S’il était possible de dresser la liste des métiers qui existaient en Grèce à l’époque homérique et à l’époque de Démosthène, on trouverait que dans l’intervalle le nombre en a singulièrement augmenté. Nous avons constaté plus haut qu’à l’origine chaque ménage se suffisait presque à lui-même. Depuis la mouture du blé jusqu’à la cuisson des aliments, depuis la tonte des moutons jusqu’à la confection des vêtements, la plupart des travaux de la vie courante se faisaient dans l’intérieur de la maison par les soins du maître, de sa famille et de son personnel d’esclaves, et on ne s’adressait aux ouvriers du dehors que d’une façon accidentelle. En outre, les exigences individuelles étaient alors beaucoup moins compliquées que dans la suite, et par conséquent la simplicité des mœurs, telle qu’elle se manifeste surtout dans l’Odyssée, s’accommodait fort bien d’un état assez primitif de l’industrie, d’autant plus que les objets de luxe venaient surtout de l’étranger. Avec le temps, les choses changèrent. D’abord le travail domestique, sans disparaître complètement, diminua chaque jour d’importance, et il surgit, pour y suppléer, une foule de professions indépendantes. Ulysse se vantait jadis d’avoir fabriqué son lit nuptial[1] ; s’il eût été contemporain de Périclès, il serait allé tout bonnement l’acheter chez un marchand de meubles. Homère nous représente un fils de Priam occupé à faire son char de guerre avec le bois qu’il a coupé dans la forêt[2] ; ultérieurement, c’eût été là de sa part une excentricité. Hésiode estime que le devoir d’un propriétaire avisé est de profiter de l’hiver pour construire ses chariots et ses charrues[3] ; plus tard, on n’eut pas besoin de se donner cette peine, car les charrons ne manquaient pas[4]. Tandis qu’autrefois le blé était moulu et les étoffes tissées à domicile, il y eut du vivant de Xénophon des meuniers, des boulangers et des tailleurs[5]. Bref, à mesure qu’on avance dans l’histoire, on voit les métiers se détacher partiellement de la famille, et se mettre au service du public. Il se produisit là un phénomène de dissociation, qui d’ailleurs ne fut point particulier à l’ordre économique ; car l’industrie s’émancipa de l’autorité familiale, en même temps que la famille patriarcale se disloquait. Pendant plusieurs générations, chacun de ces groupes forma une petite société, munie de tous les organes nécessaires à son existence. Mais peu à peu ils se restreignirent au point de comprendre seulement les éléments essentiels qui constituent chez nous la famille, et du même coup ils se débarrassèrent d’une bonne partie de leur besogne, si bien qu’il put se créer toute une classe d’artisans libres qui n’eurent avec eux que des relations d’affaires. La division du travail ne s’arrêta pas là. On ne tarda pas à s’apercevoir que plus un individu se spécialisait, plus il devenait expert dans son métier. Or l’habileté technique était une qualité de plus en plus indispensable à l’ouvrier grec. Il avait à compter avec les progrès du goût et l’amour croissant du bien-être ; il lui fallait en outre lutter contre la concurrence tant, étrangère qu’indigène. Aussi remarque-t-on dans les villes industrielles du inonde hellénique un effort constant pour perfectionner les procédés de fabrication, pour renouveler les modèles, pour s’approprier enfin les secrets d’autrui. Tout industriel qui s’endormait dans la routine perdait promptement ses débouchés[6]. Le seul moyen de conserver et d’étendre sa clientèle, c’était de produire vite et bien. Mais on ne pouvait, croyait-on, produire vite et bien qu’à la condition d’affecter chaque ouvrier à un emploi unique et de rétrécir le plus possible son champ d’activité. Vagabonder de métier en métier au gré de sa fantaisie, prétendre exécuter par soi-même les opérations multiples que comporte une profession, c’était risquer de tout gâcher. Cette idée est une de celles que Platon développe avec le plus de complaisance. Dans la République, après avoir rappelé que les besoins primordiaux de l’homme sont la nourriture, le logement et le vêtement, il dit que la société la plus rudimentaire se compose forcément d’un laboureur, d’un maçon, d’un tisserand et d’un cordonnier ; puis il ajoute : Faut-il que chacun fasse pour tous les autres le métier qui lui est propre, que le laboureur, par exemple, pourvoie à l’alimentation de quatre personnes, ou bien que, sans songer aux autres, il consacre la quatrième partie de son temps à chercher de quoi vivre, et le reste à bâtir sa maison, à fabriquer ses habits et ses souliers ? — Il me semble que la première méthode serait plus avantageuse pour lui. — Je n’en suis point étonné, car je réfléchis que nous ne naissons pas tous avec les mêmes talents, et que l’un a plus d’aptitudes pour une chose, l’autre pour une autre. Qu’en penses-tu ? — Je suis de ton avis. — Tout irait-il mieux, si chacun cumulait plusieurs métiers ou s’il se bornait au sien ? — S’il se bornait au sien. — On fait plus de choses, on les fait mieux et plus aisément, lorsqu’on s’enferme dans sa tâche particulière[7]. En vertu de ce principe il énonce dans ses Lois la règle suivante : Qu’aucun ouvrier du fer ne travaille le bois ; qu’aucun ouvrier du bois n’ait sous ses ordres des ouvriers du fer ; que nul ne pratique qu’un seul métier, d’où il tirera sa subsistance[8]. Il est probable que dans la pensée de Platon ce n’était pas assez d’une division si sommaire des arts manuels. Quand on voit avec quel soin minutieux il distingue dans la Politique les diverses branches d’une même industrie, comme celle du tissage[9], on devine sans peine qu’à ses yeux tout .métier est un ensemble très complexe auquel doivent collaborer plusieurs catégories d’ouvriers. La réalité répondait pleinement à cette théorie. Dans les petites villes, dit Xénophon, ce sont les mêmes individus qui font les lits, les portes, les charrues, les tables et souvent les maisons, trop heureux quand ils trouvent assez de clients pour les occuper ! Au contraire, dans les grandes villes, où une foule de gens ont les mêmes besoins, un seul métier suffit pour vous nourrir. Quelquefois même on n’en exerce qu’une partie : l’un fait des chaussures d’homme, l’autre des chaussures de femme ; l’un vit exclusivement de la couture des souliers, l’autre de la coupe du cuir ; l’un taille les tuniques, l’autre se contente d’en ajuster les différentes pièces. Or un ouvrier qui se réduit à un ouvrage restreint finit nécessairement par y exceller[10]. D’après ce témoignage, la division du travail n’était pas partout poussée aussi loin. Il était naturel que dans un pays agricole le forgeron du village se chargeât de tout le travail du fer, et le menuisier de tout le travail du bois, sous peine de demeurer la plupart du temps inactifs. Tel était peut-être le cas de l’Élide[11], de l’Arcadie[12] et des dèmes les plus reculés de l’Attique[13]. Par contre, l’abondance de la clientèle attirait dans les villes une multitude d’ouvriers, et ceux-ci pouvaient, sans crainte de chômage, se partager une besogne qu’à la campagne chacun gardait toute entière pour soi. Quelques exemples nous permettront d’apprécier quels étaient en cette matière les usages des Grecs. Le mot μάγειρος, cuisinier, paraît dériver de μαγίς, μάζα, galette de farine, ou de μάσσω, pétrir. C’est donc que l’art culinaire s’étendait d’abord à tous les aliments, y compris le pain[14]. Un premier démembrement en détacha la meunerie et la boulangerie. Dans certaines maisons, on continua de moudre le grain et de fabriquer le pain chez soi ; mais il y eut également des meuniers et des boulangers qui travaillaient pour tout le monde. D’ordinaire ces deux professions étaient séparées[15], et on évitait autant que possible de les réunir l’une à l’autre[16]. La pâtisserie ne fut longtemps que l’accessoire de la boulangerie ; elle ne se constitua à part que vers l’époque romaine[17]. Néanmoins, un poète de la comédie moyenne nous montre que dès le IVe siècle avant notre ère elle tendait à s’isoler[18]. Quant à la cuisine, elle réclama un personnel de plus en plus varié. Au-dessous du chef, on distinguait parfois l’όψοποιός qui hachait les condiments, allumait et souillait le feu, le τραπεζοποιός qui arrangeait la table, lavait la vaisselle et remplissait les coupes, le διάκονος ou άγοράστης qui allait au marché. Dans un dîner d’apparat, on ne compte pas moins de douze cuisiniers employés aux prépara tifs du festin[19]. Il semble même que tout cuisinier en renom cherchât à se créer une spécialité ; ainsi Agis de Rhodes était sans rival pour les fritures de poisson, Aphthonétos pour les boudins, Euthynos pour la purée de lentilles, Lamprias pour les ragoûts noirs[20]. La laine traversait, pour se transformer en tissus et en vêtements, une série d’opérations dont chacune donnait lieu à une profession déterminée. Quand elle était encore en suint, les έριοπλύται la lavaient avec une eau savonneuse[21], puis le ξάντης ou la ξάντρια l’épluchait, la peignait[22], et alors elle était en état d’être filée, à moins qu’on l’envoyât préalablement chez le teinturier. Le soin de filer regardait surtout les femmes[23]. Il n’en était pas de même du tissage, qui, sans exclure les femmes, incombait de préférence aux hommes[24]. L’étoffe arrivait ensuite au foulon. Là elle subissait plusieurs apprêts ; on la piétinait dans un mélange d’argile, de potasse et d’urine ; on la battait, on l’étirait, on la cardait, on la tondait, et on la mettait sous presse[25]. Faut-il croire que tous les ouvriers d’un même atelier passaient successivement d’un travail à l’autre ? C’est probable, si l’on réfléchit qu’il n’existe pas en grec de termes distincts pour les désigner, et qu’ils s’appelaient γναφεϊς. Vu la simplicité habituelle du costume, j’imagine que les tailleurs et les couturières n’étaient pas embarrassés pour confectionner à volonté des tuniques ou des manteaux d’homme et de femme. Pourtant ici encore reparaît le principe de la division du travail, qui régissait l’industrie de l’alimentation. A Athènes, par exemple, tel individu ne faisait que des chlamydes, et tel autre des chlanides. A Mégare, presque toute la population vivait de la fabrication des exomides, vêtements communs que portaient les esclaves et les gens du peuple[26]. A Pellène en Achaïe, celle des manteaux pelucheux devait occuper un grand nombre de bras[27]. On sait enfin la vogue qu’avaient dans toute la Grèce les chlanides de Milet[28] et les robes transparentes d’Amorgos[29]. La plupart des industries helléniques présentent un phénomène analogue. Si l’on prend, par exemple, le travail du cuir, on constate qu’il englobait les métiers de tanneur, de corroyeur, de bourrelier, de cordonnier, de savetier[30], et une réflexion de Xénophon, que j’ai déjà citée, prouve que celui de cordonnier se ramifiait au moins en deux branches. Dans les premiers temps, le κεραμεύς fabriquait tous les objets en terre cuite, les statuettes aussi bien que les vases[31]. Au Ve et au IVe siècles il n’en était plus ainsi. Il y avait alors des ouvriers qui, sous le nom de coroplastes, ne modelaient que la figure humaine ou animale[32] ; d’autres faisaient des lampes[33], d’autres enfin des briques et des tuiles[34] ; quant aux potiers, ils se subdivisaient à leur tour d’après la nature des vases qu’ils façonnaient, et on distinguait parmi eux le καδοποιός[35], le κωθωνοποιός[36], le χυτρεύς[37], le ληκυθσποιός[38], l’έκπωματοποιός[39], etc. J’ajoute que l’auteur du vase ne se chargeait pas toujours de le décorer ; souvent il avait un peintre pour collaborateur[40]. Le travail du bois, jadis accaparé tout entier par le τέκτων[41], se répartit ensuite entre plusieurs corps de métier, puisque, pour la seule industrie qu mobilier, les documents nous signalent des fabricants de lits[42], de sièges[43] et de coffres[44], qui avaient chez eux des menuisiers et des ornemanistes habiles à incruster l’ivoire[45]. Il n’était pas interdit à un armurier de jeter sur le marché des armes de tout genre ; mais ce n’était guère l’usage. Ceux que nous connaissons, si riches qu’ils soient, préfèrent s’en tenir à un article unique. Képhalos, avec ses cent vingt esclaves, ne faisait que des boucliers[46]. De même le banquier Pasion[47] et un client anonyme de Lysias[48]. Le père de Démosthène, bien qu’il fût un assez gros industriel, du moins pour Athènes, ne faisait que des glaives, peut-être même des laines de glaive, car il avait des manches parmi ses approvisionnements[49]. D’autres faisaient des casques[50], des aigrettes[51], des cuirasses[52], des épées[53], des piques[54], des traits ou des arcs[55]. Il n’est pas jusqu’aux luthiers qui ne trouvassent pas plus avantageux de produire soit des .instruments à corde, soit des instruments à vent[56]. Nous sommes suffisamment renseignés sur l’industrie du bâtiment par les comptes de dépenses que nous ont conservés les inscriptions ; nous y pouvons voir de près ce qu’était un chantier grec. Dans un compte relatif à la toiture d’un temple athénien, nous apercevons un scieur, des charpentiers, un peintre et des individus qui fixent au comble des moulures en bois préparées par d’autres[57]. Sur un document épigraphique qui concerne l’Erechthéion, on relève des noms de tailleurs de pierres qui travaillent à la cannelure des colonnes, de marbriers qui sculptent les rosaces du plafond après en avoir fait la maquette en cire, de peintres à l’encaustique, de doreurs, de scieurs, de charpentiers qui posent les toitures, qui dressent et abattent les échafaudages[58]. On remarquera que tous ces ouvriers sont toujours affectés à la même tâche. Il n’est dérogé que deux ou trois fois à cette règle. Ainsi Gérys est classé tantôt parmi les tailleurs de pierres, tantôt parmi les charpentiers[59]. Mikion et Komon sont appelés soit τέκτονες, soit ξυλουργοί, ce qui n’a rien d’anormal ; mais le second taille des chevrons et mure des entrecolonnements[60]. Enfin le marbrier Manis remplit parfois l’office de charpentier[61]. Voici comment on procédait à Délos en 279. Au temple d’Apollon, ce fut le maçon Nikon qui nivela l’assise supérieure du mur où devait s’appuyer le plafond ; mais ce fut le charpentier Dinokratès qui disposa sur cette assise une planchette destinée à recevoir l’extrémité des traverses[62]. Il fallut refaire les cieux battants de la porte du Propylée, brisés par la chute du pilier en pierre qui les soutenait. La porte fut refaite naturellement par un charpentier ; mais le pilier fut relevé par le maçon à l’aide d’une grue ou d’un treuil, que d’autres individus eurent à transporter, à dresser et à démonter. On eut recours en outre au charpentier pour certaines réparations que réclamait la machine[63]. Ailleurs le mime maçon descella les vieilles poutres du toit fixées dans le mur et y encastra les nouvelles[64]. Les caissons qui ornaient le plafond du temple d’Apollon furent l’œuvre de deux menuisiers[65]. Antidotos peignit et dora les lis et les rosaces du temple d’Asclépios[66]. Enfin des tailleurs de pierres étaient attachés en permanence au service de l’administration, et un forgeron aiguisait leurs outils[67]. Une inscription d’Épidaure énumère les nombreuses professions qui concoururent à l’érection du temple en 380-375. Ce sont des tailleurs de pierres, des maçons, des ravaleurs, des tuiliers, des couvreurs, des Charpentiers, des menuisiers, des ornemanistes, des doreurs, des orfèvres, des sculpteurs[68]. Il est rare que ces artisans sortent de leur domaine propre pour empiéter sur celui du voisin ; on en rencontre pourtant quelques exemples. Tels sont Aristæos qui successivement enduit une porte de poix, place les tuiles d’un toit, grave des lettres, et bâtit un petit édifice[69], Sotaeros, qui fournit des clous, de l’orme, du bois de lotus, du buis et de l’ivoire[70], Lykios, qui fournit du sapin et taille des pierres[71], Euterpidas, qui taille aussi des pierres, et coupe des solives[72]. Encore convient-il de noter que Sotæros semble être un simple commerçant, que Lykios n’est pas charpentier, mais marchand de bois brut, et que si Euterpidas n’est qu’industriel, c’est, comme Lykios, un entrepreneur riche qui, sans travailler de ses mains, peut avoir groupé sous sa direction des équipes d’ouvriers différentes. Platon, dans ses Lois, interdit le cumul des métiers, sous prétexte que nul ne réunit en soi les talents nécessaires pour exceller dans deux arts à la fois[73]. Mais cette conception lui est personnelle. Il était, en effet, assez fréquent qu’un individu exploitât simultanément deux industries. C’était le cas du père -de Démosthène, qui fabriquait des lits et des armes[74], de Conon, qui était passementier et droguiste[75], d’Anytos, qui était tanneur et cordonnier[76]. Mais la réunion, dans leurs ateliers, de deux industries distinctes n’empêchait pas leurs ouvriers de se spécialiser. Ainsi, chez Démosthène, les esclaves armuriers n’avaient rien de commun avec les ébénistes. Il y avait encore des artisans libres qui pratiquaient des métiers plus ou moins similaires, comme ceux de bouclier et de cuisinier[77], ou, dans un ordre d’idées beaucoup plus relevé, ceux d’architecte et d’ingénieur[78]. Les artistes eux-mêmes, que l’opinion confondait généralement avec les artisans, imitaient leur exemple, et nous en connaissons qui ont été en même temps peintres et sculpteurs. Il est enfin probable que plus d’un patron obligeait ses esclaves à étendre leur activité au delà du cercle normal de leurs aptitudes, ne fût-ce que pour les occuper[79]. Néanmoins, de l’ensemble des faits que j’ai signalés, se dégage cette conclusion que la division du travail était la règle, et qu’on ne s’en écartait que par exception. Ce n’est pas assurément qu’on en fût arrivé au point où nous en sommes aujourd’hui. Les machines, en développant dans des proportions inouïes la grande industrie et en réduisant de plus en plus l’initiative de l’ouvrier, nous permettent de décomposer chaque profession en une série d’opérations indépendantes, qui toutes peuvent être confiées à des spécialistes. Il n’en était pas de même en Grèce, où l’outillage ne cessa jamais d’être fort rudimentaire. Sans doute, les monuments figurés nous représentent parfois des ateliers où la besogne paraît excessivement morcelée[80] ; mais l’ouvrier qui dans ces petites scènes est en train d’exécuter une tâche n’est pas nécessairement voué à celle-là, et rien ne prouve que dans un moment il ne passera pas à une autre. Les textes sont à cet égard plus instructifs que les documents archéologiques ; mais eux aussi ils laissent quelque peu notre curiosité en suspens. Démosthène nous apprend que chez son père certains esclaves ne faisaient que des lits ; il ne nous dit pas si chaque esclave faisait à lui seul toutes les parties d’un même lit. Le problème que nous étudions dans ce chapitre ne comporte donc, comme il arrive souvent en histoire ancienne, qu’une solution approximative. Nous constatons bien en gros que le travail industriel était fort divisé ; mais nous ignorons dans quelle mesure exacte il l’était. |
[1] Odyssée, XXIII, 190 et suiv.
[2] Iliade, XXI, 37-38. Dès cette époque pourtant il y avait des fabricants de chars (IV, 488).
[3] HÉSIODE, Travaux et Jours, 414 et suiv. Il est vrai que le poète prévoit ici le concours d’un charron de profession (30).
[4] BLÜMNER, Technologie und Terminologie der Gewerbe und Künste bei Griechen und Römer, II, p. 324.
[5] XÉNOPHON, Mémorables, II, 7, 6.
[6] Voir par exemple RAYET et COLLIGNON, Hist. de la céramique grecque, p. 96.
[7] PLATON, République, II, p. 360-370.
[8] Lois, VIII, p. 846 E.
[9] Politique, 22-23.
[10] XÉNOPHON, Cyropédie, VIII, 2, 5.
[11] Polybe, parlant des paysans de l’Élide, dit que le gouvernement veillait à ce que τό τε δίκαιον αύτοϊς έπί πόπου διεξάγηται καί τών πρός βιωτικάς χρείας μηδέν έλλείπη (IV, 73, 8).
[12] Pendant longtemps le trait caractéristique de l’Arcadie fut la dispersion de la population dans les villages (Cf. Gilbert, Handbuch d. gr. Staatsalt., II, p. 124-125).
[13] Une statistique dressée par Clerc (Les métèques athéniens, p. 450-456) confirme qu’il y avait beaucoup moins d’artisans dans les dèmes ruraux que dans les dèmes urbains ou voisins de la ville.
[14] Dictionnaire des antiq., I, p. 1490 (Pottier).
[15] PLATON, Gorgias, 73 ; XÉNOPHON, Mémorables, II, 7, 6 ; DÉMOSTHÈNE, LIII, 14 ; DINARQUE, Contre Démosthène, 23 ; ARISTOTE, Gouvern. des Athén., 51.
[16] ARISTOPHANE, Guêpes, 238.
[17] Les πλακουντοποιοί et les πεμματοποιοί ne sont mentionnés que dans des textes de cette époque (BLÜMNER, I, p. 86).
[18] ARISTOPHANE, fragm. 225 (Comicorum atticorum fragmenta de Kock).
[19] Dict. des antiq., I, p. 1500.
[20] EUPHRON, I, Kock.
[21] DIOSCORIDE, II, 193.
[22] PLATON, Politique, 22 ; POLLUX, VII, 30.
[23] BLÜMNER, I, p. 108.
[24] Ύφάντης (PLATON, Cratyle, 8, Phédon, 37), ύφάντρια (POLLUX, VII, 33), συνυφαίνουσαι (MŒRIS, p. 210 de Bekker).
[25] HIPPOCRATE, De diaeta, I, 14. BLÜMNER, I, p. 157 et suiv. Cf. MARQUARDT, Vie privée des Romains, II, p. 164-165 (tr. fragm.).
[26] XÉNOPHON, Mémorables, II, 7, 6.
[27] POLLUX, VII, 67. SCHOL. DE PINDARE, X, 82.
[28] PLUTARQUE, Alcibiade, 23.
[29] ARISTOPHANE, Lysistrata, 150. Il se peut d’ailleurs que ces vêtements fussent faits souvent à Athènes avec des étoffes d’Amorgos et de Milet.
[30] BLÜMNER, I, p. 270-271.
[31] POTTIER, Les statuettes de terre cuite, p. 12.
[32] ETYMOLOGICUM MAGNUM, Κοροπλάστης.
[33] ARISTOPHANE, Paix, 690 ; ATHÉNÉE, XI, p. 474 D.
[34] PLATON, Théétète, 4 ; POLLUX, VII, 163.
[35] SCHOL. D’ARISTOPHANE, Paix, 1202.
[36] POLLUX, VII, 160 (d’après Dinarque).
[37] PLATON, République, IV, p. 421 D.
[38] POLLUX, VII, 182.
[39] Une comédie d’Alexis avait pour titre Έκπωματοποιός.
[40] KLEIN, Die griech. Vasen mit Meistersignaturen (Vienne, 1887, 2e édit.).
[41] EUSTATHE, Odyssée, XVII, :183 ; BLÜMNER, II, p. 240.
[42] PLATON, République, X, p. 597 A.
[43] POLLUX, VII, 182.
[44] Rue des κιβωτοποιοί à Athènes (PLUTARQUE, De genio Socratis, 107).
[45] La fabrique de lits que possédait le père de Démosthène consommait deux mines d’ivoire par mois (DÉMOSTHÈNE, XXVII, 31).
[46] LYSIAS, XII, 19.
[47] DÉMOSTHÈNE, XXXVI, 4.
[48] LYSIAS, fragm. 45 (Didot).
[49] DÉMOSTHÈNE, XXVII, 9 et 20.
[50] ARISTOPHANE, Paix, 1255.
[51] Ibid., 545.
[52] XÉNOPHON, Mémorables, III, 10, 9.
[53] ARISTOPHANE, Paix, 547.
[54] Ibid., 447 ; PLUTARQUE, Pélopidas, 12.
[55] POLLUX, VII, 156.
[56] Λυροποιός (PLATON, Euthydème, 7, Cratyle, 10), αύλοποιός (PLATON, Républ., III, p. 399 D ; ARISTOTE, Polit., III, 2, 11). Noter pourtant que le λυροποιός du poète comique Anaxilas fabrique toute espèce d’instruments (fragm. 15 Rock).
[57] CIA, IV, 1, p. 76 ; CHOISY, Études épigraphiques sur l’architecture grecque, p. 105-112.
[58] CIA, I, 324 ; CHOISY, p. 115 et suiv.
[59] CIA, I, 324, fragm. c, col. I, l. 73 ; IV, 1, p. 76, col. III, l. 29.
[60] Ibid., IV, 1, p. 76, col. III, l. 15 et suiv.
[61] CIA, I, 324, fragm. a, col. I, l. 7 et 23, col. II, l. 11 et 15 (?) ; fragm. c, col. II, l. 76.
[62] MICHEL, 594, l. 49. Cf. BCII, XIV, p. 468-469.
[63] L. 66. L. 68. L. 69. L. 70. Cf. BCH, XIV, p. 474-475. Contrairement à l’opinion d’Homolle, je crois que le pilier était en pierre, et non en bois. J’en vois la preuve dans ce fait que seul le maçon y travaille.
[64] Ibid., L. 51. Cf. BCH, XIV, p. 471.
[65] Ibid., L. 46. Cf. p. 467.
[66] Ibid., L. 72.
[67] Ibid., L. 83. Cf. p. 481.
[68] CAVVADIAS, Fouilles d’Épidaure, n° 241 (MICHEL, 584). DEVRASSE et LECHAT, Épidaure, ch. III. Les individus mentionnés dans ce document sont des entrepreneurs ; mais la plupart sont aussi des ouvriers ou de petits tâcherons.
[69] L. 255. L. 277. L. 280. L. 289. L. 293. L. 300.
[70] L. 43. L. 44. L. 64.
[71] L. 25 (pour 4.390 dr.). L. 5 (6.300 dr. au moins).
[72] L. 14 (6.167 dr.). L. 234 (48 dr.).
[73] PLATON, Lois, VIII, p. 840, DE.
[74] DEMOSTHÈNE, XXVII, 9.
[75] DEMOSTHÈNE, XLVIII, 12.
[76] SCHOLIASTE DE PLATON, p. 14, 46.
[77] ÉSOPE, 301 ; PLUTARQUE, Apophthegmata regum, Dion. major, 2.
[78] STRABON, I, p. 54.
[79] Démocrite combattait cette tendance. Οίκέτησι, disait-il, ώς μέρεσι τοΰ σκήνεος χρώ, άλλω πρός άλλό (Fragments des philosophes grecs de Mullach, I, p. 353).
[80] Voir par exemple BAUMEISTER, Denkmäler des klassischen Alterthums, I, p. 233, 306 ; III, p. 1382, 1803, 1992.