Les Romains avaient beau crier à la trahison[1], charger d'imprécations le nom de l'infâme Dasius de Brindisi[2], qui venait de livrer la place pour la misérable somme de quatre cents écus d'or[3], Casteggio n'en était pas moins perdue pour eux. L'avenir leur apparaissait sous les couleurs les plus sombres : coupées de leurs magasins de Casteggio et de Plaisance, les armées consulaires combinées mesuraient douloureusement l'étendue des difficultés de leur situation. L'orgueilleux Sempronius ne se possédait plus : il voulait s'en remettre aux hasards des combats du soin de sauver l'honneur militaire ; il ne parlait de rien moins que d'attaquer sur-le-champ les Carthaginois, de les détruire ou de se faire écraser par eux[4]. Ce n'était pas, quoi qu'on ait dit, parler en vrai Romain. De tels emportements ne méritaient, au contraire, que l'expression d'un froid dédain de la part des vieux soldats de Rome, qui prisaient moins chez leurs gens de guerre la bravoure et la folle audace que la fermeté, l'énergie calme en face du danger, la constance et l'inébranlable force d'âme à l'heure des revers foudroyants[5]. La passion, si noble qu'elle soit, ne doit jamais hanter l'esprit de qui professe sérieusement le métier des armes ; le moindre souffle de raison renverse plus d'obstacles qu'un ouragan d'ardeurs irréfléchies. De plus, ces phrases sonores pouvaient alors passer pour des forfanteries, car on était encore loin de se trouver réduit à la nécessité de prendre des résolutions désespérées. Après quelques moments de vive effervescence, le consul eut certaine intuition de l'inopportunité de ses motions belliqueuses et, entrevoyant les conséquences de la responsabilité qu'il assumait, crut devoir tempérer ses bouillantes allures[6]. Alors, on le vit se rapprocher de Scipion, lui demander toute espèce de renseignements sur les événements qui venaient de s'accomplir, s'enquérir de son sentiment sur les dangers de la situation présente, entrer enfin en conférences paisibles avec le prudent collègue dont il venait de railler les tendances. Les premières séances du conseil de guerre ouvert d'un
commun accord entre les consuls furent consacrées à l'examen des propriétés
militaires de la position qu'on occupait derrière une ligne de défense telle
que celle de Bien qu'elle ne soit, en temps ordinaire, qu'un cours
d'eau de proportions médiocres, La valeur exceptionnelle de cette ligne de défense ne fut
assurément méconnue ni des anciens Ligures ni des Gaulois que Rome eut à
combattre en Cispadane, antérieurement à la deuxième guerre punique ; ou
verra tout à l'heure quel parti surent en tirer les défenseurs de l'Italie
péninsulaire au temps de l'expédition d'Annibal. Depuis lors, le temps n'a
nullement modifié les conditions du rôle qu'elle est, de sa nature, appelée à
tenir, et l'histoire a compté nombre de journées
de L'année suivante (juin 1800),
les Français rencontraient encore les Autrichiens sur les bords de En 1859, enfin, le 12 mai, les Autrichiens jetaient dans
la vallée de Il est un monument épigraphique qui consacre le souvenir
des principales journées de Scipion, que les documents de notre histoire moderne ne
pouvaient éclairer, n'en insistait pas moins auprès de son collègue sur le
fait des propriétés militaires de Au fond, Sempronius approuvait ces discours ; il se disait
que son collègue avait raison ; mais un intérêt tout personnel l'incitait à
précipiter le dénouement. Voyant s'approcher l'heure des élections, ce
vulgaire ambitieux ne voulait pas laisser à de nouveaux consuls la gloire
d'anéantir l'envahisseur de l'Italie. Son dessein était d'exciper de l'état
de santé de Scipion pour s'arroger exclusivement le commandement des armées
consulaires ; de faire, au moment opportun, prendre les armes aux troupes
réunies ; enfin, de risquer une action décisive. Le pauvre Cornélius, à peine
convalescent, combattait de son mieux ces funestes tendances ; mais il avait
beau faire, sa résistance n'aboutissait point. C'est que les armées en
campagne, si sévèrement disciplinées qu'elles soient, n'échappent pas
toujours aux effets de l'intrigue, cette plaie des agglomérations humaines.
La coterie dont Sempronius était l'âme portait le trouble au camp de Rivalta,
agitait l'opinion, mettait l'esprit des légionnaires à la torture. Elle
colportait les bruits qui circulaient à Rome, se faisait l'écho des
appréciations malveillantes dont le Forum retentissait, car nulle part il
n'est bon d'être vaincu ; les généraux malheureux sont, toujours et partout,
cruellement raillés. On reprochait à Scipion de s'être fait battre successivement
sur chacun des deux versants des Alpes, sur le Rhône et sur le Tessin ;
d'avoir fait en Lomelline acte de témérité, et maintenant, sur Toujours bien informé de ce qui se passait au camp romain, Annibal se réjouissait du fait de ces agitations. Les amis de Sempronius faisaient, en effet, ses affaires ; ils travaillaient, sans le savoir, pour lui, car son avis sur la question pendante était, de tous points, conforme à celui de Scipion. Comme Scipion, il connaissait l'inexpérience des troupes romaines, récemment recrutées, et la mobilité de ces Gaulois qui, embrassant aujourd'hui le parti de Carthage avec une étrange frénésie, pouvaient subitement l'abandonner demain. Il savait enfin que son malheureux adversaire avait été grièvement touché ; que le blessé ne pouvait encore ni monter à cheval ni prendre une part active à la conduite des opérations ; que, par conséquent, on ne courait, pour le moment, aucun risque d'avoir affaire à un brave soldat, d'un incontestable mérite. Pour ces raisons, le général en chef des troupes carthaginoises appelait de ses vœux l'heure de la crise, autant que pouvait le faire l'ardent Sempronius[18]. Pour agacer un adversaire dont il sait l'humeur irritable,
Annibal envoie 2.000 hommes d'infanterie et un millier de cavaliers Imazir'en[19] raser le
territoire de quelques clans gaulois qui tiennent encore pour les Romains.
Sempronius, piqué au vif, fait aussitôt passer Le consul, que la colère emporte, lance vivement à la rescousse tout ce qui lui reste d'infanterie et de cavalerie légère[21]... mais le sage Annibal, sentant le but atteint, renonce brusquement à ce rôle de provocateur : il donne à ses officiers d'ordonnance mission d'opérer le ralliement des détachements[22] qu'il a déployés dans la plaine ; une fanfare de σαλπιγκταί[23] sonne la retraite aux fourrageurs. Alors Sempronius voit échapper sa proie !... un véritable accès de rage s'empare de lui : ivre de fureur, ainsi qu'un de ces taureaux des arènes espagnoles que les banderillos ont longtemps harcelés, il s'agite et se démène, jurant qu'il ne veut plus subir de tels affronts. Les éclats de cette fougue insensée arrivèrent jusqu'aux oreilles de l'astucieux Carthaginois, qui sentit s'approcher le moment qu'on a si bien nommé psychologique. Tout étant à ses yeux bien mûr et bien à point, il se tint prêt à soutenir une lutte qu'il jugeait imminente[24] ; ses espions et ses reconnaissances lui firent, d'ailleurs, connaître que les Romains se disposaient à l'attaquer[25]. On était à la veille de la crise tant désirée de part et d'autre. Où s'est-elle donnée cette bataille si fameuse de Si l'on veut prendre utilement part au débat, il est
indispensable d'interroger les textes. Or, premièrement, Polybe, Tite-Live et
Silius Italicus nous font connaître[34] que les
positions occupées par les deux armées en présence ont pour ligne de
démarcation le cours même de Cela posé, on sait que, au moment même de l'engagement, Annibal
fait huit stades en avant des
positions qu'il occupe[39]. Si donc, de
Settima pris pour centre, on décrit une circonférence de En résumé, nous estimons que les Romains ont occupé Statto-Rivalta ; les Carthaginois, Settima[43] ; que le corps
de Magon s'est embusqué dans Les deux armées, romaine et carthaginoise, établies sur
les bords opposés de Ici, le lecteur peut se demander s'il est réellement
possible de déterminer cette date avec une précision aussi rigoureuse. Nous n'ignorons
pas que, après de longues discussions chronologiques, la plupart des
commentateurs ont fini par laisser flotter l'événement au cours de décembre[45]. Assurément, ce
n'est point là se compromettre, mais des limites aussi larges nous paraissant
inadmissibles, nous avons cru devoir en restreindre l'intervalle. Que disent,
en effet, les textes auxquels il convient de s'en référer ? Frontin et Florus
placent l'épisode en plein cœur de l'hiver[46] ; Polybe et Appien,
vers le temps du solstice[47], c'est-à-dire à
une époque peu éloignée du 22 décembre. Cette approximation serait déjà suffisante
; mais on peut en obtenir une plus grande encore, si l'on veut bien observer
que le combat du Tessin s'est donné le premier jour dudit mois de décembre ;
que Scipion, battant précipitamment en retraite, a repassé le Tessin dans la
journée du 2 ; qu'il a pu, en vingt-quatre heures de marche forcée, faire les
36 milles ( Nous supposons que, cette nuit-là même, il a expédié ses
dépêches à Rome, ainsi qu'à Rimini, moyennant l'emploi des méthodes de télégraphie
optique si familières aux anciens[48], et dont nous
voyons aujourd'hui s'opérer la renaissance. Sempronius, ayant reçu l'avis de son
collègue et les ordres du sénat, a pu se mettre en route dès le 5 au matin ;
et, comme il a dû faire vingt jours de marche, on peut admettre que, parvenu
le 24 à Bobbio, il a occupé Statto dans la journée du 25. Cela posé, un
passage très-précis de Polybe nous fait connaître que la journée de Donc, le 26 décembre, aux premières lueurs d'une matinée sombre[50] les hommes de garde aux camps de Rivalta et de Statto (vigiles castrorum) perçoivent une suite de bruits étranges... en y prêtant une oreille attentive, ils croient reconnaître un galop de chevaux. Le temps était mauvais ; une pluie fine tombait, mêlée à des flocons de neige ; l'œil le mieux exercé ne pouvait, même à faible distance, distinguer la forme des objets noyés dans la brume[51]. Les vigiles écoutent encore... ils ne sauraient s'y méprendre, ce sont bien des chevaux dont le rude sabot frappe la terre humide et qui déjà se sont rapprochés. Les piétinements deviennent tumultueux ; il semble qu'on ait affaire à tout un parti de cavalerie lancé à fond de train ; bientôt, le doute n'est plus possible, une troupe suspecte émerge de l'ombre... elle apparaît ! La voici sous les palissades[52], autour desquelles on la voit tournoyer. La figure des cavaliers, d'abord d'un dessin assez vague, ne tarde pas à s'accuser plus nettement. On dirait des Africains, des Imazir'en[53], pareils à ceux qui viennent de tant malmener l'armée romaine sur les bords du Tessin. Quelles sont leurs intentions ? Ces sauvages cavaliers les prononcent clairement en poussant de grands cris et couvrant de leurs projectiles le chemin de ronde des vigiles[54]... les camps romains sont insultés. C'étaient, en effet, des Imazir'en. Ces irréguliers
extraordinaires, rompus à toute espèce de fatigues et bravant sans sourciller
les plus rudes intempéries des saisons[55], venaient de
traverser Chargés du soin d'aiguillonner le consul, de provoquer chez ce téméraire un état d'irritation aiguë, de l'amener enfin à l'idée d'une sortie sérieuse[60], les braves Imazir'en, habiles à toutes les ruses de guerre, accomplirent leur mission avec un art merveilleux, si bien que Sempronius, saisi de la nouvelle et absolument exaspéré, assembla sur-le-champ ses officiers, tribuns, centurions, signiferi, leur montra leurs pénates odieusement violés, leur parla de la patrie profanée[61], et proclama péremptoirement qu'un tel outrage criait vengeance. Le soldat romain, tout brave qu'il était, n'aimait point à faire la guerre en hiver[62], et cette matinée du 26 décembre lui paraissait particulièrement insupportable, car le froid était intense[63]. Mais, malgré les rigueurs de la bise, l'outrecuidant consul ne pouvait hésiter ; il lui fallait du sang pour laver l'injure faite à ses armes ; l'honneur militaire était en jeu ; il le fit durement sentir à ses légionnaires, en leur donnant d'urgence l'ordre de se préparer à combattre. Aussitôt toutes les troupes furent en mouvement : la cavalerie, placée en tête de colonne, sortit la première de ses palissades[64] ; elle fut suivie de l'infanterie légère[65], et la marche fut fermée par l'infanterie de ligne. L'armée romaine s'ébranlait tout entière[66]. Ces forces réunies, quittant leurs positions de
Statto-Rivalta, descendirent à Pour former en bataille les troupes qu'il commandait, Sempronius, dit Polybe, adopta l'ordonnance en usage dans l'armée romaine[68]. Il n'entre point dans le cadre de cette étude d'exposer l'organisation et le mécanisme tactique de la légion ; c'est un sujet qui a déjà suscité nombre de commentaires[69], et qu'il serait oiseux de traiter à nouveau. Toutefois, il nous faut retracer, en une rapide esquisse, les linéaments essentiels du tableau ; nous négligerons, ce faisant, tous les détails inutiles à l'intelligence de notre récit. Les troupes à pied se divisaient en infanterie légère (levis armatura) et infanterie de ligne (gravis armatura). La levis armatura ne comprenait que des chasseurs ou tirailleurs[70], uniquement munis d'armes de jet ; la gravis armatura se composait de trois corps destinés à combattre en ligne et pourvus, à cet effet, d'armures défensives et de bonnes armes de main : c'étaient les hastati, les principes, les triarii. Ces quatre éléments de l'infanterie légionnaire étaient, sous tous les rapports, essentiellement distincts[71]. Théoriquement, la légion comprenait 600 triarii, 1.200 principes,
1.200 hastati[72] et un nombre
indéterminé de tirailleurs ; mais l'effectif des triarii
demeurant fixé à 600, les chiffres afférents aux autres armes pouvaient
varier selon le temps et les circonstances. A Les hastati, principes et triarii
de chaque légion se partageaient respectivement en dix groupes[76] ; ces fractions
constituées, numériquement égales, étaient dites manipuli,
en mémoire de la poignée de foin qui, fixée au bout d'un long bâton noueux,
servait d'enseigne, aux Romains primitifs[77]. Les tirailleurs
étaient aussi répartis en dix pelotons[78]. Le manipulus, unité tactique, se formait en
bataille sur dix rangs. Il suit de là que, le jour de Pour former la légion en bataille, on alignait les hastati suivant une direction donnée, en faisant prendre à leurs dix manipuli des intervalles égaux à l'étendue de leurs fronts. En arrière de ce premier alignement, et parallèlement, à distance de manipulus, on disposait de même le corps des principes ; en troisième ligne enfin, toujours parallèlement et à même distance, on plaçait les triarii. Les trois armes de la gravis armatura ainsi établies constituaient un système de lignes à intervalles parallèles[79] ; mais il est essentiel d'observer que ces trois alignements se conformaient réciproquement à l'ordre en échiquier ; que les pleins correspondaient aux vides. L'épaisseur des dix rangs d'une ligne quelconque mesurait 11m,10 ; la profondeur totale des trois lignes, 55m,50, distances comprises. Les pelotons de levis armatura se plaçaient, lors des formations en bataille, derrière la ligne des triarii, mais le chiffre de leur épaisseur n'entrait point dans ce compte. Il est, d'ailleurs, facile de calculer l'étendue du front
de l'infanterie d'une légion en bataille. Chaque homme occupait, en effet,
0m,90 dans le rang[80], et il lui
était, en outre, attribué pareil intervalle en tous sens pour la liberté de
ses mouvements au moment du combat[81] ; la largeur
d'une file était, par conséquent, de 1m,80. Il suit de là que, à L'infanterie carthaginoise, organisée à la grecque[86], se formait uniformément
sur seize rangs compacts. Elle avait pour unité tactique le σύνταγμα ou
carré de 16 όπλίται
de côté ; seize συντάγματα
accolés constituaient une φάλαγξ
de 256 files ; quatre φάλαγγες,
une τετραφαλαγγία
de 1.024. Un όπλίτης
occupant 0m,90 dans le rang[87], le σύνταγμα
présentait en bataille un front de 14m,40 ; la φάλαγξ
un front de 230m,40 ; la τετραφαλαγγία,
de 978m,80, tous intervalles compris. Or, à En définitive, les Carthaginois n'avaient que 38.000 hommes à opposer aux 46.000 ou 50.000 combattants des armées consulaires combinées. Le fait de la supériorité numérique des Romains est donc incontestable, et cette supériorité s'exprime, ainsi qu'on le voit, par un chiffre de 8.000 à 12.000 hommes ; il est, de plus, avéré que leur effectif en infanterie l'emportait d'un tiers sur celui des forces similaires de l'envahisseur. On peut, en conséquence, faire justice du dire qui leur attribue assez gratuitement plus du double de l'infanterie carthaginoise. Napoléon Ier, qui nous a laissé cette affirmation si étrangement entachée d'inexactitude, a, d'ailleurs, parfaitement raison de prétendre que la cavalerie d'Annibal était supérieure en nombre et en qualité[96]. La cavalerie carthaginoise, avait dit avant lui Montesquieu[97], valait mieux que la romaine, pour deux raisons : l'une, que les chevaux numides et espagnols étaient meilleurs que ceux d'Italie ; et l'autre, que la cavalerie romaine était mal armée ; car ce ne fut que dans les guerres que les Romains firent en Grèce qu'ils changèrent de manière... Une étude comparée des modes de formation en bataille respectivement
adoptés par les adversaires en présence nous imposerait préalablement
l'examen des propriétés tactiques de la légion et de la phalange ; or, ce
sujet, qu'on a déjà tant de fois et si diversement traité[98], sans parvenir à
l'élucider franchement, ne nous paraît pas réclamer des dissertations
nouvelles. Observons seulement que Napoléon Ier, ayant, à son tour, effleuré
la question, s'est égaré dans les considérants du jugement qu'il a cru pouvoir
formuler. Sempronius, dit-il[99], fut battu à Un reproche plus sérieux a été fait à Sempronius. Ce consul, dit Folard[100], suivit la coutume romaine dans une conjoncture où il était besoin de fortifier beaucoup plus ses ailes, et où il était le plus faible ; mais rarement les Romains changeaient dans leur façon de se ranger, car l'on peut dire qu'à l'égard de leur tactique, la routine avait un aussi grand pouvoir qu'elle en a dans la nôtre. Le consul ne devait pas ignorer qu'Annibal était supérieur en cavalerie... et que la supériorité de cette arme fait beaucoup dans un terrain où les ailes, de part et d'autre, se trouvent en l'air, sans être appuyées nulle part. Un capitaine expérimenté peut suppléer à la faiblesse d'une arme par la force de l'autre... Les Romains étaient plus forts en infanterie ; rien n'empêchait leur malhabile général de soutenir sa cavalerie, d'y faire passer non-seulement les triaires, alternativement mêlés parmi les escadrons, mais encore une partie de ses armés à la légère... je ne sais ce qu'il en serait arrivé, si le consul eût pris le parti de faire soutenir sa cavalerie par son infanterie... Les mauvais généraux sont semblables aux médecins ignorants, qui tueraient plutôt leurs malades que de sortir des règles ordinaires. Il ne serait pas difficile d'accabler encore à d'autres
points de vue la mémoire de ce Sempronius, qui allait si délibérément se faire
battre sur Les hommes, surmenés, souffraient, de plus, du froid. Au
moment où il leur fallait marcher au combat, un aigre vent du nord cinglait
cruellement ces visages bronzés au sirocco de Ce n'était pas assez : exténués et transis, les malheureux soldats mis en demeure de combattre tombaient d'inanition au moment où ils allaient être tenus de faire acte de vigueur ; sortis de leurs tentes à l'improviste et sans avoir pris de nourriture, ils mouraient littéralement de faim[104]. Leur général avait simplement omis de tenir compte du principe aux termes duquel les vieux capitaines de l'antiquité n'eussent jamais entrepris une affaire avant d'avoir amplement fait boire et manger leurs soldats[105]. Mais l'étonnant Sempronius, absolument étranger à l'art de l'organisation des armées, hostile à tout souci des affaires de détail, n'était pas homme à s'émouvoir de ces contretemps. Ce vaniteux, plein de simplicité, se figurait audacieusement que les faveurs des comices lui avaient conféré, avec le consulat, l'expérience et les qualités requises de tout bon général ; qu'il lui suffisait d'avoir revêtu la pourpre pour exercer excellemment le commandement ; d'avoir coiffé le casque aux longs panaches pour se dire passé maître en l'art de la guerre[106]. Ce médiocre personnage s'imagina, dit Folard[107], qu'il n'avait qu'à se présenter pour vaincre, sans prendre aucune des mesures nécessaires à l'exécution d'un grand dessein. Quel saisissant contraste offrait l'aspect des armées consulaires avec celui de l'armée carthaginoise ! Tandis que les légionnaires marchaient à l'abandon, leurs heureux adversaires étaient l'objet des soins les plus minutieux de la part d'un général vigilant, qui, lui, n'ouvrait jamais au hasard qu'un droit de puissance subalterne, celui qu'on ne saurait, en somme, lui refuser. En dehors des limites de ce rôle restreint, tout avait été correctement soumis au calcul. Après les longues étapes qu'ils avaient dû fournir, les soldats d'Annibal, établis à Settima, venaient d'y prendre un repos réparateur[108] ; au moment où allait s'engager une action nouvelle, ils se sentaient frais et dispos. Dès l'aube, de grands feux flamboyaient sur le seuil de leurs tentes[109] ; sous les rayons de ces foyers ardents, ils oubliaient les rigueurs de la nuit, et, pendant qu'ils fourbissaient les armes ou faisaient le pansage des chevaux[110], de lourds chariots[111] défilaient en silence le long de leur front de bandière illuminé. C'étaient les voitures du parc de réserve du service des subsistances, escortées des fonctionnaires administratifs et de leurs commis aux écritures[112]. Le chargement consistait en denrées de toute espèce, enfermées dans de grands sacs de cuir, des peaux de boucs, des paniers d'osier ou des jarres en terre cuite[113]. Laissant sur roues leurs approvisionnements en matières premières, telles que grains et farines[114], les agents déchargeaient au seuil de chaque tente des rations de vivres transformées par une cuisson préalable[115] en objets de consommation immédiate : des pains, des polentas, des galettes préparées à la manière gauloise[116] (gallettes), du sel, dont les anciens étaient si friands qu'ils le mangeaient, sans autre mets, avec le pain. Cette denrée faisait indispensablement partie de l'ordinaire du soldat et même de sa solde (salarium) ; il ne pouvait s'en passer[117]. Les commissaires distribuaient, en outre, des salaisons : viandes de haut goût, charcuteries apéritives, chairs de porc cisalpin vigoureusement assaisonnées[118] ; des conserves de poissons, analogues à nos poudres de viande[119] ; des fromages[120], des olives[121], des oignons[122], des gousses d'ail[123] ; pour dessert, des fruits secs ou confits : figues et baies de myrte[124] ; pour stimulants, des têtes de pavots macérées dans le miel[125] ; enfin, des liquides : de l'huile[126] et du vin[127]. La distribution opérée, les troupes reçurent l'ordre de prendre leur repas du matin[128]. Ainsi, pendant que les légionnaires romains étaient, comme on le sait, à jeun et grelottants, les Carthaginois, bien traités, magnaient, buvaient gaiement ou se chauffaient. Quand ils eurent fini de se réconforter[129], on leur donna des flacons d'huile aux parfums pénétrants, pour s'oindre tout le corps et s'assouplir les membres[130]. Telle était l'antique coutume militaire, tirée des us de l'athlète olympique, et qu'Annibal, à l'exemple d'Alexandre et d'Eumène, n'avait pas manqué d'introduire dans les règlements de son armée. Cette toilette gymnastique se fit devant les feux de bivouac ; puis les hommes se rhabillèrent, coiffèrent le casque et bouclèrent la cuirasse ; leurs armes bien fourbies, réfléchissant la flamme, brillaient d'un éclat de bon augure ; les chevaux, sellés et bridés, hennissaient en dressant l'oreille[131] ; matériellement, on était prêt. Mais il ne suffisait pas au général en chef d'avoir
prescrit à ses compagnons d'armes une série méthodique de précautions et de soins
corporels ; imbu, dès son enfance, des saines théories de l'art du commandement
et sachant l'exercer en maître[132], Annibal ne
négligeait jamais l'œuvre de la préparation morale. Assemblant donc les
officiers qui servaient sous ses ordres, il leur rappela qu'il avait besoin
de compter sur leur dévouement, même sur un louable entrain à remplir leurs
devoirs professionnels[133]. Il leur parla des
dieux, de la patrie, de l'honneur, aborda savamment les sujets propres à
soulever les passions, et fit, pour sa péroraison, appel au plus puissant des
moyens oratoires, à celui qui, procédant des éternels principes de la sagesse
économique, met en jeu les ressorts de l'intérêt individuel. Façonnés au
respect d'une règle qui ne rencontrait ni opposants ni détracteurs, les
anciens attribuaient aux services militaires une valeur qui, comme les autres
sources de la richesse, était cotée sur le marché et soumise aux fluctuations
du cours. Au Ve siècle avant notre ère, ils considéraient comme suffisamment
rémunérateur le prix d'une cyzicène ou
darique (27
fr. 58 c.) par soldat d'infanterie et par mois[134], ou d'une
drachme ( Cela posé, il convient d'observer que le service de la solde comporte, dans l'antiquité, divers accessoires, tels que primes d'engagement, gratifications, suppléments, récompenses. Un gouvernement a-t-il besoin de soldats ? Il offre deux mines (183 francs) à tout homme qui voudra s'enrôler, un talent (5.500 francs) à tout chef qui sera prêt à servir sa cause[138]. Un prince croit-il nécessaire de s'assurer la fidélité d'un petit corps de troupes ? Il lui fait, en un jour, don gracieux de 10.000 dariques (275.800 fr.) payées comptant[139]. Est-il sur le point d'entrer en campagne, et les opérations impliquent-elles des difficultés ? Il traite à prix librement débattu et consent un supplément de solde de moitié en sus[140]. Partout, avant les actions décisives, on voit les chefs d'Etats ou les commandants d'armées promettre à ceux qui se conduiront bien des distinctions honorifiques ou des récompenses pécuniaires[141]. Parmi celles-ci figure l'octroi éventuel, soit d'une part de butin, soit d'une solde double, triple ou quadruple[142], soit enfin d'une somme d'argent une fois donnée, à titre de gratification[143]. Pour Annibal, quelles promesses a-t-il faites à ses mercenaires, le matin de L'effet de ces promesses se manifesta sur-le-champ par l'explosion d'une vive ardeur belliqueuse. Reposés, bien armés, bien montés, refaits par un excellent repas, le cœur joyeux, l'esprit libre, pleins de foi en leur général en chef, les combattants carthaginois se proclamèrent capables d'accomplir des prodiges[146]. Quand, après avoir parachevé leurs manœuvres, les deux armées se trouvèrent face à face[147], il était déjà tard ; encore quelques heures, et la nuit devait succéder à cette sombre journée de décembre[148], qu'allaient remplir tant de scènes de mort. Annibal et Sempronius sentaient qu'il était temps d'agir. Une fois à bonne distance, ils arrêtèrent, pour ainsi dire d'un commun accord, leurs troupes d'infanterie de ligne, et celles-ci prirent une attitude expectante, en observant une immobilité absolue. Ces épaisses masses d'hommes semblèrent pétrifiées : on eût dit des murailles de fer[149]. Alors, des deux côtés, s'ouvrirent des fanfares : les champs que la bataille allait ensanglanter retentirent des sons perçants de la σάλπιγξ et de la βυκάνη d'argent des Carthaginois, des notes aiguës de la tuba, de la buccina et de la corna de cuivre des Romains[150]. C'étaient, de part et d'autre, des sonneries pressantes, équivalant à celles qui traduisent aujourd'hui à nos troupes le commandement réglementaire : En tirailleurs ! Effectivement, tous les créneaux[151] des légions romaines, tous ceux de la τετραφαλαγγία carthaginoise, livrent passage à des essaims de tirailleurs qui portent une tunique serrée à la taille[152], faite pour se prêter à l'agilité de leurs mouvements. Ils s'écoulent en un clin d'œil... puis, ces fourmilières d'hommes aux jarrets d'acier se déploient méthodiquement pour former une chaîne en avant du front qu'elles ont à couvrir[153]. Là, voltigeant avec prestesse, chaque parti se met à provoquer son adversaire[154] ; il engage l'action, à la manière de la brume qui annonce une pluie d'orage et lui sert de prélude[155]. On distinguait, du côté des Romains, une nuée de combattants armés du γρόσφος ou hasta velitaris, dont l'invention était attribuée aux Etrusques[156] ; des frondeurs mercenaires[157], des archers[158] d'origine crétoise, recrutés en Sicile ou sur la côte Adriatique de l'Italie méridionale, principalement à Brindisi[159] ; du côté des Carthaginois, des Baliares, dont le nom, fameux dans l'antiquité, impliquait militairement la signification de frondeurs émérites[160]. C'est à tort cependant que Végèce leur attribue[161] l'invention de la fronde ; les habitants encore sauvages des îles Gymnasiennes (Majorque, Minorque et Ivice) n'avaient fait, à cet égard, que profiter d'une instruction donnée par les Phéniciens. Les Baliares d'Annibal portaient, en temps ordinaire, une tunique à large bordure de pourpre ; mais, pour combattre, ils s'étaient mis à nu jusqu'à la ceinture[162], afin de laisser à leurs bras une entière liberté d'action. Ils avaient en bandoulière une gibecière ou sacoche[163] contenant leurs munitions ; chacun d'eux était armé de trois frondes : l'une enroulée à la tête, à la manière d'une brîma arabe ; une autre autour du corps ; la troisième à la main[164]. Les trois engins consistaient en de simples lanières de cuir, tendons de bœuf ou sangles de crin[165]. C'est à ces habiles praticiens qu'il était ordonné d'engager le combat[166]. Ils commencèrent par dérouler la courroie de leur μακρόκωλον, ou fronde appropriée au tir à grande distance[167], puisèrent une à une, dans leurs sacoches, ces balles de plomb[168] dont l'expérience avait depuis longtemps permis d'apprécier les propriétés balistiques[169], et en projetèrent successivement, mais rapidement, un nombre formidable sur les manipuli romains. Leur adresse était extraordinaire ; ils ne manquaient jamais d'atteindre le but visé[170]. Bien mieux, ne se contentant pas de prendre pour cible la tête d'un rorarius ou d'un hastatus donné, ils touchaient leur adversaire en telle partie du visage qu'il leur avait plu de choisir[171]. Poussant ensuite en avant, ils prirent leur fronde de moyenne grandeur et, gardant en réserve le reste de leurs balles de plomb, firent pleuvoir sur l'ennemi les galets ovoïdes qu'ils avaient ramassés la veille sur les bords de la Trebbia[172]. Se rapprochant encore et recourant cette fois à l'emploi du βραχύκωλον, ou fronde en usage dans les engagements à petite distance[173], ils lancèrent sur les masses romaines des pierres de gros volume, d'un poids supérieur à celui de tous les projectiles alors en usage[174]. Bien qu'il n'eût coutume de faire faire qu'un seul tour de moulinet à sa fronde[175], le tirailleur baliare savait imprimer à ces fragments de roche une vitesse initiale assez grande pour qu'on pût les croire envoyés par des organes de catapulte[176]. Écrasés sous une grêle de pierres de tout calibre[177], étourdis des craquements
de leurs casques, de leurs cuirasses, de leurs boucliers fracassés par les
projectiles[178],
les légionnaires de Sempronius furent, après peu d'instants, atterrés[179]. Comment faire
pour résister à un ouragan dont nous ne saurions mieux comparer les effets
qu'à ceux de l'explosion d'une fougasse-pierrier, accompagnée d'un feu de
mousqueterie bien nourri ? Les frondeurs baliares se tenaient hors de portée
du γρόσφος
des rorarii[180] ; les archers crétois
avaient, pour la plupart, épuisé leurs munitions[181] ; d'ailleurs,
une humidité persistante paralysait l'action des cordes de leurs arcs[182]. Le consul crut
alors devoir appuyer sa levis armatura
de moyens plus puissants que ceux de l'arc, du javelot ou même de la fronde[183] : il fit mettre
en batterie quelques pièces d'artillerie névrobalistique. Ces engins
n'étaient point le produit d'une découverte récente ; historiquement, l'usage
en remonte à plus de huit siècles avant notre ère[184], et nous avons
dit (liv. V, chap. IV) que les Romains
eux-mêmes s'en étaient servis au cours de la première guerre punique. Mais
les tons d'un appareil encore imparfait se détraquaient facilement sous
l'influence de la pluie ou d'un simple brouillard[185]. Or, le jour de
Bien que les textes n'en disent rien, il nous paraît vraisemblable qu'Annibal dut aussi faire donner quelques-unes de ses pièces, car, à l'exemple d'Alexandre le Grand[187], il traînait, lui aussi, une artillerie de campagne. C'est un fait que nous avons essayé d'établir (liv. V, chap. IV.), en exprimant, de plus, que cette artillerie était névrobalistique, ou, comme le disent certains commentateurs, névrotone. Dès lors, on est conduit à se demander pourquoi les textes, qui mentionnent l'état de détérioration des machines romaines, restent muets en ce qui concerne les engins carthaginois. Comment expliquer que le matériel d'Annibal échappe ainsi à l'influence pernicieuse des circonstances hygrométriques de la journée du 26 décembre ? Nous ne pouvons répondre à cette question qu'en émettant une hypothèse dont les bases ne seront sans doute pas jugées irrationnelles. Antérieurement à la grande période alexandrine qui correspond à l'intervalle de temps compris entre le siècle d'Alexandre et le siècle d'Auguste, le jeu des appareils balistiques ne provenait que de la force de torsion d'un ou plusieurs faisceaux de fibres élastiques, lesquels exerçaient leur action sur des leviers propulseurs, à la manière d'une corde de scie qui commande son taquet de serrage[188]. Mais, au cours de cette période, un événement considérable se produisit, qui modifia profondément les conditions du problème : le fils d'un simple barbier d'Alexandrie, le fameux ingénieur Ctesibius, auquel on attribue l'invention du piston[189] et d'une espèce de machine à air comprimé, eut l'idée de remplacer les fibres élastiques, tendons, chanvre, cheveux ou crins, par des ressorts métalliques ; de substituer ainsi à l'engin névrotone, reconnu défectueux, un mécanisme perfectionné, qui prit le nom de χαλκότονον όργανον[190]. Suivant la même voie que son maître, un élève de Ctesibius, le non moins célèbre Héron d'Alexandrie, auquel on doit la description technique de la chirobaliste[191], introduisit dans cet engin un système de ressorts à canons ou rubans d'acier. Cela posé, est-il permis de croire que le sage Annibal,
qui, certainement, se tenait au courant des progrès de l'art, ait connu les
améliorations apportées au matériel de l'artillerie par Ctesibius et Héron ?
Nous n'hésitons pas à répondre affirmativement. On sait, en effet, que la
deuxième guerre punique (218-201) tombe
en pleine période alexandrine ; si l'on requiert des limites plus précises,
on peut observer avec MM. Kochly et Rüstow[192] que Ctesibius
vivait sous Ptolémée Soter (323-284),
c'est-à-dire antérieurement à la naissance du fils d'Amilcar[193]. Que, si l'on
refuse d'adopter ces limites du règne de Ptolémée Ier pour celles de la vie de
Ctesibius, on veuille considérer que la tradition attribue au génie
d'Archimède les procédés balistiques exposés en Dans cette hypothèse, les engins d'Annibal ne pouvaient craindre l'humidité, comme ceux de Sempronius. Nous reconnaissons que les textes ne parlent nullement du combat d'artillerie dont nous constatons la vraisemblance. Ce qui est, en tout cas, hors de doute, c'est que la levis armatara romaine fut impuissante à soutenir la lutte engagée avec celle des Carthaginois ; que le consul dut, en conséquence, prendre des dispositions nouvelles et faire rentrer à leur place de bataille les hommes qu'il avait envoyés combattre en ordre dispersé[198]. Annibal rappela aussitôt les Baliares, ainsi que ses λογχόφοροι, qui, n'ayant pas eu besoin de donner, reçurent l'ordre d'aller se former en seconde ligne. De part et d'autre, les tirailleurs s'empressèrent d'opérer le passage de leurs créneaux en retraite[199], et les deux infanteries de ligne se virent démasquées. Toujours immobiles, mais frémissants, les premiers rangs de la τετραφαλαγγία punique dévisageaient d'un œil farouche les hastati qui les affrontaient ; les légionnaires étonnés leur rendaient ces regards de défi. Tous ces hommes de fer, aux pesantes armures, se sentaient arrivés à l'heure décisive... ils allaient donc enfin pouvoir se mesurer corps à corps[200] ! La σάλπιγξ, qui venait de sonner la retraite aux tirailleurs carthaginois[201], avait cessé de se faire entendre. Il y eut quelques moments d'un silence plein d'anxiété... puis, ce silence fut brusquement rompu par les premiers accords d'une symphonie : la flûte[202], accompagnée de harpes et de lyres[203], attaquait une marche dont le rythme facile était franchement scandé par le tambour[204]. Cette musique militaire avait eu soin de choisir le morceau de son répertoire le plus propre à marquer la cadence du pas ; c'était une mélodie naïve, mais élégamment orchestrée, à laquelle tous ces hommes qui marchaient au combat mariaient à mi-voix les paroles de l'hymne à Castor et Pollux[205]. Entraînés par les chants de ce poème antique, ils s'ébranlèrent avec ensemble et prirent un pas grave, au son des instruments. L'infanterie de ligne d'Annibal comprenait des contingents
espagnols, gaulois et africains[206]. Ceux-ci, l'élite
de l'armée[207],
étaient placés aux ailes, à l'effet d'encadrer les bandes gauloises, qui
alternaient régulièrement, au centre, avec des compagnies espagnoles[208]. Vêtu d'une
tunique rouge, le fantassin d'Afrique était solidement bardé de pied en cap :
il portait un casque de bronze, une cuirasse d'acier, merveille de ciselure,
un large bouclier circulaire tout resplendissant d'or et d'ambre, de corail
et d'ivoire[209]
; pour arme offensive, il avait, outre son glaive, une pique ou sarisse qui ne mesurait pas moins de 6 à Gens d'Afrique, d'Espagne ou de Cisalpine, tous marchaient
bien unis, d'un pas souple et ferme, en cadence. En approchant de l'ennemi,
ils serrèrent vivement leurs intervalles pour prendre la formation compacte
connue sous le nom de συνασπισμός.
Pied contre pied, boucliers jointifs, crinières auvent[217], n'occupant
plus chacun dans le rang qu'une simple coudée ( Ces masses d'infanterie, si bien en scène sur le terrain
horizontal et nu des plaines de Plusieurs moyens s'offraient d'arriver à ce but. Étant donnée la formation en ligne en échiquier, une légion pouvait passer à celle de la ligne déployée, pleine et sans solution de continuité : soit en serrant les intervalles dans chaque ordre de combattants, soit en faisant faire halte aux hastati et ordonnant, en même temps, une marche en avant en bataille aux principes, jusqu'à ce que les manipuli de ces derniers vinssent exactement s'encastrer entre ceux des hastati, les triarii demeurant en réserve. Mais les Romains savaient prendre une autre formation en ligne, formation dont il est nécessaire d'esquisser le caractère original. L'organisation de la légion romaine en cohortes semble
s'être inaugurée au temps de la deuxième guerre punique, puisqu'il est fait
mention de ces subdivisions constituées, non pas seulement à Zama[223], mais déjà même
à Trasimène[224]
; on peut donc sans absurdité en admettre le fonctionnement à la journée de La légion étant en ligne de colonnes de cohors pouvait prendre l'ordre compacte, soit en faisant serrer les intervalles sur une colonne de cohors donnée et appuyer ainsi toutes les colonnes l'une contre l'autre[226], soit en conservant les intervalles égaux au front d'un manipulus et faisant avancer en ligne les groupes de levis armatura pris pour obturateurs desdits intervalles[227]. Les textes ne disent point quelle fut, en cette occurrence, la manœuvre de Sempronius : il nous paraît probable que ses légions, formées d'abord en ligne en échiquier, sont passées à la formation en ligne pleine, par le moyen d'une marche en bataille des principes jusqu'à hauteur de l'alignement du front des hastati. Ce que nous savons, c'est que le consul allait à la rencontre de son adversaire en bon ordre et d'un pas aussi ferme que majestueux[228]. Les deux lignes d'infanterie s'abordèrent... Mais que pouvaient contre une maçonnerie de seize rangs serrés les ύσσοί (pila) ou les δόρατα (hastæ) des antesignani ? La phalange punique était inexpugnable[229]. Les Romains furent bientôt pénétrés du fait de leur impuissance : bien qu'ils eussent la satisfaction de mettre hors de combat quelques Africains, quelques Espagnols et nombre de Gaulois[230], ils ne se sentaient pas avancer d'une semelle. La fortune toutefois demeura longtemps indécise, car, s'ils n'étaient point de même force, les deux partis montraient une égale vigueur[231]. Pour trancher la question, les escadrons carthaginois reçoivent l'ordre de charger les deux ailes de l'armée romaine[232]. Ces cavaliers sont armés de pied en cap : leur bouclier, de forme rationnelle, ne défie pas seulement l'effet des projectiles, mais encore celui des coups d'épée, d'estoc ou de taille ; ils ont la lance au poing, une lance dont la hampe rigide est encastrée, par les deux bouts, dans de solides armatures de fer qui se terminent en pointes effilées[233]. Leurs adversaires sont, au contraire, sans cuirasse, et vont combattre en simple tunique ! Ces imprudents Romains n'ont qu'un fer à leur lance grêle et flexible ; ils ne portent qu'un petit bouclier de cuir, impuissant à les protéger d'une manière efficace ; d'ailleurs, cet appareil défensif est singulièrement détérioré : gonflé par une humidité persistante, il gode et parait inutile[234]. Les modes de formation des deux partis ennemis n'offrent pas moins de disparate : les έλαι d'Annibal sont sur huit rangs ; les turmæ de Sempronius, sur quatre. Enfin, la cavalerie carthaginoise possède une grande supériorité numérique[235]. Dans ces conditions, le résultat d'un choc est facile à prévoir : les Carthaginois, lancés au galop de charge, tombent lourdement sur les Romains, qu'ils enfoncent. Les légionnaires rompus se reforment en vain ; ils ont peine à tenir et n'opposent bientôt plus qu'une faible résistance[236]. C'est alors que, jugeant le moment opportun, Annibal prescrit à son έλεφαντάρχης, ou commandant supérieur du troupeau d'éléphants, de faire donner vivement les forces dont il dispose[237], d'en diriger l'effort sur les deux ailes[238], déjà passablement ébranlées, de l'armée romaine. L'ordre est hiérarchiquement transmis à chaque θηράχης, ou commandant de demi-section, qui le notifie aussitôt à ses deux έλεφανταγωγοί ou cornacs. En un clin d'œil, les vigoureux nègres[239] sont prêts à se porter en avant ; les éléphants qu'ils vont mener à l'ennemi portent fièrement leur tenue de combat : caparaçonnées de housses rouges, la tête empanachée de plumes ou de banderoles aux couleurs éclatantes, le cou ceint de colliers à gros grelots d'argent[240], les magnifiques bêtes semblent n'avoir revêtu tant de parures que pour glacer d'effroi[241] les audacieux qui voudraient affronter leur approche. Les conducteurs ont su rassembler ces énormes montures qu'un long dressage[242] a rompues à l'obéissance ; ils les flattent de la voix, leur répètent doucement le nom qu'elles portent et quelles connaissent[243], les invitent, par des claquements de langue, à se mettre bravement en marche à une allure mesurée. Les dociles kœsas[244] commencent par piétiner sur place ; puis, lentement, ils s'avancent en se dandinant et faisant mine d'esquisser un pas appris à quelque école de chorégraphie primitive[245]. Ils s'animent, lèvent vers le zénith leur ivoire menaçant, agitent fiévreusement leurs oreilles qui bruissent, et poussent ces barrits formidables[246], que les légions romaines prendront un jour pour cri de guerre. Ils s'échauffent... leur large bouche exhale une haleine embrasée, dont les âcres odeurs[247], emportées par le vent, arrivent jusqu'aux derniers rangs de la cavalerie romaine. Celle-ci ne saura pas supporter de sang-froid l'effet de tant de vives surprises : à l'apparition de ces colosses affublés de pourpre et montés par des hommes au visage noir, les chevaux ont tous tressailli. ils entendent mugir les monstres qui viennent sur eux la trompe haute ; ils en aspirent les effluves sauvages. Alors, saisis de terreur, ils se dérobent, forcent la main à leurs cavaliers, se précipitent, et s'entraînent mutuellement en des courses folles. On les voit tourbillonner, s'entre-heurter, s'enfuir[248] ; c'est une dispersion générale, une irrésistible déroute. La cavalerie consulaire une fois dispersée[249], l'infanterie n'avait plus d'ailes[250]. Elle tenait bon cependant, cette brave infanterie, mais l'énergie de ses efforts ne devait point la préserver d'un désastre ; elle résistait de front au choc de la phalange, quand ses deux flancs mis à nu furent, en même temps, assaillis par toute l'infanterie légère et les tirailleurs carthaginois : λογχοφόροι, Imazir'en, Baliares[251]. Les Baliares surtout se mirent à lui faire grand mal en inaugurant contre elle un tir qui peut passer pour le prototype de celui que les modernes ont connu sous le nom de tir à boulets rouges. Des fourneaux pleins de charbons allumés avaient été apportés sur les lieux[252], et dans ces fours chauffaient des balles ovoïdes en terre cuite, projectiles alors merveilleux que la fronde envoyait brûlants[253]. Les légionnaires de Sempronius étaient atterrés des ravages que faisait dans leurs rangs un tir ou, si l'on veut, un feu auquel ils ne pouvaient répondre. L'infanterie romaine, si vivement pressée sur ses flancs, est alors menacée d'une attaque de front par les ζωαρχίαι qui viennent de culbuter la cavalerie[254]. Les légionnaires frémissent... ils n'ont pas encore abordé les grands pachydermes dont, à l'exemple du roi Pyrrhus, le sagace Annibal a su tirer parti[255], mais la tradition leur a fait connaître le degré de puissance de ces combattants auxiliaires. Ces masses vivantes qu'on leur oppose prennent à leurs yeux des aspects fantastiques ; ce sont, s'imaginent-ils, des pans de roche détachés de l'Apennin, des montagnes ambulantes[256], des navires en détresse dans la plaine qu'inondent les débordements de la Trebbia[257]. Quelques-uns de ces animaux portent des plates-formes étranges, bordées de bastingages et garnies de combattants[258] ; les hastati les prennent pour des tours mobiles analogues à celles dont on se sert dans l'attaque des places[259] ; les triarii ne peuvent s'empêcher de comparer la τετραφαλαγγία carthaginoise à la muraille d'une enceinte fortifiée ; les éléphants qui viennent sur eux, aux tours flanquantes de cette enceinte[260]. Mais les illusions ne tardent pas à s'évanouir ; il ne peut être longtemps question d'ouvrages de fortification jetés isolément en avant d'une escarpe, ni de vaisseaux, ni de pitons ou mamelons animés. Les ζωαρχίαι, qui marchaient à une trentaine de mètres d'intervalle, se réunissent, deux par deux, en θηραρχίαι ; puis, quatre de ces demi-sections se soudent, à leur tour, en une έλαρχία ou subdivision de huit bêtes alignées sur un rang et serrées côte à côte[261]. Les Romains voient ainsi se former en bataille quatre έλαρχίαι formidables, qui doivent pousser ensemble en avant, comme une lame qui va déferler sur la plage. Les animaux en ligne manifestent une ardeur singulière : la trompe serpente, les oreilles battent, l'œil est farouche : c'est que leurs avisés έλεφανίαγωγοί viennent de leur donner des boissons enivrantes[262]. Les nègres, surexcités eux-mêmes, ne leur parlent plus amicalement ; ils les hèlent d'un ton bref, les assourdissent de cris rauques, les stimulent, leur piquent la tête et les oreilles à coups répétés de harpon[263]. Quand ils tombent comme une avalanche sur les légions romaines, les géants entraînés sont en plein accès de fureur. Le choc violent de ces έλαρχίαι
était bien de nature à jeter la panique dans les manipuli
; le désordre fut donc, en un instant, à son comble, et le moral des combattants,
sérieusement atteint[264]. Mécaniquement,
on jugera de l'effet produit, si l'on veut bien songer aux dimensions du
corps d'un éléphant[265] ; si l'on
considère que le poids peut s'en évaluer, en moyenne, à L'infanterie de Sempronius est donc facilement enfoncée par ces masses : il s'y fait des trouées d'une largeur énorme[267], plaies béantes d'où jaillit le sang, où palpite la chair des hommes écrasés[268]. Et ce n'est encore là qu'un des modes du carnage qui va s'accomplir. La plupart des colosses attachés à cette œuvre de mort ont leurs défenses munies d'armatures d'acier ou renforcées de piques de gros calibre[269] ; ils se servent de ces armes puissantes pour labourer profondément les rangs que leur poitrail ne parvient pas à rompre[270], pour éventrer les malheureux rorarii accourus au secours de la gravis armatura, les percer d'outre en outre ou les faire sauter en l'air, eux, leurs javelots et leurs boucliers[271]. Quelques-uns d'entre ces kæsas qui, comme le vieux Surus, ont perdu leur ivoire, procèdent d'une manière différente, mais non moins vigoureuse[272]. Ils battent de la trompe, saisissent de cette main l'homme qui se trouve sur leur passage, l'étouffent dans des replis de fer ou le broient sous leurs pieds, le projettent au loin[273] ou le livrent à leurs cornacs, qui lui plongent aussitôt un poignard dans la gorge[274]. Enfin, tandis que les éléphants massacrent[275] ainsi les tirailleurs romains, qui essayent de leur couper les jarrets, de les percer de coups à leurs parties vulnérables[276], les combattants carthaginois postés sur les tours font tomber sur les manipuli effarés une grêle de javelots et de projectiles incendiaires[277]. Et néanmoins, contre toute espérance, l'infanterie légionnaire trouve moyen de résister à ce terrible assaut[278]. Cette malheureuse infanterie, battue en brèche sur son front, harcelée sur ses flancs, entend tout à coup la σάλπιγξ carthaginoise qui retentit sur ses derrières[279]. C'est une sonnerie de mauvais augure, dont le poète Ennius, qui sert dans les rangs consulaires, grave dans sa mémoire la sinistre onomatopée : Taratantara ![280] Que signifient ces furieux coups de langue ? Quels sont les commandements exprimés par ces notes stridentes, qu'accompagne un concert de violentes clameurs ? Les légionnaires des derniers rangs, jetant obliquement un regard en arrière, aperçoivent au travers d'un rideau de pluie battante une multitude de petits chevaux lancés à fond de train[281]. Ces bêtes étranges, qui ne sont ni sellées ni bridées, obéissent à la simple baguette[282] ; les cavaliers qui les dirigent portent une large tunique à bordure de pourpre, sur laquelle est négligemment jetée une mastruga en peau de bête : ours, panthère ou lion. Quelques-uns sont couverts de vêtements bizarres, à scintillements d'écaillés de poisson ou de squammes de serpent[283]. Ils ont pour bouclier une rondelle de bois recouverte de cuir, pour cuirasse un corselet de peau[284], pour armes offensives : une épée droite, une courte lance à large fer et de petits javelots[285]. Çà et là, sur quelques épaules, brille un carquois bourré de flèches[286]. Avec eux sont des gens de pied dont l'aspect n'est pas moins farouche ; armés d'un grand bouclier circulaire en peau d'éléphant[287], ces sauvages fantassins bondissent au milieu des chevaux qui galopent, et tiraillent avec frénésie, pendant que la σάλπιγξ d'argent sonne implacablement le Taratantara. Un long cri de terreur s'échappe de la poitrine des antesignani... Les Africains !... font-ils douloureusement, ce sont les Africains ![288] La férocité des Imazir'en d'Annibal est déjà légendaire chez les soldats de Rome : on dit que ces irréguliers extraordinaires savent faire, comme des fauves, arme de leurs mâchoires, qu'ils étranglent à belles dents ou déchirent leurs ennemis, qu'ils leur sautent à la gorge pour leur sucer le sang, à la façon des lynx[289] !... Le consul Sempronius, personnage sérieux, ne saurait prêter l'oreille à de telles fables, mais il ne peut hélas ! s'abuser plus longtemps. La situation est d'une gravité terrible, et cette panique
de la gravis armatura n'a, malheureusement, que trop de raisons d'être : on est
pris à revers, on est tombé dans un guet-apens !... Qui jamais eût songé à
éventer pareille embuscade ?... Qui se doutait des dangers occultes enfouis
dans le ravin de C'est sans doute à l'exemple d'Annibal que le prince Eugène de Savoie, opérant, comme son modèle, sur la rive droite du Pô, dressa la célèbre embuscade de Luzzara, tant admirée du maréchal de Saxe. Le 15 août de l'année 1702, Eugène défilait derrière la digue du Zerô, non plus un simple détachement, mais la totalité de ses forces : l'infanterie, sur le ventre, contre le revers de la digue ; la cavalerie, en bataille derrière l'infanterie. Ainsi placés à l'affût, les Impériaux devaient tomber à l'improviste sur l'armée franco-espagnole et, probablement, la détruire jusqu'au dernier homme. Le coup faillit réussir : Vendôme, qui marchait tranquillement
sur Luzzara, ne dut son salut qu'à l'effet d'un heureux hasard. C'est que
Vendôme ne s'éclairait pas mieux que Sempronius, et que celui-ci ne paraît
pas s'être éclairé le moins du monde à la journée de Folard l'accable à ce sujet de reproches : Il est bien peu de généraux, dit-il[290], qui négligent une chose si importante et d'où dépend le
succès entier d'une bataille. Sempronius porta la négligence jusqu'à ce
point-là. Il s'imagina peut-être que ces précautions étaient inutiles dans un
plaine rase et découverte, qu'il lui suffisait de voir de loin, et rien ne
nous trompe davantage. Qu'il se soit attaché simplement à ce qu'il voyait
devant lui, au terrain qu'il occupait, et à celui de l'ennemi, c'est une
faute ; mais négliger de reconnaître celui qu'il a au delà de ses ailes et
sur ses derrières, voilà un sujet d'étonnement. Le bon sens exigeait qu'il
fît reconnaître et fouiller ces endroits qu'il avait à côté de lui sur les
bords du ruisseau. S'il l'eût fait, il n'eût pas manqué de trouver la bête au
gîte et d'éventer l'embuscade. Ce jugement sévère et assurément mérité ne doit pas seulement frapper Sempronius, car, si ce consul est tombé dans le piège, tout autre que lui s'y fût vraisemblablement laissé prendre. A cette époque, en effet, les gens de guerre de Rome étaient encore naïfs : l'esprit de circonspection, la clairvoyance, leur faisaient communément défaut. Ils savaient bien faire explorer les bois et les fourrés épais, où les Gaulois leur avaient déjà ménagé tant de surprises désagréables ; mais les plaines dénudées ne leur inspiraient point de défiance[291]. Ils ne se doutaient pas qu'un sol ras et chauve n'est souvent pas moins dangereux qu'une forêt sombre ; qu'il offre toujours des couverts où, moyennant quelques précautions fort simples, des partisans peuvent aisément dissimuler leur présence aux regards investigateurs de l'ennemi le plus soupçonneux. En jetant les yeux sur la rive droite de Pour Annibal, il avait, comme on sait, l'habitude de
reconnaître lui-même son terrain ; ses reconnaissances étaient toujours bien faites,
et il ne manquait jamais de les pousser à fond[293]. C'est ainsi qu'il
avait, d'un coup d'œil, pénétré la valeur des propriétés militaires de A la hauteur de Niviano, près du sommet de la courbe qui
prononce sa convexité vers le gué de Mirafiore (voyez
la planche XIV), Annibal avait jugé qu'il était possible de loger dans
le thalweg de Sur un avis favorable émis à l'unanimité des voix, le général en chef avait, sans désemparer, donné ses ordres. Ayant directement désigné, pour prendre part à l'expédition, cent hommes d'infanterie et cent de cavalerie pris dans l'élite de ses troupes, il leur avait, à chacun, prescrit de se choisir neuf camarades de combat aussi solides et résolus qu'eux-mêmes. Ces braves gens avaient été placés sous les ordres de l'intelligent Magon, le jeune frère d'Annibal : bien commandés, bien armés, munis de vivres, ils s'étaient, dès la veille, acheminés vers les positions qu'ils devaient occuper ; ils y avaient silencieusement passé la nuit, attendant le moment d'en sortir au signal convenu. C'étaient ces hommes de fer qui venaient de tomber sur les derrières des légions. Vivement enlevés par leur chef, ils jetèrent, du premier
coup, grand désarroi parmi les Romains[296], qui se mirent
à crier à l'infamie, à la trahison, à la mauvaise foi punique[297] ! Tous les manipuli souffraient cruellement[298] : enveloppés,
étreints dans un cercle de fer[299], pris à la fois de front, en flanc et à dos[300], ils se
débandèrent[301].
Mais où fuir ? La pluie, qui tombait à torrents, les empêchait de discerner
une voie praticable ; le fleuve, vers lequel ils se sentaient poussés, leur
barrait le passage[302] ; ils étaient
acculés à l'obstacle, qu'une crue subite rendait absolument invincible[303]. Les malheureux
légionnaires y furent précipités en masse[304] ; ceux qui
tentèrent d'échapper aux eaux furieuses de Couverts de monceaux de blessés, de mourants et de morts, les bords du fleuve étaient affreux à voir. Est-ce alors qu'Annibal aurait proféré les mots cruels que Sénèque amis dans sa bouche ? Ô le beau champ de bataille ! se serait-il écrié[306]. Certes, l'aspect des horreurs de la guerre peut laisser froids des généraux d'armée, préoccupés qu'ils sont du soin de leurs opérations difficiles ou saisis des grandeurs du succès obtenu ; il n'appartient qu'à Dieu de connaître esthétiquement d'un art dont il est seul à posséder la formule et la raison première. Nous estimons que Sénèque a ouvert une voie trop large à l'expansion de ses haines nationales. Ce qu'on peut sans réserve admettre, c'est qu'Annibal ne
pouvait demeurer insensible aux bruyantes manifestations de ses soldats ivres
de joie[307].
Tous, Africains, Espagnols ou Gaulois, avaient conscience d'avoir fait leur
devoir[308],
d'avoir prêté le meilleur concours au succès des merveilleuses combinaisons
de leur général en chef[309]. Tous
admiraient cet homme qui leur faisait accomplir des prodiges : et, songeant
au passé, ils se remémoraient, non sans orgueil, leurs expéditions de Pour lui, digne élève d'Amilcar, une saine intuition lui
révélait clairement le jugement des siècles à venir. Il sentait que nul capitaine
n'atteindrait jamais à la hauteur de ses conceptions stratégiques ; que ses
méthodes tactiques seraient à jamais admirables ; que, spécialement, sa
tactique de combat servirait toujours de modèle aux adeptes de l'art. Il se
plut un jour à proclamer que la victoire de FIN DU TOME DEUXIÈME |
[1] Polybe, III, LXIX — Tite-Live, XXI, XLVIII.
[2] Polybe, III, LXIX — Tite-Live, XXI, XLVIII.
[3] Tite-Live, XXI, XLVIII. — Ces quatre cents écus d'or équivalaient à 8.152 francs de notre monnaie.
[4] Polybe, III, LXIX et LXX. — Tite-Live, XXI, LII. — Appien, De bello Annibalico, VI.
[5] Polybe, VI, XXIV.
[6] Polybe, III, LXVIII et LXX.
[7] Strabon, V, I, 11.
[8] Pline, Hist. nat., III, XX.
[9] Strabon, V, I, 11.
[10] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LIV.
[11] Appien, De bello Annibalico, VII.
[12] Silius Italicus, Puniques, IV.
[13]
Selon certains commentateurs, cette rencontre aurait eu lieu, non sur
[14] Histoire du Consulat et de l'Empire, t. I, liv. IV.
[15] Rafaele Garilli, I Fasti di Piacenza, Plaisance, 1861.
[16] Voici le revers de la médaille de bronze qui fut frappée à l'occasion de la promulgation de ce décret, et que M. le comte Pallastrelli a bien voulu nous communiquer :
TREBIA
HANNIBALIS
A DXXXV V C
LICHTENSTEINII
A MDCCXXXXVI
SOVWAROFII ET MELAS
A MDCCLXXXXVIIII
VICTORIIS MAGNA
EX DECRETO AVGVSTAE
A MDCCCXXI
PONTE IMPOSITO
VTILITATE POPVLOR
FELIX
(Collection du comte Pallastrelli.)
[17] Voici le revers d'une autre médaille, aussi de bronze, frappée à l'occasion de la pose de la première pierre :
M LVDOVICA
AR AVST DVX PARM
FILIA
PONTI TREBIAE ADDITO
AVSPICII LAPIDEM
IMMISIT
CORAM
PARENTIB AMANTISS
A MDCCCXXV
(Atlas des monuments érigés par Marie-Louise, archiduchesse d'Autriche, duchesse de Parme, Plaisance et Guastalla.)
[18] Polybe, III, LXVIII et LXX ; Tite-Live, XXI, LII et LIII, passim.
[19] Polybe, III, LXIX. — Tite-Live, XXI, LII.
[20] Polybe, III, LXIX. — Tite-Live, XXI, LII.
[21] Polybe, III, LXIX.
[22] Polybe, III, LXIX.
[23] Polybe, III, LXIX. — Isaac Casaubon, qui traduit ces mots par per buccinatores, confond ici deux instruments distincts. La σάλπιγξ (tuba) était loin de ressembler à la βυκάνη (buccina), et si Polybe avait voulu parler de celle-ci, il eût écrit non σαλπιγτής, mais bien βυκανητής ou βυκανισίής, comme il l'a fait ailleurs (II, XXIX ; XXX, XIII).
[24] Polybe, II, LXX. — Tite-Live, XXI, LIII.
[25] Tite-Live, XXI, LIII.
[26] ... locum Campomortuum accolæ nominant... (Chronique du XVIIe siècle. Manuscrits de la bibliothèque du comte Pallastrelli.)
[27] Tableau historique de la haute Italie.
[28] De l'expédition d'Annibal, p. 32-20.
[29] Mémoires militaires sur les Grecs et les Romains, t. I.
[30] Histoire militaire des éléphants, liv. I, ch. X et note E.
[31] Quæstiones criticæ, cap. IX et X, passim.
[32] Campaigns of Hannibal, cap. I.
[33] ... nei contorni di Settima, Basilica, Altavello [Oltavello vel potius Ottavello], Larzano... tra la stradazza romana e l' odierna strada maestra che conduce al Rivergaro. (Cristoforo Poggiali, Memorie storiche della citta di Piacenza.)
[34] Polybe, III, LXXI et LXXII ; Tite-Live, XXI, LIV ; Silius Italicus, Puniques, IV.
[35] Frontin, Stratag. II, V, 23. — Appien, De bello Annibalico, VI.
[36] Zonaras, VIII, XXIV.
[37] Polybe, III, LXVI, LXVII et LXVIII ; Tite-Live, XXI, XLVII et XLVIII.
[38] Polybe, III, LXXIV ; Tite-Live, XXI, LVI.
[39] Polybe, III, LXXII.
[40] Polybe, III, LXXI.
[41] Polybe, III, LXVI. — Tite-Live, XXI, LIV.
[42]
[43] La tradition veut que les villages de Quarto, Settima, Ottavello, Niviano correspondent aux 4e, 7e, 8e et 9e bornes itinéraires de la chaussée romaine, dite aujourd'hui Stradazza, qui reliait Plaisance à Rivergaro.
[44] Vide infra. — Cf. Tite-Live, XXI, LV.
[45] ... Quæ pugna pugnata est... mense decembri... (H. Ernst, Notæ ad Hannibalem.)
[46] Frontin, Stratag. II, V, 23. — Florus, Hist. rom. II, VI.
[47] Polybe, III, LXXII et LXXIV. — Appien, De bello Annibalico, VI.
[48] Voyez tome I, liv. III, ch. V.
[49] Polybe, III, CVIII.
[50] Polybe, III, LXXI. — Tite-Live, XXI, LIV.
[51] Polybe, III, LXXII et LXXIV, passim. — Tite-Live, XXI, LIV et LVI, passim. — Florus, Hist. rom. II, VI. — Appien, De bello Annibalico, VI.
[52] Polybe, III, LXXI. — Tite-Live, XXI, LIV. — Frontin, Stratag. II, V, 23.
[53] Polybe, III, LXXI. — Tite-Live, XXI, LIV. — Frontin, Stratag. II, V, 23.
[54] Polybe, III, LXXI. — Tite-Live, XXI, LIV.
[55] Polybe, III, LXXI.
[56] Polybe, III, LXXI. — Tite-Live, XXI, LIV.
[57] Frontin, Stratag. II, V, 23.
[58] Général Ambert, Portrait du feld-maréchal Souvorow, dans l'ouvrage intitulé : Gens de guerre, Paris, Dumaine, 1863.
[59]
C'est au mois de juin que se sont accomplies la plupart des opérations de
guerre qui ont eu pour théâtre les rives de
[60] Polybe, III, LXXI. — Tite-Live, XXI, LIV. — Frontin, Stratag. II, V, 23.
[61] Tite-Live, XLIV, XXXIX.
[62] Cicéron, Pro Postumio, XV.
[63] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LI. — Florus, Hist. rom. II, VI. — Appien, De bello Annibalico, VI.
[64] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LI.
[65] Polybe, III, LXXII.
[66] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LI.
[67] Colonel Macdougall, Campaigns of Hannibal, ch. I, obs. 6.
[68] Polybe, III, LXXII.
[69]
Consultez à ce sujet : Polybe, VI, XIX, XLII
; Tite-Live, VIII, VIII
; Modestus, Libellus de vocabulis rei militaris, passim ; Végèce, Instit.
rei milit., II, II,
XVII. — Cf.
Denys d'Halicarnasse, Plutarque et une foule d'autres auteurs grecs ou latins,
passim. — Voyez, parmi les très-nombreux commentateurs modernes : Machiavel, Art
de la guerre, ch. III ; Savile (savant anglais du XVIe siècle), Milice
des Romains (angl.) ; Juste Lipse, De militia Romana ; Saumaise, De
re militari ; Le Beau, Mémoire sur
[70]
Ces tirailleurs sont désignés sous des dénominations diverses : Polybe (III, LXXII, et VI, XXI) les appelle πεζακοντίαι
et γροσφομάχοι
ou γροσφοφόροι
; les Latins les nommaient, selon le temps et l'armement, ferentarii, rorarii,
scultatores, sagittarii,
jaculatores, funditores.
On rencontre souvent aussi le nom de velites,
mais il convient de faire observer ici que les velites
proprement dits n'ont été créés qu'au siège de Capoue, en 211, c'est-à-dire sept
ans après la bataille de
[71] Polybe, VI, XXI.
[72] Polybe, VI, XXI.
[73] Polybe, III, LXXII. Tite-Live, qui n'est pas absolument d'accord avec Polybe, accuse (XXI, LV) un effectif de 18.000 hommes d'infanterie de ligne (duodeviginti millia).
[74] Polybe, III, LXXII.
[75] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LV.
[76] Polybe, VI, XXIV.
[77] Ovide, Fastes, v. 115-118.
[78] Polybe, VI, XXIV.
[79] Polybe, VI, XL.
[80] Polybe, XVIII, XIII.
[81] Polybe, XVIII, XIII.
[82] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LV.
[83] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LV.
[84] Tite-Live, XXI, IV.
[85] The Romans, as was their custom, were formed in three lines, with the cavalry, only 4.000 strong, in the flanks. (Macdougall, Campaigns of Hannibal, ch. I.)
[86] C'est au temps de Xanthippe, et après la bataille de Tunis, que les Carthaginois adoptèrent, selon Vaudoncourt, la tactique des Grecs, telle que l'avaient faite Philippe et Alexandre. — The organisation of the Greek armies, on which that of the Carthaginians was based. (Macdougall, op. cit., Introductory account.)
[87] Polybe, XVIII, XII.
[88] Polybe, III, LXXII.
[89] Polybe, III, LXXII.
[90] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LV.
[91] Polybe et Tite-Live, loc. cit.
[92] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LV.
[93] Polybe et Tite-Live, loc. cit.
[94] Polybe et Tite-Live, loc. cit. — Appien, De bello Annibalico, VII. — La demi-section d'éléphants se composait de deux bêtes. Le front d'une aile de cavalerie carthaginoise ayant, comme on le sait, l'étendue d'un kilomètre, les neuf θηραρχίαι formaient ligne à intervalles en avant, et chaque intervalle était d'une centaine de mètres.
[95] Hannibal drew up his army in two lines. In the first were his light troops... The second line was composed of his heavy-armed African, Spanish, and Gaulish infantry. (Macdougall, Campaigns of Hannibal, ch. I.)
[96] Commentaires de Napoléon Ier, t. VI. Notes sur l'ouvrage intitulé : Considérations sur l'art de la guerre, du général Rogniat.
[97] Grandeur et décadence des Romains, chap. IV.
[98] Polybe, XVIII, XII-XV ; Tite-Live, IX, XIX ; Machiavel, Art de la guerre, ch. III ; maréchal de Puységur, l'Art de la guerre, 1749, passim ; Turpin de Crissé, Commentaires sur les mémoires de Montecuculi, 1769 ; Carrion-Nisas, Essai sur l'histoire générale de l'art militaire, t. I, ch. in, 1824 ; Armandi, Histoire militaire des éléphants, appendice II, 1843, etc.
[99] Commentaires de Napoléon Ier, t. VI. Notes sur l'ouvrage intitulé : Considérations sur l'art de la guerre, du général Rogniat.
[100] Histoire de Polybe, t. IV, liv. III, ch. XV, Observations, § 3.
[101] The conduct of Sempronius at the battle of the Trebbia is a remarkable instance of military incapacity. — It is a maxim that you should never fight with a river in your rear. (Macdougall, Campaigns of Hannibal, ch. I, obs. 6.)
[102] Polybe, III, LXXI. — Tite-Live, XXI, LIV et LV. — Appien, De bello Annibalico, VII.
[103] Polybe, III, LXXII et LXXIII. — Tite-Live, XXI, LIV et LV. — Frontin, Strat., II, V, 23. — Appien, De bello Annibalico, VII.
[104] Polybe, III, LXXI et LXXII. — Tite-Live, XXI, LIV et LV. — Frontin, Stratag. II, V, 23.
[105] Végèce, Instit. rei militaris, III, XI.
[106] Silius Italicus, Puniques, IV, passim.
[107] Histoire de Polybe, t. IV, liv. III, ch. XV, Observations, § 2.
[108] Tite-Live, XXI, LIV. — Appien, De bello Annibalico, VI.
[109] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LV.
[110] Polybe, III, LXXI.
[111] Xénophon, Expeditio Cyri, I, X.
[112] Polybe, V, LXIV.
[113] Homère, Iliade, III, v. 247. — Thucydide, IV, XXVI. — Tite-Live, IX, XIII. — Aristophane, Pax, v. 528. — Pline, Hist. nat., XXXI, XLI.
[114] Homère, Iliade, III, v. 246. — Thucydide, IV, XXVI. — Xénophon, Expeditio Cyri, I, X, et VII, I.
[115] Xénophon, Cyri institutio, VI, II. — Tite-Live, III, XXIII et XXVII.
[116] Xénophon, loc. cit. — Pline, Hist. nat., XVIII, XIV.
[117] Horace, Sat. II, II, v. 17-18. — Pline, Hist. nat., XXXI, XLI.
[118] Xénophon, Cyri institutio, VI, II.
[119] Hérodote, Hist., I, CC.
[120] Thucydide, IV, XXVI. — Aristophane, Pax, v. 368 et suiv.
[121] Xénophon, Expeditio Cyri, VII, I.
[122] Xénophon, loc. cit. — Aristophane, Pax, v. 529 et 1129.
[123] Xénophon, loc. cit. — Aristophane, Acharnenses, v. 164-166 ; Pax, v. 502.
[124] Platon, Civitas, II.
[125] Thucydide, IV, XXVI. — Ces têtes de pavots étaient des stimulants, dont les effets pourraient se comparer à ceux de l'eau-de-vie et du café qu'on distribue aujourd'hui aux troupes.
[126] Tite-Live, XXI, LV.
[127] Homère, Iliade, III, v. 246. — Thucydide, IV, XXVI. — Xénophon, loc. cit.
[128] Polybe, III, LXXI. — Tite-Live, XXI, LIV.
[129] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LV.
[130] Xénophon, Hist. græca, IV, V. — Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LV.
[131] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LIV.
[132] Diodore de Sicile, XXIX, XIX.
[133] Polybe, III, LXXI.
[134] Xénophon, Expeditio Cyri, I, III, et VII, II.
[135] Thucydide, VII, XXVII.
[136] Xénophon, Expeditio Cyri, VII, II.
[137] Platon, Civitas, IV.
[138] Diodore de Sicile, XX, LXXV.
[139] Xénophon, Expeditio Cyri, I, III.
[140] Xénophon, Expeditio Cyri, I, III.
[141] Diodore de Sicile, XI, XXV, et XIII, XXXIV.
[142] Xénophon, Historia græca, VI, I.
[143] Xénophon, Historia græca, VI, I.
[144] Tite-Live, VII, XXXVIII.
[145] Polybe, III, LXXI.
[146] Polybe, III, LXXIII. — Tite-Live, XXI, LV et LVII.
[147] La planche XII annexée au tome IV de l'Histoire de Polybe (liv. III, ch. XV), avec un commentaire de Folard, nous offre une représentation en figure de la formation en bataille des Carthaginois et des Romains. Cet essai de restitution respire un peu la fantaisie.
[148] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LIV.
[149] Modestus, Libellus de vocabulis rei militaris, § 12. — Végèce, Instit. rei milit. II, XVII.
[150]
Polybe, XV, XII.
La σάλπιγξ
ou tuba, l'un des plus anciens
instruments connus, était une longue trompe ou tube droit, s'épanouissant en
pavillon. (Voyez Layard, Monuments of Niniveh, planche XV, et Victor
Place, Ninive et l'Assyrie, planche XLIV bis. — Cf. colonne Trajane.) L'invention
en a été, tour à tour, attribuée aux Egyptiens et aux Etrusques. — Pline, Hist.
nat., VII, LVII.
— Il est d'ailleurs avéré qu'elle était en usage, dès une haute antiquité, chez
les Hébreux, les Grecs, les Carthaginois et les Romains. (Voyez
M ANTONIVS
M E IANVARIVS
DOMO LAVDICIA
EX SVRIA CORNICE
EK COH VII P APPI
VIX ANN XXXII MIL.
(Kellermann, Vigiles, n° 133.)
Kellermann a donné du dessin l'explication suivante :
Hic exsculptus est Januarius, cornu tenens, quod ab ore incipiens sub brach. sinist. transit, rursusque supra caput ejus apparet.
[151] Polybe, III, LXXIII.
[152] Polybe, III, LXXIII.
[153] Polybe, III, LXXIII. — Végèce, Inst. rei milit., II, XVII.
[154] Tite-Live, XXX, XXXIV. — Végèce, Inst. rei milit., II, XVII.
[155] Varron, De lingua latina.
[156] Pline, Hist. nat., VII, LVII. Cette hasta d'infanterie légère n'était autre chose que le résultat d'un perfectionnement de l'épieu, ou bâton à pointe durcie au feu (Strabon, III, V, 1), que les Galls appelaient gais, et les Africains, phalang. (Pline, Hist. nat., VII, LVII.)
[157] Tite-Live, XXII, XXXVII.
[158] Tite-Live, XXII, XXXVII.
[159]
Polybe, III, LXXV.
— Suivant Strabon (VI, III,
2 et 6), des émigrants crétois auraient, à plusieurs reprises, occupé
[160] Polybe, III, LXXII. — Tite-Live, XXI, LV. — Strabon, III, V, 1.
[161]
Instit. rei milit., I, XVI. Pline est plus près de la vérité quand il attribue (Hist.
nat., VII, LVII)
l'invention de la fronde aux Phéniciens, car il est avéré que cette arme de jet
fut employée en Asie dès la plus haute antiquité. Voyez Victor Place, Ninive
et l'Assyrie, Koyoundjick, planche LXI. Consultez, outre les sculptures de
Ninive,
[162] Strabon, III, V, 1.
[163] Rois, I, XVII, 40 et 49.
[164] Diodore de Sicile, V, XVIII. — Strabon, III, V, 1. — Florus, Hist. rom., III, IX.
[165] Tite-Live, XXXVIII, XXIX. — Strabon, III, V, 1.
[166] Tite-Live, XXI, LV.
[167]
Strabon, III, V,
1. — La plus grande distance, considérée sous la condition d'un tir efficace,
ne paraît pas avoir dépassé
[168] Virgile, Eneide, VII, v. 686-687. — Xénophon, Expeditio Cyri, III, III. — Silius Italicus, Puniques, IX, v. 622.
[169] Xénophon, Expeditio Cyri, III, III.
[170] Diodore de Sicile, V, XVIII. — Florus, Hist. rom., III, IX.
[171] Tite-Live, XXXVIII, XXIX.
[172] Rois, I, XVII, 40. — Tite-Live, XXXVIII, XXIX. — Végèce, Instit. rei milit., I, XVI.
[173] Strabon, III, V, 1.
[174] Florus, Hist. rom., III, IX. — Végèce, Instit. rei milit., I, XVI. — Diodore de Sicile, V, XVIII.
[175] Végèce, Instit. rei milit., I, XVI.
[176] Diodore de Sicile, V, XVIII.
[177] Tite-Live, XXI, LV. — Florus, Hist. rom., III, IX.
[178] Diodore de Sicile, V, XVIII. — Végèce, Inst. rei milit., I, XVI.
[179] Florus, Hist. rom., III, IX.
[180] Xénophon, Expeditio Cyri, III, III.
[181] Polybe, III, LXXIII.
[182] Frontin, Stratag., IV, VII, 30.
[183] Philon de Byzance, Βελοποεϊκών λόγος Δ'.
[184] Paralipomènes, II, XXVI, 15.
[185] Philon de Byzance, Βελοποεϊκών λόγος Δ'.
[186] Polybe, III, LXXIII.
[187] Arrien, De expeditione Alexandri, IV, IV, 4.
[188] Ammien Marcellin, XXIII, IV.
[189] Vitruve, Arch., IX, IX.
[190] Philon de Byzance, Βελοποεϊκών λόγος Δ'.
[191] Voyez Poliorcétique des Grecs, édition Wescher. Cf. Chirobaliste d'Héron d'Alexandrie, trad. Nouvelle de M. V. Prou, Paris, Imprimerie nationale, 1878.
[192] Griechische Kriegschriftsteller, Leipzig, 1853.
[193] Pour être juste, il faut dire que les commentateurs ne sont point d'accord en ce qui touche les limites du temps où vivait Ctesibius. Suivant Athénée (Dipnosoph. IV), le savant ingénieur était contemporain du septième roi d'Egypte, Ptolémée Physcon, également connu sous le nom d'Evergète II (145-117) ; selon Fabricius (Bibl. græca, éd. Harles, Vienne, 1795), il opérait ses brillantes découvertes sous le règne de Ptolémée II, Philadelphe (284-246). Schweighæuser (ap. Athénée, Dipnosoph.) et M. Henri Martin, de Rennes (Mémoires présentés à l'Académie des inscriptions, 1854, t. IV), ont combattu l'opinion de Fabricius. Nous nous rallions à celle de MM. Kochly et Rüstow, attendu que Philon de Byzance, l'un des continuateurs de Ctesibius, dit expressément que les découvertes dont il s'agit se firent au temps des rois qui aimaient la gloire et les arts ; et qu'aucun roi ne favorisa mieux les arts et les sciences que Ptolémée Soter, le fondateur du Musée.
[194] Poliorcétique des Grecs, édition Wescher, p. 119.
[195] Philon de Byzance, Βελοποεϊκών λόγος Δ'.
[196] Grandeur et décadence des Romains, livre II.
[197] Suidas, au mot Μάχαιρα.
[198] Végèce, Instit. rei milit., II, XVII.
[199] Polybe, III, LXXIII.
[200] Polybe, III, LXXIII.
[201] Tite-Live, XXII, XXIX.
[202] A l'origine, les musiques militaires ne se composaient que de trompes (σάλπιγξ, tuba) ; c'était le seul instrument dont fissent usage les anciens pour bien marquer aux troupes la cadence du pas. — Plutarque, De musica, XXVI. — Xénophon, Expeditio Cyri, VII, III, 15. Ce sont les Crétois et les Lacédémoniens qui, les premiers, substituèrent l'emploi de la flûte à celui de la σάλπιγξ. — (Polybe, IV, XX.) — Les États voisins ne tardèrent pas à suivre cet exemple, attendu qu'ils avaient observé que les modulations de la flûte étaient, de leur nature, en harmonie avec le caractère du pas du fantassin, lequel doit être à la fois ferme et souple ; qu'elles en rythmaient bien la cadence et l'empêchaient parfaitement de se rompre. Dès lors, la flûte fit partie intégrante de toutes les musiques militaires. — Thucydide, Hist., V, LXX. — Plutarque, De musica, XXVI.
[203]
L'invention des instruments à cordes remonte, ainsi que celle des instruments à
vent, à la plus haute antiquité. (Voyez Victor Place, Ninive et l'Assyrie,
Koyoundjick, planche LIX. Cf.
[204]
Voyez, touchant l'antique usage du tambour, Victor Place (Ninive et
l'Assyrie, Koyoundjick, planche LIX) et
[205] Thucydide, Hist., VI, LXIX. — Aristophane, Pax, v. 1271. — Plutarque, De musica, XXVI.
[206] Polybe, III, LXXII et LXXIV.
[207] Tite-Live, XXII, II.
[208] Polybe, III, CXIV. — Tite-Live, XXII, XLVI.
[209] Plutarque, Timoléon, XXVII, XXVIII, XXIX et XXXI, passim.
[210] Polybe, XVIII, XII. — Ces piques mesuraient, comme on le voit, de 6m,21 à 7m, 10 de longueur.
[211] Polybe, III, CXIV. — Tite-Live, XXII, XLVI.
[212] Polybe, III, CXIV. — Tite-Live, XXII, XLVI.
[213] Polybe, III, CXIV.
[214] Polybe, III, CXIV. — Tite-Live, XXII, XLVI.
[215] Polybe, XVIII, XIII. — Plutarque, Timoléon, XXVII. — Tite-Live, XXI, LV ; XXX, XXXIV.
[216] Polybe, III, CXIV.
[217] Plutarque, Flamininus, VIII. — Homère, ap. Polybe, XVIII, XII.
[218] Tite-Live, IX, XIX.
[219] Polybe, XVIII, XII. — Tite-Live, XLIV, XLI. — Plutarque, Flamininus, VIII.
[220]
Pour tirer bon parti de la phalange, il était indispensable de lui choisir pour
théâtre tactique un terrain plat, découvert, sans accidents. — Polybe, XVIII, XIV. — Il est
important d'observer que les termes employés par Polybe pour exprimer ces
conditions sont identiquement les mêmes
que ceux dont il s'est servi précédemment pour dépeindre le caractère des
plaines de
[221] Polybe, XV, IX ; Tite-Live, XXII, V, et XXX, XXXII ; Frontin, Stratag., II, II, 16.
[222] Tite-Live, VIII, VIII ; Modestus, Libellus de vocabulis rei militaris, § 12 ; Végèce, Instit. rei milit., II, XVI.
[223] Tite-Live, XXX, XXXIII. — Frontin, Stratag., II, III, 16.
[224] Tite-Live, XXII, V.
[225] Polybe, XV, IX.
[226] Tite-Live, XXX, XXXIII. — Frontin, Stratag., II, III, 16.
[227] Polybe, XV, IX. — Tite-Live, XXX, XXXIII. — Frontin, Stratag., II, III, 16.
[228] Polybe, III, LXXII.
[229] Polybe, XVIII, XIII. — Tite-Live, XLIV, XLI.
[230] Polybe, III, LXXIV.
[231] Polybe, III, LXXIII. — Tite-Live, XXI, LV.
[232] Polybe, III, LXXIII.
[233] Polybe, VI, XXV.
[234] Polybe, VI, XXV.
[235] Polybe, III, LXXIII.
[236] Tite-Live, XXI, LV.
[237] Polybe, XV, XII.
[238] Tite-Live, XXI, LV.
[239] L'έλεφανταγωγός ou έλεφαντίής était ordinairement de sang nègre. (Martial, Epigr. 105.) — Il était le plus souvent désigné sous le nom de son pays d'origine et dit Indus, Æthiopus ou Maurus. — Polybe, I, XL. — Cicéron, De republica, II, XL. — Macchabées, I, VI, 37.) — Sénèque, Epist. 85. — Silius Italicus, Puniques, IX. — Annibal avait pour cornacs des nègres de Nubie.
[240] Plutarque, Eumène, XIV. — Incertus auctor, De bello Africano, LXXII et LXXXVI. — Florus, Hist. rom., II, VIII. — Ammien Marcellin, XXV, III.
[241] Appien, De rebus Punicis, XLIII. — Ammien Marcellin, XIX, XXVII.
[242] Polybe, I, XXXVIII. — Tite-Live, XXX, XXXVII. — Macchabées, I, VI, 30.
[243] Appien, De rebus Punicis, XCII. — Pline, Hist. nat., VIII, V. — Pline a sans doute entendu dire urus.
[244] Tel était, en punique, le nom de l'éléphant. ...ab elephanto qui lingua Maurorum cœsa dicitur. (Spartien, Ælius Verus, II.) Le mot Cœsa, qui dérive évidemment du sanscrit Gaja, fut importé de Tyr en Afrique par les compagnons d'Elissa. Il était destiné à former le surnom d'un des ascendants de Jules Cœsar. C'est encore aujourd'hui le nom de l'éléphant dans l'Inde. L'animal était désigné par les anciens Perses sous la dénomination de Pil ou Fil, dont les Arabes ont fait el-fil. De là, sans doute, le grec έλέφας et le latin elephantus. Nos Imazir'en ou Kabyles appellent toujours Fil le gros pachyderme qui fut si commun dans l'Afrique septentrionale (Tunisie, Algérie, Maroc) au temps des guerres puniques et jusqu'aux premiers siècles de notre ère.
[245] Pline, Hist. nat., VIII, II.
[246] Silius Italicus, Puniques, IV. — Florus, Hist. rom., I, XVIII. — Ammien Marcellin, XIX, XXVII.
[247] Tite-Live, XXI, XLV. — Florus, Hist. rom., I, XVIII. — Appien, De bello Annibalico, VII.
[248] Tite-Live, XXI, XLV. — Appien, De bello Annibalico, VII.
[249] Polybe, III, LXXIII. — Tite-Live, XXI, XLV. — Appien, De bello Annibalico, VII.
[250] Polybe, III, LXXIII.
[251] Polybe, III, LXXIII. — Tite-Live, XXI, LV.
[252] Xénophon, Hist. qræca, IV, V.
[253] César, De bello Gallico, V, XLIII. On a retrouvé dans les ruines de Carthage une quantité considérable de ces balles ovoïdes en terre cuite.
[254] Polybe, III, LXXIV. — Tite-Live, XXI, LV.
[255] Pline, Hist. nat., VIII, VI. — Tite-Live, VII, XXIX.
[256] Ammien Marcellin, XXIV, VI.
[257] Tite-Live, XXVII, XLVIII. — Arrien, Exp. Alex., V, XVII.
[258] Silius Italicus, Puniques, IV et IX. — L'appareil destiné à recevoir les combattants montés à dos d'éléphants était connu sous le nom de θωράκιον ou lorica. — Macchabées, I, VI, 43. — Incertus auctor, De bello Africano. LXXII.) — Elien, Animal. XIII, IX. — Ces tours ou plates-formes de combat étaient ordinairement en bois, ligneæ turres ; la charpente en était fort légère. Elles reposaient sur un bât fixé au dos de l'animal par le moyen de deux sous-ventrières. Les bastingages devaient être formés d'un treillis de lanières ou de cordes et revêtus de peaux fraîches au moment du besoin, afin de se trouver à l'épreuve des traits et de l'incendie. Chaque tour ou θωράκιον pouvait contenir trois ou quatre combattants. Voyez, à cet égard : Strabon, XV, I ; Tite-Live, XXXVII, XL ; Élien, Animal., XIII, IX.
[259] Tite-Live, XXVIII, XIV. — Silius Italicus, Puniques, IX. — Quinte-Curce, VIII, XII ; IX, II.
[260] Appien, De rebus Syriacis, XXXII.
[261] Tite-Live, XXVII, XIV.
[262] Macchabées, I, VI, 34. — Les cornacs carthaginois avaient jeté dans le vin de leurs éléphants une infusion de têtes de pavots, stimulant singulièrement énergique.
[263]
Élien, Animal., XIII, IX. — Silius Italicus, Puniques, IX. — Appien, De
rebus Punicis, XLIII. — L'instrument désigné sous le nom d'άρπη ou cuspis était une simple barre de fer rond,
d'environ
[264] Tite-Live, XXVII, XIV. — Plutarque, Marcellus, XXVI.
[265] Florus, Hist. rom., I, XVIII, et II, VIII. — Ammien Marcellin, XIX, XXVII.
[266]
Les plus gros éléphants pèsent
[267]
Si l'on attribue une largeur de
[268] Tite-Live, XXVII, XIV. — Silius Italicus, Puniques, IX. — Pline, Hist. nat., VIII, IX.
[269] Incertus auctor, De bello Africano, LXXXVI. — Silius Italicus, Puniques, IX.
[270] Arrien, Exped. Alex., V, XVII.
[271] Silius Italicus, Puniques, IX.
[272] Pline, Hist. nat., VIII, V.
[273] Silius Italicus, Puniques, IX.
[274] Quinte-Curce, VIII, XIV.
[275] Tite-Live, XXX, XXXIII.
[276] Tite-Live, XXI, LV ; Appien, De bello Annibalico, VII.
[277] Silius Italicus, Puniques, IX.
[278] Tite-Live, XXX, XXXIII.
[279] Polybe, III, LXXIV. — Tite-Live, XXI, LV. — Frontin, Stratag. II, V, 23.
[280] Eunius, ap. Servium.
[281] Strabon, XVII, III, 7.
[282] Strabon, XVII, III, 7. — Claudien, Éloge de Stilicon.
[283] Strabon, XVII, III, 7. — Claudien, Éloge de Stilicon.
[284] Strabon, XVII, III, 7. — Tite-Live, XXII, XLVIII.
[285] Strabon, XVII, III, 7. — Tite-Live, XXII, XLVIII. — Silius Italicus, Puniques, IV. — Claudien, Éloge de Stilicon.
[286] Claudien, Éloge de Stilicon.
[287] Strabon, XVII, III, 7.
[288] Polybe, III, LXXIV. — Tite-Live, XXI, LV.
[289] Tite-Live, XXII, LI. — Ammien Marcellin, XXXI, XVI.
[290] Histoire de Polybe, t. IV, liv. III, ch. XIII. Observations, § 2.
[291] Polybe, III, LXXI et CIV. — Tite-Live, XXI, LIV, et XXII, XXVIII.
[292] Rapport manuscrit de l'officier de cavalerie chargé de la reconnaissance, ap. Carrion-Nisas, Essai sur l'histoire générale de l'art militaire, t. I.
[293] Polybe, III, LXXI. — Tite-Live, XXI, LVI.
[294] A. Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire, t. XVI, liv. XLIX.
[295] Modestus, Libellus de vocabulis rei militaris, § 20.
[296] Polybe, III, LXXIV. — Tite-Live, XXI, LV.
[297] Cicéron, De haruspicum responsis, IX. — Claudien, De bello Gildonico.
[298] Polybe, III, LXXIV.
[299] Tite-Live, XXI, LVI. — Silius Italicus, Puniques, IV. — Appien, De bello Annibalico, VII.
[300] Commentaires de Napoléon Ier, t. VI.
[301] Silius Italicus, Puniques, IV.
[302] Polybe, III, LXXIV. — Tite-Live, XXI, LVI.
[303] Silius Italicus, Puniques, IV.
[304] Tite-Live, XXI, LVI. — Silius Italicus, Puniques, IV.
[305] Polybe, III, LXXIV. — Tite-Live, XXI, LVI.
[306] Sénèque, De ira, II, V.
[307] Polybe, III, LXXIV. — Tite-Live, X, XXVI, et XXI, LVI.
[308] Polybe, III, LXXIV.
[309]
Polybe, XVIII, XI.
— Voyez, sur la bataille de
[310] Polybe, XV, XI. — Silius Italicus, Puniques, XII.
[311] A. Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire, t. XX, liv. LXII.