Lorsqu'Hérode naquit, vers 101, on l'appela Lucius Vibullius Hipparchos Tiberius Claudius Atticus Hérodès[1]. Ces noms interminables où l'on se plaisait à rappeler ceux des principaux membres de la famille, étaient comme un étalage de quartiers de noblesse ; les Grecs imitaient visiblement ici les usages de l'aristocratie romaine c'est ainsi que l'un des consuls, de 169 de notre ère, pour n'en point citer d'autres, pouvait s'enorgueillir de 38 noms et prénoms[2]. De bonne heure, Hérode dut commencer son éducation littéraire et montrer pour les lettres ce goût et cette aptitude qui devaient faire de lui le plus illustre représentant de la seconde sophistique. La fortune de son père lui permettait de choisir les meilleurs maîtres. Nous savons que la grammaire et l'explication littéraire lui furent enseignées pas Théagénès de Cnide et Munatius de Tralles[3]. Le premier ne semble pas autrement connu[4] ; nous retrouverons plus tard le second auprès d'Hérode lorsqu'il était corrector des cités libres d'Asie[5]. Ce n'était encore là qu'une préparation lointaine à la carrière de sophiste. Mais cette préparation était indispensable : c'est avec les grammairiens que les futurs sophistes apprenaient à parler purement, qu'ils se créaient un vocabulaire de termes choisis tirés des meilleurs auteurs[6], surtout des poètes[7]. L'explication des textes leur donnait en même temps des notions sur différentes sciences, histoire, géographie, astronomie. En somme, éducation presque exclusivement littéraire, complétée par la musique, parfois par la géométrie elle préparait fort bien à l'éloquence mais risquait de fausser les jeunes esprits en les éloignant des réalités de la vie pour les égarer vers le domaine des mots[8]. A cet enseignement du γραμματικός succédait celui de la rhétorique[9]. Les disciples commençaient d'abord par apprendre par cœur des modèles, avant de se risquer à composer eux-mêmes, sous la direction du maître, qui leur indiquait, du moins au début, le plan à suivre, les principaux développements. Ces exercices écrits consistaient en descriptions, narrations, portraits, caractères, éloges ou blâmes de personnages historiques ou légendaires, parallèles entre grands hommes, dissertations sur des thèmes moraux. Les disciples terminaient leur apprentissage de l'éloquence par des exercices oratoires et par l'étude des règles et préceptes de la rhétorique. En Grèce, on estimait assez peu les controverses, si prisées à Rome, plaidoyers sur des thèmes fictifs, exceptionnels e trop souvent saugrenus. Les Grecs préféraient jouer le rôle des personnages de l'épopée, de la tragédie ou de l'histoire tantôt accusés et se défendant, tantôt discourant devant une assemblée qu'ils s'efforcent de convaincre ou monologuant sur le parti à prendre dans des circonstances graves ou embarrassantes. On se préparait aussi aux discours de cérém3nie, dont noix spécifierons plus loin l'objet. Cette préparation pouvait suffire à ceux qui voulaient exercer sinon la profession de sophiste tout au moins celle, beaucoup moins estimée[10], d'avocat, avec laquelle elle était d'ailleurs fréquemment cumulée[11]. On exigeait, en effet, beaucoup plus sophiste que de l'avocat : son éloquence, s'il voulait réussir, demandait un art plus consommé et qui ne s'acquérait qu'après de longs efforts, quoi qu'en dise Lucien dans son Maître de rhétorique. Le sophiste ne devait pas seulement être apte à prononcer ou à lire[12] des discours longuement préparés (μελέται). S'il voulait briller, il fallait surtout qu'il pût traiter séance tenante ou après quelques instants de réflexion[13], les sujets d'improvisation que les auditeurs lui proposaient (αύτοχέδιοι λόγοι). C'est alors surtout qu'il pouvait donner la mesure de son talent, de sa rapidité d'invention et de sa facilité d'élocution[14]. La plupart du temps, ces sujets d'improvisation et de μελέται étaient empruntés à l'histoire : il s'agissait de faire revivre les grandes périodes du passé de la Grèce, les guerres médiques surtout[15], la guerre du Péloponnèse, les guerres contre Philippe, de personnifier les personnages illustres d'autrefois, tels Solon, Périclès, Démosthène[16], comme Thucydide en avait donné l'exemple dans les discours fictifs qu'il prête à ses personnages. Tels étaient les thèmes préférés des sophistes : c'étaient ceux où ils brillaient le plus. On pouvait leur demander aussi mais plus rarement, des dissertations de caractère philosophique ou même littéraire[17]. Parfois ils faisaient la critique ou l'éloge de leurs collègues et même le leur[18]. Ils inauguraient généralement la série de leurs conférences par le panégyrique de la cité où ils se produisaient[19]. C'était aussi de la sophistique que relevaient les discours de cérémonie comme ceux qui accompagnaient les solennités religieuses, les grandes panégyries, telles celles d'Olympie ou des Panathénées, ceux aussi où il s'agissait de célébrer, également sur un mode lyrique, les mariages, les anniversaires de naissance, de souhaiter la bienvenue à des personnages de marque ou de prononcer leur éloge funèbre. Pour pouvoir traiter, surtout à l'improviste, des sujets aussi variés, particulièrement les thèmes historiques, il fallait une longue préparation, une culture très vaste, des ;lectures étendues, une imagination très prompte, une mémoire très exercée et très fidèle, si bien que Polémon considérait comme le pire des supplices d'apprendre par cœur[20]. Mais pour réussir comme sophiste, il fallait plus encore. Il était indispensable de posséder une connaissance de la langue beaucoup plus profonde que celle que pouvaient donner les grammairiens et l'explication des auteurs. Le sophiste devait s'assimiler la langue et le style des grands classiques, surtout d'Homère le père des sophistes, des tragiques, car la tragédie était la mère des sophistes[21], des orateurs moins pour s'en inspirer que pour pasticher leur manière et mériter d'être appelé par exemple, un nouveau Démosthène[22]. Nous sommes en effet à une époque où, faute de pouvoir être personnel, on n'ambitionne plus guère, en art comme en littérature, que de ressembler le plus possible aux anciens. Tout ce labeur aurait été vain si le sophiste, une fois en public, n'avait fait montre, dans ses gestes, dans son débit, dans sa voix, de qualités qui tenaient autant de celles des acteurs que des orateurs[23]. Même certains d'entre eux parlaient sur un ton chantant qui aurait parfois, comme c'était le cas pour Varus de Laodicée, donné envie de danser[24]. C'est un véritable rôle qu'ils jouaient lorsqu'ils traitaient des sujets historiques ou des plaidoyers fictifs. Ils devaient alors donner l'illusion d'être suivant le cas, un Darius, un Xerxès, un Démosthène ou un Hypéride, en exprimant des sentiments ou des idées conformes au caractère ou au style des personnages qu'ils représentaient[25]. C'étaient, en prose, de véritables discours de tragédie qu'ils débitaient[26]. Même certains sophistes tombent dans un véritable cabotinage, en venant déclamer, tel Hadrien de Tyr, somptueusement vêtus et couverts de pierres précieuses[27]. Avec la seconde sophistique, l'éloquence s'était transformée en un sport intellectuel où l'on essayait de compenser le vide du fond, d'un intérêt presque toujours purement rétrospectif, par la souci de la forme et la virtuosité de l'exécution. C'était la personne de l'orateur qui passait au premier plan : on attendait de lui qu'il amusât et, si on lui proposait la plupart du temps des sujets historiques, c'est qu'on voulait se donner l'illusion de revivre un instant les grandes luttes politiques d'autrefois et se consoler d'en être réduit à l'éloquence du barreau et des assemblées municipales. Les empereurs eux-mêmes, tel Hadrien ou arc-Aurèle, ne dédaignaient pas de s'intéresser aux prouesses des sophistes et leur proposaient, à l'occasion, des sujets d'improvisation[28]. Même Philostrate a conservé le souvenir d'un, concours entre deux sophistes, qui eut Septime-Sévère pour arbitre[29]. Parfois d'ailleurs, les sophistes sortaient de leur métier d'amuseurs pour mettre leur talent au service de leur patrie en allant en ambassade auprès des empereurs[30]. Il arrivait aussi qu'ils fussent chargés de discours officiels comme celui que prononça Polémon à Athènes, lors de l'inauguration par Hadrien du temple de Zeus Olympien[31]. A la préparation laborieuse qu'exigeait la profession de sophiste, les étudiants consacraient une bonne partie de la journée pendant plusieurs années d'un travail assidu. Hérode allait jusqu'à conseiller à ses élèves de ne pas interrompre tout à fait leurs études même pendant leurs beuveries[32]. Les disciples s'exerçaient à domicile[33] à répéter de mémoire devant leurs parents, les déclamations modèles qu'ils avaient entendues à l'école. Les maîtres eux-mêmes s'astreignaient à un entraînement continu[34]. Malgré ce rude et long apprentissage. les sophistes les plus exercés redoutaient autant d'entrer en scène que les gladiateurs dans l'arène[35]. Mais ils évitaient de montrer leur angoisse ou leur fatigue : Polémon poussait la coquetterie jusqu'à terminer ses périodes avec le sourire, pour donner l'illusion qu'il tournait sans effort les phrases les plus compliquées[36]. Malgré tout, il ne manquait pas d'apprentis sophistes ; la carrière était bonne : qui y réussissait était sûr d'arriver à la fortune, aux honneurs, à la gloire. Nous sommes assez mal renseignés sur la manière dont Hérode se prépara à devenir le premier des sophistes de son temps. Outre ses professeurs de grammaire, on nous cite, parmi ses maîtres Calvisius Tauros de Bérytos, qui lui enseigna la philosophie platonicienne, et les sophistes Secundus et Scopélianos[37]. Nous retrouverons plus tard le philosophe Tauros, dans la villa du sophiste, à Képhissia, où il était venu rendre visite à Aulu-Gelle, qui souffrait de dysenterie et de fièvre. Il y fit même la leçon au médecin qui confondait les artères avec les veines[38] ! Philostrate a consacré à Secundus d'Athènes, une courte notice qui précède immédiatement la biographie de son élève[39]. Nous y apprenons qu'on lui avait donné un surnom tiré de la profession de son père, qui était charpentier. Il alliait l'exubérance de l'invention la sobriété dans l'expression[40]. Parmi les sujets qu'il avait traités, on estimait surtout sa dissertation sur le thème suivant : Que l'auteur d'une sédition soit mis à mort. Que celui qui y a mis fin soit récompensé. Le même homme qui est l'auteur d'une édition et qui y a mis fin demande sa récompense. Secundus 'était habilement tiré de ce cas embarrassant il concluait qu'il allait d'abord tirer châtiment de l'auteur de la sédition puisqu'il l'avait provoquée avant de l'apaiser. Lorsqu'Hérode enseignait déjà, il eut une contestation avec Secundus et se vengea en parodiant un vers d'Hésiode[41], pour se moquer des humbles origines de son maître : καί κεραμεύς κεραμεΐ κοτέει καί 'ρήτορι τέκτων. Mais lorsque Secundus mourut et qu'on l'enterra près d'Éleusis, Hérode non seulement le pleura mais tint à prononcer le discours funèbre de son vieux maitre[42]. Comme nous ignorons le dème de Secundus, il serait vain de chercher à l'identifier avec l'un de ses nombreux homonymes athéniens du temps ou de tenter de retrouver parmi eux l'un de ses parents[43]. Lorsqu'Hérode était encore tout jeune, il fut envoyé en Pannonie auprès de l'empereur Hadrien[44]. Celui-ci avait été archonte à Athènes avant son accession au trône[45] ; il devait évidemment connaître Atticus, le plus riche citoyen de la ville qui lui avait réservé un si bon accueil ; peut-être même avait-il été sinon son ami du moins son hôte : l'empereur L. Verus lui-même descendra plus tard chez Hérode. Sans doute est-ce là une des raisons du choix d'Hérode comme ambassadeur. Mais la principale fut très probablement qu'Hérode représenta l'éphébie athénienne[46] : de même, nous le savons par une lettre d'Hadrien[47], les νέοι de Pergame envoyèrent l'un des leurs pour saluer l'empereur, probablement à la même occasion, c'est-à-dire lorsqu'Hadrien, appelé au trône, quitta la Syrie pour rentrer à Rome, en passant par l'Asie mineure et la région du Danube (117/8)[48]. Malheureusement, le jeune Hérode trompa les espérances de son père et de ses concitoyens : tel autrefois Démosthène devant Philippe, nous raconte Philostrate, il resta court, intimidé sans doute en présence d'un si auguste personnage. De honte, il se voulut noyer dans le Danube. A défaut d'aplomb, il avait de l'amour propre, et, comme le fait observer son biographe, à la différence de Démosthène, il songea à mettre fin à ses jours au lieu de réclamer des honneurs et des couronnes[49]. Pareille mésaventure arrivera un peu plus tard à Hérakleidès de Lycie, lorsqu'il improvisa en présence de Septime-Sévère et il était moins excusable car, à ce moment, n'était plus, comme Hérode, un apprenti-sophiste[50]. Heureusement, Hérode ne se laissa pas décourager. Il semble que ce soit précisément après ce retentissant échec qu'il apprit à connaître un célèbre sophiste de Clazomènes, Scopélianos. En tout cas, Philostrate raconte que lorsque Scopélianos vint à Athènes, il fut l'hôte du père d'Hérode et qu'Atticus donna l'ordre de lapider les hermès des anciens orateurs qui ornaient les corridors de son habitation, parce qu'ils avaient corrompu son fils[51]. Bien que Philostrate n'en dise rien, on a supposé qu'Atticus se vengeait sur eux de l'échec de son fils[52]. Hérode encore jeune, n'osait, malgré son vif désir, se risquer à improviser. Il semble que, plus tard encore, il n'avait pas toute l'assurance nécessaire pour pratiquer ce art difficile. C'est peut-être parce qu'il se donna beaucoup de peine pour l'acquérir qu'il y attachait tant de prix, plus qu'à son titre de consul et de fils de consul, si l'on en croit Philostrate[53]. Or donc, Hérode après avoir entendu Scopélianos improviser se risqua à l'imiter, sachant qu'il ferait plaisir à son père. Il réussit si bien qu'Atticus enthousiasmé fit don de 500 talents à son fils, de 15 à Scopélianos, auquel Hérode en accorda 15 autres l'appelant son maitre[54]. A la différence de Secundus, Scopélianos appartenait à une grande famille où il était de tradition de remplir la très onéreuse fonction d'άρχιερεύς τών Σεβαστών[55]. Il s'était acquitté avec succès de nombreuses ambassades[56]. Parmi les sophistes, il estimait surtout Gorgias[57]. Ses ennemis, lui reprochaient son ton dithyrambique, la lourdeur son langage peu châtié[58]. Philostrate, qui proteste contre ces reproches, vante sa grâce, le tour agréable de ses discours, le charme de sa voix et l'agrément de sa prononciation[59]. Il parait avoir joui d'une grande facilité de parole car il ne prenait pas la peine de se préparer lorsqu'il devait paraître en public : même on le taxait de négligence et d'insouciance parce qu'avant de parler, il s'entretenait des affaires publiques avec les magistrats de Smyrne, où il enseignait, au lieu de consacrer au moins quelques instants méditer son sujet[60]. Mais son talent suppléait au défaut de préparation : de partout on accourait à Smyrne pour l'entendre et non seulement d'Asie et de Grèce mais aussi de Rome, d'Égypte et d'Assyrie[61]. Sa grandiloquence asiatique était particulièrement à l'aise dans les sujets tirés des guerres médiques qu'il excellait à développer[62]. Du récit de Philostrate, il semble résulter que ce qu'Hérode apprit de Scopélianos, c'est à improviser ou tout au moins, qu'il s'enhardit à le faire car, sans dispositions naturelles, l'improvisation n'est pas un art qui puisse s'acquérir en quelques leçons. Or, Scopélianos ne parait pas avoir résidé à Athènes. Il a dû y passer, comme beaucoup d'autres sophistes, pour y donner une série de conférences. La rétribution même que lui donnent Atticus et son fils montre que ses leçons n'ont pas dû être de longue durée. Étant donnée la fortune d'Atticus la somme est relativement faible, surtout si on la compare aux 250.000 drachmes dont Hérode récompensera Polémon après l'avoir entendu à Smyrne. Ce n'est que plus tard, lorsqu'il enseignait déjà lui-même, qu'Hérode entendra ce Polémon, qu'il considérait comme son maître. Nous y reviendrons plus loin, quand nous retrouverons Hérode corrector des cités d'Asie. Hérode profita aussi l'enseignement de Favorinus d'Arles qui lui laissera, en mourant, toute sa bibliothèque, sa maison de Rome et son esclave indien Autolèkythos, qui les amusait par son jargon mêlé d'attique[63]. Hermaphrodite à la face glabre et à la voix aiguë d'eunuque, Favorinus était un charmeur : lorsqu'il se produisait à Rome, ceux même qui n'entendaient pas le grec accouraient pour l'entendre, captivés par son regard expressif, par le son de sa voix, par la facilité de sa parole[64]. Peut-être Favorinus, qui appartenait au groupe des sophistes vulgarisateurs de la philosophie[65], contribua-t-il avec Calvisius Tauros, à donner le goût de cette science à son disciple, en même temps que celui de l'érudition, érudition dont son œuvre débordait un peu trop, de même qu'elle caractérisera l'éloquence d'Hérode orateur très nourri et qui étudiait même pendant ses insomnies[66]. En tout cas, Hérode, avant d'avoir entendu Polémon, prit déjà un avant-goût de l'asianisme non seulement avec Scopélianos mais aussi avec Favorinus dont le style et les clausules décèlent, semble-t-il, un asianiste[67]. Sous peine de déchoir, tel autrefois Ovide, un personnage du rang d'Hérode devait passer par les Magistratures romaines réservées aux membres de l'ordre sénatorien. Sinon, il était considéré comme appartenant à l'ordre équestre[68]. Hérode. dut donc se préparer à la carrière à laquelle sa naissance lui donnait le droit et l'honneur et lui imposait le devoir, de prétendre. Il n'y pouvait atteindre sans parler la langue latine. Qu'il la connût, on le peut déduire non seulement des fonctions qu'il a remplies mais aussi du texte d'Aulu-Gelle où il est dit qu'il parlait d'habitude le grec[69]. ce qui laisse supposer qu'il se servait également d'une autre langue, la latine, cela va de soi. C'est à Rome qu'il dut l'apprendre. On peut même préciser ce fut dans la maison de P. Calvisius Tullus, personnage considérable, qui fut consul en 109[70]. Hérode vécut là dans un milieu très cultivé et très favorable à ses études. La fille de son hôte[71] s'intéressait aux lettres grecques ; c'était Domitia Lucilla, la future mère de Marc-Aurèle[72] ; c'est là un détail dont il faudra se souvenir : il expliquera, tout au moins en partie, la faveur dont Hérode jouira auprès de cet empereur. De quelle époque date ce premier séjour d'Hérode dans la capitale de l'Empire ? On a supposé qu'il y dut accompagner son père quand il vint s'y établir pour exercer ses fonctions de consul[73]. C'est fort vraisemblable mais cette hypothèse ne nous avance guère puisque nous ignorons les années où se placent les deux consulats d'Atticus. Ce qui parait sûr, c'est qu'Hérode vint à Rome avant l'année où il fut chargé d'aller en Pannonie présenter l'hommage de ses concitoyens au nouvel empereur. Hérode commencera de bonne heure sa carrière politique à Athènes pour la continuer immédiatement après à Rome et il est improbable qu'il ait retardé l'étude de la langue latine jusqu'à l'époque d'Hadrien. On a nié que ce fut pendant la jeunesse d'Hérode que la Boulé de Corinthe lui dédia une statue dans le sanctuaire d'Éleusis. Il y est qualifié de fils de la Grèce et son père d'άρχιερεύς τών Σεβατών[74]. C'est précisément à cause de ce dernier titre qu'il faut s'en tenir à l'opinion de Dittenberger, qui place cette dédicace vaut l'entrée d'Hérode dans la vie politique[75]. Cette manière de voir a été contestée ou mise en doute par Schultess et Münscher[76], sous prétexte qu'Hérode est connu comme bienfaiteur de Corinthe ce qui n'est pas le cas pour son père. Mais ces bienfaits, dont il sera question plus loin, datent sûrement d'une époque où Hérode devait disposer librement de sa fortune, c'est-à-dire du temps où il n'était plus sous la patria potestas d'Atticus et où celui-ci était déjà mort. Or, dans la dédicace de Corinthe, il est qualifié d'άρχιερεύς : il était donc encore en vie. On oublie aussi que la statue d'Hérode a pris la place de celle de Claudia Alcia, qui avait été érigée lorsque celle-ci était initiée de l'autel, c'est-à-dire encore toute jeune. On ne peut croire que la statue d'un homme fait ait remplacé celle d'une fillette. D'ailleurs Hérode ne porte aucun autre titre que, celui de fils de la Grèce, ce qui ne laisserait pas d'étonner s'il avait déjà rempli des fonctions politiques et s'il était déjà assez âgé. Nous devons en conclure que son père avait dû rendre à Corinthe des services que nous ne connaissons pas. Il y possédait en tout cas des propriétés dont son fils héritera[77]. remarquons-le, le titre donné à Hérode suppose que les bienfaits qui en furent la cause s'appliquaient non pas à Corinthe seulement mais aussi à d'autres cités grecques. Et c'est pour cela sans doute que la statue est érigée non pas à Corinthe mais à Éleusis, dans un sanctuaire où les initiés venus de toutes les parties du monde grec pouvaient la voir. Quand Hérode répandra ses générosités sur Corinthe, c'est dans leur propre cité que les Corinthiens élèveront des statues sinon à lui-même du moins à ses proches[78]. Est-ce d'ailleurs bien Corinthe qui lui avait décerné ce titre d'υίός τής Έλλάδος ? On en peut douter. C'est comme l'extension à toute la Grèce de la qualification d'υίός τοΰ δήμου que pouvait conférer une cité[79]. C'est l'Hellade toute entière qui adopte un enfant d'Athènes, dont le père s'était montré généreux pour le pays[80]. Il se pourrait d'ailleurs que le sénat de Corinthe n'ait pas eu le droit de décerner ce titre : il émanait peut-être d'une assemblée, comme l'assemblée provinciale, qui avait qualité pour parler au nom de tous les Grecs d'Achaïe. Nous croirions volontiers que le rôle du sénat se borna à décider l'érection de la statue. En tous cas, il n'assuma même pas les frais du monument : ce fut, la dédicace nous le dit, un nommé Cocceius Censorinus qui les prit à sa charge[81]. |
[1] Pour le nom complet d'Hérode, cf. IG, III, 1133, avec les remarques de FOUCART, Rev. de Phil., 1901, p. 91, et SIG3, 863 et n. 1. A ces textes, il faudra aussi ajouter IG, III, 675, d'après notre révision, au théâtre de Dionysos, de cette dédicace publiée d'une manière tout à fait erronée (Cf. infra).
[2] Pour les consuls, nous renvoyons une fois pour toutes à LIEBENAM, Fasti consulares imperii Romani, Bonn, 1909.
[3] PHILOSTR., II, 1, 34 (p. 178 W.).
[4] LUC., Peregr., 5, 6, 36 mentionne un personnage du même nom. Mais c'était un philosophe cynique qui n'a rien de commun avec le grammairien.
[5] PHILOSTR., I, 25, 16 (p. 122 W.). Ce Munatius est connu par les scolies de Théocrite, qui combattent plus d'une fois ses interprétations. Cf. RE, I, p. 1728, n° 3 (Amarantos) ; WILAMOWITZ, Einleitung in d. gr. Trag., p. 188 ; MÜNSCHER, p. 924. CHRIST-SCHMID, II6, pp. 196, 695, 870. Les textes relatifs à la formation des sophistes ont été réunis par KAYSER, aux pp. III et sqq. de la préface de son édition de Philostrate.
[6] PHILOSTR., II, 8, 2 (p. 208 W.).
[7] FRIEDLÄNDER, Sittengeschichte Roms8, II, pp. 190
sqq. ; RADERMACHER, Rhein. Mus., LIX, 1904, pp. 525 sqq.
[8] BOULANGER, o. l., pp. 39 sq.
[9] Cf. outre la préface de KAYSER, déjà citée, G. REICHEL, Quæstiones progymnasticæ, Diss., Leipzig, 1909 ; BOULANGER, o. l., pp. 40 sq.
[10] Sur le mépris des sophistes pour la profession d'avocat, cf. E. ROHDE, Griech. Roman3, p. 304 ; Kleine Schriften, II, p. 58 ; M CROISET, Litter. gr., V. p. 568 ; W. SCHMID, Atticismus, I, p. 33, n. 8 ; BOULANGER, o. l., p. 52, n. 4. PHILOSTR., Vit. Apol., VI, 36 ; DIO, Or., XXII, 1.
[11] Parmi les sophistes qui furent en même temps avocats, il faut citer Polémon, Nikètès, Lollianus, Scopélianos, Théodotos, Ptolémée, Damianos, Quirinus, Aelius Aristide, Héliodoros.
[12] Que ces discours pouvaient être lus, c'est ce qui résulte de DIO, Or., XLVII, 37.
[13] PHILOSTR., I, 25, 15 (p. 120 W.), dit à propos de Palémon, qu'il se retirait pendant quelques instants pour méditer son sujet, au lieu de le faire en public, comme c'était probablement l'usage.
[14] PHILOSTR., I, 24, 4 (p. 104 W.) : le terme technique est προβάλλειν. Lorsqu'il y avait conflit entre les auditeurs, ils se mettaient d'accord sur un sujet. C'était la νενικηκυΐα ύπόθεσις, celle qui recueillait la majorité des suffrages, qui était traitée par le sophiste (PHILOSTR., II, 5, 4, p. 191 W.).
[15] Le Maitre de rhétorique de LUCIEN, 20, recommande d'avoir toujours à la bouche les noms de Marathon et de Cynégire.
[16] Cf. W. SCHMID, Atticismus, I, p. 34, n. 10, qui a dressé une liste de ces sujets. En voici quelques-uns : les Lacédémoniens délibèrent sur la construction d'un rempart (PHILOSTR., I, 20, 4 p. 70 W.) ; sujets tirés des guerres médiques (I, 21, 11, p. 84 W.) ; Démosthène devant la Boulé, après Chéronée (I, 31, 2, p. 90 W.) ; un Spartiate conseille à ses concitoyens de ne pas recevoir ceux qui ont été faits prisonniers à Sphactérie (I, 24, 1, p. 102 W.) ; Démosthène se défend d'avoir reçu 50 talents de Darius (I, 25, 16, p. 121 W.) ; Solon demande que l'on supprime les lois lorsqu'on a accordé une garde à Pisistrate (I, 25, 5, p. 132 W.) ; Périclès conseille de faire la guerre à Sparte malgré un oracle (II, 5, 10, p. 200 W.) ; Artabazos dissuade Xerxès de porter une seconde fois la guerre en Grèce (II, 5, 10, p. 202 W.) ; les Athéniens blessés, en Sicile, demandent à leurs compagnons, qui opèrent leur retraite, de les achever (II, 5, 8, p. 198 W.) ; Démade déconseille aux Athéniens de faire défection pendant qu'Alexandre est dans l'Inde (II, 27, 10, p. 296 W.).
Plus rarement, les sophistes traitaient des sujets de controverses comme la défense de l'adultère pris en flagrant délit (I, 25, 25, p. 132 W.) ou comme le suivant : Une loi ordonne de mettre à mort l'auteur d'une sédition et de récompenser celui qui y a mis fin. Le même homme, qui est l'auteur d'une sédition et qui l'a fait cesser demande sa récompense (I, 26, 2, p. 136 W.).
[17] Sur l'opposition entre νόμος
et φύσις (PHILOSTR., p. 258
K., p. 337 WEST.) ; πάν τό
άποχρών
μεσότητι
ώρισται, sujet traité par Hérode (II,
I, 20, p. 160 W.) ; περί
τής τών
σοφιστών
τέχνης ώς
πολλή καί
ποικίλη (I, 24, 2, p. 102 W.).
[18] PHILOSTR., I, 25, 14 (p. 120 W.) ; II, 14
(p, 242 W.) ; I, 25, 9 (p. 114 W.).
[19] I, 25, 9 (p. 114 W.) ; II, 5, 4 (p.
194 W.).
[20] I, 25, 22 (p. 128 W.).
[21] II, 27, 10 (p. 294 W.).
[22] I, 25, 24 (p. 130 W.) ; on louait, chez Polémon, τό Δημοσθενικός τής γνώμης ; I, 25, 17 (p, 124 W.) : Hérode comparé à Démosthène ; II, 1, 35 (p. 178 W.) : Hérode est appelé l'un des Dix orateurs.
[23] Cf. surtout PHILOSTR., I, 25, 15 (p. 120 W.) : Polémon.
[24] PHILOSTR., I, 20, 3 (p. 68 W.) ; II, 28 (p.
296 W.).
[25] PHILOSTR., I, 25, 22 (p. 130 W.) : Polémon se moque du sophiste qui achète des saucisses et des sardines et se demande comment il peut, en mangeant des mets aussi vulgaires, τό Δυρείον καί Ξέρξου φρόνημα καλώς ώτοκρίνεσθαι.
[26] Cf. PHILOSTR., I, 25, 15 (p. 120 W.) ; II, 15, 1 (p. 244 W.), qui emploie à deux reprises le terme σκηνή de pour caractériser la manière de Polémon.
[27] PHILOSTR., II, 10, 4 (p. 226 W.).
[28] II, 10, 7 (p. 230 W.) (Marc-Aurèle) ; II, 32, 2 (). 308 W. (Caracalla).
[29] II, 20. 2 (p. 254 W.).
[30]
PHILOSTR., I,
25, 2 ; II, 2 et 3, etc. (pp.
108, 190 W.).
[31] PHILOSTR., I, 25, 6 (p. 112 W.).
[32] PHILOSTR, II, 10, 2 (p. 224 W.).
[33] LIBAN., III, 17 (p. 273 FOERSTER).
[34] PHILOSTR., II, 15 35 (p. 178 W.) (Hérode) ; II, 27, 6 (p. 290 W.). (Hippodromos).
[35] PHILOSTR., I, 25, 22, (p. 128 W.) : άγωνιΰς ώς μελετάν μέλλων, dit Polémon à un gladiateur suant de peur.
[36] PHILOSTR., I, 25, 15 (p. 120 W.).
[37] PHILOSTR., I, 21, 13 (p. 86 W.) ; I, 26, 1
(p. 136 W.) ; II, 1, (p. 178 W.).
[38] II, 1, 34 (p. 178 W.). Sur
Tauros, cf. aussi SUIDAS,
s. v. Il est cité dans de nombreux passages d'Aulu-Gelle, qui fut son disciple.
Cf. surtout GELL., I, 26, 3 ; VII, 10 ; XII, 5, 5 ; XVIII, 10. CHRIST-SCHMID, II6, p. 840.
[39] PHILOSTR., I, 26 (p. 136 W.), RE, IIa, p. 992, n°
16.
[40] I, 26, 1.
[41] HESIOD., Erga, 25 : Hérode substitua 'ρήτορι à τέκτονι.
[42] Sur Secundus, cf. aussi SUIDAS, s. v., qui cite ses μελέτας 'ρητορικάς et le confond avec Pline.
[43] Cf. BŒCKH, CIG, I, 399, 400.
[44] PHILOSTR., II, 1, 36. (p. 180 W.). Philostrate dit en Paeonie, par une erreur fréquente à cette époque. Inutile donc de corriger Παιονία en Παννονία, comme l'a proposé SCHULTESS, p. 27. Cf. à ce sujet MÜNSCHER, p. 925 et les textes cités par lui.
[45] Cf. notre Chronologie, p. 122, n° 79.
[46] Nous possédons, il est vrai, une liste d'éphèbes de 117/8 (IG, III, 1105) et le nom d'Hérode n'y figure pas. Mais il ne s'agit pas là d'un catalogue officiel : c'est une liste partielle des amis de l'éphèbe qui l'a fait graver. Pour la date, cf. notre Chronologie, p. 124, n° 84 (cf. pp. 116 sqq.). L'archonte appartient à une série dont la chronologie a été contestée par KOLBE, AM, XXXXVI, 1921, pp. 117 sqq. Mais cf. notre Album, pp. 2 sqq. Aux raisons que nous avons données de maintenir les dates proposées par Dürrbach et par nous, on peut encore ajouter que la liste en question est précédée de Καίσαρος νείκης : cette allusion à une victoire s'explique très bien en 117/18, année où il fallut réprimer un soulèvement en Pannonie mais non en 118/19, surtout que les listes de ce genre étaient gravées à la fin de l'année attique ; celle-ci serait d'environ juin 119, si l'on suit la chronologie de Kolbe, c'est-à-dire d'une année où il n'y eut pas de guerre.
[47] Inschr. von Pergamon, II, 274 ; LAFOSCADE, De epistulis imper. Romanorum græce scriptis, Insulis, 1892, n° 17.
[48] W. WEBER, Untersuchungen zur Geschichte des Kaisers Hadrianus, p. 59 et n. 214, ne parait pas connaître le texte de Philostrate. S'il l'avait connu, il aurait hésité supposer (p. 60) sans apporter la moindre preuve, qu'Hadrien passa l'hiver en Bithynie. Si cette hypothèse était exacte, il serait impossible d'expliquer pourquoi Hérode se rend en Pannonie et non en Bithynie. Il vaut mieux admettre qu'Hadrien a continué sa route avec ses troupes. En tous cas, il est sûr qu'il arriva à Rome en 118, sans doute le 9 juillet (WEBER, o. l., pp. 81 sqq.). D'autre part, on ne voit pas à quelle occasion l'ambassade aurait pu être envoyée en Pannonie lors du second passage de l'empereur par ce pays. L'hésitation (SCHULTESS, p. 27, n. 11) entre ces deux dates n'est donc pas permise, comme l'avait déjà vu MÜNSCHER, o. l., p. 925, d'autant moins que ce n'est pas en 121/2 (DÜRR, Die Reiser des Kaisers Hadrian, p. 25), semble-t-il, mais seulement en 124 qu'Hadrien revint en Pannonie (WEBER, p. 153), c'est-à-dire l'année même où il viendra pour la première fois, comme empereur, séjourner à Athènes (WEBER, pp. 159 sqq.). Si c'est bien comme éphèbe qu'Hérode été envoyé en Pannonie, on n'en peut toutefois rien déduire de précis concernant la date de sa naissance : il n'y avait plus, semble-t-il, d'âge fixe pour l'entrée dans l'éphébie, à cette époque. (Cf. notre Chronologie, pp. 17 sq.). Toutefois, il est certain qu'Hérode ne pouvait alors avoir moins de 16 à 17 ans.
[49] PHILOSTR., II, 1, 36 (p. 180 W.).
[50] PHILOSTR., II, 26, 3 (p. 280 W.).
[51] PHILOSTR., I, 21, 13 (p. 86 W.).
[52] SCHULTESS, p. 4 ; MÜNSCHER, p. 925 ; Sur Scopélianos, cf. BOULANGER, o.
l., pp. 85 sqq.
[53] I, 25, 13 (p. 118 W.).
[54] I, 21, 13 (p. 86 W.). La somme de 500 talents a paru si forte que VALCKENAER, suivi par WRIGHT, a proposé de lire 50.
[55] I, 21, 2 (p. 72 W.).
[56] I, 21, 12 (p. 84 W.).
[57] I, 21, 9 (p. 82 W.).
[58] I, 21, 1 (p. 72 W.).
[59] I, 21, 9 et 11 (p. 82 W.).
[60] I, 21, 10 (p. 82 W.).
[61] PHILOSTR., I, 21, 8 (p. 80 W.).
[62] PHILOSTR., I, 21, 8. — Sur Scopélianos, cf. DORNSEIFF, RE, III A, pp. 580 sq. BOULANGER, o. l., pp. 85 sqq.
[63] PHILOSTR., I, 8, 4. (p. 26 W.). Le nom de cet esclave n'est pas Autolykos (MÜNCHHER, p. 926 1. 45) : le texte donne Αύτοληκύθου. Sur Favorinus, cf. W. SCHMID, RE, V, pp. 2078 sqq. et la bibliographie qui est citée dans cet article.
[64] PHILOSTR., I, 8, 7 (p. 28 W.).
[65] PHILOSTR., I, 8, 7 (p. 28 W.).
[66] PHILOSTR., II, 1, 35 (p. 178 W.). Cf. aussi
LIBAN., Or., IV, 7, (p. 289 FOERSTER).
[67] NORDEN, Die Antike Kunstprosa3, pp. 297, 422
sqq., 919 ; SONNY, Analect. ad Dion. Chrysost., pp. 211 sq. ;
[68] ISID., Orig., IX, 4, 12.
[69] GELL., Noct. Att., I, 2, 6.
[70] FRONTON., ad. M. Cæsar., III, p. 41 (NABER) : scio ilium (Hérode) quidem in avi mei P. Calvisii dama eruditum. Le dernier mot ne doit pas être corrigé en educatum. (Cf. SCHULTESS, p. 26, n. 9 ; RE, III, p. 1413, n° 19) comme le veulent NABER et HAINE.
[71] PIR, II, p. 27, n 158 ; RE, V, p. 1518, n° 105 ; J. SCHWENDEMANN, Der historische Wert der Vita Marci bei den Scriptores historiæ Augustæ, Heidelberg, 1923, p. 2. Deux lettres grecques de Fronton (pp. 239-243 NABER) lui sont dressées.
[72] SCHULTESS, p. 4 ; MUNSCHER, p. 924.
[73] On peut même se demander si son échec n'est pas imputable au fait qu'il voulut s'exprimer dans une langue qui lui était moins familière que la grecque.
[74] SIG 3, 854.
[75] SIG 3, 854, n. 5.
[76] SCHULTESS, p. 5, adopte la manière de voir de Dittenberger, tandis qu'il émet des doutes, p. 27 n. 14 ; cf. aussi MONSCHER, p. 932. Si Hérode avait déjà été assez âgé quand on lui conféra ce titre, on aurait dû l'appeler plutôt, comme Hippodromos de Larissa, πατέρα τοΰ Έλληνικοΰ (PHILOSTR., II, 27, 5, p. 288W.), sur le sens de Έλληνικόν, cf. WRIGHT, Philostratus and Eunapius, p. 569.
[77]
C'est ce qu'on peut déduire de la découverte récente de l'hermès d'Hérode
Atticus à Corinthe. Cet hermès, d'après l'inscription, était érigé dans une
propriété du sophiste. Cf. A.
PHILADELPHEUS, BCH, XLIV, 1920 ? pp. 170 sqq.
[78] AJA, VII, 1903, p. 43, n° 21.
[79] SIG 3, 854, n. 8.
[80] C'est ce qu'avait vu déjà W. SCHMID, Berl. philol. Woch., 1904, p. 1553. Mais, à notre avis, il a eu tort de supposer que c'est comme capitale de la Grèce que Corinthe a décerné ce titre le texte ne dit rien de tel et il est douteux que le sénat d'une colonie romaine comme l'était Corinthe ait eu qualité pour parler au nom de la Grèce ; Schmid se trompe aussi, à notre avis, lorsqu'il croit que ce titre a été donné à Hérode en récompense de ses bienfaits envers les Grecs, ce qui suppose qu'il était déjà âgé.
[81] Κατά τό δόγμα τής Κορινθίων Βουλής Κοκκήιως Κησωρεϊνος. Rien n'autorise à croire que ce personnage ait été simplement l'épimélète chargé de veiller à l'érection de la statue.