ESSAI SUR LE RÈGNE DE L’EMPEREUR DOMITIEN

 

CHAPITRE IV. — ROME SOUS DOMITIEN.

 

 

PREMIÈRE PARTIE

Imitant à cet égard l’exemple de son père et de son frère, Domitien fut un des empereurs qui bâtirent le plus à Rome[1]. Ce fut dans une certaine mesure par nécessité : l’incendie qui avait éclaté sous Titus en 80 et duré trois jours et trois nuits avait brûlé une partie de la ville : les temples de Sérapis et d’Isis, les Septa, le temple de Neptune, les thermes d’Agrippa, le Panthéon, le Diribitorium, les théâtres de Balbus et de Pompée, le portique d’Octavie avec la bibliothèque, le temple de Jupiter Capitolin avec les édifices voisins[2]. Titus s’était efforcé de réparer ces ruines[3], mais il restait encore beaucoup à faire. Peut-être voyait-on encore à Rome des traces de l’incendie de Néron[4]. — Des motifs personnels engagèrent aussi Domitien à entreprendre de grands travaux publics : maître absolu de l’empire, se regardant comme un dieu, il voulait des demeures dont l’éclat répondit à sa puissance et frappât l’esprit de ses sujets ; restaurateur de l’ancienne religion romaine, il devait élever aux dieux des temples magnifiques. Il lui fallait des monuments pour rappeler à la postérité ses prétendues victoires. Orgueilleux et jaloux[5], il désirait surpasser ses prédécesseurs par le luxe de ses constructions comme pour tout le reste[6]. Ses contemporains le considérèrent comme possédé de la maladie de bâtir, et Plutarque le comparait à Midas, dont les mains transformaient tout en or[7]. — Domitien pouvait du reste satisfaire cette passion sans peine : il disposait à son gré de toutes les ressources de l’empire[8] ; il vivait dans un temps où les arts étaient florissants à Rome.

Le plus célèbre des monuments élevés par Domitien fut le temple de Jupiter Capitolin[9], brûlé en 80, dix ans à peine après l’incendie qui avait précédé l’entrée des Flaviens dans Rome. Titus en avait déjà décidé la réédification[10]. Les énormes soubassements qui dataient de Tarquin l’Ancien et dont des vestiges ont été retrouvés récemment sur la partie méridionale de la colline, dans les jardins du palais Caffarelli[11], furent conservés comme dans les reconstructions précédentes[12], et le plan primitif du temple ne fut pas changé. Mais Domitien fit décorer l’édifice avec une grande magnificence : Tous les biens du plus riche particulier de Rome, dit Plutarque[13], ne suffiraient pas pour en payer la dorure : elle a coûté plus de douze mille talents. Les portes et la toiture étaient en effet en bronze doré[14]. Les colonnes corinthiennes étaient faites en marbre pentélique. Plutarque raconte qu’il vit ces colonnes à Athènes : leur hauteur et leur diamètre étaient alors dans la plus exacte proportion ; mais à Rome, elles furent retaillées et repolies, ce qui les fit paraître trop grêles. Le temple était hexastyle[15]. On a retrouvé quelques fragments des colonnes[16]. Le fronton, dont nous possédons plusieurs reproductions sommaires[17], représentait, non pas une action, comme sur les temples grecs, mais une assemblée des principales divinités de Rome disposées symétriquement[18] : au centre, Jupiter (au-dessous duquel est un aigle), Junon et Minerve assis[19] ; à droite (pour le spectateur), Mercure, Esculape, Vesta, le Soleil sur un bige[20], trois figures qu’il est difficile d’identifier (Vulcain et deux forgerons ?)[21], et le Tibre ; à gauche, un enfant dont le nom n’est pas certain[22], la Lune sur un bige, trois autres figures qui répondent à celles que l’on observe de l’autre côté[23]. L’édifice était couronné par un quadrige, au sommet du fronton, un bige à chaque extrémité du fronton et de grandes statues entre le quadrige et chaque bige. — Domitien fit placer dans ce temple quatre colonnes faites jadis avec le métal des éperons de navires pris par Auguste à la bataille d’Actium[24]. L’édifice fut consacré en 82[25]. Il dura jusqu’aux derniers temps de l’empire et, au sixième siècle, il était peut-être encore debout[26].

Domitien dut aussi reconstruire les autres édifices qui se trouvaient dans l’enceinte du temple de Jupiter Capitolin et qui avaient été brillés en même temps que lui[27]. Il y éleva, dans l’enceinte même du temple, un vaste sanctuaire à Jupiter Custos. Déjà, du vivant de son père, il avait fait abattre le logement du garde où il s’était caché pendant la prise du Capitole, et bâtir un sanctuaire à Jupiter Conservateur, avec un autel dont les bas-reliefs représentaient son aventure[28]. Quand il fut devenu empereur, il remplaça le sanctuaire par un temple et consacra sa propre image entre les bras du dieu auquel il rapportait son salut[29]. — La cabane de Romulus, située aussi dans l’enceinte du temple de Jupiter Capitolin, fut restaurée par Domitien[30].

Domitien, quand il vivait à Rome, habitait sur le Palatin[31]. L’architecte Rabirius[32] y éleva un palais à la construction duquel plusieurs années furent employées et qui fut terminé vers 92[33]. Les contemporains en firent des descriptions enthousiastes et ridiculement déclamatoires : Tu peux rire, César, dit Martial (VIII, 36), des royales merveilles des pyramides : la barbare Memphis a cessé désormais de vanter ces monuments orientaux. Que sont de tels édifices auprès de la demeure du Palatin ? Dans le monde entier, le jour ne voit rien de plus beau. On dirait les sept collines de Rome s’élevant les unes sur les autres ; Pélion, monté sur Ossa, fut moins haut. Ton palais perce le ciel ; il se perd au milieu des étoiles brillantes ; la foudre éclate au-dessous de son calme sommet. Phébus, encore caché à tous, l’éclaire de ses feux avant que Circé aperçoive le visage de son père. Cette demeure, César, dont le faîte atteint les astres, vaut le ciel, mais elle ne vaut pas son maître. — Stace écrit de son côté (Silves, IV, 2, 18-31) : C’est un palais auguste, immense, orné, non de cent colonnes, mais d’autant qu’il en faudrait pour soutenir les dieux et le ciel et pour laisser quelque répit à Atlas ; le temple voisin de Jupiter l’admire, et les dieux sont heureux de te voir dans un séjour qui vaut le leur, car ainsi tu te hâteras moins de monter au ciel : tant est imposante la masse de ce palais, tant est vaste l’espace que sa cour occupe, tant ses murs s’élèvent dans les airs ! Et cependant combien il est plus petit que son maître dont la présence le remplit et dont le puissant génie le protège. Là rivalisent les marbres de Libye, de Phrygie, de Chios, des îles de la mer Ægée, les granits de Syène ; le marbre de Luni ne sert qu’à supporter les colonnes. Au-dessus, les regards fatigués peuvent à peine atteindre le faîte de l’édifice et croient voir les lambris du ciel doré. — Plutarque disait (Poplicola, 15) qu’un seul des portiques, des salles, des bains ou des appartements réservés aux femmes dans le palais de Domitien suffirait à donner une idée de la manie de bâtir dont ce prince était possédé.

Dans les ruines du Palatin, trois édifices, orientés de même et présentant les mêmes particularités de construction, semblent avoir été élevés ou restaurés à l’époque de Domitien : ce sont ceux qu’on appelle le palais d’Auguste, le palais des Flaviens et le stade.

Le palais d’Auguste, représenté sur deux fragments de la Forma urbis Romæ (plan de la ville)[34], en partie découvert, en 1777, par l’abbé Rancoureil et actuellement sous la villa Mills, avait deux étages et renfermait un très grand nombre de salles ; au centre était une grande cour entourée de colonnes ioniques. L’entrée se trouvait du côté du nord (regardant la Voie Sacrée) ; au sud, il y avait une vaste terrasse curviligne d’où l’on voyait la vallée du grand cirque[35]. Des tuyaux de plomb trouvés dans cet édifice portent la mention Domus Augustana et ont été faits sous Domitien[36] ; des briques qui y ont été employées datent de la fin du premier siècle[37]. Ce n’est cependant pas une raison suffisante pour penser que cet édifice ait été fondé par Domitien[38]. Il est plus vraisemblable que ce palais date d’Auguste[39] et qu’il a été restauré par notre empereur : dans quelle mesure, on l’ignore.

Le palais des Flaviens, exploré au seizième siècle[40], puis au dix-huitième (par Fr. Bianchini)[41] et déblayé de nos jours par P. Rosa[42], se trouve au nord-ouest du palais d’Auguste. Pour l’élever, on a comblé une petite vallée qui séparait le mont Cermalus (palais de Tibère) du Palatin proprement dit (villa Mills). Je n’ai pas à insister sur la description de cette ruine célèbre[43]. Je rappelle seulement que le devant du palais, dont la face est tournée vers l’arc de Titus[44], est occupé par trois grandes salles : dans l’une, avaient lieu les réceptions solennelles ; dans la deuxième, l’empereur rendait la justice ; la destination de la troisième n’est pas certaine. Par derrière s’étend une cour entourée de colonnes, d’une surface de plus de trois mille mètres carrés, à droite et à gauche de laquelle il y a des séries de petites salles. Au delà, est située une salle que l’on appelle en général le triclinium : elle est flanquée de deux nymphées, ornées autrefois de fontaines, de statues, de colonnades[45]. Toutes les salles sont décorées avec magnificence : on y voit les marbres les plus rares ; les fragments d’architecture qui existent encore sont d’une ornementation très riche, surchargée même[46] ; de belles statues y ont été découvertes[47]. — Ce palais, qui est plutôt un édifice d’apparat qu’une maison d’habitation, a été élevé d’un coup, comme le prouve la symétrie parfaite de toutes ses parties[48] ; il paraît, conformément à l’opinion courante, dater de l’époque flavienne. On y a trouvé des marques de briques de cette époque[49] ; le système de construction et de décoration semble aussi indiquer à peu près la fin du premier siècle[50]. Ce peut donc être spécialement à cet édifice que se rapportent les vers de Martial et de Stace.

Devant ce palais se dressait peut-être une statue colossale de l’empereur : des vers de Martial semblent l’indiquer[51].

Le stade, qui n’est mentionné que par un seul teste ancien[52], a laissé de belles ruines[53] : il mesure 165 mètres de long et 48 de large. Les plus anciennes marques de briques[54], extraites du mur d’enceinte, portent des noms d’affranchis impériaux appelés T. Flavius et d’ouvriers au service des frères Domitius Lucanus et Domitius Tullus, dont l’un, Lucanus, mourut en 93 ou 94[55]. Sur l’une de ces briques, on lit l’inscription Nicomachi Domiti Tulli[56] : elle est postérieure à la mort de Lucanus, qui laissa Tullus seul propriétaire des briqueteries possédées auparavant en commun par les deux frères. Les briques dont il s’agit ne prouvent pas avec évidence que le stade ait été fait à la fin du règne de Domitien, car elles peuvent avoir été fabriquées longtemps avant leur emploi. Cependant, le style de la construction ainsi que le voisinage d’autres édifices, élevés ou restaurés par Domitien et formant un ensemble avec le stade, rendent probable l’attribution du stade au dernier empereur flavien[57]. Le stade était entouré d’un portique supportant une terrasse : il était flanqué sur sa face longue de l’est d’une grande loge en forme de demi-cercle. Au sud de cette loge il y avait des thermes. Portique, loge et thermes ont été refaits plus tard, mais dans leur état primitif, ils étaient contemporains de la construction du stade[58].

En contrebas de la maison d’Auguste, au sud-ouest, se trouve la demeure des pages[59], qui pourrait bien avoir été construite ou restaurée à la fin de l’époque flavienne, à en juger d’après les marques de briques trouvées dans cet édifice[60].

Derrière la demeure appelée improprement maison de Livie, au nord-ouest du palais des Flaviens, ont été découverts des tuyaux de plomb avec les marques suivantes[61] :

a) Imp(eratoris) Domitiani Caesar(is) Aug(usti) ; sub cura Eutychi l(iberti), proc(uratoris), fec(it) Hymnus, Caesar(is) n(ostri) serv(us).

b) Iuliae Aug(ustae).

Ils ont été posés à l’époque de Domitien, et prouvent qu’alors cette petite maison, célèbre par les belles peintures qu’on y a trouvées, appartenait à Julie, fille de Titus et maîtresse de l’empereur, son oncle. Du reste, construite en petit opus reticulatum de tuf, elle n’appartient pas à l’école flavienne, mais à peu près aux derniers temps de la république ; elle est, en tout cas, antérieure au comblement de la vallée centrale du Palatin, au-dessus de laquelle s’éleva le palais des Flaviens. Elle se trouve à un niveau inférieur de plusieurs mètres à celui de ce palais, dont les fondations ont intercepté une de ses issues[62]. Quant aux peintures, elles semblent dater de l’époque d’Auguste au plus tard[63].

Il est possible que Domitien ait restauré le temple d’Apollon Palatin. Martial dit en parlant des constructions ou des restaurations de cet empereur[64] : Quid loquar Alciden, Phœbumque piosque Laconas.

L’emplacement de ce temple fameux doit peut-être être cherché sur la hauteur de S. Sebastiano, au sud de l’arc de Titus[65].

Philostrate[66] parle de jardins, appelés jardins d’Adonis[67], qui se trouvaient dans le palais de l’empereur Domitien. Leur emplacement est inconnu, et il est fort douteux qu’il faille les identifier avec le grand édifice appelé Adonaæ du plan de Rome[68].

Les tuyaux de plomb trouvés dans le palais d’Auguste et dans la maison de Julie rendent assez vraisemblable l’opinion que Domitien fut le premier empereur qui amena l’eau de l’Aqua Claudia au Palatin[69]. Peut-être des réservoirs dont l’existence a été constatée au nord-est du stade, sous le couvent de S. Bonaventura, ont-ils été construits à cette époque[70].

L’aspect du forum romain fut en partie modifié sous Domitien. Au pied du Palatin, il restaura le temple de Castor[71], sans doute endommagé par l’incendie de Néron ; cependant, les trois colonnes qui sont, avec le stybolate et une petite partie des escaliers, les seuls restes de ce temple, ne semblent pas, si l’on en juge par leur style, remonter à l’époque de Domitien, mais à celle de Tibère sous lequel cet édifice fut reconstruit[72]. Contre le temple de Castor, fut élevé un sanctuaire à Minerve, la déesse favorite du prince, sanctuaire qui était aussi voisin du temple d’Auguste, situé au bas du Palatin[73]. C’est, semble-t-il, l’édifice qui est souvent mentionné dans les diplômes militaires à partir de Domitien[74].

Au-dessous du Capitole fut construit, par ordre du Sénat, un temple à Vespasien divinisé[75], temple qui est mentionné dès l’année 87[76] ; on y adora aussi Titus[77]. Sur le fronton était gravée l’inscription suivante[78] : Divo Vespasiano Augusio S(enatus) P(opulus)q(ue Romanus). Les ruines en existent encore : trois belles colonnes corinthiennes cannelées, en marbre, d’une hauteur de 15m,20[79], soutiennent les restes d’un entablement richement orné[80]. Ces restes sont, d’après leur style, de l’époque de Domitien. Une restauration faite sous Septime Sévère semble avoir été peu importante ; la partie de l’inscription qui le concerne fut gravée sur l’ancienne architrave, martelée à cet effet pour former une surface. Derrière s’étend la cella, au fond de laquelle on voit les vestiges d’un grand piédestal, destiné à porter les statues des deux empereurs.     

Du côté nord, la curie fut restaurée ou reconstruite[81] : elle est représentée sur un des deux bas-reliefs du temps de Trajan, retrouvés sur le forum romain[82]. C’est un monument très élevé au-dessus du forum avec lequel il communique par un escalier ; il est figuré avec cinq colonnes, ce qui est nécessairement inexact : il devait en avoir six. — Le chalcidicum, annexe de la curie[83], semble avoir été aussi restauré et avoir pris depuis lors le nom de Chalcidicum ou Atrium Minervæ[84]. Il devait se trouver sur l’emplacement actuel de l’église de S. Martina[85].

Enfin, au milieu de la place, le Sénat fit élever à la fin de 89, après le double triomphe sur les Daces et les Cattes[86], une statue colossale en bronze de l’empereur. Martial la mentionne[87] et Stace a consacré la première de ses Silves à la décrire. Domitien , vêtu d’un paludamentum et ceint d’une épée, était représenté à cheval, foulant le Rhin. Son regard était tourné vers,-le temple de Jules César et la demeure des Vestales ; à sa gauche, il avait la basilique Emilienne ; à sa droite, la basilique Julienne ; derrière lui, le temple de la Concorde et celui de son père. Il soutenait de sa main gauche une statue de Minerve qui portait la tête de Méduse ; sa main droite étendue arrêtait les combats. Cette statue, élevée en quelques semaines, fut détruite sans aucun doute après le meurtre du prince[88].

Les deux célèbres bas-reliefs trouvés sur le forum romain en 1872 ne peuvent représenter (comme l’ont cru MM. Visconti et Cantarelli)[89] deux actes publics de Domitien. Ainsi que l’a fait remarquer M. Hülsen[90], il est impossible d’admettre qu’on ait laissé subsister en cet endroit des monuments d’un empereur dont la mémoire a été si rigoureusement condamnée.

Au nord du forum romain, Vespasien avait élevé le temple de la Paix et un édifice pour les archives publiques. Il se pourrait que Domitien ait placé une statue de la Paix dans le temple construit par son père[91]. — Près de là, au nord-est, il fit le forum[92] qui porta le nom de son successeur, Nerva[93], sous lequel il fut consacré[94]. Peut-être projeté et même commencé par Vespasien[95], il est mentionné dès l’année 86[96]. C’était une longue place, entourée d’un portique[97], qui servait de passage entre le quartier de Subura et le forum romain, et qui pour cette raison était appelée aussi forum transitorium[98]. Le centre de cette place était occupé par le temple à quatre portes de Janus quadrifrons[99]. A l’extrémité septentrionale fut élevé un grand temple consacré à Minerve[100]. Il est représenté sur un fragment du plan capitolin[101] : c’était un prostyle hexastyle corinthien avec une cella à trois nefs, se terminant au fond par une abside semi-circulaire. Au seizième siècle, ses ruines se voyaient encore, et l’on a conservé plusieurs dessins et gravures qui le reproduisent[102]. Il fut détruit sous Paul V, au commencement du dix-septième siècle. Aujourd’hui, il ne reste plus du forum de Nerva qu’une petite partie du portique[103]. Ce sont deux colonnes corinthiennes[104], dont chacune soutient un entablement composé d’une architrave, d’une frise, d’une attique et d’une corniche : par derrière, se voit le mur d’enceinte que chaque entablement va rejoindre en formant avec lui un angle droit et en s’appuyant sur un pilastre. Les charmants reliefs, par malheur fort endommagés, qui décorent les frises, sont d’une interprétation difficile : Athéna au milieu des Muses dans la vallée de l’Hélicon ; Athéna punissant Arachné ; travaux chers à la déesse, filage, tissage ? etc.[105] Sur le mur, est sculptée une belle figure de Minerve, coiffée d’un casque, tenant une lance et un bouclier. Toute cette ruine est d’une grande richesse et d’une élégance exquise : elle donne une idée très favorable de l’architecture et de la plastique romaine à la fin du premier siècle[106].

Sur la Velia, fut construit, aux frais du trésor public et à la suite d’un sénatus-consulte, le célèbre arc de Titus. L’inscription qu’on y lit encore porte : Senatus Populusgue Romanus Divo Tito, Divi Vespasiani f(ilio), Vespasiano Augusto[107]. Le mot Divo prouve que Titus était déjà mort ; dans la voûte est représentée l’apothéose de l’empereur. La construction de cet arc fut sans doute décrétée en même temps que la consécration de l’empereur[108]. Il fut destiné à perpétuer le souvenir de la prise de Jérusalem. Les deux principaux reliefs, composés d’une manière pittoresque, représentent le triomphe de 71 ; ils comptent parmi les œuvres les plus admirables de l’art romain par leur belle ordonnance, leur mouvement, leur exécution large et sévère dans les draperies et dans les nus, mais ils n’ont pas la sobriété de composition et l’élégance de style des chefs-d’œuvre grecs[109].

L’immense amphithéâtre Flavien, dont Auguste déjà projeta la construction, avait été commencé par Vespasien et continué par Titus, ce fut Domitien qui le termina[110] : il avait pourtant été inauguré dès 80[111]. — Près de là furent construites de nouvelles écoles de gladiateurs[112], et peut-être un magasin destiné à recevoir les décors et les accessoires qui servaient aux spectacles publics[113]. Domitien acheva aussi ou restaura la Meta Sudans[114], château d’eau dont la ruine informe se voit encore entre le Colisée et l’arc de Constantin : ce monument figure déjà sur une monnaie de Titus de l’année 80[115]. On a retrouvé des tuyaux de plomb qui conduisaient l’eau de l’Aqua Claudia à la Meta Sudans : ils datent du règne de Domitien[116].

Les thermes de Titus, voisins aussi de l’amphithéâtre, avaient été construits rapidement par le fils aîné de Vespasien et inaugurés en 80[117] : Domitien les acheva[118]. Ils prirent plus tard le nom de Trajan, qui les fit rebâtir[119] ; mais l’expression thermæ Domitianæ se trouve encore au moyen âge[120].

La Mica Aurea, une maison de plaisance de l’empereur, fut bâtie sur le Célius[121].

De grandes constructions furent faites sur le champ de Mars, qui avait beaucoup souffert de l’incendie de 80. Domitien y réédifia, au début de son règne, le double temple d’Isis et de Sérapis[122], que de nombreuses trouvailles faites depuis plusieurs siècles près de l’église Santa Maria sopra Minerva permettent de reconstituer à peu près[123]. L’architecture en était à la fois gréco-romaine et égyptienne. On y entrait par des propylées, constructions pyramidales ornées d’obélisques, on suivait ensuite une avenue bordée de sphinx, de lions, etc., au bout de laquelle s’élevait le double temple, de style égyptien, avec des colonnes de granit, des figures colossales, des obélisques. A l’intérieur, les parois étaient couvertes de bas-reliefs et d’hiéroglyphes. L’enceinte du lieu sacré était formée par un portique gréco-romain[124].

Auprès du temple d’Isis fut élevé le temple de Minerva Chalcidica[125], dont le souvenir s’est conservé dans le nom de la vieille église de Santa Maria sopra Minerva[126]. La statue de la déesse se voit encore au musée du Vatican : c’est la célèbre Minerve Giustiniani[127].

Dans le Champ de Mars, Domitien restaura le Panthéon[128], endommagé dans l’incendie de 80 ; les autres monuments touchés par cet incendie furent réparés dès la fin du règne de Titus, qui montra une grande activité à relever les ruines, ou au début du règne de Domitien : le théâtre de Pompée est mentionné par Martial dès 84-85 (XIV, 29 et 166), les Septa dès 85-86 (II, 14, 5 ; II, 57, 2), les thermes d’Agrippa dès 87-88 (III, 20, 15 ; III, 36, 6). Le vieux portique de Minucius fut aussi restauré[129]. — Domitien fit encore construire un portique en l’honneur des empereurs divinisés[130], monument dont l’emplacement est inconnu. Enfin, il éleva un Odéon et un Stade pour les concours musicaux et athlétiques des jeux capitolins qu’il fonda. L’Odéon, qui contenait plus de dix mille places[131], semble avoir été terminé ou restauré sous Trajan, par le célèbre architecte Apollodore de Damas[132]. C’était un des plus beaux monuments du champ de Mars : l’empereur Constance II l’admira à son entrée dans Rome[133] ; au cinquième siècle, Polemius Silvius le mettait parmi les sept merveilles de la ville[134]. On ignore son emplacement exact[135]. Le Stade correspond à la grande place Navone, qui on a conservé la forme et le nom (in agone)[136]. Restauré plus tard par Alexandre Sévère, il pouvait contenir plus de trente mille spectateurs[137].

Prés de la porte triomphale, dans le voisinage du Circus Flaminius, Domitien Il peut-être construire, au retour d’une de ses expéditions, un temple à la Fortuna Redux[138]. Après l’expédition suévo-sarmate, en 93, il éleva, auprès de ce temple, un arc de triomphe sur le faîte duquel on voyait deux quadriges d’éléphants conduits par deux figures dopes représentant l’empereur[139].

Sur d’autres points de Rome, des monuments importants furent encore élevés. Au lieu où il était né, dans la sixième région, l’empereur édifia un magnifique mausolée, destiné à servir de lieu de sépulture aux membres de sa famille, le templum gentis Flaviæ[140]. Vespasien[141], Julie et Domitien[142] y furent certainement ensevelis ; sans doute aussi Titus, ainsi que le César, fils de Domitien. Ce temple fut achevé peu avant l’année 94, date de la publication du livre IX de Martial, dans lequel il est fréquemment mentionné[143]. Peut-être le lieu où il devait s’élever fut-il consacré dès l’année 89, comme semblerait l’indiquer un vers de Stace[144]. Cet édifice est aujourd’hui complètement détruit : cependant on peut dire où il s’élevait. Dans la Notifia et le Curiosum, il est indiqué entre les jardins de Salluste et les thermes de Dioclétien. Il est possible de préciser encore davantage. Une inscription[145] ainsi formulée : inter duos parietes ambitta privat(i) Flavi Sabini, a été trouvée, au seizième siècle, dans les environs du carrefour des Quattro Fontane[146]. Les restes de ce temple ont peut-étre été retrouvés aussi au seizième siècle : il aurait été de petites dimensions et de forme circulaire[147]. — J’ai parlé, au chapitre précédent, d’une place et d’un autel faits par Domitien près de ce temple de la famille Flavienne.

Sur l’Esquilin (place Victor-Emmanuel) existent encore les ruines d’un château d’eau antique, ruines qualifiées sans raison de trophées de Marius[148]. La maçonnerie de cet édifice semble d’une époque assez basse ; mais il était orné de deux trophées que Sixte-Quint fit transporter sur la balustrade du Capitole, au sommet de l’escalier qui mène à la place : on les y voit aujourd’hui[149]. Sous l’un des deux fut trouvée l’inscription suivante : Imp(eratoris) Dom(itiani) Aug(usti) Ger(manici) per Cre[scentem ?] lib(erium)[150]. Ces sculptures faisaient-elles partie de la décoration d’un château d’eau construit par Domitien et restauré dans la suite[151] ? Ou furent-elles transportées là, d’un édifice construit par cet empereur en souvenir de ses prétendues victoires ? A est difficile de le dire. A en juger d’après leur style, elles semblent d’une époque postérieure à Domitien[152].

Le grand cirque qui, sous Vespasien, avait déjà deux cent cinquante mille places[153], semble avoir été en partie modifié à la suite d’un incendie[154]. Comme Domitien ajouta deux factions aux quatre qui existaient auparavant (voir plus loin), il fut nécessaire d’établir douze portes pour les chars, au lieu de huit. Ce prince semble avoir fait aussi construire une loge impériale ; Pline loue Trajan de l’avoir supprimée[155]. Enfin, le nombre des places fut peut-être augmenté. Ces travaux furent achevés sous Trajan[156].

Sur la rive droite du Tibre, Domitien creusa un vaste bassin pour les naumachies, bassin qui fut détruit peu de temps après[157].

Nous ignorons le lieu où furent élevés d’autres édifices de Domitien, les deux temples de Junon[158], les Semptem Atria[159].

Un si grand nombre de Jani, d’arcs de triomphe, commémorant les guerres de Domitien, furent construits dans Rome, qu’un jour une main inconnue écrivit sur l’un d’eux : άρxεξ (c’est assez)[160]. Une médaille de l’année 85 nous montre une porte triomphale à deux arches, richement décorée de reliefs et surmontée de deux quadriges d’éléphants, conduits chacun par une figure de l’empereur[161]. Nous avons déjà vu que Martial décrit un monument semblable élevé près la porte triomphale à la suite de l’expédition suévo-sarmate, en 93. Après le meurtre de Domitien, la plupart de ces arcs furent renversés[162].

Domitien s’occupa aussi du bien-être de la population de Rome. De nouveaux greniers publics furent bâtis[163]. Les aqueducs furent entretenus avec soin. On a conservé une inscription de 88[164] dans laquelle un entrepreneur de constructions remercie la Bonne Déesse de l’avoir aidé par sa bienveillance é terminer les travaux de la conduite souterraine d’un bras de l’aqueduc Claudien, travaux faits sur l’ordre de l’empereur. La porte Capène, au-dessus de laquelle passait une conduite d’eau[165], fut restaurée[166]. Nous avons vu que ce fut probablement sous Domitien que l’eau de l’Aqua Claudia fut amenée au Palatin. Dans le camp des prétoriens, on a retrouvé plusieurs tuyaux de plomb portant le nom de Domitien[167]. D’une manière générale, ce nom est un des plus fréquents sur les tuyaux qui ont été retrouvés[168]. Le curator aquarum était, sous ce règne, Acilius Aviola, prédécesseur du célèbre Frontin[169].

En 92, un édit ordonna l’enlèvement de toutes les Boutiques et échoppes en bois qui, placées devant les maisons, rétrécissaient les rues et causaient des incendies[170].

A côté des édifices construits par Domitien à Rome, nous devons mentionner le palais d’Albano[171], où il aimait à séjourner[172]. On en a retrouvé des restes dans la villa Barberini, entre la voie Appienne et le lac d’Albano, le village d’Albano et celui de Castel Gandolfo. Le palais de l’empereur, dont quelques substructions se voient encore, s’élevait dans un site splendide, au-dessus de quatre terrasses disposées en étages[173], et sur la cime du cratère qui enferme le lac[174]. On découvre de là toute la campagne romaine, les lacs d’Albano, de Nemi, les montagnes albaines, celles de la Sabine[175]. Aux alentours se voient les ruines d’un théâtre[176], d’un amphithéâtre[177], d’un temple antique[178]. Le lac tout entier était entouré de tillais, de portiques, de loges, de nymphées[179].

Entre Rome et la villa d’Albano, au huitième mille de la voie Appienne, fut construit un temple d’Hercule : le dieu était représenté sous les traits de l’empereur[180].

Domitien avait aussi à Tusculum une villa somptueuse sur les ruines de laquelle la plus grande partie de la ville actuelle de Frascati est construite[181]. Nous connaissons d’autres villas habitées par cet empereur à Antium[182], à Gaëte[183], à Circéi[184], à Anxur[185], à Baies[186].

Domitien fut, après Auguste, le prince qui modifia le plus l’aspect de Rome. Mais ces constructions contribuèrent à épuiser ses ressources[187] et causèrent les confiscations iniques qui marquèrent la fin de son règne.

 

DEUXIÈME PARTIE.

Afin de se concilier la faveur du peuple, qui considérait les jeux comme une dette du prince envers lui et montrait pour ces divertissements une passion violente[188], Domitien donna à Rome un grand nombre de fêtes[189]. Il suivit à cet égard l’exemple de son père et de son frère[190] : il fallait faire oublier Néron à la foule, qui regratta longtemps cet empereur prodigue. Lui-même semble avoir eu beaucoup de goût pour les jeux : ce fut pour son plaisir personnel qu’il en institua à Albe et qu’il fit probablement construire un stade sur le Palatin.

Sous ce prince, qui acheva le Colisée et construisit les écoles de gladiateurs, les jeux de l’amphithéâtre furent nombreux et brillants. Nous avons vu qu’il décida que des combats de gladiateurs seraient célébrés régulièrement tous les ans, au mois de décembre, par les questeurs désignés. Pour rehausser l’éclat de ces tètes, il y assistait toujours et y faisait paraître, sur la demande du peuple deux couples de gladiateurs, instruits dans ses écoles : ils combattaient les derniers, revécus de la livrée impériale[191]. — Lui-même donna fréquemment des jeux exceptionnels dans l’amphithéâtre. Tandis que son fière Titus avait favorisé le petit bouclier thrace (parma)[192], il se déclara partisan du grand[193]. Lorsqu’il revint de son expédition contre les Sarmates, il institua des combats de gladiateurs, selon l’ancienne mode du Latium[194]. A plusieurs reprises, il fit combattre dans l’arène des nains et des femmes[195]. On y vit aussi de grandes chasses[196], des taureaux domptés avec lesquels des enfants jouaient[197], des lions qui saisissaient des lièvres et les reposaient ensuite à terre sans leur faire aucun mal[198], des cerfs attelés[199], des luttes d’antilopes[200], des représentations d’exploits illustres[201], et mille autres divertissements que nous font connaître Martial et Stace dans de mais vers. Ces fêtes avaient lion parfois la nuit, au milieu de l’amphithéâtre illuminé[202]. — Imitant l’exemple de Titus, Domitien donna dans l’amphithéâtre un combat naval[203].

Comme nous l’avons dit, il restaura le grand Cirque. Aux quatre factions de conducteurs de chars qui existaient déjà (la rouge, la blanche, la bleue, la verte), il en ajouta deux nouvelles : la faction d’or et la faction de pourpre[204], dont le matériel et les chevaux furent peut-être fournis par l’empereur lui-même. Elles disparurent sans doute bientôt, car il n’en est plus fait mention à une époque postérieure. A plusieurs reprises, des spectacles magnifiques furent donnés dans le cirque, entre autres, à la suite des deux triomphes de 89, un double combat de cavalerie et d’infanterie[205]. Lors des jeux séculaires, pour qu’on achevât plus aisément dans une seule journée les cent tours réglementaires, il réduisit chaque course de chars, de sept tours à cinq[206]. — Comme Néron, il favorisait le parti des verts. Martial, en bon courtisan, se moqua des bleus sous son règne[207].

Le théâtre était, à l’époque impériale, le moins populaire de tous les spectacles[208]. Cependant les mimes étaient fort golfes, et Domitien ne semble pas avoir pris de mesures pour réprimer leur immoralité[209]. Nous connaissons plusieurs acteurs qui jouaient alors ces sortes de pièces : Latinus, qui jouit d’une grande faveur auprès du prince[210] ; Thymélé, probablement maîtresse de Latinus[211] ; Panniculus[212]. — Mais Domitien interdit les représentations publiques de pantomimes, au grand mécontentement des Romains. Le plus fameux des pantomimes de cette époque fut Pâris, amant de l’impératrice Domitia[213]. Stace composa pour lui une pièce intitulée : Agavé[214]. — Martial et Juvénal nous ont conservé les noms de plusieurs musiciens célèbres : Canas[215], Glaphyrus[216], Pollio[217].

Pour célébrer ses triomphes sur les Daces et les Cattes, Domitien fit paraître des flottes presque entières dans un bassin creusé sur la rive droite du Tibre. Selon Dion Cassius, la plupart de ceux qui prirent part au combat périrent[218].

Mais parmi les frites que Domitien célébra à Rome, les jeux Capitolins méritent surtout d’être cités[219]. Néron avait fondé en 60 les Néronées, qui comprenaient des courses de chars, des concours de chant, de musique, de poésie, d’éloquence, d’athlétique, et qui devaient avoir lieu tous les cinq ans. L’empereur artiste avait voulu imiter les grands jeux de la Grèce, et se faire décerner des couronnes sur des rivaux venus de toutes les parties du monde. Après sa mort, les Néronées furent abolies[220]. — Domitien, s’inspirant de cet exemple[221], fonda des jeux quinquennaux en l’honneur de Jupiter Capitolin[222] : les premiers eurent lieu en 86[223]. Ces fêtes, d’un caractère hellénique[224], étaient célébrées en été[225]. L’empereur les présidait, chaussé de sandales, vêtu d’une toge grecque en pourpre, portant sur la tête une couronne d’or, où r on voyait représentés Jupiter, Junon et Minerve ; le flamine diale et les prêtres des Flaviens divinisés siégeaient auprès de lui dans le même costume, mais sur leur couronne l’image de l’empereur remplaçait celle des dieux[226]. — Il y avait des concours musicaux (en prenant le mot dans le sens large que lui donnaient les Grecs), équestres et gymniques : pour la poésie latine, la poésie grecque, l’éloquence latine, l’éloquence grecque, la cithare sans accompagnement, la cithare accompagnée par un chœur de chant, la citharédique (solo de chant avec cithare), le chant, la flûte, peut-être l’orgue, les courses de chars, les courses à pied auxquelles prirent part même des jeunes filles ; les exercices du pentathle (saut, course, lutte, jet du disque, pugilat)[227]. Ces concours avaient lieu dans l’Odéon, le Stade, construits exprès par Domitien, et le Cirque.

Les jeux Capitolins eurent tout de suite un grand retentissement. On accourait de fort loin pour y prendre part[228]. Le nombre des rivaux, qui appartenaient à toutes les classes de la société[229], était considérable : en 94, pour le prix de poésie grecque, cinquante-deux concurrents se présentèrent[230]. Ceux que les juges déclaraient vainqueurs recevaient une couronne de chêne de la main même de l’empereur[231] : c’était leur unique récompense[232], mais ils devenaient célèbres dans tout l’empire. Nous connaissons les noms de quelques-uns de ces vainqueurs. Collinus remporta le prix de poésie latine en 86[233], Scævus Memor, honneur du cothurne latin, frère du poète satirique Turnus et beau-frère de la célèbre Sulpicia, en 90 ou 94[234]. Ce fut au second on au troisième concours qu’échoua le futur historien P. Annius Morus, encore tout enfant[235] ; Stace, dont le nom était cependant connu de tous[236], fut vaincu en 94 ; il ne s’en consola pas et, bientôt après, il quitta Rome, qu’il avait prise en dégoût[237]. En 94, Q. Sulpicius Maximus, un enfant de douze ans qui mourut peu de temps après, par suite d’excès de travail, se mit sur les rangs pour le prix de poésie grecque[238]. On donna comme sujet : Jupiter reprochant à Phébus d’avoir livré son char à Phaéton. Nous avons conservé la pièce du jeune poète, gravée sur son monument. Ce sont des vers bien tournés, mais déclamatoires et sentant l’école : le thème, déjà traité mille fois, ne se prêtait guère à des développements originaux. Du reste, Sulpicius ne reçut pas la couronne de chêne ; ses parents disent seulement qu’il sortit honorablement de la lutte[239]. — Palfurius Sura reçut le pris d’éloquence latine à un des concours du règne[240]. — L’athlète T. Flavius Artemidorus fut vainqueur en 86[241] ; il échoua, semble-t-il, quatre ans après[242]. T. Flavius Archibius remporta, en 94, le prix pour le paucration des adolescents[243].

Le nombre des concours fut restreint après Domitien[244], mais les jeux Capitolins ne furent pas abolis : jusqu’à la fin du quatrième siècle, on les célébra, et le souvenir s’en conserva au moyen âge[245].

A Albano, Domitien institua des fêtes en l’honneur de Minerve, sa déesse favorite[246] ; ces fêtes, quoique moins brillantes que les jeux Capitolins, leur ressemblaient à certains égards. Elles avaient lieu tous les ans du 19 au 23 mars[247]. Elles étaient dirigées par un des prêtres du collège de Minerve, que l’empereur avait fondé. On y assistait à des représentations théâtrales, à des chasses d’animaux dans l’amphithéâtre, à des concours d’orateurs et de poètes[248]. La récompense des vainqueurs était une couronne d’olivier en or[249]. Stace obtint le pria pour des poésies célébrant les guerres de Germanie et de Dacie[250]. — Après la mort de Domitien ces jeux furent supprimés : ils ne sont plus mentionnés à une date postérieure.

Domitien fit au peuple de grandes largesses, pour célébrer soit des solennités religieuses comme les sacrifices du Septimontium[251], soit des victoires[252]. C’étaient tantôt des repas où la plèbe, les chevaliers et les sénateurs venaient s’asseoir (recta cæna), tantôt des distributions de vivres dates des corbeilles que chacun emportait (sportula)[253]. Parfois l’empereur faisait remettre des jetons : ceux qui les avaient reçus les échangeaient ensuite contre des boissons ou d’autres présents[254]. De petites boules de bois contenant des bons étaient lancées dans l’amphithéâtre au milieu des spectateurs, ces bons donnaient droit à différents objets, dont plusieurs étaient d’un certain pris : comestibles, vêtements, vases, chevaux, esclaves[255]. De grands banquets étaient célébrés dams le palais impérial[256] ; Martial et Stace furent une fois au nombre des convives, ils s’en montrèrent si fiers qu’ils déclarèrent qu’une invitation de Jupiter lui-même ne leur aurait pas fait plus de plaisir[257].

A trois reprises, Domitien lit donner soixante-quinze deniers à chacun des deux cent mille Romains qui participaient aux distributions réglementaires de blé[258]. Ce fut une dépense totale de quarante-cinq millions de deniers. Ce chiffre, fort élevé, est cependant inférieur à celui des libéralités des empereurs du second siècle[259].

Nous n’insisterons pas sur l’état des arts à Rome sous Domitien. Dans l’énumération de ses constructions, nous avons indiqué les édifices qui nous restent de cette époque et les sculptures qui servirent à les décorer : les reliefs du forum transitorium et cens de l’arc de Titus[260]. On connaît les noms de quelques artistes de la fin du premier siècle : Rabirius, l’architecte du Palatin ; Evodus dont nous avons une belle intaille représentant Julie[261] ; le peintre Artémidore[262]. Le luxe de Domitien fut utile aux artistes dont il occupa l’activité. Mais, malgré l’excellence de certaines couvres, le règne du dernier empereur Flavien ne semble pas avoir marqué une période importante dans l’histoire des arts qu’aucun esprit nouveau ne transforma. Des signes de décadence se montrent dans l’architecture qui vise trop à la richesse : un goût exagéré pour les matériaux précieux, la surcharge de l’ornementation.

Je ne parlerai pas en détail de la littérature à l’époque de Domitien ; je dirai seulement ce qu’il fit pour et contre elle.

Malgré le peu de goût qu’il montra depuis son avènement pour les lettres, il témoigna une certaine bienveillance aux écrivains. Dans la société de cette époque, la poésie tenait une place importante[263]. C’étaient surtout les poètes qu’on étudiait dans les écoles[264] ; quelques auteurs étaient de leur vivant même considérés comme des classiques et lus jusqu’au fond des provinces[265] ; les plus grands personnages faisaient des vers[266], occupation dont le prince ne pouvait guère prendre ombrage et à laquelle les portait leur éducation ; d’aucuns professaient pour la poésie un véritable culte[267]. Par politique autant que par vanité, Domitien devait chercher à provoquer les flatteries des poètes dont les œuvres se répandaient partout. Les nobles, qu’il prétendait abaisser, protégeaient les écrivains qui en retour les célébraient dans leurs vers[268] : ne pouvant empêcher ces louanges, l’empereur voulut s’en faire décerner de plus grandes.

En dépit de sa prodigalité, ce ne fut pas par des secours pécuniaires qu’il se concilia l’affection des poètes : à cet égard, l’avare Vespasien se montra plus généreux que lui[269]. Martial eut beau lui adresser maintes fois des prières fort peu discrètes ; Domitien resta sourd à ses plaintes[270]. Il ne consentit même pas à lui donner la concession gratuite de l’eau d’aqueduc[271], faveur qu’il accorda cependant à Stace[272]. — Mais il flatta la vanité des poètes. Il faisait bon accueil à leurs vers[273] et leur en commandait quelquefois[274]. Il les invitait à sa table. Turnus, le poète satirique, était fort bien en cour[275]. Martial avait assez d’influence auprès du prince pour faire obtenir le droit de cité à des personnages qu’il recommandait[276]. Lui-même reçut le droit des trois enfants[277]. Les concours Albains et Capitolins ne durent pas être fort utiles aux lettres, ils ne provoquèrent sans doute que des œuvres banales et ampoulées ; cependant les poètes vinrent avec empressement s’en disputer les couronnes et y chercher la consécration solennelle de leur talent. — Domitien n’eut d’ailleurs pas comme Auguste le dessein de faire d’eux les auxiliaires de sa politique : Horace prêchait la morale au nom du prince ; Martial parlait bien haut du plaisir que Domitien, ce rigoureux censeur, prenait à lire ses épigrammes.

Il ne se montra pas hostile à l’éloquence : dans sa lutte contre l’aristocratie, il eut besoin de délateurs habiles à parler pour se débarrasser de ses adversaires. Comme son père[278], il protégea les rhéteurs[279]. L’hostilité de ces hommes, qui regrettaient parfois la république, époque plus favorable que le principat à l’art oratoire, et dans les écoles desquels on glorifiait souvent le temps passé et la liberté[280], eût été dangereuse pour le pouvoir : ils avaient une grande influence sur l’esprit des jeunes gens qui venaient en foule écouter leurs leçons. D’autre part, ils pouvaient rendre au gouvernement impérial d’importants services en glorifiant le prince et en attaquant les ennemis acharnés des Flaviens, les philosophes, qu’eux aussi détestaient, par jalousie de métier[281]. Quintilien, le plus célèbre rhéteur de cette époque[282], fut chargé par Domitien de l’éducation de ses deux neveux et fils adoptifs[283] et reçut de lui les ornements consulaires[284]. Aux jeux du Capitole et aux jeux Albains furent institués des concours pour l’éloquence grecque et l’éloquence latine.

Le règne de Domitien fut peu favorable à l’histoire. Elle fut écrite soit par des courtisans, qui virent dans le récit d’événements presque contemporains une occasion de flatter l’empereur et la dynastie à laquelle il appartenait[285], soit par des écrivains d’opposition qui racontèrent le passé pour faire des allusions malveillantes au temps présent. Ces pamphlets furent punis avec une extrême rigueur[286]. — Quant aux philosophes, nous verrons que Domitien les persécuta[287].

Parmi les services que cet empereur rendit aux lettres, il faut citer la restauration des bibliothèques de Rome dont plusieurs avaient été brillées lors des incendies de la ville sous Néron et Titus[288]. Il fit rechercher partout des exemplaires des livres qui avaient péri et envoya même des copistes à Alexandrie[289].

 

 

 



[1] Suétone (Domitien, 5) énumère quelques-uns des monuments de Domitien. Nous avons une liste détaillée de ses constructions dans une chronique urbaine de l’année 334, édition Mommsen, Chronica minora, dans les Monumenta Germaniæ historica, antiquissimi auctores, IX, p. 146 (la partie relative à Domitien se trouve dans Jordan, Topographie der Stadt Rom, II, p. 31 et suiv.). La source de cette chronique est inconnue, mais certainement officielle (Jordan, I, 1ère partie, p. 41, n. 5). Elle a été consultée dans une édition meilleure que la nôtre par Eutrope, VII, 23, 5 (édition Droysen) et Saint Jérôme, traduction de la chronologie d’Eusèbe (édition Schöne, p. 161) : voir Mommsen, Abhandlungen der sächsischen Gesellschaft der Wissenschaften, I, 1850, p. 601, 652, 681, 693 ; Jordan, II, p. 30 et suiv. — On trouve d’utiles indications topographiques dans le plan Capitolin qui date du commencement du troisième siècle (édition Jordan, Forma urbis Romæ) et dans deux recueils des monuments de Rome : la Notitia rédigée en 334 et le Curiosum postérieur à 357, copiés tous deux sur un document perdu du commencement du quatrième siècle, qui a de grands rapports avec la Chronique urbaine : voir Jordan, II, p. 1 et suiv.

[2] Dion Cassius, LXVI, 24. Suétone, Titus, 8 ; Domitien, 5. Plutarque, Poplicola, 15. Cf. Tacite, Histoires, I, 2.

[3] Suétone, Titus, 8.

[4] Martial, VIII, 80, 7, dit en faisant allusion aux restaurations que Domitien dut faire entreprendre :

Sio nova dam condis, revocas, Auguste, priora :

debentur quæ aut, quæque fuere tibi.

Cf. VI, 4, 3.

[5] Quand il restaurait un monument, il y mettait son nom sans indiquer celui du premier fondateur (Suétone, Domitien, 5). Vespasien suivait une conduite opposée (Zonaras, XI, 17, p. 493, édition Pinder).

[6] Vespasien et Titus en particulier avaient beaucoup construit : le premier avait rebâti une partie de Rome, détruite par l’incendie de Néron, relevé le temple de Jupiter Capitolin, fait les temples de la Paix et de Claude, commencé l’amphithéâtre flavien qui fut continué par son fils aîné. Titus avait, en outre, ouvert de vastes thermes sur le Célius (voir Suétone, Vespasien, 9 ; Dion Cassius, LXVI, 15 et 25).

[7] Plutarque, Poplicola, 15. — Pline (Panég., 51) dit qu’alors la ville était sans cesse ébranlée par les chars qui transportaient d’énormes pierres. — Martial, qui veut flatter Domitien, parle des « villes entières » ajoutées par lui à l’ancienne Rome (VI, 4, 4). Cf. V, 19, 5 :

Pulohior et major sub quo duce Martin Roma ....

V, 7, 3 :

... exuta est veterem nova Roma senectam

et sumpsit vultus præsidis ipsa sui.

CL VIII, 56, 2.

[8] Ce fut surtout à partir de cette époque qu’on exploita en grand les carrières de Luni déjà ouvertes sous Auguste : voir Bruzza, Annali dell’ Instituto, XLII, 1870, p. 167. — Blocs de marbre trouvés en Phrygie et marqués de signes remontant à l’époque de Domitien : Ephem. epigr., V, n°105 et suiv., 1379. — Voir aussi les blocs des magasins de la Marmorata à Rome, contre le Tibre, datant de l’époque de Domitien : Bruzza, loc. cit., p. 182 et suiv.

[9] Suétone, Domitien, 5. Chronique urbaine : Capitolium. Plutarque, Poplicola, 15. Martial .X, 1, 5 ; IX, 3, 7 ; XIII, 74, 2. Stace, Silves, I, 6,102 ; III, 4, 105 ; IV, 3, 16 et 160. Silius Italicus, Punica, III, 622. De morte persecutorum, attribué à Lactance, 3. Cohen, Domitien, n° 23. — Sur le quatrième temple du Capitole, voir Jordan, Topographie, I, partie 2, p. 29 et suiv.

[10] C. I. L., 2059 (Actes des Arvales, au 7 décembre 80) : In Capitolio in ædem Opis sacerdotes convenerunt ad vota nuncupenda ad restitutionem et dedicationem Capitoli ab Imp(eratore) T. Cæsare Vespasiano Aug(usto).

[11] Depuis 1865, surtout en 1875, 1876, 1878. Voir Jordan, II, p. 66 et suiv. Tout récemment, on vient de découvrir un pan de mur qui semble avoir appartenu à la cella orientale du temple (Revue critique, 1893, 1er semestre, p. 112).

[12] Voir Tacite, Histoires, III, 72 ; IV, 53. Denys d’Halicarnasse, IV, 61. Il dut en être de même pour le quatrième temple, élevé sous Titus et Domitien, car les dieux, disaient les aruspices, lors de la construction du troisième temple de Vespasien, ne voulaient pas que le plan fût modifié (Hist., IV, 53). Les fondations avaient dû d’ailleurs échapper à l’incendie. Voir Jordan, Topogr., I, 2, p. 81.

[13] Plutarque, Poplicola, 15.

[14] Zosime, V, 38. Procope, Guerre des Vandales, I, 5. Silius Italicus, Punica, III, 623 : Aurea Capitolia. Ausone, Ordo urbium nobilium, XIX, 123.

[15] On voit six colonnes corinthiennes cannelées sur le fragment du Louvre qui le représente ; et qui est reproduit dans Bouillon, Musée des antiques, III, bas-reliefs, pl. 29 et dans Clame, Musée de sculpture, II, pl. 151, n° 300. Cf. aussi Cohen, Domitien, 174 (qui semble bien représenter le temple de Jupiter Capitolin), et t. II, p. 419, n° 64 (monnaie de Faustine l’aînée). — Sur le bas-relief du musée des Conservateurs, à Rome, (Helbig, Führer durch die öffentlichen Sammlungen in Rom., n° 542), et sur deux médailles de 81 et 82 (Cohen, Domitien, 172 et 23), on ne compte que quatre colonnes ; mais dans ces sortes de monuments, de pareilles inexactitudes ne sont pas rares. Les découvertes récentes ont prouvé que le temple avait en effet six colonnes (Jordan, Topographie, I, 2, p. 84 et suiv.).

[16] Un reste de colonne cannelée en marbre pentélique, encastré dans un mur contre le musée des Conservateurs (diam. : 2 mètres en bas, 1m,80 en haut) ; un fragment de base, en marbre pentélique également, à l’Institut allemand (voir Schupmann, Annali dell’ Instituto, XLVIII, 1876, p. 151 ; Jordan, Topographie, I, 2, p. 72, n. 69. — Sur d’autres restes de chapiteaux, de pilastres, d’une corniche, mentionnés ou reproduits dans des auteurs ou des dessins des siècles derniers, voir Hülsen, Millheitutigen des archeolog. Instituis, Römische Abtheilung, III, 1888, p. 150 et suiv. et pl. V).

[17] a) Bas-relief du musée des Conservateurs, à Rome, représentant un sacrifice de l’empereur Marc-Aurèle, avec le temple de Jupiter Capitolin dans le fond. Le fronton de ce temple est reproduit dans les Monumenti dell’ Instituto, V, pl. XXXVI.

b) Bas-relief qui semble dater de l’époque de Trajan, conservé autrefois au Capitole et brisé ensuite en trois morceaux, dont deux sont au Louvre et dont le troisième — le plus intéressant pour nous, puisqu’il représentait le fronton du temple — a été perdu ; mais il en reste plusieurs dessins faits au seizième siècle (voir à ce sujet Audollent, Mélanges de l’Ecole française de Rome, IX, 1889, p. 120 et pl. 2 ; Hülsen, Römische Mittheilungen, IV, 1889, p. 250 ; Michælis, ibid., VI, 1891, p. 21 et pl. III). Ni l’un ni l’autre de ces bas-reliefs n’est la reproduction exacte du fronton du temple : les artistes ont seulement voulu le rappeler aux yeux par l’indication sommaire des principales figures.

c) Plusieurs monnaies (Cohen, Domitien, 23,1714 174 ; Faustine l’aînée, 64).

d) Sarcophage décrit par Rossbach, Römische Hochzeils und Ehedenkmäter, p. 149-150.

[18] Sur ce fronton, voir Brune, Annali dell’ instituto, XXIII, 1851, p. 289 et suiv. ; Cavedoni, Bulletino, 1852, p. 157 et suiv. ; Wieseler, Göttingische gelehrte Anzeigen, 1872, I, p. 728 et suiv. ; E. Schulze, Archäol. Zeitung, XXX, 1873, p. 1 et suiv. ; Jordan, Topographie, 1, 2, p. 100 et suiv.

[19] Sur le bas-relief des Conservateurs, Junon se trouve, pour le spectateur, à gauche de Jupiter, Minerve à droite, ce qui est inexact (Jordan, p. 90, n. 87).

[20] Sur le bas-relief perdu, le Soleil était à gauche, la Lune à droite. Dans l’original, le char du Soleil devait sans doute être traîné par quatre chevaux.

[21] Schulze veut y voir une représentation du feu. A la figure que nous appelons le Tibre (indiquée seulement sur le bas-relief perdu), devait correspondre à l’extrémité de gauche (brisée dans ce bas-relief), une autre figure couchée. Schulze y voit l’Eau et la Terre. Il pense que deux dieux des vents se trouvaient aussi représentés sur le fronton. Les quatre éléments auraient été ainsi indiqués.

[22] Brünn y voit Ganymède, Cavedoni la Jeunesse personnifiée, Wieseler l’Amour, Schulze Iulus, Jordan le Génie du peuple romain.

[23] Peut-être sur le fronton voyait-on des figures qui ne sont pas représentées sur les reproductions que nous en possédons, par exemple les Dioscures : Brünn, loc. cit., p. 291 ; Schulze, loc. cit., p. 7, n. 55. Cf. p. 93, n. 6.

[24] Servius, Comment. à Virgile, Géorgiques, III, 29.

[25] La monnaie de 82 (Cohen, Domitien, 23) semble, en effet, indiquer la date de l’achèvement du temple. Elle porte au revers l’inscription : Capit(olium) restit(utum).

[26] Jordan, I, 2, p. 30 et suiv.

[27] Sur ces temples, voir Jordan, loc. cit., p. 41 et suiv.

[28] Tacite, Histoires, III, 74.

[29] Tacite, loc. cit. Suétone, Domitien, 5. Martial fait allusion au grand temple de Jupiter Capitolin et au temple de Jupiter Custos quand il dit (VI, 10, 3) : Templa quidem dedit ille Iovi. Cf. IX, 3, 7. — On doit observer que Jupiter Conservator est la même divinité que Jupiter Custos : voir Orelli, 1228 ; Preller, Römische Mythologie, I, p. 238 (édit. Jordan).

[30] Martial, VIII, 80. :

Sic priscis servatur honeste præside templis

et essa tam culto sub Jove numen habet

sic nova dum condis revocas, Auguste, priora...

D’après ces vers, on voit qu’il s’agit de la cabane de Romulus du Capitole (Jordan, p. 51), non de celle du Palatin.

[31] Suétone, Domitien, 15. Stace, Silves, IV, 2 ; III, 4, 38 ; IV, I, 7. Martial, I, 70 ; IV, 78, 7 ; V, 5, 1 ; VII, 56 ; VII, 99, 3 ; VIII, 36 ; VIII, 39 ; IX, 11, 8 ; IX, 24, 1 ; IX, 42, 5 ; IX, 86, 7 ; IX, 91. 3 ; XIII, 91.

[32] Martial, VII, 56 :

Astre polumque pia cepisti monte, Rabiri,

Parrhasiam mira qui struis arte domum.

[33] Dans une Silve écrite vers la fin de l’année 89, peu de temps après les deux triomphes sur les Cattes et les Daces, Stace fait allusion à la construction de ce palais (I, 1, 33). Quand Martial écrivit la pièce 56 du livre VII, le palais venait, semble-t-il, d’être terminé, au moins dans son ensemble. Or le livre VII fut édité en décembre 92. L’épigramme VIII, 36 est peu postérieure à cette date (ce livre parut en 93 : Friedlænder, édition de Martial, p. 58 et suiv.). Il est aussi question du palais de Domitien dans Martial (VIII, 39) et dans une Silve de Stace (IV, 2), peut-être écrite à la mémo date (Kerckhoff, Duæ quæstiones papinianæ, p. 20). Voir encore Stace, Silves, III, 4, 47, pièce de vers écrite en 93 ou 94 (pour cette date, cf. Martial, IX, 11 ; IX, 13 ; IX, 17 ; IX, 36). — La Chronique urbaine mentionne le Palatium parmi les constructions de Domitien.

[34] Édition Jordan, nos 163 et 144 : voir à ce sujet Hülsen, Römische Mittheilungen, IV, 1889, p. 186.

[35] Sur ces ruines, voir Hülsen, Römische Mittheilungen, V, 1890, p. 76 (dessin inédit de Ligorio) ; — Guattani, Roma descritta ad illustrata, I, Rome, 1785, p. 48 et suiv. (fouilles de Rancoureil), avec des plans de l’architecte Barberi ; — Deglano, Gazette archéologique, XIV,1888, p. 145 et suiv., et pl. XXI (d’après le relevé de Piranesi) ; Mélanges de l’École de Rome, IX, 1889, p. 188 et suiv., et pl. IV-V.

[36] Lanciani, Atti dell’ Accademia dei Lincei, Scienza morali, série III, t. IV, p. 446, nos 153 et 154.

[37] C. I. L., XV, 995, 1 ; 998 b, 3 ; 999 b, 2 ; 1097 f, 39. Mais cela ne prouve pas grand chose.

[38] Comme le fait Richter, Topographie von Rom, dans le Handbuch der klassischen Alterthumswissenschaft d’Ivan Müller, III, p. 832. Hülsen (Römische Mittheilungen, IV, 1889, p. 256, n. 1) a fait des réserves à ce sujet.

[39] Richter (loc. cit., p. 830) croit plutôt que le palais d’Auguste s’élevait au lieu où l’on voit les ruines appelées palais des Flaviens. Il se fonde sur Ovide (Tristes, III, 1, 31). Le poète fait parler son livre qui, après avoir passé contre la Regia et la demeure des Vestales, arrive à la porte du Palatin :

Porta est, ait, ista Palati,

hic Stator, hoc primum condita Roma loco est.

Singula dum miror, video fulgentibus armis

conspicuos postes tectaque digna deo.

Voici, [lui dit son guide], la porte Palatine, voilà Stator, voilà le berceau de Rome. Tandis que tour à tour j'admire chaque merveille, l'éclat des armes qui décoraient un portique, et l'architecture digne d'un dieu [la demeure d’Auguste] attirent mes regards.

Cf. Gilbert, Geschichte und Topographie der Stadt Rom in Alterthum, III, p. 177, n. 2 et 3. — Mais Ovide peut aussi bien désigner un palais situé à l’endroit où s’élève actuellement la villa Mills, surtout si l’on songe qu’en ce lieu les constructions impériales s’étendaient, dans la direction de la voie sacrée, beaucoup plus loin qu’on ne l’a cru jusqu’à présent (voir Hülsen, Römische Mittheilungen, V, 1890, p. 76) ; d’autre part, avant de construire le palais dit des Flaviens, on dut combler la vallée située entre le Palatin et le Cormalus (voir plus loin), comblement qui semble postérieur à l’époque d’Auguste, car les maisons dont des restes ont été découverts dans la vallée, sous le palais des Flaviens, sont probablement de cette époque.

[40] Voir, sur ces fouilles du seizième siècle, Hülsen, Römische Mittheilungen, IV, 1889, p. 185 (fragments architecturaux dessinés par Dosio).

[41] Bianchini, Dei palazzo de’ Cesari, Verona, 1738, p. 49 et suiv. Cf. Schneider, Archäologisch-epigraphische Mittheilungen aus Oesterreich-Ungarn, IV, 1880, p. 26 et suiv. (dessins de G. Piccini conservés à Vienne).

[42] P. Rosa, Annali dell’ Instituto, XXXVII, 1865, p. 346 et suiv.

[43] Voir en particulier Visconti et Lanciani, Guide du Palatin, p. 100 et suiv. ; Boissier, Promenades archéologiques, chap. II ; Dutert, Revue archéologique, XXV, 1873, p. 104 et suiv., pl. 2 et 3 ; et surtout Degiane, Gazette archéologique, XIV, 1888, p. 158 et suiv., 211 et suiv., planches XXII, XXIII et XXX.

[44] Cependant il n’y a pas de trace d’escalier devant la façade. On y entrait, semble-t-il, du côté du palais de Tibère, peut-être aussi du côté de la villa Mills. Il y avait, en outre, un passage souterrain et privé entre le palais de Tibère et le palais des Flaviens.

[45] Différentes parties de ce palais semblent être énumérées (proaulium, salutatortum, consistorium, zetæ æstivales, zetæ hiemales, triconium [= triclinium]), dans un texte dont l’original est perdu, mais dont on possède quatre copies plus ou moins fidèles, publiées par de Rossi, Piante iconografiche e prospettiche di Rome, anteriori al secolo XVI, p. 123 et suiv. ; voir les observations de Lanciani jointes à cette publication.

[46] Il y en a quelques-uns au palais Farnèse. Cf. la relation de Bianchini, après les fouilles duquel on enleva les objets les plus précieux, p. 51 et suiv., pl. II, III et IV.

[47] Notamment un Hercule et un Bacchus colossaux en basalte noir, actuellement à Parme (voir Dutachke, Antike Bildwerke in Oberitalien, V, n° 956 et 957, p. 388 et suiv.) ; — un Amour en marbre, qui est au Louvre (Fröhner, Catalogue de la sculpture antique, n° 325 ; Furtwängler, article Eros du Lexikon der griechischen und römischen Mythologie de Roscher, p. 1360) ; — l’admirable torse de Satyre du Louvre (Friederichs-Wolters, Die Gypsabgüsse antiker Bildwerke zu Berlin, n° 1216 ; Baumeister, Denkmäter des klassischen Altertums, III, p. 1399, fig. 1549).

[48] Il fut restauré au second siècle, peut-être sous Hadrien, comme l’indiquent les marques de briques : C. I. L., XV, 377 c, 30 ; 474, 1 ; 563 h, 20 ; 565 m. 34 ; 596 c, 11 ; 607, 3 ; 614 ; 893, 1, etc.

[49] C. I. L., XV, 118 a, 2 ; 999 g, 11 ; 1139, 2.

[50] J’ajoute, en attachant, du reste, peu d’importance à cette observation, qu’un certain nombre de portraits-bustes trouvés dans les ruines datent certainement de la fin du premier siècle, ainsi qu’en témoigne l’arrangement de la coiffure : il y en a deux au Louvre (salle des Antonins), dont l’un est reproduit dans Bernoulli, Römische Ikonographie, II, 2, pl. XXI.

[51] Martial, VIII, 60 :

Summa Palatini poteras æquare colossi

si fleres brevior, Claudia, sesquipede.

I, 70,5 :

Jure sacro veneranda potes Palatia clivo

purine (= plurimum ?) qua summi fulget imago dueis.

Voir, à ce sujet, Gilbert, Philologue, XLV, 1886, p. 461 et suiv. La statua triumphalis dont parle Suétone (Domitien, 15) me semble plutôt la statue équestre de Domitien élevée sur le Forum.

[52] C’est la description du palais impérial éditée par de Rossi (Plante di Roma, p. 123) : le stade y est, semble-t-il, désigné par le mot gymnasium.

[53] Voir, sur le stade du Palatin, Sturm, Das kaiserliche Stadium auf dem Palatin (Würzburg, 1888) ; Deglane, Mélanges de l’École française de Rome, IX, 1889, p. 205 et suiv., pl. IV-VI.

[54] Étudiées par Sturm, loc. cit., p. 28 et suiv. C. I. L., XV, 118 a, 4 ; 990, 2 ; 999 g, 13 ; 1096 e, 31 ; 1097 d, 26 ; 1152, 1 et 2 ; cf. 928 a, 1 et 2 ; 1164, 1 ; 1449 a, 4 et f, 31.

[55] Voir Friedlænder, édition de Martial, I, p. 62.

[56] C. I. L., XV, 261 a, 3.

[57] Cf. Mélanges de l’École de Rome, IX, 1889, p. 206, n. 1.

[58] Voir, à ce sujet, Deglane, Mélanges, p. 213, 214, 215 et suiv.

[59] Sur cette ruine, voir Visconti-Lanciani, Guide du Palatin, p. 75 et suiv. ; Gatti, Annali dell’ Instituto, LIV,1882, p. 217 et suiv. — Il n’est pas prouvé qu’il faille identifier cet édifice avec l’ancienne domus Gelotiana.

[60] C. I. L., XV, 1097 h, 57 ; 1449 b, 16 et f, 30.

[61] Lanciani, Atti dell’ Accademia dei Lincei, Scienza morali, série III, t. IV, p. 446, nos 155 et 157.

[62] On remplaça alors cette issue par une autre qui contourna le palais des Flaviens : voir Deglane, Gazette archéologique, XIII, 1888, p. 128 et planche XXIII.

[63] Voir, à ce sujet, Man, Geschichte der decorativen Wandmalerei in Pompeii, p. 196 et suiv., 248 et suiv., 287.288.

[64] IX, 3, 11. Lanciani (Bullettino della commissione comunale di Roma, 1883, p. 189) cite à ce sujet Martial XII, 3 ; mais le novum templum du poète est celui d’Auguste ; voir la note de Friedlænder au passage cité.

[65] Hülsen, Römische Mittheilungen, V, 1890, p. 76-77.

[66] Vie d’Apollonius de Tyane, VII, 32.

[67] Έν αυλή Άδώνιδος. — Sur la signification de ce terme, voir Roscher, Lexikon der griechischen und römischen Mythologie, p. 74 ; Comtesse Lovatelli, Nuova Antologia, XL, 1892, p. 262.

[68] Jordan, Forma urbis Romæ, pl. X, n° 44. Hülsen, Römische Mittheilungen, V, 1890, p. 77.

[69] Lanciani, Atti dell’ Accademia dei Lincei, loc. cit., p. 372 et p. 446, nos 153 et suiv.

[70] Deglane, Mélanges, p. 204-205 et lettre g du plan, p. 203, figure 2. Cf. Bartoli, Memorie, n° 50 dans Fea, Miscellaneu, I, p. CCXXIII. — L’Aqua Claudia arrivait près de là, plus à l’est (Deglane, Mélanges, p. 187, 188, et pl. IV).

[71] Martial, IX, 3, 11 : Quid loquar Alciden, Phœbumque, piosque Laconas. Chronique urbaine : templum Castorum et Minervæ.

[72] Jordan, Topographie, I, 2, p. 372. — Nous avons une représentation du temple de Castor dans deux fragmenta du plan Capitolin : 1° Jordan, Forma, pl. III, n° 20 ; 2° Jordan, Gratulationsschrift des deutschen Instituts an Lepsius, 1883.

[73] Chronique urbaine : templum Castorum et Minervæ. Le Curiosum indique aussi dans la VIIIe région le templum Castorum et Minervæ. Peut-être s’agit-il de ce sanctuaire dans des vers de Martial (IV, 53)

Hunc quem sæpe vides inter penetralia nostræ

Pallados et templi limina, Cosme, novi...

Le templum novum est précisément le temple d’Auguste.

Mommsen (Abhandl. der sächsischen Gesellschaft, I, 1850, p. 652, n. 43) croit que Domitien, en reconstruisant le temple de Castor, le dédia en même temps aux Dioscures et à Minerve. L’expression templum (et non temple) Castorum et Minervæ indique, en tout cas, qu’il ne s’agit pas de deux édifices entièrement distincts. Jordan (Topographie, I. 2, p. 372) pense, avec plus de vraisemblance, qu’il s’agit d’une chapelle de Minerve formant une annexe du temple de Castor. — Il est donc peu vraisemblable que ce temple de Minerve soit représenté approximativement sur une monnaie de Domitien (Cohen, 171) : Temple à quatre colonnes sans coupole ; au milieu, la statue de Pallas debout ; en haut, des antéfixes, des palmettes et des masques. — Dans les Mirabilia, le temple de Castor semble dire qualifié de templum Palladis (Duchesne, Mélanges de l’École française, IX, 1889, p. 352), mais cette dénomination du moyen âge ne mérite pas qu’on s’y arrête.

[74] Descriptum et recognitum ex tabula ænæ quæ fixa est Romæ in muro post templum Diyi Augusti ad Minervam (Diplôme du 27 octobre 90, Ephem. epigr., V, p. 653 ; Diplôme de 93, C. I. L., III, p. 859, etc.) ; les diplômes antérieurs ne contiennent pas cette indication. Ces tables de bronze devaient être fixées sur le mur d’enceinte du temple d’Auguste (pour la position de ce temple, voir Suétone, Caligula, 22 ; Hansen, Acta fratrum Arvalium, p. 55), contigu au sanctuaire de Minerve.

[75] Chronique urbaine : templum Vespasiani et Titi. — On ne doute plus aujourd’hui que ce soit le temple dont il reste trois colonnes et le fragment d’inscription ...estituer. Voir Jordan, Top., I, 2, p. 192 et suiv. ; p. 411.

[76] Actes des Arvales de cette année-là (C. I. L.. VI, 2165) : In pronao ædis Concordiæ, quæ e[st prope templu]m Divi Vespaniani. — En 89, Stace écrit au sujet de ce temple (Silves, I, 1, 31) : terga pater blandoque videt Concordia vuitu.

[77] Aussi la Chronique urbaine, le Curiosum et la Notitia l’appellent-ils templum Vespasiani et Titi. Mais le temple était officiellement celui de Vespasien seul (voir C. I. L., 2165, passage cité note 4, et C. I. L., VI, 938) ; comme le temple aux trois colonnes situé au pied du Palatin était celui de Castor. Titus et Pollux y furent admis seulement comme divinités secondaires (voir Jordan, Ephem. epigr., III, p. 71). De même, sur le Capitole, le grand temple où l’on adorait Jupiter, Junon et Minerve s’appelait seulement ædes Iovis Optimi Maximi (Jordan, Top., I, 2, p. 33).

[78] C. I. L., VI, 938, d’après l’anonyme d’Einsiedeln. A la suite de ces mots, Septime Sévère, fit ajouter : Impp. Cæss. Severus et Antoninus Pli Felic(es) Augg. restituer(unt).

[79] Il y en avait huit, six sur le front du temple, deux sur les côtés, en avant des murs latéraux de la cella.

[80] Pour les reproductions de cette ruine, voir en particulier Desgodetz, Les édifices antiques de Rome (édition de Rome, 1827), pl. LV-LVII, et Valadier, Raccolla dette più insigni fabbriche di Roma, chap. V.

[81] Chronique urbaine : Senatum. C’était l’expression populaire pour curia (voir, par exemple, Lampride, Alexandre Sévère, 14). L’emplacement de la curie est indiqué par l’église actuelle de S. Adriano. Voir Jordan, p. 258 et suiv. Lanciani, L’aula a gli uffici dei Senato romano, dans les Atti dell’ Acadamia dei Lincei, Scienze morali, série III, tome XI, 1883, p. 14 et suiv.

[82] Ces bas-reliefs ont été souvent reproduits, par exemple dans le tome I, partie 2, de la Topographie de Jordan, pl. IV.

[83] Auguste, Monument d’Ancyre, IV, 1 : curiam et continens ci chalcidicum... feci.

[84] Dion Cassius, LI, 22. Il ne faut pas inférer de ce texte que, dès l’époque d’Auguste, cet édifice s’appelât Chalcidicum Minervæ : le mot Minervæ ne se trouve pas dans le texte officiel d’Auguste, et Dion Cassius a pu lui donner le nom sous lequel on le désignait de son temps. Voir aussi le Curiosum et la Notitia, dans la VIIIe région : Atrium Minervæ à la suite du mot Senatum. Dion et les régionnaires mentionnent évidemment le même édifice (Mommsen, Res gestæ divi Augusti, 2e édition, p. 79). — On peut supposer qu’il a été restauré par Domitien pour deux raisons : a) ce prince reconstruisit la curie dont l’atrium n’était qu’une annexe ; b) il consacra à Minerve, sa déesse favorite, un assez grand nombre de monuments (Jordan, Topographie, I, 2, p. 255).

[85] Jordan, p. 256.

[86] Stace, Silves, I, 1, vers 6, 27, 51, 80. La Silve de Stace fut écrite le lendemain du jour de la consécration de la statue, à la demande du prince, alors présent à Rome (préface du livre I). D’autre part, cette statue fut élevée très rapidement (vers 61 et suiv.) : elle fut donc consacrée peu de temps après le double triomphe qui eut lieu vers la fin de novembre 89 (voir chapitre VI).

[87] VIII, 44, 7 : colosson Augusti.

[88] On a retrouvé au milieu du forum, entre le temple de Jules César et les Rostres, une base de statue équestre. Ce ne peut être un reste de la statue célébrée par Stace ; quand le Sénat décréta, en 96, la destruction de toutes les images de Domitien, celle qui se trouvait dans le lieu le plus célèbre et le plus fréquenté de l’empire ne fut certainement pas épargnée. Il n’en est jamais question plus tard. D’ailleurs, la technique grossière de la base conservée ne permet pas de la faire remonter à l’époque de Domitien. Elle supportait peut-être la statue de Constantin. Voir Jordan, p. 187 et suiv. — Un fragment d’inscription trouvé près de là ne peut pas non plus, comme on l’a cru, être rapporté à cette statue de Domitien ; il appartient à l’empereur Vespasien : voir Hülsen, Römische Mittheilungen, III, 1888, p. 89.

[89] Visconti, Deux actes de Domitien en qualité de censeur représentés dans les bas-reliefs du double pluteus, Rome, 1873. Cantarelli, Bullettino comunale, 1889, p. 99 et suiv.

[90] Römische Mittheilungen, IV, 1889, p. 240.

[91] Stace, Silves, IV, 3, 17 : et Pacem propria domo reponit. Mais l’interprétation de ce vers est douteuse.

[92] Suétone, Domitien, 5. Eutrope, VII, 23, 5. Stace et Martial, passages cités note 96. — Sur ce forum, voir Jordan, p. 448 et suiv.

[93] Suétone, Domitien, 5 : Forum quod nunc Nervæ vocatur (la place qui porte aujourd'hui le nom de Nerva). Lampride, Vie d’Alexandre Sévère, 28 : In foro Divi Nervæ, quod transitorium dicitur (le forum du divin Nerva que l’on appelle le Passage). Cf. Lydus, De mensibus, IV, 1, p. 51, édit. Bekker. Notitia et Curiosum, premier supplément, 6.

[94] Aurelius Victor (Cæsares, 12) dit de Nerva : dedicato... fore, quod appellatur pervium, quo ædes Minervae eminentior consurgit et magnificentior (la dédicace du forum appelé Pervium, et dans lequel s'élève le temple de Minerve, monument dont le grandiose répond à la magnificence). L’inscription du temple de Minerve, élevé dans ce forum, indique la titulature de Nerva en 98. A la même époque (la seconde édition du livre X date de 98 : voir Friedlænder, édition de Martial, préface, p. 62 et sain.), Martial fit les vers suivants en l’honneur de Janus quadrifons (x, 28) :

Pervus exigues habitabas ante Pentes,

plurima qua medium Roma terebat iter.

Nunc tua Cæsereis cingintur Ilmina donis

et fora tut numeras, Iane, quot ora geris.

(forum romain ; f. de César ; f. d’Auguste ; f transitorium). Cf. X, 51, 12. — Au moyen âge ce forum s’appelait forum Trajani : voir Duchesne, Mélanges de l’École de Rome, IX, 1889, p. 348 et suiv.

[95] Aurelius Victor, Cæsares, 9 [monuments de Vespasien] : multaque dia, ac forum, cœpta et patrata (une infinité d'autres édifices et un forum, qui furent commencés et terminés sous son règne).

[96] Martial, I, 2, 8 : Limina post Pacis, Palladiumque forum.

Le livre Ier fut édité en 85 ou 86. — voir Friedlænder, édition de Martial, préface, p. 52 et suiv. — En 93, Martial ne mentionne cependant que trois fora (VIII, 44, 6) : in triplici foro (forum romain, fora de César et d’Auguste). Mais il rie faut pas attacher trop d’importance à cette expression qui, dans la langue usuelle, désignait les lieux où l’on rendait la justice à Rome en public : cf. Ovide, Tristes, III, 12, 24 ; Martial, III, 38, 4 ; VII, 65, 2 ; Stace, Silves, IV, 9, 15. Elle n’exclut pas absolument l’existence du forum de Nerva à cette époque. — En 95, Stace (Silves, IV, 3, 9) écrit ces vers :

[Domitiane], qui limina bellicosa Jani.

justis legibus et foro corones.

(il y avait un temple de Janus quadrifrons dans ce forum : voir plus loin). Cf. IV, I, 13 (Silve composée la même année) :

[Janus] quem tu, vicina Pace ligatum,

omnia iussisti componere bella, novique

iu leges jurare fori.

[97] Voir le plan restauré dans Canina, Edifizi di Rome antica, pl. CIV. Cf. Reber, Die Ruinen Rome, p. 163 et suiv. ; H. Blümner, Annali dell’ Instituto, XLIX, t877, p. 34 et suiv.

[98] Lampride, loc. cit. Eutrope, VII, 23, 5. Servius à Virgile, Énéide, VII, 607. Notitia et Curiosum, dans la quatrième région. — Aurelius Victor (loc. cit.) l’appelle forum pervium. Le passage qui faisait communiquer ce forum et le quartier de Subura est indiqué sur un fragment du plan Capitolin. Il s’appelait, au moyen Age, Arcus Aurese : voir Lanciani, Monumenti antichi dell’ Accademia dei Lincei, I, p. 529.

[99] Stace et Martial, passages cités. Servius, loc. cit. : Captis Faleriis civitate Tusciæ (en 241 avant Jésus-Christ) inventum est simulacrum Iani cura frontibus quattuor. Propter quod in foro transitorio constitutum est illi sacrarium aliud (que celui de Janus geminus dont Servius vient de parler), quod novimus hodieque quattuor portas habere. [Pour ce passage, voir Jordan, I, partie II, p. 347, n. 46]. Lydus, loc. cit. — Il faut observer qu’aucun de ces textes n’implique nécessairement la construction d’un nouveau temple de Janus quadrifrons par Domitien. Le sanctuaire du dieu semble, au contraire, avoir existé à cet endroit bien antérieurement : Domitien se serait contenté de l’entourer d’une vaste place. — On ne doit pas confondre ce Janus quadrifrons avec le Janus Gamines, dont le temple fut sur le forum romain, du côté septentrional, depuis les temps les plus anciens de Rome, jusqu’à la fin de l’Empire : voir Jordan, p. 347 et suiv. Une ruine située près de Sant’Adriano, ruine dont il reste des dessins des quinzième et seizième siècles, ne doit pas être considérée, ainsi que l’a cru M. Lanciani (L’aula, p. 29 et suiv.), comme le temple de Janus quadrifrons : c’est l’angle occidental de la basilique émilienne : voir Hülsen, Annali dell’ Instituto, LVI, 1884, p. 323 et suiv. ; Römische Mittheilungen, IV, 1889, p. 242 ; V, 1890, p. 95.

[100] Aurelius Victor, loc. cit. Le temple portait sur son fronton l’inscription suivante (Ephem. epigr., IV, p. 274. n° 779 a ; cf. C. I. L., VI, 953) : Imp(erator) Nerva Cæsar Aug[ustus Germanicus], Pont(ifex) Max(imus), trib(unicia) potest(ate) III, imp(erator) II, [co(n)s(ul) IIII, p(ater) p(atriæ), ædem Minervæ fecit. Pour cette raison, Martial (I, 2, 8) qualifie le forum de Palladium, expression que justifient les sculptures de la ruine conservée.

[101] Jordan, Forma, pl. XVII, n° 116.

[102] Voir l’énumération de ces dessins dans Jordan, Forma urbis, p. 27. Cf. Lanciani, L’aula, p. 24.

[103] On voit aussi une portion du mur contre lequel s’adossait le temple de Minerve. Le soubassement de ce temple, caché sous des maisons modernes, existe encore (Lanciani, L’Aula, p. 26).

[104] On les appelle, à Rome, le Colonnacce. Elles sont en partie enfouies sous le sol. Elles devaient avoir, base et chapiteaux compris, 10 mètres. Leur diamètre est de 0m,90 ; leur éloignement de 5 mètres 80 ; les chapiteaux mesurent 1 mètre 28. Voir Reber, Die Ruinen Roms, p. 163.

[105] Voir Blümner, Annali dell’ Instituto, XLIX, p. 5 et suiv. ; Monumenti dell’ Instituto, X, pl. 40, 41, 41 a. Petersen, Römische Mittheilungen, IV, 1889, p. 88.

[106] Selon deux textes, Domitien aurait commencé le forum de Trajan. On lit dans Aurelius Victor, Cæsares, 13 : [Trajanus] Romæ a Domitiano cœpta, forum, atque alia multa plusquam magnifice coluit exornavitque ([Trajan]l acheva les forums commencés par Domitien, et beaucoup d'autres ouvrages qu'il embellit et décora d'ornements au-dessus de toute magnificence). Dans la Chronologie de saint Jérôme, p. 161 (édition Schöne), le forum de Trajan est mentionné parmi les constructions de Domitien. — C’est là, sans aucun doute, une erreur ; en 98, il n’a avait que quatre fora.

[107] C. I. L., VI, 945.

[108] Cependant on doit remarquer que dans l’épigramme 70 du livre Ier (publié vers 85-86), oh Martial indique à son livre le chemin qu’il devra suivre pour aller du forum au Palatin, l’arc de Titus n’est pas mentionné : ce qui étonne, la description topographique étant assez détaillée pour cet endroit.

[109] Sur ces bas-reliefs, voir Philippi, Ueber die römischen Triumphal reliefs dans les Abhandlungen der philos.-histor. Classe der sächsischen Gesellschaft der Wissenachaften, VI, 1872, pl. II et III ; Reinach, Revue des études juives, XX, 1890, p. LXV et suiv.

[110] Suétone, Vespasien, 9. Chronique urbaine : [Vespasianus] tribus gradibus amphitheatrum dedicavit — [Titus] amphitheatrum a tribus gradibus patris sui duos adjecit — [sous Domitien] amphitheatrum osque ad clypea. Voir, sur ce passage, Lanciani, Bullettino comunale, 1880, p. 273. Les clypea étaient des ornements qui couronnaient la corniche supérieure : on les voit sur une monnaie de Titus (Cohen, Titus, 400), sur un médaillon contorniate à l’effigie de Gordien Pie (Sabatier, Description des médaillons contorniates, pl. VIII, fig. 11), sur le bas-relief des Haterii (Monumenti dell’ Instituto, V, pl. 7).

[111] Suétone, Titus, 7. Dion Cassius, LXVI, 25. C. I. L., VI, 2059. Martial, Spectaculorum liber, 1, 7 et 2, 5. Cohen, Titus, 400.

[112] Chronique urbaine : ludos IIII. C’étaient le ludus magnus, le ludus matutinus, le ludus dacicus et le ludus gallicus. Cependant le ludus magnus et le ludus matutinus existaient auparavant (voir Hirschfeld, Verwattungsgeschichte, p. 179, n. 2 ; Mommsen, Staatsrecht, II, 1071, n. 1, n’admet que l’existence du ludus matutinus avant Vespasien, peut-être en un autre lieu de Rome). Il faut observer que, comme on ne trouve pas d’employés des deux autres ludi, on peut supposer qu’ils n’étaient que des dépendances du ludus magnus et du ludus matutinus. — Le Curiosum et la Notitia mettent ces écoles dans la IIe et la IIIe région, mais les indications que ces deux ouvrages donnent ne concordent pas, peut-être parce que le ludus gallicus et le ludus dacicus n’étaient point mentionnés dans le document original (voir Jordan, Top., II, p. 133 et suiv.). En tout cas, les quatre ludi étaient situés prés du Colisée (Hirschfeld, p. 179, n. 3). — Le ludus magnus est représenté sur un fragment du plan Capitolin (Jordan, Forma, pl. I, n° 4). Il se compose d’une cour entourée d’un portique et de chambres disposées tout autour de cette cour. Le ludus matutinus est peut-être aussi indiqué sur un petit fragment du plan (pl. XV, n° 102).

[113] C’est, semble-t-il, le summum choragium (Hirschfeld, p. 182 et suiv.) représenté sur un fragment du plan Capitolin (pl. II, n° 7) et indiqué dans la IIIe région par le Curiosum et la Notitia : il devait être situé entre l’emplacement du futur temple de Vénus et de Rome et le Colisée (Hirschfeld, p. 184, n. 3).

[114] Chronique urbaine.

[115] Cohen, Titus, 400 (cf. 399).

[116] Lanciani, Atti dei Lincei, Scienze morali, série III, tome IV, p. 371 ; p. 423-424, nos 1-8.

[117] Suétone, Titus, 7. Dion Cassius, LXVI, 25. Martial, Spectaculorum liber, 2, 7.

[118] Chronique urbaine : thermas Titianas et Trajanas. — Sur les thermes de Titus, voir en particulier Richter, Topographie von Rom, p. 909 ; Gilbert, Geschichte und Topographie der Stadt Rom, III, p. 297 ; Hülsen, Römische Mittheilungen, IV, 1889, p. 79 ; Lanciani, Monumenti Lincei, I, p. 483-484.

[119] Chronique urbaine : voir note précédente et (au sujet de Trajan) : hoc imperatore mulieres in thermis Trajanis lavarunt.

[120] Liber pontificalis, Vie du pape Silvestre, 33 (édit. Duchesne, p. 187 ; cf. n. 4 de la page 188) : Constituit titulum suum in regione III, juxta thermas Domitianas, qui cognominantur Trajanas. — Mirabilia, 7, De thermis (p. 612, édit. Jordan dans sa Topographie, tome II) : thermæ Domitianæ.

[121] Voir saint Jérôme (Schöne, p. 161), d’après une édition de la Chronique urbaine plus complète que la nôtre, dans laquelle la Mica Aurea manque. Eu égard aux rapports qu’il y a entre la Chronique urbaine et l’original des régionnaires, c’est sans doute le même édifice qu’indiquent le Curiosum et la Notitia dans la IIe région (Cælemontium). — Cette expression de Mica Aurea s’appliquait d’ailleurs, d’une manière générale, à une chose jolie et agréable, et en particulier à une maison de plaisance. On en connaît deux autres à Rome : l’une près du mausolée d’Auguste (Martial, II, 59), l’autre au Trastevere (Gatti, Bullettino comunale, 1889, p. 392 et suiv. ; cf. Hülsen, Römische Mittheilungen, VI, 1891, p. 148). On lit dans les Graphia urbis Romæ (XIIIe siècle ; édition Urlichs, Codex topographicus, p. 116) : palatium Domitiani in Transtiberim ad Micam Auream. Il y a là, semble-t-il, une confusion entre la Mica Aurea du Célius, et la Mica Aurea du Trastevere. — Dion Cassius (LVII, 11) dit de Tibère : Quand il y avait des jeux ou quelque autre spectacle qui devait occuper la multitude, il se rendait la veille au soir, pour y passer la nuit, dans la maison d’un de ses affranchis qui fût voisine du lieu de la réunion, afin qu’on pût venir le saluer facilement et sans peine (le matin du jour où étaient donnés les jeux : voir Friedlænder, Sittengeschichte, I, 6e édit., p.157). Ce fut peut-être pour un motif analogue que Domitien se fit construire une maison de plaisance auprès du Colisée.

[122] Chronique urbaine : Iscum ac Serapoum. Dès 85-86, Martial mentionne les Memphitica templa du Champ de Mars (II, 14, 7). — Ce temple fut embelli sous Alexandre Sévère (Lampride, 26) et restauré sous Dioclétien (Chronique urbaine).

[123] Voir un important article de M. Lancinai, Bullettino comunale,1883, p. 33 et suiv. Cf. Lafaye, Culte des divinités d’Alexandrie hors de l’Égypte, p. 216 et suiv. — C’est là qu’on a découvert le Nil du Vatican, le Tibre du Louvre et une grande quantité d’œuvres d’art égyptiennes, entre autres les trois obélisques des places de la Minerve, du Panthéon et des Thermes de Dioclétien (voir la liste des découvertes dans Lanciani, p. 34 et suiv. ; cf. Hülsen, Römische Mittheilungen, VI, 1891, p. 125).

[124] Une partie de ce portique est figurée sur le plan Capitolin (Jordan, Forma, pl. V, n° 32). La ruine appelée Arco di Camigliano, qui a subsisté jusqu’à la fin du dix-septième siècle, se rattachait à l’enceinte et en était une des portes latérales (Lanciani, p. 55 et suiv.).

[125] Chronique urbaine : Minervam Chalcidicam. D’où vient l’épithète de Chalcidica ? C’est peut-être une corruption de l’expression grecque Άθηνά χαλxίοιxος. A Sparte, il y avait un temple célèbre d’Athéna portant ce nom : voir les textes cités dans le Thesaurus d’Estienon, édit. Didot, s. v. Χαλxίοιxος. Il est moins probable que ce nom tira son origine d’une construction appelée chalcidicum, sorte d’annexe dont la signification précise est contestée (voir Nissen, Pompeianische Studien, p. 291 et suiv. ; Jordan, Topographie, I, 2, p. 256).

[126] Le Curiosum le met dans la neuvième région, après le temple d’Isis et de Sérapis. Anonyme d’Einsiedeln (Monumenti Lincei, I, p. 443) : Minerviam, ibi Sancta Maria. Mirabilia (Jordan, II, p. 631) : juxta Pantheon templum Minervæ Calcidie. Le Pogge (De varietate fortunæ, dans Urlichs, Codex topographicus, p. 238), A. Fulvius (Antiquitates urbis, V, p. LXXXIX), Marliani (Thesaurus de Grævius, III, p. 228 E) virent des ruines de ce temple dans les jardins du cloître de la Minerve.

[127] Friederichs-Wolters, Die Gipsabgüsse antiker Bildwerke, n° 1436 ; Hebbig, Führer durch die öffentlichen Sammlungen klassischer Alterthumer in Rom, n° 51. — Elle a été trouvée, d’après Bartoli (Fea, Miscellanæ, I, p. CCLIV, n° 112), dans les jardins du cloître. La Minerve de la villa Ludovisi (Schreiber, Die antiken Bildwerke der villa Ludovisi, n° 67), trouvée dans l’enceinte du collège romain, n’a aucun rapport avec le temple de Minerva Chalcidica, qui ne s’étendait pas jusque-là. Le Pogge (loc. cit.) parle d’une tête énorme appartenant à une statue de Minerve, tête trouvée prés du couvent des dominicains de la Minerve. Comme on venait en grand nombre pour la voir, ajoute-t-il, le propriétaire du jardin où elle fut trouvée la fit enterrer de nouveau. Cette statue se trouvait peut-être dans l’enceinte du temple.

[128] Chronique urbaine. — Il est, je crois, tout à fait impossible de dire en quoi a consisté la restauration du Panthéon par Domitien. Les recherches récentes, qui ont été faites sur la demande de M. Chédanne, pensionnaire de l’Académie de France à Rome, et qui seront étudiées par lui, ont mis hors de doute que la rotonde actuelle est tout entière l’œuvre d’Hadrien. Le Panthéon avait-il auparavant la forme d’une rotonde précédée d’un portique, ou était-il simplement rectangulaire ? c’est ce qu’on ne saurait dire encore. Les recherches ultérieures apporteront peut-être quelque lumière sur cette question.

[129] Chronique urbaine : Minuciam veterem. Sur ce portique, voir Gilbert, Geschichte und Topographie der Stadt Rom, III, p. 144.

[130] Chronique urbaine : Divorum. Saint Jérôme, Chronique d’Eusèbe, p. 161, et Eutrope, VII, 23, 5 : Divorum porticus. Le Curiosum et la Notitia mentionnent dans la neuvième région (Champ de Mars) un édifice qu’ils appellent Divorum (texte du Curiosum : Iseum et Serapeum, Minervam Calcidicam, Divorum). Vu les rapports entre la Chronique urbaine et l’original que copièrent la Notitia et le Curiosum, il est probable qu’il s’agit du même monument. De plus, M. Mommsen (Abhandlungen der sächsischen Gesellschaft, I, p. 652, n. 401 observe que, si sur la liste des constructions de Domitien, conservée dans la Chronique, l’ordre des édifices n’est pas strictement topographique, certains groupes locaux se reconnaissent. Or, le mot Divorum se trouve sur la liste avant cinq édifices du Champ de Mars. — M. Borsari (Bulletino comunale, 1885, p. 87 et suiv.) voudrait identifier ce Divorum porticus avec un portique construit par Auguste, dans la huitième région, contre la basilique Julienne, en l’honneur de ses petits-fils Gaius et Lucius. Cela est impossible, car ainsi que le fait remarquer M. Bourlier (Essai sur le culte rendu aux empereurs romains, p. 342), Gaius et Lucius ne furent pas admis parmi les Divi. M. Gilbert (Geschichte und Topographie, III, p. 132) place ce porticus Divorum sur le Palatin et le met en relation avec le temple d’Auguste : rien ne le prouve.

[131] 10.600 selon le Curiosum, 11.600 selon la Notitia.

[132] Dion Cassius, LXIX, 4. Pausanias, V, 12, 6.

[133] Ammien Marcellin, XVI, 10, 14.

[134] Édition Mommsen, Chronica minora, p. 545.

[135] Le Curiosum et la Notitia le placent dans la neuvième région. Il ne peut s’être élevé sur l’emplacement actuel du monte Citorio, comme le prouve une étude de M. Hülsen, Römische Mittheilungen, IV, 1889, p. 41 et suiv. : ce lieu était occupé par d’autres monuments.

[136] Le Curiosum et la Notitia mentionnent un stade dans la neuvième région. — C’est la piazza Navone, comme l’indiquent la forme même de cette place et les débris qu’on a retrouvés au-dessous des maisons qui la bordent. L’absence de la spins, constatée lors de l’établissement des fontaines actuelles, prouve qu’il y avait là dans l’antiquité un stade et non un cirque. Voir Cancellieri, Il mercato, il tago... nel circo Agonale (Rome, 1811), p. 26-27 ; Nibby, Roma antica, I, p. 601 et suiv. ; Beschreibung der Stadt Rom, III, partie 3, p. 73 ; Lanciani, Bullettino dell’ Instituto, 1869, p. 229. Les catalogues régionnaires ne mentionnent d’ailleurs aucun cirque dans cette partie de Rome. De plus, le mot Navona vient de In agone. Agon se disait aussi bien du lieu où se livrait la lutte que de la lutte elle-même, et c’est le nom qui désignait la place au moyen âge (voir Nibby, loc. cit. ; Preller, Die Regionen der Stadt Rom, p. 171, n. 2). — Ce stade est très probablement celui de Domitien. Il y a en effet tout lieu de croire qu’il le construisit sur le Champ de Mars, car cette plaine, la seule importante qui se trouvât dans Rome, convenait à un édifice de ce genre aussi bien qu’aux théâtres et à l’Odéon. C’était sur le Champ de Mars qu’avant Domitien César et Auguste avaient élevé des stades en bois (Suétone, César, 39 ; Dion Cassius, LIII, 1). Un outre, les auteurs anciens n’indiquent pas d’autre stade permanent, car le stade d’Alexandre Sévère ne fut, autant qu’il semble, qu’une restauration de celui de Domitien (Lampride, Vie d’Alexandre Sévère, 24 : ad instaurationem theatri, circi, amphitheatri, stadii). Au douzième siècle, nous trouvons encore la place Navone actuelle appelée circum Alexandri (voir Nibby, loc. cit. ; Becker, Topographie, p. 669).

[137] Notitia : 33.888 ; Curiosum : 30.088. — Constance l’admira aussi quand il entra dans Rome (Ammien Marcellin, loc. cit.).

[138] Martial, VIII, 65.

[139] Martial, loc. cit. — Voir, sur un bas-relief du musée Torlonia (I monumenti dei museo Torlonia, n° 430), un arc de triomphe d’Ostie surmonté de même d’un quadrige d’éléphants. Cf. E. Q. Visconti, Museo Pio-Clementino, VII, pl. 17. — Peut-être cet arc remplaça-t-il l’ancienne porte triomphale (Gilbert, Geschichte und Topographie, III, p. 191, n. 1 ; Richter, Topographie, p. 873).

[140] Suétone, Domitien, 1 : Domitianus natus est... région urbis serta, ad Malum Punicum, domo quam postea in templum Sentis Flaviae convertit (Domitien naquit ... dans la sixième région de Rome, au quartier de la Grenade, dans une maison dont il fit depuis le temple de la famille Flavia). Cf. 5 et 15. Martial, IX, 1, 8 ; IX, 3, 12 ; en particulier IX, 20 :

Hæc quæ tota patet tegiturque et marmore et auro

infantis domini conscia terra fuit.

Voir encore IX, 34. Stace, Silves, IV, 3, 18.

Qui genti patriæ futura semper sancit

limina, flaviumque culmen.

Ibid., IV, 2, 60 ; V, 1, 240. — Chronique urbaine : gentem Flaviam.

[141] Martial, IX, 34, 8. — Il avait d’abord été enseveli au mausolée d’Auguste : voir Hirschfeld, Sitzungsberichte der preussischen Akademie der Wissanschaften zu Bertin, 1886, p. 1157-1158.

[142] Suétone, Domitien, 17.

[143] Voir la note 140. La troisième Silve du livre IV de Stace fat composée en 95 (Friedlænder, Sittengeschichte, III, 6e édit., p. 478). L’épigramme de Martial, V, 64, 5, se rapporte, non à ce temple, mais au mausolée d’Auguste (Hirschfeld, loc. cit., p. 1166). — Jordan (Top., II, p. 35) suppose que le temple construit sans emploi de bois, dont parle Eusèbe (Chronique, p. 160), est celui de la famille Flavienne, qui devait avoir une coupole, comme le mausolée d’Auguste et le mausolée d’Hadrien. Mais Eusèbe place la construction du temple qu’il mentionne vers le début du règne de Domitien (année 2101 = 1er octobre 84 - 30 septembre 85 ; en 86, selon la Chronique pascale, I, p. 466, édit. Dindorf).

[144] Silves, I, 1, 105 :

Certus ames terras et quæ tibi templa dicamus

ipso colas...

Voir Stange, P. Papinii statu carmina quæ ad Domitianum speotant (Dresde, 1887), p. 14.

[145] Gruter, p. 200, 8.

[146] Hülsen, Römische Mittheilungen, VI, 1891, p. 120. — Il n’y a donc pas lieu de tenir compte de la découverte d’une tête colossale de Vespasien, faite en 1873, dans les fondations du ministère des finances (Bullettino comunale, 1873, p. 229), pour déterminer l’emplacement du temple de la famille Flavienne.

[147] Flaminio Vacca, Memorie, n° 38, dans Fea, Miscellanæ, I, p. LXXII.

[148] Voir, à ce sujet, Lanciani, Atti dell’ Accademia dei Lincei, série III, t. IV, p. 383 et suiv. ; Jordan, Topographie, I, partie i, p. 478 ; Canina, Edifizi di Roma antica, pl. CCXXXIX, CCXXXV.

[149] Reproduction dans Righetti, Descrizione dei museo Capitolino, II, pl. 387.

[150] D’aprés Cittadini. Voir Bruzza, Annali dell’ Instituto, XLII, 1870, p. 111 ; Jordan, p. 479, n. 103. On ne sait malheureusement pas si cette inscription était en rapport direct avec le trophée.

[151] Ce monument est représenté sur des monnaies d’Alexandre Sévère. Voir Ch. Lenormant, Revue numismatique, 1842, p. 332, pl. XVI et XVII ; Donaldson, Architectura numismatica, p. 270 et suiv. ; Petersen, Römische Mittheilungen, II, 1887, p. 295.

[152] Winckelmann (Storia delle arti del disegno, traduction Fea, 1783, II, p. 367) les attribue cependant à l’époque de Domitien.

[153] Pline l’Ancien, Histoire naturelle, livre XXXVI, 102.

[154] Suétone, Domitien, 5. Voir Becker, Topographie, p. 667.

[155] Pline le Jeune, Panég., 51.

[156] Dion, LXVIII, 7. Pausanias, V, 12, 6. Cohen, Trajan, 545. — On se servit pour les travaux en question des pierres de la naumachie construite par Domitien (Suétone, Domitien, 5).

[157] Suétone, Domitien, 4. Edidit navales pugnas pæne justarum classium, effœso et circumstructo juxta Tiberim lacu (Il donna des batailles navales où figuraient des flottes presque complètes, dans un lac qu'il avait fait creuser près du Tibre, et entourer de jardins). Cf. 5. Dion Cassius, LXVII, 8 : έν xαινώ τινι χωρίψ ναυμαχίαν έπετέλεσε (à la suite du double triomphe sur les Daces et les Cattes). Stace, Silves, IV, 4, 5 :

Continuo dextras flavi pete Tybridis oras

Lydia qua penitus Magnum navale cœrœt.

Mais il s’agit peut-être dans ce passage du bassin creusé par Auguste pour les naumachies. — Le bassin de Domitien ayant été détruit quelque temps après, on ne doit pas en chercher la mention dans le Curiosum et la Notitia.

[158] Martial, IX, 3, 9 : Quid pro culminibus geminis matrona Tonantis ?

Peut-être un de ces deux temples est-il celui qui s’élevait à l’intérieur du portique d’Octavie, brûlé en 80. Voir Jordan, Forma, p. 33.

[159] Chronique urbaine. — C’étaient vraisemblablement diverses constructions destinées à un usage public, greniers, bains, etc., ou bien un seul édifice divisé en plusieurs corps de bâtiment. Voir Jordan, Forma, p. 29.

[160] Suétone, Domitien, 18. Cf. Pline, Panég., 54.

[161] Donaldson, Architectura numismatica, p. 228 et suiv., n° 57. Cohen, Domitien, 590. Cf. Cohen, 531 [monnaie semblable avec co(n)s(ul) XVII = 95-96], et Cohen, 672 [avec co(n)s(ul) XV = 90-91].

[162] Dion Cassius, LXVIII, 1.

[163] Chronique urbaine : Horrea piperateria, ubi modo est basilica Constantiniana, et horrea Vespasiani. Les horrea piperateria doivent être identifiée à ceux dont parle Dion Cassius (LXXII, 24) : Le feu prit la nuit dans une maison, gagna le temple de la Paix, et dévora l’entrepôt des marchandises d’Égypte et d’Arabie, puis, continuant de s’élever, atteignit le Palatin. Quant aux horrea Vespasiani, on ignore leur position.

[164] C. I. L., XIV, 3530.

[165] Richter, Topographie, p. 884.

[166] Chronique urbaine : Portam Capenam.

[167] Lanciani, Atti dell’ Accademia dei Lincei, loc. cit., p. 439 (nos 105-106) et p. 519.

[168] Outre ceux qui ont déjà été cités, voir Lanciani, nos 10, 137, 471, 472, 473 ; Bullettino comunale, 1882, p. 171 ; 1888, p. 42 ; 1890, p. 179.

[169] Il le fut de 74 à 97 (Lanciani, p. 527). Sur les procuratores aquarum de l’époque de Domitien, voir Hirschfeld, Verwaltungsgeschichte, p. 168, n. 1 ; Lanciani, p. 532.

[170] Martial, VII (livre paru on décembre 92), 61 :

Abstulerat totem temererius institor urbem

iuque suo nullum limine limen erat.

Jusisti tenues, Germanice, crescere vicos,

et modo quæ fuerat semita facta via est.

Nulla cetenatis pila est præcincia lagonis,

noc prætor medio cogitur ire luto.

[171] Voir Henzen, Bullettino dell’ Instituto, 1853, p. 1 et suiv. (rapport sur les études de P. Rosa) ; Canina, Edifizi di Roma antica, V, p. 46-47,58 ; VI, pl. IV, LVI, LVIII, LXII ; Revue archéologique, XXX, 1875, p. 343 (fragments d’une grande corniche). Cf. Lanciani, Notizie degli Scavi, 1889, p. 164.

[172] Dion Cassius, LXVI, 3 et 9 ; LXVII, 1 et 14. Suétone, Domitien, 4 et 18. Tacite, Agricola, 45. Martial, V, 1 ; XI, 7, 3. Stace, Silves, IV, 2, 65 ; V, 2, 168. Juvénal, Satire IV. Pline le Jeune, Lettres, IV, 11, 6 ; Panég., 82. C. I. L., IX, 5420. — Avant lui, plusieurs princes avaient séjourné à Albano (Dion Cassius, LVIII, 24 ; Sénèque, Ad Polybium de consolation, XVII, 4 ; Suétone, Néron, 25). Après Domitien, ce palais fut encore habité par les empereurs (Martial, XII, 48, 11 ; Gallicanus, Vie d’Avidius Cassius, 9 ; C. I. L., XIV, 2307 et 2308 ; Ephem. epigr., VII, n° 1254 ; Nibby, Analisi della carta dei dintorni di Roma, I, p. 98). L’ager Albanus paraît d’ailleurs avoir été en entier propriété impériale (Digeste, XXX, 39, 8).

[173] Sur la seconde terrasse, P. Rosa a cru reconnaître les restes d’un cirque, mais l’espace semble trop exigu pour avoir pu contenir une construction de ce genre. — Sur la troisième, s’ouvre un crypto-portique encore décoré de stucs dans les voûtes.

[174] Aussi l’appelait-on Arx Albana : Tacite, Agricola, 45 ; Martial, IX, 101, 12 ; Juvénal, IV, 145. Cf. Dion Cassius LXVII, 1 (άxρόπολις) et C. I. L., XIV, 2947. — Il couvrait l’espace compris entre la villa Barberini à Castelgandolfo et le couvent des Riformati. La célèbre Galleria di Sopra traverse les substructions de ce palais. — Dans la villa Barberini, on a trouvé des tubes de plomb avec les inscriptions suivantes : C. I. L., XIV, 2304 : Imp(eratoris) Cæsar(is) Domitiani Aug(usti), sub cura Alypi proc(uratoris), fec(erunt) Esychus et Hermeros ser(vi). Alb(ano). C. I. L., XIV, 2305 : [Imp(eratoris) Caesar(is) Do]mitiani Aug(usti), sub cura [...] proc(uratoris), Primigenius ser(vus) fec(it). Alb(ano). Cf. C. I. L., XIV, 2306. — De plus, la villa Barberini se trouve exactement au quatorzième mâle de Rome, distance indiquée par Martial (IX, 64, 4 ; IX, 101, 12).

[175] Martial, V, 1 :

Palladiæ seu collibus uteris Albæ,

Cæsar, et hine Triviam (lac de Nemi) prospicis, inde Thetin.

[176] Vers l’entrée de la villa Barberini. C’était peut-être là que se célébraient une partie des jeux albains en l’honneur de Minerve. Voir plus loin.

[177] Il y avait certainement un amphithéâtre au palais d’Albano sous Domitien. Voir Dion Cassius, LXVII, 14 ; Juvénal, IV, 99. — Cependant l’amphithéâtre dont il reste des traces entre San Paolo et l’église des Capucins semble, par son système de construction, dater d’une époque postérieure à Domitien : Westphal, Die römicche Kampagna, p. 24.

[178] C’est aujourd’hui l’église della Rotunda. On a voulu y voir, sans raison plausible, un temple de Minerve, déesse qui avait certainement un sanctuaire à Albano (voir Suétone, Domitien, 4 ; Martial, V, 1, 1). — Le camp, dont fi reste des vestiges au-dessus du village actuel d’Albano, semble dater seulement, dans son état actuel, de l’époque constantinienne (De Rossi, Bullettino dell’ Instituto, 1870, p. 69).

[179] Voir Henzen, Bullettino dell’ instituto, 1853, p. 24 et suiv. — Domitien aimait à s’y promener en barque (Pline le Jeune, Panég., 82).

[180] Martial, IX, 3, 11 ; IX, 64 ; IX, 65 ; IX, 101. D’après la date à laquelle fut publié le livre IX (vers le milieu de 94), ce temple fut probablement terminé vers 93 ou 94. Sur son emplacement, voir Canina, Edifizi, V, p. 39. — Il existe, au musée Torlonia (I monumenti del museo Torlonia, n° 401 ; Bernoulli, Römische Iconographie, II, partie 2, p. 55, n° 5), une statue colossale trouvée, dit-on, à Antium, qu’on pourrait rapprocher de ces vers de Martial s’il était prouvé qu’elle représente Domitien en Hercule, comme le voulait P. B. Visconti. Mais la ressemblance de la tête avec Domitien me paraît très contestable.

[181] C. I. L., XIV, 2657. Lanciani, Bullettino comunale, 1884, p. 181 et suiv., et pl. XX.

[182] Martial, V, 1, 3. Notizie degli Scavi, 1883, p. 133.

[183] Martial, V, 1, 5.

[184] Martial, loc. cit. et XI, 7, 4.

[185] Martial, V, 1, 6.

[186] Martial, IV, 30. Pline, Panég., 82.

[187] Martial (IX, 3) parle des dépenses énormes que Domitien fit pour tous ces édifices :

nam tibi quod solvat non habet arca Jovis.

Voir encore Plutarque, Poplicola, 15. Suétone, Domitien, 12 : Exhaustus operum ac munerum impensis ([Le trésor] épuisé par ses continuelles dépenses en bâtiments).

[188] Voir Friedlænder, Sittengeschichte, II, 6e édit., p. 296 et suiv.

[189] Suétone, Domitien, 4 : Spectacula assidus magnifica et sumptuosa edidit (Il donna constamment de magnifiques et somptueuses représentations).

[190] Dion Cassius, LXVI, 10 ; LXVI, 15 ; LXVI, 25. Suétone, Titus, 8. Martial, Spectaculorum liber, livre dont toutes les poésies se rapportent très probablement aux fêtes données lors de l’inauguration de l’amphithéâtre Flavien en 80 (voir Friedlænder, édition de Martial, I, p. 134 et suiv.).

[191] Suétone, Domitien, 4.

[192] Suétone, Titus, 8.

[193] Suétone, Domitien, 10. Cf. Pline, Panég., 33. Aussi Martial médit-il du petit bouclier, XIV, 213 ; et IX, 68.

[194] Martial, VIII, 80.

[195] Suétone, Domitien, 4. Dion Cassius, LXVII. 8. Stace, Silves, I, 6, 51 et suiv. Martial, I, 43, 10 ; XIV, 213. Cet usage, antérieur à Domitien, dura après lui : voir Dion Cassius, LXVI, 25 ; LXI, 17 ; LXXV, 16 ; Juvénal, I, 22 et suiv. ; VI, 246 et suiv. ; Scoliaste de Juvénal, IV, 53.

[196] Suétone, loc. cit. Martial, V, 65 ; VIII, 26 ; VIII, 55.

[197] Martial, V, 31. — Les épigrammes du livre V rappellent peut-être des Jeux célébrés à l’occasion du double triomphe sur les Daces et les Cattes voir chapitre VI.

[198] Martial, I, 6, 14, 22,, 48, 51, 60, 104. Ces épigrammes rappellent vraisemblablement les fêtes célébrées lors du premier triomphe sur les Cattes, à la fin de 83 : voir Friedlænder, édit. de Martial, préface, p. 64. Stace composa une Silve sur la mort d’un lion apprivoisé que chérissait l’empereur (II, 5).

[199] Martial, I, 104.

[200] Martial, IV, 35 ; IV, 74.

[201] Martial (VIII, 39) parle d’un criminel qui dut jouer dans l’amphithéâtre le rôle de Mucius Scævola : il se brûla la main droite sur un brasier. Cf. X, 25 (où Martial proteste contre cette cruauté) et aussi I, 21.

[202] Suétone, Domitien, 4. Dion Cassius. LXVII, 8. Stace, Silves, I, 6, 85 et suiv.

[203] Suétone, loc. cit. Cf. Martial, I, 5 (naumachie donnée sans doute lors du premier triomphe sur les Cattes).

[204] Suétone, Domitien, 7 ; Dion Cassius, LXVII, 4 (sans doute après la première guerre contre les Cattes, en 83). C. I. L., VI, 10062 : D(is)m(anibus). Epaphroditus, agitator f(actionis) r(ussatæ) ; vic(it) CLXXVIII et at purpureum liber vic(it) VIII. — Un des plus célèbres conducteurs de chars de cette époque fut Scorpus, qui remporta 2048 victoires, et à qui l’on éleva des statues (voir Martial, IV, 67 ; V, 25 ; X, 50 ; X, 53 ; X, 74 ; XI, 1. C. I. L., VI, 8628. 10048, ligne 19 ; 10052. Cf. Friedlænder, Sittengeschichte, II, 6e éd., p. 328 et suiv.).

[205] Suétone, Domitien, 4. Dion Cassius. LXVII, 8. — A la suite du même triomphe, il y eut, parmi les fêtes qui furent célébrées, des courses de jeunes filles : Dion Cassius, LXVII, 8.

[206] Suétone, loc. cit.

[207] VI, 46. Après le meurtre de Domitien, il changea de langage : XI, 33.

[208] Voir Friedlænder, Sittengeschichte, II, p. 435.

[209] Martial, III, 86. Cf. I, 4, 5.

[210] Martial, I, 4, 5 ; II, 72, 3 ; III, 86, 3 ; V, 61, 11 ; IX, 28 ; XIII, 2, 3. Juvénal, I, 36 ; VI, 44. Scolies de Juvénal à IV, 53. Suétone, Domitien, 15.

[211] Martial, I, 4, 5. Juvénal, I, 36 ; VI, 66 ; VIII, 197.

[212] Martial, II, 72, 4 ; III, 86, 3 ; V, 61, 12. — A ces noms il faut peut-être ajouter celui de Tettius Caballus (Martial, I, 41, 17).

[213] Suétone, Domitien, 3 et 10. Dion Cassius, LXVII, 3. Martial, XI, 13. Juvénal, VI, 87.

[214] Juvénal, VII, 87.

[215] Martial, IV, 5, 8 ; X, 3, 8.

[216] Martial, IV, 5, 8. Juvénal, VI, 77.

[217] Martial, III, 20,18 ; IV, 6, 9. Juvénat, VI, 387 ; VII, 176.

[218] Dion Cassius, LXVII, 8. Cf. Suétone, Domitien, 4.

[219] Sur les jeux Capitolins, voir Friedlænder, Sittengeschichte, II, 6e édit., p. 481 et suiv. ; p. 630 et suiv.

[220] Sur les Néronées, voir Friedlænder, II, p. 480.

[221] Un fragment, fort mutilé du reste, d’une lettre de Domitien, trouvé à Delphes (Bull. de corresp. hellén., VI, 1882, p. 451), prouve l’intérêt que l’empereur prenait aux jeux pythiques.

[222] Suétone, Domitien, 4. Stace, Silves, III, 5, 92 ; IV, 2, 62. Martial, IX, 101, 22. Philostrate, Apollonius, VII, 12, etc. — En réalité ces jeux se renouvelaient tous les quatre ans, dans la cinquième année qui suivait les jeux précédents : sous Domitien, en 86, 90, 94.

[223] Censorinus, De die natali, XVIII, 15 : Quorum agonum primus a Domitiano institutus fuit, duodecimo ejus et Ser. Cornelii Dolabellæ consulatu. Cf. Chronique pascale, I, p. 466, édit. Dindorf.

[224] Voir Friedlænder, Sittengeschichte, III, p. 427. On les comparait aux jeux olympiques : l’espace de quatre ans compris entre deux concours Capitolins est appelé, dans une inscription grecque, olympiade : C. I. G., II, add., 2810 B, ligne 28.

[225] Friedlænder, II, p. 481, n. 2. Lafaye, De pœtarum et oratorum certaminibus apud veteres, p. 66.

[226] Suétone, Domitien, 4.

[227] Suétone, Domitien, 4 (cf. Philostrate, Apollonius, VII, 12), et les textes cités par Friedlænder, II, p. 630.

[228] Martial, IX. 40 :

Tarpeias Diodorus ad corones

Romam cum peteret Pharo relicta...

[229] Palfarius Sura était fils d’un consul, Stace d’un rhéteur, Q. Sulpicius Maximus d’un affranchi, semble-t-il.

[230] Ce renseignement nous est donné par le monument de Q. Sulpicius Maximus, qui se trouve à Rome au Musée des Conservateurs : Kaibel, Inscriptiones græcæ Siciliæ et Italiæ, 2012 ; cf. Lafaye, loc. cit., p. 70 et suiv.

[231] Martial, IV, 1, 6 ; IV, 54 ; IX. 3, 8 ; IX, 23, 5 ; IX, 101, 22. Stace, Silves, IV, 2, 62 ; V, 3, 231. Juvénal, VI, 387.

[232] Peut-être les vainqueurs qui n’avaient pas le droit de cité le recevaient-ils (voir Friedlænder, II, p. 634).

[233] Martial, IV, 54.

[234] Martial, XI, 9 ; cf. XI, 10. Scolies de Juvénal, I, 20.

[235] Édition Hahn, p. 106. — Friedlænder, p. 631. Lafaye, p. 80 et suiv.

[236] Juvénal, VII, 83.

[237] Stace, Silves, III, 5, 31 et suiv. ; V, 3, 231 et suiv. Voir Friedlænder, Sitteng., III, p. 478 ; Kerckhoff, Duæ quæstiones papinianæ, p. 30.

[238] Monument cité, n. 3. A plusieurs reprises, des enfants concoururent pour le prix de poésie des jeux Capitolins (voir C. I. L., IX, 2860).

[239] Favorem quem ob teneram ætatem excitaverat in admirationem ingenoio suo perduxit, et cum honore discessit.

[240] Suétone, Domitien, 13. — Pour l’éloquence grecque et latine, le sujet était toujours le même : l’éloge de Jupiter Capitolin. Voir Quintilien, Inst. orat., III, 7, 4 : Laudes Capitolini Jovis, perpetua sacri certaminis materia. L’expression sacrum certamen désignait les jeux Capitolins (Quintilien, Inst. Orat., IX, 4, 11 ; C. I. L., VI, 10047).

[241] Kaibel, Inscriptiones Græcæ Siciliæ et Italiæ, n° 746.

[242] Martial, VI, 77, et l’observation de Friedlænder.

[243] Kaibel, n° 747. Pour les concours gymniques, les vainqueurs étaient ordinairement des Grecs ; les Romains, en effet, méprisaient l’athlétique.

[244] Suétone, Domitien, 4.

[245] Friedlænder, II, p. 634 ; III, p. 427. Lafaye, p. 89 et suiv.

[246] Suétone, Domitien, 4 : Celebrabat in Albano quotannis Quinquatria Minervæ (Il solennisait tous les ans, sur le mont Albain, les Quinquatries de Minerve). Dion Cassius, LXVII, 1.

[247] C. I. L., I, p. 388-389.

[248] Suétone et Dion Cassius, loc. cit.

[249] Martial, IX, 23-24 ; IX, 35, 9 ; cf. IV, 1, 5.

[250] Stace, Silves, III, 5, 28 :

Ter me nitidis Albana ferentem

dona comis, sanctoque indutum Cæsaris auro...

IV, 2, 66 :

cum modo Germanas actes, modo Daca sonantem

prælia, Palladio tua me manus induit auro.

V, 3, 228 :

si per me serta tulisses

Cæraræ donata manu.

IV, 5, 22 :

...Hic mea carmina

regina bellorum virago

Cæsarœ decoravit auro.

Dans le premier passage cité, Herckhoff (Duæ quæstiones papinianæ, p. 28 et suiv.) lit tu au lieu de ter, correction qu’il appuie sur des arguments assez vraisemblables.

[251] Suétone, Domitien, 4.

[252] Dion Cassius, LXVII, 4 : Martial, 1, 11 et 26 (après l’expédition contre les Cattes de 83). Dion, LXVII, 8 ; Stace, Silves, I, 6 ; Martial, V, 49, 8 (après les triomphes de 89 : voir chapitre VI). Martial, VIII, 50 (après l’expédition du Danube de 92).

[253] Suétone, Domitien, 4 : Septimontiali sacro quidem, senatui equitique panariis, plebei sportellis cum obsonio distributis, initium vescendi primus fecit (À la fête du Septimontium, il distribua aux sénateurs et aux chevaliers des corbeilles de pain, et au peuple des paniers remplis de mets dont il mangea le premier). Cf. Martial, V, 49, 10.

[254] Martial, I, 11, 26. Suétone, Domitien, 4, in fine.

[255] Dion Cassius, LXVII, 4 (cf., pour l’éclaircissement de ce texte, LXVI, 25). — On jetait même aux spectateurs des fruits, des gâteaux, des oiseaux (Stace, Silves, I, 6, 9 et suiv., 75 et suiv.). On leur distribuait des essences (Stace, loc. cit., 66).

[256] Pline, Panég., 49.

[257] Stace, Silves, IV, 2, en particulier vers 10 et suiv. Martial, VIII, 39 et IX, 91.

[258] Suétone, Domitien, 4 : Congiarium populo nummorum trecentorum ter dedit (Il délivra trois fois au peuple trois cents sesterces par tête). Martial, VIII, 15, 4 : Et ditant Latias tertia dona tribus. Chronique urbaine : Congiarium dedit ter X LXXV. Cf. Pline le Jeune, Panég., 28. — Ce fut en 93, à la suite de son expédition contre les Suèves et les Sarmates, que Domitien ordonna le troisième congiaire, dont parle Martial. La pièce de vers commence ainsi :

Dam nova Pannunici numeratur gloria belli.

Les deux autres furent peut-être donnés en 83 et en 89, à la suite des triomphes que l’empereur célébra alors. — Une monnaie de Domitien (Cohen, 43), datée de son deuxième consulat (en 73), porte au revers : Cong(iarium) II, mais elle est hybride. Voir Pick, Zeitschrift für Numismatik, XIV, 1887, p. 371.

[259] Voir Lacour-Gayet, Antonin le Pieux et son temps, p. 72.

[260] On a quelques beaux portraits de cette époque, par exemple : la prétendue Julie du musée du Capitole (Bernoulli, Römische Ikonographie, II, 2, p. 50, fin du paragraphe), une autre prétendue Julie du musée de Florence (Bernoulli, loc. cit., p. 49, n° 2 et pl. XVI), la Domitia (?) du musée du Capitole (Bernoulli, loc. cit., p. 64 et pl. XX a et b).

[261] Brünn, Geschichte der griechischen Künstler, 2e édition, p. 340. Bernoulli, loc. cit., p. 44.

[262] Martial, V, 40 :

Pinxisti Venerem ; colis, Artemidore, Minervam,

et miraris opus displicuisse tuum.

C’était donc, selon Martial, un peintre médiocre.

[263] Voir Friedlænder, Sittengeschichte, III, 6e édit., p. 377 et suiv. Boissier, Religion romaine d’Auguste aux Antonins, II, p. 164 et suiv.

[264] Martial, VIII, 3, 15. Quintilien, I, 8.

[265] Martial, I, 1 ; III, 95, 7 ; V. 15, 4 ; VI, 87 ; VII, 88 ; IX, 97 ; X, 9 ; XI, 3 ; XII, 3 ; etc.

[266] Voir Friedlænder, Sittengeschichte, III, p. 459 et suiv.

[267] Pline, Lettres, III, 7,8 ; III, 15, 2.

[268] Voir Friedlænder, III, p. 432 et suiv.

[269] Voir Suétone, Vespasien, 18 ; Tacite, Dialogue des orateurs, 9.

[270] Martial, IV, 21 ; V, 15 ; V, 19 ; VI, 10 (dont le dernier vers prouve que Martial n’avait pas encore éprouvé la générosité de Domitien) ; VII, 60 ; VIII, 24. — On a remarqué que, dans les œuvres de Martial, il y a beaucoup de demandes d’argent à l’adresse de Domitien, mais aucun remerciement (Nisard, Poètes latins de la décadence, I, p. 402).

[271] Martial, IX, 18.

[272] Stace, Silves, III, 1, 61 et suiv.

[273] Martial, I, 4, 101 ; II, 91, 3 ; IV, 27 ; V, 6 ; VI, 1,5 ; VI, 64,14 ; VII, 12 ; VIII, 82.

[274] Stace, Silves, I, proœmium : Hos versus quos in Equum Maximum feci, indulgentissimo Imperatori, postero die quam dedicatum erat opus, tradere jussus sum.

[275] Scoliaste de Juvénal, I, 20.

[276] III, 95, 11 :

Quot mihi Cæsarœ facti sent munere cives,

nec famulos totidam auspicor esse tibi.

Cf. IV, 27, 4.

[277] III, 95, 5,

Præmia laudato tribuit mihi Cæaer uterque

natorumque dedit jura paterna trium.

Cf. II, 91 et 92 ; IX, 97. — II est possible que Titus ait accordé à Martial ce droit et que Domitien le lui ait confirmé (Friedlænder, édition de Martial, I, p. 6). Mais les deux Césars peuvent être aussi Vespasien et Titus (Mommsen, Staatsrecht, II, 3e édit., p. 888, n. 4).

[278] Suétone, Vespasien, 18. Zonaras, XI, 18, p. 494. Digeste, L, 4, 18, 30. Voir, à ce sujet, Boissier, La fin du paganisme, II, p. 198.

[279] Ceux naturellement qui ne le provoquèrent pas par leurs attaques. Le rhéteur Curiatius Maternus fut mis à mort sous son règne pour avoir déclamé contre les tyrans. Voir chapitre XI.

[280] Juvénal, I, 15 et suiv. ; VII, 150. Dion Cassius, LXVII, 12. Tacite, Dialogue des orateurs, 85.

[281] Voir Friedlænder, III, 6e édit., p. 679.

[282] Martial, II, 90. Pline le Jeune, Lettres, II, 14, 10 ; VI, 6, 3.

[283] Inst. Orat., IV, proœmium, 2.

[284] Ausone, Gratiarum actio, VII, 31 : Quintilianus consularia per Clementem (cousin de Domitien et père des deux enfants adoptés par l’empereur) ornementa sortitus.

[285] Tacite, Hist., II, 101 : Scriptores temporum, qui potiente rerum Flavia domo monimenta belli hujusce (la guerre de 69) composuerunt, curam paris et amorem rei publicæ corruptas in adulationem causas tradidere (Les annalistes contemporains, qui pendant la puissance de la maison flavienne ont écrit l'histoire de cette guerre, ont par esprit de flatterie attribué leur défection à l'amour de la paix et du bien public).

[286] Suétone, Domitien, 10 ; Tacite, Agricola, 2. Voir, plus loin, aux chapitres VII, IX et X.

[287] Voir chapitre IX.

[288] Suétone, Domitien, 20. La bibliothèque du portique d’Octavie avait brillé en 80 ; voir p. 90. Elle dut être rétablie aux frais de l’ærarium Saturnie car elle ne dépendait pas de l’administration impériale (voir Hirschfeld, Verwaltungsgeschichte, p. 191). — Domitien semble avoir déplacé la bibliothèque du temple d’Auguste, peut-être à la suite d’un incendie. Trajan la remit h son ancienne place. Martial, XII, 3, 7 (livre édité en 101 ; voir Friedlænder, édition de Martial, préface, p. 65 et suiv.) :

Jure tuo veneranda novi (c’est le temple d’Auguste) pete limina templi

roddita Pierio sunt ubi tecia choro.

Voir, sur ce passage, la note de Friedlænder, ad locum.

[289] Suétone, loc. cit.