaam au nom de tous les prophètes
d'Israël. C'est Balaam retourné, l'Orient vainqueur de l'Occident par le
Messie davidique : De même que Joannès est un équivalent de Joseph, Zachûri est un équivalent de Joannès. Le nom de Zachûri, qu'on donne à Jehoudda dans De Zachûri on en est venu à Zacharie. De tous les prophètes Zacharie est le seul qui annonçât en termes exprès la mission baptismale du christ davidique : En ce jour-là il y aura une fontaine ouverte à la maison de David et aux habitants de Jérusalem, pour y laver les souillures du pécheur et de la femme impure[17], et c'est ce qui explique l'affluence des paillardes au Jourdain. Il y a d'autres raisons encore et topiques, notamment celle-ci que nous retrouverons dans l'Apocalypse : Zacharie est le seul qui annonçât la destruction de la terre par tiers, le parti du milieu demeurant seul, sauvé par le baptême du feu. Je ferai passer ces derniers par le feu, où je les épurerai comme on épure l'argent et je les éprouverai comme on éprouve l'or. Ils m'appelleront par mon nom et je les exaucerai. Je leur dirai : Vous êtes mon peuple, et chacun d'eux me dira : Vous êtes le Seigneur, mon Dieu[18]. Avec un zèle égal, quoi qu'avec moins d'autorité, son frère Aggée (Aggaï) prêcha le même christianisme[19]. S'appelait-il Aggée de son nom de circoncision ? Est-ce parce qu'il s'appelait Aggée qu'on a surnommé Jehoudda Zacharie ? Est-ce au contraire parce qu'on a surnommé Jehoudda Zacharie qu'on a surnommé son frère Aggée ? On ne sait rien, sinon que l'étroite collaboration des deux frères a semblé comparable à celle des deux derniers prophètes d'Israël, transportés du même enthousiasme et associés à la même œuvre. II. — SALOMÉ, FEMME DE JEHOUDDA, ET SON GRAND SURNOM DE
MARIA Vers 739, Jehoudda épousa une jeune fille, comme lui de sang royal et sacerdotal, parvenue à l'âge nubile, soit environ quinze ans. Elle était donc née vers 725. Elle se disait fille de David et du même sang qu'Aaron. Cumul semblable à celui de son mari. Elle s'appelait Salomé, nom davidique par excellence. Jehoudda, son oncle sans doute, fut conduit à la prendre pour femme, parce qu'elle était la seule fille de la maison[20]. Mais elle avait deux frères. Et comme les enfants d'Aaron étaient morts sans postérité[21], jamais mariage plus significatif n'avait eu lieu depuis la sortie d'Egypte. On conçoit qu'un tel couple ait eu qualité pour incarner L'Église a fait des efforts qui n'ont rien de surhumain pour lui enlever la marque de la tribu sacrée et pour le rattacher uniquement à Juda. Elle y a réussi dans trois Evangiles sur quatre, et à part Luc où Lévi revendique hautement les deux époux[22] il est devenu difficile d'apercevoir la supercherie. Le premier enfant de Jehoudda et de Salomé fut un garçon auquel ils donnèrent, selon une coutume invariable[23], le nom de son père. Nous l'appellerons Bar-Jehoudda, c'est-à-dire fils de Jehoudda, toutes les fois que la mystification évangélique ne nous forcera pas à sortir de l'histoire. C'est le Joannès de l'Apocalypse, celui que l'Église appelle Jean-Baptiste, lequel ne fut pas décapité à la demande d'Hérodiade, comme le veut l'Évangile refait au quatrième siècle, mais crucifié par Pontius Pilatus comme Jésus le constate en termes formels. C'est lui qui figure dans l'Évangile sous les pseudonymes de Joannès et du jésus, et qui, sacré roi des Juifs au-delà du Jourdain en 788, est devenu dieu par une invraisemblable suite de fourberies ecclésiastiques. Nous l'appellerons le Joannès-jésus, le jésus, le christ avec la petite lettre ou le Nazir, par opposition au Verbe-Jésus ou Christ céleste, que les scribes ont incarné en lui par droit d'allégorie et qui circule dans la fable juive comme Zeus dans Homère, Apollon dans Virgile, et les autres dieux de l'Olympe dans les fictions païennes. Une seule fois, Salomé figure sous son vrai nom dans la mystification évangélique[24], une autre fois sous le nom de la mère des enfants de Zibdeos[25], et toute l'Église, la moderne comme la primitive, reconnaît que la femme de Zibdeos — un des pseudonymes de Jehoudda, nous le verrons bientôt— s'appelait Salomé. Dans les Paroles du Rabbi elle s'appelait Salomé, nom que lui ont conservé les Évangiles originaux dits des Naziréens, des Ébionites, des Hébreux ou des Égyptiens, rudiment des Évangiles actuels. Un écrivain ecclésiastique. Clément le Romain, dont on a fait un pape, — le propre successeur de Pierre ! — et dont on produit deux Épîtres apocryphes mais anciennes, ce Clément savait et disait que la mère de Bar-Jehoudda s'appelait Salomé[26]. Julius Cassianus, auteur du second siècle, la nomme[27] ; Clément d'Alexandrie également en deux passages que nous reproduisons plus loin[28]. L'Église s'est bornée à supprimer le nom de Salomé dans démentie Romain, le lien de parenté dans Cassianus et dans Clément d'Alexandrie, mais si maladroitement qu'on la reconnaît aussitôt. La mère du Jésus s'appelle Salomé dans Hippolyte de Thèbes[29] et dans l'Histoire ecclésiastique de Nicéphore[30]. On la trouve deux fois sous le nom composé d'Eloï-schabed,
(double jeu de mots qui signifie Promesse de
Dieu, Serment d'Eli) une fois dans l'Evangile, une fois dans les Sagesses
valentiniennes[31].
Mais son pseudonyme le plus fréquent est Maria Du jour où dans leur roman les évangélistes ont donné à
Salomé le nom de Maria, sœur de Moïse et d'Aaron, ils n'ont pu lui refuser
l'épithète de Magdaléenne. L'hommage qu'ils voulaient lui rendre n'eût pas
été complet, s'ils ne l'avaient pas assimilée pour la violence de son zèle
religieux à la grande prophétesse de la sortie d'Egypte et du camp de Magdala[34]. La femme du
nouveau Moïse rappelait la sœur de l'ancien, laquelle, debout sur les sables
du désert, les cheveux au vent, le tambour à la main, l'hymne guerrier aux
lèvres, avait entraîné les femmes juives et quelque peu les hommes au passage
de Dans tout cela, l'effort des évangélistes ne fut pas
colossal : appeler Joseph un homme qui, comme dans J'ai longtemps cru sur la foi des apparences, et aussi des traductions où Maria est dite de Magdala, que Salomé était née dans ce petit village, aujourd'hui Medgdel, assis en Galilée sur les bords du lac de Génézareth, en face et au-dessus de Gamala. C'est une erreur. Il faut lire : Maria Magdaléenne. En effet, il était dit dans le Discours de Vérité de Celse que les païens ou les Juifs — il n'importe — ayant cherché à savoir si les gens de ce pays avaient conservé le souvenir de cette Maria, ceux qui auraient été ses voisins si elle eût habité Magdala, avaient répondu qu'ils ne la connaissaient pas du tout sous ce nom-là[40]. III. — LES GÉNÉALOGIES. Il est de mode aujourd'hui de négliger les deux Généalogies conservées dans l'Evangile comme des pièces entièrement supposées. C'est un grand tort, elles ne sont que refaites. L'une est la généalogie de Jehoudda, l'autre est celle de Salomé. Dans Tune, Jehoudda descend de David par Salomon lui-même ; Salomé, par Nathan, demi-frère de Salomon. Jehoudda et Salomé insistaient fortement sur leur double
davidisme : leur premier-né ne pouvait passer pour christ qu'à la condition
de cumuler toutes les promesses faites à Juda par Jacob et à David par Iahvé
lui-même. Très certainement les généalogies qu'ils invoquaient étaient
conservées dans le Temple au Livre des titres. Peut-être formaient-elles un
rouleau spécial, car on lit en tête de Elle est forcée de le reconnaître aujourd'hui[41]. Après avoir fait Bar-Jehoudda dieu et consubstantiel au Père, elle ne pouvait avouer publiquement que ce Juif était, en autres tares originelles, consubstantiel à des escarpes comme Achab et à des mégères comme Athalie. Voici d'abord Livre de 2. Abraham engendra Isaac. Isaac engendra Jacob. Jacob engendra Juda et ses frères. 3. Juda engendra, de Thamar, Phares et Zara. Phares engendra Esron. Esron engendra Aram. 4. Aram engendra Aminadab. Aminadab engendra Naasson. Naasson engendra Salmon. 5. Salmon engendra, de Rahab, Booz. Booz engendra, de Ruth, Obed. Obed engendra Jessé. Et Jessé engendra David, roi. 6. David, roi, engendra Salomon, de celle qui fut femme d'Urie. 7. Salomon engendra Roboam. Roboam engendra Abias. Abias engendra Asa. 8. Asa engendra Josaphat. Josaphat engendra Joram. Joram engendra Ozias[42]. 9. Ozias engendra Joatham. Joatham engendra Achaz. Achaz engendra Ézéchias. 10. Ézéchias engendra Manassé. Manassé engendra Amon. Amon engendra Josias. 11. Josias engendra Jéchonias et ses frères vers la transmigration de Babylone. 12. Et après la transmigration de Babylone, Jéchonias engendra Salathiel. Salathiel engendra Zorobabel. 13. Zorobabel engendra Abiud. Abiud engendra Eliacim, Eliacim engendra Azor. 14. Azor engendra Sadoc. Sadoc engendra Achim. Achim engendra Eliud. 15. Eliud engendra Eléazar. Eléazar engendra Mathan, Mathan engendra Jacob. 16. Et Jacob engendra Joseph, époux de Maria, de laquelle est né Jésus, qui est appelé christ. Voici maintenant sa Généalogie par sa mère, Maria était fille d'Héli, qui fut fils de Mathat, 24. Qui le fut de Lévi, qui le fut de Melchi, qui le fut de Janné, qui le fut de Joseph, 25. Qui le fut de Mathathias, qui le fut d'Amos, qui le fut de Nahum, qui le fut de Hesli, qui le fut de Naggé, 26. Qui le fut de Mahath, qui le fut de Mathathias, qui le fut de Séméi, qui le fut de Joseph, qui le fut de Juda, 27. Qui le fut de Joanna, qui le fut de Résa, qui le fut de Zorobabel, qui le fut de Salathiel, qui le fut de Néri, 28. Qui le fut de Melchi, qui le fut d'Addi, qui le fut de Cosan, qui le fut d'Elmadan, qui le fut de Her, 29. Qui le fut de Jésu, qui le fut d'Eliézer, qui le fut de Jorim, qui le fut de Mathat, qui le fut de Lévi, 30. Qui le fut de Siméon, qui le fut de Juda, qui le fut de Joseph, qui le fut de Jona, qui le fut d'Eliakim, 31. Qui le fut de Méléa, qui le fut de Menna, qui le fut de Mathatha, qui le fut de Nathan, qui le fut de David, 32. Qui le fut de Jessé, qui le fut d'Obed, qui le fut de Booz, qui le fut de Salmon, qui le fut de Naasson, 33. Qui le fut d'Aminadab, qui le fut d'Aram, qui le fut d'Esron, qui le fut de Phares, qui le fut de Juda, 34. Qui le fut de Jacob, qui le fut d'Isaac, qui le fut d'Abraham, qui le fut de Tharé, qui le fut de Nachor, 35. Qui le fut de Sarug, qui le fut de Ragaii, qui le fut de Phaleg, qui le fut d'Héber, qui le fut de Salé, 36. Qui le fut de Caïnan, qui le fut d'Arphaxad, qui le fut de Sem, qui le fut de Noé, qui le fut de Lamech, 37. Qui le fut de Mathusalé, qui le fut d*Hénoch, qui le fut de Jared, qui le fut de Malaléel, qui le fut de Caïnan, 38. Qui le fut d'Hénos, qui le fut de Seth, qui le fut d'Adam, qui fut de Dieu. IV. — FALSIFICATION DES GÉNÉALOGIES. Or on lit aujourd'hui dans Luc : Le jésus était, comme l'on croyait, fils de Joseph, qui le fut d'Héli[43]. Voilà une adultération manifeste et qui rend les Généalogies respectivement incompréhensibles. Avec une ascendance différente elles sont aujourd'hui celles d'un même individu, donc inconciliables. Joseph est fils de Jacob dans l'une[44] et d'Éli dans l'autre[45] ; dans l'une il descend de David par Nathan, dans l'autre par Salomon. Il n'en a pas toujours été ainsi. L'auteur anonyme du Dialogue avec Tryphon a connu la généalogie originale qui faisait descendre Maria de David par Éli et il l'allègue[46]. Celse, au quatrième, siècle, connaît une généalogie qui est indubitablement celle de Maria par Éli, et en effet Maria était fille d'Éli : d'où le, pseudonyme d'Éli-Schabed qu'elle porte dans certains thèmes. C'est l'arbre que l'Église présente aujourd'hui dans Luc comme étant aussi celui de Joseph. Il en résulte que, privée de généalogie et devenue au choix épouse de Dieu ou de l'énigmatique charpentier qui répond au nom de Joseph, Maria cesse d'être fille de David, ce qui permet à l'Église d'étendre à la mère le prétendu mystère de nativité qui enveloppe son premier-né : Si la femme du charpentier, dit l'Église, avait été d'un sang si illustre, c'est-à-dire si elle eût été la descendante des anciens rois des Juifs, elle ne l'aurait pas ignoré[47]. Or (je continue le raisonnement) comme, grâce à nos sophistications on ne sait plus que son père s'appelait Eli et était de sang royal, c'est qu'elle n'en savait rien elle-même. Ceux-là sont donc des imposteurs qui l'identifient avec Salomé descendante de David et femme de Jehoudda. C'est donc justement et équitablement — vere dignum et justum est, æquum et salutare — que nous avons rendu à Maria Magdaléenne la généalogie rapportée dans Luc. L'Eglise moderne n'est pas loin de faire comme nous. Je ne parle pas de ces affreux modernistes qui perdent tout en croyant tout sauver, mais du Saint-Siège lui-même. Il y a deux sentiments sur les généalogies, dit le Nouveau Testament, approuvé par la sacrée Congrégation de l'Index[48]. Le premier tient que saint Mathieu a donné la généalogie de saint Joseph, et saint Luc celle de la sainte Vierge. Cette hypothèse semble plausible. Il serait fâcheux qu'elle ne le fût pas, car dans le cas contraire le pauvre Joseph eût été hors d'état de nommer son père, et l'infortunée Maria hors d'état de nommer son beau-père. Mathieu dit que c'était Jacob, et nous devons le croire, puisque son écriture est de Dieu. Luc dit que c'était Héli, et foi lui est due, puisque c'est Dieu qui tient la plume. Ainsi à tous les préjudices que l'Eglise cause à Jehoudda sous le nom de Joseph, il faut encore ajouter celui-ci : le malheureux ne savait ni comment s'appelait son père ni de qui était son premier-né ! Nous lui avons rendu l'honneur en lui rendant son nom de circoncision : son père s'appelait bien Jacob et son premier-né Jehoudda[49]. L'Empereur Julien qui sut tout sur l'imposture et la fourberie des Evangiles n'est pas dupe des généalogies sophistiquées. Il résulte de son argumentation que, de son temps déjà, on les avait terriblement brouillées pour ne plus rien y laisser qui rattachât tout ce monde à la maison de Lévi. Jésus n'est point de Judas, puisque vous prétendez qu'il n'est pas né de Joseph, mais du Saint-Esprit. Et pour Joseph lui-même, vous avez beau le rattacher à la généalogie de Juda, vous ne pouvez pas réussir dans cette imposture, et l'on prouve que Mathieu et Luc sont tout à fait en désaccord sur cette Généalogie. Comme nous devons examiner avec soin l'authenticité de ce fait dans le second livre, laissons-le de côté pour le moment[50]. Il va sans dire que Cyrille d'Alexandrie, de qui nous tenons ce passage transcrit, on peut en être sûr, avec la plus grande infidélité, ne revient plus jamais là-dessus. Julien, ou plutôt Celse, prouvait dans le second livre de son ouvrage qu'outre sa prétention d'être de David, le père du jésus se disait surtout de Lévi, ce que l'Eglise ne voulait plus reconnaître, à cause des sacrifices sanglants institués par Aaron. Etablissons d'une manière positive, irréfutable, la situation de chacun des époux au double point de vue lévitique et davidique. Dans Luc Jehoudda, sous le nom de Zacharie, est de Lévi par Abia. Nous ne trouvons qu'une seule personne de ce nom dont Jehoudda ait pu descendre, c'est Abia, fils de Samuel et juge d'Israël avec son père et Joël son frère dans Bersabée[51]. Samuel était de la maison de Lévi et descendant par Suph de Caath[52]. Dans ces conditions Jehoudda doit descendre d'Abia par Bethsabée, fille d'Éliam[53], qui aurait été fils d'Abia. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il est de Lévi et qu'il n'entre dans la maison de David que par Bethsabée. Il semble donc que Bethsabée fût de Lévi. Mais comment se fait-il, si elle est de Lévi, qu'elle ait épousé d'abord Urie, chef hittite qui certainement n,en était pas ? Bethsabée serait doublement adultère, une première fois pour s'être mariée hors de sa tribu et même de sa race, une seconde fois pour avoir copule avec David du vivant de son mari. D'où le nom de Sotada, fils de l'Adultère, donné à Jehoudda et qu'il ne méritait qu'à la condition de remonter à près de mille ans[54]. Lévitiquement Jehoudda descend par Suph de Caath dont sa femme descend, de son côté, par Amram. Judaïquement il se greffe sur David par l'adultère de Bethsabée, Salomé par une des nombreuses concubines qui donnèrent à David dans Jérusalem les treize enfants dont parlent les Rois et dont fut Nathan[55]. C'est l'adultère qui fait Jehoudda fils de David, c'est le sérail qui fait Salomé fille de David. Nous défendrons l'honneur de Salomé à la fois contre l'Église et contre un parti qui a trouvé plaisant de l'accuser d'adultères répétés, on ne nous reprochera donc pas de chercher le scandale en fixant indiscutablement ces deux points. Il fallait montrer que si Jehoudda descendait de Lévi, il pouvait être de David par Bethsabée et que si Salomé descendait, elle aussi de Lévi, elle pouvait être de David par la femme dont le roi eut Nathan. V. — L'Eglise déclare qu'il a été impossible jusqu'à présent de
déterminer avec certitude la date de L'année 739 était sabbatique et jubilaire. On appelait sabbatique la dernière année d'une période de
sept années ordinaires, et jubilaire la dernière année d'une période de sept
années sabbatiques. Toute quarante-neuvième année à commencer de L'année jubilaire était toujours doublée, de manière que par fractions de cinquante (le demi-siècle) et de cent (le siècle) le compte des temps restât toujours soumis à la mesure millénaire dans la main de Dieu. Pour les Juifs, qui suivent en cela les Chaldéens, rester sur un impair, c'était la fin du monde. Iahvé n'est pas seulement le Père, il est le Pair éternel. Mais la double année
739-740 sortait du commun en ceci, qu'elle était, selon Jehoudda,
l'avant-dernier jubilé du Millenium en cours. Le calcul des jubilés échus
depuis le temps que Jehoudda assignait à Mathieu compte six Jubilés de générations depuis Abraham
jusqu'au Jésus, c'est-à-dire six générations de sept générations. Nous
ignorons de quelle durée il fait chacune d'elles et pourquoi, après en avoir
compté quatorze d'Abraham à David pour une période approximative de sept cent
cinquante ans, il en compte vingt-huit de David au jésus pour une période de
même durée[56].
On a donc touché à son texte. Mais, malgré la radiation de facteurs
essentiels, on comprend que le dernier Jubilé de générations s'ouvre avec
739, qu'un Cycle de mille ans, le Zachû,
se ferme sur l'année 788, et que le premier jour de l'année 789 verra Cinquante ans séparaient les Juifs du terme après lequel Dieu allait envoyer son Christ pour renouveler la face du monde, géographiquement par la suppression de l'Occident, politiquement par la restauration de la monarchie davidique. C'est à la pâque ouvrant le Cycle du Zib que le sceptre, selon le dessein de Iahvé et la prophétie de Jacob, rentrerait dans la famille pour n'en plus jamais sortir ; et c'est le fils aîné de Jehoudda qui du seul fait de sa naissance jubilaire se trouvait être fatidiquement le christ libérateur promis à la patrie, moyennant qu'il vécût encore à la pâque de 789. C'est pour cela que dans l'allégorie de Ce n'est pas seulement un prophète que Jehoudda, c'est un sophiste[58] dans le mauvais sens, un homme habile aux feintes politiques, fécond en arguments captieux et en raisonnements charlatanesques, un homme qui entend exploiter son système. Si Jehoudda tient tant à ce que Dieu ait un Fils là-haut, c'est qu'il a un intérêt dans la combinaison. Avant de venir, le Christ Jésus a oint dans la famille de David, dont est Jehoudda, un Précurseur chargé de lui préparer les voies et admis d'avance aux privilèges de la divinité. Ce précurseur ne mourra pas que Jésus ne vienne, donc il ne mourra pas du tout. C'est l'enfant-christ, attendu par tous les Juifs, c'est l'héritier, le syndic de toutes les promesses. Dieu n'aurait pas menti ! Le Christ, à sa venue, lui donnera un corps de feu semblable au sien : de dieu stagiaire il en' fera un dieu définitif. La grande autorité d'Élie vient de ce qu'il avait consigné la doctrine des Cycles millénaires dans des livres de prophéties qui, soit authentiques soit apocryphes, ont été au nombre des écrits connus parmi les anciens Juifs. Ce n'est point sans raison ni par caprice qu'on attendait Élie avant le jour du Jugement, c'est en souvenir de ses Révélations. Elie reviendra, disait-on, c'est dans l'ordre. Le prophète Jonas, je ne parle pas du Ninivite, mais de celui qui était de Geth en Opher[60], Jonas n'avait guère pu prendre ce nom qu'à cause de Révélations analogues à celles d'Élie et peut-être assignait-il au christ davidique le rôle d'avertisseur que certains Juifs retardataires assignaient encore à Élie. Dans le système de Jehoudda, le précurseur n'est plus Élie, c'est le christ davidique, c'est son propre fils. Élie n'a plus de place dans les préliminaires du Jugement : si on le revoit, et on le reverra, ce sera au milieu des patriarches, à son rang avec Jésus. Quand les pharisiens qui l'attendaient iront au Jourdain demander à Bar-Jehoudda s'il est Élie, il répondra : Je ne suis pas Élie. En effet il le remplace. VI. — LES SEPT FILS DE JEHOUDDA. Pendant les vingt-deux ans qu'a duré leur mariage[61], Jehoudda et Salomé n'eurent pas moins de neuf enfants, sept fils et deux filles, ce qui n'a rien d'excessif dans leur race et pour le temps. Sur ces sept fils deux prirent le nom de leur père, deux celui de leur grand-père Jacob. Le premier, nous Pavons vu, c'est Bar-Jehoudda. Outre la disposition légale qui concerne son nom, nous avons par l'Evangile lui-même la preuve qu'il s'appelait bien comme son père. Un de ses frères, appelé Jehoudda, fut surnommé Toâmin le jumeau, — dont les Juifs hellènes ont fait Thomas didumos, — uniquement pour qu'à distance on ne les confondit pas, car ils étaient jumeaux de nom. Dans le Quatrième Évangile[62], un Jehoudda, qui n'est ni Thomas, présent à la scène, ni Jehoudda Is-Kérioth, reçoit l'assurance, devant Philippe et Thomas, les scribes qui ont transmis les Paroles du Rabbi, que Jésus et son Père viendront habiter chez lui lors du Renouvellement des choses. Cet homme privilégié, c'est Bar-Jehoudda lui-même, c'est le Jésus et il est cité le dernier par ordre d'ancienneté. C'est Jehoudda le bon, par opposition à Jehoudda Is-Kérioth le mauvais, chez qui Jésus ne viendra pas. Le second, c'est Shehimon, surnommé dans l'Evangile Képhas
ou Le troisième, c'est Jacob senior, surnommé Oblias ou Force du peuple, crucifié sous Claude, par Tibère Alexandre, dans le même temps que Shehimon. C'est le saint Jacques de l'Eglise. Un quatrième fils est implicitement avoué par l'Évangile, où il est dit frère de Shehimon : c'est Jacob junior, dit Andréas, lapidé par Saul en 787[63]. C'est le saint André et en même temps le saint Etienne de l'Eglise, car il cumule deux béatifications. Le cinquième s'appelait Philippe[64]. Le sixième s'appelait Jehoudda comme son frère aîné. Sous
ce nom il n'est cité ni de Papias, ni de Valentin[65], ni de l'auteur
de Le septième et dernier est celui que les Synoptisés[66] appellent Joseph. Il n'est cité ni du Quatrième Evangile,
ni de Papias, ni de Valentin, ni de l'auteur de Papias, évêque millénariste d'Hiérapolis de Phrygie nommait certainement Ménahem. Papias mourut sous Marc-Aurèle, sans avoir connu les douze apôtres : on était en train de les faire. Mais il résulte d'un prologue de lui[68], cité par Eusèbe avec toutes les falsifications préalables, qu'il reconnaissait les sept fils de Jehoudda, comme constituant le ministère primitif du Christ en Judée, et qu'il les citait par leurs noms ou leurs surnoms : André, Pierre, Philippe, Thomas Jacques, le Joannés... et Mathias[69]. On a la preuve par là que son texte a été remanié, et Ménahem remplacé dans la liste par Mathias, son neveu[70]. En effet, à cette liste il manque celui des frères du jésus que l'Évangile appelle Joseph. Ce Joseph manque également dans les listes valentiniennes corrigées par l'Église, mais on est d'autant plus sûr qu'il se confond avec Ménahem que, s'il en était autrement, il y aurait huit fils de Jehoudda au lieu de sept. VII. — LE CHARPENTIER, ZIBDEOS OU BEEL-ZIB-BEEL. Réunissant en lui l'autorité morale de l'autel et du trône, Jehoudda ne quitta point les rives du lac de Génésareth, les bourgs de Gamala et de Bethsaïda. Bethsaïda veut dire maison de pêche. C'est là qu'il construisit et lança la barque du baptême[71]. Aucun nom peut-être, si ce n'est celui de Zibdeos, ne convenait mieux à Jehoudda que celui de Charpentier. Le premier Charpentier dans le sens où l'entend l'Évangile,
c'avait été Noé à qui Iahvé commanda de bâtir une arche contre l'eau. La terre était corrompue devant Iahvé et remplie
d'iniquité. Voyant donc cette corruption de la terre (car la vie que les hommes y menaient était toute
corrompue), Iahvé dit à Noé : J'ai résolu
de faire périr tous les hommes. Ils ont rempli toute la terre d'iniquité et
je les exterminerai avec la terre. Faites-vous une arche de pièces de bois
aplanies... J'établirai mon alliance
avec vous ; et vous entrerez dans l'arche, vous et vos fils, votre femme et
les femmes de vos fils avec vous[72]. Jésus fit le
même commandement à Jehoudda en lui révélant le mystère du Renouvellement du
monde. Aussi habile Charpentier que Noé, Jehoudda se construisit une arche,
mais à la différence de celle de Noé, il construisit la sienne contre le feu.
Ceux-là seraient sauvés qui y monteraient, après avoir reçu le baptême
ignifuge. Le Charpentier fabriqua, charpenta, et quand il fut mort ses
enfants n'eurent plus qu'à jeter leurs filets pour pêcher les Juifs. Dans la
christophanie évangélique, lorsque Jésus passe sur les bords du lac de
Génésareth il trouve la barque toute prête : elle est là depuis Auguste. Mais
le pauvre Charpentier, le constructeur de la barque qui sert à porter les
poissons baptismaux, — d'où ce surnom de Zibdeos qui lui est donné dans
certains Evangiles et que nous examinons plus loin — l'illustre Jehoudda,
pour lui rendre enfin son nom de circoncision, est mort depuis le Recensement
de Quirinius avec ceux qui travaillaient pour lui,
dit mélancoliquement l'Évangéliste. On l'appelle Joseph quand on le montre
tirant l'horoscope de son fils aîné dans Alors que dans tous les Evangiles Jehoudda est dit le Charpentier par une allusion évidente à la barque .baptismale, l'Eglise a tout fait pour donner le change sur cette signification. Ceux-ci le font Charron[73], encore entre-t-il du bois dans ce métier. Mais d'autres le disent Serrurier[74]. D'autres encore le disent Forgeron, travaillant avec le vent et le feu[75], et il se peut bien qu'il ait été désigné ainsi dans certaines versions allégoriques. Pas une de ces images qui ne convint à celui qui avait été le père du millénarisme, l'initiateur des apôtres et le rude ouvrier de la première heure christienne. Maintenant que vous savez pourquoi Jehoudda est dit le Charpentier, le Zachûri, vous ne vous étonnerez plus qu'inspirés par le Verbe Créateur des mots et des choses, les évangélistes l'aient également surnommé Zibdeos, le Donneur ou le Faiseur de poissons[76], ni qu'ils aient donné à ses fils le très joli nom de Zibdéens ou pêcheurs d'hommes. Ce Zibdeos était, dit la grave exégèse, un pêcheur aisé du lac de Génézareth. Il faut que la grave exégèse en fasse son deuil : Zibdeos n'a jamais pris un seul poisson à nageoires et à écailles ; et les pêcheurs d'hommes n'ont jamais eu d'autre filet que celui de leur langue. Personne parmi les Juifs, ni dans la primitive Eglise, ni chez les talmudistes de Tibériade, personne, vous entendez bien, n'a pu être dupe de ces jeux de mots sur le Sachû, l'Homme-Verseau qui annonce et précède les Poissons, Ce sont les Juifs du Temple qui ont contribué les premiers à la formation du nom de Zibdeos, le Faiseur de Zib. Comme Jehoudda montrait Jésus sous l'emblème des Poissons, ils lui reprochèrent de tomber dans l'idolâtrie spéciale des Philistins qui, notamment à Ekron, avaient adoré les divinités de l'eau, Dagon et Dercéto, couple de dieux-poissons, que les évangiles appellent de ce mot composé : le Beel-Zib-Beel. On voyait encore dans les villes de Philistie des temples où les habitants faisaient leurs lustrations et demandaient des oracles à ce couple puissant, car ce n'est pas de leurs notions archéologiques que les Pharisiens et les Saducéens tirèrent ce qualificatif Beel-Zib-Beel à l'adresse de Jehoudda. C'est ce Beel-Zib-Beel dont l'Église a fait, sous le nom
de Beelzebuth, une divinité infernale et comme la figure du Diable lui-même,
alors qu'au contraire il remonte au principe même de Je sais bien ce que dit le Saint-Siège à propos de ce Beel-Zib-Beel, je connais l'arrêt de l'exégèse catholique, j'en suis touché plus que personne, et je me demande s'il est bon qu'on se permette sinon un jugement opposé, du moins un avis différent, car l'Écriture sainte est la parole même de Dieu, son divin Testament, le dépôt de ses secrets et de ses divines volontés, et elle ne saurait être profitable qu'autant qu'on la lira avec une foi vive, une humilité profonde, une soumission parfaite et une entière pureté d'intention[77]. Or le Saint-Siège dit par l'organe de ses exégètes : Les Juifs donnaient ce nom au démon, parce que les faux dieux sont des démons. Beelzebub veut dire Dieu des mouches. Voyez le IVe Livre des Rois, I, 2, 3, 16. Je me suis reporté au IVe livre des Rois, I, 2, 3, 16, comme le Saint-Siège m'y invite, et là j'ai trouvé que le roi Ochozias étant tombé d'une plate-forme et en ayant été fort malade, avait envoyé des gens à Ekron pour consulter Beel-Zib-Beel que je m'obstine à orthographier ainsi en dépit de la sacrée Congrégation de l'Index, car à moins qu'Ochozias ne soit tombé de sa plate-forme en attrapant des mouches, — le passe-temps favori de Domitien — je ne vois pas pourquoi il aurait demandé un remède à leur dieu. Je préfère croire qu'en sa qualité de démon guérisseur, le Beel-Zib-Beel avait révélé à ses prêtres quelques secrets relatifs à la cure des maladies ou au traitement des fractures et qu'il importait à Ochozias de les connaître. On ne peut donc traduire Beel-Zib-Beel par Dieu des mouches qu'à la condition d'écrire Beel-Zeboub[78]. Encore faudrait-il que les Philistins, piqués d'on ne sait quelle mouche amie de la versatilité, eussent tout à coup délaissé Beel-Zib-Beel pour Beel-Zeboub, le culte des Poissons pour celui des mouches. Sans doute on remarque de ces volte-face subites dans l'histoire des peuples, surtout ceux qui sont exposés aux sautes de vent par le voisinage de la mer. Mais que penserait le Zibdeos, oui, que penserait le Faiseur de Zib si nous adoptions, fût-ce par soumission et humilité, l'interprétation du Saint-Siège en disant à ces Poissons : Je vous baptise mouches ? Dame ! le Faiseur de Zib ne serait pas content. Encore moins son fils aîné qui eut à repousser, non seulement pour lui mais pour toute sa famille, cette épithète malsonnante de Beel-Zib-Beel, comme il appert de la déclaration suivante[79] : En vérité, je vous le dis : vous n'aurez pas fini d'évangéliser toutes les villes d'Israël jusqu'à ce que vienne le Fils de l'homme. Le disciple n'est point au-dessus du maître, ni l'esclave au-dessus de son seigneur. Il suffît au disciple qu'il soit comme son maître, et à l'esclave comme son seigneur. S'ils ont appelé le père de famille Beel-Zib-Beel, combien plus ceux de sa maison ! Ne les craignez donc point : car il n'y a rien de caché qui ne sera révélé, et rien de secret qui ne sera su. Est-ce le Dieu-mouche ou le Dieu-poisson, Beel-Zeboub ou Beel-Zib-Beel que les Philistins adorent dans Gaza, lorsque Samson renverse sur eux leur temple ? En appelant ce dieu Dagon l'Écriture ne dit-elle pas expressément que c'est le dieu-poisson[80] ? Est-ce Beel-Zeboub ou Beel-Zib-Beel que les Philistins vénèrent dans Azot, lorsque vainqueurs des Juifs, ils déposent l'Arche de Dieu, trophée de la bataille, dans le temple de Dagon, à côté de Dagon, que le lendemain on trouve le visage tourné contre terre, et un jour après, la tête et les mains coupées, le tronc seul étant resté en place[81] ? Est-ce dans l'ancien sanctuaire du dieu-poisson ou dans un nouveau temple élevé au dieu-mouche que les gens de cette même Azot s'étaient réfugiés, lorsque Jonathas emporte la ville et brûle le temple de Dagon avec tous ceux qui étaient dedans[82] ? Est-ce du Beel-Zeboub ou du Beel-Zib-Beel que parle
l'auteur inconnu de Évidemment c'est un témoignage méprisable que celui de cet auteur, puisqu'il est païen, mais vu la concordance des Écritures de Dieu, alors que tous sont en faveur du poisson et pas un seul en faveur de la mouche, je demande au Saint-Siège un induit spécial afin d'être autorisé dorénavant à lire Beel-Zib-Beel là où il y a Beel-Zib-Beel qui aide à comprendre les sur noms de Faiseur de Zib, mère des fils du Faiseur de Zib, fils du Faiseur de Zib que l'Évangile donne tour à tour à Jehoudda, à sa veuve et à ses sept enfants mâles, comme il éclaircit l'épithète de Beel-Zib-Beel dont les Juifs raisonnables ont chargé l'initiateur de tout ce monde[84]. Car la barque des fils du Zibdeos c'est celle que Joseph avait construite en tant que Charpentier. Dans Marc Jésus dit à ses disciples qu'ils lui tinssent là une barque, afin qu'elle lui servît à ne pas être accablé par la foule du peuple[85]. Dans Mathieu on supprime comme trop transparent le détail de Zibdeos laissé dans sa barque avec ceux qui travaillaient pour lui — ils sont dans celle de Caron, les pauvres ! — mais qu'importe ? vous voilà fixés sur le Faiseur de Zib. Plus on avancera dans la lecture de ce livre, plus l'on verra les raisons de politique et de conservation personnelle pour lesquelles les évangélistes ont été forcés de produire leurs personnages, tout au moins le père, la mère, le fils aîné et plusieurs autres, sous des masques imperméables. Aux hommes ils ne pouvaient pas laisser leurs noms de circoncision, il y avait une révolte sous chacun d'eux : une sous Auguste au Recensement, signée Jehoudda[86] ; une sous Tibère, signée Bar-Jehoudda[87] ; une sous Claude, signée Jacob et Shehimon[88] ; une sous Néron, signée Ménahem[89], la dernière avant la prise de Jérusalem par Titus. C'était comme une chaîne de rébellions dont chaque anneau était formé par un membre de la même famille. C'est pourquoi, de son côté, l'évangéliste primitif n'a pas signé son œuvre, non plus que ses successeurs, et pourquoi l'Évangile est resté pendant si longtemps — trois siècles — un livre secret dont les seuls christiens juifs avaient la clef et qu'on se glissait de main en main sous le manteau avec toutes sortes de mystères. Ceux qui le colportaient étaient les premiers à le considérer comme dangereux pour leur sécurité. Mais il faut immédiatement vous faire à cette idée que c'est Jehoudda qui domine tout l'Évangile. Il s'en faut de peu qu'il n'y soit le Père avec la grande lettre. Si on ne le voit pas, s'il ne parle pas, il est dans le Jésus. Personne ne bouge qu'il n'inspire et ne règle tous les gestes. Même mort, et Salomé lui a survécu pendant vingt-sept ans au moins, il est le mari, le Maître. Quoique son fils aîné eût cinquante ans lors de sa crucifixion, si l'ombre du père se dresse devant lui, c'est un mineur et qui plie. Lorsque Jésus commande au Joannès et à Pierre, morts depuis un siècle, d'aller préparer l'Agneau dans Jérusalem détruite, c'est à la condition qu'ils se mettront derrière l'Homme à la cruche[90], le Verseau sans lequel il n'est pas de Poissons sur la sphère et de Pêcheurs d'hommes dans la fable ! VIII. — LES SEPT DÉMONS DE MARIA L'Evangile en effet est une fable faite pour le monde, et le monde, c'est tout ce qui n'est pas le peuple élu, ce sont les goym, c'est nous. L'auteur de cette fable, un arrière-neveu de Jehoudda, a fait au Rabbi Bar-Jehoudda l'honneur d'incarner en lui le Verbe-Jésus. A partir de ce moment, et quoiqu'il demeure le fils de Joseph et de Maria, le jésus devient par transfiguration l'Epoux de celle qu'on lui donne pour mère et le Père tout à la fois de celle qu'on lui donne pour mère, de celui qu'on lui donne pour père, et de ceux qu'on lui donne pour frères et pour sœurs. Dans cette étrange composition les hommes n'ont plus qu'un père, Jésus, les femmes n'ont plus qu'un Époux, Jésus : devant le Générateur suprême, il n'y a plus que des frères et des sœurs. C'est Jésus qui a extrait des flancs de Maria les sept puissances mâles qui composent l'apostolat primitif et qui ont propagé la doctrine de Jehoudda. Et quelle doctrine ? Celle-là même dont le fils aine de Joseph est la preuve dans la fable, à savoir que tout Juif est fils de Dieu. Voilà l'économie, la clé du mythe évangélique, grâce auquel Jésus, le père spirituel et le créateur originel de tout ce monde, finit par avoir l'air d'être le fils de Maria. Il n'y a là qu'une pure apparence, un faux semblant, un travail de compères, une mystification dont l'Église a fait une religion par la ruse, tant qu'elle a été faible, par la force, dès qu'elle a été puissante. Le grand principe de Jehoudda, son axiome fondamental, était celui-ci : à l'Aleph des choses le Verbe-Créateur est le Père de tous les Juifs et l'Epoux de toutes les Juives. Au Thav des choses, il sera le Verbe-Jésus et il viendra sauver ses enfants et ses femmes. C'est pourquoi Jehoudda dit à ses disciples par la bouche de Jésus : N'appelez personne en ce monde votre père, car vous n'avez qu'un Père, qui est au ciel. D'où cette conséquence inéluctable : Vous êtes tous frères. La formule nous a été conservée par Mathias. C'est en vertu de cette formule que Marc et Luc ont dit : Jésus avait extrait sept démons du corps de Maria la Magdaléenne[91]. Jamais Marc et Luc n'ont voulu dire que Maria eût été possédée de sept démons qu'un être humain nommé Jésus aurait chassé d'elle par exorcisme. Ses sept démons sont ses sept fils. Daimon qui signifie avant tout puissance est employé ici dans le sens le plus honorable, et pour l'entendre autrement, pour accuser la mère du jésus d'avoir recelé dans ses flancs toute une troupe de diables, — n'a-t-on pas nommé les sept péchés capitaux et tous les attributs de l'hystérie ? — il faut être possédé soi-même du démon de la bêtise et de la diffamation. S'il n'est pas de folles adulations dont Salomé ne soit entourée aujourd'hui sous le nom de Maria, il n'y a pas d'insultes et de soupçons injurieux dont elle n ait été assaillie sous le nom de Magdaléenne. Les sept esprits malins de Maria Magdaléenne sont une calomnie introduite par l'Église dans Luc pour dissimuler le sens original du mot daimones. Les premiers évangélistes avaient laissé percer le plus de vérité possible en disant que Jésus avait extrait sept puissances du corps de Maria Magdaléenne. L'Eglise, en traduisant daimones par démons, n'a eu d'autre but que d'éterniser ses mensonges. Il y a démons et démons. Ceux que Jésus avait mis dans le corps de Maria étaient de bons, d'excellents démons et d'un surjudaïsme éprouvé. Dans l'Apocalypse, le messager — c'est Jehoudda — qui ordonne au Joannès de prêcher le Verbe-Jésus laisse après lui sept initiés, sept disciples, qui, pour le bruit qu'ils font, sont comparés à sept tonnerres. Ce sont les sept démons de Maria. Dans l'Assomption du Nouveau Moïse, nommé
dans d'autres écrits Panthora, c'est-à-dire Toute Papias, évêque millénariste d'Hiérapolis, commentateur des Paroles de Jehoudda sous Antonin, ne lui connaît que .sept disciples, les sept démons de Maria. Valentin, correcteur des dogmes de Jehoudda sous Septime Sévère, ne lui connaît que sept disciples[92], les sept démons. L'auteur de la seconde Sagesse valentinienne ne connaît que sept disciples[93], les sept démons de Maria. Enfin avant que par le caractère mathématique de leur fable les évangélistes n'aient été amenés à entourer la christophanie de Jésus des douze apôtres triés sur le volet de l'histoire zélote, le ministère du Verbe[94] en Judée ne se composait après la mort de Jehoudda que des sept démons de Maria. Et c'est en ce sens que l'un d'eux, Philippe, celui qui a transmis à la postérité les Ecritures de la famille est dit l'Évangéliste et l'un des Sept dans les Actes des Apôtres[95]. Tels sont les sept fils de Jehoudda, les sept démons de Maria, les sept fils du Zibdeos, les sept fils du Charpentier, dont l'aîné est dit lui-même le Charpentier[96] pour avoir mené la barque du baptême après la mort du constructeur. On le dit aussi avec son frère Jacob junior le fils du Zibdeos ou Faiseur de Poissons, et l'on peut se demander pourquoi il semble ici qu'au lieu d'être sept comme dans la réalité, les fils du Zibdeos n'aient été que deux, Jacob junior et le Joannès (pseudonyme de Bar-Jehoudda dans l'Apocalypse). C'est que pendant la phase historique embrassée par les Evangiles — phase qui ne dépasse pas quatre ans dans le plus étendu[97] — il n'y eut que deux martyrs du Christ Jésus parmi les fils du Zibdeos : Jacob junior lapidé, comme nous le verrons, en 787 et Bar-Jehoudda crucifié par Pilatus le 14 nisan 788[98]. Jamais il n'a existé d'autres démons que ceux-là dans le
corps de Maria Jamais, étant donné l'esprit tout zélote de l'Évangile
primitif, jamais à l'admirable Juive dont les flancs généreux et toujours
tendus avaient donné sept fils à Jehoudda et sept défenseurs à Après quelques controverses dont la dispute entre les
grands fils de Zibdeos, les trois crucifiés, porte la marque, les
évangélistes[100]
s'accordent à reconnaître que le plus habitable, sinon le plus glorieux de
tous, fut l'aîné, à cause de la virginité qu'il garda jusqu'à la fin. Comment
Jésus s'y est-il pris pour s'introduire dans Maria et en extraire non
seulement le Joannès-jésus, mais les six autres puissances qu'elle a portées
dans ses flancs ? Il s'est rappelé simplement qu'il était le Verbe dans la
doctrine de Jehoudda comme dans celle d'Isaïe, dans celle d'Isaïe comme dans IX. — LES FILLES ET LES GENDRES, LES PETITS-FILS ET LES PETITES-FILLES. Outre ces sept garçons, Jehoudda et sa femme eurent encore
deux filles, dont l'aînée prit le nom de la mère[101] comme l'aîné
avait pris celui du père. Elle suit sa mère dans le pseudonyme de Maria, mais
pour la distinguer de La plupart de ces fils et de ces filles ont laissé des
enfants, ce qui compose une postérité respectable, même en tenant compte des
retranchements que les guerres civiles y ont opérés. Shehimon a eu des fils[103], Philippe a eu
des fils et des filles[104], quatre filles,
disent les Actes des Apôtres[105] et mariées[106]. Thomas a eu au
moins un fils. Absalom, qui fut supplicié avec Ménahem, était soit un fils de
celui-ci, soit un neveu. Maria, femme de Cléopas, a eu au moins deux fils,
nommés Jacob et José dans l'Évangile. Thamar non plus n'est pas morte sans
postérité ; son mariage avec Eléazar, fils de Jaïr (Jarrhaï), le ressuscité de l'Évangile et l'un des christiens
les plus redoutables de Aggaï (Aggée), le frère de Jehoudda, qui figure dans l'Évangile sous le nom d'Alphée, n'eut pas moins d*un enfant que le même Évangile appelle Jacob[109], et Jehoudda avait peut-être d'autres frères. Voilà toute une tribu, tout un clan dont chaque membre a coopéré de la tête et des bras à l'œuvre du Rabbi. L'habitude juive des surnoms, le principe des pseudonymes évangéliques et le travail de l'Eglise ont rendu certaines identifications impossibles dans les cadres inférieurs de l'apostolat, mais sur les sept fils de Salomé, sur ses deux filles et sur ses deux gendres, nous sommes sûrs de n'errer point. Mû par toutes sortes de scrupules, habitué à ne conclure qu'après avoir parcouru toutes les hypothèses, incapable pour grossir sa maternité de donner à Salomé des fils qui ne seraient point à elle, je me suis demandé si les scribes n'auraient pas fait à Maria Cléopas et à Thamar l'honneur inespéré de les mettre au nombre des sept démons et s'il ne faudrait pas réduire à cinq les puissances mâles émises par Jésus. En effet, les Évangiles ne citent que quatre des frères de Bar-Jehoudda : Shehimon, un Jacob, Jehoudda junior et Joseph. Nous ne comptons pas Thomas, puisque Thomas est le surnom de Jehoudda junior. Mais nous sommes obligés de compter Andréas, indiqué à diverses reprises comme étant frère de Shehimon, partant de tous les autres. Cela nous mène à six. Comme nous ne pouvons éliminer ni Ménahem qui nous est donné par Flavius Josèphe, ni Sidonios qui nous est fourni par Hippolyte de Thèbes, ni Philippe qui fut le secrétaire intime du Jésus et le scribe officiel de toute la famille[110], nous trouvons deux démons mâles de plus que Jésus n'en a émis. Nous apprenons par cette épreuve que Sidonios et Andréas font double emploi avec deux des sept démons. Si nous ajoutions Maria Cléopas et Thamar à ces neuf démons, nous en trouverions onze. Contre quoi protesterait Salomé. De quelque côté que nous nous tournions, nous sommes ramenés au chiffre de neuf enfants, parmi lesquels sept démons, ainsi nommés de ce qu'ils appartiennent au sexe fort. X. — L'ÉGLISE CONTRE On comprend parfaitement les détours des Juifs pour rendre hommage, sans se faire prendre, aux martyrs de leur indépendance et aux révélateurs de leur prédestination divine. Ce n'est point un abus de confiance. C'est une fourberie au contraire, et misérable, que le travail de l'Eglise pour rompre le lien, essentiellement ombilical, qui rattache le jésus à Pierre, à Jacques, à André, à Thomas, à Philippe et à Ménahem, à Maria Cléopas et à Thamar. En ce qui touche notamment Shehimon, plus tard présenté sous le nom de Pierre comme le principal témoin de la résurrection de son frère, — il n'en a été qu'un des auteurs — il n'y a pas de ruses de renard par lesquelles l'Eglise n'ait essayé de tourner la vérité. Dans tous les Evangiles primitifs Shehimon était donné comme un des frères de Bar-Jehoudda, et cette qualité lui est conservée par tous les Evangiles actuels, nommément Mathieu[111]. Dans ce même Mathieu son père est appelé Jonas, et dans le Quatrième Évangile, par trois fois, Joannès. L'imposteur Hégésippe ayant dit, on devine pourquoi, que Shehimon était fils de Cléopas, l'Eglise moderne ne craint pas, pour soutenir cet Hégésippe, d'aller contre Mathieu dans lequel Shehimon est donné comme étant le frère du jésus et contre les quatre mentions dans lesquelles il est donné comme étant le fils de Jonas ou Joannès, alias Joseph, alias Jehoudda. Salomé mit tout son orgueil dans sa postérité mâle, dans
ce sabbat de fils qui faisait d'elle une Semaine Pascale en marche. On l'eût
scandalisée, humiliée profondément si on eût insinué qu'elle n'était pas au
degré convenable la mère de ces sept apôtres du Verbe, de ces sept Zélateurs
de Nous avons pour nous, dit l'Eglise, toute l'antiquité chrétienne, qui a toujours cru que Marie avait conservé sa virginité après avoir enfanté Jésus-Christ. Or, un pareil témoignage, si on consulte la vraie critique, doit l'emporter sur toutes les hypothèses, même les plus séduisantes[115]. Je suis tout disposé à croire qu'une femme, à la condition d'être Juive, peut conserver sa virginité après son premier accouchement, voire après son neuvième, et la foi m'éclaire assez sur cette matière pour que je me dispense de consulter la vraie critique. Malheureusement l'antiquité christienne a toujours soutenu la proposition contraire. Je suppose que les Evangiles font partie de l'antiquité christienne et même qu'ils la dominent, ayant été révélés par Dieu lui-même. Or, nous trouvons dans ces révélations que Jésus a extrait
sept puissances du corps de Maria, et nous savons que ces puissances étaient
masculines. A ces sept puissances Maria eu a ajouté deux qu'à raison de leur
caractère féminin, donc diabolique, Jésus ne reconnaît pas, mais qui n'en
comptent pas moins. De ces neuf puissances une seule fut considérée comme
vierge par l'antiquité christienne, c'est Bar-Jehoudda, c'est le
Joannès-jésus. Ni Marc, ni Mathieu, ni Luc, ni l'auteur du Quatrième
Évangile n'ont dit ou prétendu dire que Maria, incontestablement vierge
lors de son mariage (Mathieu et Luc),
le fût demeurée après son accouchement, car Marc et Mathieu, petits-fils de
Maria, Luc et l'auteur de J'en conclus que, parmi les contemporains de Maria et les christiens qui se sont succédé pendant plusieurs siècles, aucun n'a pensé qu'elle eût conservé sa virginité après avoir eu du même homme sept fils et deux filles. Les évangélistes n'ont jamais voulu pousser leur allégorie jusqu'à l'absurde. Joseph est dit le père en cinq ou six endroits. Son père et sa mère allaient tous les ans à la pâque, dit Luc... L'enfant demeura dans Jérusalem sans que son père ni sa mère s'en aperçussent... Sa mère lui dit : Mon fils, voilà votre père et moi qui vous cherchions[116]. N'est-ce pas là le jésus, fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ?[117] L'expression de premier-né
n'arrête point l'Église. Qu'est-ce qui arrête l'Eglise ? Dieu n'a jamais pu. Le terme hébreu békôr rendu dans le texte grec par prôtotokos
et dans Après la naissance de son aîné comme après celle de ses six autres fils, Salomé fut dans le cas d'impureté majeure pendant sept jours, et dans le cas d'impureté mineure pendant trente-trois jours, elle demeura séparée des choses saintes et n'entra point dans le Temple que les quarante jours de sa purification ne fussent accomplis[119]. Après quoi elle porta à l'entrée du tabernacle un agneau d'un an pour être offert en holocauste, et pour le péché le petit d'une colombe ou une tourterelle qu'elle donna au prêtre qui les offrit à Iahvé et pria pour elle. Quand une femme n'avait pas le moyen d'offrir un agneau, elle donnait deux tourterelles ou deux petits de colombe[120]. Dans Luc qui seul rapporte la cérémonie de la purification l'agneau a disparu, parce qu'à l'époque où cette écriture a été faite on avait déjà enlevé la généalogie davidique de Salomé pour la donner à son mari et que sous le nom de Maria — on lui avait ôté aussi l'épithète honorifique de Magdaléenne — la pauvre femme du charpentier Joseph était censée n'avoir pu faire la dépense de l'agneau. XI. — LE NAZIRÉAT DU PREMIER-NÉ. Conséquents avec Tout békôr est à moi, dit Iahvé. Et : Consacre-moi ton premier-né, tout ce qui naît le premier parmi les enfants d'Israël, tant des hommes que des bêtes, car tout cela est à moi[122]. Le roi Achaz passe son fils au feu pour apitoyer le ciel. Mescha, roi de Moab, sacrifie son fils aîné à Kémosch, frère d'Iahvé, lequel est frère de Moloch, lequel est frère de Melkart, lequel est frère de Melkom, car ils sont nombreux les Dieux-Soleils ! Ce n'est pas brûler les gens, c'est les faire passer, les envoyer à Dieu. Est-ce qu'Abraham avait hésité à sacrifier Isaac, et Jephté sa fille ? Michée dit : Offrirai-je mon premier-né pour expier mon crime — le fruit de mes entrailles pour le péché de mon âme ?[123] Dans les temps obscurs où les hommes se confondent avec les dieux, Kronos avait donné l'exemple en immolant au ciel son fils unique. Il y avait des degrés dans le naziréat. Les nazirs, voués par la volonté paternelle ne pouvaient se reprendre. Tout en eux est à Iahvé, le corps et l'âme. Après avoir consacré à Dieu les prémices et les décimes[124], on pouvait se consacrer soi-même. Cela s'appelait le Grand Vœu, car quoi de plus précieux que la personne ? Bar-Jehoudda était plus complet, il avait été consacré dès le ventre. Un tel nazir, quand il était de la maison de Lévi, pouvait se croire supérieur au grand prêtre. Mais ici il y avait plus. Bar-Jehoudda était voué à la virginité pour pouvoir servir de médiateur entre Dieu et son peuple : le Grand Jour venu, Jésus retrouverait dans le Nazir le premier homme sinon tel qu'il l'avait fait, du moins tel qu'il l'avait voulu, ignorant la souillure de la femme. L'institution des Nazirs remontait aux temps où les
Hébreux adoraient le Soleil. Ils existaient avant que Moïse promulguât Les nazirs devaient laisser pousser leurs cheveux d'absalonienne façon jusqu'à ce qu'ils se présentassent eux-mêmes devant le Tabernacle, et ne boire ni vin ni aucune autre boisson fermentée, ces boissons conseillant des actions contraires à la pureté de l'âme et du corps. Point de vinaigre, point de raisins, ni frais ni secs, point de boisson fermentée, quelle qu'elle soit. Consacré à Dieu selon les rites, Bar-Jehoudda les a respectés. Il s'est séparé du monde jusqu'à ce que vienne le Christ. Pour satisfaire à son naziréat, il s'est astreint à une discipline rigoureuse, à une alimentation spéciale, à des jeûnes répétés. D'où sa puissance spirituelle. Sur les rites du jeûne, Jehoudda voulut que son fils aîné
rompit avec les pharisiens. Le Nazir observa les jeûnes à des jours qui ne
sont ni le second jour de la semaine (lundi)
ni le cinquième (jeudi), mais le
quatrième (mercredi) et le sixième (vendredi, veille du sabbat). Cela n'a l'air
de rien. Mais s'il n'avait pas jeûné le mercredi, quatrième jour (création du Seigneur Soleil dans Durant la consécration, sa tête ne connaîtra le froid des ciseaux que si elle vient à être souillée. Il ne s'approchera pas d'un mort, ce mort fût-il son père ou sa mère, son frère ou sa sœur, il ne suivra pas ses funérailles, il ne s'appartient pas, il est à Dieu, Dieu est sur sa tête. De là sa parole cruelle, révoltante même — il y en a plus à une dans l'Evangile — au disciple qui veut le quitter un instant pour aller rendre les derniers devoirs à son père : Laisse les morts enterrer leurs morts. — En d'autres termes : Laisse ces pratiques à ceux qui n'ont pas la vie éternelle en eux. — Si quelqu'un vient à mourir subitement devant lui, il se purifiera immédiatement, car il sera souillé : le jour même, il se rasera les cheveux et il recommencera le septième ; le huitième[127], il offrira deux tourterelles ou deux tourtereaux au prêtre dans l'entrée du Témoignage de l'Alliance, l'un qui sera sacrifié pour le péché — car malgré lui le nazir aura péché par les yeux, — l'autre en holocauste : le prêtre priera pour lui et consacrera de nouveau sa tête à Dieu. Les premiers jours ne compteront point, car il y a deux fautes à laver, celle du mort pour s'être permis de mourir devant un nazir, et celle du nazir pour avoir vu cette honte. Le nazir tient quelque chose de l'immortalité tant que personne n'a eu l'audace de mourir devant lui. Ne croyez pas que les nazirs eussent tous une chevelure en forme de comète ou semblable à la queue d'un de ces moutons de Syrie à qui Ton est forcé de mettre des roulettes ; les nazirs qu'aucun accident n'avait souillés présentaient seuls ce spectacle agréable à Dieu. Ne croyez pas non plus que Bar-Jehoudda se soit abstenu toute sa vie de viandes, car à ce compte il se serait abstenu de l'Agneau et il aurait rompu l'alliance avec Dieu. Ce qui lui est défendu sous peine de mort, c'est de manger des viandes consacrées aux dieux étrangers ou provenant soit de bêtes mortes d'elles-mêmes, soit d'animaux immondes. C'est bien longtemps après l'ère apostolique que Jésus lève l'interdiction sur certaines viandes et autorise les christiens à manger indifféremment de ce qui sera mis devant eux. Cela ne peut s'adresser qu'à des églises dans lesquelles les étrangers se sont progressivement substitués aux Juifs. Des christiens juifs, sous Auguste, autorisés à manger du porc, c'est l'abomination de la désolation chronologique ! Il se peut que, dans ses retraites forcées au désert, — ce sont des fuites, — Bar-Jehoudda n'ait vécu que de miel et de sauterelles. Mais il a pris sa part de toutes les viandes sacrifiées dans les grandes fêtes de l'année auxquelles il a assisté. Jehoudda et ses fils tiennent résolument pour le sacrifice
d'Abel, le sacrifice sanglant. Il est possible qu'à la fin du quatrième
siècle, leur secte[128] ne sacrifiât
plus d'animaux — en quel Temple aurait-elle pu le faire ? — mais XII. — CLÉOPÂTRE, FEMME D'HÉRODE, ET BETHSABÉE, FEMME DE DAVID. Il est impossible de lire l'Évangile sans y trouver gravée en traits de feu la marque non seulement de la lutte politique engagée par la famille de David contre l'usurpateur Iduméen, mais encore d'une haine spéciale et terrible contre certains membres de cette famille entrés en adultère avec celle d'Hérode. Et telle est dans la fable l'inquiétude de Jehoudda et de Salomé, lors de la naissance de leur fils aîné, que pour le soustraire au fer ou au poison ils s'enfuient en Egypte où ils demeurent jusqu'à ce que la mort d'Hérode réduise ces maudits à l'impuissance. Hérode eut neuf femmes, ce qui n'est pas pour surprendre un observateur, même superficiel, des mœurs, royales en Judée. L'une d'elles s'appelait Cléopâtre, elle était de Jérusalem et nous avons toutes raisons de croire que Salomé en était aussi. Il fallait qu'elle fût de grande maison pour qu'Hérode, au comble de la puissance, l'eût prise pour femme. N'était-elle pas de la famille de David ? Hérode en eut deux fils, Hérode Lysanias, tétrarque de l'Abilène, et Philippe, tétrarque de Bathanée, Trachonite et Gaulanitide, pays natal de Jehoudda[129]. Le père de Salomé s'appelait Héli[130], mais sa mère comment s'appelait-elle ? Voilà ce qui nous intéresse davantage. N'était-ce pas une Cléopas ? Ou plutôt Cléopâtre elle-même qu'Hérode aurait épousée à la mort d'Héli ? Un fait certain, c'est que Salomé avait un frère nommé Cléopas[131], et que sa fille aînée nommée Maria dans l'Évangile, devint une Cléopas par un mariage avec un membre de cette famille[132], son cousin sans doute, qui était de Jérusalem et y habitait encore en 788, lors de la proclamation de Bar-Jehoudda comme roi des Juifs. Notons la rareté de ce nom parmi les Juifs : on n'en trouve qu'un cas dans leur histoire, celui de Cléopâtre, femme d'Hérode ; on le retrouve, au contraire, et avec une persistance remarquable, dans la davidique famille de Salomé. Les combinaisons ecclésiastiques faites pour échapper à l'étreinte de la vérité disent Cléopas senior frère de Jehoudda, alors qu'il était celui de Salomé, et on lui donne Maria Cléopas pour fille alors qu'elle était sa bru. Mais Salomé n'eut pas qu'un frère, elle en eut deux. L'un d'eux s'appelait Ménahem, comme son septième fils dont il fut certainement le parrain. Or ce Ménahem, est dit à la lettre dans les Actes des Apôtres[133] frère de lait du tétrarque Hérode et cet Hérode ne peut être que Lysanias, tétrarque de l'Abilène. L'Eglise a totalement supprimé Ménahem senior de ses combinaisons et c'est en vain que vous chercheriez son nom dans les encyclopédies religieuses[134]. Il ne nous en est que plus cher. Frère de lait, cela veut dire frère du côté de la mère. Si Ménahem est fils de Cléopâtre, comme il ne l'est point d'Hérode, c'est que Cléopâtre a été mariée une première fois. N'était-elle pas veuve d'Héli, père de Cléopas, de Ménahem et de Salomé ? Pour que le lien qui unit les Hérodes aux Cléopas ait été relevé si longtemps après leur disparition, il faut qu'on en ait été tout enveloppé dans la famille, les facultés galactogènes de sa mère ne suffisant point par elles-mêmes à faire entrer Ménahem dans la postérité. On ne peut s'arrêter un seul instant à l'hypothèse de
Ménahem nourri dans le palais d'Hérode en même temps que Lysanias par une
nourrice commune aux deux enfants. Il faudrait pour cela que Cléopâtre fût
entrée dans le lit d'Hérode, enceinte des œuvres de son premier mari ;
qu'elle eût accouché d'abord de Ménahem, puis neuf mois après de Lysanias, et
que sans désemparer elle eût confié les deux enfants à la même nourrice, ou
bien qu'ayant déjà Ménahem elle se fût bornée à emmener la nourrice de
celui-ci chez Hérode pour lui confier à son tour Lysanias. On ne peut
davantage admettre que la mère de Ménahem — une fille de David ! — ait été
simple nourrice chez Hérode. Non, les Actes visent un lien plus étroit : il
s'agit d'une commune mère, après un intervalle de parturition plus ou moins
long. Ce qu'ils veulent dire ou plutôt cacher, c'est que Ménahem était le
demi-frère des tétrarques Lysanias et Philippe et que Salomé était leur demi-sœur.
Elle avait chez eux un autre parent très rapproché : Chusaï, intendant du
tétrarque Hérode (Lysanias), et dont la
veuve, car on ne voit point Chusaï,
aide de son argent Bar-Jehoudda en 788. Et n'est-il pas curieux qu'elle
l'aide au moment où il se dit roi-christ ? Voilà les membres épars
d'un clan davidique que Cléopâtre a profondément divisé, déshonoré même par
son mariage avec l'Iduméen Hérode. Lorsque dans un élan d'orgueil ou dans un
calcul d'intérêt Cléopâtre s'unit à Hérode, ne vit-on pas sa famille se
couper en deux, les uns se pendant à la robe de la nouvelle reine, les
autres, au contraire, restant avec Nous ferons une observation capitale aux deux extrémités de la vie de Bar-Jehoudda. Lorsqu'il naît, c'est à cause d'Hérode Antipas, plus tard tétrarque de Galilée, qu'Hérode le fait rechercher pour le tuer. Lorsqu'il se lève comme prétendant au trône, c'est à ce même Antipas qu'il en a tout d'abord, c'est contre lui qu'il opère dans les plaines de Gamala, c'est à sa poursuite et diligence qu'il sera condamné par le Sanhédrin avant que, révolté contre l'Empire romain, il ne tombe sous le coup de la loi Julia. Au contraire, il trouve un refuge, presque un appui chez les deux fils de Cléopâtre qui occupent les tétrarchies transjordaniques. Son père et sa mère se sentent assez à l'aise auprès d'eux pour s'installer dans Bethsaïda qui est de la tétrarchie de Philippe ; c'est aux sources du Jourdain qu'il baptisera, et jusqu'en Abilène qui est du gouvernement de Lysanias. D'où vient donc cette haine d'Antipas enfant contre
Bar-Jehoudda ? Cette rancune de Bar-Jehoudda quinquagénaire contre Antipas ?
De ceci qu'Antipas, fils de Malthacé Il n'appartenait qu'à Iahvé de faire des rois sur Israël. Si vous venez à dire : Je choisirai un roi pour me commander, comme en ont toutes les nations qui nous environnent, vous établirez celui que le Seigneur aura choisi d'entre vos frères ; vous ne pourrez prendre pour roi un homme d'un autre pays, et qui ne soit point votre frère. Hérode n'était point frère d'Israël. Celui-là était roi qui était oint de Dieu, christ, et ce christ était tout, prêtre, juge et roi en l'absence du Prêtre des Prêtres, du Juge des Juges et du Roi des Rois. Jadis Samuel avait demandé que le christ du Christ fût désigné par le sort dans la tribu qui tomberait elle-même au sort parmi les tribus, mais Dieu avait prononcé son arrêt depuis bientôt mille ans : il avait nommé David. Même élu par le peuple, un roi pris hors de la famille de David n'était point légitime dans la théorie de Jehoudda. Dieu est au-dessus du peuple et son choix est fait. Samuel avait dit : Vous crierez contre le roi que vous vous serez élu, et le Seigneur ne vous exaucera point, parce que c'est vous-mêmes qui avez demandé d'avoir un roi. Depuis Moïse jusqu'au Nazir Samuel les princes d'Israël ont été les Juges, mais à partir de David, les fils de David sont oints, et seul en Judée, Bar-Jehoudda Test doublement. De plus il est Nazir, voué à Dieu jubilairement ; Dieu consulté n'en choisirait pas d'autre. Si Jehoudda n'accorde le titre de Roi qu'au Christ, ce n'est pas qu'il refuse de le prendre pour lui-même ou pour son fils, à la condition qu'on l'élargisse encore, qu'on l'élève au degré supérieur, le sacerdoce et la judicature suprêmes. Prince, mais de droit divin, voilà l'idéal. Qu'est l'Empereur sans l'armée et sans le Sénat ? Rien. Il n'y a pas de nom qui convienne au despotisme christien : Jehoudda, Bar-Jehoudda son premier-né, Ménahem son dernier-né, furent des vice-dieux. On s'emporte ou on s'esclaffe quand on lit dans les Clément de Rome ou dans les Ignace d'Antioche : L'Eglise est Dieu sur terre. Cette impudence révolte ou fait rire. Au moins qu'elle n'étonne pas ! Elle est tout le dogme de Jehoudda et de ses fils. Ignace et Clément n'ont pu dire mieux. Voyez la conséquence» Quand un christ commande, c'est à Dieu qu'on obéit. Quand on résiste à un apôtre, on se soulève contre Dieu. Quand un apôtre frappe, c'est Dieu qui se venge. Accusés d'adultère envers C'est même une chose remarquable qu'on ne lui tient
aucunement rigueur pour les trois autres femmes dont il se réclamait, Ruth
qui était Moabite avant d'entrer par effraction dans le lit de Booz, Thamar,
bru de Juda, qui avait eu deux jumeaux de son inceste avec son beau-père, et
Rahab qui ne serait célèbre que par sa prostitution si elle n'y avait ajouté
la trahison envers sa ville natale pour servir Josué. C'est contre Bethsabée
que se réunissent tous les efforts, l'adultère paraissant à lui seul pire que
la prostitution de Rahab, l'inceste de Thamar et l'indécent assaut de Ruth.
Mathieu a rayé son nom de XIII. — ZÉLOTES ET SICAIRES. Politiquement Jehoudda est le produit des assemblées ou églises, des banquets ou agapes que le patriotisme juif avait renouvelés sous Hérode. Comme rançon des travaux qu'il dédiait partout à la gloire de Rome, —la construction des temples à Auguste, particulièrement celui de Panéas qui souillait tout le Jourdain à sa source — Hérode avait remis au peuple un tiers de ses impôts. Par ce moyen il avait obtenu une paix de surface, mais la rébellion grondait parmi les purs. En vain avait-il interdit par un décret sévère les églises et les agapes. En vain avait-il mis sur pied une police secrète qu'il apostait à Jérusalem et sur les grands chemins pour arrêter et châtier ceux qui contrevenaient à ses ordres. Jehoudda excita toute cette masse contre l'usurpateur. Fils de David, il voulait un roi davidique, réduction terrestre du Christ qu'il annonçait. Sous la pression des éléments contraires, le parti
vieux-juif s'était replié sur les articles de Tandis que les Hérodes, Antipas, Philippe lui-même, sont
envoyés à Rome où on les élève presque sous l'œil d'Auguste, les Cléopas
restent au pays avec les pharisiens davidistes. Salomé, par son mariage avec
Jehoudda, s'est engagée plus étroitement encore dans les liens de Dès ce moment on peut dire que les deux Bêtes de l'Apocalypse
étaient fixées dans la rétine de Jehoudda : Hérode, dans la peau de Le premier article du programme, c'était naturellement de sortir d'Egypte, autrement dit se libérer des Hérodes et des Romains leurs protecteurs. La révolte contre l'Hérode et le César en fonctions est toujours au premier plan de l'histoire christienne, et celle-ci, considérée à ce point de vue, n'est nullement antipathique. L'exercice d'un droit naturel est toujours respectable. Il ne paraît pas que les Juifs fussent créés et mis au monde pour être esclaves des Romains et leur payer tribut. On ne peut leur demander non plus un enthousiasme incoercible pour les Gaulois de la garde d'Hérode qui participaient à la répression des troubles. Toutefois, j'ai cherché en quoi les rébellions christiennes pouvaient intéresser plus spécialement la civilisation et je n'ai pas trouvé. Je ne vois pas que Jehoudda et ses fils soient des héros d'une trempe plus forte que Tacfarinas en Mauritanie, Florus ou Sacrovir dans les Gaules. En revanche, ils sont supérieurs à tous les révoltés du globe pour la profonde scélératesse de leurs sentiments et pour la stupéfiante imbécillité de leurs prophéties. XIV. — CONDITIONS SEXUELLES DE L'ENTRÉE DANS LE ROYAUME DU CHRIST JÉSUS. Nonobstant la tare de Bethsabée, Jehoudda faisait école.
Un premier vent de folie messianique souffla sur les pharisiens qui
prêchaient le salut par Le grand problème à résoudre pour l'homme et la femme, tous deux condamnés à la mort éternelle par leur péché, c'est de revenir à la conformation génésique d'Adam-Eve, c'est-à-dire de ne faire qu'un comme avant le Serpent. Le Christ, c'était le retour à ce principe physique[137]. Vous vous rappelez ce que dit Les disciples ne pouvaient aller contre l'autorité de Jehoudda, et pour eux comme pour lui, le premier homme était androgyne. Eusèbe de Césarée interprète le texte biblique exactement comme Jehoudda : il connaissait le récit de Platon sur les androgynes primitifs, d'une création antérieure à la nôtre, et concluait que Platon s'accorde sur ce point avec les livres juifs[138]. A Salomé qui l'interrogeait sur la question de savoir
jusqu'à quand durerait la mort, le Rabbi répondait par la bouche de Jésus : Tant que vous ferez des enfants, vous autres femmes[139]. Réponse
conséquente avec son système. Sans blâmer en rien ni sa femme ni lui-même,
qui avaient largement usé de l'union des sexes, Jehoudda ne pouvait pas ne
pas annoncer que la génération cesserait avec le Verseau, et les Paroles du
Rabbi purent sans aucune intention restrictive du mariage enregistrer cette
réplique frappée au coin du plus pur millénarisme[140]. Jésus se Test
appropriée dans l'Evangile[141] : Les fils de ce Cycle se marient et sont donnés en mariage,
mais ceux qui seront trouvés dignes du Cycle à venir et de la résurrection
des morts ne se marieront pas et n'épouseront pas de femmes ; car ils ne
pourront plus mourir [donc, inutile de
se survivre par des enfants], parce qu'ils
sont égaux aux anges et fils du Dieu de la résurrection[142]. Mon règne aura lieu, disait Jésus à Salomé dans l'Evangile des Millénaristes d'Egypte, le même que celui des Naziréens et le plus ancien par conséquent[143], mon règne aura lieu quand vous aurez foulé aux pieds le vêtement de la pudeur, quand le dehors sera vers le dedans, l'homme avec la femme, deux en un, ni homme ni femme. Est-ce à dire qu'il faille se mettre à deux par anticipation pour redevenir androgyne ? Non certes, et si beaucoup de christiens ont vu là comme une consigne[144], — laquelle n'était pas précisément de ronfler — le Rabbi ne l'entendait point ainsi. Il entendait que le jour où Jésus les remettrait dans la gaine de peau dont il les avait revêtus avant leur division en deux sexes, ce jour-là ils redeviendraient tels qu'Adam-Eve avant le péché. Et c'était si bien le sens de la parole que, voyant Salomé elle-même placée hors du salut par la doctrine de son mari, l'Eglise, après lui avoir enlevé tous ses enfants, sauf le jésus, lui fait dire avec un sang-froid imperturbable dans Clément d'Alexandrie interpolé : Bien m'en a pris de rester vierge ![145] On ne peut douter qu'il s'agisse de la mère de Bar-Jehoudda, la seule femme que, soit dans l'Evangile des Naziréens soit dans les Sagesses valentiniennes, Jehoudda et ses fils admettent aux discussions sur les dogmes qui intéressent son sexe. On en peut d'autant moins douter que, dans l'interpolation ecclésiastique de Clément d'Alexandrie, on la qualifie de vierge, et que la seule vierge de cette histoire est celle dont le bilan utérin, grâce à l'énergique intervention de Jehoudda, se solde par sept fils et deux filles. La doctrine dont elle est ici le truchement explique cette épithète d'accoupleuse de femmes que certains commentaires talmudiques donnent à Maria, et qui est restée jusqu'à présent une énigme irritante le plus souvent interprétée dans le sens ignominieux. Pour les christiens un hermaphrodite était un type sacré, puisqu'il échappait au péché dont était mort Adam-Eve. Quel bonheur lorsqu'il en naissait un en conformité des horoscopes ! Phénomène de mauvais augure pour les païens, c'en est un de bon augure pour les christiens. Heureux auspice, gage d'un retour prochain de l'humanité à sa forme primitive, à l'édénique félicité d'avant la déchéance ! Jésus est dans l'air, il vient ! Vénus et Mercure seront-ils en conjonction, leur demande ironiquement Philopatris[146], et produiront-îls beaucoup d'hermaphrodites dont la naissance vous cause tant de joie ? Selon les fins de Dieu, l'état de nature ne comportait point la génération : c'était une invention du Diable-Serpent à qui Iahvé avait eu le grand tort de donner la parole, un corps, des pieds, et peut-être d'autres membres, mais Iahvé n'avait admis l'enfantement qu'à titre de pénalité : d'où cet accident avait été flétri du nom de travail. Et dans le Millenium du Zib on ne travaillait plus. Les mères avaient commis le grand péché de génération qui faisait obstacle au Christ, car comment redevenir hermaphrodite quand on est trois et qu'on a dans l'enfant un témoin à charge ? La femme de mauvaise vie, il est vrai, a commis le petit péché de fornication, mais elle n'a point enfanté, l'herbe, comme dit Lamennais, ne poussant pas sur les grandes routes. Elle est donc plus androgynisable. On comprend qu'atteintes dans leur fonction la plus haute, blessées dans leur sentiment le plus noble, les mères aient été si peu nombreuses autour de Bar-Jehoudda, lors de ses baptêmes. Ce pseudo-sacrement ne semblait fait que pour avantager les monstres, volontaires ou non, de la nature. Les paillardes et les filles de mauvaise vie[147] ont composé tout l'entourage féminin de cet homme vierge. Hermaphrodite à la façon de Prométhée, créateur d'un androgyne dont il a le regret d'avoir fait deux moitiés que Satan a perverties, le Verbe-chair ne consent à régner que sur des êtres semblables au type originel. Toutefois on se divisa sur cette théorie. Alors que les hommes organisés attendent un Roi qu'ils croient se concilier, les uns par des croisements répétés, les autres par des chastetés obstinées, inversement les eunuques en attendent un qui leur permettra de laisser de la famille. Tel fut Bagoas, eunuque d'Hérode, au temps du Massacre des Innocents. Bagoas n'avait cru à Jésus que persuadé, sur la foi des Révélations, qu'il se marierait sous le régime futur et qu'il aurait des enfants. Il n'y a qu'un Roi en état d'assurer de tels privilèges, c'est le Roi du Millenium, le roi-hermaphrodite qui, cumulant les deux sexes, en gratifie à son tour tousses sujets. Mais si c'est pour avoir des enfants qu'il se marie dans le Royaume, Bagoas s'illusionne grandement, car il rejoint une femme à qui Jésus interdit précisément d'en faire. Et puis, s'il en eût fait, il en serait mort comme Adam. Au contraire, son eunuchisme augmentait ses chances de salut. Il y a, dit Jésus, des eunuques qui sont nés tels dans le sein de leur mère ; il y en a que les hommes ont faits eunuques ; et il y en a qui se sont eux-mêmes rendus eunuques [tel Bar-Jehoudda par son naziréat] à cause du Royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne[148]. Mon Dieu ! on peut y arriver, mais il faut connaître le système. Bagoas n'avait pas très bien compris, ou plutôt il avait interprêté dans le sens de ses désirs, étant sans doute de ceux que les hommes ont faits eunuques. Il fut cruellement puni de son ambition démesurée, car Hérode, avec quelque brusquerie, le mit à mort, et le Roi qui rend féconds les eunuques ne vint pas. XV. — LE MASSACRE DES INNOCENTS ET A la vérité, Bagoas avait commis d'autres fautes. Il était des six mille pharisiens qui refusèrent de prêter serment à Auguste. On lit aujourd'hui dans Josèphe qu'ils tenaient en secret pour Phéroras contre Hérode, et Phéroras était frère du roi[149]. Mais Hérode n'était pas tendre pour ceux qui conspiraient, surtout quand ils étaient ses proches. Or il a fait égorger les six mille, tandis qu'il a laissé à Phéroras le commandement de ses troupes et la vie. J'en conclus que ce n'est pas Phéroras que les six mille attendaient du fond de l'Orient : il habitait Jéricho et n'annonçait aucune disposition pour régner sur l'univers. Tel fut le Massacre des Innocents dont parle l'Évangile de
Mathieu[150]
: persécution des Juifs hérodiens contre les Juifs christiens, persécution
entre frères, la plus cuisante de toutes. Les nouveau-nés
que tua Hérode avaient tous des barbes de patriarches, mais par leur
obéissance à Pris de peur, Jehoudda et Salomé se réfugièrent en Egypte, emmenant avec eux le petit christ âgé de sept ans, tandis que Ménahem, compromis dans le même mouvement, se réfugiait à Antioche[152]. Où emmena-t-on Bar-Jehoudda ? A Héliopolis, dit une légende. Peut-être plus avant dans le désert. On reçoit de l'Apocalypse l'impression qu'il a remonté le Nil jusqu'à l'endroit où la terre semble ouvrir la bouche pour l'avaler. Certes il ne s'agit pas des sources, mais nous sommes loin d'Alexandrie, où la terre ouvre la bouche pour le rendre. Si l'on savait où habitait la famille de Joshua ben Peraïa, on saurait où Bar-Jehoudda a passé son enfance, a été initié aux mystères du ciel et de la terre, à cette Kabbale messianique dont son père est le représentant le plus achevé. Le père kabbaliste de Jehoudda, c'est ce Joshua ben Peraïa que le Talmud associe à l'éducation de Bar-Jehoudda en Egypte. Si ce Joshua ne peut avoir été le maître du fils, il a été celui du père. Jehoudda a mené son fils dans la maison de Joshua, où sans doute il avait été lui-même. Leur Apocalypse, c'est du chaldaïsme macéré dans le Nil. J'ai ramené mon fils d'Egypte, dit l'Evangile à propos de Bar-Jehoudda. C'est d'Egypte et de la maison de Joshua ben Peraïa que Jehoudda et son fils ont ramené l'idée du Dieu qui s'engendre lui-même en la personne d'un Fils, c'est-à-dire le Fils de l'homme sous la forme qu'il a dans leur Apocalypse. Sozomène, historien de l'Eglise, rapporte qu'à l'arrivée du Jésus en Egypte, un arbre nommé Persis — lui aussi venait de Chaldée — s'abaissa jusqu'à terre comme pour l'adorer. L'imposteur Athanase[153] dit qu'à la vue de ce Juif exorbitant les idoles et les simulacres s'écroulèrent. Il est vrai que les jésu-christiens d'Egypte, notamment ceux d'Alexandrie, ont souventes fois pillé, brûlé, saccagé les temples et renversé les idoles, voire les simulacres, mais ce ne fut point en ce temps-là. Par cet exemple à plaisir inventé Athanase encourageait ses troupes à renouveler dans leurs exploits le miracle qu'il attribuait au Maître. Je vous dis que ces fils de Dieu ne descendaient même pas des bons singes ! |
[1] Pérégrinus. Lucien est le seul païen qui fasse cette distinction.
[2] Le texte actuel des Actes renverse intentionnellement cette chronologie. Nous mettrons en lumière cette fraude et ses causes.
[3] Genèse, XLIV, 15.
[4] Mathieu, XIII, 35.
[5] Dans les écrits juifs où Maria est représentée comme ayant eu Jésus de ses amours avec le soldat Panther — calomnie imbécile dont l'Eglise est la seule cause — son mari est dit Joannès.
[6] Bérose, dans Eusèbe, Chron, armen,, p. 9, éd. Mai. Syncelle, p. 28, fragment 1er dans l'édition Lenormant.
[7] Fables, 274.
[8] Bibliothèque de Photius, Codex 279.
[9] Dans Michel Psellos, cité par M. Lenormant, Origines de l'histoire, p. 383.
[10] Quatrième Evangile, Jésus s'adressant à Maria le mercredi, jour de Mercure : « Femme, voilà ton fils !
[11] Nombres, XXIV, 17. Or, circonstance aggravante pour lui, Jehoudda faisait sa Généalogie par Seth. (Mathieu.)
[12] Nombres, XXIV, 24.
[13] Nombres, XXIV, 24.
[14] Lettre de Jude, II, Seconde Lettre de Pierre, III, 13.
[15] Evangile selon Mathieu, XI, 13.
[16] Luc, I, 7, Mathieu, XXIII, 35.
[17] Zacharie, XIII, 1.
[18] Zacharie, XIII, 8, 9. Et sur la rupture du Mont des Oliviers, XIV, 4.
[19] Hippolyte de Thèbes, cité par Josephus Christianus (Patrologie grecque de Migne, t. CVI), dit positivement que Joseph (Jehoudda) avait un frère nommé Aggée.
[20]
La tradition la plus ancienne est d'accord sur ce point. Pour les preuves,
voyez dom Calmet (Vie de Jésus, dissertation sur
[21] Abiu et Nadab. (Lévitique, X, 2 ; XXI, 1. Nombres, III, 4 ; XXVI, 61.) Ce n'est pas Abiu qu'il faut lire dans Luc (I, 5), mais Abia. Abiu n'a pas laissé d'enfants.
[22] Cf. aussi l'Assomption de Moïse où Jehoudda, sous le nom du Nouveau Moïse, est donné comme étant de la maison de Lévi, sans quoi on n'eût pu lui donner le nom du législateur des Juifs. D'ailleurs nous allons le voir dans Luc monter à l'autel comme feu Aaron. Le doute n'est donc pas permis.
[23] Tout au moins chez les zélateurs de l'ancienne Loi.
[24] Marc, XV, 40.
[25] Mathieu, XX, 20.
[26]
Épître II, 12, dans
[27] Cité par Clément d'Alexandrie, Stromata, III.
[28] Clément d'Alexandrie, Stromata, III.
[29] Cité, avec toutes les sophistications nécessaires, par Josephus Christianus (Patrologie grecque de Migne, t. CVI, p. 142).
[30] Nicéphore, Histoire ecclésiastique, II, 3.
[31]
Dans Luc, I, 5, et dans
[32]
Bibliothèque de Photius dans
[33] Anticelse, II. Ecrit faussement attribué à Origène et placé dans ses Œuvres.
[34] Exode, XV, 20.
[35] Au fond, il savait l'imposture qui gît au fond de l'Evangile. Nous en fournirons plus d'une preuve, notamment par la lettre du calife de Bagdad à Nicéphore Phocas, un chef-d'œuvre d'ironique sagesse.
[36]
Le Koran, ch. LXVI (
[37] Le Koran, ch. XIX (Marie, 29).
Le commentaire Zamchascar se trompe complètement sur Aaron qu'il fait contemporain et frère de la seconde Maria. A la vérité, la seconde Maria eut un frère, et Zamchascar le reconnaît implicitement ; mais il ne s'appelait pas Aaron.
[38] XXVI, 57, 58 et 59. Amram avait donc épousé sa sœur tout au moins de père, ce qui n'a rien d'anormal dans la descendance d'Abraham. Eloï-schabed est aussi nommée Iaô-schabed, c'est la même chose. (Promesse avec serment d'Iaô, Iaô-Schebag.)
[39] Equivalent de sortir de servitude.
[40] Il reste encore quelque chose de cette enquête dans l'Anticelse, qui est un essai de réfutation du Discours de Vérité, préalablement vidé de toute sa partie documentaire. C'est là que nous avons trouvé ce renseignement.
[41]
La note qu'on trouvera plus loin, au verset 8 de
[42] Ozias n'était pas fils immédiat de Joram. Joram fut père d'Ochozias, qui le fut de Joas ; et Joas eut pour fils Amasias, père d'Ozias. On a passé Ochozias, Joas, Amasias, et Joakim à cause de leur impiété, ou plutôt de l'arrêt prononcé contre la maison d'Achab, dont ils étaient descendus par Athalie, leur mère (III Rois, XXI, 21). Enfin telles ont été les suppressions faites qu'à partir de Zorobabel les générations jusqu'à Joseph se réduisent à neuf, alors qu'on en compte dix-huit dans Luc.
[43] Luc, III, 23. Ce verset débute par un mensonge qui en date la composition (quatrième siècle) : Jésus, dit le scribe, avait, quand il commença (de prêcher), environ trente ans. Le jésus qui a existé en chair avait quarante-deux ans lors de ses débuts, comme nous le montrerons quand nous en viendrons à l'Apocalypse qu'il a lancée sous le pseudonyme de Joannès.
[44] Mathieu, I, 1-17.
[45] Luc, IV, 23-38.
[46] XLVIII, 100. Nous n'essaierons pas d'augmenter l'autorité de cet écrit en disant, comme le fait l'Église, qu'il est de Justin : ce serait un mensonge.
[47] Anticelse, II, 32.
[48] Appendice, p. 773.
[49]
Nous ne croyons pas pouvoir priver le lecteur des commentaires que l'ensemble
des généalogies inspire au Saint-Siège, et nous les rapportons textuellement. Saint Joseph était, comme nous l'apprend l'Evangile, de la
tribu de David, et exerçait un métier pour gagner sa vie. C'était, d'après la
tradition, le métier de charpentier. Il vivait à Nazareth, et c'est là qu'il
épousa la sainte Vierge. Le choix que Dieu fit de lui pour être le gardien de
la virginité de Marie et le père adoptif de Notre-Seigneur, nous montre quelle
était sa vertu et sa sainteté. On ne sait pas à quelle époque il mourut, mais
tout porte à croire que ce fut avant la vie publique de Jésus-Christ. — Marie, en hébreu Miryam, signifie probablement maîtresse,
dame, de sorte que le titre de Notre-Dame, donné à la sainte Vierge,
n'est sans doute que la traduction de son nom. Exemptée du péché originel par
un privilège spécial, et destinée à être la mère de Dieu, elle devait dépasser
en sainteté toutes les créatures. Son père fut saint Joachim, et sa mère sainte
Anne. Elle était de la tribu de Juda et de la race de David. La tradition nous
apprend qu'elle fut présentée à l'âge de trois ans au temple de Jérusalem et
employée au service de Dieu. Elle épousa saint Joseph à Nazareth, où eut lieu
le mystère de l'Annonciation. L'Évangile nous fait connaître sa visite à sa
cousine Elisabeth, comment elle mit son fils Jésus au monde à Bethléem,
s'enfuit avec lui en Egypte, habita avec lui à Nazareth, le perdit dans le
temple de Jérusalem quand il avait douze ans, l'accompagna dans une partie de
ses courses apostoliques, le suivit au Calvaire. Elle était avec les apôtres au
Cénacle le jour de
[50] Cyrille, Contra Julianum.
[51] Rois, I, VIII, 2.
[52] Rois, I, I, 1.
[53] Rois, II, XI, 3.
[54] Voir plus loin, à l'endroit où nous tirons au clair les conséquences de cette accusation.
[55] Livre II, V, 14-17.
[56] Il y a en tout d'Abraham jusqu'à David quatorze générations ; de David jusqu'à la transportation de Babylone, quatorze générations ; et de la transportation de Babylone jusqu'au christ, quatorze générations. (Mathieu, I, 17.)
[57]
Sur la date de sa naissance nous avons par celle de sa mort une certitude en
quelque sorte mathématique. Nous ne pouvons pas nous tromper. En effet,
Bar-Jehoudda a été crucifié le dernier jour de l'année 788 qui était à la fois sabbatique et jubilaire,
et à cette date il avait cinquante ans, ce qui est indiqué dans le Quatrième
Évangile et confirmé par Johanan le Presbytre, Irénée et toute la tradition
d'Asie. D'autre part, nous savons par l'Apocalypse où il produit
lui-même, sous le pseudonyme de Joannès, son thème de nativité (
[58] Ainsi le qualifie Flavius Josèphe, le grand historien juif, que nous citerons souvent.
[59]
Virgile,
[60] Rois, IV, XIV, 25.
[61] Jehoudda fut tué pendant la révolte qui succéda au Recensement de 760, comme on le verra au chapitre Apothéose de Jehoudda.
[62] XIV, 22 et suiv.
[63]
Sous le nom de Stéphanos,
[64] Les Actes des Apôtres l'ont mis au nombre des sept diacres de leur invention. Toutefois ce chiffre répond indiscutablement à l'apostolat formé par les sept fils de Jehoudda. Parmi ces diacres on retrouve encore un autre fils de Jehoudda, Jacob-Andréas. Si on ajoute ce Jacob et Philippe aux quatre frères que l'Évangile reconnaît à Bar-Jehoudda, c'est-à-dire Shehimon, Jacob senior, Jehoudda junior et Joseph (Ménahem), on reconstitue complètement la postérité mâle de Salomé.
[65] L'un, Juif millénariste, évoque d'Hiérapolis de Phrygie au second siècle et commentateur des Paroles du Rabbi ; l'autre, Juif d'Alexandrie, à ce qu'il semble, anti-millénariste avéré.
[66] Mathieu, Marc, Luc.
[67] En effet, l'histoire de Ménahem est dans Josèphe.
[68] Le prologue des Paroles du Rabbi (Jehoudda et ses fils) expliquées par ledit Papias.
[69] Mathias était fils de Jehoudda dit Toamin. Il était Bar-Toamin d'où l'on a fait Barthélemi.
[70]
Si les Paroles du Rabbi eussent nommé douze apôtres, Papias n'aurait pas
manqué de les nommer à son tour, car personne n'admettra qu'il se serait permis
d'en disqualifier cinq. Il est parfaitement clair que Papias n'a rien soupçonné
des douze, qu'il ne savait pas un mot de
[71]
Ce qui fait croire qu'il habita Bethsaïda, c'est que, selon l'Église, le
Quatrième Evangile serait d'un certain Johanan, lequel est de Bethsaïda, dont
sont également le baptiste Joannès, Shehimon dit Képhas, (Pierre) et Philippe,
apôtres. Ce pseudo-Johanan ne fait qu'un avec le Joannès baptiste, lequel ne
fait qu'un avec le jésus lequel ne fait qu'un avec Bar-Jehoudda dont Shehimon
et Philippe sont les frères. Les scribes disent de Bethsaïda que c'était un
bourg de
Rien ne prouve que les premiers enfants de Jehoudda ne soient pas nés à Gamala même.
[72] Genèse, VI, 11-14 et 18.
[73] Le Dialogue avec Tryphon et l'Anticelse.
[74] Hilaire et Pierre Chrysologue.
[75] Ambroise de Milan.
[76] Mot formé de Zib, le signe des Poissons dans le Zodiaque chaldéen (v. Bouché-Leclercq, Astrologie grecque) et deos ou daos, par hellénisation de da ou das qui répond en araméen à une idée de relativité difficile à rendre avec précision. Zibda ou Zebda, dans la plaine d'Abilène s'appelle ainsi de ce qu'il y avait eu jadis un lac : Es-Zebedani, dit-on encore aujourd'hui. Nous voyons également Zabdi employé dans le sens de famille, et il est certain qu'il y a dans le mot Zibdeos un jeu de mots où Zib est entré avec son sens à la fois astrologique et baptismal. Famille de Joannès et de Zibdeoi.
[77] M. l'abbé Glaire, Avertissement de la seconde édition du Nouveau Testament.
[78] Mais il y a Beel-Zeboul dans le texte le plus ancien, et l'on sent bien que le mot a été corrompu par les copistes.
[79] Mathieu, X, 23-26.
[80] Juges, XVI, 23. Dag veut dire poisson en hébreu.
[81]
Rois, I, v. 1-
[82] Macchabées, I, X, 83, 84 et XI, 3, 4.
[83]
Le traité de
[84]
Pour ce qui est de Beel-Zeboub, dit M. Germain
Lévy (
[85] Marc, III, 9.
[86] Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII, I, 1, et Guerre des Juifs, ch. VIII, 1.
[87] Josèphe, Antiquités, en dépit des falsifications que nous montrerons le moment venu.
[88] Josèphe, Antiquités, XX, V, 1.
[89] Josèphe, Guerre des Juifs, II, 17, 8 et 17, 9. Vie de Josèphe, 5.
[90] Marc, XIV, 13 et suiv. Reproduit par Luc.
[91] Marc, XV, 40 ; Luc, VIII, 2.
[92] Dans la première Sagesse, celle de Valentin, où Bar-Jehoudda est désigné par son pseudonyme de Joannès, il est presque toujours dit le Vierge. Maria baise le plus souvent les pieds de Jésus et l'adore. Après le Joannès les disciples se présentent dans cet ordre : Pierre, Jacques, Thomas, Mathieu, André et Philippe. Mathieu remplace Ménahem qu'encore une fois on ne nomme jamais.
[93] Dans la seconde Sagesse (Extrait des Livres du jésus), les sept disciples sont Thomas, André, Jacques, Simon le Cananéen (le Kannaïte, c'est Pierre), Philippe et Barthélémy (Bar-Toâmin, fils de Thomas) ; un seul Joannès, qui est le crucifié de Pilate, une seule Maria qui est Maria Magdaléenne, parfois désignée par son vrai nom de Salomé. Point de Ménahem, bien entendu. Point de Mathias ici, mais Bar Toâmin. C'est la preuve de leur identité. Mathias était fils de Jehoudda dit Toâmin, le jumeau, autrement dit Thomas didumos, il était donc neveu du crucifié de Pilate et petit-fils de Jehoudda.
[94] C'est le terme employé dans l'Avertissement de l'Évangile dit de Luc pour définir la mission de celte famille.
[95]
Actes, XXI,
[96] Dans Marc.
[97] Le Quatrième Évangile.
[98] En ce qui concerne Joannès et Jacob junior, fils du Zibdeos, Papias n'a pas connu deux Joannès, dont, selon l'Eglise, l'un aurait été fils d'un certain Zacharie et l'autre fils d'un certain Zibdeos, mais un seul Joannès lequel est Bar-Jehoudda. Il n'a pas connu deux Jacob junior dont l'un aurait été fils de Joseph et l'autre fils du Zibdeos. Valentin non plus n'a point connu deux Joannès, l'un fils de Zacharie et l'autre fils du Zibdeos ; mais un seul Joannès, le plus grand des disciples de Jehoudda. Gomme Papias il n'a connu ni Zacharie ni Zibdeos, mais un seul fondateur de secte, celui que Maria appelle mon homme de lumière dans les Sagesses et qui est tour à tour Joseph, le Charpentier, le Zibdeos et Zacharie.
[99] Jehoudda, ainsi qu'on le verra par la suite, est mort plus de vingt-sept ans avant elle.
[100] Mathieu, XX, 20 ; Marc, X, 35.
[101] Epiphane (Contra hæreses, 78) dit qu'elle était fille de Joseph seulement, lequel, en ce cas, l'aurait eue d'un précédent mariage, ainsi que plusieurs de ses autres enfants. C'est par de telles manœuvres qu'on a confectionné la virginité de Maria. On est arrivé à ne lui laisser que son fils aîné lequel, étant de Dieu et Joseph n'y étant pour rien, l'a purifiée en l'habitant.
[102] Hippolyte, cité par Nicéphore, livre II, ch. II.
[103] Clément d'Alexandrie, Stromata, l. III, ch. I.
[104] Clément d'Alexandrie, Stromata, l. III, ch. I.
[105] Actes, XXI, 8.
[106] Clément d'Alexandrie, in eodem loco.
[107] Josèphe est formel. Eléazar, fils de Jaïr et lieutenant de Ménahem pendant la guerre de 819, était de la race du grand Jehoudda, peut-être par Thamar, femme d'Eléazar Ier, ou par la femme de Jaïr, si elle était sœur de Jehoudda.
[108] Cité par Josephus l'ecclésiastique (Patrologie grecque de l'abbé Migne, t. CVI, p. 142).
[109] Mathieu, X, 3 ; Actes des apôtres, I, 13. Alphée, comme son nom l'indique, fut, avec Jehoudda, l'homme du commencement.
[110] Sagesses valentiniennes (la 1re).
[111] Mathieu, XIII, 55 : N'est-ce pas là le fils du Charpentier ? Sa mère ne s'appelle-t-elle point Maria ? Et ses frères, Jacob, Joseph, Shehimon et Jehoudda (junior, surnommé Thomas) ?
[112] C'est aussi parce qu'au moment où l'action se passe, c'est-à-dire 788, Salomé est veuve depuis vingt-sept ans, comme on le verra bientôt.
[113] Le Nouveau Testament selon la sacrée Congrégation de l'Index, p. 785.
[114] Actes des Apôtres, I, 14.
[115] Nouveau Testament de MM. les abbés J.-B. Glaire et F. Vigouroux. Seule édition approuvée par le Saint-Siège, Appendice, p. 787.
[116] Luc, III, 41, 43, 48.
[117] Quatrième Évangile, VI, 42.
[118] Nouveau Testament, Appendice, p. 785.
[119] Après la naissance de Thamar et de Salomé, impureté majeure pendant quatorze jours, impureté mineure pendant soixante-six jours, soit quatre-vingts jours pour chacune, le double de la durée impartie pour la purification après l'enfantement d'un mâle.
[120] Lévitique, XII, 1-8.
[121] Suidas conte bien des folies, mais c'est en lui qu'est la bonne leçon : Naziréen et non Nazaréen. Dans le Talmud le radical est Nazir.
[122] Exode, XIII, 2 ; XXII, 29. Nombres, III, 13.
[123] Michée, VI, 7.
[124] Philon, De Sacrificiis.
[125] Luc, I, 78.
[126]
Dès le moment que Jésus ressuscite la fille de Jaïr, le fils de
Dans Mathieu (VI, 16-18) Jésus semble admettre le jeûne, mais c'est par simple tolérance et pour ne pas s'aliéner les sectes où l'on jeûne, les disciples du Nazir par exemple. D'autres sectes ne jeûnent point (Mathieu, IX, 14), cela est positif.
[127] Lendemain du sabbat.
[128]
Celle des Naziréens, ainsi nommée de ce qu'elle suivait étroitement les
préceptes du grand Jehoudda, notamment en ce qui touche les jeûnes. Epiphane (Contra
hæreses) dit que, de son temps, elle ne tuait plus de victimes et ne se
nourrissait pas d'animaux. En tout cas, ces disciples des Nazirs tenaient Jésus
pour ce qu il est, une pure Christophanie. Comment d'ailleurs eussent-ils pu
être dupes de la mystification évangélique ? Elle partait de chez eux, ils
habitaient
[129] Josèphe, De bello judaico, l. XXVIII, chap. IV. Tout cela est fort confus, mais une révision sévère des divers textes de Josèphe où il est question des généalogies hérodiennes si compliquées, — il manque un Guide à travers les différents ménages d'Hérode — m'a mis sur la bonne voie.
[130] Luc (Généalogie) ; le Talmud au Traité du Sanhédrin. (Celui de Babylone alors ? car je n'ai rien trouvé de pareil dans celui de Jérusalem.) Cette note provient de dom Calmet. Dans d'autres écrits on dit que le père de Salomé s'appelait Joachim.
[131] Généalogie de Jésus dans Jean Damascène souvent citée par dom Calmet.
[132] Luc et le Quatrième Évangile.
[133] Actes des Apôtres, XIII, 1. Il y a deux Ménahem dans l'histoire christienne et il est impossible de les confondre. Le premier est né en même temps qu'Hérode Lysanias, soit environ 730. Le second, dernier des six frères de Bar-Jehoudda et roi des Juifs en 819, est né un peu avant le Recensement, vers 759.
De Mariamne, fille du grand sacrificateur Simon, le roi de Judée eut un autre Hérode, de sorte qu'il est impossible de savoir positivement lequel, du fils de Mariamne ou de celui de Cléopâtre, eut l'Abilène et fut surnommé Lysanias. Ce fut très vraisemblablement le fils de Cléopâtre, et c'est l'explication de l'accueil relativement favorable que Bar-Jehoudda trouvera en Abilène et chez Philippe.
[134] Celle de Lichtenberger notamment. Suppression complète également de Ménahem, septième fils de Salomé, mais quoi ! n'a-t-on pas supprimé Salomé elle-même ?
[135] Les Juifs et les Samaritains s'étaient voue une exécration inextinguible. Personne du côté des Juifs ne la porte plus loin que Bar-Jehoudda. Outre Antipas, Hérode eut de Malthacé Archélaüs qui fut ethnarque de Judée et que les davidistes fuiront comme ils ont fui son père.
[136] Josèphe, Antiquités, l. XVII, ch. II, 4.
[137] Sur l'androgynisme originel tous les christiens sont d'accord. Le Juif Salomon, — pour l'Église saint Irénée — en qui se reflétait exactement le millénarisme du Jourdain, dit que le Seigneur n'est ni mâle ni femelle, c'est-à-dire qu'il a les deux sexes.
[138]
Voir Fr. Lenormant, les Origines de l'histoire d'après
Après Eusèbe (Praeparatio evangelica, XII, p.
535), plusieurs théologiens ont soutenu et développé la même interprétation,
entre autres Augustin Steuco, de Gubbio, préfet de
[139] Clément d'Alexandrie, Stromata, III.
[140] Une fois isolée, privée de son explication millénariste, elle a provoqué de répugnantes hérésies.
[141] Celui de Luc seulement, XX, 35, 36. On invente une discussion avec les pharisiens dans laquelle le scribe s'appuie sur les Paroles du Rabbi incontestablement.
[142] C'est l'ancien texte tel qu'il était dans les Evangiles au temps de l'auteur du Dialogue avec Tryphon, (voir ch. LXXXI in fine). On lit aujourd'hui dans le Luc du Saint-Siège : Fils de Dieu et fils de la résurrection, ce qui a un tout autre sens : la pseudo-résurrection de Bar-Jehoudda devient la garantir offerte. Le bon billet !
[143] Cité dans Clément d'Alexandrie, Stromata, III. Il est à remarquer que Salomé, en Évangile Maria, a toutes les confidences de Jésus sur cette question. La femme de Jehoudda, la mère des sept démons, mérite cette préférence.
[144] Interprétée en ce sens par les Nicolaïtes, cette parole était dans les Paroles du Rabbi. Supprimée des Evangiles canoniques, elle a donné lieu de la part des christiens aux excès les plus honteux et de la part des docteurs aux explications les plus saugrenues. Nous y viendrons, le moment venu.
[145] Stromata, l. III.
[146] Dialogue faussement attribué à Lucien et dirigé contre les christiens millénaristes dont la doctrine envahissait l'Egypte.
La sainteté originelle des hermaphrodites est une opinion aussi ancienne que le chaos dont le Jéhovah et l'Elohim ont tiré l'être humain. On la trouve auprès des Indiens et dos Chaldéens, dans les Védas et dans Bérose, auprès des Phéniciens, auprès des Grecs. Platon la met dans la bouche d'Aristophane.
[147] Ce sont les propres expressions du Quatrième Évangile.
[148] Mathieu, XIX, 12. Gloses sur les Paroles du Rabbi où elles étaient mises, comme ici, dans la bouche du Seigneur Jésus.
[149] C'est l'explication que l'Eglise a trouvée d'un événement qui aidait à comprendre le massacre des Innocents, et elle l'a glissée dans Josèphe. Le texte de Josèphe a été remanié en cet endroit et en vingt autres au cours du cinquième siècle.
[150] Mathieu, II, Nativité.
[151] Une dernière fois avant la mort d'Hérode, le zélotisme se réveilla en Jehoudda et en Mathias qui instruisaient la jeunesse de Jérusalem : à leur voix on arracha l'Aigle d'or qu'Hérode avait fait placer sur la principale porte du Temple : Hérode fit brûler Mathias et Jehoudda, puis mourut.
[152] En ce qui touche Ménahem, c'est ce qu'on croit pouvoir conclure des Actes des Apôtres où l'on rencontre parfois des traits involontaires de vérité.
[153] Patriarche d'Alexandrie, au fond le premier pape.