ESSAI SUR LE RÈGNE DE L’EMPEREUR DOMITIEN

 

CHAPITRE XI. — MEURTRE DE DOMITIEN. CONSÉQUENCES DE SON RÈGNE.

 

 

Les deux principales phases de cette époque cruelle et ennemie de toute vertu[1], qui commença en 93, furent la persécution des philosophes et celle des chrétiens. Elles atteignirent les hommes les plus considérables par leurs vertus, leur intelligence ou leur rang. — Cependant, un grand nombre d’autres grands personnages furent frappés alors, souvent sur les plus légers prétextes[2]. Un acte qu’on pouvait supposer inspiré par des sentiments hostiles au pouvoir, une absence aux réceptions impériales[3], un mot malveillant ou mal interprété[4], une amitié ou une parenté compromettante[5], une prédiction qui leur promettait de hautes destinées, un passé glorieux, des talents qui attiraient sur eux les regards de la foule et semblaient les autoriser à prétendre au pouvoir suprême, une dénonciation calomnieuse causaient leur perte. Les rangs de la noblesse s’éclaircirent de plus en plus[6], le Sénat fut décapité dans ses plus illustres membres[7].

Sallustius Lucullus, légat de Bretagne, avait souffert que des lances d’une forme nouvelle fussent appelées luculliennes. Domitien y vit une usurpation de ses droits souverains et le fit périr[8] : depuis la révolte d’Antonius il ne cessait de craindre une sédition militaire[9]. — Un autre consulaire, Salvidienus Orfitus, fut aussi mis à mort comme conspirateur, dans le lieu où il avait été relégué[10]. — Des astrologues avaient annoncé à Mettius Pompusianus qu’il régnerait. Vespasien ne lui en avait pas moins conféré le consulat. Il se souviendra de moi, dit-il, et m’honorera à son tour[11]. Mais Domitien était moins sceptique que son père : Dion Cassius nous dit qu’il recherchait de toutes les façons le jour et l’heure de la naissance des principaux citoyens, et qu’il en fit périr plusieurs, même parmi ceux qui, malgré des signes favorables, ne se croyaient pas destinés à l’empire[12]. Matins Se vit accusé d’avoir fait représenter une carte de l’univers suries murs de sa chambre à coucher, d’avoir extrait et lu en public les harangues des rois et des grands hommes qui se trouvaient dans Tite-Live, d’avoir enfin donné à deux de ses esclaves les noms de Magon et d’Hannibal. Il fut d’abord relégué dans l’île de Corse, puis mis à mort[13]. — L’empereur Othon avait laissé un neveu, Salvius Cocceianus, qu’il aurait adopté s’il avait été vainqueur dans la guerre civile[14]. Ce jeune homme ayant célébré l’anniversaire de son oncle, Domitien le fit périr[15]. — L. Ælius Lamia Plautius Ælianus était l’ancien mari de l’impératrice Domitia. Il s’était consolé de son malheur conjugal par quelques épigrammes. Un jour que Titus l’engageait à se remarier, il lui dit : Vous aussi, vous voulez donc prendre femme ? Une autre fois, comme on le félicitait de sa voix, il répondit, en se comparant à un homme qu’on aurait fait eunuque : C’est que je vis chastement. Selon Suétone, ces allusions désobligeantes causèrent sa mort[16]. — Arrecinus Clemens, beau-frère de Titus et deux fois consul, périt aussi. Avant de le condamner, Domitien le traita avec de grands égards ; mais tout à coup, tandis qu’il se promenait en litière avec lui, il lui dit, à la vue de son dénonciateur : Veux-tu que demain nous entendions ce misérable esclave[17] ? — Mottius Modestus se permit, entre autres crimes, d’appeler Regulus le plus méchant des bipèdes. Il fut condamné à la relégation[18]. — C. Salvius Liberalis Nonius Bassus fut accusé sous Domitien, et peut-être exilé[19]. — Julius Bassus, qui devint sous Trajan proconsul de Bithynie, fut aussi relégué[20] ; il était cependant tombé en disgrâce sous Titus, à cause de ses relations amicales avec le second fils de Vespasien.

Le prince s’irritait fort de l’opposition littéraire qu’il rencontrait. Le rhéteur Materons, s’étant permis dans un exercice oratoire de parler contre les tyrans, cette imprudence lui coûta la vie[21]. — L’historien Hermogène de Tarse fut aussi condamné à mort pour avoir mis dans un de ses ouvrages des allusions jugées criminelles. L’empereur n’épargna même pas les copistes, qui furent crucifiés[22].

D’autres personnages importants n’échapp3rent pas sans peine à la mort. Selon Dion Cassius, Juventius Celsus, ayant conspiré contre Domitien avec quelques-uns des principaux citoyens de Rome, fut mis en accusation. Sur le point d’être condamné, il demanda à parler en secret à l’empereur ; il se prosterna devant lui, l’appela à plusieurs reprises maître et dieu. Je n’ai rien fait, dit-il, de ce qu’on me reproche : si j’obtiens un sursis, je prendrai des renseignements et je vous dénoncerai un grand nombre de coupables. Relâché à cette condition, il ne dénonça personne, et alléguant tantôt un prétexte, tantôt un autre, il atteignit le moment du meurtre de Domitien[23].

Pline le Jeune avait été d’abord très favorisé par l’empereur, qui lui avait accordé une dispense d’un an pour briguer la préture[24]. Mais il était l’ami de plusieurs victimes de Domitien : Herennius Senecio[25], Arulenus Rusticus[26], Junius Mauricus[27], Helvidius Priscus[28], Arria, Fannia[29], Gratilla, Julius Bassus[30]. Avec Senecio il avait accusé le concussionnaire Bæbius Massa. Bout le courage de ne pas renier ses amitiés. Pendant l’exil de Fannia, il correspondit avec elle[31] ; à la fin de 93, année de sa préture, il alla visiter le philosophe Artémidore chassé de Rome[32]. Aussi tomba-t-il en disgrâce[33]. Même avant 93, Regulus, s’il faut l’en croire, avait cherché à le perdre. Un jour, il plaidait contre cet orateur pour une certaine Arrionilla[34]. Il fondait en partie son argumentation sur une opinion de Mettius Modestus, alors en exil. Regulus l’apostropha tout à coup : Pline, que pensez-vous de Modestus ? La question était embarrassante : Si Pline avait répondu Du bien, il se serait exposé à un grand péril ; s’il avait médit de Modestus, il se serait déshonoré par sa lâcheté. Il dit alors : Je vous répondrais, si c’était la question que les centumvirs avaient à juger. — Je vous demande, reprit Regulus, ce que vous pensez de Modestus. Pline répliqua qu’on ne demandait pas de témoignage contre un condamné, mais seulement contre les accusés. — Eh bien ! je ne vous demande plus votre opinion sur Modestus, mais ce que vous pensez de son attachement pour le prince. — Vous voulez savoir ce que j’en pense, mais moi, je crois qu’il n’est pas même permis de remettre en question la chose jugée. C’était habilement répondre : Regulus, déconcerté, se tut[35]. — Après la mort de Domitien, on trouva dans ses papiers une accusation contre Pline, envoyée par Mettius Carus à l’empereur[36]. — Ces renseignements, nous les tirons des lettres de Pline. Mais il ne faut pas oublier la vanité de ce personnage qui, dans nue époque de réaction contre Domitien, fut fort aise de se faire considérer comme une victime du tyran. On doit aussi observer qu’après 93, sa disgrâce ne fut pas complète. A la suite de sa préture, il devint préfet du trésor militaire[37]. Or, cette fonction était donnée par le prince.

Nerva, le futur empereur, faillit périr. Il cherchait, il est vrai, à se faire oublier[38] ; mais il avait été compromis par des astrologues qui lui avaient prédit la dignité impériale : par bonheur, un d’entre eux rassura Domitien en lui affirmant que Nerva n’avait plus que peu de temps à vivre[39].

Des citoyens illustres étaient écartés des honneurs : leurs talents, leur réputation leur avaient attiré la haine du prince. Les gens de bien, dit Pline (Panég., 45), relégués, et en quelque sorte ensevelis dans l’oisiveté et l’obscurité, n’étaient amenés à la lumière que par des délations et des périls. — Tacite, préteur en 88[40], aurait dû parvenir au consulat avant 96, mais il était gendre d’Agricola : il ne reçut les faisceaux qu’après la mort de Domitien. — Verginius Rufus, qui avait deux fois refusé l’empire, vivait dans la retraite ; il était suspect et détesté à cause de ses vertus[41]. — Il devait en être de même de Frontin, le vainqueur des Silures, l’auteur des Stratagèmes et des Aqueducs, un des personnages les plus considérables de son temps[42] ; ce fut seulement sous Nerva qu’il devint curateur des eaux et consul pour la seconde fois[43] ; sous Trajan, il reçut un troisième consulat[44]. — Trajan, qui dès cette époque était fort considéré[45], fut peut-être menacé aussi[46] ; au milieu de l’adversité, lui dit Pline (Panég., 44), vous avez vécu avec nous, vous avez couru des dangers, vous avez tremblé : c’était alors la vie des honnêtes gens.

Tacite, au commencement de ses Histoires (I, 2 & 3), résume avec énergie les maux de cette époque de terreur : La mer pleine d’exils, les rochers souillés de meurtres, des cruautés plus atroces dans Rome : noblesse, richesse, honneurs refusés ou reçus comptés pour autant de crimes ; une mort certaine réservée aux vertus ; les délateurs, dont le salaire ne révoltait pas moins que les forfaits, se partageant comme des dépouilles sacerdoces et consulats, administrant les provinces, maîtres dans Rome, mettant tout au pillage ; la haine ou la terreur armant les esclaves contre leurs maîtres, les affranchis contre leurs patrons ; enfin ceux auxquels un ennemi manquait accablés par leurs amis. Cependant cette époque ne fut point tellement stérile en vertus qui elle n’ait produit des exemples de belles actions. Des mères accompagnèrent leurs enfants dans leur fuite, des femmes suivirent leurs maris en exil ; il y eut des parents intrépides, des gendres dévoués, des esclaves d’une fidélité qui résistait môme aux tortures, des hommes illustres soumis à la dernière de toutes les épreuves, cette épreuve môme supportée avec courage, et des morts comparables aux plus belles fins de l’antiquité[47].

L’aristocratie avait voué à Domitien une haine implacable. Pline, quand il parle de cet empereur, l’appelle le bourreau et le spoliateur de tous les gens de bien[48], le plus féroce des bêtes[49], le plus méchant, le plus cruel des princes[50], le plus avide des brigands[51], un prince chargé de tous les vices[52]. Il raconte[53] qu’un jour, à la fin du règne de cet empereur, il alla voir Corellius Rufus, personnage consulaire, dans sa maison de campagne, près de Rome. Atteint d’une maladie incurable, Rufus souffrait de douleurs inouïes. La goutte n’attaquait plus seulement ses pieds, mais s’étendait sur tout son corps. Ses serviteurs sortirent de sa chambre : quand un ami intime entrait chez lui, il était d’usage que tous se retirassent, même sa femme, quoiqu’elle fût capable de garder tous le secrets. Après avoir jeté les yeux autour de lui, il dit à Pline : Savez-vous pourquoi je continue à supporter depuis si longtemps ces souffrances horribles ? C’est pour survivre, ne serait-ce que d’un jour, à ce scélérat. Le ciel exauça le vœu de Corellius Rufus ; il vit le règne de Nerva, et, n’ayant plus rien qui l’attachât à la vie, il se suicida[54].

Même les conseillers intimes de Domitien, les délateurs les plus puissants, instruments nécessaires à sa politique, le craignaient et le haïssaient ; ils savaient que par peur, autant que par hypocrisie, le prince n’hésiterait pas à les perdre au besoin[55].

A Rome, le peuple se détournait de lui[56]. Les Juifs et les chrétiens devaient le détester ; les affranchis, les clients des grandes maisons étaient frappés dans leurs intérêts, quelques-uns dans leurs affections, par l’exil ou la mort de leurs patrons ; les artisans souffraient de l’appauvrissement de la noblesse. Il faut ajouter que la conduite hautaine de Domitien dans les spectacles, où les Romains avaient auparavant le droit d’exprimer assez librement leurs sentiments[57], devait compromettre sa popularité. Peut-être les spectateurs se permirent-ils parfois de manifester, d’une manière détournée, leur hostilité à l’égard du prince. Martial (IX, 68, 7) parle des acclamations bruyantes qui saluaient les victoires des gladiateurs armés de petits boucliers : on sait que les grands boucliers étaient protégés par Domitien.

Bien des Romains en étaient venus à le considérer comme un nouveau Néron, le Néron chauve[58].

L’empereur sentait bien qu’un jour il succomberait à son tour dans la lutte acharnée qu’il soutenait contre l’aristocratie. — Depuis longtemps, il était effrayé par des prédictions qui lui annonçaient une mort violente. Dans les derniers mois de son règne, se répandirent des bruits sinistres qui, en d’autres temps, n’auraient rencontré aucun crédit, mais que lui-même dans son inquiétude et ses ennemis dans leurs espérances considérèrent comme des présages de sa chute. On entendit, écrit Suétone (Domitien, 15), et on annonça tant de coups de tonnerre, que Domitien s’écria : Eh bien ! frappe qui tu voudras ! La foudre atteignit le Capitole, le temple des Flaviens, le palais de l’empereur, sa chambre. L’inscription du piédestal de sa statue triomphale fut arrachée par un violent orage et tomba sur un édifice voisin. — L’oracle de la Fortune de Préneste, qui lui avait toujours fait des réponses favorables, lui annonça un sort funeste pour la dernière année et lui parla même de sang. n vit en rêve Minerve, sa déesse favorite, sortir du sanctuaire qu’elle avait dans le palais en disant qu’elle ne pouvait pas le protéger plus longtemps, car Jupiter l’avait désarmée. Mais ce qui l’émut surtout, ce fut la réponse et la mort de l’astrologue Ascletarion. Déféré devant Domitien, cet homme ne nia pas qu’il eût révélé ce que son art lui avait fait prévoir. L’empereur lui ayant alors demandé de quelle manière il mourrait lui-même, il répondit qu’il serait bientôt déchiré par des chiens. Pour convaincre l’astrologie d’imposture, Domitien ordonna qu’on le brûlât vif et qu’on l’ensevelît avec le plus grand soin. Mais un orage subit renversa le bûcher sur lequel se trouvait le corps à demi brûlé, que les chiens dévorèrent. Le mime Latinus avait été témoin du fait par hasard ; il le raconta à l’empereur parmi les nouveautés du jour[59].

Domitien se méfiait de tout[60]. Le Sénat, toujours prêt à le flatter, lui offrit un honneur exceptionnel : il décréta que toutes les fois qu’il gérerait le consulat, des chevaliers romains, désignés par le sort, le précéderaient avec les licteurs et les appariteurs ; ils seraient revêtus de la trabée et tiendraient en main des lances. L’empereur aimait fort les honneurs, mais il craignit que dans ce brillant cortège ne se trouvât quelque jour un assassin, et il refusa[61]. — Rarement il se montrait en public. Dans sa demeure, il s’entourait des plus grandes précautions[62] ; il semble avoir confié à Parthenius, un affranchi[63] sur lequel il croyait pouvoir compter, le commandement militaire du palais[64]. On l’abordait difficilement, et des gardes surveillaient les personnes admises à ses audiences[65]. Les portiques par lesquels il avait l’habitude de passer étaient revêtus de phengite, pierre qui reflétait les images comme une glace ; il pouvait ainsi voir tout ce qui se passait derrière lui[66]. Dans ses promenades sur le lac d’Albano ou dans le golfe de Baies, il se faisait remorquer par une barque où étaient les rameurs, qu’il tenait à écarter de sa personne[67]. Quand il voulait interroger des prisonniers, il parlait seul avec eux pour que rien ne transpirât de l’entretien, mais il avait soin de tenir dans ses mains leurs chaînes[68]. — Pour montrer à ses serviteurs que même dans une bonne intention ils ne devaient pas porter la main sur leur maître, il exila, puis fit périr l’affranchi Épaphrodite : il lui reprochait d’avoir aidé Néron, déposé par le Sénat, abandonné de tous, à se donner la mort[69]. Il n’avait aucune confiance dans les préfets du prétoire qui devaient veiller à sa sûreté : deux d’entre eux furent mis en jugement à l’époque même où ils exerçaient leurs fonctions[70].

Au mois de septembre de l’année 96, il songea peut-être à se défaire de sa femme, dont il se savait détesté, et de quelques-uns de ses principaux affranchis, do ses conseillers intimes, sur lesquels il avait conçu des soupçons. D’après le récit de Dion Cassius[71], il déposa sous le chevet de son lit de petites tablettes de bois sur lesquelles il avait écrit leurs noms ; mais un jeune enfant, admis dans le palais comme bouffon, les déroba pendant que le prince faisait sa sieste et s’en alla sans savoir ce qu’il portait. Domitia, qui le rencontra, lut ces tablettes et avertit les autres : ce fut pour eux un motif de presser un complot auquel ils songeaient déjà. Mais on doit remarquer que les mêmes détails nous sont donnés sur la mort de Commode[72] ; il y a donc là probablement une légende ou une confusion. — Les principaux conjurés furent Parthenius et Sigerius[73], chambellans de l’empereur ; Entellus, secrétaire a libellis ; Stephanus, procurateur de Domitille, alors accusé d’avoir détourné une partie des biens confiés à sa garde[74]. Domitia eut connaissance, dit-on, de la conspiration[75]. Les deux préfets du prétoire, Norbanus et Petronius Secundus, ne l’ignorèrent pas non plus ; leur complicité était nécessaire pour empêcher les soldats de se livrer à de sanglantes représailles lorsqu’ils apprendraient la mort de Domitien[76]. — Avant de mettre leur projet à exécution, les conjurés s’assurèrent du successeur à l’empire ; de graves désordres étant à craindre, il fallait qu’immédiatement après le meurtre un gouvernement fort fut établi. Dans de telles circonstances, des hésitations, des intrigues sénatoriales pour l’élection d’un nouveau prince auraient été très inopportunes. Plusieurs personnages restèrent sourds aux propositions qui leur furent faites ; ils craignaient un piège. Enfin, M. Cocceius Nerva, qui était d’une haute naissance et avait deux fois géré le consulat ordinaire[77], se déclara prêt à accepter l’empire[78]. Nous avons vu que Domitien avait songé à le mettre à mort. Il est probable que quelques sénateurs influents furent informés de ce choix, afin que l’élection de Nerva ne frit entravée par aucune difficulté. Le nombre de ceux qui connurent le complot dut donc être assez considérable, mais la haine qu’inspirait Domitien et le désir qu’on avait de se débarrasser de lui répondaient de la discrétion de tous.

La veille de sa mort, dit Suétone (Domitien, 16), qui prétend qu’on lui avait prédit le jour et l’heure où il périrait (Domitien, 14), on lui avait servi des truffes. Il les fit garder pour le lendemain, en disant : Si toutefois il m’est permis d’en goûter ! Puis, se tournant vers ses voisins, il ajouta que, le jour suivant, la lune se couvrirait de sang dans le Verseau et qu’il arriverait un événement dont on parlerait dans tout l’univers. Au milieu de la nuit, il fut saisi d’un tel effroi qu’il sauta à bas de son lit. Le lendemain matin (18 septembre)[79], il jugea un devin qu’on lui avait envoyé de Germanie, parce que cet homme, consulté au sujet d’un coup de tonnerre, avait prédit une révolution ; il le condamna[80]. En grattant trop fort une verrue qu’il avait au front, il la fit saigner. Plût au ciel, dit-il, que j’en fusse quitte à si bon compter ! Puis il demanda l’heure. Au lieu de la cinquième qu’il redoutait, on lui dit exprès que c’était la sixième. Alors, comme si le péril était passé, il se rassura et se disposa à faire la sieste. — Les récits de la scène qui suivit ont un caractère un peu moins légendaire[81]. Le chambellan Parthenius vint annoncer à l’empereur qu’un homme demandait à lui parler sans retard pour lui faire des révélations d’une grande importance sur une conspiration. Domitien, ayant fait retirer tout le monde, passa dans sa chambre à coucher, et Stephanus, qui se vantait d’avoir découvert les conspirateurs, fut introduit près de lui. Fort robuste, il s’était chargé du meurtre. Plusieurs jours auparavant, il avait feint de se blesser le bras et il le portait enveloppé de litiges, au milieu desquels il put cacher un poignard. Il présenta à l’empereur un billet[82], et tandis que celui-ci le lisait avec étonnement, il le frappa à l’aine. Domitien, dont la blessure n’était pas mortelle, cria à un esclave, qui se trouvait dans la chambre pour veiller au culte des dieux lares, de lui tendre le poignard caché sous le chevet du lit. Mais Parthenius avait eu soin d’en enlever la lame ; de plus, toutes les issues avaient été fermées. L’empereur, qui était très vigoureux, saisit l’assassin, le jeta à terre et, pendant quelque temps, il chercha à lui arracher le fer des mains ou à lui crever les yeux, quoiqu’il se frit lui-même blessé les doigts dans la lutte. Mais à ce moment entrèrent le corniculaire Clodiantis, Maxime, affranchi de Parthenius, Saturius, décurion des chambellans[83] et quelques gladiateurs ; ils l’achevèrent en lui faisant sept blessures. Beaucoup de gens qui n’avaient pas pris part à la conspiration étant aussitôt accourus, Stephanus fut tué à son tour. — Des portefaix emportèrent du palais, dans un cercueil fort humble, le cadavre de Domitien ; Phyllis, sa nourrice, lui rendit les derniers devoirs dans un domaine qu’elle possédait sur la voie Latine, puis elle porta furtivement ses restes dans le temple de la famille Flavienne et les mêla aux cendres de Julie, fille de Titus, qu’elle avait aussi élevée[84].

L’aristocratie était délivrée de son implacable persécuteur. Entre ces murailles, dit Pline (Panég., 49), où il se croyait en sûreté, il avait renfermé avec, lui la trahison, les pièges, un dieu vengeur de ses crimes. Le châtiment a écarté les gardes et brisé les barrières ; à travers les passages étroits et pleins d’obstacles, il s’est précipité comme si l’entrée eût été libre et les portes ouvertes. A quoi servit alors la divinité du prince ? à quoi ces appartements secrets et ces réduits cruels, où la crainte, l’orgueil, la haine des hommes le tenaient confiné ?

Les sénateurs, tout joyeux, s’assemblèrent aussitôt. Ils élurent Nerva et accablèrent le prince mort des invectives les plus outrageantes. On apporta des échelles, on détacha ses écussons, ses portraits, et on les brisa. Un décret abolit sa mémoire, et ordonna que partout les inscriptions gravées en son honneur fussent détruites et ses statues renversées ; celles qui étaient en métal précieux durent être fondues[85]. Quelle joie, s’écrie Pline[86], de jeter à terre ces visages superbes, de courir dessus le fer à la main, de les briser avec la hache, comme si ces visages eussent été sensibles et que chaque coup eût fait jaillir le sang ! Personne ne fut assez maître de ses transports et de sa joie tardive pour ne pas goûter une sorte de vengeance à contempler ces corps mutilés, ces membres mis en pièces ; à voir ces menaçantes et horribles images jetées dans les flammes et réduites en fusion, afin que le feu transformât pour l’usage et le plaisir des hommes ce qui les avait fait si longtemps trembler d’épouvante. Le décret du Sénat fut si bien exécuté, qu’on n’a retrouvé à Rome aucune inscription en l’honneur de Domitien[87] ; dans presque toutes celles où il était nommé, son nom a été martelé[88]. Le peuple laissa faire[89].

Parmi les Italiens et les provinciaux, beaucoup avaient encore des sympathies pour la dynastie Flavienne ; cependant ils n’osèrent pas protester contre le fait accompli : du reste, ils n’en avaient pas le pouvoir[90].

Quant aux soldats, la nouvelle du meurtre les remplit d’indignation. Les prétoriens voulurent sur le champ lui décerner les honneurs divins[91], et ils l’auraient vengé s’ils avaient trouvé des chefs ; mais leurs deux préfets avaient pris part à la conspiration. Ils se soumirent donc, non sans regret, aux décisions du Sénat[92]. — Dans un des camps des bards du Danube, les troupes songèrent à se soulever. S’il faut en croire Philostrate, ce fut Dion Chrysostome qui les en empêcha. Forcé de fuir la colère de Domitien, il était arrivé dans ce lieu et, inconnu de tous, il travaillait de ses mains pour vivre. Quand il vit que la révolte allait éclater, il déclara qu’il était Dion le philosophe, parla avec une grande éloquence contre le tyran, et montra aux soldats qu’ils feraient mieux d’obéir au Sénat romain. Il apaisa ainsi les esprits[93]. — On put aussi craindre des troubles en Syrie, province où se trouvaient plusieurs légions : le légat n’était pas considéré comme favorable au nouveau gouvernement[94]. Cependant Nerva fut partout reconnu.

Il n’est plus fait mention dans l’histoire des neveux de Domitien, que cet empereur avait adoptés. Au fond de la catacombe de Domitille, M. de Rossi a retrouvé les noms de quelques Flaviens qui semblent avoir vécu au second siècle. Un général de l’époque des trente tyrans, Domitianus, se prétendait de la famille de Domitien et de Domitille[95]. L’impératrice Domitia semble avoir vécu longtemps encore sans être inquiétée[96].

A la servitude succéda ce que l’on appela la liberté[97]. L’empereur ne fut plus un maître régnant sur des sujets, mais seulement le premier citoyen de l’État. Nerva refusa des honneurs extraordinaires, le titre de censeur à vie, par exemple ; il diminua le luxe du palais[98]. Le Sénat, auquel il témoigna une grande déférence, put reprendre une part active au gouvernement[99] ; la dyarchie parut rétablie. Les exilés furent rappelés, les victimes de Domitien réhabilitées ou glorifiées ; les procès de majesté interdits ; les exactions financières prirent fin ; beaucoup de délateurs de basse condition furent condamnés à mort ; il fut interdit aux esclaves et aux affranchis de porter des plaintes en justice contre leurs maîtres[100]. Cependant, Nerva, par crainte d’une révolte militaire, s’efforça de modérer la réaction[101]. Quelques favoris de Domitien se virent traités avec des égards particuliers par lui[102]. Il rendit un édit pour confirmer tous les privilèges accordés par son prédécesseur[103]. Casperius Ælianus, déjà préfet du prétoire avant 96, reçut de nouveau le commandement de la garnison de Rome. Les prétoriens s’enhardirent ; sous la conduite d’Ælianus, ils vinrent assiéger le palais, exigèrent le châtiment des assassins de Domitien, les massacrèrent, et se firent même remercier de leur crime par Nerva[104]. — Le vieil empereur, se sentant sans autorité, s’associa alors un général énergique et aimé des soldats, Trajan, qui, bientôt après (janvier 98), lui succéda. Dès lors, la réaction fut complète. Dans le remerciement officiel que Pline le Jeune, devenu consul, adressa à Trajan, le 1er septembre de l’année 100, il ne manqua aucune occasion de maudire Domitien et de mettre en contraste la conduite de ce tyran et celle du prince régnant. Les délateurs qu’avait épargnés Nerva subirent des peines rigoureuses[105] ; Casperius Ælianus et les prétoriens qui avaient été les meneurs de la révolte furent mis à mort[106]. Nul n’osa protester. D’ailleurs, les bienfaits que Trajan répandit sur tout l’empire et ses succès militaires effarèrent bientôt les regrets que le meurtre de Domitien avaient pu provoquer en Italie, dans les provinces et surtout dans l’armée.

Domitien fut un homme d’État d’un esprit assez étroit, mais avisé, actif, désireux de bien gouverner. Il assura au monde romain une justice, nue administration régulières ; on ne peut guère lui adresser à cet égard qu’un seul reproche grave, c’est de n’avoir pas suffisamment cherché à restaurer les finances que Titus avait compromises. Il voulut ranimer la religion nationale, qu’il jugeait nécessaire à l’empire, et la défendre contre les croyances nouvelles. Il essaya de rétablir les bonnes mœurs, pensant que l’intervention de l’Etat dans ce domaine pouvait être efficace. Sous son règne, Rome fut plus brillante que jamais ; les provinces semblent avoir été prospères ; il fit ce qu’il put pour améliorer les conditions économiques de l’Italie. Il s’efforça de défendre les frontières contre les Barbares et il y réussit sur le Rhin. — Il vit les défauts du gouvernement mixte du Sénat et du prince, et, en s’appuyant sur l’armée, il chercha à y porter remède, non sans hésitation du reste, car il se rendait bien compte du prestige du Sénat. Mais le Sénat, qui ne s’avouait guère son incapacité, n’était pas disposé à renoncer à ses droits constitutionnels. D’ailleurs Domitien n’avait pas les qualités morales nécessaires pour faire accepter sa politique. Au lieu de se contenter de la réalité du pouvoir, il commit, par vanité, la faute d’exiger des honneurs tels que nul empereur n’en avait reçus jusqu’alors ; il ne voulut plus être seulement le premier des citoyens : il se fit appeler a maître n et a dieu. a Son orgueil, la violence et la méchanceté de son caractère aigri par la défiance que lui avaient témoignée son père et son frère, ses débauches lui attirèrent la haine violente de l’aristocratie, qui, dès le début de son règne, lui était défavorable, se souvenant des fautes de sa première jeunesse et de sa conduite peu fraternelle envers Titus. Si à Rome elle se soumit en apparence, elle lui fit en secret une vive opposition et conspira contre sa vie. En 88, elle parvint à entraîner dans une révolte une partie des légions. Domitien s’en vengea par des actes de cruauté qui exaspérèrent la noblesse. La lutte dura plusieurs années ; elle devait nécessairement se terminer par le meurtre de l’empereur : tandis que ses rigueurs ne faisaient qu’augmenter le nombre et l’acharnement de ses ennemis, il suffisait d’un coup de poignard pour le faire disparaître. Après lui, les règnes de Nerva et de Trajan furent marqués par une réaction contre sa politique : la menace de la monarchie parut écartée.

Il était cependant plus que jamais nécessaire de modifier la dyarchie d’Auguste. Domitien avait mis à mort les sénateurs les plus influents : d’autres avaient été exilés et n’étaient revenus à Rome qu’après l’avènement de Nerva ; ceux même qui avaient assisté aux séances du Sénat n’avaient pas pu prendre part à des délibérations sérieuses : ils s’étaient contentés d’obéir sans examen, sans résistance, aux volontés de l’empereur. Ils n’avaient donc en général aucune expérience des affaires publiques. La servitude des derniers temps, dit Pline[107], a fait oublier les droits et les règlements du Sénat aussi bien que les autres connaissances utiles. Est-il quelqu’un d’assez patient pour vouloir apprendre ce qui ne doit lui être d’aucun usage ? Et d’ailleurs, comment retenir ce que l’on apprend, si on ne le pratique pas ? Lorsque Nerva, et après lui Trajan, invitèrent ces hommes à prendre part au gouvernement, la liberté les trouva novices, inexpérimentés, et voulant jouir de ses douceurs, ils furent forcés d’agir avant d’apprendre[108]. — L’inaction imposée aux sénateurs sous Domitien leur avait fait perdre non seulement la pratique, mais aussi le goût des affaires publiques : la correspondance de Pline nous montre la légèreté de leur esprit[109] et la frivolité de leurs occupations quotidiennes. Ils ne s’inquiétaient nullement d’acquérir l’expérience qui leur manquait. C’est maintenant seulement que nous revenons à la vie, écrit Tacite en 98 (Agricola, 3), et quoique dès le commencement de ce siècle bienheureux, Nerva ait uni deux choses autrefois incompatibles, le principat et la liberté, quoique Trajan augmente chaque jour notre bonheur, et que la sécurité publique ne repose plus seulement sur une espérance et un vœu, mais qu’au vœu même se joigne la ferme confiance qu’il ne sera pas vain : cependant, par la faiblesse de la nature humaine, les remèdes agissent moins vite que les maux, et comme les corps sont lents à croître et prompts à se détruire, de même il est plus facile d’étouffer les talents et l’activité que de les ranimer. On trouve dans l’inaction même certain charme ; et l’oisiveté, odieuse d’abord, finit par être aimée. — Domitien avait surveillé les magistrats et les proconsuls, et réprimé sévèrement leurs exactions ; après lui, Nerva et Trajan remirent au Sénat le soin de les punir. Mais une des conséquences du règne de Domitien avait été de resserrer les liens de solidarité qui unissaient les sénateurs, alors tous frappés ou menacés : aussi montrèrent-ils pour les coupables une indulgence excessive[110], qui déconsidéra l’assemblée[111]. — A la suite du règne de Domitien, le Sénat comme assemblée, les sénateurs comme magistrats ou fonctionnaires, étaient encore plus impuissants que par le passé à participer d’une manière sérieuse au gouvernement.

Laissés libres sous Nerva et Trajan d’exercer leurs droits constitutionnels, les sénateurs durent reconnaître leur incapacité qui éclatait aux yeux de tous[112]. D’ailleurs, par suite de la stérilité des mariages aristocratiques[113], par suite aussi des cruautés de Domitien qui avaient surtout frappé les familles illustres, la vieille noblesse avait presque entièrement disparu[114], et il était entré dans la curie un grand nombre d’hommes nouveaux qui étaient moins disposés à se montrer jaloux des prérogatives de I’assemblée. — Le Sénat consentit donc à renoncer volontairement aux attributions qu’il ne pouvait exercer, et il s’en déchargea sur Trajan, qui avait su se concilier son affection par les égards qu’il lui montrait, par son aversion pour tous les honneurs ayant un caractère monarchique. Mais il n’abdiqua pas en un jour tous ses droits : sa participation aux affaires publiques ne se restreignit que peu à peu, à mesure que pour chaque cas particulier, il fit une nouvelle constatation de son impuissance ; Trajan eut du reste soin de ne pas blesser son amour-propre. Chaque fois qu’il eut à intervenir dans les affaires qui étaient de la compétence du Sénat, les mesures qu’il prit eurent un caractère exceptionnel et transitoire : elles ne supprimèrent pas les droits de cette assemblée, elles les limitèrent ou les suspendirent. Si les empereurs qui succédèrent à Domitien, tout en s’abstenant de prendre la censure, gardèrent le droit d’allection qui y était attaché et purent ainsi intervenir dans la composition de la curie, le Sénat n’en resta pas moins en théorie le représentant de la souveraineté du peuple. Aucune de ses prérogatives politiques ne fut formellement abolie. Mais par suite des empiétements successifs des empereurs, la part que la constitution d’Auguste lui avait réservée dans le gouvernement et l’administration de l’Etat diminua de plus en plus. Par une série de transformations qui se répartirent sur deux siècles, le lise absorba les revenus de l’ærarium, l’Italie fut assimilée aux provinces et tomba sous l’administration impériale, le Sénat perdit presque toute initiative en matière de législation, la juridiction civile et criminelle passa presque complètement au prince et à ses délégués, enfin les sénateurs furent exclus des armées. Les rouages nécessaires à une administration monarchique furent définitivement établis par Hadrien : ministères, conseil du prince, fonctions équestres formant une hiérarchie régulière : Ainsi la monarchie, à laquelle il ne manqua plus que le nom, se fonda et s’organisa lentement, sans trop de secousses. Domitien ne put écarter la dyarchie parce que le Sénat n’y voulut pas consentir, mais son règne rendit la impression de la dyarchie encore plus nécessaire et eut pour effet d’atténuer la résistance opposée par le Sénat à cette grande réforme.

 

FIN

 

 

 



[1] Tacite, Agricola, 1.

[2] Suétone, Domitien, 10 : levissima... de causa.

[3] Pline, Panég., 48.

[4] Juvénal (IV, 86) dit avec exagération :

sed quid violentius aure tyranni,

cum quo de pluviis aut sestibut aut nimbose

vere locuturi fatum pendabat amici.

(Mais quoi de plus redoutable à irriter que l’oreille d’un tyran avec qui un ami, rien qu’en causant de la pluie, de l’été ou de l’orageux printemps, risquait la mort ?)

[5] Pline, Lettres, V, 1, 8.

[6] Juvénal, IV, 150 :

Atque utinam his potius nugis tota illa dedisset

Tempora sævitiæ, claras quibus abstulit urbis

inlustresque animas impune et vindice nullo.

(Plût aux dieux que de telles bagatelles [la délibération sur le turbot] eussent occupé le maître aux temps abominables où il frustrait Rome de belles vies illustres, impunément et sans qu’un vengeur se levât !)

(Cf. I, 34 ; IV, 97). — Pline (Panég., 69) dit, en parlant de la vieille noblesse, décimée par Domitien : Si quid usquam stirpis antiquæ, si quid residuæ claritatis... (Partout où il trouve quelque reste d'une ancienne lignée, quelque débris d'une vieille illustration).

[7] Philostrate, Apollonius, VII, 4. — Cf. Suétone, Domitien, 10 : Complures senatores, in iis aliquot consulares interemit (Il mit à mort, comme coupable de conspiration, beaucoup de sénateurs, dont plusieurs avaient été consuls). Tacite, Agricola, 3. Pline, Panég., 35, 48, 52, 62, 63, 90, 94, 95. Eusèbe, Hist. ecclés., III, 17 ; Chronologie, année 2109. Paul Orose, VII, 10.

[8] Suétone, Domitien, 10. — Il serait intéressant de pouvoir dire avec précision, en ce qui concerne ce personnage et les suivants, quelle fut la procédure employée contre eux. Mais les renseignements qui nous sont parvenus sont très vagues. Suétone dit simplement [Domitianus] interemit...

[9] Voir Panég., 68.

[10] Suétone, loc. cit. Philostrate (Apollonius, VII, 8) dit qu’Orfitus, considéré comme digne de l’empire, fut relégué dans une lie. Il ajoute qu’un certain Rufus subit le même sort. Nous ne savons pas quel est ce personnage.

[11] Suétone, Vespasien, 14.

[12] Dion Cassius, LXVII, 15.

[13] Dion Cassius, LXVII, 12. Cf. Suétone, Domitien, 10.

[14] Plutarque, Othon, 16.

[15] Suétone, loc. cit. Selon Tacite [ou sa source], Othon mourant aurait adressé à son neveu, alors d’une extrême jeunesse, cette recommandation : Proinde erecto anime capesseret vitam, non patruum sibi Othonem fuisse aut oblivisceretur unquam, aut nimium meminisset (Que de motifs pour Cocceianus d'embrasser la vie avec courage, sans oublier jamais qu'Othon fut son oncle, et sans jamais trop s'en souvenir !) (Hist., II, 48. Cf. Plutarque, l. c.). L’historien qui écrivait ces lignes pensait certainement à la fin malheureuse de Salvius Cocceianus.

[16] Suétone, Domitien, 10. Cf. Juvénal, IV ; vers 154.

[17] Suétone, Domitien, 11.

[18] Pline le Jeune, Lettres, I, 5, 5 et 14.

[19] Pline, III, 9, 33. — Salvius Liberralis, qui assista aux cérémonies des Arvales en 81, 86, 87, 101 (voir Henzen, Index des Acta, p. 196), n’est pas indiqué sur les actes de cette confrérie dans l’intervalle des années 87 et 101. Peut-être doit-on en conclure avec Borghesi (Œuvres, III, p.179) qu’il fut exilé à la fin du règne de Domitien. Cependant il ne serait pas tout à fait impossible qu’il ait été, lors de la mort de cet empereur, legatus juridicus de Bretagne.

[20] Pline, Lettres, IV, 9, 2.

[21] Dion Cassius, LXVII, 12. — Il n’y a pas lieu d’identifier ce Maternus avec le poète Curiatius Maternus, un des héros du Dialogue des Orateurs de Tacite (voir Teuffel-Schwabe, Geschichte der römischen Literatur, § 318, 1), ni avec le jurisconsulte Maternus (Martial, I, 96 ; II, 74 ; X, 37), personnage qui vivait probablement encore en 98 (le livre X fut édité pour la seconde fois à cette époque : voir Friedlænder, édition de Martial, t. I, p. 62 et suiv.).

[22] Suétone, Domitien, 10.

[23] Dion Cassius, LXVII, 13. Est-ce le grand jurisconsulte P. Juventius Celsus T. Aufidius Hœnius Severianus (Digeste, V, 3, 20, 6), préteur en 106 ou 107 (Pline, Lettres, VI, 5, 4) et consul pour la seconde fois en 129 (Klein, Fasti Consulares, p. 64 ; voir Mommsen, Index de Pline et Étude sur Pline, p. 20) ? Il est plus probable que Dion Cassius veut parler de son père qui se serait appelé Ti. J[uventius] Celsus Polemæanus (la lecture de ce dernier nom n’est pas certaine), personnage qui fût consul en 92 (C. I. L., III, p. 858). Voir Asbach, Bonnische Jahrbücher, t. LXXIX, 1885, p. 142.

[24] Lettres, VII, 16, 2 ; cf. Panég., 95.

[25] VII, 33. Voir encore, en général, III, 11, 3 ; Panég., 90.

[26] I, 5, 5 ; I, 14.

[27] I, 5, 10 et 16 ; I, 14 ; II, 18 ; VI, 14.

[28] IV, 21, 3 ; VII, 30, 4 ; IX, 13.

[29] VII, 19.

[30] Il le défendit sous Trajan devant le Sénat (IV, 9).

[31] VII, 19, 10.

[32] III, 11.

[33] Panég., 90 et 95 ; Lettres, III, 11, 3.

[34] Cette affaire eut lieu avant la mort d’Arulenus Rusticus (fin de l’année 93) : voir I, 5, 5.

[35] I, 5, 5 et suiv.

[36] VII, 27, 14. Cf. Panég., 90.

[37] C. I. L., V, 5262, 5667. Voir Mommsen, Étude sur Pline le Jeune, p. 63.

[38] Martial vante son repos, quies (V, 28, 4). Cf. VIII, 70 :

Quanta quies placidi tanta est facundia Nerva.

(Autant le paisible Nerva fait peu de bruit, autant il en pourrait faire par son éloquence)

Voir encore Philostrate, Apollonius, VII, 33 ; VIII, 7 (p. 179 de l’édition Westermann).

[39] Dion Cassius, LXVII, 15. — Philostrate (Apollonius, VII, 9 ; cf. VII, 11) rapporte que Nerva, accusé de conspiration, reçut l’ordre de quitter Rome et que la ville de Tarente lui fut assignée comme résidence (cf. Georges le Syncelle, p. 649). Si Nerva fut réellement exilé de Rome, il le fut après 94, car Martial le loue dans son livre IX (IX, 26, 1), publié cette année-là, ce qu’il n’aurait certainement pas fait si le futur empereur avait été en complète disgrâce. On lit, dans le livre des Cæsares attribué à Aurelius Victor (chap. XII), que Nerva s’était retiré chez les Séquanes par crainte du tyran, et qu’il y fut salué empereur par les légions. Mais Nerva se trouvait certainement à Rome au mois de septembre 96. — Martial écrivit plus tard ces vers (XII, 6, 11), qui sembleraient indiquer, à la rigueur, que Nerva tomba en disgrâce sous Domitien :

Sed tu sub principe duro

Temporibusque malis ausus es esses bonus.

(n'as-tu pas, sous un prince sans coeur, dans des temps mauvais, osé être bon).

[40] Annales, XI, 11.

[41] Pline, Lettres, II, 1, 3. En 97, sous Nerva, il reçut un troisième consulat (Klein, Fasti consulares, p. 51). — II n’y a pas de raison de penser avec Pichlmayr (T. Flavius Domitianus, p. 94, n. 3) que Verginius Rufus ait été le Rufus dont parle Philostrate (Apollonius, VII, 8) et qui fut, selon cet auteur, exilé par Domitien.

[42] Pline, IV, 8, 3 ; IX, 19. Tacite, Agricola, 17.

[43] Klein, Fasti consulares, p. 52.

[44] Klein, loc. cit.

[45] Pline, Panég., 94, dit en exagérant : omnibus excelsior (le meilleur des princes).

[46] Ce fut, non Domitien, mais Nerva qui lui confia le gouvernement de la Germanie Supérieure. Voir appendice II.

[47] Dans un discours prononcé peu après la mort de Domitien, Dion Chrysostome peint d’une manière allégorique la tyrannie (I, p. 17-18, édit. Dindorf) ; bien des traits rappellent les dernières années du règne (cf. encore p. 37 et 102 et suiv.). — En face de ces tableaux, on peut mettre le vers mensonger écrit en 94 par le courtisan Martial (IX, 70, 7) :

Nulla ducum feritas, nulla est insania ferri.

(Nulle part on ne voit nos chefs se déchirer, nulle part le fer exercer ses fureurs)

[48] Panég., 90 : optimi cujusque spoliator et carnifex.

[49] Panég., 48 : immanissima bellus.

[50] Panég., 94 : pessimo principe ; 95 : insidiosissimo principe ; 52 : sævissimi domini.

[51] Panég., 94 : prædonis avidissimi.

[52] Panég., 47 : vitiorum omnium conscius princeps.

[53] Lettres, I, 12, 7 et suiv.

[54] M. Asbach suppose, mais sans raisons suffisantes, qu’il vécut jusqu’à l’année 100 (Rheinisches Museum, XXXVI, 1881, p. 43 ; Bonnische Jahrbücher, LXXII, 1882, p. 20).

[55] Pline, Panég., 85 : quæ poterat esse inter eos amicitia, quorum sibi alti domini, alii servi videbantur ? (l'amitié pouvait-elle exister réellement entre des hommes dont les uns se croyaient maîtres, et les autres esclaves ?) — Panég., 44 [à Trajan] : Scis et expertus es quanto opere detestentur malos principes etiam qui malos faciunt (Vous savez par expérience combien les mauvais princes sont en horreur à ceux même qui les rendent mauvais) — Juvénal, IV, 73 :

proceres quos odorat ille,

in quorum facie miseræ magnæque

sedebat pallor amicitiæ.

(ces grands qu’il détestait et dont le front était toujours pâle de cette auguste et terrible amitié).

[56] Suétone, Domitien, 23. Juvénal, IV, 153 :

sed periit postquam cerdonibus est timendus

cœperat

(Un jour enfin il périt, ce fut quand il commença d’inspirer de la crainte aux savetiers).

[57] Friedlænder, Sittengeschichte, II, p. 301.

[58] Juvénal, IV, 36 :

Cum jam samianinum laceraret Flavius orbem

ultimus et calvo serviret Roma Neroni.

(Au temps où l’univers expirant se déchirait sous le dernier des Flaviens, quand le Néron chauve faisait de Rome son esclave)

Tertullien, Apologétique, 5 : portio Neronis de crudelitate ; Tertullien, De Pallio, 4 : Subucro. Martial, XI, 33 (avec la note de Friedlænder). Ausone, Monosticha de Cæsaribus, II, 17. Eusèbe, Hist. ecclés., III, 17.

[59] Voir encore, pour des prodiges de ce genre, Suétone, Domitien, 23 ; Dion Cassius, LXVII, 16 ; Philostrate, Apollonius, VIII, 23 ; Eusèbe, Chronologie, p. 162, 163, 214 ; Tacite, Hist., I, 3.

[60] Suétone, Domitien, 14 : Pavidus semper et anxius, minimis etiam suspitionibus præter modum commovebatur (Toujours inquiet et tremblant, il s'épouvantait aux moindres soupçons). Cf. Dion, LXVII, 14.

[61] Suétone, Domitien, 14.

[62] Pline, Panég., 48 et 49.

[63] Il était camérier de l’empereur. C. I. L., VI, 8761 : Partheni, Aug(usti) liberti a quibiclo (sic). Suétone, Domitien, 16 : Parthonius cubiculo præpositus. Cf. Dion Cassius, LXVII, 15.

[64] Ce fut sans doute pour cette raison que Parthonius reçut le droit de porter l’épée (voir Dion Cassius, loc. cit. ; Mommsen, Staatsrecht, 3e édit., I, p. 435 ; II, p. 837, n. 1).

[65] Pline, Panég., 49.

[66] Suétone, Domitien, 14.

[67] Pline, Panég., 82.

[68] Suétone, Domitien, 14. Dion Cassius, LXVII, 12.

[69] Suétone, Domitien, 14. Dion Cassius, LXVII, 14, dont le récit n’est pas absolument semblable (cf. LXVII, 29). — Dans ce passage de Pline (Panég., 53) : an excidit dolori nostro modo vindicatus Nero ? (Notre douleur a-t-elle oublié que Néron a eu récemment un vengeur ?) il s’agit plus probablement de la condamnation d’Arulenus Rusticus, mis à mort pour avoir fait l’apologie de Thraséas, une des victimes de Néron (voir le contexte).

[70] Dion Cassius, LXVII, 14. Nous ne savons pas de quels préfets l’historien veut parler. Ce fait semble s’être passé en 95 (voir Dion, même chapitre).

[71] LXVII, 15. Il est du reste peu affirmatif.

[72] Hérodien, I, 17.

[73] Les deux formes Sigerus et Sigerius sont admissibles. Voir Friedlænder, Sittengeschichte, I, p. 116, n. 2 ; annotations de l’édition de Martial, IV, 78, 8.

[74] Dion Cassius, loc. cit. Suétone, Domitien, 17. — C’est sans raison plausible qu’on a supposé que les chrétiens furent complices du meurtre de Domitien. Voir Allard, Histoire des persécutions, I, p. 128 et suiv.

[75] Il est peut-être permis de voir une allusion à la complicité de Domitia dans ces mots de Suétone (Titus, 10), au sujet des bruits qui l’accusaient d’avoir été la maîtresse de Titus : haud negatura, si qua omnmo fuisset, immo etiam gloriatura, quod illi promptissimum erat in omnibus probris (elle qui, loin de nier ces relations, si elles eussent été réelles, s'en serait même vantée, comme elle s'empressait de le faire pour toutes ses turpitudes).

[76] Dion Cassius, loc. cit. Cf. Suétone, Domitien, 14 : Terribilis cunctis et invisus, tandem oppressus est amicorum, libertorumque intimorum conspiratione, simul et uxoris (odieux et redoutable à tout le monde, il périt enfin victime des complots de ses amis, de ses affranchis intimes et de sa femme).

[77] En 71 et 90. voir Klein, Fasti cons., p. 43 et 49.

[78] Dion Cassius, loc. cit.

[79] Suétone, Domitien, 17. C. I. L., VI, 472.

[80] Cf. Dion Cassius, LXVII, 16.

[81] Suétone, Domitien, 17. Dion Cassius, LXVII, 17 et 18. Philostrate, Apollonius, VIII. 25. Suidas, s. v. Δομετιανός. Cf. Tertullien, Apologétique, 35.

[82] Selon Philostrate, Stephanus annonçait à Domitien que Clemens n’était pas mort et qu’il préparait une révolte.

[83] Peut-être faut-il lire, non Saturius, mais Sigerius (Friedlænder, Sittengeschichte, I, p. 116, n. 2).

[84] Suétone, Domitien, 17. Cf. Dion LXVII, 18. — Une tradition rapporte qu’au jour et à l’heure où Domitien fut assassiné, le célèbre thaumaturge Apollonius de Tyane, qui discourait alors devant les Éphésiens, s’interrompit tout à coup, puis s’écria : Frappe le tyran, frappe ! (Philostrate, VIII, 26 ; Dion Cassius, LXV1I, 18, etc.) Peut-être Apollonius était-il instruit de ce complot, mais il est infiniment plus probable que cette légende n’a aucun fondement historique. — Voir dans Malalas (p. 267, édit. Dindorf ; cf. Chronique pascale, I, p. 468, édit. Dindorf) un récit absurde qui mêle les souvenirs légendaires de la mort de Romulus et ceux de la mort de César.

[85] Suétone, Domitien, 23. Dion Cassius, LXVIII, 1. Macrobe, I, 12, 37. Eusèbe, Hist. ecclés., III, 20 ; Chronologie, année 2113, p. 162, 163, 214. Lactase, De mortibus persecutorum, 3. Saint Jérôme, De viris illustribus, 9. Procope, Historia arcana, 8. — Le nombre des monnaies de Domitien qui nous restent est si considérable qu’il est invraisemblable d’admettre (C.-E. Peter, De fontibus historias imperatorum Flaviorum, p. 65 ; Zedler, De memoriæ damnatione quæ dicitur, p. 19, n. 2) que le Sénat ait ordonné la refonte des monnaies portant la nom de cet empereur, comme cela fut fait plus tard pour Geta (Dion Cassius, LXXVII, 12). — On trouve des monnaies de Domitien qui ont été endommagées à dessein (Zedler, loc. cit. ; Friedlænder, Zeitschrift für Numismatik, VIII, 1881, p. 101.

[86] Panég., 52 (je cite d’après la traduction Bornent).

[87] Sauf un fragment très mutilé (C. I. L., VI, 947).

[88] Dans l’inscription publique, C. I. L., VI, 826, le nom de Domitien n’a pas été martelé, évidemment par oubli. Il a été conservé aussi dans les Actes des frères Arvales (C. I. L., VI, 2060 et suiv.) : le nom de Vitellius y avait pourtant été martelé (C. I. L., VI, 2051). On trouve encore le nom de Domitien intact sur des inscriptions privées : C. I. L., VI, 8410, 2725 ; Bullettino comunale, 1886, p. 83. — Sur un certain nombre d’inscriptions gravées après 96, le nom de Domitien a été omis à dessein : voir C. I. L., VI, 798, 1359, 3584 ; XIV, 3612 ; X, 135 ; V, 6974 et suiv. ; XII, 3167 ; III, 6818, 7397 ; Orelli-Henzen, 5447 ; Wilmanns, 1589. — Sur une inscription grecque d’Éphèse, ce nom a été martelé et remplacé par celui de Vespasien (Ramsay, Revue archéologique, XII, 1888, p. 223). — Pour indiquer la date consulaire (année 88) sur une tessère gladiatoriale qui semble avoir été gravée après le meurtre de Domitien, on a nommé l’un des deux consuls ordinaires (L. Minicius Rufus), mais l’autre ayant été Domitien, on a remplacé son nom par celui de son suppléant, L. Plotius Grypus : voir Mommsen, Römische Mittheilungen, IV, 1869, p. 172-173). — Le nom de Domitien est aussi omis dans un édit de Nerva (Correspondance de Trajan et de Pline, 58 : alio principe) et dans Tacite (Germanie, 29). Pline, dans son Panégyrique de Trajan, fait de fréquentes allusions à Domitien, mais ne le nomme que très rarement (Panég., 11 et 20).

[89] Suétone, Domitien, 23 : occisum cum populos indifferenter tulit (le peuple accueillit la mort de Domitien avec indifférence).

[90] Un assez grand nombre d’inscriptions de l’Italie et des provinces, parvenues jusqu’à nous, portent encore le nom de Domitien. Il est probable que si ce nom n’a pas été martelé, c’est plutôt par négligence que par infraction volontaire aux ordres du Sénat. Voir C. I. L., XIV, 245, 3530 ; IX, 4677 a, 4955 ; X, 444, 1631 ; 11, 656, 862. 1945,1963, 4721 ; III, 35, 36, 37 ; VIII, 792, 1850, 5415, 10116. 10119 ; — C. I. G., 1611, 5042, 5043, 5044, add. 4716 d 9 et 10 ; — C. I. A., III, 1091 ; — Kaibel, Inscriptions græcæ Siciliæ et Italiæ, 760 ; — Ephem. epigr., V, 96 : VII, 319 ; VIII, 73 et 892 ; — Orelli, 1494 ; — Bull. de corresp. hellén., XI, 1887, p. 164 ; — Museo ilatiano di antichità classica, 1, 1885, p. 207 ; — Journal Asiatique, série VI, tome XIII, 1869, p. 101.

[91] Une monnaie d’argent (Cohen, Domitien, 44), représentant à l’avers Domitien, porte au revers l’exergue Consecratio. Elle est manifestement hybride.

[92] Suétone, Domitien, 23. Cf. Aurelius Victor, Cæsares, XI : Quo moti milites, quibus privatæ commoditates dispendio publico largius procedunt. auctores necis ad supplicium petere, more sue seditiosius, cœperunt. Qui vix ægreque per prudentes cohibiti, tandem in gratiam optimatum convenere. Neque minus per se moliebantur bellum, quod bis conversum imperium muestitiæ erat, ob missionem prædarum per dona munifica (Le sénat décréta qu'il serait enseveli comme un gladiateur, et que son nom serait partout effacé. Mais sa mort émut vivement les soldats, dont la fortune privée ne prend des développements plus larges qu'aux dépens de la fortune publique : bientôt, selon leur habitude, ils éclatèrent en mouvements séditieux, et demandèrent hautement le supplice des meurtriers de l'empereur. Ce fut avec une peine infinie que des hommes sages parvinrent à les contenir et à les réconcilier avec les patriciens. Ils ne cessèrent point cependant de songer entre eux à la guerre civile : tant ils étaient affligés d'un changement de gouvernement, qui leur faisait perdre les magnifiques largesses dont les rapines de Domitien les gratifiaient).

[93] Philostrate, Vie des Sophistes, I, 7.

[94] Pline, Lettres, IX, 13, 11 : quendam qui tunc ad Orientem amplissimum et famosissimum exercitum non sine magnis dubiisque rumoribus obtinebat (il m'en nomme un dont les vues et la fidélité étaient fort suspectes, et qui, dans ce même temps, commandait en Orient une armée fort puissante, et d'une grande réputation). — Il s’agit peut-être de Javolenus Priscus (voir Appendice II, à la Syrie).

[95] Trebellius Pollio, Tyranni triginta, XII, 14.

[96] C. I. L., XIV, 2795, inscription de Gabies de l’année 140, qui ne paraît pas de beaucoup d’années postérieure à sa mort. Cf. Dressel, C. I. L., XV, p. 158.

[97] C. I. L., VI, 412. Cohen, Nerva, 105 et suiv. Tacite, Agricola, 3. Pline, Lettres, IX, 13, 4 ; VIII, 14, 3 ; Panég., 2, 8, etc.

[98] Dion Cassius, LXVIII, 1 et 2. Martial, XII, 15. Pline, Panég., 51.

[99] Dion Cassius, LXVIII, 2. Pline, Lettres, II, 1, 9 ; VII, 31, 4. Digeste, I, 2, 2, 32. Cohen, Nerva, 129.

[100] Dion Cassius, LXVIII, 2. Pline, Lettres, I, 5, 10 ; IV, 9, 2 ; IX, 13, 4 et 5 ; Panég., 35. Scolies à Juvénal, IV, 53. Eusèbe, Hist. ecclés., III, 20 ; Chronologie, année 2113. Eckhel, Doctrina numorum veterum, VI, p. 404.

[101] Un certain nombre de sénateurs étaient d’ailleurs du même avis. Voir Pline, Lettres, IX, 13, 7. Dion Cassius, LXVIII, 1.

[102] Aurelius Victor, Épitomé, 12. Pline, Lettres, IV, 22, 4 ; cf. IX, 13, 22.

[103] Correspondance de Pline et de Trajan, 58.

[104] Dion Cassius, LXVIII, 3. Aurelius Victor, loc. cit., Suétone, Domitien, 23. Pline, Panég., 5, 6, 7, 10.

[105] Pline, Panég., 34 et 35. Scolies de Juvénal, IV, 51

[106] Dion Cassius, LXVIII, 5.

[107] Lettres, VIII, 14, 2 et 3.

[108] Pline, loc. cit.

[109] Voir en particulier, IV, 25 et VI, 5.

[110] Pline, Lettres, II, 11 ; II, 12 ; III, 9 ; IV, 29.

[111] Juvénal, I, 49. Pline, Lettres, IX, 13, 21.

[112] Pline, Lettres, IV, 25, 5 ; cf. II, 12, 4 ; VI, 5, 5 et les passages de Tacite et de Pline cités plus haut.

[113] Pline, IV, 15, 3. Juvénal, VI, 594.

[114] Pline, Panég., 69.