HISTOIRE DE MARIE-ANTOINETTE

LIVRE TROISIÈME. — 1789-1793

 

— VII —

 

 

La Reine au deuxième étage de la petite tour du Temple. — Séparation de madame de Lamballe. — Le procureur de la Commune du 10 août, Manuel. — L'espionnage autour de la Reine. — Souffrances de la Reine. — Le 3 septembre au Temple. — La vie de la Reine au Temple. — Outrages honteux. — La Reine séparée de son mari. — La Reine dans sa grosse tour. — Drouet et la Reine. — Délibération de la Commune sur les demandes de la Reine. — Procès du Roi. — Dernière entrevue de la Reine et du Roi. — Nuit du 20 au 21 janvier 1793.

 

Le 13 août, au soir, des lampions s'allument au Temple et l'illuminent toute la nuit en signe de réjouissance : la Révolution a écroué la monarchie[1].

Au deuxième étage de la petite tour, la Reine est couchée, Madame Royale auprès d'elle, dans l'ancien appartement du garde des archives de l'ordre de Malte. Madame de Lamballe est à côté de la Reine dans l'espèce d'antichambre qui sépare la chambre de la Reine de la chambre où sont logés le Dauphin, madame de Tourzel et la dame Saint-Brice[2]. La longue nuit, cette première nuit au Temple, courte seulement pour les enfants lassés !

Cinq jours se passent. Le 18 août, comme la famille royale dînait dans la chambre du Roi, deux officiers municipaux notifient au Roi qu'en vertu d'un arrêté de la Commune, toutes les personnes de service entrées au Temple avec lui vont sortir sous bonne et sûre garde. A cinq heures, Manuel vient au Temple. La Reine parle à Manuel, Manuel promet de faire suspendre l'arrêté. Tout à coup, dans la nuit du 19, deux commissaires de la municipalité viennent procéder à l'enlèvement de toutes les personnes qui ne sont pas membres de la famille Capet. MM. Hüe et Chamilly descendent de chez le Roi dans la chambre de madame de Lamballe : ils trouvent la Reine et ses enfants, Madame Élisabeth, madame de Lamballe, madame et mademoiselle de Tourzel, enlacés et confondant leurs pleurs[3]...

Derniers embrassements ! premières larmes de séparation de la Reine, qui déjà conquièrent la pitié autour d'elle ! Oui, déjà dans ces geôliers que la Révolution a triés parmi les fils de sa fortune et de son génie, parmi les plus purs et les plus durs, il en est d'ébranlés, il en est de touchés. Ils avaient juré le stoïcisme en entrant au Temple : ils oublient leur serment, le seuil du Temple franchi. A cette séduction de la grâce, que la Reine exerçait hier, il s'est joint la dignité d'une grande douleur ; et la Reine est encore la Reine dans la tour du Temple : elle pleure, et les geôliers se dévouent.

Le procureur général de la Commune du 20 août, ce républicain avant la République qui avait écrit au Roi : Sire, je n'aime pas les rois ; cet ennemi de la Reine, qui s'était fait le porte-voix des préventions de la Révolution contre la Reine dans sa fameuse Lettre à la Reine, Manuel craint et fuit le regard de la Reine, lorsqu'il lui apprend qu'elle va être enlevée à l'amitié de madame de Lamballe, aux soins de madame de Tourzel ; Manuel se surprend à promettre à la Reine un sursis... Je le sais, Manuel résistera ; il rougira de cette défaite de lui-même ; il voudra briser cet enchantement qui l'enveloppe ; il se retrempera dans les plaisanteries de la Révolution ; il fera rire la Commune avec des risées sur l'attirail embarrassant que traîne une famille royale, et qu'il faut balayer. Il parlera, avec la joie et le ressentiment d'un homme qui a son orgueil à venger, il parlera des pleurs de la Reine, des pleurs de cette femme altière que rien ne pouvait fléchir ; et il ajoutera, comme pour s'arracher aux tentations, en mettant l'insulte entre la Reine et lui : J'ai dit, entre autres choses, à la femme du Roi, que je voulais lui donner pour son service des femmes de ma connaissance ; elle m'a répondu qu'elle n'en avait pas besoin, qu'elle et sa sœur sauraient se servir réciproquement. Et moi de répondre : Fort bien, Madame, puisque vous ne voulez pas accepter de ma main des femmes pour votre service, vous n'avez qu'à vous servir vous-même, vous ne serez pas embarrassée sur le choix[4]... Ce fut la dernière révolte et la dernière fanfaronnade de Manuel. Il ne lui arriva plus de se calomnier : il s'abandonna, et se donna tout entier à ces pleurs de la femme du Roi.

Manuel était une de ces natures tendres et sensibles dont la pente est vers les faibles, vers les opprimés, vers les vaincus. C'était une de ces âmes d'enfant, que les révolutions enivrent de théories et d'utopies ; un de ces hommes qui, loin des émotions, dans le cabinet, se roidissent et s'exaltent, se commandent un caractère, se fabriquent un cœur romain, et, se poussant et s'entraînant à la barbarie sereine des idées, à l'impitoyable rigueur des principes, prêchent, avec une plume sans merci, une justice et une morale de marbre. Mais ce n'est qu'échafaudage : tout croule, et il se trouve que cet homme, tout à coup rendu à ses faiblesses et à ses miséricordes, a les entrailles les plus humaines, la sensibilité la plus facile et la plus ouverte au prestige d'une grande infortune. Manuel est enchaîné, il est soumis ; Manuel, qui l'eût prévu ? sera le correspondant de la Reine ! Manuel sera l'homme qui subira, tête baissée, les éclats de l'indignation de la Reine aux massacres de Septembre et d'Orléans[5] ; Manuel sera le noble cœur qui, pendant le procès de la Reine, seul et clans un coin du greffe de la Conciergerie, enfoncé dans d'infinies tristesses. et las de la vie, dédaignera de cacher aux bourreaux la protestation et le deuil de sa douleur[6] !

Après l'enlèvement, nous restâmes, tous quatre sans dormir, dit simplement Madame[7]. Hélas ! d'autres séparations attendaient la famille royale, dont celle-ci n'était que le commencement.

La Reine n'a plus de femmes ; la Reine se sert elle-même ; la Reine habille le Dauphin, qu'elle a pris dans sa chambre[8], et elle sera trop heureuse d'avoir, à la fin d'août, Cléry pour la peigner[9].

Mais le supplice de sa vie nouvelle n'est pas là. Ces misères ne la touchent pas, parmi tant de misères. Il est un autre tourment de chacune de ses heures : avec Mie entre dans sa chambre, pour tout le jour, les municipaux de service auprès d'elle ; le dévouement ouvre au soupçon et à l'espionnage. La femme n'est seule, la mère n'est libre qu'en ces moments, pris sur son sommeil, qui précèdent huit heures. Tout le reste des longues heures du jour, l'oreille de Denys et les yeux de la Commune sont dans la chambre de Marie-Antoinette. Pas un geste, pas une parole, pas un coup d'œil, pas une caresse, rien qui n'ait ses témoins et ses délateurs ! pas une seconde où-Marie-Antoinette se possède, où Marie-Antoinette possède sa famille ; toujours ces hommes épiant ses yeux, ses lèvres, son silence ! Toujours ces hommes la poursuivant jusque dans la champ où elle se sauve pour changer de robe ! C'est là le supplice, le supplice qui sans cesse recommence sans finir. La nuit, la nuit même, dans l'antichambre où couchait tout à l'heure madame de Lamballe, les municipaux veillent, et la Reine est espionnée dans le sommeil même[10].

Hile parvient à déjouer cette surveillance ; et, redescendu du grenier de la tour, après le passage des colporteurs, il apprend à la dérobée la criée du jour à la Reine : un jour le supplice de l'intendant de la liste civile, Laporte ; un jour le supplice du journaliste royaliste Durosoy[11]...

 

La Reine n'est pas désespérée encore. Elle croit encore à la Franca et à la Providence. Son imagination travaille dans l'insomnie et la fièvre ; ses illusions tre3saillent au moindre bruit. Elle écoute, elle attend, et il lui semble que l'épreuve de ce mauvais rêve va tout à coup finir.

Marie-Antoinette n'a point eu les préparations, elle n'aura que plus tard les détachements de sa compagne de captivité, Madame Élisabeth, qui au retour de Varennes habituait déjà son courage à l'avenir, en lisant des Pensées sur la Mort[12]. Marie-Antoinette sera longue à accepter le malheur, et à se familiariser, comme Madame Élisabeth, avec la résignation. Plus rapprochée qu'elle de l'humanité, elle n'échappera qu'avec effort aux faiblesses et aux révoltes de son sexe. Sensible et vulnérable, par les tendresses et les délicatesses de sa nature, aux moindres blessures, elle épuisera toutes les amertumes du martyre. Moins maîtresse de son sang et de son caractère que cette Madame Élisabeth, qui ne désarme les injures que par ce mot chrétien : Bonté divine ![13] la Reine frémira, elle s'indignera ; et, repoussant l'outrage, elle le boira jusqu'à la lie. Dans son corps même, la Reine sera plus torturée : les émotions déchirantes seront, pour son tempérament nerveux, de plus mortelles secousses.

Longtemps l'espérance alla et vint dans la pauvre femme mobile et changeante, essuyant tout à coup ses larmes, tout à coup replongée dans son chagrin ; parfois revenant à la jeunesse de son esprit, et s'oubliant à baptiser la Pagode un commissaire craintif qui ne répondait à ses questions que par un signe de tête[14] ; puis retombant et s'affaissant. Marie-Antoinette espérait encore, le jour oh M. de Malesherbes s'offrit pour défendre le Roi ; et, les lendemains de ce jour, elle n'avait pas encore la force de renoncer au tourment de l'espoir[15].

La Reine appartenait encore à la terre. Elle y était liée par son mari, par son fils ; et il faudra la mort de son mari, l'enlèvement de son fils, pour que, du haut de toutes les douleurs humaines, Marie-Antoinette s'élève à ces visions du ciel, à ces communications de Dieu qui agenouillent tout à coup, dans la journée, Madame Élisabeth au pied de son lit, à côté des commissaires qu'elle ne voit pas, la fin du monde qu'elle n'entend plus !

 

La famille royale dînait chez le Roi, le 3 septembre. La Reine avait oublié l'embarras et la rougeur de Manuel lorsqu'elle lui avait demandé où était madame de Lamballe, et qu'il lui avait répondu en balbutiant : A l'Hôtel de la Force[16]. Tout à coup, ces bruits, ce sont les tambours ; ces cris, c'est le peuple. La famille royale sort précipitamment de table, et descend dans la chambre de la Reine. Cléry entre si pâle, que la Reine lui dit : Pourquoi n'allez vous pas diner ?Madame, je suis indisposé. Les municipaux parlent bas dans un coin de la chambre. Au dehors les cris grandissent ; les injures contre la Reine mentent et arrivent distinctes à l'oreille. Un municipal et quatre hommes du peuple débouchent dans la chambre : le peuple veut les prisonniers à la fenêtre.... Les malheureux ! ils y allaient !... Le municipal Mennessier se jette sur la fenêtre, tire les rideaux, repousse la Reine... Le Roi demande, il interroge : Eh bien ! dit un des hommes, puisque vous voulez le savoir, c'est la tête de madame de Lamballe qu'on veut vous montrer ![17]

La Reine n'a pas un cri ; elle ne s'évanouit pas. Morte d'horreur, elle demeure debout, pétrifiée, immobile, semblable à une statue. Elle n'entend plus le peuple, elle ne voit plus ses enfants[18]. De tout le jour, elle n'a ni une parole ni un regard, comme si derrière les rideaux cette tête aux blonds cheveux sanglants était toujours à la regarder !

 

Puis la vie monotone et lente de la prison recommença.

A huit heures, le service du Roi fait, hier Bile, aujourd'hui Cléry descendait chez la Reine, et la trouvait levée, ainsi que le Dauphin. Les municipaux entrés, le Dauphin montait chez le Roi ; et pendant qu'au-dessus d'elle le Roi donnait des leçons de latin et de géographie à son fils, la Reine faisait l'éducation religieuse de sa fille. Elle lui apprenait ensuite à chanter ; ou bien, elle guidait son crayon sur les modèles de tête envoyés au Temple par M. Van Blaremberg[19].

La Reine, jusqu'à midi, avait un bonnet de linon et une robe de basin blanc. A midi elle mettait une robe de toile fond brun à petites fleurs, son unique parure de la journée jusqu'à la mort du Roi[20].

A deux heures, on dinait tous ensemble chez le Roi, et comme le Roi essayait quelquefois de s'échapper après le dîner pour aller lire et travailler, la Reine le retenait à une partie de trictrac ou de cartes. Mais le jeu même, souvent quel rappel el quelle menace ! et que de fois la Reine en sortait tremblante et effrayée de présages ! Comme ce jour où, dans un piquet à écrire, elle avait conduit le Roi à ses deux dernières cartes, deux as, du choix desquels dépendait un capot. Le Roi, après-avoir hésité, jeta la bonne carte. Des larmes vinrent aux yeux de la Reine. Le Roi comprit, et répondit à sa femme par un sourire de résignation[21].

Le Roi sorti, la Reine prenait l'aiguille avec Madame Élisabeth. Une grande tapisserie occupa d'abord la Reine, dont toutes les heures de royauté dérobées à la représentation avaient été données à de grands ouvrages de femme, à une énorme quantité de meubles, à des tapis, à des tricots de laine[22].

Le Roi rentré, la Reine faisait quelque lecture à haute voix. Mais quel livre ne lui apportait pas la blessure et la douleur soudaine de rapprochements imprévus ? La Reine se rejeta sur les pièces de théâtre[23] ; mais là, que de réveils du passé ! C'est la gaieté, c'est le plaisir de ses belles années, c'est sa salle de spectacle, c'est sa jeunesse ! Il est partout, ce supplice du souvenir. Dans le peu de musique laissé sur le mauvais clavecin qui sert aux leçons de sa fille, il est un morceau intitulé : La Reine de France. Que les temps sont changés ! murmure la Reine en le feuilletant[24].

A huit heures, le Dauphin soupait dans la chambre de Madame Élisabeth. La Reine venait présider au souper de son fils. Lorsque les municipaux s'éloignaient un peu, et ne pouvaient entendre l'enfant, elle lui faisait réciter une petite prière. Le Dauphin couché, la mère, ou Madame Élisabeth, cette autre mère, le veillait à tour de rôle. A neuf heures, Cléry servait le souper chez le Roi, et portait à manger à celle des deux princesses qui restait auprès du Dauphin. Le Roi descendait auprès du lit de son fils, pressait, après quelques moments, la main de sa femme et la main de sa sœur, embrassait sa fille, et remontait. Les princesses se couchaient[25] ; et la Reine avait encore vécu un jour.

Ainsi les jours succédaient aux jours. La veille était le lendemain, le lendemain était la veille. Hors une prière pour madame de Lamballe, que la Reine ajoute aux prières de son fils[26], Septembre ne change rien dans la tour. Le temps n'y change qu'une chose ; la Reine quitte sa tapisserie pour ravauder ; car la misère du linge est venue à la famille royale. Le Dauphin couche dans des draps troués[27], et la Reine veille, avec Madame Élisabeth, pour raccommoder l'un des deux habits du Roi pendant qu'il est couché[28] ; ou bien sa redingote, cette redingote couleur de ses beaux cheveux, couleur cheveux de la Reine[29].

Dans les premiers temps, la Reine descendait au jardin et faisait jouer ses enfants dans l'allée des marronniers. Mais, au bas de la tour, les deux geôliers, Risbey, et ce Rocher, l'insulteur de la famille royale au 10 août, dans le trajet des Tuileries à l'Assemblée, lui lançaient au visage la fumée de leurs pipes[30] ; autour d'eux, à cheval suries chaises apportées du corps de garde, les gardes nationaux applaudissaient, riaient et faisaient au passage de la Reine une haie de risées et d'insolences. Dans le jardin où Santerre et les commissaires promenaient la famille royale, les soldats s'asseyaient et se couvraient devant la Reine. Les canonniers, dansant en ronde, la poursuivaient avec le Ça ira et les chants de la Révolution[31]. Les ouvriers qui remplissaient le jardin se vantaient tout haut d'abattre, avec leur outil, la tête de la Reine...[32]

Quand la Reine remontait, les Marseillais chantaient sur l'air qui berça son fils :

Madame à sa tour monte,

Ne sait qu'en descendra...[33]

La Reine resta quelques jours sans descendre ; mais les enfants avaient besoin d'air, d'espace, de jeux. Ils souffraient, ils étouffaient. La Reine s'arma de son courage de mère, traversa les mauvaises paroles et redescendit au jardin.

Aussi bien, là-haut comme en bas, l'outrage et la menace entourent la Reine. Si le jardin a ses hommes, la tour a ses murs. Les charbonnages et les inscriptions y répètent comme un refrain : Madame Véto la dansera ![34]

L'écho même y apporte l'injure et le rire des stupidités immondes et des pamphlets cannibales, les ordures des Boussemard, le Ménage royal en déroute, la Tentation d'Antoine et de son cochon... Mais ne faisons pas à cette fange l'honneur de la remuer.

Il est au-dessous de tous ces outrages à la Reine un outrage honteux, que nul peuple, nul temps n'avait encore osé contre la pudeur d'une femme : il n'y a de garde-robe pour les princesses que la garde-robe des municipaux et des soldats[35] !

 

Dix-huit jours après le 3 septembre, la rue se remplit encore de cris. Les prisonniers se souviennent et tressaillent : mais non ; aujourd'hui ce n'est point une tête au bout d'une pique c'est la République.

Pendant que le municipal Lubin proclamait sous la tour, d'une voix de stentor, l'abolition de la royauté, Hébert et Destournelles, de garde dans la chambre de la Reine, épiaient ces fronts d'où tombait une couronne ; ils n'y purent rien lire. La Reine imita l'indifférence du Roi qui ne leva pas les yeux du livre qu'il lisait.

Que dis-je encore le Roi, la Reine. Il n'y a plus de Roi, il n'y a plus de Reine, il n'y à plus de famille royale au Temple : il y a Louis Capet, il y a Marie-Antoinette. Madame Élisabeth, c'est Élisabeth ; Madame Royale, c'est Marie-Thérèse ; le Dauphin, c'est Louis-Charles ; et quand le linge enfin accordé aux prisonniers arrive au Temple, la République prend la main de la Reine, et la force à démarquer cette couronne dont les ouvrières avaient surmonté ses chiffres[36].

Plus donc sur eux tous que la couronne de leur Dieu, la couronne d'épines Mais, pour la porter, ils sont une famille, ils ne sont qu'un cœur. Ils passent le jour ensemble, ils souffrent côte à côte, ils retiennent leurs larmes d'un même effort ; la sœur vit dans le frère, le mari dans la femme, la fière dans ses enfants. Leur force et leur patience sont là dans ce rapprochement et dans cette communion, dans ce partage journalier de tout leur courage et de toute leur âme. Et qu'importe l'espionnage assis à leur côté l Ils se voient ; en une telle situation, c'est se parler.

Une fois, c'était aux premiers jours de la captivité, un colporteur qui passait avait crié un décret ordonnant de séparer le Roi de sa famille. Au cri du colporteur, la Reine avait éprouvé un saisissement dont elle avait eu peine à se remettre[37]. Ce n'était alors qu'une menace. Le 29 septembre, c'est un arrêt. La Commune a résolu : Louis et Antoinette seront séparés. Chaque prisonnier aura un cachot particulier. Et les municipaux emmènent coucher le Roi dans la grosse tour du Temple, adossée à la petite tour[38].

Le lendemain à dix heures, Cléry entre avec les municipaux chez la Reine. La Reine pleurait, entourée de ses enfants et de Madame Élisabeth en pleurs. Elle se précipite vers Cléry, et ce sont mille questions sur le Roi. Elle va aux municipaux, les supplie d'une voix entrecoupée : Être avec le Roi au moins pendant quelques instants du jour... à l'heure des repas... Elle les implore avec ses larmes, avec ses sanglots, avec des cris, si belle, si furieuse de passion, qu'elle arrache à un municipal : Eh bien ! ils dîneront ensemble aujourd'hui, demain... ; si douloureuse et si désespérée que Simon se croit un moment des larmes, et bougonne assez haut : Je crois que ces b..... de femmes me feraient pleurer[39] !

Les jours suivants, la Commune toléra que la Reine prît ses repas avec le Roi, à la condition que pas une de ses paroles ne serait dite assez bas pour échapper à l'oreille des commissaires[40].

La Reine attendit trois semaines la consolation d'habiter la grosse tour, la tour qu'habitait son mari. Elle se flattait de le quitter moins, le sachant, même absent, à quelques pieds au-dessous d'elle. Elle ne savait pas encore la torture d'être si loin de ceux qu'on aime, lorsqu'on est si près ! Le 26 octobre enfin, les municipaux procèdent au transfèrement des femmes dans la grosse tour. La Reine monte l'escalier d'une des tourelles. Elle passe devant le corps de garde du premier étage ; elle passe devant la porte du logement de son mari. Elle a franchi sept guichets, elle est au troisième étage : une porte de chêne s'ouvre, puis une porte de fer : c'est sa nouvelle prison, trente pieds carrés divisés en quatre pièces par des cloisons en planches ; d'abord une antichambre dont le papier, — des pierres de taille grossièrement ombrées, — fait un cachot[41] ; à droite la chambre des Tison ; à gauche la chambre de Madame Élisabeth ; et en face la Reine, sa chambre. Un jour sombre et sans soleil descend, de la fenêtre grillée et masquée par un soufflet, sur le carrelage à petits carreaux, et sur le papier vert à grands dessins fond blanc[42]. Un lit à colonnes et une couchette à deux dossiers s'adossent aux angles des cloisons. Une commode en acajou fait face au lit. Un canapé est de côté dans l'embrasure de la fenêtre. Sur la cheminée, il y a une glace de quarante-cinq pouces et une pendule : cette pendule, qui devait mesurer le temps à la veuve de Louis XVI, représentait la Fortune et sa roue[43] !

Le soir même de l'entrée de la Reine dans la grosse tour, son fils lui est enlevé pour la nuit. De ce jour, il couchera auprès du Roi[44]. La Reine ne va plus avoir ces soins familiers, cette charge bien-aimée du lever et du coucher d'une petite créature, tout ce petit service adorable qui distrayait et occupait son chagrin. La Reine n'aura plus auprès d'elle, dans ses nuits sans sommeil, le gentil sommeil de son fils, et ce sourire des beaux rêves d'un enfant qui fait oublier aux mères qu'elles ne dorment pas.

 

La Reine vit plus séparée des siens dans ce nouveau logis. Elle vit plus éloignée du bruit de la rue, et le silence de la nuit ne lui apporte plus cet air de Pauvre Jacques chanté autour du Temple par des voix amies. Les courtes promenades au jardin ne lui donnent plus ces joies, la joie de tout un jour, le bonheur-de croire reconnaître une figure aimée qu'elle n'espérait plus revoir, un dévouement qu'elle croyait n'avoir point échappé à Septembre[45]. Aujourd'hui, plus une seule fenêtre ouverte sur tout l'enclos du Temple : la terreur semble avoir muré les maisons.

La Reine vit dans les tracas d'une suspicion incessante et stupide, qui lui retire encre, plume, papier ; qui voit dans des modèles de dessin les portraits des souverains coalisés, dans les lectures de l'Histoire de France qu'elle fait à ses enfants une incitation à la haine de la France[46]. L'insulte se taisant, la Reine est insultée par les perquisitions et les inquisitions. L'ignorance, la défiance, la sottise blessent, à tous les moments du jour, ce grand esprit étonné d'être blessé de si bas. Elle vit, essuyant les défiances et les familiarités de tailleurs de pierres et de savetiers mon tés pour la première fois dans l'histoire au rôle de tourmenteurs de reine. Échappe-t-elle aux municipaux, elle retombe, elle le sait, sous ce ménage, le patelinage et la délation, les Tison, ces Tison au masque de pitié, que la Commune a placés le 15 octobre entre elle et les demandes des prisonnières, pour les approcher plus près de la confiance qu'ils ont mission de trahir[47] !

Le 1er novembre, la famille était rassemblée chez le Roi. Drouet, le maître de poste de Sainte-Menehould, entre et va s'asseoir auprès de la Reine. Un mouvement d'horreur échappe à la Reine. Drouet venait avec deux autres membres de la Convention, Chabot et Duprat, demander à la famille royale si elle se trouvait bien, si elle ne manquait de rien. Au moment du départ, Drouet remonta seul au troisième étage. Il demanda à la Reine par deux fois, et en insistant d'une voix émue, si elle avait à formuler quelque plainte. La Reine lui jeta pour toute réponse un regard froid, et, muette, alla s'asseoir avec sa Rire sur le canapé. Drouet attendit, puis salua[48]. Quand il fut sorti : Pourquoi donc, ma sœur, — dit la Reine à Madame Élisabeth, — l'homme de Varennes est-il remonté ? Est-ce parce que c'est demain le jour des morts... ?[49]

Le jour des Morts ! triste jour qui est le jour de votre naissance, Marie-Antoinette !... Sinistre pronostic, qui jetait son inquiétude à vos plus riantes pensées, à vos plus jeunes années[50] !

Le Roi tombait malade vers la mi-novembre : après le Roi, le Dauphin. La mère n'avait pu obtenir que le lit de son fils fût transporté dans sa chambre pendant la maladie de Louis XVI. Elle demandait de descendre passer la nuit auprès de son fils malade. Sa demande était repoussée ; et déjà une barbarie hypocrite commençait à mettre entre la maladie des prisonniers et l'appel d'un médecin, entre l'ordonnance des médicaments et leur délivrance, entre la demande et l'accord des nécessités de la vie et de la santé, les formalités, les apostilles, les considérants, les notes de Tison au conseil du Temple, les délibérations du conseil, les renvois au conseil général de la Commune, les délibérations et les arrêtés de la Commune. Tous besoins de la Reine, toutes choses, les choses de l'habillement, du boire, du manger, et cette eau de Ville-d'Avray, la seule eau que son estomac peut supporter, et jusqu'au plus intime de la toilette d'une femme[51], tout passe sous ce contrôle ; et le corps tout entier de la Reine est soumis à ce conseil, à cette Commune, qui lui refuseront un jour, contre le froid de l'hiver, une couverture piquée[52] !

Au commencement de décembre, la tristesse de la Reine était devenue plus sombre, plus inquiète, plus tremblante. Elle s'agitait sous le pressentiment, sous les secrètes alarmes de l'avenir : l'ombre d'un grand malheur était devant elle. Autour d'elle, tout était menace : menace, le visage contraint de Cléry ; menace, l'insolence et la gaieté des commissaires ; menace, la surveillance resserrée ; menace, la défense à Turgy, à Chrétien, à Marchand, de communiquer avec le valet de chambre du Roi, et bientôt de sortir du Temple ; menace, le doublement des commissaires par la nouvelle Commune, héritière de la Commune du 10 août.

Le 7 décembre, pendant le déjeuner, le Roi apprenait à la Reine, en quelques mots dérobés à l'attention des commissaires, que le mardi il serait conduit à la Convention ; que le mardi son procès commencerait, et qu'il aurait un conseil. C'est Cléry qui, la veille, profitant du moment où il déshabillait son maître, lui avait jeté furtivement ces nouvelles à l'oreille. Et, comme si la République voulait annoncer d'avance à la famille du Roi l'issue de son procès, une députation de la Commune, à peine l'affreuse nouvelle apprise par le Roi à la Reine, venait enlever aux prisonniers toute espèce d'instruments tranchants ou autres armes offensives et défensives, en général tout ce dont on prive les autres prisonniers présumés criminels. Tout fut enlevé, de ca qui peut dérober au bourreau, tout, même les ciseaux de la Reine ; et l'on vit une Reine, qui reprisait son linge, cassant son fil avec ses dents[53]...

Quelles paroles pour dire l'agonie de la Reine pendant le procès du Roi ? Comme dans la Convention, la mort ! dans la tour répond à la mort ! La mort ! disent les visages à la Reine ; la mort ! disent les murs ; la mort ! dit l'écho ; la mort ! dit le papier ; la mort ! disent les journaux de la Révolution, oubliés par la Révolution sur la commode de la Reine[54]. Toute consolation, toute espérance, toute illusion, lui sont défendues ; le peu qui lui restait de force lui a été retiré : elle n'a pas vu le Roi depuis qu'il a été ramené de la Convention ! Et, pour que nulle angoisse ne manque aux angoisses de Marie-Antoinette, la maladie va de son fils à sa fille, et dans son cœur d'épouse déchire son cœur de mère.

Il y avait des jours où la Reine n'avait plus de paroles et où elle regardait ses enfants avec un air de pitié qui les faisait tressaillir ; il y avait des nuits où elle n'avait plus de sommeil et où elle restait sans se coucher, berçant son insomnie avec son désespoir[55]. Il se trouva des hommes pour ajouter à ces douleurs, et pendant ces jours il fallut à la Reine subir les grossièretés d'un Mercereau, la nuit les chansons d'un Jacques Roux[56].

Et la torture d'ignorer, de ne pouvoir suivre de la pensée un accusé si cher, l'accusation, les débat les incidents ; la torture de ne rien savoir d'une telle cause que ce que lui en apprennent les papiers montés de la fenêtre du Roi, ou bien la façon des plis du linge du Dauphin[57].

Parfois, brisée et frémissante, la Reine se réveil lait et entrait en des révoltes où éclatait la majesté de ses infortunes. L'âme et le sang de Marie-Thérèse lui montaient à la face ; et le regard en feu, bravant tous les regards, furieuse de ce courroux suprême qui saisit les grands cœurs poussés à bout par le destin, elle interrogeait la Commune sur la loi, sur le code qui permet d'arracher le mari à sa femme, et elle commandait qu'on la réunît à Louis XVI[58].

 

La Convention avait refusé au Roi qu'elle jugeait de voir sa famille, et n'osa refuser au condamné d'embrasser sa femme, ses enfants et sa sœur la veille de sa mort.

C'est dans la salle à manger du Roi que l'entrevue aura lieu : le ministre de la justice l'a décidé. Le salle est prête ; la table rangée, les chaises au fond ; sur la table une carafe et un verre ; Louis XVI a songé à tout : la Reine peut s'évanouir. A huit heures la porte s'ouvre. La Reine tenant son fils par la main, Madame et Madame Élisabeth se précipitent dans les bras du Roi. La Reine veut entraîner le Roi vers sa chambre : Non, dit le Roi, je ne puis vous voir que là. Ils passent dans la salle à manger. Les municipaux sont à leur poste derrière la porte vitrée et la cloison en vitrage ; ils ne peuvent entendre, mais ils espionnent de l'œil cette douleur, la plus grande peut- être dont Dieu ait infligé le spectacle à des hommes ! D'abord des sanglots. La Reine est assise à la gauche du Roi, Madame Élisabeth à sa droite, Madame Royale presque en face, le Dauphin debout entre ses jambes. Le Roi parle. Après chaque phrase du Roi, la Reine, Madame Élisabeth, les enfants fondent en sanglots. Au bout de quelques minutes la voix du Roi reprend ; au bout de quelques minutes les sanglots recommencent. Tous se penchent : c'est le Roi qui bénit sa femme, sa sœur, ses enfants. La petite main du Dauphin se lève : c'est le Roi qui fait jurer à son fils de pardonner à ceux qui font mourir son père[59]. Puis plies de paroles : rien qu'un sanglot de toute cette famille[60]...

Un quart à heure après, il était dix heures un quart, le Roi se lève. D'une main la Reine lui saisit le bras, et de l'autre prend la main du Dauphin. Madame Élisabeth, Madame s'attachent au Roi, et l'on fait ainsi quelques pas, enchaînés les uns aux autres. A la porte les femmes retrouvent de nouvelles larmes et de nouveaux gémissements : Je vous assure, dit le Roi, que je vous verrai demain à huit heures. — Pourquoi pas à sept heures ? fait la Reine en suffoquant. — Eh bien ! oui, à sept heures... Adieu ! Ils s'embrassent et ne peuvent finir... Adieu ! et le Roi s'arrache des bras de la Reine, adieu ![61] Madame se trouve mal dans l'escalier ; et, la Reine, soutenant sa fille, tout à coup se retourne vers les municipaux, et d'une voix terrible : Vous êtes tous des scélérats ![62]

 

La nuit du 20 au 21 janvier, toute la nuit, Madame entendit sa mère, qui ne s'était pas déshabillée, trembler, sur son lit, de douleur et de froid[63]. Marie-Antoinette appelle à chaque heure cette heure de sept heures, l'heure promise aux embrassements suprêmes. Elle est inquiète de ce bruit, mais c'est le bruit de Paris qui s'éveille. La porte s'ouvre... ce n'est encore qu'un livre qu'on vient chercher pour la messe du Roi. Quels siècles, les minutes ! quelle éternité, cette heure, jusqu'à ces fanfares de trompettes... Le Roi est parti[64] !

Alors, au troisième étage de la tour, trois femmes pleurent et prient, tandis qu'un pauvre enfant, échappé de leurs bras, mouillé de leurs larmes, crie aux commissaires : Laissez-moi passer ! je vais demander au peuple qu'il ne fasse pas mourir papa roi ![65]

Quelques heures après, des salves d'artillerie apprennent à Marie-Antoinette que ses enfants n'ont plus de père...

 

 

 



[1] Nous avons dit de combien de misérables griefs les entours du duc d'Orléans avaient nourri son inimitié contre la Reine. Une curieuse lettre, écrite sept jours après l'incarcération de la famille royale, va montrer ce que peuvent avoir ajouté à cette inimitié des jalousies de femme. Le lecteur y trouvera en même temps une chronique intime du 10 août, et un coin de l'histoire 'florale de la Révolution. Cette lettre, publiée par nous pour la première fois et dont nous devons la communication à M. Niel, est de la comtesse de Buffon, dont on couvait les relations avec le duc d'Orléans. Elle est adressée à Lauzun, qui était allé prendre à Strasbourg le commandement de l'armée du haut Rhin.

Paris, ce 20 août 1792.

Je vous ai promis de sous donner de mes nouvelles, même de remplir trois ou quatre pages en votre faveur. Comme voicy le moment ou chacun est plus scrupuleux de tenir ce qu'il promet, je vais commencer mon récit, et ne parlerai de vous, de moi et de nos amis communs qu'après vous avoir donné un extrait fidèle des différents événements de la capitale.

Les chevaliers du poignard, faible soutien de Louis XVI, après avoir été les uns pris et renfermés, les autres tués, les autres se claquemurant pour se rendre introuvable, ont encore eu la douleur de voir ou de savoir que l'on a mis leur gros chef au Temple, — ou il est avec sa femme, sa fille et le prince royal, plus Madame Élisabeth. — On n'entre dans la tour qu'avec une permission de M. Petion. — Si nous con-poissions de l'esprit au Roy, nous pourrions prendre son insouciance pour du courage. — Il se promène dans son jardin, en calculant combien de pieds quarrés en tel sens ou en tel autre ; il mange et boit bien, — et joue au ballon avec son fils. La Reine est moins calme, dit-on ; elle n'a depuis hier aucune dame auprès d'elle. Mesdames de Lamballe, Tarente, Saint-Aldegonde, Tourzel, encore deux autres dont, je n'ai pu savoir le nom, ont été transférées à la Force. — Il y a, selon le relevé des sections de Paris, six mille cinq cents personnes te péris dans la journée du 10. — Le complot de la cour était atroce et gauche comme à l'ordinaire ; il faut avouer que nous avons une étoile préservatrice et qu'avec bien de l'argent, bien des ruses, bien des moyens, ils ont toujours si fort précipités leurs projets que le succès qu'ils attendoient a toujours été pour nous ; les plus enragés aristocrates sont furieux contre le Roy, de ce qu'ils se sont laissés couper le col pour lui, et que bravement il s'en est allé trouver les députés ; trop heureux que l'assemblée ait bien voulu lui permettre de dormir et de manger au milieu d'elle. — On assure qu'il y a quatre mille personnes d'arrettés et compromise plus ou moins dans cette malheureuse affaire. On doit demain guillotiné au Carousel. — On affirme que MM. de Poix et de Laporte seront les premiers. — On cherche partout, MM. de Narbonne, Baumetz et du Chatelet ; ils sont dans Paris, et c'est la crainte qu'eux et d'autres que l'on ne veut pas laisser aller, ne partent que l'on ne délivre aucun passeport. — Au milieu de ces arrestations Paris est calme pour ceux qui ne tripotent point. — J'oubliois de vous dire que madame d'Ossun est à l'Abbaye. — Celles qui sont à la Force ne savent point pour combien de temps, et la ci-devant princesse (de Lamballe) est sans femme de chambre, elle se soigne elle-même ; pour une personne qui se trouve mal devant un oumard en peinture c'est une rude position. On ne voit pas une belle dame dans les rues ; je roule cependant avec mon cocher qui chatouille les lanternes de Paris avec son chapeau. — J'ai été hier à l'Opera ; les aboyeurs étaient occupés de mon seul service ; j'avois le vestibule pour moi, et Roland mon domestique faisoit promenade solitairement dans le couloir ; cependant la salle était pleine. — Vous scavez par les papiers les choses dont je ne vous parle pas. — Vous avez sans doute sçu que Sulau a été expedié dans l'affaire du 10. On courre après M. Lafayette. Je ne sais s'il se défendra avec une partie de son armée, ou s'il sera ramené à Paris : voila encore un événement marquant, mais que j'ignore. — La fourberie de ce general prouvera en faveur du plus franc et des moins ambitieux des citoyens notre ami Philippe.

Vous savés que lorsque M. Lukner a appris le decret de suspension, il a dit : Sacretié, moi ché si jacobil pourvu que M. Lafayette n'ait pas eu le temps de travailler sa façon de penser. IL y a une dame de la rue du Bac, qui avoit les yeux culottes de velours noirs, disoit son beau-frère, qui a assuré notre ami qu'elle n'osait respirer et qu'elle mourrait de peur ; elle est fort drôle, dit-on dans sa frayeur, quoique n'ayant rien qui l'agite personnellement, mais ses amis, elle n'en peut respirer.

Je vais cesser mon bavardage, j'ai rempli mon engagement. C'est un plaisir avec vous. Je vous ai voué il y a longtemps, et pour deux, amitié, reconnaissance et un tendre intérêt, je vous désire du bonheur, des succès, de la santé et de l'argent.

C. B.

Je me porte à merveille. — J'espère tout de cette crise pour le bonheur et la santé de mon ami. — On n'en parle pas même en bien. — C'est très-heureux, il a je crois, rifle conduite parfaite, et j'espère qu'un jour on saura l'apprécier.

Tous ses ingrats amis sont dans un moment de presse pénible ; il y en a bien quelques-uns qui ont eu la bassesse de chercher à se rattacher à lui. — Nous sommes bien bon mais pas bête. Charles Lameth est pour sure arrêté à Barentin ; M. de Liancourt s'est sauvé par le Havre.

Monseigneur a reçu votre lettre par laquelle vous nous aprenés que vous allés à Strasbourg.

[2] Dernières années du règne et de la vie de Louis XVI, par François Hüe.

[3] Dernières années du règne et de la vie de Louis XVI, par François Hüe.

[4] Mémoires de Weber concernant Marie-Antoinette, vol. II.

[5] Maximes et pensées de Louis XVI et d'Antoinette.

[6] Quelques souvenirs de notes sur mon service au Temple, par M. Lepitre. Paris. Nicolle, 1817.

[7] Récit des événements arrivés au Temple, par Mme Royale, fille du Roi, à la suite du journal de Cléry. Paris. Baudouin, 1825,

[8] Dernières années, par Hüe.

[9] Journal de Cléry.

[10] Dernières années, par Hüe. — Journal de Cléry.

[11] Dernières années, par Hüe.

[12] Dernières années, par Hüe.

[13] Six journées passées au Temple, par Moille. Paris, Dentu, 1820.

[14] Quelques souvenirs, par Lepitre.

[15] Maximes et pensées de Louis XVI et d'Antoinette.

[16] Dernières années, par Hüe.

[17] Journal de Cléry.

[18] Récit de Madame.

[19] Dernières années, par Hüe.

[20] Six journées passées au Temple, par Moille.

[21] Six journées passées au Temple, par Moille.

[22] Récit de Madame.

[23] Dernières années, par Hüe.

[24] Quelques souvenirs, par Lepitre.

[25] Journal de Cléry. — Dernières années, par Hüe.

[26] Journal de Cléry.

[27] Dernières années, par Hüe.

[28] Journal de Cléry.

[29] Six journées passées au Temple, par Moille.

[30] Dernières années, par Hüe.

[31] Journal de Cléry.

[32] Récit de Madame.

[33] Fragments historiques sur la captivité de la famille royale à la tour du Temple, recueillis par M. de Turgy à la suite des Mémoires historiques, par Eckart, 3e édition. Paris, 1818.

[34] Journal de Cléry.

[35] Journal de Cléry.

[36] Journal de Cléry.

[37] Dernières années, par Hüe.

[38] Journal de Cléry.

[39] Journal de Cléry.

[40] Journal de Cléry. — Récit de Madame.

[41] Lettre sur la prison du Temple et sur les deux enfants de Louis XVI, pour servir de supplément aux Mémoires de Cléry.

[42] Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoie, vol. II.

[43] Archives nationales, Louis XVII, par M. de Beauchesne, n° VII.

[44] Journal de Cléry.

[45] Mémoires historiques sur Louis XVII, par Eckard.

[46] Mémoires historiques sur Louis XVII, par Eckard.

[47] Journal de Cléry.

[48] Récit de Madame.

[49] Louis XVII, par A. de Beauchesne, vol. I.

[50] Maximes et pensées de Louis XVI et d'Antoinette.

[51] Catalogue de lettres autographes du 12 mars 1855.

[52] Détention de Louis XII et de sa famille au Temple. Revue rétrospective, 2e série, vol IX.

[53] Journal de Cléry.

[54] Récit de Madame.

[55] Récit de Madame.

[56] Quelques souvenirs, par Lepitre.

[57] Journal de Cléry.

[58] Maximes et Pensées de Louis XVI et d'Antoinette.

[59] Journal de Cléry.

[60] Mémoires de l'abbé Edgeworth de Firmont recueillis par Sidney Edgeworth. Paris, Gide, 1817.

[61] Journal de Cléry.

[62] Maximes et pensées de Louis XVI et d'Antoinette.

[63] Récit de Madame.

[64] Journal de Cléry.

[65] Maximes et Pensées de Louis XVI et d'Antoinette.