Bien qu'il n'y eût pas à Athènes de cursus honorum aussi rigoureusement fixé qu'à Rome, il semble cependant qu'il existait une certaine hiérarchie entre les magistratures et qu'on n'arrivait à être archonte ou stratège qu'après avoir passé d'abord par des fonctions inférieures[1]. Ce fut le cas d'Hérode. Il commença par être agoranome[2]. Comme tel, il eut à s'occuper avec ses collègues, de la police des marchés d'Athènes ou du Pirée, du prix et de la qualité des vivres, percevoir les taxes et infliger au besoin des amendes. Nous ne savons rien des services particuliers qu'il put rendre à ses concitoyens en cette occasion. En tout cas, on ne peut plus croire que c'est en souvenir de ces fonctions qu'il aurait reconstruit ou restauré plus tard, sous Antonin le Pieux, l'agoranomion le local des agoranomes la dédicace qui mentionne le fait a été mal lue, nous l'avons montré ailleurs, et le nom d'Hérode n'y figure même pas[3]. On ne se tromperait pas de beaucoup en plaçant approximativement vers 122, l'année où Hérode exerça ces premières fonctions. Ce qui est sûr, c'est que nous le retrouvons déjà archonte éponyme la troisième année de l'ère d'Hadrien, c'est-à-dire 126/7[4]. Il devait évidemment à la fortune de son père d'avoir pu parvenir, vers 25 ans déjà, à la plus haute des magistratures d'Athènes. Pour cette haute dignité, on choisissait de préférence les citoyens les plus riches car l'archontat était devenu, sous l'Empire, une fonction élective et très onéreuse. Même, certaines années, on ne trouvait personne qui osât se risquer à s'en assumer les charges : de là, de nombreuses anarchiaï, ou années sans archontes. Ces magistrats étaient, en effet, obligés à se montrer généreux envers leurs administrés pendant leur année de fonction[5]. Les lois, certes, ne les y obligeaient pas mais la tradition les y contraignait et il aurait été dangereux de ne pas s'en souvenir. Un des prédécesseurs d'Hérode dans cette charge se vante, notamment, d'avoir fait distribuer à chaque citoyen un médimne de blé et quinze drachmes[6]. Par contre, un archonte d'Éphèse faillit être lapidé parce qu'il ne faisait pas chauffer les bains[7]. Hérode dut probablement rivaliser de générosité avec ses prédécesseurs : on peut l'affirmer maintenant que nous avons lu correctement une dédicace mal publiée, qui se trouve actuellement au théâtre de Dionysos[8]. Elle n'émane pas de la Boulé, comme on le croyait, et Hérode n'y est pas qualifié de bienfaiteur mais d'archonte : Λ(ούκιον) Βιδούλλι[ν Ίπαρ]- χον Τιβέρ[ιον Κλαύδιον] Άττικοΰ Ήρώ[δην Μαραθώ]- νιον, τόν άρ[χοντα]. Cette dédicace laisse supposer qu'Hérode s'acquitta de ses onctions à la satisfaction de tous : c'est encore par des largesses qu'on y arrivait le mieux à une époque où l'archontat était une magistrature avant tout honorifique. Avait-il été élu cette année-là parce qu'on prévoyait une nouvelle visite à Athènes d'Hadrien qui y était venu une première fois comme empereur en 124/5 ? On l'a supposé en faisant valoir que la présence de l'empereur imposait des dépenses plus considérables à l'archonte et que nul n'était mieux à même de les supporter que le fils d'Atticus[9] Mais nous savons aujourd'hui qu'il faut renoncer à une hypothèse peu compatible avec la chronologie des voyages d'Hadrien et de ses séjours dans sa cité préférée[10]. Après avoir terminé sa carrière municipale, comme c'était l'usage pour les provinciaux membres de l'ordre sénatorien, Hérode pouvait prétendre aux magistratures de la capitale. Aussi. bien avait-il atteint l'âge minimum requis pour la première d'entre elles, à savoir la questure. Pour la briguer, il fallait être dans sa vingt cinquième année[11]. Né tout au début du IIe siècle, Hérode avait déjà cet âge au moment où il était archonte. Un heureux hasard a fait récemment découvrir en Suède une dédicace latine qui énumère les magistratures occupées à Rome par Hérode jusqu'à la préture inclusivement[12] : L(ucium)
Vibullium Hipparehum Ti(berium) Cl(audium)
Ti(beri)
Quir(ina)
Atticum Heroden, q(uæstorem)
imp(eratoris)
Cæsaris Hadriani Aug(usti), inter ami- cos, trib(unum) pleb(is), prætorem. On peut dater avec assez de précision cette dédicace et les magistratures qui y sont mentionnées. C'est après sa préture qu'Hérode dut être nommé corrector des cités libres d'Asie, fonction prétorienne. Or, il l'exerça pendant que le futur empereur Antonin le Pieux était gouverneur de la province, c'est-à-dire entre 130 et 135 ou, suivant d'autres, entre 132 et 135[13]. Il en résulte qu'Hérode a été préteur en 134 au plus tard. Comme il était archonte en 126/7, il n'a pu devenir questeur qu'en 128 au plus tôt[14]. Comme il faut au moins un an d'intervalle entre cette magistrature et la suivante, dans l'occurrence le tribunat de la plèbe, Hérode n'a pu occuper cette nouvelle fonction avant le 10 décembre 130 au plus tôt, pour en sortir le 9 décembre de l'année suivante. Entre le tribunat et la préture, il fallait de nouveau un an d'intervalle. Hérode n'a donc pas pu, sauf dispense que rien ne permet de supposer, être nommé préteur avant 133 et corrector avant 134. Mais comme, d'après la date du proconsulat d'Antonin, il a pu l'être également en 135, on a le choix entre les deux combinaisons suivantes[15] :
Il faut éliminer la première. Voici pourquoi. On n'a pas encore fait observer qu'Hérode ne se trouvait pas à Athènes en 132. C'était l'année de l'inauguration de l'Olympieion. Si Hérode avait été à Athènes cette année-là, il aurait entendu le discours que le sophiste Polémon fut chargé de prononcer à cette occasion. Or, Philostrate nous l'affirme, Hérode n'avait pas encore rencontré Polémon lorsqu'il était corrector en Asie, c'est-à-dire en 133 au plus tôt[16]. Hérode aurait-il manqué de venir à Athènes en 132 si ses fonctions à Rome le lui avaient permis ? Le cursus honorum d'Hérode appelle encore quelques observations. Il est devenu questeur sans être passé par la préparation ordinaire, à savoir par le tribunat militaire et par une des charges du vigintivirat. Il a dû en être dispensé par faveur impériale. Le fait qu'il a été questeur de l'empereur montre qu'il était dans les bonnes grâces d'Hadrien, non moins que le titre de inter amicos, qui n'est pas purement honorifique mais signifie qu'Hérode était officiellement inscrit parmi les amis de l'empereur et ses conseillers. Lorsqu'Hérode était corrector des cités libres d'Asie se produisit un incident dont les contemporains semblent avoir exagéré l'importance. Antonin était alors, nos l'avons dit, proconsul d'Asie. Hérode le rencontra sur le mont Ida : c'était sans doute le moment où le sophiste se préoccupait d'amener aux habitants d'Alexandria Troas l'eau qui leur manquait. Une discussion surgit : on prétendit même que l'irascible Hérode aurait porté la main sur celui qui devait devenir peu après son empereur. Philostrate proteste à juste titre contre ces calomnies. L'incident se réduisit à une altercation un peu vive, dans un passage difficile et étroit de la montagne. Le biographe fait très justement observer que l'ennemi d'Hérode, Démostratos ne songea même pas à lui en faire grief dans le réquisitoire haineux qu'il prononça lors du procès de Sirmium, dont il sera question plus loin. Et cependant il y exagérait au point de dénigrer, nous assure Philostrate, ce que l'on s'accordait à louer chez Hérode[17]. Ajoutons qu'Antonin n'aurait probablement pas pardonné Hérode s'il s'était livré à des voies de fait sur sa personne. En voici la preuve : Hadrien eut soin d'inscrire dans son testament que c'était Polémon qui lui avait conseillé de choisir Antonin pour son successeur. Il craignait en effet qu'Antonin, une fois sur le trône, ne tirât vengeance du sophiste qui l'avait offensé : il n'avait cependant commis à son égard qu'une offense bien moins grave que celle qu'on imputait à Hérode. Polémon, revenant de voyage, s'était borné à expulser de sa maison de Smyrne Antonin qui s'y était installé en son absence, pendant son proconsulat d'Asie. Aussi, Antonin devenu empereur se contenta de se venger comme peut le faire un homme d'esprit. Lorsque Polémon vint à Rome, Antonin s'écria, après l'avoir embrassé : Qu'on héberge Polémon et que nul ne l'expulse[18]. Quant à Hérode, il lui en voulut si peu qu'il le fit arriver au consulat et lui en offrit même un second ; bien plus, il conféra le patriciat à son fils. C'est également pendant son séjour en Asie qu'Hérode eut l'occasion d'entendre pour la première fois Polémon, à Smyrne. Hérode, dès qu'il l'eut rencontré. lui demanda quand il aurait le plaisir de l'entendre et fut stupéfait de sa réponse : Aujourd'hui même et à l'instant. Hérode, s'attendait à ce que Polémon, pris à l'improviste, s'excusât et remît la séance à plus tard, pour ne point risquer de produire une impression défavorable sur un sophiste déjà connu comme un maître. Nullement intimidé, il fit en cette circonstance, un long éloge d'Hérode, de son éloquence, de ses œuvres[19]. Il donna ainsi à Hérode l'occasion d'admirer la vivacité de sa pensée et de la facilité de sa parole. Après s'être retiré quelques instants pour méditer, il se présentait devant ses auditeurs le visage calme et rempli d'assurance. Plein de feu, il bondissait de sa chaire au milieu de son discours et achevait ses périodes le sourire sur les lèvres, pour marquer qu'il parlait sans effort. Son éloquence était chaude, pathétique[20] ; on comparait sa voix au son perçant de la trompette des jeux olympiques[21]. A Marc-Aurèle qui lui demandait son impression sur Polémon, Hérode répondit par le vers d'Homère : Le bruit de coursiers rapides frappe mes oreilles[22]. Pour la pensée, on comparait Polémon à Démosthène il en avait la gravité mais une gravité sans lourdeur, brillante et inspirée comme s'il parlait du haut du trépied prophétique[23]. Voilà ce que vantaient de son talent Philostrate et Hérode dans une de ses lettres[24]. Hérode passa trois jours à Smyrne et entendit Polémon développer successivement les trois thèmes d'improvisations suivants : Démosthène se défend contre Dénude d'avoir reçu 50 talents de Darius ; il faut détruire les Trophées élevés pendant la guerre du Péloponnèse ; l'orateur conseille aux Athéniens de retourner dans leurs dénies après la bataille d'Ægos-Potamos[25]. Hérode écouta, nous dit-il, le premier de ces discours en juge, le second en amoureux, le troisième en admirateur. Puis, pour se soustraire à l'obligation de parler après Polémon et de crainte de provoquer des comparaisons peu avantageuses pour lui-même, il quitta Smyrne la nuit. Auparavant, il avait fait parvenir au sophiste 150.000 drachmes, somme que le plus célèbre représentant de l'asianisme refusa comme indigne de lui. C'est alors qu'Hérode sur le conseil de Munatius, le même qui avait été son maitre, y ajouta encore 100.000 drachmes[26]. Peut-être Polémon s'était-il souvenu qu'Atticus et son fils n'avaient pas donné moins de 30 talents, soit 180.000 drachmes à Scopélianos. Ces exigences ne doivent en tout cas, pas trop nous étonner : outre que nul n'ignorait la colossale fortune d'Hérode, Polémon était un sophiste grand seigneur, occupant la plus somptueuse habitation de Smyrne[27], ayant l'habitude de voyager avec un faste qu'on lui reprochait, monté sur un bige luxueux, traîné par des chevaux aux mors d'argent et suivi d'un nombreux cortège de serviteurs, de meutes de chiens et de multiples bagages[28]. Atteint d'arthritisme, il fit une fin théâtrale, digne de sa vie et de ses déclamations : il l'enferma vivant dans son tombeau, excitant même à la besogne les ouvriers qui en fermaient l'entrée, pour que le soleil ne le vit point réduit au silence[29]. Que devait Hérode à l'influence de Polémon ? Il est malaisé de le deviner maintenant que nous ne possédons probablement plus une seule œuvre d'Hérode et que celle qui lui est attribuée diffère totalement des déclamations de Polémon. Ce qui est sûr, c'est que Polémon n e représentait pas l'asianisme extrême Il cherchait même à donner une couleur attique à son style par l'emploi systématique de certaines formes propres à ce dialecte[30]. Elles détonent d'ailleurs un peu au milieu d'un vocabulaire semé de mots de la langue commune[31] et dans le cadre d'une syntaxe plus hellénistique qu'attique[32]. Même un texte tardif et sûrement corrompu, semble dire qu'il aurait purgé l'ancienne rhétorique du monstre de l'asianisme[33]. Mais les deux déclamations qui nous sont conservées sous le nom de Polémon protestent contre cette affirmation suspecte. Elles mettent aux prises les pères de Callimaque et de Cynégire, qui se disputent l'honneur de prononcer l'épitaphios des guerriers morts à Marathon. Elles sont bien asiatiques par l'enflure, l'emphase, l'abus des figures, surtout celles de Gorgias, dont l'auteur fait un usage immodéré. Il est impossible de pousser plus loin la préciosité, la recherche de l'effet, pour aboutir à une puérilité d'aussi mauvais goût. Par tous ses défauts, par ses rythmes même[34], Polémon est bien l'héritier d'Hégésias, :du représentant par excellence de l'asianisme. Son style est celui d'un pédant complètement dépourvu d'idées et qui cherche à masquer l'indigence de son invention par de lamentables artifices, par le clinquant d'une imagination aux abois. Si ce sont de pareilles pauvretés qu'entendit Hérode, il faut le plaindre d'avoir eu le mauvais goût de les admirer et de les encourager en les payant un si haut prix. Mais s'il les admirait, c'est que, avec ses contemporains, il les approuvait et qu'il imitait sans doute, à l'occasion, celui qu'il appelait le Démosthène phrygien[35]. Et c'est peut-être à son exemple qu'il multipliait les figures comme l'affirme Philostrate, dans le jugement qu'il nous a laissé sur son style[36]. On ne peut, en tout cas, avoir une très haute idée du ta- lent d'Hérode, qui quittait Smyrne clandestinement pour ne pas être obligé de paraître en public après Polémon. Encore si sa fuite avait eu la modestie pour excuse. Mais la modestie était une vertu étrangère aux sophistes. Après s'être acquitté de sa charge de corrector, vers 135, Hérode dut rentrer dans sa patrie. Avant son consulat de 143, il ne remplit, à notre connaissance, aucune autre fonction, du moins à Rome ou dans les provinces. Mais, d'après son biographe, il fut agonothète des Panhellènia et des Panathénées, après son archontat[37]. Ce ne fut évidemment pas tout de suite après, car les Panhellènia ne furent créés qu'à partir de l'inauguration du Panhellènion, c'est-à-dire en 131/2. Ces fêtes avaient lieu tous les ans mais elles étaient célébrées avec plus de solennité tous les cinq ans : c'est ce qu'on appelait les Grandes Panhellénies[38]. Comme l'agonothésie ne se bornait pas à l'organisation et à la présidence des jeux mais comportait aussi de fortes dépenses pour le sacrifice, les prix et bien d'autres choses encore, on ne pouvait devenir agonothète sans posséder une grande fortune. Il est vraisemblable qu'Hérode fut agonothète lors des Grandes Panhellénies où les frais étaient plus élevés. Nous croirions volontiers qu'il remplit cette fonction lors de celles de 135/6. Hérode fut, en effet, également agonothète des Panathénées, après l'avoir été des Panhellénies, comme il résulte du texte de Philostrate. Or, nous le dirons, son agonothésie des Panathénées doit se placer peu après la mort de son père, survenue vers la fin du règne d'Hadrien.—C'est lorsqu'il était agonothète des Panathénées qu'Hérode promit aux Athéniens, qui l'avaient couronné, de les recevoir dans un stade tout de marbre blanc qui fut achevé quatre ans après[39]. Ce stade fut ironiquement appelé panathénaïque parce qu'il avait été construit, disaient les médisants, avec l'argent de tous les Athéniens[40]. Le père d'Hérode avait, en effet, laissé par testament une rente annuelle à tous ses concitoyens mais Hérode avait trouvé moyen d'éluder habilement les volontés paternelles[41]. D'autre part, Hérode ne pouvait guère promettre d'édifier un monument aussi coûteux s'il n'avait pas disposé librement de sa fortune, si Atticus n'était pas encore mort à ce moment. Qu'on se rappelle l'histoire de l'adduction des eaux Alexandria Troas : ce n'est pas Hérode lui-même mais son père qui donna les fonds nécessaires pour cette coûteuse entreprise. Nous croirions donc volontiers que l'agonothésie des Panathénées date de 138/9 et l'achèvement du stade, de 142/3[42]. Cette agonothésie fut tellement remarquable qu'on en parlait encore un siècle après, du temps de Philostrate. Le péplos offert, suivant la tradition, à Athéna, était plus beau qu'une peinture. Il était attaché, en guise de voile, au mât du navire panathénaïque. D'ordinaire, ce navire était traîné par des attelages. Cette fois, il était non seulement de dimensions inusitées, avec ses mille rameurs, mais il glissait sur des machines souterraines, qui l'amenèrent du Céramique jusqu'au Pythion, c'est-à-dire au pied de l'Acropole. On voyait encore à cet endroit du temps de Philostrate[43]. Le récit du biographe a paru si invraisemblable à certain critique moderne qu'il a supposé que Philostrate avait mal compris ce qu'on lui avait raconté à ce sujet[44]. Le navire n'aurait pas été tiré pas des machines placées sous le sol mais aurait avancé grâce à un mécanisme dissimulé à l'intérieur. C'est substituer une hypothèse à un texte fort clair et c'est douter d'un homme qui ne doutait de rien et aurait même fait percer l'isthme de Corinthe à ses frais s'il n'avait craint de se voir refuser l'autorisation par l'empereur[45]. On oublie aussi que le diolkos de l'isthme, qui transportait les navires du golfe de Corinthe au golfe Saronique avait à résoudre un problème autrement difficile et qu'il a sinon inspiré Hérode, en tout cas pu servir de modèle à son ingénieur. C'est encore une fois à Rome qu'Hérode devait terminer carrière politique : il fut nommé consul ordinaire en 143[46]. consulat avait depuis longtemps perdu toute importance. Mais il continuait, quoique fort coûteux, à être très recherché non seulement parce qu'il était une fonction très honorifique mais surtout parce qu'il conduisait au gouvernement des provinces les plus importantes, à des proconsulats convoités comme ceux de l'Asie et de l'Afrique. Ce ne sera pas le cas pour Hérode : nulle part il n'est fait mention de fonctions consulaires qu'il aurait exercées ou même refusées[47]. Mais il semble avoir renoncé à un second consulat, après la mort de sa femme[48] : ce n'étaient pas de vaines dignités qui pouvaient consoler un homme de son âge déjà saturé d'honneurs. Ce n'est pas par hasard, on l'a déjà remarqué[49], que le consulat lui fut offert en 143, la même année qu'à Fronton : à ce moment, les deux plus illustres représentants des deux éloquences grecque et latine du temps ainsi que de l'archaïsme littéraire enseignaient la rhétorique au futur empereur. De plus, Hérode, nous l'avons dit, s'était créé de hautes et utiles relations dés sa jeunesse, lorsqu'il avait été élevé dans la maison de la mère de Marc-Aurèle, sans compter que son mariage avec Régilla, qui dut précéder, nous le verrons, son consulat, l'avait uni à une dame de la plus haute aristocratie, apparentée à la famille impériale. Quand Hérode avait-il été chargé d'enseigner Marc-Aurèle ? On ne sait au juste. Ce qui est sûr, c'est que celui-ci était déjà depuis quelque temps son disciple en 143[50] et qu'il continua à l'être pendant les deux années suivantes[51]. Hérode dut rester à Rome, au plus tard, jusqu'en 146, année où Marc-Aurèle abandonne la rhétorique pour se consacrer à la philosophie[52]. D'autre part, il dut y arriver vers 140, appelé sans doute par Antonin, car, selon son biographe, c'est pendant les années 140 à 143 que Marc-Aurèle studia cupidissime frequentavit[53], ce qui doit se comprendre de la rhétorique, étant donné ce que nous connaissons de la chronologie de ses autres études[54]. Si nous rapprochons ces dates de celles auxquelles nous sommes arrivé plus haut, les débuts de l'enseignement d'Hérode, à Rouie, seraient postérieurs à 138/139, année où le sophiste fut agonothète des Panathénées et, plus exactement à l'été de 139. Sinon, il faudrait admettre qu'Hérode dut interrompre son séjour à Rome, dans l'été de 139, pour aller présider les jeux : les Panathénées se célébraient en Hékatombaion, vers la fin (juillet) de l'année attique, qui commençait depuis la première visite d'Hadrien à Athènes, non plus en Hékatombaion mais en Boédromion (septembre). Hérode ne se consacra pas uniquement à l'instruction de Marc-Aurèle[55] et de L. Verus[56] pendant son séjour à Rome. Il y exerça aussi la profession de sophiste. Même, selon Philostrate, c'est à Rome qu'Aristoklès de Pergame, qui jusque là s'était adonné à la philosophie péripatéticienne, se convertit à la sophistique, après avoir suivi les leçons d'Hérode et l'avoir entendu improviser[57]. Ce fut sans doute l'un des premiers disciples du sophiste et en tout cas l'un des principaux : Hérode l'estimait tellement que, plus tard, lorsqu'il dut quitter Athènes pour un certain temps, il lui envoya à Pergame tous ses élèves[58]. C'est aussi pendant son séjour en Italie qu'Hérode dota Canusium, de l'eau qui lui manquait, comme il l'avait fait pour Alexandria Troas, lorsqu'il était corrector en Asie[59]. Comment fut-il amené à s'intéresser à ce municipe ? Est-ce parce qu'il y possédait des propriétés ? Son père en aurait-il acheté en Apulie pour les acquérir à meilleur compte lorsque Trajan exigea des sénateurs qu'ils eussent un tiers de leur fortune en propriétés foncières en Italie[60] ? Mais Atticus était assez riche pour n'être pas obligé d'acheter des terres dans une contrée connue pour son aridité[61], d'autant moins que ce n'était pas l'étendue de s terres qui entrait, en ligne de compte mais leur valeur. On a supposé aussi qu'Hérode s'était montré généreux envers Canusium parce qu'il avait peut-être été chargé de l'organiser en colonie : elle le devint en effet sous Antonin[62]. Mais la volonté impériale seule suffisait pour transformer un municipe de droit romain, comme l'était Canusium, en une colonie. Nous croirions plutôt qu'Hérode figurait parmi les patroni du municipe et qu'on avait dû lui proposer ce titre non seulement à cause de sa fortune et de son influence, mais probablement aussi parce que sa femme y possédait des propriétés[63]. C'est même peut-être comme patron de ce municipe qu'il aurait obtenu de l'empereur qu'on l'élevât au rang de colonie[64]. Pour en terminer avec les fonctions dont Hérode fut chargé nous reste à dire les sacerdoces qui lui furent confiés. Nous ne reviendrons pas sur son titre d'άρχιερεύς τών Σεβαστών : héréditaire dans la famille, il ne fut cependant pas donné à Hérode immédiatement après la mort de son père, nous l'avons constaté plus haut. Toutefois, Hérode le porte déjà sous Antonin[65]. Hérode fut également exégète[66]. Il y avait plusieurs espèces d'exégètes, à Athènes : comme on ne spécifie pas et que l'inscription qui mentionne ce titre a été trouvée dans le sanctuaire d'Éleusis, il faut supposer qu'il s'agit de l'έξηγητής μυστηρίων. Cette fonction, il est vrai, était d'abord réservée aux Eumolpides mais elle avait, depuis longtemps, été usurpée par le génos des Kèrykès auquel appartenait Hérode[67]. Vers la fin de sa vie, Hérode[68] sera aussi nomme prêtre d'une association religieuse, privée, de caractère orphique, celle des lobacchoi ; même le titulaire de la fonction se démit en sa faveur, pour l'honneur et la gloire du Baccheion, en réalité sans doute parce que l'association avait intérêt à être présidée par le richissime Athénien : le prêtre était tenu par le règlement à offrir un sacrifice et à d'autres prestations[69] qui ne pouvaient manquer d'être généreuses avec un ίερεύς comme Hérode. Aussi, lorsque celui-ci eut accepté, le Baccheion put-il se flatter d'être le premier de tous[70]. |
[1] Cf. GRAINDOR, Athènes sous Auguste, Le Caire, 1927, pp. 124 sqq.
[2] IG, III, 160 ; MÜNSCHER, p. 925 ; SCHULTESS, p. 5.
[3] Δελτίον άρχ., 1888, pp. 18g sqq. ; JUDEICH, Topographie von Athen, p. 333, n. 11 ; GRAINDOR, Rev. belge de Phil. et d'Histoire, VI, 1927, pp. 754 sqq.
[4] Cf. notre Chronologie, p. 127, n° 92. PHILOSTR., II, 1, 5 (p. 146 W.) ; IG, III, 69a, 735, 736. Dans 69a, Hérode est qualifié de νε(ώτερος), pour le distinguer de son père, qui portait le même nom, et non pas d'un archonte homonyme antérieur. Sur ce point, cf. notre Chronologie, p. 69, n. 3.
[5] Chronologie, pp. 11 sqq.
[6] BCH, XIX, 1895, p. 113.
[7] PHILOSTR., Apol. Tyan., I, 16.
[8]
IG, III, 675, d'après une copie défectueuse de KOUMANOUDIS, Φιλίστωρ,
IV, p. 543, n° 3. Cf. BCH,
LI, 1927, p. 279, n° 49.
[9] SCHULTESS, p. 6 ; MÜNSCHER, p. 925.
[10] Cf. W. WEBER, pp. 159 sqq., 205 sqq. — CHRIST-SCHMID, Gesch. d. gr. Litter., II6, p. 695 et BOULANGER, o. l., p. 99, n. 3, répètent encore une fois une erreur déjà ancienne, d'après laquelle Hérode aurait été hipparque. Cette fonction n'existait plus à Athènes sous l'Empire : on a pris pour un titre ce qui n'est, en réalité, qu'un des noms d'Hérode.
[11] Digeste, L, 4. 8.
[12] Communiqué par M. NILSSON aux éditeurs de SIG3, 863, n. 1.
[13] PHILOSTR., II, 1, 17, (p. 156 W). RE,
II, p. 2495 (VON ROHDEN) : 130-135 ; PIR, I, p. 357 : 132-135.
[14] Plus exactement du 5 décembre 128 au 4 décembre 129.
[15] Hérode a dû avancer très rapidement dans la carrière des honneurs car il n'a exercé aucune de ces fonctions qu'on remplissait d'habitude entre les magistratures. C'est pour cela que nos deux combinaisons reposent sur l'hypothèse qu'Hérode y est parvenu dans les délais strictement légaux.
[16] PHILOSTR., I, 25, 13 (p. 118 W.). Pour le discours prononcé par Polémon et sa date, cf. PHILOSTR., I, 25, 6 (p. 110 W.) et WEBER, o. l., pp. 268 sq. C'est par erreur que BOULANGER, o. l., p. 89, affirme qu'Hérode entendit Palémon à Smyrne en 127, date impossible à concilier avec ce que nous connaissons de la carrière d'Hérode et du proconsulat du futur empereur Antonin.
[17] PHILOSTR., II, 1, 17 (p. 158 W.).
[18] PHILOSTR., I, 25, 7-8 (p. 112 W.).
[19] PHILOSTR., I, 25, 13-14 (pp. 118 sq. W.). — Sur Palémon, cf. H. JÜTTNER, (De Polemonis vita, operibus, arle, Breslauer philol. Abhandl., VIII, 1, 1898 ; Polemonis declamationes, éd. H. HINCK, Teubner, 1873 ; R. FOERSTER, De Polemonis physiognomonicis, Kiel, 1886 ; Quæstiones physiognomonicæ, Kiel, 1890 ; Prolegomena editionis scriptorum physiognomonicorum, Leipzig, 1893 ; BOULANGER, pp. 87 sqq. D'après JÜTTNER, pp. 21 sq., la vie de Palémon se place entre 88 et 145 ; H. VON ARNIM, Leben und Werke des Dio von Prusa, Berlin, 1890, p. 463, date sa naissance entre 82-87.
[20] I, 25, 15 (p. 120 W.).
[21] I, 25, 24 (p. 130 W.).
[22] I, 25, 18 (p. 124 (W.).
[23] I, 25, 24 (p. 130 W.).
[24] I, 25, 17 (p. 122 W.).
[25] I, 25, 15 (p. 122 W.). Le texte ne dit pas ce que furent des improvisations. Mais cela résulte de tout évidence du contexte, où il est dit que Polémon sortait pendant quelques instants pour réfléchir à son sujet avant de le développer.
[26] I, 25, 16 (p. 122 W.). Philostrate, encore une fois, ne spécifie pas s'il agit de drachmes.
[27] I, 25, 7 (p. 112 W.).
[28] I, 25, 4 (p. 110 W.).
[29] I, 25, 27 (p. 134 W.). Sur le portrait du Musée d'Athènes où nous avons proposé de retrouver les traits du sophiste, cf. nos Marbres et Textes, pp. 41 sqq. et CH. PICARD, La sculpture antique, II, p. 14.
[30] JÜTTNER, pp. 65 sqq. ; SCHMID, Atticismus, IV, pp. 577 sqq.
[31] JÜTTNER, pp. 60 sqq. ; SCHMID, I, pp. 56 sqq. ; IV. pp. 634 sqq.
[32] JÜTTNER, pp. 66 sqq. ; SCHMID, I, pp. 49
sqq. ; IV, pp. 608 sqq.
[33] PROCOP. GAZ., Epist. 116 (Epistolographi
Græci, p. 578, HERCHER). Sur ce texte, cf. NORDEN, Kunstprosa, I3, p. 368 ; SCHMID, Ueber
die Kulturgeschichtlichen Zusammenhang und die Bedeutung der griechischen
Renaissance in der Römer Zeit, p. 43, n. 76 ; BOULANGER, o. l., p. 91, n. 2.
[34]
S. HEIBGES, De
Clausulis Charitoneis, Diss. Münster,
[35] PHILOSTR., I, 25, 17 (p. 124 W.).
[36] PHILOSTR., II, 1, 34 (p. 178 W.).
[37] PHILOSTR., II, 1, 7 (p 146 W.).
[38] W. WEBER, o. l., pp. 208, 268, 272 ;
GRAINDOR, Chronologie, p. 261 sq. ; JUDEICH, Topographie von Athen, p.
96, n. 13 ; TOD, JHS, XLII, 1922, pp. 175, n. 19 et sqq ; A. MOMMSEN, Feste
der Stadt Athen, p. 168 ; COHEN, s. v. Panhellenia,
Dict. des art. gr. et rom., IV, p. 314.
[39] PHILOSTR., II, 1, 7 (p. 146 W.).
[40] PHILOSTR., II, 1, 6 (p. 146 W.).
[41] II, 1, 5 (p. 144 W.).
[42] Sur l'ère des Panathénées, cf. DITTENBERGER, Die attische Panathenaidenära, Commentationes in honorem Mommseni, pp. 242 sqq. ; RE, I, p. 630 ; GRAINDOR, Chronologie, pp. 256 sqq., 264 sqq ; BCH, XXXVIII, 1915, pp. 236 sqq. Nous admettons, avec DITTENBERGER, o. l., p. 244, que les Panathénées se célébraient la 2e et non plus la 3e année de l'olympiade, depuis que les Athéniens avaient reporté le début de leur année d'Hékatombaion à Boédromion, en l'honneur du premier séjour d'Hadrien à Athènes. Sur cette question très controversée, cf. la bibliographie que nous avons donnée dans notre Chronologie, p. 20, n. 1 et ajoutez KOLBE, AM, XXXXVI, 1921, pp. 128 sqq., et notre Album, pp. 5 sq.
[43] PHILOSTR., II, 1, 7 (p. 146 W.).
[44] SCHULTESS, pp. 10 sq.
[45] PHILOSTR., II, 1, 1041 (p. 150 W.).
[46]
PHILOSTR., I,
25, 13 (p. 118 W.) ; CIL, VI, 32520 = 2379 ; Έφ.
άρχ., 1885, p. 152, n° 28 = SIG2, 857 ; 10, XIV, 1055
b, (lettre impériale du 16 mai 143). Cf. PIR, I, p. 357, n° 655 ; SCHULTESS, p. 12, n. 28 ; MÜNSCHER, p. 928
; LIEBENAM, Fasti consulares imperii Romani, p. 22.
[47] On a interprété parfois (PIR, I, p. 357) le texte, peu clair, de Philostrate 1, 1, 19, (p. 160 W.), comme si Hérode avait refusé, à cause de la mort de sa femme, de participer à un tirage au sort pour les proconsulats d'Asie et d'Afrique. Mais il vaut mieux croire qu'Hérode a renoncé à un second consulat. Le mot κλήρωσιν est certes difficile à expliquer dans cette interprétation mais ύπάτου l'est davantage encore s'il s'agit d'un proconsulat.
[48] Cf. la note précédente.
[49] SCHWENDEMANN, Der historische Wert ær Vita Marci, p. 10.
[50]
FRONT., I, 6, p.
17. (NABER) ; Vit.
Marci, II, 4 (p. 48 HOHL).
Cf. MOMMSEN, Hist. Schrift., I, p. 481 ;
SCHWENDEMANN, p. 9.
[51] FRONT., pp. 41-43. (NABER). Cf. MOMMSEN, o. l.,
I, p. 482 ; SCHWENDEMANN, p. 10.
[52]
Cf. FRONT., p.
75 (NABER) ; M.
ANTON., είς έαυτόν,
I, 7 : Marc-Aurèle (né le 26 avril 121) avait alors 25 ans. Cf. RE, I, p. 2285 ; SCHWENDEMANN, pp.
10, 14.
[53] Vit. Marc., VI, 5 (p. 52 HOHL.).
[54] SCHWENDEMANN, p. 14.
[55] CASS. DIO., LXXI, 35 ; Vit. Marci, II, 4 (p. 48 HOHL.) ; M. CAESAR Frontini, I, 6, p. 17 (NABER). Cf. PIR, pp. 71, 357 ; SCHULTESS, p. 13, n. 29 ; MÜNSCHER, p. 929. C'est sans doute lorsqu'Hérode était son maitre que Marc-Aurèle lui écrivait jusqu'à trois fois par jour, comme le dit PHILOSTR., II, 1, 30 (p. 174 W.).
[56] Vit. Veri, II, 5, (p. 75 HOHL.). Cf. PIR, I, p. 329 ; RE, III, p. 1833 ; SCHULTESS, p. 13, n. 31. C'est sans doute parce qu'il avait été maitre de Marc-Aurèle et de L. Verus et aussi comme άρχιερεύς τών Σεβαστών qu'Hérode fut, en qualité d'épimélète, chargé de veiller à l'érection des statues de ces deux empereurs, à Éleusis. Cf. Έφ. άρχ., 1890, p. 201, n° 21 a et b. Sur l'identification de cet Hérode avec le sophiste, qui affectait d'omettre sa filiation et son dème, cf. nos Marbres et textes, p. 95.
[57] PHILOSTR., II, 3, 1 (p. 184 W.) (= SYNESIUS DIO, 35). Cf. PIR,
I, n° 643 et CHRIST-SCHIMID, Gesell. d. griech., II6, p. 697.
[58] PHILOSTR., II, 3, 2 (p. 184 W.). Cf. RE,
II, p. 937, n° 19 ; MÜNSCHER, p. 929.
[59] PHILOSTR., II, 1, 9 (p. 148 W.).
[60] SCHULTESS, p. 28, n. 34.
[61] HOR., Sat., I, 5, 91 ; PHILOSTR., l.
l.
[62] CIL, IX, 334. Cf. RE, III, p. 1502 ; SCHULTESS, p. 14
; MÜNSCHER, p. 931.
[63] DIPTMAR, Blätter f. Bayr.
Gymnasialschulwesen, XXIII, p. 660 et n. 7.
[64] Nous possédons, il est vrai, la liste des patroni de Canusium : Hérode n'y figure pas ; mais le document est d'une époque bien postérieure (223) à Antonin. CIL, IX, 338.
[65] SIG2, 856.
[66] SIG3, 857.
[67] SIG3, 857, n. 2. Cf. toutefois FOUCART, Les grands Mystères d'Éleusis, Mém. de l'Acad., XXXVII, p. 83, n. 3, qui croit qu'il s'agit non d'une fonction occupée par les Kèrykès, mais d'un sacerdoce de création récente. Nous avons dit ailleurs (Musée belge, 1912, p. 84) que cette opinion est invraisemblable : cette fonction, de création prétendument récente, aurait disparu de fort bonne heure car il n'en est déjà plus question dans un catalogue du temps des Sévères où elle devrait figurer, peu de temps après la mort d'Hérode (FOUCART, ibid., p. 72 ; KERN, RE, VI, p. 1284).
[68] Dans le règlement de cette association, le personnage en question est nommé Claudius Hérodès (SIG3, 1109, ll. 9 et 25) : c'est MAASS, Orpheus, p. 37, qui a eu le mérite de l'identifier avec le sophiste. Cf. MÜNSCHER, pp. 942 sq. Pour la date (162/3-175/66), cf. notre Chronologie, p. 179, n° 134 : nous avons eu tort de supposer que cette prêtrise lui avait été confiée postérieurement à son retour du procès de Sirmium, vers 174 (cf. infra). Il résulte de l'épigramme que nous avons publiée dans le Musée belge, 1912, p. 70, v. 6 (cf. BCH, L, 1926, p. 529) qu'Hérode était déjà prêtre de Dionysos avant ce procès.
[69] SIG3, 1109, l. 119.
[70] Nous nous sommes demandé plus haut si le père d'Hérode ait pas déjà fait partie à cette association.