Marie-Antoinette homme d'État. — Sa correspondance avec son frère Léopold II. — Son plan, ses espérances, ses illusions. — Sa correspondance avec le comte d'Artois. Son opposition aux plans de l'émigration. — Caractère de Madame Élisabeth. Son amitié pour le comte d'Artois. Sa correspondance. Sa politique. — Préoccupation de Marie-Antoinette du salut du royaume par le Roi.La Reine passait alors toutes ses journées à écrire. La nuit, la Reine avait entièrement perdu le sommeil, elle lisait. Elle recevait les rapports de M. de la Porte, de Talon, de Bertrand de Molleville. Elle correspondait avec l'étranger au moyen Cm chiffre d'une extrême difficulté, indiquant les lettres par une lettre d'une page et d'une ligne d'une édition de Paul et Virginie possédée par tous ses correspondants. Qui la reconnaîtrait, cette lemme, cette Reine si jeune hier, hier la reine de la mode et du plaisir ; cette bergère de Trianon, occupée de badinages et d'élégances ? Imaginez-la enlevée tout à coup à ces jeux de la pensée, à ces divertissements du goût, à la pastorale, aux rubans, à sa vie, presque à son sexe ! Adieu le sceptre léger de la grâce ! Du gouvernement de ces riens charmants, elle monte, grandie soudain, au plus grand et au plus sévère des affaires humaines. Ces plumes, taillées pour les causeries et les caresses de l'amitié, se plieront du premier coup au style des chancelleries, et toucheront à l'État ! Cette Dauphine rieuse, cette Reine qui se sauvait de son trône, Marie-Antoinette portera le fardeau d'un ministre des affaires étrangères, les restes d'un trône, le dernier espoir d'un droit ! Le malheur a de ces coups de foudre, de ces éducations subites, de ces illuminations miraculeuses de l'âme et de la tête, du caractère et du génie. L'exemple en est là, dans cette correspondance de Marie-Antoinette avec Léopold II[1], les titres d'homme d'État de la Reine, le témoignage écrit qu'elle a laissé à la postérité de sa pensée politique, de son haut jugement, de sa mâle intelligence et de ses illusions. C'est au lendemain du retour de Varennes, c'est le 31 juillet 1791 que la Reine, se relevant sur sa chute, discute, prévoit, combat. La Reine disait à son frère les influences du jour réunies et conjurées pour le salut de la monarchie : les séditieux repoussés, leurs efforts vains ; l'Assemblée gagnant en consistance et en autorité dans le royaume. Elle disait la fatigue des agitations dans les agitateurs mêmes, la Révolution reprenant haleine, les fortunes demandant sûreté ; la halte momentanée des événements, des passions, du désordre, les lois osant parler, la possibilité et la raison d'une pacification entre la dignité de la couronne et les intérêts de la nation ; enfin les espoirs de reconstruction de l'autorité par le temps, par le retour des esprits, par l'expérience des nouvelles institutions. A ce tableau de juillet 1791 la Reine opposait la France avant le départ pour Varennes, la multitude et le tumulte des partis, la loi désarmée, le Roi sans sujets, l'Assemblée dépouillée de force et de respect ; bref, la désespérance, même dans le plus lointain avenir, de toute recréation de pouvoir. Appuyée sur cette opposition de situation, sur ce ralentissement des excès, sur ce refroidissement des âmes, elle arrêtait et repoussait les offres de son frère, éloignant ce secours armé dont ne voulait pas son cœur français, et qu'il n'appellera, qu'il ne subira qu'au dernier moment et comme au dernier soupir de la royauté. Pour mieux retenir son frère et ses armées, la Reine glisse d'abord légèrement sur les dangers qu'une agression, une tentative violente de libération et de restauration peut faire courir à son mari, à son fils, à elle-même, accusée d'être l'âme de ce complot ; puis, Reine de France, qui sait ce que peut la France menacée, et qui en a tout ensemble comme une terreur et comme une fierté, elle entretient longuement l'Empereur de l'incertitude de la victoire sur un peuple en armes, électrisé et furieux d'héroïsme. Pour mieux enchaîner encore l'impatience de son frère, pour mieux le défendre de l'impatience de ses entours, elle fait appel à ses intérêts de souverain, à ses intérêts de prince autrichien. Elle lui représente la certitude de l'alliance de la France avec le premier empire qui reconnaîtra la Constitution, Cette alliance, elle la promet à Léopold II, s'il laisse Louis XVI consolider les lois, assurer la paix, et réconcilier la France avec elle-même. Que l'histoire cherche, que les partis supposent, que la calomnie invente : voilà toute la politique de Marie-Antoinette, la confession de tout ce qu'elle attend, de tout ce qu'elle prépare, de tout ce qu'elle empêche. Elle ne veut rien de l'étranger, rien même de son frère, que la soumission aux idées de concession et de temporisation de Louis XVI, une conduite conforme au vœu manifesté par la nation, une espérance sans impatience d'une reconstitution sans secousse. Surmontant ses répugnances et les débats de son orgueil, elle tient parole aux Girondins auprès de son frère ; elle reste fidèle à leurs conseils d'expectative tant que l'expectative ne devient pas une lâcheté et une désertion. Vainement Mercy-Argenteau répandait ses doutes et ses inquiétudes sur la franchise des intentions du parti girondin ; maltraitait auprès du prince de Kaunitz la foi crédule de la Reine dans le dévouement des Barnave, des Lameth, des Duport ; répétait que les amis de la Reine ne seraient jamais que des déterminés antiroyalistes et des scélérats dangereux ; vainement il montrait, sur le plan de la Reine, la fausse et dangereuse position de l'Europe, ouverte et désarmée devant la menace et la contagion des idées françaises, troublée de perpétuelles alarmes, obligée à une surveillance permanente de cette tranquillité grosse de catastrophes qu'il appelait le repos de la mort[2] ; ces avertissements, ces injures de Mercy-Argenteau ne détachaient pas la Reine des avis de la Gironde et de la modération. Ce n'est que lors de l'établissement de la République dans les esprits que Marie-Antoinette, voyant les événements emporter les promesses des Girondins, se retourne vers son frère, mais en le retenant encore ; elle défend à Vienne la précipitation et la violence, en même temps qu'elle combat aux Tuileries le refus de la Constitution, auquel l'encourageait Burke[3] ; elle cherche encore à dénouer pour ne pas trancher, elle veut vaincre avec cette arme des habiles, la diplomatie, honneur de tant de grands hommes, dont on a fait le crime et la condamnation de cette pauvre mère essayant de garder la vie et le patrimoine de ses fils ; de cette pauvre Reine qui croyait conspirer avec Dieu en défendant une institution relevant de sa grâce, et cependant tentait d'éloigner la guerre de la Révolution, espérant l'épargner à la France ! Pouvons-nous risquer de refuser la Constitution ? — écrit la Reine dans sa lettre du 10 août 1791 à Mercy-Argenteau, un an jour pour jour avant le 10 août. — Je ne parle pas des dangers personnels... Et dans un post-scriptum : Il est impossible, vu la position ici, que le Roi refuse son acceptation ; croyez que la chose doit être vraie, puisque je le dis. Vous connoissez assez mon caractère pour croire qu'il me porteroit plutôt à une chose noble et pleine de courage[4]..... Le Roi ne peut donc pas risquer de refuser la Constitution : Pour cela je crois qu'il est nécessaire, quand on aura présenté l'acte au Roi, qu'il le garde d'abord quelques jours, car il n'est censé le connoitre que quand on le lui cura présenté légalement, et qu'alors il fasse appeler les commissaires pour leur faire non pas des observations ni des demandes de changement qu'il n'obtiendra peut-être pas, et qui prouveraient qu'il approuve le fond de la chose, mais qu'il déclare que ses opinions ne sont point changées ; qu'il montroit, dans sa déclaration du 20 de juin, l'impossibilité où il étoit de gouverner avec le nouvel ordre de choses ; qu'il pense encore de même, mais que pour la tranquillité de son pays il se sacrifie, et que pourvu que son peuple et la nation trouvent le bonheur dans son acceptation, il n'hésite pas à la donner ; et la vue de ce bonheur lui fera bientôt oublier toutes les peines cruelles et amères qu'on a fait éprouver à lui et aux siens ; mais si l'on prend ce parti il faut y tenir, éviter surtout tout ce qui pourvoit donner de la méfiant e et marcher en quelque sorte toujours la loi a la main ; je vous promets que c'est la meilleure manière de les en dégoûter tout de suite. Le malheur c'est qu'il faudroit pour cela un ministre adroit et sûr, et qui, en même temps, eut le courage de se laisser abîmer par la cour et les aristocrates pour les mieux servir après ; car il est certain qu'ils ne reviendront jamais ce qu'ils ont été, surtout par eux-mêmes[5]. Puis, au bout de sa lettre, emportée par le pressentiment de la vanité de toutes ces tentatives, aux abois dans le dédale des ressources et des moyens de salut, épouvantée du sommeil du Roi, de ce roi incapable de régner, au jugement du comte de la Marck[6], la mère arrache à la Reine un cri, un douloureux appel aux puissances étrangères. En tout état de cause, les puissances étrangères peuvent seules nous sauver : l'armée est perdue, l'argent n'existe plus ; aucun lien, aucun frein ne peut retenu la populace armée de toute part ; les chefs même de la Révolution, quand ils veulent parler d'ordre, ne sont pas écoutés. Voila l'état déplorable oh nous nous trouvons ; ajoutez à cela que nous n'avons pas un ami, que tout le monde nous trahit : les uns par haine, les autres par faiblesse ou ambition ; enfin je suis réduite à craindre le jour où on aura l'air de nous donner une sorte de liberté ; au moins dans l'état de nullité où nous sommes nous n'avons rien à nous reprocher. Vous voyez mon âme tout entière dans cette lettre ; je peux me tromper, mais c'est le seul moyen que je voie encore pour aller. J'ai écouté, autant que je tai pu, des gens des deux côtés, et c'est de tous leurs avis que je me suis formé le mien : je ne sais pas s'il sera suivi. Vous connaissez la personne[7] à laquelle j'ai affaire ; au moment où on la croit persuadée, un mot, un raisonnement la fait changer sans qu'elle s'en doute ; c'est aussi pour cela que mille choses ne sont point à entreprendre. Enfin, quoiqu'il arrive, conservez-mm votre amitié et votre attachement, j'en ai bien besoin ; et croyez que, quelque soit le malheur qui me poursuit, je peux céder aux circonstances, mais jamais je ne consentirai à rien d'indigne de moi : c'est dans le malheur qu'on sent davantage ce qu'on est. Mon sang coule dans les veines de mon fils, et j'espère qu'un jour il se montrera digne petit-fils de Marie-Thérèse. Adieu[8]. Et pourtant cela même, cet appel désespéré, n'est point un appel à l'invasion de la patrie. Marie-Antoinette ne sollicite et ne veut qu'un manifeste, un manifeste pesant sur la France du poids des représentations de toutes les têtes couronnées, une mise en demeure de la paix appuyée par de grandes forces ; une imposante menace, mais une menace seulement, étendue sur tout l'horizon de la France. Sans doute ce pouvait être une illusion chez la Reine de croire reconquérir la France en montrant et en arrêtant à ses frontières une armée d'observation l'arme au bras ; mais l'illusion était sincère, et c'est un beau spectacle de voir celte femme abreuvée de fiel, chargée d'outrages, développer généreusement et sans passion ce plan de retenue et d'attente qui défend d'un bout à l'autre la France contre les armes de l'étranger et contre les armes de ses enfants, deux guerres, deux malheurs que le Roi, disait Marie-Antoinette dans le Mémoire qui suit, devait épargner au risque de sa couronne et de sa vie. Mais, avant le Mémoire de la Reine envoyé par elle à son frère, donnons une lettre qui le précéda : Ce 31 d'août 1791. Voici mon cher frère un nouveau mémoire, j'ai cherché a vous prouver dans le dernier qu'il dépend de vous de mettre un terme aux révoltes qui subversent la France. On m'a fort approuvé de vous l'avoir envoyé et l'on me charge de vous envoyer celui-ci. Les objets qui y sont discutés étant de la plus haute importance et les déterminations qui pourront être prises étant de nature si elles sont fausses à jetter un désordre affreux non-seulement en France mais dans toute l'Europe, le mémoire contient des réflections générales qui feront juger sainement de l'état des choses. On recommande particulièrement à votre attention le passage suivant. Si l'Empereur soutenoit les émigrants on cesseroit de croire à la bonne foi du roi qu'on ne supposera jamais disposé à faire la guerre à son beau-frère ; si l'Empereur soutenoit les émigrants, cet équilibre de force engageroit à une guerre horrible et atroce ou la dévastation et le carnage serait sans bornes, ou l'on chercherait, l'on parviendrait peut-être à débaucher de part et d'autre les soldats, ou l'on pourroit essayer à rallier tous les peuples à une cause commune contre les nobles et les rois ; si l'Empereur soutenoit les émigrés, si seulement il pouvoit l'espérer, ils se livreroient aux plus folles et aux plus coupables espérances, car ils sont moins attachés au roi qu'à leur cause propre. Adieu, mon cher fière, je vous embrasse et je vous aime du plus profond de mon cœur et jamais je ne peu changer. MARIE-ANTOINETTE[9]. Ajoutons à cette lettre la lettre accompagnant le Mémoire : Ce 8 septembre. Il y a longtemps, mon cher frère, que je n'ai pu vous écrire, et cependant mon cœur en avoit bien besoin ; je sais toutes les marques d'amitié et d'intérêt que vous ne cessé de nous donner, mais je vous conjure par cette même amitié de ne pas vous laisser compromettre en rien pour nous ; il est certain que nous n'avons de ressource et de confiance qu'en vous. Voici un Mémoire qui pourra vous montrer notre position au vrai, et ce que nous pouvons et devons espérer de vous. Je convois très-bien l'âme des deux frères du Roi, il n'y a pas de meilleurs parents qu'eux — je dirois presque de frère si je n'avons pas le bonheur d'être votre sœur —. Ils désirent tous deux le bonheur, la gloire du roi uniquement, mais ce qui les entourent est bien différent, ils ont tous fait des calcules particuliers pour leur fortune et leur ambition. Il est donc bien intéressant que vous puissiez les contenir et surfont comme M. de Mercy doit déjà vous l'avoir mandé de ma part d'exiger des princes et des François en général de se tenir en arrière dans tout ce qui pourra arriver soit en négociations, soit que vous et les autres puissances, faisiez avancer des troupes. Cette mesure devient d'autant plus nécessaire, que le roi allant accepter la Constitution, ne pouvant faire autrement, les François en dehors se montrant contre son acceptation, seroit regardé comme coupable par celte race de tigre qui inonde ce royaume, et bientôt il nous soupçonneroit d'accord avec eux ; hors il est de notre plus grand intérêt, faisant avec eux tant que d'accepter, d'inspirer la plus grande confiance, c'est le seul moyen pour que le peuple revenant de son ivresse, soit par les malheurs qu'il éprouvera dans l'intérieur, soit par la crainte du dehors, reviennent à nous en détestant tous les auteurs de nos maux. Je vous remercie, mon cher frère, de la lettre que vous m'avez écrite, elle étoit parfaitement dans le sens que je pouvois désirer, et elle a fait un bon effet, car ceux même à qui je me suis cru obligée de la faire voir, on paru ou on crû devoir paroitre content, mais qu'il m'en a coûté pour vous écrire une lettre de ce genre. Aujourd'hui qu'au moins ma porte est fermée, et que je suis maîtresse dans ma chambre, je puis vous assurer, mon cher frère de la tendre et inviolable amitié, avec laquelle je vous embrasse et qui ne cessera qu'avec ma vie[10]. Le Mémoire de la Reine, daté du 3 septembre 1791, commence : Il dépend de l'Empereur de mettre un terme aux troubles de la Révolution françoise. La force armée a tout détruit, il n'y a que la force armée qui puisse tout réparer. Le Roi a tout fait pour éviter la guerre civile, et il est encore bien persuadé que la guerre civile ne peut rien réparer et doit achever de tout détruire. Or, continue le Mémoire, les princes entrant en France, c'est la guerre civile. Les princes entrant en France, entrent avec la soif d'une autre vengeance que celle des lois ; il faut qu'ils reviennent avec la paix et la confiance dans la seule autorité qui puisse dissiper tous les partis. Les princes entrant en France, c'est une régence. Le Roi s'oppose à cette régence : d'abord, comme pouvant diviser les provinces, les villes, l'armée, par la nomination à des emplois émanée de deux pouvoirs : l'un, l'Assemblée autorisée par le Roi, l'autre, le régent ; ensuite, comme pouvant perdre la puissance du Roi par la même entreprise qui doit la lui rendre. Les princes entrant en France, c'est la convocation des Parlements à laquelle le Roi se refuse : 1° comme pouvant compromettre dans une guerre d'arrêts une autorité légale appelée dans l'avenir à rétablir l'ordre dans la paix ; 2° comme établissant une opposition entre les princes et le nom du Roi ; 3° comme pouvant autoriser le peuple à croire au rétablissement entier de l'ancien régime. Les princes entrant, c'est accoutumer la nation à voir s'élever dans l'État une autre puissance que celle du Roi ; c'est jeter en dehors de la puissance légitime les bases d'un gouvernement au hasard, dans un moment où l'homme le plus habile ne peut pas savoir quelle est la forme qui peut lui convenir. Puis, combattant les impatiences du parti des princes : Comment, — disait la Reine avec un grand sens et une justesse d'esprit remarquable, — comment peut-on connoitre ce qui peut convenir à l'état d'une nation dont la plus faible partie commande dans le délire et que la peur a subjuguée tout entière On n'a pas conservé le .sentiment des choses accoutumées et journalières qui semblaient former, non pas seulement la constitution de l'État, mais celle de chaque classe, de chaque profession, de chaque famille. On a tout arraché, tout détruit, sans exciter dans le grand nombre la surprise et l'indignation. Il n'y a point d'opinion publique et réelle dans une nation qui n'a pas un sentiment. Que sont devenues toutes les habitudes ?... Quel est le droit habituel qui n'ait pas été proscrit ou l'obligation habituelle qui n'ait été rompue ? On s'est servi des insurrections et des émeutes populaires pour détruire toutes les formes établies. On ne pouvoit pas s'en servir pour donner des habitudes nouvelles à la nation entière, et ce n'est pas en deux ans de temps employés à tout détruire qu'on peut créer, entretenir et consolider des habitudes. Il faut la laisser respirer un moment de tant de troubles et d'agitations ; il faut lm laisser reprendre ses habitudes et ses mœurs avant de juger ce que les circonstances peuvent exiger ou souffrir. La Reine reprenait : Les princes entrant en France, c'est la guerre civile ; les étrangers entrant, c'esi la guerre civile et la guerre étrangère. Le Roi ne veut pas la guerre civile ; le Roi ne veut pas la guerre étrangère. Il est en dehors de la guerre, un moyen, un seul, de sauver le Roi et le trône : une déclaration collective des puissances unies. Les puissances unies déclareront qu'il n'est pas indifférent à l'Europe, vu la position et l'importance de la France dans le continent, que la France soit une monarchie ou une république ; qu'il importe au contraire aux monarchies de l'Europe que la couronne de rance soit héréditaire de mâle en mâle, que la personne du Roi soit inviolable, que le Roi ne puisse être suspendu ou déchu de sa puissance ; qu'elles ne peuvent souffrir que les anciens traités conclus avec la France, devenus partie intégrante du droit européen, soient le jouet de l'influence réelle ou présumée d'une force armée ou d'une émeute populaire ; qu'en cas de révocation de quelque traité par le roi de France, révocation involontaire et forcée, elles sont en droit de déclarer la guerre à la France ; que, par une convention tacite, il a existé de tout temps un rapport de force armée entre les puissances de l'Europe ; qu'aine armée de quatre millions d'hommes levée tout à coup par la France, indépendamment des troupes de ligne, une élévation aussi prodigieuse de la force armée qui tient le Roi prisonnier, sont une violation de cette convention tacite, en même temps qu'un danger de guerre permanent pour les puissances étrangères. Tels étaient les raisons et les prétextes de celte intervention de l'Europe où la Reine voyait le salut. Elle espérait de cette déclaration l'intimidation des uns, l'encouragement des autres, un soulèvement spontané de la majorité craintive des mécontents contre la tyrannie locale des départements, des municipalités, des clubs ; un soulèvement qui serait si brusque, si général, si unanime, qu'il n'y aurait point de défense, point de sang. Elle espérait une révolution pacifique éclatant à la fois dans toutes les bonnes villes de France, et elle terminait son Mémoire par cette assurance, — hélas ! ce n'était qu'un vœu — : La révolution se fera par l'approche de la guerre et non par la guerre elle-même[11]. La Reine poursuivait encore, le 4 octobre 1791, auprès de son frère convaincu et rallié à en projet[12], la réalisation de son plan et de ses espérances : Je n'ai de consolation qu'à vous écrire, mon cher frère, je suis entourée de tant d'atrocités que j'ai besoin de toute votre amitié pour reposer mon esprit ; j'ai pu par un bonheur inouï voir la personne de confiance du comte de M...[13], mais je n'y suis parvenu qu'une fois sûrement ; elle m'a exposé des pensées du comte qui se rencontre avec beaucoup de ce que je vous ai déjà dit ces jours derniers ; depuis l'acceptation de la Constitution le peuple semble nous avoir rendu sa confiance, mais cet événement n'a pas étouffer les mauvais desseins dans le cœur des méchants ; il seroit impossible qu'on ne revienne pas à nous si l'on connoissait notre véritable manière de penser, mais malgré cette sécurité du moment, je suis loins de me livrer à une confiance aveugle ; je pense qu'au fond le bon bourgeois et le bon peuple ont toujours été bien pois nous, mais il n'y a entre eux nul accord, et il n'en faut pas attendre ; le peuple, la multitude sent par instinct et par intérét le besoin de s'attacher à un chef unique, niais ils n'ont pas la-force de se débarrasser de tous les tirons de populace qui les opprime, n'ayant point d'unité, et ayant à lutter contre des scélérats bien d'accord qui se donnent d'heure en heure le mot d'ordre dans les clubs ; et puis on les travaille sans cesse, on leur glisse avec perfidie des soupçons contre la bonne foi du Roi, et l'on viendra ainsi à bout de soulever de nouveaux orages ; si cela arrive comme je le crains, car, encore une fois, je ne me laisse pas prendre à cette ivresse du moment, les malheures seront encore plus grands, car il sera alors plus difficile de reconquérir la confiance perdue et le peuple qui se croiroit trompé tourneroit contre nous. C'est un motif de plus de redoubler de soins poux profiter du moment s'il est possible : il le faut puisque l'autorité royale échappe et que la confiance publique est le frein a opposé aux envahissements du corps législatif. Mais comment profiter de la confiance du moment ? là est la difficulté ; je pense qu'un premier point essentiel est de régler la conduite des émigrants. Je puis répondre des frères du Roi, mais non de M. de Condé. Les émigrants rentrant en armes en France toua est perdu, et il seroit impassible de persuader que nous ne sommes pas de connivence avec eux. L'existence d'une armée d'émigrants, sur la frontière, suffit même pour entretenire le feu et fournir aliment aux accusations contre nous ; il me semble qu'un congrès faciliteroit le moyen de les contenir. J'en ai fait dire ma pensée à M. de M... pour qu'il vous en parlât, mon cher frère ; cette idée d'un congrès me sourit beaucoup, et seconderoit les efforts que nous faisons pour maintenir la confiance : cela d'abord, je le répète, contiendroit les émigrants, et, d'un autre côté feroit icy une impression dont j'attends du bien ; je remets cela à vos lumières supérieures ; on est de cet avis auprès de moi, et je n'ai pas besoin de m'étendre sur ce point, ayant tout fait expliquer à M. de M... Adieu, mon cher frère ; nous vous aimons, et ma fille m'a chargé particulièrement d'embrasser son bon oncle. MARIE-ANTOINETTE[14]. Tels sont les plans, tels sont les vœux de la Reine dans leur révélation la plus intime, dans leur confession la plus entière. C'est là toute la pensée, tout le cœur de celle Reine qui a porté si longtemps dans l'histoire la peine de l'émigration ! Mais quel historien osera désormais l'accuser contre tous les faits, contre toutes les preuves ? Qui l'accusera encore après ces deux lettres, documents inconnus et précieux, où se voit l'abîme qui a toujours séparé la politique de la Reine de la politique de Coblentz ? Ce 14 mai 1791. Ma chère sœur, j'ai déchiffrée la lettre du comte d'Art. ; elle m'afflige beaucoup ; je vais vous la transcrire ici, et vous verrez combien le meilleur cœur veut s'égarer. Les mouvements des émigrants sur la frontière sont une calamité, je suis désespérée qu'il prenne à contrepied nos avis et nos prières. Le Roi va lui écrire ; vous feriez sagement, vous pour qu'il a tant d'amitié, de lui écrire aussi pour nous aider à prévenir de nouveaux malheurs, et l'éloigner de M. de Condé. Voici sa lettre : Et Marie-Antoinette transcrit de sa main la lettre suivante du comte d'Artois : J'ai reçu votre lettre du 20 mars, ma chère sœur ; le peu d'habitude que j'ai de cette manière d'écrire, m'obligeant à estre fort laconique, je vous laisse deviner combien je suis sensible aux marques de votre amitié, mais en même temps combien je suis affligé de voir que vous différiez de jour en jour à me procurer votre confiance, surtout quand les circonstances sont si pressantes. Je mérite peut-être moins de réticence de votre part, mais ce dont je suis certain, c'est que votre intérêt exigeroit que je fusse mieux instruit. Tout porte à me prouver que vous avez un plan. Je crois même connoître à fond les détails de ce qu'on vous propose, et les personnes qu'on employe. Eh ! ma sœur, le Roi se défie-t-il de moi ? Je n'ajoute qu'un mot sur cet article, il peut estre permis de se servir de ses propres ennemis pour sortir de captivité, mais on doit se refuser à tout marché, à toute convention avec les scélérats, et surtout on doit calculer si les vrais serviteurs, les vrais amis surtout, pourront consentir aux conditions qu'on auroit acceptées. Au nom de tout ce qui vous est cher, souvenez-vous de ce peut de mots, et croyez que je suis bien instruit. Vous paroissez vous plaindre de mon silence et de l'ignorance où vous estes de mes projets, mes reproches seroient mieux fondés que les vôtres, mais je sais ce que je dois à mon roi, et je me regarderois comme coupable si, sans l'en instruire, j'avois changé mes vues et mes projets. Au surplus je ne crains pas de répéter ce que je regarde comme ma profession de foi ; je vivrai et mourrai s'il le faut, pour défendre les droits de l'autel et du trône, et pour rendre au roi sa liberté et sa juste autorité. La déclaration du 23 juin ou la teneur des cahiers sont des bases dont je ne m'écarterai jamais. J'etnployerai tous les moyens qui sont en mon pouvoir pour décider enfin nos alliés à nous secourir avec des forces assez imposantes pour altérer nos ennemis, et pour prévenir tous les projets criminels. Je combinerai les ressources de l'intérieur avec les appuis du dehors, et mes efforts et mes soins se porteront également d'un bout du roiaume à l'autre, et je préparerai toutes les provinces suivant leurs moyens à seconder une explosion générale. J'arresterai, je contiendrai tout éclat factice, mais je seconderai avec autant d'ardeur que de dévouement las entreprises qui me paroi iront assez solides pour en imposer à nos ennemis et pour me donner la juste espérance d'un vrai succès. Enfin, je servirai également mon roi, et ma patrie, en agissant avec prudence, suite et fermeté. Ici, Marie-Antoinette reprend Voici la partie de la lettre que vous ne connoissez pas, ma chère sœur ; je vous embrasse. Quand revenez-vous ? MARIE-ANTOINETTE[15]. Et, cette lettre envoyée à Madame Élisabeth, la Reine écrit aussitôt au comte d'Artois : Ce 14 mai 1791. J'ai vu avec beaucoup de peine, mon cher frère, ce que vous me dites de mon prétendu manque de con-, fiance ; j'aime à penser que vous changerez d'opinion après la lettre que le Roi vous a écrite, et qu'il vous fera tenire avec celle-ci. Non, mon cher frère, nous sommes loins d'avoir cessés de vous regarder comme le meilleur des parents. Vous dictes que notre intérêt exigerait que vous fussiez plus instruit ; mais à quoi bon nos confidences ; si vous vous refusez à complaire aux désirs que nous vous avons si vivement exprimés, et qui sont si confidentiels ? Je vous repette qu'il est tout à fait dans l'intérêt du salut de votre frère que vous vous sépariez de de M. Condé. Les armements des émigrans sont ce qui irrite le plus autoure de nous, et tant qu'il en sera ainsi, les affaires ne pourront pas prendre une meilleure tournure ; les plus honnêtes gens ont horreur de la guerre civile, et les méchant qui ont un si grand intérêt à tout envenimer, poussera des cris affreux qui menacent d'une catastrophe. Je tous en conjure mon cher frère, réfléchissez à ce que je vous écris, à ce que vous a écrit le Roi. Ce que vous ferez de contraire nous causera un véritable désespoir. Mes enfants se portent assez bien, et la bonne Élisabeth, qui est pour nous comme un ange, doit cous écrire par la même occasion. Adieu, je vous aime de tout mon cœur. MARIE-ANTOINETTE[16]. La lourde responsabilité, l'énorme tâche, l'écrasant labeur pour une femme : porter, dans la tempête, la fortune du Roi, et disputer au destin ces lambeaux d'une monarchie, l'héritage d'un fils ! Vaincue, rester debout ; désespérée, vouloir encore se refuser aux larmes, et se forcer à la pensée ; calculer, combiner, proposer, résoudre, émouvoir, persuader, combattre sans repos, combattre devant soi et autour de soi, combattre la versatilité du Roi toujours prête à s'échapper, combattre la voix de l'émigration[17] dans la voix de la sœur du Roi qui se penche à son oreille, reconquérir chaque jour Louis XVI sur lui-même et sur Madame Élisabeth ! Madame Élisabeth était un homme aussi, mais non un homme d'État comme la Reine. Il y avait du guerrier dans cette jeune femme qui devait mourir en héros. Dans cette douce fille de Dieu, égarée sur les marches d'un trône, dans cette vierge de charité, toute.aux autres, toute au bonheur de ses amis, dont la pitié semble une tendresse, dont la vie est une bonne œuvre, il semble qu'il coure ce jeune sang du duc de Bourgogne, ce sang auquel il a fallu un Fénelon pour le vaincre. Madame Élisabeth est l'homme des Tuileries, qui conseille les partis violents, les risques extrêmes. Sous l'outrage des événements, la révolte de sa conscience a entraîné son cœur à ces sévérités sans merci dont le Jéhovah de l'Écriture frappe les peuples rebelles. Trêve, accommodement, diplomatie avec le nouveau pouvoir, Madame Élisabeth les repousse dès le commencement de la Révolution, prête an martyre, mais prête au combat, priant le Dieu des armées, et se demandant s'il n'est pas imposé aux Rois de mourir pour la royauté. Il y a longtemps que, bravant l'horreur des mots, Madame Élisabeth déclarait nettement : Je regarde la guerre civile comme nécessaire. Premièrement je crois qu'elle existe, parce que toutes les fois qu'un royaume est divisé en deux partis, toutes les fois que le parti le plus faible n'obtient la vie sauve qu'en se laissant dépouiller, il est impossible de ne pas appeler cela une guerre civile. De plus l'anarchie ne pourra jamais finir sans cela : plus on retardera, plus il y aura de sang répandu. Voilà mon principe : si j'étois roi, il seroit mon guide[18]. Oui, la guerre, le jeu des épées, le jugement de Dieu, l'ensevelissement d'une monarchie dans son drapeau, ou sa victoire au soleil, une victoire qui la ramène en triomphe à tous ses droits d'hier, Madame Élisabeth ne sait pas d'autre issue ni d'autre salut ; et il faut lire dans son style garçonnier et dans ses grogneries de bonne humeur le mépris qu'elle fait des espérances de la cour trompées par la mort de Mirabeau 3 avril 1791. Mirabeau a pris le parti d'aller voir dans l'autre monde si la Révolution y était approuvée. Bon Dieu l quel réveil que le sien !... Depuis trois mois il s'étoit montré pour le bon parti ; on espéroit en ses talens. Pour aloi, quoique très-aristocrate, je ne puis regarder sa mort que comme un trait de la Providence sur ce royaume. Je ne crois pas que ce soit par des gens sans principes et sans mœurs que Dieu veuille nous sauver. Je garde pour moi cette opinion parce qu'elle n'est pas politique[19]. Madame Élisabeth n'a pas varié. Confirmée, fortifiée par la marche des événements dans la logique de ses instincts, elle n'attend plus rien aujourd'hui pour la France et le Roi que de la France étrangère, de l'épée des princes, du comte d'Artois. En cela, ses amitiés et ses sympathies conspirent avec ses idées. Le comte d'Artois a pour Madame Élisabeth ces grâces d'un cœur étourdi et d'une jeunesse un peu vive dont les femmes les plus pieuses ne laissent pas que d'être touchées. Ignorante des intrigues, moins éclairée que la Reine sur le secret et le fond des hommes et des choses, ii lui sourit de voir le restaurateur de la liberté et du trône de Louis XVI en ce frère dont le nom revient si souvent sous sa plume, en ce frère qu'elle aurait suivi s'il n'avait pas fallu, pour le suivre, abandonner le Roi. Effrayée dans ses croyances monarchiques par les gens d'affaires de la Reine, par ce vieux renard de Mercy, tous ses efforts et toute son habileté se tournent sans bruit et dans l'ombre à amener un rapprochement entre la Reine et Coblentz : Pour parler plus clairement, rappelle-toi la position où s'est trouvé ce malheureux père[20] : l'accident qui le mit dans le cas de ne pouvoir plus régir son bien, le jeta dans les bras de son fils[21]. Le fils a eu, comme tu sais, des procédés parfaits pour ce pauvre homme, malgré tout ce que l'on a fait pour le brouiller avec sa belle-mère[22]. Il a toujours résisté ; mais il ne l'aime pas (elle). Je ne le crois pas aigri, parce qu'il en est incapable ; mais je crains que ceux qui sont liés avec lui ne lui donnent de mauvais conseils. Le père est presque guéri ; ses affaires sont remontées, mais comme sa tête est revenue, dans peu il voudra reprendre la gestion de son bien ; et c'est là le moment que je crains. Le fils qui voit des avantages à les laisser dans les mains où elles sont, y tiendra : la belle-mère ne le souffrira pas ; et c'est ce qu'il faudroit éviter, en faisant sentir au jeune homme que, même pour son intérêt personnel, il doit ne pas prononcer son opinion sur cela, pour éviter de se trouver dans une position très-fâcheuse. Je voudrois donc que tu causasses de cela avec la personne dont je t'ai parlé ; que tu la fisses entrer dans mon sens, sans lui dire que je t'en ai parlé, afin qu'elle pût croire cette idée la sienne et la communiquer plus facilement. Il doit mieux sentir qu'un autre les droits qu'un père a sur ses enfants, puisque pendant longtemps il l'a expérimenté. Je voudrois aussi qu'il persuadât au jeune homme de mettre un peu plus de grâce vis-à-vis de sa belle-mère, seulement de ce charme qu'un homme sait employer quand il veut et avec lequel il lui persuadera qu'il a le désir de la voir ce qu'elle a toujours été. Par ce moyen, il s'évitera beaucoup de chagrin et jouira paisiblement de l'amitié et de la confiance de son père. Mais tu sais bien que ce n'est qu'en causant paisiblement avec cette personne, sans fermer les yeux et allonger ton visage que tu lui feras sentir ce que je dis. Pour cela, il faut que tu sois convaincue toi-même. Relis donc ma lettre, tâche de la bien comprendre, et pars de là pour faire ma commission. On te dira du mal de la belle-mère : je le crois exagéré[23]. Sans doute, il y a longtemps que la Reine a triomphé dans le cœur de Madame Élisabeth de l'influence de madame de Marsan ; il y a longtemps quo Madame Élisabeth s'est rendue à la bonté de sa belle-sœur, à tant de vertus devenues sérieuses d.ins le malheur. La communion des périls a jeté les deux feu mes dans les bras l'une de l'autre ; elles s'aiment, et la vie de chacune est à l'autre. Mais ici il s'agit de plus que de l'affection et du dévouement ; s'agit pour Madame Élisabeth d'un dogme et d'une foi de son esprit : la restauration de la maison de Bourbon par un Bourbon, cette contre-révolution par un prince français, qui était précisément, dans la pensée plus libre et plus étendue de la Reine, la ruine des princes eux-mêmes, et la ruine du Roi. Le Roi ! la Reine ne voit que lui pour le salut. Elle le met en avant toujours, et seul, non tant pour les intérêts personnels du Roi que pour la garde et la dignité de la royauté. La crainte d'un amoindrissement du Roi est la crainte permanente de Marie-Antoinette, et, parmi tant d'inquiétudes, celle de ses inquiétudes qui ne cesse de veiller. Elle n'est préoccupée que de sauver le Roi de la reconnaissance d'une délivrance, que de sauver d'une servitude l'avenir de la monarchie. La déclaration d'une régence en faveur de Monsieur, d'une lieutenance générale en faveur du comte d'Artois, la victoire de l'émigration enfin, telles sont les alarmes de cette Reine, dont le désir éclate à chaque phrase que le Roi fasse quelque chose de grand. |
[1] Correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Léopold II, Burke et autres personnages étrangers (conservée aux Archives générales de l'Empire). Revue rétrospective, 2 série, vol. I et II.
[2] Le comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur de l'Empereur, à M. le prince de Kaunitz. Revue rétrospective, 2e série, vol. I.
[3] Réflexions de M. Burke pour être envoyées à la Reine de France, extraites par le comte de Mercy. Revue rétrospective, 2e série, vol. I.
[4] Marie-Antoinette au comte de Mercy-Argenteau, 26 août 1792, Revue rétrospective, 2e série, vol. I.
[5] Marie-Antoinette au comte de Mercy-Argenteau. Revue rétrospective, 2e série, vol. I.
[6] Le comte de la Marck au comte de Mercy, 28 septembre 1791. Revue rétrospective, 2e série, vol. II.
[7] Le Roi.
[8] Marie-Antoinette au comte de Mercy-Argenteau. Revue rétrospective, 2e série, vol. I.
[9] Lettre autographe signée, communiquée par M.... et publiée ici pour la première fois.
[10] Lettre autographe de Marie-Antoinette, publiée pour ta première fois par nous. Armoire de fer. Archives de l'Empire.
[11] Mémoire joint à la lettre de Marie-Antoinette à Léopold II. Revue rétrospective, 2e série, vol. II.
[12]
Dans une réponse de l'empereur Léopold au Mémoire de la Reine, conservée aux
Archives de l'Empire, nous lisons les passages suivants : Les imperfections de la nouvelle Constitution française
rendent indispensable d'y acheminer des modifications pour lui assurer une
existence solide et tranquille ; l'Empereur applaudit à cet égard à la
sagesse des bornes que Leurs Majestés très-chrétiennes mettent à leurs désirs
et à leurs vues.
Les objets compris dans ce plan : lier la Constitution avec les principes fondamentaux de la monarchie ; conserver au trône sa dignité et la convenance nécessaire pour obtenir le respect et l'obéissance aux lois ; assurer tous les droits, accorder tous les intérêts, et regardant comme objets accessoires les formes du régime ecclésiastique, judiciaire et féodal, rendre toutefois à la Constitution dans la noblesse, un élément politique qui lui manque, comme partie intégrante de toute monarchie. Les points d'amendement renferment tout ce qu'il est nécessaire, de vouloir, possible d'exécuter avec stabilité.
[13] M. de Mercy.
[14] Lettre autographe signée, communiquée par M. le marquis de Biencourt, et publiée pour la première fois par nous.
[15] Lettre autographe signée, communiquée par. M. Chambry, et publiée pour la première fois par nous.
[16] Copie de lettre autographe communiquée par M. le marquis de Biencourt, et publiée pour la première fois par nous.
[17] Le comte de la Marck au comte de Mercy. Revue rétrospective, 2e série, vol. II.
[18] Lettre à madame de Bombelles. Éloge historique de Madame Elisabeth, par Ferrand. Paris, 1814.
[19] Lettre à Mme de Raigecourt. Eloge historique de Madame Élisabeth.
[20] Le Roi.
[21] Le comte d'Artois.
[22] La Reine.
[23] Lettre à Mme de Raigecourt. Éloge de Madame Elisabeth, par Ferrand.