Les écoles de Hillel et de Schammaï. — Ponce-Pilate en Judée. Les Hérodiens en Galilée. — Espérances messianiques, Jean-Baptiste. — Jésus. — Son enfance, sa famille et son pays natal. — Base de sa doctrine. Le premier gouverneur de la Judée fut Coponius. Avec lui arriva à Jérusalem Quirinius, gouverneur-général de Syrie, pour saisir, au nom de l'empereur, la fortune privée d'Archélaüs, et introduire en Judée le cens, c'est-à-dire faire le dénombrement de la population et l'inventaire de la fortune nationale, afin d'avoir une base pour l'assiette des impôts. Cette mesure administrative, inconnue jusqu'alors en Judée, révolta toutes les classes de la population. — Devait-on se soumettre à cette nouvelle exigence des Romains ? Voilà la question qui fut débattue jusqu'au sein même du Synédrium. Les uns prêchaient la paix et la soumission ; ils appartenaient à l'école de Hillel ; les autres, disciples de Schammaï, excitaient le peuple à la révolte. Il n'est pas probable que les deux illustres chefs d'école fussent encore vivants lors de la transformation de la Judée en province romaine. L'assertion d'après laquelle Hillel aurait occupé le siège de la présidence senédrale durant quarante années[1], manque d'authenticité historique. On ne connaît pas la date positive de la mort de Hillel ; mais ce qui est certain, c'est que cette mort avait répandu le deuil parmi les Juifs. L'oraison funèbre prononcée à ses funérailles, commençait par ce cri de douleur : Ô homme pieux, rempli de douceur ! Ô digne disciple d'Ezra[2]. Le peuple transmit aux descendants de Hillel l'amour et la vénération qu'il p6rtait à ce maître chéri : la présidence du Synédrium devint héréditaire dans sa famille durant quatre siècles. Quant à son école, elle resta longtemps animée de son esprit conciliateur, et exerça, en le propageant, une influence considérable sur le judaïsme ; pendant les tempêtes déchaînées sur la Judée aux derniers jours de l'existence nationale du peuple, c'est à elle que le judaïsme est redevable du maintien de son existence religieuse. — Parmi les quatre-vingts premiers disciples les plus distingués, appelés les anciens de l'école de Hillel (Sikné beth-Hillel), le plus âgé, Jonathan ben Usiel, fit, à ce qu'on dit, une version chaldéenne des prophètes[3], et le plus jeune, Yohanan ben Zaccaï, sauva le judaïsme après la destruction du temple, en fondant, au milieu des ruines de la patrie, une nouvelle école de, docteurs. Son maître avait déjà reconnu en lui le père de la sagesse et le support de l'avenir. De même que les disciples de Hillel avaient hérité de la douceur de leur maître, ceux de Schammaï imitaient et surpassaient même le zèle patriotique et la sévérité de leur chef. A l'époque du soulèvement de la nation contre les Romains, la masse du peuple, les patriotes les plus zélés, les Zélateurs notamment, étaient généralement de l'école de Schammaï. La majorité des Pharisiens était, au contraire, de l'école de Hillel. Quant à celle de Schammaï, malgré sa sévérité excessive en matière religieuse, elle dispensait les combattants, pendant la guerre de l'indépendance, de toutes les observances et de toutes les pratiques religieuses dont l'ennemi aurait pu tirer parti. On peut même dire que sa grande rigueur, relativement aux observances religieuses et son indulgence non moins grande sous le même rapport, quand il s'agissait de combattre la domination étrangère, loin d'être une contradiction, eut une seule et même source : la passion du patriotisme, qui, dans l'antiquité, était toujours exclusive : La haine des mœurs étrangères en était inséparable chez une nation qui ne vivait que par sa morale et sa religion. Plus les Schammaïtes avaient à cœur la conservation de la nationalité juive, et plus ils devaient tenir la main à l'observation de pratiques religieuses qui n'avaient, en grande partie, d'autre but que de maintenir la séparation entre le peuple juif et les peuples païens. Contrairement aux Hillélites, qui faisaient de la propagande en faveur de la religion juive par l'amour et par l'indulgence, les Schammaïtes n'aimaient pas à faire des prosélytes. Mais à raison même de leurs oppositions, les Hillélites et les Schammaïtes se complétaient en quelque sorte ; les uns représentant l'esprit antique et conservateur, les autres l'esprit moderne et révolutionnaire d'une religion qui devait se répandre dans le monde sans pourtant perdre sa sève et son originalité. Les anciens de l'école de Schammaï (Sikné beth-Schammaï) avaient parmi eux le fameux Zaddoc[4], le même, sans doute, qui avait fondé, avec Juda le Galiléen, le parti des Zélateurs (Kenaïm). Le mot d'ordre de ce parti s'était répandu bientôt dans toute la Judée : C'est une infraction à la loi, disaient-ils, d'obéir aux maîtres de Rome ; on ne doit l'obéissance qu'à Dieu seul. On en tirait ces deux conséquences : 1° que le premier et le plus saint devoir de l'Israélite était de combattre de toutes ses forces les usurpateurs du pouvoir divin au péril de sa fortune, de sa vie et de celle de sa famille ; 2° que l'État juif devait être une république pure, ne reconnaissant d'autre seigneur que Dieu, ni d'autre loi que la sienne. Ces principes et ces conséquences, si simples et si claires, se propageaient d'autant plus vite dans les classes populaires, que le joug romain devenait de plus en plus odieux. C'est ainsi que le parti des Zélateurs, composé d'abord de Schammaïtes, devint le parti populaire dans la guerre d'indépendance contre les Romains. L'impopularité du cens était telle, que tous ceux qui y coopéraient, depuis le fermier supérieur des impôts jusqu'au dernier douanier (Moches, Gabbaï, Publicain), étaient réputés infâmes et repoussés de la société. Leur témoignage n'était pas valable. Les mots publicain et malfaiteur devinrent synonymes. Vers l'an 10 de l'ère chrétienne, le gouverneur Coponius fut remplacé par Marcus Ambivius, que suivit presque aussitôt Annius Rufus. Immédiatement après la mort d'Auguste (14) ; son successeur, Tibère, remplaça Rufus par Valérius Gratus, qui resta onze ans gouverneur de la Judée (17-28). Comme ses prédécesseurs, il s'immisça dans les affaires religieuses ; il ne changea pas moins de cinq fois le pontife pendant son gouvernement. Le dernier qu'il nomma fut Joseph Caïphe ou Képhas, que des sources partiales ont à tort représenté plus tard comme Pharisien zélé, lorsqu'il n'était en définitive qu'une créature du gouvernement romain. Comment aurait-il pu autrement se maintenir durant onze ans, sous deux gouverneurs différents, dans sa dignité pontificale ? Tandis que les provinces de Judée, de Samarie et d'Idumée avaient été placées sous l'administration des gouverneurs romains, les autres parties de l'ancien royaume d'Hérode étaient restées l'apanage e ses fils qui s'étaient partagé, comme nous savons, l'héritage de leur père ; la Galilée et la Pérée étaient sous la domination d'Antipas ; les autres provinces, réunies sous le nom collectif de la Trachonite, sous celui de Philippe. Ces deux Tétrarchies étaient, aux yeux mêmes des législateurs juifs, tellement séparées de la Judée, qu'ils les traitaient comme pays étrangers en matière civile ; c'est ainsi que la prescription de possession dans l'un de ces pays n'avait pas d'effet légal pour ceux qui demeuraient dans l'autre[5]. D'un autre côté, les Samaritains, dont le pays avait été réuni à la province de Judée, étaient redevenus, depuis le règne d'Hérode, aussi hostiles aux Juifs, qu'ils l'avaient été dans les temps antérieurs à la conquête de Samarie par Jean Hyrcan ; de sorte que les habitants de la Galilée, quand ils voulaient se rendre à Jérusalem, étaient obligés de faire un détour pour éviter le passage sur les terres de Samarie, situées entre la Galilée et la Judée, à cause des vexations auxquelles ils étaient exposés[6]. Antipas avait d'abord fait de Séphoris la capitale de sa Tétrarchie ; mais après l'avènement de Tibère, il fit construire une nouvelle ville au milieu des plaines délicieuses de Génésaret, l'appela Tibérias, en l'honneur de l'empereur, et en fit sa résidence. Une autre ville, Beth-Ramatha (Beth-Harim), avait reçu le nom de Livias, en l'honneur de l'épouse d'Auguste. — Philippe fonda également deux villes, l'une à la source de Pancas, nommée Césarée-Philippe, pour la distinguer de l'ancienne Césarée maritime ; l'autre, au nord du lac Génésaret, sur l'emplacement de Beth-Saïde, du nom de Julias, en l'honneur de la fille d'Auguste. On le voit, les fils d'Hérode avaient reçu en héritage de leur père la passion de bâtir et la servilité envers les Romains : les empereurs n'avaient guère en Palestine moins de monuments qu'à Rome, grâce au zèle des Hérodiens. Ponce Pilate succéda, dans la Judée, à Valerius Gratus (28-37). Dès son début, il fit entrevoir à la nation juive qu'elle n'avait pas encore épuisé la coupe des amertumes. Pour donner une idée du caractère de Pilate, il suffit de dire qu'il devait son élévation au ministre astucieux et tout-puissant de l'empereur Tibère, au fameux Séjan, qui faisait trembler le sénat et l'empereur lui-même, et sous l'administration duquel eut lieu à Remo la première persécution religieuse contre les Juifs, à cause des prosélytes qu'ils avaient faits parmi quelques familles distinguées de la capitale. Pilate ne le céda en rien à son maître dans ses préventions contre les membres d'une nation qui était abandonnée à sa discrétion. Il essaya ce qu'aucun gouverneur avant lui n'avait encore osé ; il fit dresser à Jérusalem des faisceaux d'étendards, portant l'effigie de l'empereur ; les Juifs devaient se prosterner devant ces emblèmes. Cet acte sacrilège produisit une émotion profonde dans toute la Judée. Une députation se rendit aussitôt à Césarée, pour obtenir l'enlèvement de ces images. Les suppliants restèrent cinq jours devant le palais du gouverneur, sans que celui-ci daignât les honorer d'une réponse. Le sixième jour, il fit marcher contre eux ses légions, les menaçant de mort s'ils ne s'éloignaient pas. Mais voyant l'impassible persistance des Juifs et leur intention arrêtée de faire le sacrifice de leur vie pour leur religion, Pilate, craignant d'être désavoué par l'empereur, s'il poussait à l'extrême une mesure' qui ne lui était dictée que par sa haine contre les Juifs, donna enfin l'ordre d'éloigner de Jérusalem la cause de' tant de scandales. Bientôt après il excita un nouveau soulèvement. Sous prétexte de vouloir construire un aqueduc pour amener l'eau à Jérusalem, il mit la main sur le trésor du temple. Comme il était alors présent dans la capitale, le peuple l'assiégea dans son palais, en poussant des cris séditieux. Il envoya ses soldats, déguisés, dans la foule. Armés de poignards qu'ils tenaient cachés sous leurs tuniques, ils tombèrent à l'improviste sur le peuple qui ne dut son salut qu'à la fuite. À cette époque, où la Judée tremblait encore sous là menace de nouveaux coups et pouvait craindre à tout moment le retour de nouvelles calamités publiques, il surgit un météore, si insignifiant à son début, qu'il fut à peine remarqué, mais qui devait plus tard, les circonstances aidant, jeter des lueurs brillantes et laisser des traces lumineuses dans l'histoire de l'humanité. C'est que le temps était venu où les vérités fondamentales du judaïsme, enveloppées dans un système d'observances, de lois et d'institutions dont quelques hommes d'élite comprenaient seuls la signification et la valeur, devaient se dégager de tout lien et se manifester librement, pour s'introduire dans le monde païen et pénétrer enfin l'humanité entière. Les sublimes pensées dont le judaïsme est la source abondante, et qui ont pour but dernier la sanctification de la vie individuelle et sociale, devaient enfin déborder et remplir les sociétés païennes, vides de toute croyance moralisante. Israël, chargé d'enseigner aux peuples les voies de la Providence, devait sérieusement commencer sa mission universelle. — Mais cette antique doctrine d'une vie deux fois sainte devait, pour s'ouvrir les cœurs et les esprits, pour trouver accès dans un monde qui avait presque perdu le sens moral et religieux, 'prendre de nouveaux noms et revêtir de nouvelles' formes. Le judaïsme, en effet, dans sa forme extérieure et avec son vieux nom, n'était pas populaire parmi les Gentils. Pour faciliter au monde une participation plus intime à la doctrine israélite, la nouvelle forme religieuse devait en outre s'assimiler des éléments étrangers. En les acceptant, elle se mit volontairement et ostensiblement en opposition hostile avec son origine. Cette antique doctrine, revêtue de formes nouvelles, ou, pour trancher le mot, cet essénisme mêlé d'éléments étrangers, on l'a déjà deviné, c'est le christianisme, dont la naissance et les premiers pas coïncident avec l'époque à laquelle nous sommes arrivés. Un sentiment profond de malaise dominait la nation. L'état politique et social était devenu insupportable. Les souffrances renouvelées et accumulées par la dureté de la domination romaine, le cynisme des princes hérodiens, la lâcheté et la bassesse de l'aristocratie juive, l'avilissement volontaire des familles pontificales et la discorde des partis avaient tellement surexcité le désir de voir arriver le libérateur, le Sauveur, le Messie promis par les prophètes, que tout homme sachant captiver, par sa personnalité, l'attention publique, pouvait facilement trouver un certain nombre d'adeptes croyant à son œuvre messianique. Depuis longtemps, les esprits profonds s'étaient habitués à n'envisager que comme un état transitoire la société, telle qu'elle s'était formée en Judée depuis l'exil babylonien. Pour ces hommes d'élite, l'état de choses alors régnant n'était qu'une transition et ne devait durer que jusqu'à l'apparition du vrai prophète, précurseur du Messie, réconciliateur de toutes les dissidences, restaurateur de la paix et de l'ordre si longtemps troublés. Ce prophète, ce précurseur du Messie, c'était Élie, qui devait réconcilier le cœur des pères avec le cœur des enfants[7]. Des espérances messianiques animaient donc toutes les classes de la société juive, à l'exception des aristocrates, des amis de Rome, ces satisfaits de l'époque, qui redoutaient l'inconnu parce qu'ils n'avaient rien à en espérer, et qu'ils avaient tout à craindre d'un changement aussi radical que celui qui avait été annoncé par les prophètes. Dans le court espace de trente ans, il surgit une série d'hommes inspirés, qui, sans être des imposteurs, poussés seulement par l'ardent désir de secouer le joug romain, se firent passer pour prophètes ou Messies, et trouvèrent des croyants dévoués jusqu'à la mort. Mais autre chose est de trouver des adhérents, autre chose est de se faire passer et de se maintenir aux yeux de toute une nation, comme un élu de Dieu. Aux temps de Jésus, la raison et les lumières étaient trop répandues parmi les Juifs, par la discussion et l'étude approfondie de la Loi, et le peuple était trop divisé en partis, dont chacun imposait des conditions différentes au futur sauveur, pour qu'une personnalité quelconque, se présentant avec le caractère messianique, eût pu satisfaire toute la nation. Les Zélateurs républicains, disciples de Juda le Galiléen, espéraient avant tout que le Messie anéantirait avec le souffle de sa bouche les ennemis d'Israël, mettrait fin à la domination romaine et rétablirait l'âge d'or du gouvernement de David. — Les Schammaïtes ajoutaient sans doute à ce portrait du Messie la religiosité la plus rigoureuse et la plus grande pureté de mœurs. Les Hillélites, moins préoccupés de politique et moins fanatiques, voyaient, au contraire, dans le Messie un prince de la paix, un pacificateur des dissensions intérieures et extérieures. — Les hommes imprégnés de l'esprit grec, dont le néoplatonicien Philon peut passer pour le principal représentant, donnaient au Messie une forme surhumaine ; ils faisaient de lui une espèce d'ange, visible seulement aux hommes pieux, qui ramènerait en Judée les descendants de Jacob du fond des pays grecs et barbares[8]. Ils pensaient, en outre, que le temps messianique trouverait la nation intérieurement préparée par une sainteté de vie toute patriarcale et par des sentiments épurés qui lui assureraient la participation à la grâce divine[9]. Alors les flots de grâce des temps passés couleraient de nouveau d'une source éternelle, les villes abandonnées se repeupleraient, le désert se transformerait en champ fertile, et la prière des vivants aurait la puissance de réveiller les trépassés. — On crut alors généralement que l'œuvre messianique devait aussi se compléter par le retour des tribus dispersées d'Israël auxquelles les peuples donneraient de riches présenta, comme compensation de leurs longues souffrances. Enfin ; tout le monde était d'accord que le Messie devait être issu de la race de David ; l'expression fils de David était ainsi devenue synonyme de Messie. Ce sont les Esséniens qui se représentaient le plus idéalement
l'époque messianique, eux dont toute la vie ascétique ne tendait qu'à avancer
le royaume du ciel (Malchuth Schammaïm) et le monde futur (Olam-ha-Ba).
Un Messie voulant conquérir la sympathie des Esséniens, devait mener une vie
sans péché, renoncer au monde et à ses vanités, prouver qu'il était rempli de
l'Esprit Saint (Roua' h-ha-Kodesch), posséder la
puissance sur les démons, et amener un état de communauté de bien dans lequel
Mammon n'aurait aucune influence, mais où la pauvreté et le détachement des
biens feraient l'ornement des hommes. C'est du milieu des Esséniens que s'éleva la première voix annonçant la prochaine arrivée du Messie : Le royaume du ciel est proche ! Assurément, celui qui le premier fit entendre cette voix dans le désert ne pensait pas qu'elle retentirait au loin, à travers les pays et les mers, et réunirait les peuples de la terre autour de la bannière d'un Messie. Il n'annonçait le royaume du ciel que pour exhorter les pécheurs du peuple juif à faire pénitence et à s'amender. Il était convaincu qu'une fois ce premier pas fait par Israël, Dieu enverrait le fils de David qui, sans être présent, existait cependant pour apporter au peuple le salut messianique et ressusciter les morts. L'Essénien qui fit l'annonce était Jean-Baptiste. Peu de renseignements sur Jean sont arrivés jusqu'à nous. L'histoire de sa jeunesse, histoire d'après laquelle il était fils d'un vieux prêtre, nommé Zacharie, et d'une femme âgée aussi, nommée Élisabeth, est, ainsi que d'autres miracles précédant et succédant sa naissance, une invention postérieure[10]. Ce qui semble être seul historique dans cette relation, c'est le fait que Jean aurait mené une vie naziréenne, c'est-à-dire qu'il appartenait aux Esséniens. Sa manière de vivre était, en effet, tout à fait conforme aux règles esséniennes : il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage, vivait dans le désert et se baignait dans le Jourdain, ce qui lui attira son nom de Baptiste ou de Baigneur[11]. Quant au costume qu'il Mirait porté, c'est encore, selon toute apparence, une invention postérieure. Pour justifier son rôle de précurseur du Messie, on lui a fait adopter le costume historique d'Élie. Jean semble avoir été animé de la conviction que, si tout le peuple juif se baignait dans le Jourdain en confessant ses péchés, c'est-à-dire s'il adoptait la règle des Esséniens, s'il réalisait la sainteté à l'égard de Dieu et la justice envers les hommes, le temps messianique promis ne pourrait longtemps se faire attendre[12]. C'est pourquoi il invita le peuple à recevoir le baptême dans le Jourdain, à se confesser, à se corriger et à se tenir ainsi préparé pour l'arrivée du royaume du ciel[13]. Il a bien pu, avec d'autres Esséniens, faire son séjour dans le désert, à proximité du Jourdain inférieur, peut-être à Bethabara[14], pour être toujours prêt à instruire les pénitents sur la signification morale du baptême. Il est certain que c'était une des premières conditions pour être admis dans l'ordre des Esséniens. Il y en avait d'autres dont on avait sans doute dispensé la foule, pour laquelle l'observation de toutes les règles esséniennes aurait été chose impossible. Beaucoup d'hommes dégoûtés des misères du temps, bien des enthousiastes et des rêveurs affluèrent vers le Baptiste. Qui n'aurait voulu contribuer à la grande œuvre du salut, si elle avait pu se réaliser par quelque acte qui fût dans les limites des coutumes et des habitudes ? — Nous ne rechercherons pas si la multitude serait revenue meilleure de cette immersion dans les eaux du Jourdain, et si cet acte symbolique aurait déterminé chez elle une forte impression morale. Les renseignements nous manquent à cet égard absolument. En général, le peuple juif, notamment dans les classes moyennes qui habitaient les villes, n'était ni si vicieux, ni si dégénéré que semble le supposer l'exhortation de Jean ; les moyens que la religion dans sa forme habituelle lui offrait suffisaient pour le maintenir dans la voie du bien. A aucune époque, en effet, la ferveur des sacrifices ne fut plus ardente qu'alors. Cet empressement, ces offrandes, ce zèle supposent de vifs et chaleureux élans, des sentiments moraux profonds, nourris par l'étude et la pratique d'une loi religieuse que la secte de Jean-Baptiste tenait en honneur, autant que toute la nation. Sans doute, il 'existait de nombreuses exceptions parmi elle ; 'il y avait même des classes entières qui ne méritaient point l'éloge que nous venons de décerner aux classes moyennes contemporaines de Jean : par exemple, dans les villes, les aristocrates et les riches, amis des Romains, et dans les campagnes une populace devenue, sauvage par les luttes incessantes qui désolaient la patrie depuis longues années. L'appel de Jean à la pénitence aurait certainement pu agir salutairement, s'il avait été écouté de ces deux groupes. Mais les grands prenaient sans nul doute en dérision ce bénin enthousiaste qui pensait amener par le baptême dans le Jourdain le miracle de leur conversion morale ; et le peuple des campagnes, les enfants de la glèbe (Am-ha-Ayez) étaient beaucoup trop abrutis pour suivre- la voie de l'Essénien. D'autre part, l'appel de Jean était trop innocent et dépassait trop peu le cercle des idées admises, pour qu'il pût exciter le mécontentement des Pharisiens, parti populaire qui dominait toujours. Les disciples les plus intimement attachés à Jean, ceux qui avaient continué la manière de vivre du maître, observaient la loi dans toute sa rigueur et se soumettaient même aux jeûnes prescrits par la tradition[15]. Comment auraient-ils pu être en désaccord avec les docteurs de la loi ? — Bien que les Pharisiens, ce qui voulait dire alors les Hillélites et les Schammaïtes, ne fussent, pas fort charmés de l'exaltation et de l'exagération esséniennes, ils ne se trouvaient pas cependant en opposition quelconque avec les partisans du baptême matinal. Il est donc difficile d'admettre que le Baptiste ait cherché inutilement querelle aux interprètes de la religion, en les appelant race de vipère qui n'échappera pas à la colère du jugement dernier[16]. De ce côté, Jean ne rencontra guère d'obstacle à son action. Mais les Hérodiens avaient de la défiance contre un homme qui attirait tant de monde, et qui, par son éloquence, touchait les cœurs et pouvait facilement enflammer la foule pour toutes sortes d'entreprises. Hérode Antipas, sur le domaine duquel Jean avait séjourné, envoya pour cette raison ses satellites qui l'arrêtèrent et le conduisirent en prison dans la forteresse de Macheras[17]. Est-il resté assez longtemps en prison pour voir l'un de ses disciples passer pour Messie, ainsi que l'a dit Matthieu[18] ? Ce qui est certain, c'est qu'Antipas le fit décapiter. On a raconté aussi plus tard que c'est contre sa volonté qu'Antipas l'a fait mourir, qu'il avait seulement cédé par faiblesse à sa femme Hérodias, qui haïssait le censeur de son mariage illégal avec son beau-frère. Hérodias aurait engagé sa fille, lorsque, à l'occasion de sa fête, son père voudrait accomplir un de ses désirs, à lui demander la tête de Jean. La jeune fille aurait alors apporté à sa mère la tête, sanglante sur un plat[19]. Ne faut-il voir dans ce récit que le désir de rendre plus tragique et plus intéressante la mort du Baptiste ? Ou bien ne voit-on pas déjà percer ici une autre tendance, politique plutôt que dramatique, que nous rencontrons plus tard dans le récit de la condamnation de Jésus, et qui consiste à ménager autant que possible les dépositaires du pouvoir, les Romains et leurs employés, et à représenter tous les conflits des Juifs et des premiers chrétiens comme de simples dissidences religieuses qui n'avaient rien à démêler avec la politique[20] ? Après l'arrestation de Jean, plusieurs de ses disciples continuèrent son œuvre[21]. Parmi eux, nul n'a eu un succès aussi considérable que Jésus de Galilée. Le disciple fut bientôt plus grand que le maître. Il donna la première impulsion à un mouvement qui imprima à l'histoire du monde un tout autre aspect, et produisit, par mille enchaînements, les plus profondes transformations dans les idées 'et les mœurs, dans les arts et les sciences, dans les rapports des individus et des nations. Jamais mortel n'a joui, durant tant de siècles, d'une vénération aussi enthousiaste. Il a obscurci, par son éclat, les conquérants et les fondateurs des grands empires ; bien plus, des héros et des esprits puissants ont baissé avec humiliation leur tête devant lui. — Deux Galiléens, Juda et Jésus, étaient destinés à féconder deux doctrines pour en faire éclore deux nouvelles formes de la religion juive : le judaïsme et le christianisme du moyen-âge sont sortis, l'un du pharisaïsme de Juda le Saint, l'autre de l'essénisme de Jésus le Christ. Jésus (Yeschu, abréviation de Yeschua), né en l'an 4, à Nazareth, ville située au centre de la basse Galilée, au sud de Sephoris, était le fils de Joseph[22], maître charpentier obscur, et de sa femme Marie (Miryam), qui donna encore naissance à quatre autres garçons, Jacob, José, Juda, Simon, et à quelques filles. Joseph est-il issu de la race de David ? — Bien que les partisans juifs de Jésus se soient donné beaucoup de peine pour rattacher au grand roi son arbre généalogique, ils n'y ont nullement réussi ; leurs assertions, privées de toute source certaine, contiennent des contradictions flagrantes. On s'est aussi efforcé, mais vainement encore, de faire naître Jésus à Bethléhem. Quelques-uns voulaient au moins le rapprocher, par le côté maternel, de la tribu de Lévi[23], mais toujours sans fondement historique. Il n'y a pas non plus de documents authentiques relatifs à la jeunesse de Jésus. D'après Luc, qui seul a raconté ce fait, il aurait eu, déjà dans sa douzième année, lors d'une visite de ses parents au temple, des entretiens profondément savants avec les docteurs ; tout le monde en aurait été étonné[24]. Mais les Galiléens, éloignés de la capitale, empêchés en outre, comme nous l'avons déjà remarqué, par la province de Samarie, placée sur leur chemin, de fréquenter souvent le sanctuaire, étaient alors, sous le rapport des connaissances et des plus simples notions de la loi, très en arrière sur les habitants de la Judée[25]. L'échange habituel des pensées religieuses et la discussion fréquente de la loi, qui en rendait les prescriptions très-familières aux visiteurs du temple, n'avaient pas lieu en Galilée. Ce pays, qui plus tard devait posséder les grandes académies, Uscha, Séphoris et Tibériade, et produire les derniers rejetons des études sacrées en Palestine, était, avant la destruction du temple, pauvre en institutions d'enseignement. Par contre, les Galiléens étaient sévères et tenaces quant aux usages et aux mœurs. Ils ne se laissaient pas enlever, par la dispute, le plus petit article, et ne se permettaient pas même des choses qui passaient pour licites en Judée : la sévérité des mœurs galiléennes ne permettait pas, par exemple, aux fiancés, la fréquentation d'usage, ou d'autres libertés tolérées en Judée sans aucun empêchement[26]. Les Galiléens tenaient, en outre, toutes sortes de superstitions du voisinage païen des Syriens. Nulle part il n'y eut autant de possédés, de gens tourmentés par des esprits malins, qu'en Galilée, où l'on attribuait les diverses maladies à l'influence des démons. A cause de ce voisinage aussi, le dialecte galiléen était corrompu et mélangé d'éléments araméens. Les Galiléens ne prononçaient pas purement l'hébreu ; ils confondaient et adoucissaient tellement les sons gutturaux, qu'ils s'attirèrent souvent les railleries des Judéens, très-épris d'une prononciation correcte. On reconnaissait le Galiléen au premier mot qu'il disait ; aussi, plus tard, n'aimait-on pas à admettre des Galiléens comme officiants, parce que leur prononciation défectueuse excitait le rire[27]. Qu'on juge après tout cela s'il est probable que Jésus le Galiléen ait pu être à la hauteur de la science, telle que les écoles de Hillel et de Schammaï l'avaient implantée en Judée, et si, avec la faible mesure de ses connaissances et le défectueux idiome mi-araméen de son pays, un Galiléen ait pu exciter l'admiration des habitués du temple à cause de sa haute culture littéraire. Cependant, ce qui lui manquait en théorie était remplacé, chez le maître des Évangiles, par un sentiment très-délicat. Il a dû posséder à un haut degré la noblesse de cœur, la pureté morale et la sainteté religieuse. C'est ce qui résulte de toutes ses paroles plus ou moins authentiques, et même, jusqu'à un certain point, des doctrines défigurées que ses partisans ont mises dans sa bouche. La douceur e l'humilité de Jésus rappellent Hillel, qu'il parait avoir généralement pris pour modèle, et dont la belle maxime : Ne fais pas autrui el que tu ne veux pas qu'on te fasse, a servit de point de départ à son enseignement. De même que Hillel, Jésus considérait l'amour de la paix et l'aménité du caractère comme les plus belles vertus. Tout son être était rempli de cette religiosité supérieure qui ne réserve pas seulement à Dieu une heure de prière, un jour consacré, ni quelques actes de dévotion plus ou moins prolongés, mais qui lui rapporte 'chaque démarche de la vie et chaque mouvement de l'âme, qui lui soumet et lui remet tout avec un abandon filial. Il était pénétré de cet esprit de miséricorde que la religion juive prescrit non-seulement entre compatriotes, mais envers tous les hommes et même envers les animaux[28]. Aucune malédiction ne lui est certainement échappée contre ses antagonistes, et ses amis exagérés l'ont évidemment calomnié en lui faisant pousser des imprécations ou en mettant dans sa bouche des paroles dures, même contre sa mère. Il a peut-être atteint, dans les vertus passives, l'idéal présenté par le judaïsme pharisien de Hillel : Compte-toi parmi les opprimés, et non parmi les oppresseurs ; écoute l'injure et n'y réponds pas ; fais tout par amour de Dieu, et réjouis-toi des souffrances[29]. L'amour du prochain est enseigné dans les Évangiles et dans les lettres apostoliques avec une addition qui prouve que cette doctrine n'y est point présentée comme d'origine chrétiennes mais bien comme d'origine pharisienne. Il est dit que l'amour de Dieu et l'amour du prochain sont les commandements principaux du judaïsme, et l'on ajoute : Toute la loi et les prophètes se rapportent à ces deux commandements[30]. Et puis : Toutes les choses que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur aussi, c'est là la loi et les prophètes[31]. Ces additions ont seulement un sens, quand on les rattache au fait historique dont nous avons parlé à propos de Hillel, auquel un païen disait qu'il voudrait bien se faire juif, si toute la loi pouvait être condensée dans une seule maxime. La réponse de Hillel concluant par ces mots : C'est là toute la loi, était certainement présente à l'esprit de Jésus, quand il prononça la même maxime avec la même conclusion. Les disciples de Jésus, ceux-là mêmes qui combattaient la loi antique, répétaient cette conclusion, reconnaissant par là, sans s'en douter, la haute valeur d'une doctrine qu'ils n'ont pourtant pas cessé de rapetisser. C'est ainsi que Paul lui-même a dit : Toute la loi est accomplie dans une seule parole qui est celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même[32]. En effet, c'était une formule fixe des Pharisiens depuis Hillel ; après Jésus, nous la retrouvons encore dans la bouche de Rabbi Akiba : Aime ton prochain comme toi-même, disait-il, voilà la règle principale de la loi[33]. Les écrivains chrétiens des temps primitifs n'attachent point d'importance à la différence de la forme, négative ou positive, de la maxime de Hillel. Le livre de Tobie, écrit pendant la persécution d'Adrien, contient cette maxime sous sa forme négative[34]. Ce qui est important, c'est que l'amour du prochain fut, dans le cercle pharisien, considéré comme la quintessence du Judaïsme, et que Jésus s'est montré en cela disciple de Hillel, la doctrine essénienne ne s'étant jamais distinguée de celle des Pharisiens que par son exagération. La mission de Jésus, telle qu'il l'a comprise lui-même, était, non pas d'abolir, mais d'accomplir la loi, de s'attacher, comme les prophètes qui l'ont précédé, à en faire ressortir l'esprit d'amour et de justice, l'esprit qui vivifie, par opposition à la lettre qui tue, et de préparer de la sorte le règne de Dieu sur la terre, ainsi que dans le ciel. — Pour Jésus, ce règne était encore un monde futur. Entre ce monde et celui au milieu duquel il vivait, se trouvait la mort et la résurrection ; sous cette formule, qui était l'expression d'un sentiment vague plutôt que d'un raisonnement, on se figurait en ces temps la transition d'une société malade, prête à mourir, A une nouvelle société, fondée sur l'accomplissement de la loi. — Bien que Jésus, à l'instar de Hillel, eût trouvé dans l'esprit d'amour, de paix et de conciliation le moyen de convertir le monde à la religion juive, il n'avait pas plus que le maitre pharisien l'intention de se séparer de la loi mosaïque. Dans sa pensée, comme dans celle de tous les prophètes, c'était bien le judaïsme qui devait conquérir le monde ; non pas, il est vrai, dans le sens politique, mais en soumettant tous les peuples à sa doctrine, contenue dans la loi de Moïse et dans la morale des prophètes. C'étaient les Juifs, avant tout, qui devaient se pénétrer de cette religion, et, en effet, Jésus envoya ses apôtres, non pas aux païens, mais aux Juifs, pour ramener les brebis égarées. Plus tard, lorsque le paulinisme se fut séparé de l'ébionitisme, ce ne fut que par esprit d'antagonisme que les chrétiens appartenant à la première de ces deux sectes mirent dans la bouche de Jésus des paroles dures contre la loi mosaïque pour s'en faire une arme contre leurs adversaires[35]. |
[1] SIFRI, fin.
[2] SOTA, 48b, et passages parallèles.
[3] MEGHILLA, 3a.
[4] Tosifta Yom Tob, c. II. Orla, 2.5. Jebamoth, 15.6. JOSÈPHE, Antiquités, XVIII, I, 1. — Cf. pour tout ce qui
concerne les deux écoles, Graëtz, Hist. des Juifs, t. III, seconde édit.
Notes 23, 26, 27.
[5] BABA BATHRA, 38.
[6] 'HAGHIGA, 35a. JOSÈPHE, Antiquités, XX, VIII, 1.
[7] MALACHIE, III, 24. Traité Adoyot,
fin.
[8] PHILON, De execrationibus, éd.
Mangey, t. II, p. 435.
[9] PHILON, De execrationibus, éd.
Mangey, t. II, p. 436.
[10] Cette histoire se trouve
seulement dans Luc ; les autres évangélistes ne savent rien de la naissance
miraculeuse de Jean.
[11] Les Esséniens étaient appelés Baptistes, Baigneurs
matinaux, Toblé schaherith,
cf. Graëtz, Hist. des Juifs, t. III, sec. éd., p. 468.
[12] JOSÈPHE, Antiquités, XVIII, V, 2.
[13] MATTHIEU, III, 2 ; LUC, III, 1-3.
[14] JEAN, I, 28.
[15] MATTHIEU, IX, 14 ; XI, 18 et passages
parallèles.
[16] MATTHIEU, III, 7-42. Tout ce passage
manque dans Marc. Les noms injurieux donnés aux Pharisiens sont devenus dans
les Évangiles des formules fixes ; ils datent des premières luttes entre Juifs
et Judéo-Chrétiens d'une époque bien postérieure, qui les ont mis dans la
bouche de Jean et de Jésus. Voir l'examen critique des Évangiles à la
fin de ce livre.
[17] JOSÈPHE, Antiquités, VI, V, 2 ; MATTHIEU, IV, 12 et passages
parallèles.
[18] MATTHIEU, XI, 2-12.
[19] MATTHIEU, XIV, 3-11 et passages
parallèles.
[20] Par suite de ce système, on a
jeté tout l'odieux de la condamnation de Jésus sur les Juifs, et représenté le
gouverneur romain Ponce Pilate comme l'homme le plus juste et le plus
conciliant, alors que toutes les sources historiques témoignent du contraire.
(Voir MATTHIEU, XXVII.)
[21] MATTHIEU, IX, 14 ; XI, 2 ; XIV, 12.
[22] Une autorité, estimée aussi
dans les cercles protestants orthodoxes, Ewald, reconnaît lui-même la paternité
de Joseph. Voyez : Le Christ et son temps, p. 148.
[23] HILGENFELD, Les Pères apostoliques,
p. 65 suivantes et 163.
[24] LUC, II, 42-50.
[25] NEDARIM, 18, 6.
[26] KETHUBOTH, 12a ; Tosifta Kethuboth, c. 1.
[27] MATTHIEU, XXIV, 73 ; MARC, XIV. 70 ; Traité Erubin,
53 ; MEGHILLA,
24b.
[28] Voir, entre autres, les
prescriptions relativement aux prisonniers de guerre (Deutéronome, XXI,
10-14), et aux animaux qui appartiennent à un ennemi (Exode, XXIII, 5).
[29] Sabbat, 88b ; IOMA, 23a ; GUITTIN, 36b. La source a le caractère d'une
ancienne Baraitha.
[30] MATTHIEU, XXII, 40.
[31] MATTHIEU, VII, 12.
[32] Épître aux Galates, V,
14.
[33] Jérusal. Nedarim, VII, 4 ; Midr.
à Genesis Rabba, c. XXIV.
[34] TOBIE, II, 15.
[35] Voir, pour tout ce qui concerne la critique des Évangiles, l'examen critique à la fin de ce livre.