Outre Claudia Alcia, dont il a été question plus haut, Atticus avait également une sœur aînée du nom de Claudia Athénaïs[1]. Elle nous est connue par une dédicace de l'Aréopage et de la Boulé des 600[2]. Cette dédicace est gravée sur le même marbre qu'une autre en l'honneur de Tib. Claudius Atticus Hérode[3]. Il est certain que ce personnage est le père d'Hérode Atticus et non le sophiste lui-même : la mention de la Boulé des 600 ne permet pas de faire descendre ce texte plus bas que 124/5 (ou 128/9 au plus tard), date où la Boulé fut réduite à 500 membres[4]. D'autre part, le personnage est qualifié de grand-prêtre des empereurs à vie, sacerdoce qu'Atticus détint, nous le verrons jusqu'à la fin du règne d'Hadrien. Si l'on a supposé qu'Athènes était la sœur aînée d'Atticus, c'est que sa statue était placée à gauche de la sienne, c'est-à-dire qu'elle occupait la place d'honneur sur la base commune[5]. Le nom complet d'Atticus était Tiberius Claudius Atticus Hérode[6] ; il est souvent abrégé en Tiberius Claudius Atticus[7], Claudius Atticus[8] ou plus simplement encore en Atticus[9]. Par suite de la condamnation de son père, Atticus en était
réduit à la pauvreté, lorsqu'une chance inespérée lui rendit fort à propos la
splendeur qu'il avait perdue. Voici comment Philostrate narre ce merveilleux
redressement[10]
: Quant au père d'Hérode, qui était tombé de la
richesse dans la pauvreté, la Fortune ne le méprisa pas mais elle lui fit
découvrir un trésor d'une valeur inestimable, dans une des maisons qu'il possédait[11] près du théâtre[12]. L'importance du trésor le rendit plus prudent que joyeux
et il écrivit à l'empereur une lettre ainsi conçue : J'ai trouvé, ô empereur, un trésor dans ma maison.
Qu'ordonnes-tu qu'on en fasse ? Et l'empereur
— c'était Nerva qui régnait alors — lui répondit :
Dispose de ce que tu as trouvé. Mais Atticus persistant dans sa prudente conduite et ayant
écrit que le trésor était trop considérable pour lui, l'empereur lui répondit
: Fais ce que bon te semble de ta
trouvaille car elle t'appartient. Les historiens qui se sont occupés d'Atticus ou de son fils ont accepté sans discussion le récit de Philostrate et admis que c'est au hasard seul que la famille du sophiste devait d'avoir recouvré une opulence qui semblait à jamais perdue[13]. Certains d'entre eux, inconsciemment choqués sans doute par le caractère romanesque du récit de Philostrate, ont seulement tenté de lui donner plus de vraisemblance en essayant d'expliquer la présence du trésor dans une maison appartenant à Atticus. Pour Visconti, il y aurait été caché, pendant les guerres civiles, par un riche Romain[14], supposition fort peu plausible, si on évoque l'exemple de Pomponius Atticus, le richissime ami de Cicéron et de Cornélius Nepos, qui ne chercha pas à enfouir sa fortune pour échapper aux incertitudes d'une époque fort troublée mais se contenta de venir s'installer confortablement à Athènes, aux moments les plus difficiles. Lanciani remonterait plus haut, jusqu'à l'époque de Xerxès : après Salamine, le roi des Perses aurait caché des sommes importantes dans une des crevasses de l'Acropole, dans l'espoir de revenir les prendre dans les circonstances plus favorables. Mais Lanciani oublie que l'armée perse restait intacte après Salamine et qu'à l'époque d'Atticus, il n'y avait plus de maisons particulières qui pussent exister, près du théâtre, sur le flanc sud de l'Acropole. Pour confirmer le récit de Philostrate, Maass a réuni les textes relatifs aux trésors et à l'habitude de cacher de l'argent pendant les guerres civiles[15]. Ce qui nous met en défiance dans cette anecdote, c'est peut-être moins la découverte du trésor que l'importance incroyable (άμύθητος) de la somme et surtout les circonstances dans lesquelles elle fut trouvée. Ce hasard qui rend si opportunément à Atticus une colossale fortune perdue peu de temps auparavant, fait vraiment trop bien les choses. Le sort a quelquefois de ces retours imprévus mais le rôle qu'on lui prête ici sent un peu trop le merveilleux. Ce n'est pas que nous suspections la bonne foi de Philostrate. Ses Vies des sophistes méritent toute notre confiance : nulle part, il n'a cherché à altérer de parti pris la vérité historique. Mais sa bonne foi a pu être surprise. Il a dû être trompé, nous allons essayer de le montrer, comme tous les contemporains d'Atticus, par une légende que celui-ci avait tout intérêt à accréditer. Qu'Atticus ait possédé dans sa maison un trésor aussi considérable, il n'y a pas lieu de le contester. Qu'il l'y ait réellement découvert, c'est ce dont il est permis de douter. En réalité, il devait connaître l'existence du prétendu trésor. Exposé plus que tout autre par son immense fortune à partager e sort de beaucoup de nobles romains coupables surtout d'un excès de richesse, Hipparchos dut, très probablement, essayer de se prémunir contre le danger qui le menaçait ou, tout au moins, d'assurer ne fût-ce qu'en partie à son fils la jouissance de biens dont il n'était pas sûr de pouvoir profiter lui-même en toute sécurité sous un Domitien. Il ne réussit pas a sauver ses propriétés foncières, tout au moins en Attique où elles furent vendues au profit du fisc. Elles étaient trop étendues pour pouvoir être aliénées dans de bonnes conditions et sans donner l'éveil : quand le fisc voulut en faire argent il fut obligé, nous l'avons vu, d'accorder des privilèges spéciaux aux acquéreurs. Mais il fut sans doute moins malaisé à Hipparchos de mettre sa fortune à l'abri dans la maison de son fils. Le procédé n'était pas sans danger mais Hipparchos n'avait pas le choix des moyens. Le fisc impitoyable avait prévu le cas où un accusé chercherait, par des aliénations fictives, a mettre ses biens en sûreté avant le prononcé du jugement[16]. Aussi Hipparchos avait-il dû renoncer à un expédient qui l'exposait à n'échapper au fisc que pour tomber victime de personnes interposées. Par contre, il ne pouvait ignorer que.les enfants des condamnés dont les biens étaient confisqués, n'étaient pas entièrement dépouillés mais conservaient une partie de leur fortune, variable suivant les empereurs[17]. La maison où fut trouvé le prétendu trésor était probablement celle qu'habitait Atticus lui-même ou devait, en tout cas, avoir été choisie de manière à avoir toutes les chances d'échapper au fisc, d'après la jurisprudence du temps relative aux biens des fils de condamnés[18]. Il ne restait plus à Atticus qu'à attendre la fin du règne de Domitien et l'avènement d'un prince moins avide, pour sortir de son apparente pauvreté et trouver un moyen d'expliquer le brusque revirement de la fortune. Étant donnée l'énormité de la somme prétendument découverte, il n'avait guère le choix. Prétendre qu'elle lui venait par héritage était sinon impossible du moins très périlleux et très onéreux. A supposer qu'il ait pu trouver un testateur fictif qui ait pu lui laisser une somme aussi considérable sans éveiller des doutes, il aurait eu à payer des droits de succession fort élevés[19]. Qui l'eût cru s'il avait prétendu avoir acquis dans des affaires une telle fortune, si peu de temps après la condamnation paternelle ? L'expédient qu'il dut choisir lui permettait, en cas de réussite, de reprendre immédiatement son rang, et il était beaucoup plus sûr, quoique non exempt de risques. Il n'eût guère été prudent de recourir sous le règne d'un Néron[20]. C'est à partir d'Hadrien seulement que la totalité d'un trésor appartint de droit à l'inventeur s'il l'avait trouvé dans une de ses propriétés[21]. Mais avant cet empereur, tout dépendait encore du bon plaisir du prince : le récit de Philostrate le montre suffisamment[22]. Aussi Atticus agit-il avec une prudence que Philostrate a eu soin de marquer à deux reprises dans son récit. Bien qu'ayant affaire à un Nerva, dont la probité et le désintéressement furent vite connus de tous, il commence par lui écrire d'une manière vague, qui ne permet pas de se rendre compte de l'importance du trésor, sans doute avec l'intention de n'en livrer, si possible, qu'une partie minime, s'il prenait fantaisie à Nerva d'agir comme un Néron. Ce n'est qu'après avoir reçu une réponse favorable, après qu'il eût été difficile sinon impossible à l'empereur de se dédire qu'Atticus lui écrit une seconde lettre sans réticence cette fois. Mais, objectera-t-on, pourquoi donnons-nous au récit de Philostrate, tout romanesque qu'il soit, une interprétation où l'hypothèse entre pour une large part ? C'est, encore une fois, que ce récit est vicié par une criante invraisemblance et que notre hypothèse, plus réaliste, sans rejeter le témoignage de Philostrate, lui restitue son vrai sens, en invoquant des textes de lois ou des usages que les intéressés ont dû utiliser pour échapper aux rigueurs du code pénal, avec une habilité qu'il serait injuste de qualifier de tout hellénique parce qu'elle est bien humaine. Redevenu riche, Atticus ne devait pas tarder à entrer au Sénat : sa fortune dépassait sûrement de beaucoup le cens sénatorial et les portes du Sénat s'ouvraient de plus en plus devant les provinciaux de marque, depuis l'époque ou Claude avait proposé admettre les Gaulois. On avait déjà conjecturé qu'Atticus avait dû entrer au Sénat avec rang prétorien, sous Nerva[23]. Cette hypothèse est devenue une réalité depuis que nous avons identifié avec notre personnage le Tib. Claudius Atticus, fils de Tib. Claudius Hipparchos, de la tribu Quirina, mentionné dans une dédicace de Corinthe[24]. Elle nous apprend qu'Atticus avait reçu, par sénatus-consulte, les ornamenta prætoria, autrement dit qu'il avait été assimilé aux anciens préteurs[25]. Cette haute distinction dut lui être conférée sous Nerva : on devait bien cette compensation au fils d'une victime de Domitien. D'ailleurs, il se pourrait bien qu'en 101 ou 102 déjà, Atticus ait été pontifex[26], sacerdoce qui suppose l'appartenance à l'ordre sénatorien[27]. Puis il devint deux fois consul[28], sans que nous sachions même approximativement, en quelle année car les deux fois il fut suffectus. C'était déjà beaucoup pour un homme nouveau, même aussi riche qu'Atticus. On a supposé que le premier de ces consulats se place sous Trajan, le second sous Hadrien : il est en tout cas évident que le premier doit avoir suivi d'assez près la collation du rang de prétorien, c'est-à-dire se placer vers le début du règne de Trajan[29]. D'après Suidas[30], Atticus aurait été aussi proconsul d'Asie : il semble que ce soit là une erreur : Philostrate, qui paraît avoir été la seule source de Suidas, ne dit rien de tel. Suidas, dont les erreurs sont nombreuses, doit avoir mal compris le passage de la vie d'Hérode où il est question, nous le dirons, du don magnifique que lui fit son père lorsqu'il était corrector des cités libres d'Asie[31]. Mais je ne vois pas pourquoi on refuse d'identifier avec notre Atticus l'ύπατικός Άττικός qui fit crucifier, sous Trajan, l'évêque de Jérusalem Syméon[32]. Même si la relation de ce martyre est peu digne de foi, il ne s'ensuit pas qu'il faille nécessairement suspecter le détail qui nous intéresse. Le surnom d'Atticus n'est pas rare mais, dans l'état de nos connaissances, on ne voit guère d'autre personnage, de rang sénatorien, qui le porte sous Trajan. La Judée, il est vrai, était d'ordinaire gouvernée par des prétoriens et non des consulaires. Si l'on ne veut pas supposer qu'il ait été dérogé à cette règle, on peut toujours prendre ύπατικός dans le sens de légat, même prétorien[33], comme on le faisait du temps d'Eusèbe auquel remontent nos renseignements sur Syméon et Atticus. Mais n'insistons pas sur cette question si controversée, d'autant moins qu'il n'est pas possible d'en tirer de précisions chronologiques concernant la carrière d'Atticus. Tout ce qu'on peut en déduire, c'est qu'Atticus dut peut-être gouverner la Judée en 104[34]. Chose assez étrange, Atticus ne semble avoir été ni archonte ni stratège des hoplites, à Athènes. Pourquoi pas été chargé de ces hautes fonctions que les empereurs eux-mêmes ne dédaignaient pas d'accepter ? Est-ce à cause de la condamnation de son père et de la défiance qu'elle pouvait faire naître vis-à-vis de son fils ? N'est-ce pas plutôt parce qu'Atticus avait été élevé d'emblée à la dignité de prétorien et qu'il était d'usage de passer d'abord par les honneurs municipaux avant de parvenir aux magistratures romaines ? Ce sont les deux seules hypothèses possibles[35] mais aucune des deux n'explique suffisamment pourquoi Atticus n'a été ni stratège ni archonte. A Rome, on ne lui faisait pas grief des aspirations, vraies ou prétendues, d'Hipparchos à la tyrannie, et les Athéniens en avaient été si peu émotionnés qu'ils n'avaient même pas songé à mettre le père d'Atticus en accusation autre part, nous le dirons plus loin, le petit-fils d'Atticus, Bradua, ne deviendra archonte qu'après avoir été consul. La seule fonction dont Atticus fut charge à Athènes fut un fonction sacerdotale, celle d'άρχιερεύς τών Σεβαστών, de grand-prêtre des empereurs à vie. Cette prêtrise est attestée par une série de bases de statues dont plusieurs érigées en 131/2, à Hadrien, dans l'Olympieion d'Athènes, lors de la consécration de ce temple, enfin achevé grâce à la générosité de l'empereur[36]. Par contre, Atticus exerça les fonctions de patronome éponyme à Sparte, vers l'année 134[37] : peut-être possédait-il déjà à cette époque, en Cynurie, dépendance de la Laconie, des propriétés nous trouverons plus tard aux mains de son fils[38]. Atticus dut se marier peu après la découverte du trésor. Hérode naquit en tout cas tout au début du IIe siècle, vers 101 : nous verrons qu'il mourut à l'âge de 76 ans, qu'il était encore en vie en 176, qu'il fut archonte dès 126/7 et préteur en 132 ou 134, magistrature qui exigeait au moins trente ans. Atticus avait épousé Vibullia Alcia[39] ; elle appartenait à une grande famille du dème de Marathon, qui donna deux archontes à Athènes au cours du IIe siècle de notre ère[40]. D 'après son nom, Dittenberger a supposé qu'elle était fille d'un Vibullius Rufus, connu pas une dédicace d'Olympie, et de Claudia Alcia, fille d'Hipparchos : Atticus aurait donc épousé sa nièce. Cette supposition n'a pas perdu de sa vraisemblance depuis que nous savons que la condamnation d'Hipparchos doit être descendue jusqu'à la fin du règne de Domitien. Tout au plus faudrait-il dater d'un peu plus bas la naissance de Claudia Alcia et d'Atticus que Dittenberger proposait de placer respectivement entre 45-60 et 55-60. Encore n'est-ce pas bien sûr. Car si nous savons en outre maintenant qu'Atticus vivait encore vers 134, comme il a été dit plus haut, rien n'empêche d'admettre que son existence s'est prolongée jusqu'à 80 ans environ, son fils étant mort lui-même à un âge assez avancé, à 76 ans[41].
Les personnages pour lesquels nous ne fournissons pas de références sont ceux que nous étudions dans le présent travail. — Il faut semble-t-il, également rattacher à cette famille, l'agonothète Vibullius Polydeukès sous lequel une statue fut érigée à Vibullius Polydeukion (IG, III, 810, add., p. 505) : nous dirons plus loin qu'on ne peut déterminer le degré de parenté qui l'unissait sans doute à Polydeukion car nous ignorons sa filiation. Au dire de Philostrate, la fortune que Vibullia Alcia apporta en dot n'était pas de beaucoup inférieure à celle de son époux[42]. Atticus ne fut pas avare de ses immenses richesses. Il en fit profiter non seulement ses concitoyens mais aussi les Grecs de diverses cités d'Europe ou d'Asie, avec une munificence vraiment royale que son fils réussira toutefois à dépasser. Sa fortune permettait à Atticus un luxe de la table proverbial même à Rome, ce qui n'est pas peu dire. Juvénal le cite même en exemple, tout en trouvant cette somptuosité toute naturelle chez un homme aussi riche[43]. Il lui arrivait souvent, dit Philostrate, de sacrifier, en un seul jour, cent bœufs à Athéna et de faire bénéficier de cette hécatombe le peuple athénien tout entier par tribus et génè[44]. C'est vraisemblablement à l'occasion de ces repas sacrés ou en remerciement de libéralités de ce genre que toutes les tribus votèrent des décrets honorifiques en l'honneur d'Atticus et de Vibullia Alcia : nous avons conservé celui de la tribu Aiantis[45], — il leur décerne une couronne d'or et des statues — et nous possédons les bases des statues qu'érigèrent les tribus Kékropis, Ptolémaïs, Oinéïs et Antiochis à Atticus[46], et Pandionis à Vibullia Alcia[47]. Et l'on ne s'étonne pas de voir les Athéniens réserver à Atticus et à femme, des sièges d'honneur au théâtre de Dionysos[48]. Aux Grandes Dionysies, lorsque l'on transportait la statue de Dionysos à l'Académie, le père d'Hérode ne manquait jamais de faire offrir du vin à tous ses concitoyens et à tous les étrangers étendus, au Céramique, sur des couches de lierre[49]. Pourquoi cette distribution de vin ? C'est évidemment parce qu'il s'agit d'une fête de Dionysos. Mais Atticus n'avait-il pas une raison spéciale de choisir cette fête pour régaler les assistants ? N'aurait-il pas été, comme le sera plus tard son fils, prêtre des Iobakchoi, association religieuse où le ίερεύς était tenu d'offrir du vin aux membres de cette société, précisément le jour des Grandes Dionysies ? Si cette hypothèse était exacte, on comprendrait mieux pourquoi, vers 162, le prêtre de ces Iobakchoi, Aurelius Nicomachos, se démet de ses fonctions en faveur d'Hérode[50]. Atticus ne limita pas ses faveurs à sa ville natale. Lorsque son fils était corrector des cités libres d'Asie[51], dont il était chargé de réformer la constitution ou l'administration, la ville d'Alexandria Troas manquait d'eau. Hérode écrivit à l'empereur Hadrien pour lui demander 3.000.000 de drachmes[52], somme qu'il avait sans doute jugée suffisante pour amener l'eau dans cette cité. Hadrien la lui accorda et le chargea en outre de veiller à l'exécution des travaux. Hérode fit si bien les choses que le crédit alloué par l'empereur fut de beaucoup dépassé : lorsque les dépenses eurent atteint 7.000.000 de drachmes, le gouverneur de la province d'Asie, le futur empereur Antonin le Pieux, nous le dirons plus loin, écrivit à Hadrien et accusa Hérode de gaspiller les revenus de 500 cités pour fournir de l'eau à une seule. L'empereur s'en plaignit Atticus : Ne te fâche pas pour des bagatelles, lui répondit le père d'Hérode. Tout ce qui dépasse les 3.000.000 de drachmes, j'en fais cadeau à mon fils et lui à la cité[53]. Aujourd'hui encore, on peut suivre dans la forêt d'Eski-Stamboul, les ruines des piliers de l'aqueduc qui se dirigeait vers l'est pour aller chercher l'eau du mont Ida[54]. L'aqueduc d'Hérode aboutissait à une exèdre-fontaine assez semblable à celle qu'il construira plus tard à ses frais, dans l'Altis d'Olympie. Cette exèdre, de plan quadrangulaire à l'extérieur, n'avait pas moins de 17m 05 de longueur à la façade sur 8m 32 de profondeur. A l'intérieur, elle présentait à peu près forme d'un demi-cercle, avec, sur le pourtour, sept niches voûtées, où venaient se déverser les eaux de l'aqueduc. Le tout était recouvert d'une demi-coupole aujourd'hui détruite. Il subsiste des traces des revêtements de marbre qui ornaient primitivement les murs de l'édifice. Au nord de celui-ci on a reconnu les ruines d'un vaste monument qu'on avait pris d'abord pour un gymnase mais qui doit sûrement être identifié avec des bains apparentés à ceux d'Assos et d'Éphèse, et qui constituent un type de transition entre les édifices grecs du genre et les thermes proprement romains. Ces bains d'Alexandria Troas formaient un vaste quadrilatère de 128m 30 à la façade sur 82m 30 de profondeur. Ils ne comportaient pas moins de 24 pièces ou salles, voûtées sinon toutes, du moins en partie, de berceaux ou de voûtes d'arêtes. Les murs, construits en calcaire coquillier, en tuf volcanique et en blocs de lave, disparaissaient sous un revêtement de marbres variés ; des mosaïques de pierre formaient le pavement, d'autres, de verre, couvraient les voûtes maintenant détruites. A l'ouest, une entrée monumentale devait comporter un portique à colonnes de marbre qui ont toutes disparu. Ces bains somptueux furent-ils, eux aussi, dus à la générosité du père d'Hérode ? Les textes ne le disent pas et l'éditeur, Koldewey, ne l'affirme pas et ne rappelle même pas le passage de Philostrate qui attribue l'aqueduc à Atticus. Koldewey a toutefois relevé les ressemblances qui existent, dans la construction et dans l'ornementation, avec des édifices comme l'Odéon d'Hérode à Athènes et comme son exèdre d'Olympie. Mais, vu le silence des textes, nous devons sans doute nous borner à conclure que ces ressemblances ne prouvent qu'une chose, c'est que ces édifices sont à peu près contemporains. Alexandria Troas n'est pas la seule ville grecque qui ait bénéficié de la générosité d'Atticus. Une base trouvée près des Propylées d'Athènes supportait jadis la statue érigée au père érode par la ville de Gythion[55] : la dédicace le qualifie de κηδεμόνα τοΰ έθνους, d'où l'on a déduit à tort qu'Atticus était alors proconsul d'Achaïe ou corrector des cités libres de la province[56]. Il existe, pour ces titres, des termes techniques précis qu'on n'eût pas manqué d'employer si Atticus avait réellement été revêtu de ces hautes fonctions. Il vaut mieux croire que έθνος désigne les Éleuthérolakônès[57], bien que l'épithète de protecteur de la race grecque, conviendrait mieux au bienfaiteur de nombreuses cités helléniques, telle Mégare, qui lui éleva elle aussi, une statue pour ses bienfaits[58]. Le κοινόν des Grecs qui se réunissaient à Platées lui rendra le même honneur, à Thèbes, en reconnaissance sans doute de services qu'il lui avait rendus[59]. Pour en revenir à la dédicace de Gythion, elle qualifie encore Atticus de sauveur et de fondateur. Ce ne sont pas là de vains éloges : nous conservons une série de lettres, malheureusement très mutilées, d'un proconsul d'Achaïe, Sacerdos, qui ont trait à une donation faite par Atticus à la cité de Gythion[60]. Atticus a dû probablement la tirer d'une situation financière difficile ; ce fut sans doute vers l'époque où il était patronome à Sparte, en tout cas pas avant Hadrien, dont le nom figure dans l'une des lettres. Atticus ne se contenta pas d'être généreux de son vivant. En mourant, il institua tous les Athéniens ses héritiers en laissant à chacun d'eux une rente annuelle d'une mine. Cette munificence plus que royale et sans précédent dans l'histoire, ne fut pas, il est vrai, spontanée : l'idée lui en fut suggérée par ses affranchis ; ils voulaient se faire bien voir odes Athéniens tout en se vengeant d'Hérode qui les traitait fort mal[61]. N'insistons pas pour l'instant sur cette donation unique en son genre. Nous aurons l'occasion d'en faire ressortir toute l'ampleur et d'en étudier plus utilement les conséquences en la replaçant dans la carrière d'Hérode dont elle marque une des étapes les plus orageuses[62]. Contentons-nous, pour en finir avec Atticus, d'essayer préciser l'époque de sa mort. Atticus, nous l'avons dit plus haut, était encore patronome Sparte vers 134. C'est le dernier événement de sa carrière qui nous soit connu. Mais mourut-il sous Hadrien ? Et est-il vrai que son fils lui succéda comme άρχιερεύς τών Σεβαστών sous cet empereur déjà ? Les textes sur lesquels on se fonde pour le prétendre[63] ne disent rien de tel ou ne sont pas probants. C'est par erreur qu'on invoque la dédicace IG, III, 736, où il n'est nullement question de cette fonction, et le catalogue éphébique IG, III, 1132, qui est du règne de Marc-Aurèle[64]. Reste la base d'une statue à Hadrien datée de la prêtrise de Claudius Hérode[65]. Mais celle-ci rentre dans une série de dédicaces contemporaines de la consécration de l'Olympieion et qui toutes portent le nom du ίερεύς Κλ. Άττικός, est-à-dire du père d'Hérode. Il est évident que la base en question est de la même année et que le prêtre dont il y est question est également Atticus : son nom était le même que celui de son fils et il a été abrégé en Claudius Hérode au lieu de l'être, comme d'habitude, en Claudius Atticus[66]. D'ailleurs, il est certain qu'Hérode n'a pas succédé immédiatement à son père comme άρχιερεύς τών Σεβαστών. Ce sacerdoce n'était pas héréditaire dans la famille : nous l'avons montré plus haut, lorsque nous avons fait observer qu'entre Polycharmos et Hipparchos, il faut placer un grand-prêtre du culte impérial qui n'appartenait pas à la même famille. De même, entre Atticus et son fils, il faut intercaler, dans la liste des άρχιερεΐς, Statius Quadratus : son nom sert à dater la base d'une statue érigée à Hadrien déjà mort (il est qualifié de Θεός) et qui a dû être élevée peu après 138 car les empereurs défunts étaient vite oubliés[67]. D'ailleurs ce Quadratus pourrait être le même que le consul de 142[68]. C'est lui, en tout cas, qui élevait, vers 131/2, une statue à Hadrien dans l'Olympieion[69]. Il semble avoir été le père de L. Statius Aquila, éphèbe en 142/3[70]. Il est donc légitime de croire que c'est lui qui a succédé à Atticus, d'autant plus que le titre d'άρχιερεύς n'apparaît, pour Hérode Atticus, que dans un document datant de 165/6[71]. D'autre part, nous estimons qu'Atticus dut mourir avant la fin du règne d'Hadrien : lorsque nous reviendrons sur son testament, nous essaierons de montrer qu'il fut l'occasion de mesures prises par cet empereur concernant les fidéicommis. Outre Hérode, Atticus n'avait eu qu'un fils, plus jeune[72], Tib. Claudius Atticus Hérodianus : il ne nous est connu que par la dédicace de la statue que lui érigea la ville d'Ioulis de Kéos[73]. L'extrême rareté des documents qui le concernent à fait supposer qu'il mourut encore jeune ; il résulte d'ailleurs clairement du texte de Philostrate relatif au testament d'Atticus que celui-ci ne laissa pas d'autre héritier qu'Hérode. Ainsi celui-ci put seul hériter de l'immense fortune paternelle. Quant à la mère d'Hérode Vibullia Alcia, elle survécut à son mari : c'est ce qu'on peut déduire des deux bases de statues[74] qu'elle éleva à Polydeukion, jeune homme qu'Hérode aima comme un fils et auquel il érigea lui-même nombre d'hermès, vers 150, comme il sera dit plus loin[75]. Mais si Hérode ne recueillit qu'assez tardivement la succession maternelle, il devait, peu de temps après la mort de son père, contracter, dans l'aristocratie romaine un mariage qu'il y a tout lieu de croire des plus riches. D'ailleurs, si c'était surtout à son père et à sa mère qu'Hérode devait ses immenses richesses, ce n'était pas là les seules sources de sa fortune. D'après Philostrate, ces sources étaient nombreuses et remontaient à de nombreuses familles[76]. Quelles étaient ces familles ? Nous l'ignorons. Mais le texte de Philostrate autorise à croire que plusieurs héritages vinrent encore grossir une fortune déjà colossale. Et c'est ainsi qu'Hérode put continuer les traditions de munificence d'un père aussi fastueux que le sien et même les dépasser de fort loin. |
[1] PIR, I, p. 406, n° 854 ; RE, III, p. 39, n° 407. Pour Alcia, cf. supra.
[2] IG, III, 664.
[3] IG, III, 665.
[4] Sur cette question, cf. en dernier lieu W. KOLBE, AM, XXXXVI, 1921, pp. 125 sqq, et GRAINDOR, Album, pp. 3 sqq. Sur cette question, cf. en dernier lieu W. KOLBE, AM, XXXXVI, 1921, pp. 125 sqq, et GRAINDOR, Album, pp. 3 sqq.
[5] DITTENBERGER, IG, III, 664. Pour la place d'honneur, cf. DITTENBERGER, Olympia, V, p. 633, n° 623.
[6] IG, 665, 669-674 ; IG, 112, 1074 (cf. notre Album, p. 35. n° 47). Pour la vie d'Atticus, cf. GROAG, RE, III, p. 2677, n° 71 ; PIR, I, p. 351, n° 654 ; MÜNSCHER, l. l., p. 923.
[7] IG, VII, 88, 288, 2509 (= SIG3, 854, n. 7), 1147. A restituer aussi dans Έφ. άρχ., 1896, p. 47, n° 40, au lieu de [Τιβ. Κλ. Ήρώδης Άτ]τικόν, qui ne se encontre pas ailleurs.
[8] IG, III, 476, 485 (?), 668 ; IG, V, 1, 287 ; Έφ. άρχ., 1889, p. 63, n° 9 ; BCH, XXXVIII, p. 351, n° 1.
[9] IG, V, 1, 32, 62 ; IG, III, 310.
[10] PHILOSTR., II, 1, 3, (p. 140 W.) ; ZONAR., XI, 20 ; SUID., s. v. Ήρώδης et SCOL. ARIST., III, p. 739 (DINDORF) attribuent à tort la découverte du trésor à Hérode. Il semble en être de même de LIBAN., Or., IV, 7 (p. 289 FŒRSTER) : Ήρώδης ό Άθηναΐος, ό τώ θησαυρώ πλούσιος.
[11] WRIGHT, p. 141, traduit έκέκτητο par he had acquired, alors que ce temps ne peut signifier que possédait. S'il s'agissait d'une maison acquise par Atticus, l'hypothèse que nous allons émettre sur la prétendue découverte du trésor, ne tiendrait plus. Mais inutile d'insister sur ce qui n'est qu'un simple contresens.
[12] C'est-à-dire dans le quartier de Kollytos, le plus estimé d'Athènes. Cf. PLUT., de exil., 6 (avec le commentaire de WACHSMUTH, Die Stadt Athen, I, p. 684, n. 1). Sur l'emplacement probable de ce dème, au sud-est de l'Acropole, cf. JUDEICH, Topographie von Athen, p. 157, n. 5.
[13]
Seul MÜNSCHER,
p. 923, a émis en passant et sans l'appuyer d'arguments, un doute sur la
réalité de la découverte du trésor. Nous ne faisons que reprendre et préciser ici
l'hypothèse que nous avons développée dans nos Marbres et textes, pp. 81
sqq. Elle a été acceptée par
M. ROSTOVTZEFF, The social and economic history of the Roman Empire,
[14] VISCONTI, Opere varie, I, pp. 241
sqq. ; LANCIANI, Pagan and Christian Rome, I, p. 289. Cf. Nuova Antol.,
LXVI, 1896, p. 26.
[15] MAASS, Orpheus, p. 34, n. 22.
[16] PAUL., fig. 45 ; Dig., XLIX, 14,
45 (LENEL, Palingenesia, I, p. 1179).
[17] Cf. les textes réunis dans DAREMBERG-SAGLIO-POTTIER, Dict. des Ant. gr. et rom., I, p. 1441 (Confiscatio).
[18] La légende du dadouque Kallias, qui aurait trouvé des trésors cachés par les Perses (RE, X, p. 1616) a peut-être inspiré le stratagème d'Atticus. Nous avons dit plus haut que le nom d'Elpinikè, qui était celui de la femme de Kallias et d'une des filles d'Hérode, semble indiquer que la famille d'Atticus, membre du γένος des Kérykés, comme Kallias, se considérait peut-être comme son descendant, du moins par la ligne féminine.
[19] Une Lex furia avait fixé les droits de succession à 5% (RE, VIII, p. 639 ; WILLEMS, Le droit public romain7, pp. 481, 496, 618, n. 10).
[20] Cf. TAC., Ann., XVI, 1.
[21] SPARTIAN., Vit Hadr., 18, 6, p. 19 (HOHL) ; JUSTIN., Inst.,
II, 1, 39.
[22] Pour la jurisprudence en matière de découverte de trésor, avant Hadrien, cf. BONFANTE, La vera data di un testo di Calpurnio Siculo e il concetto romano del tesoro, Mélanges P. Girard, I, pp. 123 sqq., qui semble d'ailleurs ignorer le texte de Philostrate.
[23] GROAG, RE, III, p. 2677.
[24] AJA, XXIII, 1919, p. 173, n° 1 ; CAGNAT, Année épigraphique, 1919, n° 8 ; GRAINDOR, Marbres et textes, pp. 86 sqq.
[25] Sur l'identité probable de la collation des ornamenta prætoria et de l'adlectio inter prætorios, cf. WILLEMS, Le Sénat de la République romaine, I2, pp. 627-638 ; Le droit public romain, pp. 396, n. 2 ; 442, n. 10. Pour l'octroi de cette distinction par le Sénat, cf. WILLEMS, Le Sénat..., I2, pp. 637, n. 8 ; BLOCH, De decretis functorum magistratuum ornamentis, Paris, 1883, pp. 46 sqq.
[26] RE, suppl. I, p. 317, n° 71 et 31a ; VON DOMASZEWSKI, Abhandl. zur röm. Religion, pp. 183 sqq. ; GROAG, Studien zur Kaisergeschichte, Wiener Studien, XL, pp. 9 sqq.— Cf. CIL, VI, 32445, liste de kalatores pontificum, de 101 ou de 102, où figure un Ti. Claudius D[iotim]us. On sait que les kalatores des pontifes étaient choisis parmi leurs affranchis. D[iotim]us pourrait être un de ceux d'Atticus. Mais ce n'est pas absolument sûr : deux autres personnages de rang sénatorien de cette époque, Ti. Claudius Marcellinus et Ti. Claudius Sacerdos Julianus pourraient également avoir été son patron.
[27] WISSOWA, Religion und Kultus der Römer2, p. 492.
[28] PHILOSTR., II, 1, 1, (p. 138 W.) ; SUID., s. v. Ήρώδης ; Prolegom.
in ARIST., III, p. 739 (DINDORF) ; IG, VII, 88.
[29] PIR, I, 352, n° 654 ; RE, III, p. 2677 ; LIEBENAM, Fasti
consulares imperii Romani, p. 65 ; BR. STECH, Senatores Romani qui fuerint
Inde a Vespasiano usque ad Traiani exitum, Klio, Beiheft X, 1912, p. 94, n°
1329, p. 103, n° 1523 ; G. LULLY, De senatorum Romanorum patria, Rome,
1918, p. 200, n° 1328.
[30] SUID., Ήρώδης.
[31] PHILOSTR., II, 1, 4. (p. 142 W). Cf. CHAPOT, o. l., p. 308 qui trouve le proconsulat d'Atticus très suspect, et VAGLIERI, Dizion. epigraf., I, p. 718, qui le range, avec doute, parmi les proconsuls d'Asie.
[32] HEGESIPP., ap. EUSEB., Hist. ecclés., III, 32, 3,
6 ; Chron. Pasc., p. 471 (
[33]
Cf. J. MARQUARDT,
Organisation de l'Empire romain, II, p. 369, n. 8. G. A. BARRER, Studies in the history of the
Roman
[34] Le texte, d'ailleurs corrompu, des Act. Ign., l. l., donne comme date le cinquième année de Trajan (la 9e, d'après le cod. Oxon.) et les noms des consuls de 104.
[35] On ne peut supposer, avec SCHULTESS, o. l., p. 3, qu'Atticus n'occupa pas de fonctions importantes à Athènes parce qu'elles étaient tirées au sort. Sous l'Empire, ce sont les membres de quelques grandes familles qui se partagent l'honneur, d'ailleurs coûteux, de fournir à la cité ses plus hauts magistrats et il ne parait pas douteux qu'archontes et stratèges fussent alors élus. Cf. à ce sujet nos remarques, Chronologie, p. 13.
[36] IG, III, 476, 478, 485, 668, 669-673 ; IG, VII, 2509 ; BCH, XXXVIII,1914, p. 351, n° 1 ; Έφ. άρχ., 1894, p. 206, n° 30 (= SIG3, 854) ; 1889, p. 63, n° 9. — Pour la date, cf. W. WEBER, Untersuchungen zur Geschichte des Kaisers Hadrianus, Leipzig, 1907, p. 262.
[37] IG, V, 1, 32, 62, 287, 288, 677. KOLBE, Ibid., indices, p. 342, ne propose pas de date : mais Atticus est le 9e patronome qui suit Hadrien (125 d'après K.). Cf. aussi BSA, XIII, p. 202 (avec rectification de date p. 208) ; XIV, p. 94.
[38] Cf. Άθηνά, 1906, p. 439.
[39] Son nom complet était Vibullia Alcia Agrippine, fille de Rufus. Il nous est donné par une dédicace d'Olympie (Olymp., V, p. 630, n° 621) qui ajoute qu'elle était femme d'Atticus et mère d'Hérode. Cf. aussi IG, III, 3 (= IG, II2, 1073), 1074 (Album, p. 35, n° 47, pl. XXXVII) et 674. Dans PIR, III, p. 431, n° 425, on en fait encore la femme d'Hérode.
[40] L. Vibullius Hipparchos (117/8) et P. Aelius Vibullius Rufus (155/6). Cf. notre Chronologie, pp. 116 sqq., 156 sqq. et notre Album, pp. 2 sqq, où nous répondons aux critiques que KOLBE a faites (AM, XLVI, 1921, pp. 108 sqq.) de notre chronologie des archontes du IIe siècle.
[41] DITTENBERGER, Olympia, V, p. 631, a dressé la généalogie de la famille. Elle doit être modifiée d'après les observations de FOUCART, Rev. de Phil., XXV, 1901, p. 90 (contestées à tort par MÜNSCHER, l. l., p. 935) et les dédicaces que nous avons publiées RA, 1917, VI, p. 23, n° 12 et BCH, XXXVIII, 1914, p. 365, n° 5.
[42] PHILOSTR., II, 1, 3 (p. 142 W.)
[43] JUV., Sat., XI, I, : Atticus, eximie si cenat, lautus habetur (cf. PIR, I, p. 52). Il ne parait pas douteux que cet Atticus doive être identifié avec le père d'Hérode. Juvénal était son contemporain et l'on ne connaît pas, à cette époque, de personnage de ce nom possédant une fortune comparable à celle de notre Atticus.
[44] PHILOSTR., II, 1, 5 (p. 144 W.)
[45] IG, III, 3 = IG, II2, 1073. Cf. notre Album,
p. 35, pl. XXXVII, n° 47.
[46] IG, III, 669-673 (add. p. 499).
[47] IG, III, 674 (trouvée au même endroit que 669-671).
[48] IG, III, 310 : Άττικοΰ ; 342 : Άλκίας κα[τ]ά ψήφισμα [καί καθ' ύτομνήματι]ζμ[όν ?]. Cf. KEIL, Philol., XXIII, p. 622.
[49] PHILOSTR., II, 1, 5. (p. 144 W.). Philostrate dit que c'était aux Dionysies : il ne peut être question que des Grandes, seule fête où l'on transportait la statue de Dionysos à l'Académie.
[50] SIG3, 1109. On nous dit que le ίερεύς Nikomachos est resté άνθιερεύς pendant 17 ans et prêtre pendant 23 ans, c'est-à-dire qu'il a dû entrer en fonction vers 139, si l'on admet que le règlement des Ίοβακχοι date de 162/3 environ (Cf. notre Chronologie, p. 179 n° 134). Il aurait donc pu prendre la place d'Atticus mort vers 138. Pour la date des libations que devait offrir le prêtre (10 Élaphèbolion), cf. 1119. Philostrate ajoute que les citoyens et les étrangers auxquels Atticus faisait distribuer le vin étaient étendus sur des couches de lierre, exactement comme les membres de l'association des Iobakchoi. Cf. SIG3, 1109, n. 36).
[51] Nous disons, pour la brièveté, corrector, au lieu de legatus Augusti ad corrigendum statum civitatium liberarum, titre un peu long mais le seul en usage à cette époque. Cf. l'article corrector de VON PREMERSTEIN, dans la RE, VI, pp. 1646 sqq.
[52] Nous interprétons drachmes, bien que Philostrate ne nous donne qu'un chiffre sans spécifier s'il s'agit de drachmes, de deniers ou de sesterces. Mais le doute n'est pas permis ; là où Philostrate précise, il s'agit de monnaies attiques, ainsi I, 21, 13 (p. 86 W. : Atticus donne 500 talents à son fils) et à propos du testament d'Atticus, II, 1, 5 et 6 (p. 142 W. : rente annuelle d'une mine à tous les Athéniens convertie en une somme de cinq mines une fois donnée). Il n'est pas douteux qu'il s'agit, dans ces passages, de talents d'argent sinon Philostrate n'aurait pas manqué de spécifier qu'il est question de talents d'or, comme il le fait II, 5, 8 (p. 198 W.), à propos d'un don vraiment royal qu'Hérode fait au sophiste Alexandre.
[53] PHILOSTR., II, 1, 4 (p. 142 W.). Dans une inscription fort mutilée d'Alexandria Troas, il semble qu'on lise encore le nom de Tib. Claudius Atticus (CIG, 3579. Omise dans IGR, IV).
[54]
Pour l'aqueduc et les bains d'Alexandria Troas, cf. les Ionian Antiquities,
des DILETTANTI,
II, pl. 54 ; TEXIER,
Description de l'Asie mineure, II, pl. 107 ; R. KOLDEWEY, Das Bad von Alexandria
Troas, AM, IX, 1884, pp. 36 sqq., pl. II-III ; HIRSCHFELD, RE, I, p. 1396 ; SCHULTESS, o.
l, p. 6 ; DURM, Die Baukunst der Griechen3, p. 497, fig. 440.
[55] IG, III, 668 add. p. 499.
[56] DITTENBERGER, Hermes, XIII, 1878, p. 77. — Le terme de κηδεμών n'existe pas dans l'ouvrage de MAGIE, De Romanorum iuris publici sacrique vocabulis solemnibus in Græcum sermonem conversis, Leipzig, 1905.
[57] PIR, I, p. 351, n° 654 ; RE, III, p. 2678. Les Éleuthérolakônès formaient un κοινόν, non un έθνος (cf. RE, s. v.) mais la même ville de Gythion applique précisément le même titre de κηδεμιόν τοΰ έθνους à C. Julius Euryklès, régent de Sparte (cf. RA, 1929, p. 85, 1. 21 ; je n'ai pas à ma disposition l'article de KOUGÉAS, Έλληνικά, I, 1928, pp. 7 sqq., où ce texte a été publié pour la première fois).
[58] IG, VII, 88 : ή βουλή καί ό δήμος | Τιβ. Κλαύδιον Άττικόν | ΰπατον. C'est tort que Dittenberger et Bœckh (CIG, 1077) pensent qu'il s'agit peut-être d'Hérode Atticus. Jamais on ne trouve son nom abrégé de la sorte (sans Ήρώδης) dans les inscriptions. La statue aurait été érigée après le premier consulat d'Atticus.
[59] IG, VII, 2509. Cf. SIG3, 845. n. 7.
[60] IG, V, 1, 1147. Aucune restitution certaine n'a encore été proposée pour le nom du proconsul dont il ne reste que κέρδωτκ. La dernière, celle de Kolbe, est invraisemblable : il est impossible que Tib. Claudius Sacerdos Julianus, consul suffect en 100, soit devenu proconsul d'une province prétorienne sous Hadrien. On ne peut non plus songer à C. Tineius Sacerdos, comme le voulait Foucart (LEBAS-FOUCART, Voyage, II, 243 d) : son surnom était Rufus (PIR, III, p. 321, n° 168). Quant à Q. Tineius Sacerdos, il est de date trop tardive, ayant été consul sous Commode (PIR, III, p. 322, n° 170), en 192 (C. r. Acad. Inscr., 1913, p. 494). Nous proposerions plutôt A. Tineius Sacerdos Clemens, le consul de 158 (PIR, III, p. 323, n° 172). Les lettres se placeraient alors tout à la fin du règne d'Hadrien.
[61] PHILOSTR., II, 1, 5 (p. 144 W).
[62] Nous avons d'ailleurs eu déjà l'occasion de nous occuper assez longuement de ce testament dans nos Marbres et textes, pp. 88 sqq.
[63] IG, III, 476, 736, 1132. Cf. MÜNSCHER, l. l., p. 927 qui cite à tort 478 au lieu de 476. A ces textes, il faut ajouter AM, VIII, 1883, p. 287 = SIG3, 856 (époque d'Antonin).
[64] Pour la date, cf. notre Chronologie, p. 162, n° 124.
[65] IG, III, 476.
[66] Une preuve certaine qu'Atticus et son fils étaient considérés comme homonymes c'est qu'Hérode, pendant son archontat, est qualifié de νε(ώτερος). Cf. IG, III, 69a, Cette épithète, nous l'avons montré d'une manière péremptoire (Chronologie, p. 69, n. 3) sert à distinguer non deux archontes homonymes mais deux contemporains du même nom. Ainsi l'archonte Kalliphron (n° 199 de notre Chronologie) est dit πρεσβύτερος, ce qui serait impossible à comprendre s'il s'agissait de l'opposer à un archonte de date postérieure. Cf. IG, III, 697 (le nom de l'archonte sert à dater la dédicace).
[67]
IG, III, 486. Ce qui montre combien les empereurs défunts étaient vite oubliés,
c'est qu'une statue d'Auguste fut transformée, à Athènes, en celle de Tibère. Cf. IG, III, 431 ; HULA, Jahresh.
oest. Inst., I, p. 28, n° 2 ; GRAINDOR, Athènes sous Auguste, p.
45.
[68] Nous ne voyons pas de raison suffisante de rejeter cette identification comme le font Dittenberger (IG, III, 486) et la PIR, III, p. 270, n° 640. Le prénom de ce personnage est inconnu mais il devait être le même que celui du consul, à en juger d'après celui de son fils présumé.
[69] JHS, IX, 1888, p. 127.
[70] IG, III, 1112, col. II, l. 35. Cf. notre Chronologie, p. 144, n° 106. Date contestée par KOLSE, AM, l. l., pp. 131 sqq. Mais cf. notre Album, pp. 6 sqq.
[71] IG, III, 1132.
[72]
C'est ce qui résulte clairement de son surnom dérivé de celui qu'Hérode devait
à ses ancêtres. Cf. RE,
III, p. 2678, n° 73 ; PIR, I, p. 360. n° 656 ; MÜNSCHER, l. l., p. 923 ; DITTENBERGER, Hermes,
XIII, 1878, p. 77.
[73] SIG3, 855 ; IG,
XII, 5, 631.
[74] IG, III, 815, 816.
[75] Cf. ci-dessous, ch. VIII.
[76] PHILOSTR., II, I, 3 (p. 140 W).